[LHEI] Tome I - Identité
Lyssie
Il y a 10 mois et 1 jour
La pluie diluvienne ne parvenait pas à cacher le rugissement du grand Carapateur dont les cris reflétaient autant sa rage que sa douleur. Thessara ne connaissait que trop bien les raisons, son indulgence commençait à avoir des conséquences. Pour autant, elle n'avait pas le temps de dire quoi que ce soit et sauta d'arbres en arbres avec Mirha, celle-ci dont le regard transpirait d'une peur viscérale. La pluie ruisselait sur leurs corps élancés et les viéras jonglaient avec les lianes de la jungle comme jouait de leurs longues jambes pour atteindre d'autres branches. Leur course était effrénée, elle était aussi acrobatique que périlleuse entre les grands arbres de la Mère-Forêt qui souffrait pourtant d'un mal intestinal depuis quelques années, les résistants dalmasciens étaient pourtant de moins en moins nombreux.
Une arbre, deux arbres, trois arbres... Thessara ne vit plus Mirha après le quatrième, fronçant les sourcils. Elle sauta du cinquième, attrapa une longue liane et fit un détour jusqu'au quatrième, atterrissant juste à côté de la viéra accroupie au bout de la branche.
"Mirha, on a pas le temps, qu'est-ce que tu...
- Shh ! Écoute !" interrompit la plus jeune des deux, le ton de sa voix teinté d'un faible espoir.
Thessara maudissait cet espoir qui leur avait valu de fuir suite à leur échec de sauver leur Carapateur. Ses oreilles se tendirent au son du torrent qui coulait en contrebas. La pluie ne l'aidait pas à distinguer tous les sons mais elle pouvait remercier Mirha pour pointer du bout de sa lance les deux silhouettes noirâtres en dessous d'eux.
"Ce sont nos soeurs... Vite, il faut les prévenir !"
Une fois encore, Thessara n'eut le temps de dire quoi que ce soit que Mirha sauta de leur branche pour rejoindre au pas de course le cours d'eau. La première cracha un juron, quand est-ce qu'elle allait prendre ses responsabilités et ne pas les mettre dans une position délicate ? Des hauteurs, elle préféra observer de loin les prochains méfaits de sa soeur, gardant une flèche de son carquois près de son arc.
L'une des deux silhouettes noires, à l'approche de Mirha, disparut aussitôt dans les hauteurs de la jungle de l'autre côté du torrent. Quant à l'autre, elle trônait au centre du cours d'eau sans que celui-ci ne la touche. Aussi étrange que fascinant, l'eau du torrent la contournait et formait presque un voile opaque qui força la jeune Mirha à s'approcher davantage, gardant sa lance auprès d'elle. De son autre main, elle avait à peine effleuré la surface de la bulle qu'elle éclata dans un jaillissement d'eau pure à laquelle la viéra se protégea de ses deux bras. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, le tableau qui se présentait à elle avait changé.
"C'est...une viéra endormie."
L'eau du torrent avait formé un berceau où reposait une jeune viéra à la peau si sombre que l'on pouvait la confondre dans la nuit. Celle-ci était recroquevillée sur elle-même et ses cheveux avaient récemment été coupés à la va-vite. Elle dormait, paisiblement.
"Elle s'appelle Lhei. Prenez soin d'elle."
Une voix masculine survint de partout à la fois, manquant de faire tomber en arrière Mirha. Il en fallut de peu pour que Thessara bande son arc et encoche une flèche à l'autre partie de la forêt sans espérer toucher une quelconque cible. Elle pesta en descendant de son arbre afin de rejoindre Mirha qu'elle aida à se redresser.
"Tu as vu à quoi il ressemblait ?
- N-non..."
Elles attendirent une autre manifestation de cette voix, en vain. Thessara braqua alors son regard sur cette viéra qui n'avait sûrement jamais rien demandé de tout cela. Elle pesta une fois de plus, il ne manquait plus que ça. Elle replaça son arc en bandoulière et somma à sa soeur de l'aider à porter la viéra endormie. Avec le Carapateur qui s'approche à grand pas pour rejoindre le torrent et soulager sa peine, il ne fallait pas qu'elles tardent plus que nécessaire.
