[Castiel] Acte 1 - Un retour grisâtre

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Sunny Il y a 5 mois et 2 semaines
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Castiel émergea lentement du sommeil, les premiers rayons du soleil filtrant à travers les rideaux de son cabinet. Il ouvrit alors les yeux avec difficulté, se sentant plus fatigué que reposé. Ses muscles étaient engourdis par la nuit passée dans sa chaise inconfortable. Il frotta ses yeux et se leva, observant d'un regard embrumé la pièce autour de lui.

Le lit de fortune installé pour Seluna était vide. Une sensation de vide et de perte envahit son cœur. Elle était partie, laissant derrière elle une note silencieuse sous la forme de quelques gils sur la table, là où les chocolats -destiné à quelqu'un d'autre- avaient été. Castiel soupira. Elle avait dû avoir besoin de réconfort, et il comprenait cela. Pour autant sa maigre bourse ne lui permettra sans doute pas de s'en repayer avant un moment.


Son regard se posa sur les deux tasses de café sur la table. L'une d'elles avait été bue en partie, même si l'élégante rousse n'aimait visiblement pas le café. La deuxième tasse, la sienne, était encore à moitié pleine. Il prit la tasse et en avala une gorgée, grimaçant face au goût amer du café froid. Il la reposa, se perdant dans ses pensées.

Le soleil se levait à l'horizon, projetant une lumière dorée à travers la fenêtre. Castiel fixa ce spectacle avec un mélange de mélancolie et de sérénité. Le lever de soleil avait toujours été un moment de contemplation pour lui, mais aujourd'hui, il ne trouvait aucun réconfort. Ses pensées tourbillonnaient, se heurtant les unes aux autres comme des vagues sur une falaise.

Pourquoi avait-il accepté de soigner encore une fois ? Pourquoi continuait-il à prétendre que tout allait bien ? Le capitaine croyait savoir pourquoi Castiel ne voulait plus soigner. La vérité était plus sombre, plus terrifiante. Il sentait les démons de son passé revenir, l'engloutissant dans une marée de doutes et de peurs alors qu'il venait s'installer sur tabouret branlant.

"Pourquoi ?
Le Capitaine doit repasser récupérer son armure.
Tu n'aurais pas dû la laisser partir.
Elle était curieuse de Garlemald et de ce qu'il s'y passait.
J'aurais peut-être dû lui donner les contacts d'un confrère, à cet homme.
Pourquoi.. ?
Elle avait bû son café, pourtant elle semblait ne pas aimer ça.
Ses blessures s'aggravent.
Il faudra se contenter d'un bouquet de fleur.
Pourquoi ?!
Je n'aurais pas dû les soigner.
Tu aurais dû les suivre.
Pourquoi !
Est-ce qu'elle aussi, est en danger ?
POURQUOI CASTIEL ?!"


Il se leva brusquement, renversant presque la tasse de café et quelques fioles vides qui viendront se briser sur le parquet. Il se dirigea vers son bureau, où des documents l'attendaient. Des rapports médicaux, des notes de soins, des livres de référence... et ces foutu documents de la veille, tout était en désordre. Il s'assit et tenta de se concentrer, mais les mots sur les pages dansaient devant ses yeux. Son esprit était ailleurs, assailli par un flot de pensées chaotiques.

Il pensait à Seluna, à son départ discret, aux chocolats disparus. Il pensait au capitaine, à l'armure laissée derrière, promesse tacite de revenir. Il pensait à la rousse, qui avait accepté le café par politesse, mais qui n'aimait pas ça. Il pensait à lui-même, à sa peur, à sa culpabilité. Les questions tourbillonnaient sans réponse, les souvenirs se superposaient aux inquiétudes.

Incapable de supporter plus longtemps ce tumulte intérieur, il se leva et se dirigea vers sa table d'auscultation. Ses mouvements étaient brusques, presque violents. Il balaya d'un revers de main les documents qui encombraient son bureau. Les papiers volèrent dans tous les sens, se dispersant comme des feuilles mortes emportées par le vent. Il respira profondément, essayant de calmer les battements frénétiques de son cœur.


