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[Augustine] Vie d'autrice

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Augustine Dudevent Il y a 2 mois et 3 semaines

Les ouvrages parus


♣ Dans les soupirs de l'étang sans nom

Une série de lettres retrouvées dans un manoir abandonnée. L'histoire relate la lente dégringolade d'une femme dans la folie à cause d'un amour maudit. Un récit avec des créatures du néant où l'amibuité entre l'amour réel, possession et démence psychique.
Troublant dès les premières lignes. Les lecteurs oscillent entre fascination morbide et rejet visceral. Certains y voient une parabole sur l'amour toxique, d'autre un torchon qui ne mérite même par de finir en cale porte.



♣ Le chant des masques de cendre

Un récit post-guerre où le narrateur, un enquêteur recherchant les déserteurs se heurt aux pires traumatismes que les guerres du chantre des dragons et contre Galemald on pus créer. Une ôde à la paix et à la haine envers la guerre sous toutes ses formes.
Déconcertant pour ceux qui attendaient une enquête rationnelle, l'ouvrage déconstruit toute logique narrative pour glisser vers l'allégorie. Le village devient un miroir brisé où chaque fragment raconte une guerre différente. Le style est dense, presque cendreux lui aussi : il faut le lire lentement, comme on exhume un os.


♣ L'auberge des brumes

Un huit clos se déroulant dans une auberge ensevelie sous la neige du Coerthas. Les personnes prisonnières se retrouvent face à leurs démons sans pouvoir s'y échapper. Temps, mémoire et culpabilité s'y entremêlent.
Un échec cuisant. Trop opaque, trop lent, trop métaphorique. Même les lecteurs fidèles ont refermé le livre avant la fin. 

♣ La guerre est une femme en noir

Long récit de lettres d'une veuve de guerre envers l'officier de son défunt mari. Des mots déversés au vitriol envers une hiérarchie aveugle et la démence des conflits qui ont secoué Eorzea.Récit hybride entre confession, mémoire et fiction, ce roman brouille volontairement l’identité du narrateur. C’est une œuvre sur la peur de soi-même et l’impossible retour à la paix.
Un succès confidentiel dans les milieux antimilitaristes. L’armée et les patriotes y virent une provocation masquée. Certains lecteurs y trouvèrent un chef-d’œuvre trouble, d’autres un exercice de style trop cérébral. Qualifié de « roman transfiguré par la honte » dans une critique de fond passée quasiment inaperçue.


♣ Les rumeurs d'Opaline

Dans un hameau isolé, une femme muette recueille les secrets des villageois sans jamais les répéter. À mesure que la guerre approche, les confessions deviennent plus lourdes, plus dangereuses. L’arrivée d’un soldat blessé brise le silence, et avec lui, l’équilibre précaire entre douleur et oubli.
Échec public. Trop lent, trop brumeux dans ses descriptions.


♣ Les vaincus n'ont pas de tombe

Portrait croisé de déserteurs, veuves, invalides et orphelins dans les jours sombres qui suivent la chute d’un front. Pas de héros ici, seulement des corps fatigués, des souvenirs confus, et la lente descente vers l’oubli.
Salué pour sa justesse et sa sobriété, mais ignoré par la presse patriotique. Certains officiers tentèrent d’en interdire la diffusion. Évidemment, cela assura sa petite renommée.
Augustine Dudevent Il y a 2 mois et 3 semaines

Les piges et articles de gazette



NoteDescription du travailRémunérationImpact
1Brève insignifiante, rumeur sèche, Critique d'un spectacle raté.3-4 gilsNe paie même pas un repas
2Fait divers mal rédigé, recyclage de dépêche.6-8 gilsUn quignon de pain et une pinte.
3Petite chronique anecdotique10-12 gilsUn repas frugal
4Article de fond local ou portrait sans envergure15-20 gilsPaie deux jours de vie sans fioriture
5Récit touchant, enquête simple, chronique bien tournée.25-30 gilsPaie la moitié du loyer hebdomadaire, chauffage limité
6Sujet de société sensible, bien écrit et bien accueillit.35-40 gilsUne semaine de vie modeste, loyer payé
7Papier politique prudent, enquête sérieuse.50 gilsUne semaine confortable (chauffage, viande, absinthe)
8Dossier courageux, style remarquable, publication en une60-75 gilsPeut payer une semaine de loyer en avance.
9Coup de génie littéraire ou article dénonciateur acclamé90 gilsOffre une marge, des économie, ou un cadeau
10Rare. Scandale révélé, chef-d'oeuvre, repris par d'autres gazettes120+ gilsOpen bar, dolce vita. Absinthe à gogo, peut même s'offir du somnus.
Augustine Dudevent Il y a 2 mois et 3 semaines

Articles de presse Semaine 1


« Ceux qui n’avaient que leurs poings » 

par Augustine D. 

Il neigeait encore ce soir-là, comme si le ciel las de nos colères humaines, cherchait à couvrir nos fautes d’un voile d’innocence. Et pourtant, nul flocon ne put étouffer le fracas de verre brisé, ni les cris jetés contre les murs silencieux du domaine Lunaciel.


Trente silhouettes, venues de l’ombre, ont frappé. Pas pour voler mais pour être vues. Pas pour fuir mais pour marquer. Ce fut un tumulte bref, brutal, chargé d’un feu qu’aucune cheminée ne saurait contenir. Un mobilier défait, des mots insultants peints à la hâte, des fenêtres éventrées comme autant de symboles. Et puis, le sang. Inévitable. Tragique. 


La riposte fut rapide. L’ordre rétabli. Et la justice, déjà, prépare sa sentence. 