Par une pluie torrentielle, trois viéras disparurent dans la forêt pour rejoindre le village de Watharan, un hameau en amont du torrent voisin. Voici l'histoire de Lhei, une viéra à la peau encre et aux yeux aussi clairs que la lune, née du berceau du torrent. Jamais elle ne sut la vérité sur l'origine de sa naissance, pas plus qu'elle ne sut l'origine de son arrivée à Watharan. Aux yeux du peuple de Watharan, elle était comme l'une des leurs depuis toujours. Mais l'appel du torrent était de plus en plus fort au fur et à mesure des années. De "Fille du Torrent", on la surnommait "Sirène du Torrent" car au fil des années, c'était toujours à ce torrent qu'elle en revenait, au grand dam de Thessara qui s'était portée garante de son éducation.
Elle y dansait, y chantait jusqu'à ce qu'un beau jour, ses talents d'hydromancienne se manifestèrent une première fois. Née du berceau du torrent, c'en était forcément une bénédiction.
Mais alors, pourquoi entendait-elle constamment sa voix dans ses rêves ?
Lyssie
Il y a 10 mois et 1 jour
"Je l'ai... Je l'ai enfin, Solhar !"
Le soleil venait à peine de céder sa place à la lune que dans les hauteurs de la jungle de Golmorre, là où l'obscurité était prédominante et protégeait les petits mammifères trop faibles pour affronter les "rois" de la jungle sur le sol ferme, une ribambelle d'oiseaux de toutes sortes s'envolèrent brusquement dans les cieux avec leur piaillement au passage inattendu d'une viéra à la peau encre bien trop heureuse pour faire attention à son entourage. Elle s'excuserait, éventuellement, après avoir compris sa bêtise.
Lhei courait et sautait de branches en branches, glissant avec habilité sur les pentes en bois qui la propulsait encore plus loin, tout en tenant contre sa poitrine une petite machine en fer et en nanotrucs dont elle ne connaissait rien. Sa course était presque une danse puisque dans les airs, exprimant sa joie et son bonheur d'avoir réussi à ramener avec elle une de leurs créations, elle virevoltait et tourbillonnait sous les quelques éclats de la lune qui parvenaient à transpercer le feuillage dense de la Mère-Forêt. Sa trouvaille avait été risquée, elle s'était encore une fois aventurée à l'orée de la jungle pour espérer pouvoir "étudier" les résistants dalmasciens encore présents, bien que bien moins nombreux, à son plus grand dam. Dalmasca devait être libérée à l'heure actuelle...
De ses grandes jambes élancées, elle bondit du bout de la dernière branche qui la séparait d'une cascade dont la chute rejoignait directement le torrent qui s'écoulait en dessous. Elle plia les genoux une fois qu'elle atterrit juste à côté d'elle, le souffle court. Le chant de la cascade forgea un sourire sur sa frimousse noire, ce même sourire candide qui lui était propre et que ses soeurs ne comprenaient pas. Lhei était une viéra de la jungle et pourtant, elle avait fait le choix de vivre dans une grotte derrière une chute d'eau, et pas n'importe laquelle... Le torrent qui ruisselait en bas de chez elle n'était autre que celui qui l'avait donnée à Thessara et Mirha. Depuis, elle avait élu domicile derrière la grande cascade, à quelques yalms de là où on l'avait retrouvée recroquevillée et endormie dans son berceau d'eau.
S'enfonçant dans la pénombre derrière le rideau du torrent, elle accourrait rejoindre les quelques lumières bleutées au loin. Qu'elle avait hâte de lui montrer ! Elle ignorait bien ce qu'elle avait pu apporter, mais à quoi bon le savoir ? Cette machine venait du monde des humains, ceux-là dont elle était certaine que l'homme qui l'avait amenée jusque là faisait parti d'eux, aussi surréaliste que cela pouvait sembler.
"Solhar ? Ah, te voilà ! Regarde !"