Sa voisine frappa à la porte, le sortant de ses pensées. Elle entra timidement, apportant une bouffée de réalité dans la pièce encombrée de chaos intérieur.

"Bonjour, Castiel. Tout va bien ? Je t'ai entendu faire du bruit." Sa voix était douce, inquiète.
Il se força à sourire, cachant ses tourments derrière un masque de sérénité. "Oui, tout va bien. Juste un peu de désordre. Merci de t'inquiéter."
Elle acquiesça, mais son regard restait scrutateur. "Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas. Prends soin de toi."

Elle quitta la pièce, laissant Castiel seul avec ses pensées. Il s'assit de nouveau à son bureau, essayant de remettre de l'ordre dans ses papiers. Ses mains tremblaient légèrement, mais il se força à continuer. Il devait attendre le capitaine, faire bonne figure. C'était ce qu'il faisait toujours, cacher ses démons derrière un visage impassible et ce sourire bienveillant.

Malgré tout, une lueur d'espoir subsistait. Il espérait que Seluna allait bien, que le capitaine aussi. Il espérait que, malgré ses propres doutes et peurs, il pourrait continuer à aider ceux qui avaient besoin de lui.

Le soleil était maintenant haut dans le ciel, inondant la pièce de lumière. Castiel se leva, observant le lever du jour avec une nouvelle détermination. Il attendrait le capitaine, il ferait bonne figure. Et peut-être, juste peut-être, trouverait-il un moyen de vaincre ses démons, un jour à la fois.

Sunny Il y a 5 mois et 2 semaines
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La nuit s’était abattue sur le Quartier du Temple avec une lourdeur que Castiel sentait peser sur ses épaules. Il avait été appelé en urgence pour soigner le frère de Seluna, une tâche qu’il avait accomplie avec la précision et la compétence qu’on attendait de lui. Pourtant, la satisfaction d’un travail bien fait ne l’avait pas réchauffé. Le retour au temple avait été empreint de cette froideur familière, celle de l’indifférence ou pire, du mépris à peine voilé de ses anciens collègues.

Alors qu’il prodiguait les soins nécessaires et qu'il transmettait les informations importante du dossier, Castiel se fit congédier. Les mots furent durs, tranchants, mais il y avait plus que cela : une note de condescendance, de mépris qui lui fit serrer les dents. Il savait qu’il n’était pas le bienvenu, qu’il ne l’avait jamais été vraiment. Son statut de bâtard, bien que gardé secret par ceux qui connaissaient la vérité, planait toujours comme une ombre au-dessus de lui.

Adalheid de Bertin, la rousse adoptive du vicomte, fit irruption dans cette scène tendue, exigeant que Castiel la soigne personnellement. Il acquiesça, la suivant à peine à l'écart pour s’occuper de sa plaie au dos. Un geste d'impulsivité de la part de la rousse, visiblement. Il ne savait pas s'il devait lui en être reconnaissant ou non.
Tandis qu’il nettoyait et bandait la blessure, ses pensées tournaient en boucle, le ramenant sans cesse aux mêmes questionnements. Pourquoi continuait-il à soigner ? Pourquoi persistait-il dans ce rôle qui lui apportait autant de tourments que de satisfaction ?

Une question avait brûlé ses lèvres, une question qu'il avait osé dire, sa curiosité piquée au vif par l’état de la jeune femme. La réponse fut froide, une rebuffade claire qui le fit se replier sur lui-même. Il prodigua le baume pour les brûlures et lui recommanda du repos, puis prit congé, sa tête lourde de doutes et de réflexions non résolues. Lourde, de nouveaux questionnements sur l'état de cette personne. "Pourquoi..."

Seluna tenta de le retenir, son inquiétude palpable, mais il s’échappa grâce à Adalheid, promettant de revenir à l’aube pour s’assurer que tout allait bien. La nuit serait encore courte, remplie de songes troublants et de pensées tourmentées.