Mais si l’on regardait au-delà du geste ? Si, derrière la colère, l’on voyait des cœurs battants. Des visages jeunes, usés, souvent illettrés, parfois venus de loin. Des personnes qui n’ont plus que leurs poings pour poser une question que personne n’écoute : « Pourquoi pas moi ? »

Ce n’est pas la haine qui les a guidés, mais l’absence. Absence de droits, d’écoute, de place. Une soif de vivre autrement, exprimée avec des maux faute de mots. Une tentative, malhabile mais sincère, d’éveiller d’autres silencieux. 


Je ne demande pas que l’on oublie. Mais peut-être que l’on comprenne. Que la Maison Lunaciel et la justice ne se contentent pas de punir, mais entendent. Et que nous, au lieu de craindre l’émeute, osions interroger la paix civile et d'oser regarder l'horreur dans laquelle elle enfonce ses fondations.


Rémunérations et retombées estimées

sujet de société sensible, bien écrit, relativement bien acceuilli.
Note : 6/10
35-40 gils - une semaine de vie modeste, loyé payé.
Depuis la parution de son article, quelques lettres mal pliées, aux encres tremblées, avaient commencé à glisser sous sa porte ou à lui être discrètement remises au marché. Des mots simples, parfois mal orthographiés, mais lourds d’une gratitude sincère : un apprenti boulanger, un ancien mineur, une mère dont le fils avait “mal tourné”. Certains demandaient timidement si elle pouvait les aider à écrire “quelque chose de juste” pour un frère incarcéré ou un fils en attente de jugement.
Elle répondait à voix basse, dans des arrière-salles de taverne, entre deux lectures publiques. Elle prenait la plume comme on tend la main discrètement, sans attendre d’applaudissements.
Mais dans les salons feutrés où jadis elle lisait des poèmes oubliés entre deux tasses de thé tiède, le silence se fit. Une dame de bonne naissance, jadis curieuse de ses récits “exotiques”, annula leur rendez-vous avec une note courtoise, mais sans appel : « Les temps étant ce qu’ils sont, il serait préférable de différer nos échanges littéraires. » Augustine relut la phrase trois fois. Elle la plia, sans amertume.


"Et pourtant, il revint."

par A. Dudevent


Hier au matin, la grande place d’Ishgard, si souvent traversée d’indifférence, s’est figée sous un cri. Non pas un cri de douleur, mais de ceux plus rares. Ceux qui déchirent la trame du quotidien pour y faire passer la lumière. Une mère, en larmes, courait trébuchante, les bras ouverts, le cœur à nu. Et dans ce cri, le nom d’un fils qu’on croyait rendu à la pierre froide des tombeaux : Oroix.

Oroix Phenain. Disparu depuis des lunes. Avalé par l’au-delà du Coerthas comme tant d’autres, sans épitaphe, sans flambeau. Ni affiche, ni prière : il était trop tard, disaient les autres.

Et pourtant… Il revint.

L’enfant d’Arment Phenain, vieux templier aujourd’hui silencieux comme les murs de sa demeure, réapparut sans fracas. Ni fanfare. Seulement des bras retrouvés, un front pressé contre un autre. Et ce silence si dense, si plein, qu’aucune plume ne saurait en qualifier la quintessence et la justesse.

Certains murmurent que des mercenaires agissant pour l’Entrepôt l’ont extirpé d’on ne sait quelle errance. Les détails importent peu, car seule la finalité nous importe. La guerre, la misère, le froid, la folie : tout cela fond devant l’évidence d’une étreinte. On ne sait où Oroix a marché, ni ce qu’il a vu, mais ses pas, hier, ont retrouvé l'amour d'une Mère et le chemin d'un foyer appelé Maison.

Et c’est peut-être cela, le miracle. Non qu’il soit revenu. Mais qu’on ait su le reconnaître.

Rémunérations et retombées estimées

Récit touchant, enquête simple, chronique bien tournée
Note : 5/10
25-30gils - Paie la moitié du loyer hebdomadaire, chauffage limité.

Dans les cercles sensibles aux récits d’humanité, le texte émeut sans faire de bruit : une poignante parenthèse dans le tumulte des brèves habituelles. Quelques lettres d’inconnus touchés par la plume parviennent à Augustine, et l’on murmure que la rédaction envisage de lui confier une rubrique plus intime, à rythme libre. Rien d’officiel, mais un frémissement.



Conclusion Semaine 1


Une semaine pleine, presque trop. Augustine tange entre fierté silencieuse et un doute familier, celui d'avoir trop donné d'un coup. Deux piges saluées, une crédibilité renforcée, mais au prix d'un feu intérieur qui menace déjà de vaciller. Pour l'instant, elle se content d'un bol de soupe chaude, quelques gouttes supplémentaire d'absinthe et la crainte d'un lendemain sans verbe.




Conclusion Semaine 2


Pas de pige, pas d’article, seulement quelques besognes modestes : écrire une lettre de rupture pour un cœur éploré, rédiger deux ou trois missives officielles pour des mains trop maladroites avec la plume. On la paie en menues pièces, parfois en un repas fumant ou en un bout de fromage dur. Rien qui comble une bourse.
Le voyage vers le Gévaudan, lui, a englouti presque tout le peu qu’elle possédait encore. Le prix des chocobos, des relais, et même d’une nuit à l’auberge, mordent comme un hiver trop précoce. Elle se retrouve à compter les sous, peser chaque dépense.
Ses repas sont frugaux : pain noir et soupe claire le matin ou le soir, parfois un peu de lard maigre ou un œuf si la chance s’invite. Pas d’absinthe cette semaine ou alors, juste un verre offert par un aubergiste intrigué par son accent et sa plume. Le somnus reste un luxe lointain, irréalisable.
Le reste du temps, elle lit pour tuer l’ennui, écrit par réflexe plus que par inspiration, et observe ces visages inconnus du Gévaudan, ces gens qui se connaissent tous et pour qui elle n’est qu’une étrangère de passage.