Un tigre, massif, dont avait poussé deux grands crocs à l'avant, arrêta bien rapidement sa chasse au papillon bleu qui passait par là, pour fixer sa comparse venir le rejoindre. Ce grand tigre à dents de sabre dont l'allure était bien peu rassurante avait toujours veillé sur Lhei depuis ce jour où elle fut amenée au village de Watharan. Ce village de viéra avait pour coutume d'être en harmonie avec tous les animaux de la forêt, et certaines avaient même eu le don de leur parler, comme son amie Elyth qui lui avait donné son "protecteur à elle", ce tigre que Lhei avait baptisé Solhar, malgré le fait qu'elle était une adoptée.
La jeune viéra, à son entrée, passa à côté des nombreux trophées qu'elle avait déjà rapportée par le passé. Des vêtements, des bijoux scintillant, des fourchettes qu'elle nommait "zirgalhar" ou encore des bouts de certaines machines qu'elle s'amusait à appeler "oiseau de fer". Ici, un véritable patrimoine de trésors s'offrait à Lhei qui en était la seule détentrice, fascinée par le monde extérieur autant qu'elle en avait peur.
"Alors, qu'en dis-tu ? Qu'est-ce que cela peut être à ton avis ?"
Lhei s'assit après un bond jusqu'à son ami félin. Ce dernier tirait une tête de six pied de long, qu'avait-elle fait encore pour rapporter ce truc ? Solhar grogna légèrement dans sa gorge pour exprimer son mécontentement, ce qui ne décourageait pas la viéra bien trop excitée par son trésor "inestimable".
"Cela doit être si important ! Et rare ! Il ne semble plus fonctionner...mais je me demande à quoi servait cette surface noire prédominante sur le fer."
Un écran. Elle voulait parler de l'écran de la petite machine qu'elle tenait fermement dans ses mains noirâtres. Lhei, dans son explosion de joie et d'intérêt pour sa trouvaille, parlait en réalité d'un éthéromètre, cette invention capable de repérer les anomalies dans l'éther ambiant. Mais comment pouvait-elle le savoir, elle qui vivait recluse dans sa jungle, loin des civilisations "avancées" qui s'étaient accommodés à des technologies bien plus importantes que celles des viéras ? Elles n'en avaient pas besoin, en réalité, les esprits de la Mère-Forêt faisaient déjà bien le travail pour protéger leurs habitants aux longues oreilles.
"Un...klah'mouli ? Non. Un granir ! Non... Et un nor'khal ? T'en penses quoi, Solhar ?"
Lhei lui tendit l'engin, ses yeux aussi clairs que la lune brillaient d'une intensité étonnante pour un objet aussi banal de l'autre côté de la planète. Elle n'eut qu'un soupir et un roulement d'yeux de la part de son comparse dont elle condamnait un manque d'implication. Si Lhei n'avait pas la capacité de ses soeurs de parler aux animaux, elle décelait cependant leurs émotions après avoir passé toute une vie auprès d'eux. Et Solhar était très désinvolte à l'heure actuelle.
"...Tu ne fais aucun effort, franchement !"
D'un autre bond, elle se redressa et partit au fin fond de sa tanière de pierre pour rejoindre un lit fait de bois et de feuilles, aussi confortable que celui de ses soeurs au village. Elle pouvait enfin souffler de sa longue course contre la montre et de ses nombreuses danses au cœur de la forêt. D'un dernier regard vers Solhar qui veillait au loin sur elle, elle se mit dos à lui et serra contre elle...
Le soleil venait à peine de céder sa place à la lune que dans les hauteurs de la jungle de Golmorre, là où l'obscurité était prédominante et protégeait les petits mammifères trop faibles pour affronter les "rois" de la jungle sur le sol ferme, une ribambelle d'oiseaux de toutes sortes s'envolèrent brusquement dans les cieux avec leur piaillement au passage inattendu d'une viéra à la peau encre bien trop heureuse pour faire attention à son entourage. Elle s'excuserait, éventuellement, après avoir compris sa bêtise.