De retour chez lui, Castiel s’assit à son bureau, les documents éparpillés autour de lui comme autant de fragments de sa vie éparpillée. Il prit une profonde inspiration et tenta de se concentrer sur les papiers devant lui, mais les mots dansaient devant ses yeux. Les remerciements de ses patients résonnaient dans sa tête, mais ils ne trouvaient aucun écho dans son cœur. Les compliments pour ses soins ne faisaient que renforcer son sentiment d’inadéquation. Il ferma les yeux, cherchant à calmer le flot de pensées qui menaçait de le submerger. Chaque souvenir de sa mère, de son passé, chaque regard de mépris de ses collègues, chaque mot tranchant revenait le hanter. Pourquoi ? Cette angoisse chaque fois qu’il posait ses mains sur un patient ? "Pourquoi..."

Le visage de Seluna apparut dans son esprit, puis celui du capitaine, d'Adalheid. Des personnes qui comptaient sur lui, qui voyaient en lui autre chose qu’un simple bâtard, un guérisseur compétent et attentionné. Mais cette image de lui-même semblait si éloignée de ce qu’il ressentait à l’intérieur. "Pourquoi Castiel ?!"

Il se leva brusquement, faisant tomber une pile de documents. Il ne pouvait pas rester assis ici, à ruminer. Il sortit de son bureau et marcha dans la nuit, ses pas le menant sans but précis. La fraîcheur de la nuit le réveilla légèrement, mais ses pensées tournaient toujours en boucle. Les rues désertes du Quartier du Temple étaient silencieuses, à l’exception de quelques bruits lointains.

Castiel s’arrêta devant une petite chapelle, son architecture simple et élégante se découpant dans la lumière pâle de la lune. Il entra et s’assit sur un banc, cherchant un semblant de paix dans ce lieu de recueillement. Il regarda l’autel, les bougies allumées, et ferma les yeux. La prière ne faisait pas partie de ses habitudes, mais il espérait trouver un peu de réconfort ici. En vain. De nouveau.
Les démons de son passé continuaient de le hanter, mais il se força à penser à autre chose. Il pensa aux patients qu’il avait soignés, à ceux qu’il avait aidés malgré sa peur. Chaque visage qu’il visualisait lui rappelait pourquoi il avait choisi cette voie. Ce n’était pas pour lui, mais pour eux. Pour Seluna, pour le capitaine, pour Adalheid. Pour tous ceux qui avaient besoin de lui, qui voyaient au-delà de ses propres doutes.
Il resta là un moment, absorbant le silence et la tranquillité du lieu. Puis, lentement, il se leva et quitta la chapelle. Ses pas le ramenèrent chez lui, mais cette fois, il se sentait légèrement plus léger. Les doutes étaient toujours présents, les démons n’étaient jamais loin, mais il avait trouvé un semblant de paix, un rappel de pourquoi il continuait malgré tout.

De retour dans son cabinet, il rangea les documents éparpillés, remettant un semblant d’ordre dans le chaos. Il s’assit de nouveau à son bureau et prit une profonde inspiration. La nuit était encore sombre, mais l’aube finirait par se lever. Il devait tenir jusqu’à ce moment, pour Seluna, pour le capitaine, pour Adalheid. Pour lui-même, peut-être.

Il s’efforça de travailler, de se concentrer sur les soins qu’il devrait prodiguer le lendemain. Chaque geste, chaque note, chaque préparation était une manière de repousser les ténèbres intérieures, de se rappeler qu’il avait encore une raison d’être ici.

Lorsque le premier rayon de soleil perça l’horizon, Castiel se leva et se prépara pour la journée à venir. Il savait que le capitaine viendrait chercher son armure, peut-être, que Seluna et Adalheid auraient besoin de lui. Il ferait bonne figure, comme toujours. Il sourirait, cacherait ses peurs, et soignerait ceux qui avaient besoin de lui s'il n'a guère d'autre choix.
Pour l’instant, il se contentait de tenir bon, un jour à la fois, une vie à la fois. "Mais pourquoi..."
Sunny Il y a 5 mois et 3 jours
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  Dans l'obscurité de son esprit, Castiel marchait à travers un paysage brumeux et indistinct. Des ombres mouvantes dansaient autour de lui, évoquant des silhouettes familières mais insaisissables. Il avait l'impression de chercher quelque chose, mais il ne savait pas quoi. Chaque pas résonnait dans le silence oppressant qui l'entourait, comme s'il avançait dans un monde parallèle, étrangement calme mais chargé de tension.

