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[Ermengard] Chroniques

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Eul' Il y a 1 semaine et 2 jours


Un mouvement sur les draps, presque imperceptible, perturba le sommeil d’Ermengard. Il ne s’était pas sentis s’assoupir près de Seluna, dont il ressentait désormais le poids de fatigue contre lui. Relevant à peine les yeux, il remarqua alors les yeux félins qui le toisaient, et son estomac se contracta de tension. Quelques instants, le chat et l’elezen se toisèrent tous deux, l’objet de leur allégeance les séparant par sa simple présence, endormie entre eux deux. La main du Bertin se posa sur le ventre de son épouse, comme mue par un instinct protecteur face à ce qu’il ressentait être un danger. Les minutes s’écoulèrent, paresseuses, dans ce malaise qui alourdissait jusqu’à l’air. Puis, il y eu comme un relâchement. Comme si la créature se désintéressait finalement de l’humain qui lui faisait face, le laissant de nouveau respirer.

« Je... ne vis que par... ma voie... Et les miens... Je vous aime, oui. Mais ... Mais c'est... Déséquilibré. » Ces mots, un peu trop à propos, lui revinrent aussitôt en tête, comme si cette présence impromptue les lui avait soufflés d’une voix moqueuse. En ces yeux qui le fixaient quelques instants auparavant, tout ce qu’il y avait vu, c’était le fait qu’il n’était qu’un intrus. Un caillou ridicule, coincé dans un engrenage auparavant parfaitement huilé. Un caillou qui avait accepté de se faire limer, de toutes les façons, pour que le mécanisme puisse continuer de fonctionner, mais qui le grippait tout de même, par sa simple existence. Tout comme ce troisième membre de leur couple menaçait, par sa présence, l’ouvrage qu’ils voulaient tous deux construire.

Ses yeux revinrent sur la silhouette de sa femme assoupie, dont il écarta quelques mèches de cheveux blancs d’un geste précautionneux. Un météore… Son météore… Capable d’illuminer le ciel en comète, ou réduire à néant l’espoir de tous les hommes. Et quand bien même l’aimait-il à en mourir, acceptait-il toutes ses failles, ses parts d’ombres, ses éclats, acceptait-il qu’elle le perce de ses lames… Il prenait conscience, à mesure, que tout cet amour, cette confiance, qu’il lui portait, ne faisait qu’attiser sa faiblesse et sa propre inconscience. Il ne l'avait pas arrêté, l'avait laissé faire, comme il le faisait toujours, mais ce soir... Il aurait dû la contraindre. Il aurait dû lui refuser de toucher à ce tableau. Lui refuser de se bruler les ailes, et entrainer qui que ce soit avec elle. Ils n’étaient plus eux deux, chacun de de leur côté, se soutenant quand le besoin s’en faisait sentir… Ils étaient trois. Avec cette responsabilité pour l’un comme pour l’autre, envers leur descendance.

Quand son regard se posa de nouveau sur le chat, il lui sembla ressentir de nouveau le poids de cet héritage indésirable, qu’ils imposaient à leur futur enfant. Le poids d’un cycle inaltérable. Il savait ce qu’il devait faire, pour le briser, et si Seluna se pensait en devoir de le faire elle-même, force était de constater qu’il n’en était plus question. Il ne la laisserait plus faire. Si quelqu’un, entre eux deux, devait prendre le moindre risque, c’était à lui d’avoir cette responsabilité.

Celle de briser les deux malédictions qui les accablaient.

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