Augustine Dudevent Il y a 2 mois et 4 jours

“La tombe oubliée et effacée”

par A. Dudevent

Il faut se lever tôt, et aimer le silence des alentours glacé du Vigile de Pierre, pour remarquer que quelque chose a disparu. Car il ne reste rien. Ni silhouette. Ni trace. Ni nom.

Ce matin-là, au creux de la neige encore bleue de nuit, un souffle a fait trembler les pierres d'un cimetière militaire. On dit qu’une détonation a retenti, sourde et brève, assez pour faire sursauter les corneilles et réveiller les morts ; du moins ceux qu’on n’a pas encore tout à fait oubliés. Car ici reposent ceux que le Septième Fléau a fauchés. Chevaliers, templiers, ou simples soldats, figés dans une gloire que le givre efface année après année. Il n’y a plus de visite. Plus de fleurs. Seulement des noms, que personne ne prononce. Les voiles du deuil, comme les feuilles de Sombrelinceul sont tombé. L'image des disparus s'est effacé dans les cœurs consolés de ceux qu'ils aimaient tant. Dans ces cimetières les morts meurent pour la deuxième fois.

Et voilà que l’un d’eux a disparu. Pas déplacé. Pas exhumé. Anéanti.

Qui donc mérite que sa mémoire soit effacée jusqu’à la dalle de sa dernière demeure ? Quel fantôme vient, non pas pleurer, mais réduire au néant la dernière preuve d’une vie ? Les témoins, épars comme les flocons, parlent d’une ombre sans visage, d’un manteau noir avalé par le blizzard. On dit qu’il ou bien elle s’est tenue là un long moment, avant d’agir. Comme on décide d’un enterrement… ou d’une incinération.

De la défunte supposée, il ne reste plus rien. Pas même un nom. Seulement une absence plus lourde que les pierres.

Certains crieront au sacrilège. D’autres n’oseront pas. Car dans les cimetières les plus froids, les secrets chuchotent encore. Et il se pourrait qu’un jour, nous soyons tous rayés ainsi. Non pas pour ce que nous avons fait, mais parce que plus personne ne s’en souviendra.
Rémunérations et possibles retombées.
Chronique funèbre et méditative, entre fait divers et réflexion existentielle.

Note : 6/10
35-40 gils - Une semaine de vie modeste.


Conclusion Semaine 3


Cette semaine-là, Augustine eut la rare impression d’avoir les mains pleines plutôt que le porte-monnaie vide. La chronique funèbre publiée dans La Chronique lui avait rapporté plus qu’elle n’osait espérer, et un papier vite rédigé pour Les Feuilles du Perchoir avait complété l’ouvrage. Une petite critique d'une pièce de théâtre mièvre dans une salle à peine rempli au tier. Rien de flamboyant mais pile ce qu'il fallait pour compléter.

Elle commença par la prudence : Payer son loyer et le suivant, comme on scelle un pacte avec la tranquillité. Puis elle se promit de manger chichement chaque jour, non par nécessité cette fois, mais par stratégie. Car avec ce qui restait, elle décida de s’offrir un repas dans l’un des établissements les plus en vue du Crosseron Précieux.


Ce n’était pas son goût, non. La nappe amidonnée, les conversations mesurées, les sourires qui ne montent pas jusqu’aux yeux. Tout cela lui semblait jouer à un théâtre où elle ne connaissait pas encore son rôle ; et pourtant cela lui semblait si familier avec sa propre manière d'aborder toutes choses. Mais elle se força, s’installa à table, prit la peine de saluer quelques visages, et laissa voir qu’elle existait. Peut-être qu’un jour, cette comédie lui vaudrait d’être plus qu’une plume dans l’ombre. Peut-être que ses ventes décolleraient, que son nom se glisserait dans des bouches qui comptent. En attendant, elle observait cette société polie comme on scrute un animal rare, entre curiosité et méfiance.
À quelques égards, Augustine sentait qu’elle devenait une sorte de demi-mondaine. À d’autres, elle savait qu’elle restait avant tout ce qu’elle avait toujours été : une écrivaine qui survit à coup de phrases.
Augustine Dudevent Il y a 1 mois et 3 semaines

"Liselotte de Clarevaux, chevaleresse des humbles combats"


Par Augustine Dudevent

Il est des victoires que nul héraut ne proclame, des batailles qui ne font résonner ni clairon ni tambour. Pourtant, elles n’en sont pas moins grandes, car elles sont menées au cœur même de notre vie ordinaire. Là où se cache la véritable dignité de l’âme. Ainsi agit Liselotte de Clarevaux, écuyère discrète mais ardente. Elle s’est dressée face à la menace rampante qui inquiétait notre cité : Les Rats. Ces rongeurs, innombrables et voraces. Cette vermine troublant le pain du pauvre comme la cave du marchand. Beaucoup, en vérité, se résignaient. Car que peuvent quelques mains contre une marée noire aux yeux rouges ? Mais Liselotte, elle, ne plia point.

On raconte qu’elle s’avança, le visage couvert de son sempiternel masque de chocobo, un balai pour glaive et la voix claire défiant la vermine comme on défierait une armée entière. Les rats bondissaient. Ils se ruaient sur les vivres. Ils mordaient les chairs et pourtant, jamais son bras ne céda. Jamais son courage ne faiblit. Quiconque l’a aperçue ce jour-là a vu plus qu’un simple combat de ruelle : il a vu l’incarnation d’une foi toute halonique. Celle qui affirme qu’aucune cause n’est trop humble pour mériter que l’on s’y tienne.