Des murmures indistincts remplissaient l'air, des voix qu'il reconnaissait vaguement mais qui glissaient entre ses doigts dès qu'il essayait de les saisir. Les contours de son passé semblaient se déformer, se mêlant les uns aux autres dans une confusion troublante. Des images fugaces émergeaient et disparaissaient : une salle de soins remplie de patients anxieux, un visage souriant qui se transformait en une expression de douleur.


Soudain, il se retrouva devant un miroir brisé. Les morceaux reflétaient des fragments de son propre visage, déformés et déchirés comme s'ils tentaient de révéler quelque chose qu'il refusait de voir. Chaque éclat capturait une émotion différente : la peur, la colère, le chagrin. Castiel se sentait piégé dans cette multitude de sentiments contradictoires, incapable de trouver une issue.
Alors que la tension montait, il entendit un cri lointain, un appel désespéré qui semblait venir de l'obscurité même. Il se mit à courir, cherchant la source de ce son déchirant. Chaque pas résonnait comme un écho dans le vide, le faisant douter de sa propre réalité. Les limites entre rêve et conscience semblaient s'effacer, le plongeant dans un état de confusion croissante.

Finalement, il arriva au bord d'un précipice. En dessous, des flots tumultueux et sombres tourbillonnaient, menaçant de l'engloutir. Une silhouette familière se tenait au bord, regardant fixement vers l'abîme. Castiel eut l'impression qu'il devait l'atteindre, la sauver, mais quelque chose l'en empêchait. Une force invisible le retenait en arrière, l'empêchant de faire le dernier pas vers cette figure indistincte.

Le rêve se dissipa soudainement, comme une brume matinale se dissipant sous les premiers rayons du soleil. Castiel se réveilla en sursaut, le cœur battant la chamade, une habitude familière qui lui pesait de plus en plus. Il resta quelques instants immobile, la respiration haletante, tentant de se rappeler les détails fuyants de son rêve. Mais comme toujours, les fragments se dispersaient avant qu'il ne puisse les saisir.
Il soupira profondément, laissant son corps se détendre peu à peu. Les images du rêve s'estompaient lentement, mais l'émotion qu'il avait ressentie persistait, un mélange de perplexité et de perturbation. Physiquement, il se sentait épuisé, comme s'il avait traversé une épreuve réelle. Mentalement, son esprit était encore embrouillé, cherchant à démêler les fils de ses pensées tourmentées.

Finalement, il se redressa lentement, secouant légèrement la tête pour chasser les dernières traces du rêve. Une journée l'attendait, avec ses défis et ses responsabilités. Castiel se prépara mentalement pour affronter ce qui viendrait, tout en gardant en mémoire les sentiments troublants de son rêve, une fois de plus.
Sunny Il y a 3 mois et 1 semaine
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La nuit était déjà bien avancée lorsque Castiel franchit la porte de son modeste cabinet. La lueur pâle de la lune se glissait à travers la fenêtre, éclairant faiblement l’espace encombré. Son épée, accrochée à un mur, balançait légèrement à chaque mouvement, comme un rappel constant du conflit intérieur qui l’animait. Ses pensées tourbillonnaient alors qu'il déposait son sac, fatigué mais étrangement éveillé.

Le tournoi de Halone approchait. Chaque entraînement intensif ravivait en lui l’espoir, mince et persistant, que remporter cet honneur pourrait enfin le détourner de cette carrière médicale qu’il supportait de moins en moins. C’était un jeu d’équilibre précaire : une part de lui savourait l’idée d’un retour à une vie de chevalier, loin des souffrances qu’il côtoyait dans son cabinet ; une autre, plus sombre, savait qu’il ne pourrait jamais échapper à ses responsabilités. Il savait également que se présenter ainsi lui permettrait d'être présent au bal de fin de tournoi et qui sait, peut être d'y voir une vieille connaissance. Peut-être. Si tant est qu'il trouve le courage de se présenter malgré son statut social là bas.