Lhei courait et sautait de branches en branches, glissant avec habilité sur les pentes en bois qui la propulsait encore plus loin, tout en tenant contre sa poitrine une petite machine en fer et en nanotrucs dont elle ne connaissait rien. Sa course était presque une danse puisque dans les airs, exprimant sa joie et son bonheur d'avoir réussi à ramener avec elle une de leurs créations, elle virevoltait et tourbillonnait sous les quelques éclats de la lune qui parvenaient à transpercer le feuillage dense de la Mère-Forêt. Sa trouvaille avait été risquée, elle s'était encore une fois aventurée à l'orée de la jungle pour espérer pouvoir "étudier" les résistants dalmasciens encore présents, bien que bien moins nombreux, à son plus grand dam. Dalmasca devait être libérée à l'heure actuelle...
De ses grandes jambes élancées, elle bondit du bout de la dernière branche qui la séparait d'une cascade dont la chute rejoignait directement le torrent qui s'écoulait en dessous. Elle plia les genoux une fois qu'elle atterrit juste à côté d'elle, le souffle court. Le chant de la cascade forgea un sourire sur sa frimousse noire, ce même sourire candide qui lui était propre et que ses soeurs ne comprenaient pas. Lhei était une viéra de la jungle et pourtant, elle avait fait le choix de vivre dans une grotte derrière une chute d'eau, et pas n'importe laquelle... Le torrent qui ruisselait en bas de chez elle n'était autre que celui qui l'avait donnée à Thessara et Mirha. Depuis, elle avait élu domicile derrière la grande cascade, à quelques yalms de là où on l'avait retrouvée recroquevillée et endormie dans son berceau d'eau.
S'enfonçant dans la pénombre derrière le rideau du torrent, elle accourrait rejoindre les quelques lumières bleutées au loin. Qu'elle avait hâte de lui montrer ! Elle ignorait bien ce qu'elle avait pu apporter, mais à quoi bon le savoir ? Cette machine venait du monde des humains, ceux-là dont elle était certaine que l'homme qui l'avait amenée jusque là faisait parti d'eux, aussi surréaliste que cela pouvait sembler.
"Solhar ? Ah, te voilà ! Regarde !"
Un tigre, massif, dont avait poussé deux grands crocs à l'avant, arrêta bien rapidement sa chasse au papillon bleu qui passait par là, pour fixer sa comparse venir le rejoindre. Ce grand tigre à dents de sabre dont l'allure était bien peu rassurante avait toujours veillé sur Lhei depuis ce jour où elle fut amenée au village de Watharan. Ce village de viéra avait pour coutume d'être en harmonie avec tous les animaux de la forêt, et certaines avaient même eu le don de leur parler, comme son amie Elyth qui lui avait donné son "protecteur à elle", ce tigre que Lhei avait baptisé Solhar, malgré le fait qu'elle était une adoptée.
La jeune viéra, à son entrée, passa à côté des nombreux trophées qu'elle avait déjà rapportée par le passé. Des vêtements, des bijoux scintillant, des fourchettes qu'elle nommait "zirgalhar" ou encore des bouts de certaines machines qu'elle s'amusait à appeler "oiseau de fer". Ici, un véritable patrimoine de trésors s'offrait à Lhei qui en était la seule détentrice, fascinée par le monde extérieur autant qu'elle en avait peur.
"Alors, qu'en dis-tu ? Qu'est-ce que cela peut être à ton avis ?"
Lhei s'assit après un bond jusqu'à son ami félin. Ce dernier tirait une tête de six pied de long, qu'avait-elle fait encore pour rapporter ce truc ? Solhar grogna légèrement dans sa gorge pour exprimer son mécontentement, ce qui ne décourageait pas la viéra bien trop excitée par son trésor "inestimable".
"Cela doit être si important ! Et rare ! Il ne semble plus fonctionner...mais je me demande à quoi servait cette surface noire prédominante sur le fer."