Car défendre un sac de grain, un morceau de fromage, ou même un gâteau, seul réconfort d’une semaine entière n’est point dérisoire. C’est défendre la subsistance. C'est protéger la joie simple. C'est sacraliser la part la plus humaine et la plus fragile de nos existences. Et dans ce geste, Liselotte de Clarevaux a montré qu’il n’est nul combat trop petit lorsqu’il s’agit de protéger ce qui nourrit le corps et l’âme.

Nul doute que d’autres riront, ou hausseront les épaules devant une telle scène. Mais moi, je dis qu’il est beau et juste qu’il existe encore des cœurs capables de s’embraser pour ces causes modestes. Ce sont elles, peut-être, qui maintiennent le fil ténu de notre monde, lorsque tout semble voué à se défaire.

Ainsi, dans cet article, j’inscris son nom et je le confie à la mémoire : Liselotte de Clarevaux. Preuse d’entre les Preux. Dont les armes furent un balai et le courage. Dont les trophées furent de simples instants de paix rendus à ses voisins.

Et peut-être est-ce là la plus haute des chevaleries : celle qui ne cherche ni gloire ni renom. Mais qui veille, humble et droite, pour que demain demeure un peu plus sûr et un peu plus doux.
Rémunérations et possibles retombées
Portrait héroïque d’une figure locale, entre chronique populaire et envolée poétique.
Note : 6/10
35–40 gils — Une semaine de vie modeste, mais rehaussée par une certaine visibilité à l'Oeil du Loup.


Conclusion Semaine 4

Cette semaine se déroula dans une sorte d’équilibre fragile, ni faste ni misère, mais toujours tendue comme une corde que l’on ne cesse de pincer pour vérifier si elle tient. L’article consacré aux exploits chevaleresques de Liselotte de Clarevaux avait trouvé sa place dans les colonnes d’une gazette, et, chose rare, il avait été lu avec attention. Une pige honnête, ni éclatante ni dérisoire, qui lui rapporta de quoi respirer.

À cela s’ajoutèrent deux ou trois broutilles, menus travaux qui ne valent guère pour l’honneur mais qui pèsent dans la bourse : recopier une lettre d’affaires pour un commerçant à la main incertaine, corriger un sermon d’un jeune clerc trop enfiévré de rhétorique, lire à voix haute la gazette à des vieillards aux yeux embrumés par la cataracte. Rien qui ne paraisse noble, mais ces riens-là s’additionnent.

De cette maigre moisson, elle fit encore une fois preuve de prudence : le loyer payé d’avance, quelques pièces mises de côté. Le reste fut étiré avec une science presque ascétique : repas frugaux, une tasse de vin partagée, un petit ruban acheté chez une mercière, luxe minuscule, mais qui lui rappela qu’elle existait aussi en dehors de ses mots.
La semaine s’acheva sur une note tiède mais assurée : Augustine n’avait pas brillé, mais elle n’avait pas sombré. Une silhouette fragile mais obstinée, avançant dans la cité entre la faim qui guette et l’espérance d’un nom qui, un jour, serait prononcé sans qu’elle ait besoin de tendre l’oreille pour l’entendre.
Augustine Dudevent Il y a 3 semaines et 3 jours

Quand la lice devient légende : Chronique de la joute chocoboesque


Il est des spectacles qui éveillent en nous l’enfant endormi, et la joute chocoboesque en fait assurément partie. Violente, certes, car l’acier s’y heurte et les plumes s’y hérissent dans le tumulte des passes. Mais pourtant elle est empreinte d’une grâce courtoise qui élève le combat au rang d’art. Que dire, sinon, de la magnificence des armures, toutes plus fantasques les unes que les autres, miroitant sous le soleil comme si chaque chevalier portait avec lui l’éclat d’un rêve forgé par les contes de notre prime jeunesse. Car au-delà du choc, au-delà du fracas des lances et des sabots, se déploie un cérémoniel si raffiné qu’il dissout la frontière ténue entre réalité et légende.

Et, en ce Gévaudan que l’on dit souvent glacé de rigueur et d’austérité, la liesse des festivités fait naître une chaleur telle qu’elle pourrait, le temps d’un tournoi, faire fondre l’hiver lui-même.

Qu’ils fussent jeunes écuyers encore verts ou vieux cavaliers bardés d’éperons, les chevaliers qui prirent part à la joute composèrent un tableau d’une rare splendeur : la fine fleur de la noblesse d’épée, rassemblée sous le même soleil, offrant aux yeux de la foule un théâtre où la tradition croisait l’espérance. De la vieille garde, l’infatigable Ermengard de Bertin, prince des élégances en toute circonstance, fit encore résonner sa verve fleurie et ses clameurs tonitruantes depuis les gradins. Rappelant à tous que la noblesse ne se mesure pas qu’à la fermeté d’une lance, mais aussi à l’ardeur d’une voix capable d’enflammer une arène entière. Le Baron Lucien Hautchemin, diminué par une blessure, dit-on, mais nullement par le courage, offrit une prestation plus qu’honorable, prouvant à qui voulait l’entendre que la chevalerie s’incarne d’abord dans cet entêtement sublime à ne jamais reculer, fût-ce au prix de ses forces. Et que dire enfin de Mordred de Castellan ? Toute épopée a besoin de son chevalier noir ; celui-ci endossa ce rôle avec une ampleur qui fit trembler aussi bien les adversaires que les cœurs, donnant au tournoi des accents de légende que l’on ne sera pas prompt d’oublier.