Adalheid de Bertin avait occupé une grande partie de ses pensées ces derniers jours. Leurs échanges avaient dévoilé bien plus qu’il ne l’aurait imaginé. Il se souvenait de ses déductions, des vérités qu’il avait perçues sans jamais les prononcer. Sa capacité à lire entre les lignes, à deviner ce que d’autres cherchaient à cacher, était à la fois un don et une malédiction. Il lui avait confié certaines choses, dont il ne parle jamais. Cela l'avait profondément troublé et la jeune Bertin semblait s'en vouloir. Cela n'était pas l'objectif recherché, mais tant pis.

Belhaven, en revanche, ne lui inspirait que du mépris. Cet homme, avec sa façon de manipuler la vérité, de se souvenir uniquement de ce qui l’arrangeait, incarnait tout ce que Castiel détestait. La méfiance qu'il nourrissait à l'égard de Belhaven s'était intensifiée lorsqu'il avait suspecté que cet homme avait glissé quelques mots au capitaine Ermengard de Bertin-Regnault, concernant ses rencontres avec Adalheid. Castiel imaginait sans mal les sous-entendus que ce rapport pouvait avoir éveillés. Ce n’était pas la première fois qu'il devait faire face à ce genre de rumeurs, et il doutait que ce soit la dernière. Une fois de plus il aurait préféré évité ce genre de situation, cela n'a jamais attiré de bonnes choses.

Le visage de Seluna s'imposa à son esprit un instant tandis qu’il allumait une bougie pour chasser l'obscurité de la pièce. Leur conversation tardive chez les Valsonge, accompagnée d’Adalheid, avait été un rare moment de chaleur dans sa vie. Pourtant, même entouré d’amis, il ne pouvait s’empêcher de sentir cette distance, ce vide qu'il portait en lui. La discussion avait flotté entre légèreté et confidences, mais une part de lui restait toujours en retrait, incapable de s’ouvrir totalement. Au moment du départ, la Valsonge insinua quelque chose que seul Castiel comprit. Cela le fit râler, un peu plus que d'habitude. Elle n'était pas la seule.

Il pensait également à la patrouille récente dans la brouillasse, un avant-goût du nouveau poste que l’unité du capitaine allait devoir prendre plus bas encore. Ces quartiers misérables desquels il venait, bien éloignés des dorures du temple, étaient le théâtre de souffrances discrètes mais tenaces. Castiel s'était retrouvé face à un ancien, un homme usé par les batailles, mais surtout par les années de manipulation et de complot interne. Les hérétiques. La religion. Les sangs impurs. Convaincre ce vétéran de ne pas abandonner sa petite-fille avait ravivé en lui un sens de devoir qui, malgré son cynisme croissant, n’avait jamais totalement disparu. La petite fille, les enfants des bas-fonds… ils représentaient un avenir encore fragile, et Castiel savait que ces jeunes avaient besoin de modèles forts, surtout dans ce climat de paix qui restait précaire. Mais peut-être n'était-il pas le modèle à suivre. Certainement pas même.



Il se laissa tomber dans une chaise -"Pourquoi"-, observant les ombres dansantes projetées par la bougie. À travers la fatigue et la confusion, une idée revenait sans cesse : tout ce qu'il faisait, tout ce qu'il endurait, n'était pas seulement pour lui. C'était pour ceux qui dépendaient de lui, pour ceux qui croyaient en lui malgré ses propres doutes. Seluna, Adalheid, même ce vieux soldat… Tous voyaient en lui quelque chose qu’il avait du mal à accepter lui-même. "Pourquoi Castiel.. ?"

Il posa une main sur son épée, caressant du pouce la garde usée par les années. Cette lame avait goûté à la guerre, tout comme lui. Elle avait servi à protéger, à défendre. Et malgré tous ses efforts pour s’éloigner du rôle de guérisseur, il savait qu'il ne pouvait complètement s'en détacher. Soigner ou combattre, au fond, cela revenait toujours à la même chose : veiller sur ceux qui comptaient, même si cela signifiait s’oublier un peu plus à chaque jour qui passait. "Mais pourquoi ?! POURQUOI ?!"