Un écran. Elle voulait parler de l'écran de la petite machine qu'elle tenait fermement dans ses mains noirâtres. Lhei, dans son explosion de joie et d'intérêt pour sa trouvaille, parlait en réalité d'un éthéromètre, cette invention capable de repérer les anomalies dans l'éther ambiant. Mais comment pouvait-elle le savoir, elle qui vivait recluse dans sa jungle, loin des civilisations "avancées" qui s'étaient accommodés à des technologies bien plus importantes que celles des viéras ? Elles n'en avaient pas besoin, en réalité, les esprits de la Mère-Forêt faisaient déjà bien le travail pour protéger leurs habitants aux longues oreilles.
"Un...klah'mouli ? Non. Un granir ! Non... Et un nor'khal ? T'en penses quoi, Solhar ?"
Lhei lui tendit l'engin, ses yeux aussi clairs que la lune brillaient d'une intensité étonnante pour un objet aussi banal de l'autre côté de la planète. Elle n'eut qu'un soupir et un roulement d'yeux de la part de son comparse dont elle condamnait un manque d'implication. Si Lhei n'avait pas la capacité de ses soeurs de parler aux animaux, elle décelait cependant leurs émotions après avoir passé toute une vie auprès d'eux. Et Solhar était très désinvolte à l'heure actuelle.
"...Tu ne fais aucun effort, franchement !"
D'un autre bond, elle se redressa et partit au fin fond de sa tanière de pierre pour rejoindre un lit fait de bois et de feuilles, aussi confortable que celui de ses soeurs au village. Elle pouvait enfin souffler de sa longue course contre la montre et de ses nombreuses danses au cœur de la forêt. D'un dernier regard vers Solhar qui veillait au loin sur elle, elle se mit dos à lui et serra contre elle...
...un des dons du ciel qui parsemaient sa chaumière.
Lyssie
Il y a 10 mois et 1 jour
Il n'y avait rien de plus beau que la lune de cette nuit-là dans les hauteurs ouest du village de Watharan. La chaleur tropicale faisait s'abattre auprès des étoiles capturées par le reflet de la paisible rivière de nombreuses fleurs en quête d'eau fraiche. L'éclat de la Lune, quant à elle, éclairait les galets blancs qui parsemaient l'eau claire où dansait une sirène noire aux longues oreilles. Chacun de ses sauts ondulait son tissu blanc perlé et entraînait avec elle un tourbillon d'eau presque contrôlé, si l'on oubliait les nombreux fracas aquatique sur les rives voisines qui effrayèrent les petits mammifères venus s'abreuver.
Loin des festivités en l'honneur des esprits de la Mère-Forêt, jamais elle n'avait cherché à contrarier qui que ce soit, mais ce soir-là, elle préférait de loin la solitude aux rituels ancestraux bien trop bruyant pour son ouïe fragile. La simple compagnie de l'eau lui suffisait puisqu'avec elle, elle pouvait se sentir elle-même, vraie et entière. Watharan était sa maison et les viéras qui y habitaient étaient bel et bien ses soeurs, mais beaucoup ne comprenaient pas son lien avec l'eau, ni même son adoration du monde extérieur. La doyenne ne cessait de lui répéter qu'il était dangereux, surtout depuis quelques temps où elles se tenaient à l'aube d'une potentielle grande "calamité"...mais il n'y avait rien à faire, elle ne l'entendait pas de cette oreille.
Sous un coeur battant, la viéra qui dansait les pieds nus dans l'eau prit son envol dans un saut à la fois périlleux et acrobatique que le vent ne put altérer. Ce dernier s'emmêlait dans ses longs cheveux couleur nuit et glissait entre ses doigts. Rien ne pouvait l'arrêter de virevolter et tourbillonner entre les rochers qui creusaient un chemin dans la douce rivière. Emportée par le rythme d'une mélodie oubliée, ses jambes se tendirent et ses bras s'allongèrent jusqu'à toucher la lune du doigt de son index. Lhei sentait ses muscles travailler, sa peau trempée de sueur et d'eau de source mais aucune fatigue ne parvint à la ralentir, poussée par un élan surnaturel, un besoin inné de répondre aux mouvements de le la rivière, source de toute vie, inarrêtable et indomptable.