Or, ce tournoi n’aurait point eu la même saveur sans l’audace flamboyante de la jeune garde, ardente, impétueuse et résolue à inscrire son nom dans les fastes du jour. Artorias de Sylvefer, point encore écuyer mais patronné par la maison Belmont, s’élança avec la candeur intrépide de ceux que l’idéal porte plus haut que la peur, arrachant des soupirs d’admiration à plus d’un spectateur. Liselotte de Clarevaux, écuyère de l’inénarrable Ermengard des Bertin, fit sensation par son légendaire casque chocobo qui, tout autant que sa lance. Elle devint arme de panache et d’éclat, symbole d’une fantaisie insolente qui ne cédait en rien à l’efficacité. À leurs côtés, Evhan Mercier, fier chevalier des Lunaciel, et Vantelme de Lanverlaix, digne rejeton d’une longue lignée, se distinguèrent par une ardeur farouche qui força le respect. Tous quatre atteignirent les demi-finales, terrassant chacun leurs aînés avec une fougue qui ne devait rien au hasard. Leur jeunesse, flamboyante comme une torche dans la nuit, alliée à une insolence presque sacrée, fit trembler les certitudes et palpiter l’arène tout entière. Qu’on se le dise : la nouvelle génération de chevaliers est là, et déjà, elle se montre prête à prendre la relève avec panache, éclat et fureur de vivre !

Mais parlons de ce qui intrigue le plus, la finale. L’arène tout entière retenait son souffle, tandis que claquaient au vent les bannières des maisons Bertin et Lunaciel, Sinople contre Azur, calice d’or contre aigle rayonnant. De l’une jaillissait Liselotte de Clarevaux, l’inattendue, l’intrépide écuyère à l’armure encore neuve mais au cœur vaste comme le Coerthas. Juchée sur Roussinet, son ardent chocobo rouge qu’elle dut flatter pour l’apaiser, elle dressa sa lance et son verbe à la gloire du Gévaudan, de sa maison, et de ce noble jeu des armes qui l’élevait pour un soir au rang des héros. De l’autre côté, s’avançait Ser Evhan Mercier, croisé de l’Ordre Lunaciel, champion éprouvé des lices et rescapé de Givreval, saluant son seigneur et la foule d’une révérence simple, mais qui avait le poids des victoires passées. Deux jeunesses, deux ferveurs, deux destins prêts à s’entrechoquer dans le fracas des lances.

Le héraut tonna, et soudain, tout s’élança. Deux cavaliers, deux flammes, courant l’une contre l’autre, comme un miroir prêt à se briser. Le sable trembla sous les serres des montures, et la tension fit battre le cœur de la foule à l’unisson. Liselotte, haletante, galvanisait Roussinet de sa voix claire, dressant son bouclier pour dévier l’assaut et frapper juste. Mais Evhan, fidèle à sa ruse, feinta de haut pour mieux plonger de biais. Sa lance, guidée d’une main agile, contourna l’écu et, dans un éclat brutal, rompit la garde de l’écuyère. L’impact fit voler le bouclier, la selle, et jusqu’à la téméraire cavalière elle-même, projetée dans la poussière tandis que son chocobo, épouvanté, s’enfuyait hors de la lice.

Alors un silence bref, suspendu, précéda l’explosion d’applaudissements. Liselotte gisait au sol, héroïne défendue mais non point vaincue en gloire, et le héraut proclama, la voix vibrante : « Gloire à la maison Lunaciel ! Victoire à Ser Evhan Mercier ! » Ainsi se scella la joute, dans l’unique passe décisive où la fougue et la science de la lance se heurtèrent pour consacrer un champion.

Et pourtant, au-delà des lances brisées, des éclats d’armures et des clameurs, ce que je retiendrai de cette joute n’est point seulement la victoire d’un nom sur un autre, mais l’élan commun qui anima chacun des participants. Qu’ils fussent anciens combatta,ts ou novices intrépides, tous portèrent avec eux un éclat de rêve, et tous méritent nos félicitations. Car dans l’ardeur de Liselotte, la ruse d’Evhan, l’ombre majestueuse de Mordred, la persévérance du Baron ou la voix tonitruante d’Ermengard, c’est une même flamme qui brûlait, celle d’une chevalerie vivante et généreuse.

Il me tarde déjà de voir quelle page s’écrira demain dans ce grand livre de bravoure et de faste. Puisse le Gévaudan nous offrir encore longtemps de tels instants, où le réel se fait légende et où, l’espace d’un tournoi, chacun retrouve un peu de son enfance émerveillée.
Rémunérations et possibles retombées
Récit sportif et culturel solide dans un journal à gros tirage : Vagabond Soyeux
Note : 7/10
50 gils - Une semaine confortable (chauffage, viande, absinthe)


conclusion semaine 5, 6 et 7

Les premiers jours à l’Institut Riverhood avaient suffi pour inscrire le nom d’Augustine Dudevent sur toutes les lèvres. Tandis que d’autres, encore engourdis par l’inconfort de la nouveauté, trébuchaient sous le poids du rythme imposé, elle brillait déjà par son ardeur au travail et la clarté de ses réflexions. Nul parmi les novices n’égalait son assiduité, et cette fille sans titre, issue de rien, faisait grincer des dents plus d’un héritier habitué à voir la science et le prestige réservés à son sang.

La seconde semaine confirma l’éclat de la première : ses devoirs, d’une perfection presque insolente, furent loués par les professeurs eux-mêmes, et plus d’un jeune noble dut ravaler ses certitudes lorsqu’elle réduisait leurs arguments au silence par quelques mots justes. Mais ce qui monte trop vite attire bientôt la foudre. Dans ses colonnes vénéneuses, Dame Nation s’acharna sur Augustine, la travestissant en intrigante de bas-étage, vendant son corps plutôt que sa plume. L’insulte trouva écho dans les couloirs du Riverhood : la jeunesse dorée reprit l’injure, la couvrit de sourires mielleux et de sobriquets venimeux, et la rumeur enflait, aussi acide que les jalousies qu’elle nourrissait.

