[ Seluna de Valsonge ] Chiens & chats

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Seluna Valsonge Il y a 4 semaines et 1 jour

Chiens et chats. 


Son éveil se fit dans une douleur diffuse. Quelque chose qui la tenait au ventre, et serrait sa gorge. Elle ressentait presque l'empreinte des doigts sur sa trachée, serrant pour l'éloigner du monde des vivants. Les yeux révulsés, la chasseuse concentra son énergie sur la sensation, bien réelle, des draps de coton rèche entre ses doigts pâles. Sur les deux mains brûlantes qui lui avaient attrapé les épaules, la maintenant dans une position inconfortable, mais assise.

" Mademoiselle... " Souffla finalement un timbre masculin dont elle était familière. C'était l'agent de la Tour qui l'avait veillée jusque là. Un grand hyurois aux traits fins, d'une banalité confondante si ce n'était pour ses yeux verts intenses dont l'expressivité tranchait cruellement face au flegme presque félin qui marquait son attitude générale.

" Gabin ... ? " Demanda Seluna, encore incertaine de sa réalité.
" Gaël. " Rectifia ce dernier sans ombrage particulier, tirant finalement la métisse en arrière pour l'adosser au mur de ce qu'elle découvrait être une infirmerie.
" ... Certes..."
" Qu'est ce que vous av-"
" Ermengard de Bertin !"
" Non, Gaël "
" Non ! On doit le rejoindre, maintenant. "

Il n'avait pas l'air ravi. Et c'était un euphémisme. Après tout, on lui avait confié la tâche de surveiller une Valsonge. Et pas vraiment n'importe laquelle - la dernière chasseuse en activité. Même si statistiquement il restait si peu de cerbères que la loterie ne pouvait pas réellement être généreuse.
Pourtant, Gaël n'avait pas bronché. Les ordres venaient d'en haut, et les vassaux des Riverhood avaient bel et bien leur place au Gévaudan. Bien sûr, comme les autres agents, il ne les appréciait pas par nature. Les Valsonge étaient au mieux des chiens fous, un problème pour plus tard. Et au pire, une bombe sur le point d'exploser, une bombe ayant encore le potentiel de causer des ravages irréversibles.

Et ce n'était pas l'air halluciné de la métisse aux yeux injectés de sang qui allait le rassurer. Comme elle le lui avait ordonné, il ne l'avait pas dérangée lors de ses rituels. Seulement, voilà, quelques heures après le début de ses recherches, elle avait fini par ne plus répondre à ses sollicitations régulières - simples vérifications. Il avait hésité, d'abord, à enfoncer la porte pour vérifier que tout allait bien. C'était avec surprise qu'il avait constaté qu'elle n'était pas même vérouillée. Et il l'avait trouvée là, au sol, inanimée, les doigts crispés autour de ce maudit collier que lui-même n'aurait pas touché avec un bâton.

Il avait dû la transporter lui-même en soins d'urgence, et la veiller pendant deux jours entiers avant qu'elle ne réussisse à s'éveiller. Il l'avait observée transpirer, gémir, se tordre, et même se cogner dans un quelconque songe contre son propre lit. C'était à peu près pendant la seconde nuit qu'il se fit la remarque qu'elle ressemblait à un animal sauvage. Le genre porté par ses instincts, évitant les obstacles non pas par la force d'un système de reflexion profond et acquis, mais portée par une énergie profondément primale.

Les Valsonge avaient beau être nobles, il peinait à voir quoi que ce soit de civilisé, en particulier de la part d'une mage en chemise d'hôpital blanche, échevelée, qui le secouait désormais aux épaules pour le forcer hors de ses pensées.

" On a pas le temps pour la philosophie, Gabriel ! " Se fit-il éructer au visage, alors qu'il inspirait profondément. Il avait toujours été bien élevé, et portait même un petit titre de noblesse. Il était habituellement difficile de l'agacer. Celle ci y arrivait en trois phrases.
" Gaël. " Combien de fois devrait il répéter son prénom ?
" Mes affaires, aidez moi à m'habiller. "
" ... C'est inconv- "

Mais à quoi bon lutter ? Elle allait sans doute se lever et lui jeter son armure au visage - ce qui arriva bien vite.

" Nous n'avons pas le temps ! " Elle répétait, enfilant à la hâte ses pièces d'équipements, les traits tirés.
" Nous l'aurions eu si vous n'aviez pas fait deux jours de coma après avoir tiré sur la corde de votre éther. "

Ah. Il avait mordu. Il ne mordait jamais. Un silence pesant flotta par la suite dans la pièce, seulement coupé par le cliquetis mettalique de l'armure que la limière enfilait.

Il eut l'impression vague d'avoir envoyé une claque sur le museau d'un loup en captivité. Un mélange de fierté et de crainte de représailles tardives, à la première occasion venue.

Ils partirent bien plus vite qu'il ne l'aurait cru, non sans un bref arrêt à l'armurerie pour s'équiper, le tout pendant que la Valsonge s'échinait à appeller par perle l'héritier de la famille au calice d'or.

Elle avait aussi pris ce collier de malheur. Enroulé autour de son poignet, le bijou dégageait une énergie bien moins forte. Peut être étais ce les runes qu'elle avait peint sur tout son bras, du bout des doigts à la gorge, ou autre chose, qui le maintenait stagnant pour l'heure. Elle ne lui avait donné aucun détails - en vérité il n'en avait pas demandé non plus. Il ne voulait pas savoir.

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