Loin des festivités en l'honneur des esprits de la Mère-Forêt, jamais elle n'avait cherché à contrarier qui que ce soit, mais ce soir-là, elle préférait de loin la solitude aux rituels ancestraux bien trop bruyant pour son ouïe fragile. La simple compagnie de l'eau lui suffisait puisqu'avec elle, elle pouvait se sentir elle-même, vraie et entière. Watharan était sa maison et les viéras qui y habitaient étaient bel et bien ses soeurs, mais beaucoup ne comprenaient pas son lien avec l'eau, ni même son adoration du monde extérieur. La doyenne ne cessait de lui répéter qu'il était dangereux, surtout depuis quelques temps où elles se tenaient à l'aube d'une potentielle grande "calamité"...mais il n'y avait rien à faire, elle ne l'entendait pas de cette oreille.
Sous un coeur battant, la viéra qui dansait les pieds nus dans l'eau prit son envol dans un saut à la fois périlleux et acrobatique que le vent ne put altérer. Ce dernier s'emmêlait dans ses longs cheveux couleur nuit et glissait entre ses doigts. Rien ne pouvait l'arrêter de virevolter et tourbillonner entre les rochers qui creusaient un chemin dans la douce rivière. Emportée par le rythme d'une mélodie oubliée, ses jambes se tendirent et ses bras s'allongèrent jusqu'à toucher la lune du doigt de son index. Lhei sentait ses muscles travailler, sa peau trempée de sueur et d'eau de source mais aucune fatigue ne parvint à la ralentir, poussée par un élan surnaturel, un besoin inné de répondre aux mouvements de le la rivière, source de toute vie, inarrêtable et indomptable.
"Fille du Torrent, Sirène de la rivière..."
Elle ne l'entendit pas une première fois, galvanisée par la passion la traversant. Les mouvements de son corps devinrent plus secs cela dit, submergés par une essence nouvelle. De ses pirouettes répétées et frénétiques, l'eau se mêlait à sa danse depuis son lit. Fluide et changeante, elle coulait le long de ses grandes jambes et de ses bras pour y laisser quelques gouttes avant de tourbillonner autour de sa silhouette élancée. La voix se manifesta une dernière fois, plus forte, plus ferme, plus présente.
"...Réponds au Torrent et ne t'arrête jamais de danser."
Tel un poids s'enlevant de ses épaules, sa fatigue disparut aussitôt ces mots prononcés. Elle crut rater un battement de son coeur à l'écoute de cette voix, aussi proche que lointaine dans son esprit. Elle continua ses bonds ici et là, effleurant du bout de ses orteils le courant de la rivière devenu soudainement plus fort. Peu importe où elle regardait, dans quelle direction elle se tournait, elle ne vit personne, mais sentit une présence masculine derrière elle. Peu importe sa peur sur le moment, elle connaissait cette voix, elle l'avait déjà entendu quelque part et cette sensation de bien-être l'assommait.
Était-ce son imagination ? Un esprit de la forêt venu lui tenir compagnie ou un fantôme de son passé ? L'eau s'intensifiait autour d'elle au fur et à mesure que sa danse s'accélérait. Le tourbillon devint rapidement une tornade effréné et incontrôlable. Le bleu s'épaississait à vue d'oeil jusqu'à devenir un voile opaque, noirâtre, inquiétant. Elle le vit quelques secondes, cette silhouette impressionnante, obscure et puissante. Elle ne dit rien, semblant fixer Lhei d'une intensité à la fois menaçante et mystérieuse, mais ce fut assez déroutant pour que le pied droit de la danseuse glisse d'une des roches. Dans un cri retenu, elle tomba dans la rivière. L'eau rejoignit la source aussitôt.
Lhei se redressa avec peine, perdue et effrayée. L'eau jusqu'au nombril, cela avait beau lui faire du bien, elle ressentait encore ce frisson inquiétant lui parcourir l'échine. Ses yeux aux couleurs de la Lune vagabondait de l'eau jusqu'aux rochers sans être capable de pouvoir définir ce qu'elle avait pu être témoin.
Cette voix, cette présence et cette ombre...