Le silence du cabinet était à la fois réconfortant et lourd. Il se sentait las, mais une part de lui était en paix, comme si accepter ce mélange de rôles, de doutes et de devoirs faisait finalement sens pendant un bref instant. Avec un dernier soupir, il éteignit la bougie et se prépara à affronter une nouvelle nuit agitée dans le maigre confort de son fauteuil. Demain, il sourirait encore, cacherait ses tourments et continuerait à avancer, un pas à la fois.
Sunny Il y a 2 mois et 1 semaine
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La porte se referma doucement derrière Castiel, coupant le murmure lointain des festivités du bal. Seul dans le silence de son modeste logis, il laissa échapper un long soupir. Ses épaules, encore tendues sous l'effet de l'adrénaline, se relâchèrent enfin. Ses pas résonnèrent dans la pièce alors qu'il s'avançait lentement, retirant sa cape et son épée qu'il posa sur une chaise. Le tournoi de Halone était terminé. Il l'avait remporté. Il avait gagné. Mais alors pourquoi ce sentiment de vertige, comme s'il marchait sur un fil tendu au-dessus d'un abîme ?
La sensation de la victoire l'avait saisi avec une telle force qu'il avait eu du mal à y croire lorsqu’on lui avait annoncé son triomphe. Tout s'était enchaîné si vite, entre les félicitations, les applaudissements et les regards, tantôt admiratifs, tantôt envieux. Il était devenu, sans l'avoir véritablement cherché, le centre de l'attention. Le silence de la nuit qui l'enveloppait à présent contrastait brutalement avec l'effervescence du bal.

Le bal… Castiel passa une main sur son visage fatigué. La soirée avait été aussi étouffante que fascinante. Il se revoyait, debout au milieu de la grande salle des Riverhood, alors que la Vicomtesse Lenore chantait en mentionnant son nom, avec cette note subtile d’ironie qu’il avait perçue sans qu’elle ne le veuille. « Castiel, le chevalier sans titre » avait-elle dit. Elle ne savait pas. Elle ne savait rien. Leurs conversations à travers le mur du jardin, lorsqu'ils n'étaient encore que des enfants, lui revenaient en mémoire, ces échanges innocents qui avaient forgé une amitié sans prétention, loin des jeux de pouvoir de la noblesse. Et maintenant, elle chantait son nom, ignorant qu'il était cet ami d'autrefois, celui qui l'écoutait patiemment et avec tendresse.

L'ironie le fit sourire, mais ce sourire disparut rapidement. Tout cela était trop pour lui. Trop rapide, trop soudain. Il n'était pas fait pour ces cercles mondains, pour ces regards scrutateurs et ces murmures derrière des éventails. Il avait toujours vécu en marge, à l'ombre des titres et des lignées, se concentrant sur son devoir de soigneur, de protecteur. Et pourtant, ce soir-là, il s'était retrouvé au centre, non seulement en tant que vainqueur du tournoi, mais aussi pour avoir, sans vraiment le vouloir, sauvé une nouvelle fois la situation.
Le Capitaine de Bertin, souffrant lors du bal, avait eu besoin de soins urgents. Castiel, à la demande de Derek -qui savait étonnement son ancienne profession-, était intervenu rapidement, ses mains guidées par une maîtrise calme et précise. Le silence s’était installé autour de lui alors qu’il laissait l'éther venir refermer les blessures, s'illustrant une fois de plus dans un domaine qu’il cherchait à fuir. Plus tard, Derek, le Vicomte, l’avait observé attentivement, son regard empreint de reconnaissance pour avoir su gérer la situation. Depuis quelque temps, il sentait que Derek le regardait avec plus d'estime, une estime qu'il ne savait comment accepter. Lui, un homme sans titre, gagnant le respect d'un noble tel que lui. Cela le déstabilisait.