Puis vint la grande distraction du Gévaudan. Augustine, plume en main, couvrit avec verve les joutes et les banquets, et vit avec une émotion sincère le jeune Artorias de Sylvefer entrer dans le cercle de la bonne société. Ses articles, publiés dans le Vagabond Soyeux, résonnèrent jusque dans les salons les plus chics. Mais sitôt la fête éteinte, sitôt les étendards repliés, la sienne aussi s’affaiblit. De retour au silence, sa silhouette disparut des couloirs et des jardins ; sa chaise resta vide dans les amphithéâtres. Certains disaient que la fatigue l’avait terrassée, d’autres qu’elle s’était retirée à Ishgard, recluse et maladive, cherchant dans la froideur de ses murs un apaisement à ses nerfs trop tendus. Les plus cruels, eux, murmuraient qu’elle se flétrissait enfin, et qu’ils n’attendaient rien tant que sa disparition définitive.

Ce soir-là, cependant, elle ne regagna pas Ishgard : elle rentra seulement dans sa chambre de pensionnaire, le pas traînant, les yeux caves de fatigue. Ses doigts fébriles arrachèrent les agrafes de sa robe, qu’elle laissa choir comme une entrave au sol. Haletante, elle se débarrassa de tout, sauf du tumulte qui la rongeait. Alors, elle saisit une bouteille d’absinthe et, sans sucre ni eau, se brûla la gorge d’un premier verre, puis d’un second, puis d’un troisième, comme on tente d’étouffer le vide. Quand enfin son corps céda, elle s’effondra sur son lit, laissant l’ombre et la nuit se refermer sur elle, seule compagne encore fidèle à ses tourments.
Augustine Dudevent Il y a 2 semaines et 13 heures

De la Lance et de la Lyre : quand la poésie s’invite au tournoi


Qu’est-ce donc qu’un chevalier, s’il ne sait que manier l’épée ? S’il n’a pour tout langage que le fer et pour seul chant que le fracas des armures et pour seule finalité la mort ? La chevalerie, telle qu’elle s’épanouit dans notre Coerthas, ne saurait se réduire à l’art martial. Car à l’adresse du bras doit répondre l’élégance de l’esprit. A la vigueur du corps, l’essor du verbe.

Aussi bien qu’il dompte sa monture et qu’il affronte ses pairs, le chevalier se doit de savoir composer un vers, entonner une ballade, ou confier à la prose ce que son cœur ne saurait taire autrement. L’amour courtois, cet idéal si ardemment poursuivi, ne se conquiert point seulement par la prouesse, mais par le langage. Il se doit d'être subtil, nuancé, pétri de musique et de délicatesse. La poésie n’est point ornement, elle est devoir. Elle est le glaive invisible qui tranche la médiocrité de l’âme pour révéler en chacun ce qu’il a de plus noble.

C’est pourquoi, au milieu des passes d’armes et des hourras des spectateurs, un concours de poésie fut tenu. Et je vous avouerai, en toute sincérité, que la beauté de certains vers m’a émue plus encore qu’un coup de lance bien porté. Ils rappellent que les héros de demain ne se forment pas seulement dans le choc des joutes, mais aussi dans la flamme fragile et ardente des mots.

La thématique choisie pour ce concours était celle de la fraternité. Et, comme il se devait dans un tournoi, nombre de chevaliers s’élancèrent dans des vers épiques : ils y évoquaient la camaraderie des armes, les boucliers croisés sur les champs de bataille, la gloire partagée dans le vacarme des trompettes. Ces poèmes, tout empreints de vaillance et de tumulte, avaient leur éclat, certes. Mais ce ne furent point eux qui remportèrent les suffrages. Car, au fond, la fraternité ne se limite pas à survivre côte à côte sous le même étendard. Elle ne s’éprouve pas seulement dans le fer qui s’entrechoque. Mais dans le geste discret, tendre, qui relève l’ami tombé sans attendre de remerciements. Elle se tisse dans le partage d’un pain plus que dans celui d’une victoire. Elle réside dans ce silence qui unit deux êtres quand la peur les guette, ou dans la confiance qu’on offre sans condition, même quand tout vacille. Surtout quand tout vacille...

Pour ma part, je l’avoue, je vois la fraternité comme un serment plus doux que martial. Non pas celui qui commande d’obéir aveuglément, mais celui qui invite à comprendre, à accueillir, à panser. La véritable fraternité n’est pas l’armure que l’on enfile à la hâte : c’est le manteau qu’on pose sur les épaules de l’autre quand la nuit est trop froide. Et c’est ce visage lâ, plus intime, plus humain, qui a conquis le cœur des jurys. Dans cette lice où brillèrent les armures et claquèrent les bannières, ce sont les vers les plus simples et les plus sincères, célébrant l’amitié plus forte que l’amour même, qui se sont élevés au-dessus du tumulte.

