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[Trame] Le Royaume de Sinclair

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Seluna Valsonge Il y a 2 jours et 10 heures


L'invitation


(Thème musical)

Ils arrivèrent à dix. Descendus de deux calèches rutilantes dont les vitres n’étaient pas de simple verre, mais de véritables vitraux figurant deux roses entrelacées, ils s’alignèrent aussitôt. Drapés de soies luxueuses brodées de motifs floraux, ils avancèrent d’un pas mesuré jusqu’aux portes du manoir Riverhood. Il ne faisait aucun doute qu’il s’agissait de messagers. Des messagers envoyés loin de leur patrie, choisis avec soin et parés de leurs plus beaux atours.

À peine les portes de la demeure ouvertes, quatre musiciens prirent place. Un violon à la mélodie tendre s’éleva, rejoint par les cordes claires d’un luth. Des pétales furent lancés dans les airs, tandis que chacun adoptait une posture savamment étudiée. L’ensemble était grandiloquent, théâtral, presque excessif.

Mais d’une beauté saisissante.

D’une voix claire, presque chantée, l’un d’eux s’avança.

 « Veuillez faire savoir à Son Excellence la vicomtesse Lenore Marjorie de Riverhood que notre bon roi, Léandre Cassian Adastro de Sinclair, surnommé le Juste aux Mille Richesses, l’invite, elle et sa suite, au royaume béni de Sinclair. Elle y sera reçue avec tous les égards, et davantage encore. Notre régent l’invite au mariage qui unira sa fille héritière, Valentine Christine Opale de Sinclair, à son fiancé, Théodore Léon Raphaël de Bontemps. »

Les paroles, nettes et solennelles, s’abattirent sur une Clothilde sans doute décontenancée, tandis qu’une malle particulièrement lourde était déposée à ses pieds. L’objet en lui-même relevait déjà du trésor, tant la menuiserie que la confection témoignaient d’un soin extrême.

 « Notre bon roi offre à la vicomtesse ce modeste présent. Il espère que cette robe, ces chaussures, cette parure composée d’un collier, de boucles d’oreilles, de trois bracelets et de deux bagues, ainsi que cette broche, sauront lui plaire. Ce présent se veut un remerciement pour les soins attentifs accordés à la baronne Athénaïs de Valsonge, autrefois pupille de notre royaume. »

L’homme marqua une pause, jetant un regard critique à la malle afin de s’assurer qu’elle était parfaitement alignée et présentable, avant de conclure.

 « Nous vous souhaitons la plus belle des journées, sous le regard des Dieux. Que l’élégance, la beauté et l’abondance vous bénissent. »

Sur ces mots, le cortège se retira, non sans glisser entre les mains de Clothilde une lettre reprenant, avec la même emphase, les paroles qui venaient d’être proclamées.
Augustine Dudevent Il y a 10 heures et 19 minutes

Vous avez dit que nous partons vers où ?


Lorsqu’Augustine reçut la lettre l’invitant à accompagner la Vicomtesse en terres étrangères, afin de se prêter à quelques mondanités diplomatiques, elle demeura d’abord interdite. Un doute, mince et furtif, effleura son esprit : n’était-ce pas une distraction de trop, un pas de côté alors qu’elle venait tout juste de reprendre les rênes de ses études ? Mais cette hésitation se dissipa presque aussitôt, balayée par une vague d’enthousiasme irrépressible. Car déjà l’inconnu l’appelait.

Quitter le Coerthas et son froid sépulcral, laisser derrière elle les pierres austères et le ciel toujours trop bas, découvrir un pays neuf. Sinclair, ce nom encore flou sur la carte de son esprit. S’imprégner de mœurs nouvelles, de traditions étrangères, tout cela suffisait à embraser cette curiosité chronique qui la rongeait depuis l’enfance. Cette maladie douce, dont elle ne cherchait plus à guérir, entrait en ébullition.

Bien vite, les questions affluèrent. Quel temps faisait-il là-bas ? Quels ports, quelles routes, quels usages ? Où situer Sinclair sur une carte digne de ce nom ? Ainsi, alors même qu’elle se promettait davantage de rigueur, Augustine se surprit à errer de nouveau chez les bouquinistes de l’Œil du Loup et de la Sainte-Cité. Atlas, traités de géographie, récits de voyageurs et chroniques, tout ce qui portait, de près ou de loin, le sujet de Sinclair était appelé à délester sa bourse déjà maigre et à peupler ses nuits d’études fébriles.

Il y avait aussi l’honneur, indéniable. Être conviée, elle, malgré la roture de son sang, à prendre place au sein d’une suite nobiliaire, et qui plus est diplomatique. Être jugée digne de confiance, et peut-être même d’intérêt. Cette reconnaissance faisait naître en elle un sentiment rare, presque inconvenant : l’orgueil. Elle le goûtait avec étonnement, consciente de son caractère étranger, et pourtant troublée par le plaisir qu’il lui procurait.