Tout le poids de sa fatigue l'accabla d'un seul coup, marquant la fin d'un rêve enchanté. Elle se traîna jusqu'au rebord de la rivière et sentit ses yeux se fermer petit à petit. Aussi effrayant que cela avait-il été, les faibles remous de la rivière la bercèrent gentiment, comme si la présence ne l'avait jamais quitté. Ce qui était certain était le fait...
Était-ce son imagination ? Un esprit de la forêt venu lui tenir compagnie ou un fantôme de son passé ? L'eau s'intensifiait autour d'elle au fur et à mesure que sa danse s'accélérait. Le tourbillon devint rapidement une tornade effréné et incontrôlable. Le bleu s'épaississait à vue d'oeil jusqu'à devenir un voile opaque, noirâtre, inquiétant. Elle le vit quelques secondes, cette silhouette impressionnante, obscure et puissante. Elle ne dit rien, semblant fixer Lhei d'une intensité à la fois menaçante et mystérieuse, mais ce fut assez déroutant pour que le pied droit de la danseuse glisse d'une des roches. Dans un cri retenu, elle tomba dans la rivière. L'eau rejoignit la source aussitôt.
Lhei se redressa avec peine, perdue et effrayée. L'eau jusqu'au nombril, cela avait beau lui faire du bien, elle ressentait encore ce frisson inquiétant lui parcourir l'échine. Ses yeux aux couleurs de la Lune vagabondait de l'eau jusqu'aux rochers sans être capable de pouvoir définir ce qu'elle avait pu être témoin.
Cette voix, cette présence et cette ombre...
Tout le poids de sa fatigue l'accabla d'un seul coup, marquant la fin d'un rêve enchanté. Elle se traîna jusqu'au rebord de la rivière et sentit ses yeux se fermer petit à petit. Aussi effrayant que cela avait-il été, les faibles remous de la rivière la bercèrent gentiment, comme si la présence ne l'avait jamais quitté. Ce qui était certain était le fait...
...qu'elle avait déjà vu tout cela.
Lyssie
Il y a 10 mois et 1 jour
"Meleth !"
Cette nuit-là dans la jungle de Golmorre, sous le chant des cascades, un spectacle bien différent se déroulait sous les yeux des nombreux oiseaux perchés sur les branches des grands arbres. Lhei avait dansé toute la nuit, sans jamais s'arrêter et sans ressentir la moindre fatigue. Comme à son habitude l'eau de la rivière avait tourbillonné autour d'elle dans une harmonie enchanteresse avant qu'elle ne s'abatte et se trouble. L'eau claire paraissait soudainement plus sombre, comme si sa danse avait réveillé des souvenirs dans les profondeurs des abysses.
A la surface, ce n'était plus sa tendre et féroce jungle qu'elle avait pour habitude de voir mais une toute autre forêt, moins dense et où l'air paraissait moins humide. Plusieurs visages étaient alignés et là où elle aurait dû voir le sien, ce n'était pas elle. La peau sombre, les yeux bleus clairs, les cheveux noirs, on aurait dit Lhei dans une autre époque ou sous un autre jour. Une soeur ? Sa mère peut-être ? Peu importe, elle n'avait jamais croisé de viéras avec des attraits aussi similaires aux siens.
Cela ne dura pas plus de quelques secondes mais il en fallut peu pour que la viéra tombe à genoux et plonge ses mains vers cette aura viéra pas si différente d'elle. Après tout, elle semblait aussi surprise qu'elle.
"Meleth...?"
Elle se surprit d'avoir crié ce nom aussi facilement, comme si elle l'avait toujours connue au fond d'elle. Son visage ne lui était pas inconnu, mais où l'avait-elle vue ? Dans ses rêves ? Plus elle agitait ses mains dans l'eau dans l'espoir de l'attraper comme un songe qui s'efface petit à petit, plus les remous dissipèrent son visage pour ne laisser place qu'à celui d'une Lhei désemparée et choquée.
"Mais...qui est Meleth...?"