Aussi, il convient de saluer les trois lauréats de ce concours, qui surent allier l’éclat du verbe à la noblesse du cœur…

« De terre battue par la pluie, sous feu du ciel,
Nous étions un, nous étions mille, pauvres hères
Tant de rire qui fit notre peine légère
Qu’à nous tenir chaud sous la morsure du gel
Et quand, délivrance ou malheur s’en vint frapper 
Même l’inique fin ne put nous délier. »

Ermengard de Bertin, Troisième place, représentant les Bertin

« Borée et froid mordants sont sitôt hors du coeur,
En doulce assemblée, bien qu'entre adverses jouteurs,
Car amis et rivaux, tous avons en partage,
Peines et fol espoir, épreuves et courage,
Comment ne pas prier pour que tous soient vainqueurs ? »

Liselotte de Clarevaux, Seconde place, représentant les Bertin

« Un monde en ruine, et deux frères.
Parmi les cendres froides, ta voix m’a rappelé,
Que nous restons vivants, que rien n’est condamné.
Mon frère, en nous survit un feu doux et vivant,
Dont la flamme apaise un monde malveillant.
Et quand l’ombre s’étend, que s’effondrent les cieux,
Tu restes mon repère, au milieu des adieux. »

Royenhardt d'Astelbrand, première place et vainqueur de cette épreuve. Représentant Riverhood

Du glaive à la corde : l’art discret de l’archerie


Un chevalier ne saurait se réduire à la seule image de l’épée levée, éclatant symbole de son rang et de son serment. Certes, la lame demeure l’emblème par excellence de la noblesse d’armes. Mais quiconque croit qu’elle suffit à faire un guerrier s’abuse. La véritable chevalerie ne se conçoit qu’à travers une maîtrise complète : il faut à la fois la vigueur pour le choc, la souplesse pour l’esquive, la discipline pour la tactique… et, souvent oublié, l’œil sûr pour frapper juste à distance. L’arc, en ce sens, se présente comme l’instrument de l’équilibre : moins flamboyant que la lance, moins prestigieux que l’épée, mais d’une utilité souveraine. Arme des forêts, compagne des longues traques, il évoque la chasse, privilège séculaire de la noblesse. Son maniement est une école de patience, de force, de précision et d’humilité. Ainsi, ce concours d’archerie, tenu à l’ombre des tentes chamarrées du Gévaudan, avait valeur de rappel : un chevalier véritable n’est pas seulement un duelliste en armure, mais un être complet, capable de bander l’arc avec la même noblesse qu’il tire l’épée.

Si l’archerie se veut un art de patience et de précision, force fut de constater que nombre de nos compétiteurs avaient, en leur jeunesse, préféré l’école buissonnière à l’école de l’arc. Plus d’une flèche trouva certes sa cible… mais d’autres, nombreuses, semblèrent préférer les cieux aux cibles. Les nuages du Gévaudan furent ce jour-là bien plus souvent transpercés que les cibles de paille, et quelques spectateurs jurèrent même voir Halone elle-même se pencher pour éviter l’un de ces traits vagabonds.

Heureusement, aucun merle innocent n’eut à payer le prix de ces élans maladroits, et pas davantage les jeunes pages qui, courageux, ramassaient les flèches tombées hors des limites.

A la troisième place, messire Bridelion de Barentan. Baron de la maison Barentan
A la seconde place, messire Noah Hauterive. Réprésentant la maison Hauterive
A la première place, monsieur Oscar Solhare. Représentant la Maison Etchebisque

De l'épée et du bouclier : les duels.


Et vint enfin le temps des duels. Ah ! Que l’on ne s’y trompe point : là où le champ de bataille n’est que tumulte et folie, où l’instinct commande d’abattre son ennemi avec la plus crue efficacité, le duel, lui, s’élève au rang d’art. C’est là une danse martiale, où chaque feinte, chaque parade, chaque coup porté témoigne non pas de l’acharnement aveugle, mais d’un savoir-faire patiemment cultivé.

En Ishgard, certaines Compagnies d’Armes l’ont bien compris : leurs maîtres forment leurs élèves non seulement à survivre, mais à exceller. Et parfois, pour affûter ces talents, les plus braves se mesurent entre eux dans des passes d’armes dénuées de haine, où seule la recherche de perfection prévaut. Car tout bon chevalier, s’il veut mériter ce nom, se doit d’embrasser l’art de l’escrime dans toutes ses déclinaisons : le duel à l’épée longue, la science du bouclier, la subtilité des lames légères, ou encore la brutalité calculée de la grande épée. Ces joutes, loin de n’être que divertissements, sont des miroirs fidèles de la chevalerie : elles révèlent la rigueur, la discipline, et cette noblesse d’esprit qui distinguent les véritables champions des simples bretteurs.

Le tournoi des duels ne fut pas avare en émotions. Que l’on se souvienne d’abord de la chute, aussi brusque qu’élégante, de l’infatigable Ermengard de Bertin, terrassé par une botte admirable d’Adalhaid Breamont : un seul geste, précis comme la pointe d’une plume sur le vélin, et la légende céda devant cette femme hardie. Mais si certains combats se tranchèrent net, d’autres, au contraire, s’élevèrent jusqu’aux sphères de l’épopée.

Ainsi du duel entre Royenhardt d’Astelbrand et le juvénile Artorias de Sylvefer. Là nous vîmes non pas deux adversaires, mais deux astres s’entrechoquer dans la nuit. L’expérience et la fougue, la patience et la témérité. Leurs lames dansaient comme des éclairs, trahissant à chaque croisement l’essence même de la beauté mortelle qu’est l’art de l’épée. Ce fut une rencontre à graver dans le marbre, tant elle rappela que la chevalerie se nourrit autant du fracas des armes que de l’éclat des âmes.

Et qu’on ne s’y méprenne pas : tous les autres compétiteurs méritent leur part d’admiration. Chacun et chacune, par leur bravoure, leur panache ou leur persévérance, portèrent haut les couleurs de leur maison, et il serait injuste de les oublier.

Mais au bout du chemin, il fallut un vainqueur. Ce fut Esclarmonde Hautelune-Alaric, représentant la maison Forgechêne, qui leva haut la palme, terrassant en finale nul autre que Ser Evhan Mercier de la maison Lunaciel. Tous deux offrirent une ultime passe d’armes digne des plus belles chroniques, mais la grâce d’Esclarmonde, aussi fulgurante que l’acier qu’elle maniait, emporta le jugement et les acclamations.