S’affalant dans une chaise, Castiel ferma les yeux un instant, laissant la fatigue l’envahir. Ses pensées dérivaient vers Adalheid. Leur relation s’était intensifiée ces derniers temps. Il n'aurait jamais cru se rapprocher autant d'elle. Leur complicité, d'abord basée sur le respect mutuel, semblait s'étoffer d'une nuance plus intime. Il l'avait sentie ce soir, dans leurs échanges de regards, dans la façon dont elle l'avait approché après sa victoire. Mais cela l'inquiétait. Il entendait déjà les murmures. Certains craignaient qu’ils se rapprochent davantage. Ce qui, pour lui, semblait être une perspective encore plus bouleversante que sa victoire au tournoi. Et pourtant cette valse... cette valse.

Adalheid était forte, fière, mais elle avait une sensibilité qu'il admirait. Et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de se demander s'il méritait vraiment de se tenir à ses côtés. Il n'était qu'un homme marqué par un passé lourd, par des erreurs qu’il ne parvenait pas à effacer de son esprit. Le souvenir de ses échecs en tant que soigneur revenait sans cesse. Adalheid le voyait-elle vraiment tel qu’il était, ou n’était-elle attirée que par le Castiel vainqueur du tournoi, le chevalier sans titre qui avait impressionné la Cour ?
Ses doigts glissèrent dans ses cheveux alors qu'il tentait de faire taire ses pensées. "Pourquoi Castiel ?" La récompense du tournoi, bien qu'importante, ne lui apportait aucune satisfaction. L'argent, les honneurs, tout cela lui semblait dérisoire face aux bouleversements intérieurs qu'il traversait. Sa carrière, qu'il n'avait jamais véritablement envisagée comme telle, semblait soudainement se dessiner devant lui, mais il ne savait pas quelle direction prendre. Le tournoi de Halone lui avait offert une reconnaissance inattendue, mais à quel prix ? Ce succès le propulsait dans un monde auquel il ne se sentait pas appartenir. Et dire qu'il ne croyait même plus en elle, Halone.



Castiel se leva de sa chaise et se dirigea vers la fenêtre. La nuit était calme, et la lumière de la lune éclairait doucement les rues désertes. Il s’appuya contre le rebord, cherchant dans la tranquillité extérieure un apaisement qu'il ne parvenait pas à trouver en lui. Il repensa aux mots de la Vicomtesse Lenore. Elle ne savait pas, mais combien de temps cela durerait-il avant qu'elle ne découvre la vérité ? Avant qu'elle ne sache que le garçon derrière le mur n'était autre que celui qu'elle avait publiquement honoré ce soir ? Comment réagirait elle ?
Il soupira de nouveau, réalisant que ce secret, aussi insignifiant soit-il, pesait sur lui. Que ce secret, pouvait peut-être renverser sa vie. Tout changeait si vite. Les événements de ces dernières semaines l’avaient pris de court, et même s'il n'était pas de nature à fuir devant l'adversité, il ne pouvait ignorer la peur qui le tenaillait. Peur de perdre pied, de ne plus savoir qui il était vraiment au milieu de tous ces nouveaux rôles que l’on semblait vouloir lui attribuer.

La victoire lui avait ouvert des portes, mais Castiel se demandait s'il était prêt à franchir ces seuils. Le tournoi de Halone, qui n'était pour lui qu'une simple compétition, avait fini par bouleverser sa vie de manière inattendue. Il se trouvait à un carrefour, et il savait qu’il devait choisir avec précaution le chemin à suivre. Mais pour l’instant, dans le silence de cette nuit, il n’avait qu’un désir : trouver un peu de paix, ne serait-ce que pour quelques instants.
Le vent frais de la nuit lui caressa doucement le visage, apportant avec lui une brise de clarté. Castiel se redressa, jetant un dernier regard vers la lune. Tout allait trop vite, mais il devait tenir bon. Un jour à la fois, comme il l'avait toujours fait.
Et peut-être, juste peut-être, les réponses viendraient avec le temps


"Ma très chère amie, si vous saviez... Que cela changerait il ... ?"
(Fin de l'Acte 1.)

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