Cependant, hors de question de se laisser aller. Augustine entreprit de rencontrer chacun de ses professeurs, sollicitant par avance la teneur des cours qu’elle manquerait, afin de poursuivre le programme sans faillir. Elle évoqua également la possibilité de se renseigner, durant son séjour, sur les connaissances et tactiques liées au Néant que possédait le royaume de Sinclair, et d’en rapporter un maximum de références utiles à l’Institut et de facto à la Tour.

Restait enfin la question pratique, et non des moindres : que fallait-il emporter ? Le parfum d’Amos, évidemment, sans quoi le voyage lui semblerait incomplet. Ses plus belles tenues, choisies avec soin. Sa médaille, peut-être superflue, mais si légère, et capable de lui conférer une importance immédiate aux yeux de ceux qui ignoraient tout d’elle. Des livres, encore et toujours. Beaucoup trop de livres. Puis tout l’attirail de toilette et de maquillage, indispensable à son armure sociale.

Tout cela devrait tenir dans une seule malle, la plus grande. Une entreprise qui relèverait presque de la stratégie militaire. Le port, les efforts, les regards excédés ? Ce serait un problème pour plus tard. Pour l’heure, l’esprit d’Augustine était déjà ailleurs, en partance, vibrant d’une impatience délicieuse face à ce qui restait à découvrir.
Adonis de Riverhood Il y a 9 heures et 50 minutes
L’arrivée en fanfare du cortège Sinclair ne passa pas inaperçue chez les Riverhood. Même retranché derrière sa montagne de paperasse au sommet de la Tour, Adonis en entendit parler. À peine marié, le voilà déjà convié à célébrer une nouvelle union.
"Au moins, je n’aurai aucun préparatif à gérer cette fois-ci", songea le Cendre-Loup dans un soupir las, plus fatigué que réellement amusé.

Son esprit dériva brièvement vers Athénaïs. Le seul membre de la famille Sinclair qu’il avait eu l’occasion de rencontrer. Les rumeurs entourant son mariage avec Célestin ne jouaient guère en sa faveur. Non qu’elle en fût responsable. Elle avait simplement payé le prix de son apparition brutale sur la scène du Gévaudan. Une brutalité qui, à l’époque, avait davantage éveillé la sympathie d’Adonis que le mépris. Il connaissait trop bien la cruauté des murmures de cour.
"Elle a survécu au blizzard social du Gévaudan", reconnut-il intérieurement, inclinant la tête avec une approbation sobre. "Peu y parviennent."

Il se souvenait aussi de sa présence lors de son duel contre Artorias. Là où beaucoup se seraient offusqués de ses paroles, Adonis y avait perçu autre chose. Une reconnaissance. Une lucidité rare. Les mots s’étaient gravés dans sa mémoire, intacts :

« L’on m’avait prévenue que les Ishgardais avaient l’âme guerrière. Et dire que j’avais presque fini par croire les racontars qui prétendaient que les hommes Valsonge étaient plus sauvages, plus cruels, plus brutaux. Je suis ravie de constater qu’il existe finalement bien davantage d’unité et de ressemblances entre les maisons du Loup Blanc que ce que l’on voulait me faire croire.»

Lui qui s’était si longtemps senti comme un loup noir parmi les Loups Blancs, ces paroles lui avaient offert une sensation étrange. Celle de n’être ni étranger, ni monstre, mais peut-être un lien. Un pont fragile entre deux familles vouées à protéger le Gévaudan.

C’est donc avec une légèreté inhabituelle qu’il envisagea le mariage à venir. À quoi ressemblait le domaine Sinclair ?
Étaient-ils tous à l’image de la Baronne ? Combien de temps durerait le mariage ?
La curiosité le stimulait déjà, aiguisée, presque fébrile. Il se surprit à préparer ses affaires avec application. Des tenues choisies avec soin. Des bijoux sobres mais coûteux.

Puis la pensée s’immisça. Douce. Insidieuse.

« Et voilà que tu fermes encore les yeux sur l’évidence...»
«Un mariage est l’occasion parfaite pour tuer une vicomtesse. »


Adonis s’immobilisa un instant. Son regard se posa sur son épée. Il la prit sans un mot. Puis, après une hésitation presque imperceptible, ajouta une dague à son équipement.

Par prudence...
Toujours par prudence.
Diaspro Il y a 9 heures et 36 minutes
Elle ne savait pas où elles allaient, elle ne savait pas pourquoi elles y allaient, elle ne savait pas pour combien de temps elles partiraient. 

Tout ce qu'elle savait, c'est que Lyselle de Valsonge, la seule à avoir bien voulu la voir comme une soeur, voulait qu'elle l'accompagne dans ce pays lointain.

Elle qui était si faible, si inutile, si indésirable, qui ne pouvait que rester dans un coin sans faire de bruit, en priant pour que personne ne la remarque... Lyselle la voulait auprès d'elle.

Alors même si son seul souhait jusqu'à présent était de rester près de la crypte où repose sa mère, pour cette fois... Juste pour cette fois, 

elle a voulu être égoïste et préparer ses bagages pour l'accompagner.

C'était tout ce qu'elle savait, et c'était suffisant.

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