Ainsi s’achevèrent les duels, et avec eux, le tournoi tout entier. Comme toujours, il est une pointe de tristesse à voir se clore un tel chapitre : car l’arène, un instant changée en théâtre d’épopées et de merveilles, se vide, et la poussière retombe sur les pavés où résonnaient naguère les pas des héros. Vient alors l’heure de replier bannières et oriflammes, d’éteindre les clameurs pour ne garder que l’écho, fragile et précieux, dans le cœur de ceux qui y assistèrent.

Il en est des tournois comme des songes : splendides, ardents, mais éphémères. Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, chacun retourne à son devoir. La vie ordinaire remonte sur son trône. Mais, qu’on se rassure, le rêve ne s’éteint point : il demeure en filigrane, pareil à une braise sous la cendre, prêt à ranimer la flamme du courage, de l’honneur et de la beauté chevaleresque. Car c’est là la plus belle victoire du tournoi : avoir rappelé à tous qu’au-delà du fer et du sang, la chevalerie est un idéal. Une étoile qui, même au plus sombre des ciels, ne cesse de briller.

Rémunérations et possibles retombées
Récits sportifs et culturels solides dans un journal à gros tirage : Vagabond Soyeux
Note : 21/10
150 gils - Open bar, dolce vita. Absinthe à gogo, peut même s'offir du somnus.

Conclusion semaine 8


Cette semaine, nul ne vit guère Augustine dans les couloirs de l’Institut, ni sous les ciels gris d’Ishgard. Elle s’était retirée dans sa petite chambre de bonne, refuge étroit et glacé où s’amoncellent feuillets froissés, vêtements en désordre et bouteilles vides. Le monde, soudain, lui semblait trop vaste, trop bruyant, trop cruel. Alors elle s’y claquemura, recluse volontaire, comme une âme fatiguée cherchant le silence après tant de tempêtes mondaines.

L’esprit saturé de pensées, le cœur éreinté, elle se laissa choir dans un véritable gouffre d’épuisement. L’absinthe, versée sans sucre ni eau, fut sa compagne la plus fidèle, sa clé vers un sommeil morcelé, où les rêves sentaient l’anis et la menthe. À ceux, rares et téméraires, qui frappèrent à sa porte, elle ouvrit parfois, dévoilant un visage pâle, des cernes profonds et ce regard éteint des êtres qui portent un fardeau invisible. Quelques confidences échappèrent, comme des éclats de verre : des mots sombres, des soupirs las, un rire nerveux pour masquer le naufrage intérieur.

Une semaine entière s’écoula, sans cours, avec peu d'études, sans autre discipline que celle d’essayer de ne pas sombrer. Et pourtant, malgré ce retrait, malgré ce corps las et cet esprit étiolé, Augustine s’en tire relativement à bon compte. Elle a pris du retard, certes, mais rien que le temps, la volonté et un peu de lumière ne sauraient réparer.

Et déjà, au fond de sa solitude, frémissent les premiers signes du retour. L'argent tant espéré du Vagabond soyeux est tombé. Des sommes que jamais elle n'avait espéré amonceler en une semaine. Mais loin d'épargner Augustine se mit à dépenser et à flamber. De nouvelles robes, des repas pour se remplumer et une soirée où elle s'est lovée dans le volutes enfumées du somnus. Sa plume se remit alors à gratter timidement le papier. Le regard qui s’attarde sur les livres empilés, et ce souffle ténu, presque imperceptible, qui murmure à son oreille : « Tiens bon… encore un peu. »
Augustine Dudevent Il y a 1 semaine et 4 jours

Publication en Feuilleton

C'est dans les pages d'un journal à feuilletons, nommé Le Bulletin des Clochers, qu’Augustine se met à publier chaque semaine une étrange et envoûtante histoire. Le feuilleton s’intitule La Flûte aux échos perdus. Certains lecteurs affirment que les mots eux-mêmes semblent y résonner d’une musique douce et mélancolique, qu’on y entend le souffle d’une enfance égarée et la plainte d’âmes oubliées dans la brume. Mais également on y retrouve les longueurs interminables qui font la plume de cette écrivaine. D’autres prétendent que l’autrice, inspirée par des faits que nul n’ose nommer, y cache plus qu’un simple conte, une vérité déguisée, peut-être, ou le souvenir d’un rêve trop réel. Quelques-uns qu'il s'agit juste d'une énième reprise du conte d'Hamelinois le joueur de flûte, les rats en moins assurément. Quoi qu’il en soit, chaque parution attirera peut être son lot de curieux. 

Premier Feuilleton Les enfants de la brume. 
Longueur : Quatre pages 
Résumé : Le récit s’ouvre sur un royaume enneigé où le jour ne perce plus les voiles du brouillard. Dans un village figé par la peur, les rires d’enfants se sont tus un à un. L’enquêtrice, dépêchée par le Temple, foule pour la première fois la neige de ces terres silencieuses dans l'arrière pays Coerthien.

Rémunérations et possibles retombées
Publication en feuilleton
Note : 5/10
25 gils - Paye la moitié du loyer hebdomadaire, chauffage limité


Conclusion semaine 9

Cette semaine, Augustine semble avoir retrouvé un certain équilibre, malgré la mélancolie qui, tapie dans un coin de son âme, guette le moindre fléchissement pour reprendre le dessus. À l’Institut, son sérieux et la qualité de son travail ne souffrent que de peu de contestation. Les plus moqueurs, désormais, gardent leurs rires pour eux : la directrice, d’une rigueur nouvelle, ne tolère plus la moindre incartade. Ainsi, dans un silence presque solennel, Augustine trace sa route studieuse, discrète, et toujours un peu absente.

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