Rien de plus troublant ne pouvait lui enlever cette image de son esprit. Cette apparition mystique, aussi énigmatique soit-elle, venait de lui prouver qu'elle n'était pas seule et surtout, qu'elle n'était pas d'ici. Qu'importe où elle pouvait se trouver, cette manifestation avait réveillé en elle une chaleur nostalgique qu'elle ne comprenait pas tout à fait encore. Néanmoins, elle eut à peine le temps de s'en réjouir, ou presque, qu'elle tomba dans la rivière dans un cri de surprise.
Elle pouvait déjà le ressentir, l'eau lui était anormale. Plus épais que de l'eau, comme de l'huile ou du pétrole, elle s'enfonça de plus en plus dans le coeur du torrent. De ses bras et ses jambes, elle se débattait tant bien que mal dans l'espoir d'atteindre la surface qui s'éloignait dangereusement. Depuis toujours, l'eau faisait partie d'elle. Elle pouvait la maîtriser, la manier mais surtout, elle adorait plonger et découvrir la vie sous-marine sans se soucier d'y rester trop longtemps puisqu'elle pouvait respirer sous l'eau.
Cette fois-ci, c'était impossible. Elle sentait son coeur autant que sa gorge se serrer jusqu'à étouffer. Et elle coulait, encore et toujours dans cette eau devenant de plus en plus sombre et obscure à mesure qu'elle s'approchait des abysses, la force lui quittant les bras. C'était donc la fin ?
Aidez...moi...
En une fraction de secondes, alors déjà au plus profond des abysses, l'eau pâteuse redevint aussi claire et limpide qu'auparavant. Lhei reprit de grandes bouffées d'air, une main sur la gorge. Qu'importe la direction où elle regardait, tout était sombre et personne d'autre ne s'y trouvait. Finalement, ses pieds nus touchèrent le sol sableux. La viéra, au coeur de l'obscurité du torrent, ne revenait pas de ce qu'il venait de se produire, mais ce qui la terrifia le plus, c'était cette présence omniprésente autour d'elle, partout et nul part à la fois. Quelque chose rôdait dans les ombres, lentement, Lhei pouvait jurer avoir vu une ombre serpentine passée un instant.
"Enfant, tu m'as appelé."
Une voix aussi profonde et menaçante que le lieu où elle se trouvait s'éleva des ténèbres, accompagnée d'un grondement sourd et constant autour d'elle. La viéra, perdue, se figea un instant, paralysée par une peur lancinante.
"Je... Qui êtes-vous...? avait-elle pu dire.
- Hmmm... Non, tu n'es pas celle qui a appelé, mais tu vis."
Le silence des profondeurs était glaçant. Aucun poisson ne nageait auprès d'elle, il n'y avait que cette présence et elle, loin de toute civilisation terrestre et aquatique.
"Bien des noms on m'a donné, mais ta mère et tes soeurs m'ont appelé Père."
Si les bruits sourds se rapprochaient, comme si lentement un étau se resserrait autour de la viéra prise au piège, Lhei n'entendait rien, si ce n'est l'écho des mots de ce-dit "Père". Après avoir vu une viéra aux traits similaires au travers de la rivière, on venait de lui confirmer qu'elle avait autrefois une mère et des soeurs. C'en était trop.
"Père... Père ? Ma mère ? Mes soeurs...? Où sont-elles ? Et d'où vie-
- Ta mémoire aussi est brisée... Tu es seule, tu dois apprendre."
La voix était intransigeante et impétueuse, obligeant Lhei à se taire. L'endroit, aussi sombre était-il, devenait de plus en plus froid, si bien que la viéra se prit les bras et se faisait violence pour ne pas claquer des dents. Pour la première fois de sa vie, on venait de lui donner des réponses sur ses origines nébuleuses. Qui que pouvait être ce "Père", il savait des choses au sujet de son passé et dans l'espoir d'en savoir plus, même la peur ne parvenait pas à écraser sa curiosité.
"Je suis seule...mais je ne suis pas celle qui vous a appelé... Meleth... Meleth existe bien ?
- Meleth sait maintenant qu'elle n'est pas la dernière. Et tu sais que tu n'es plus seule. Te souviens-tu, enfant, quand tu as prononcé ce nom...la dernière fois !"
Ces mots résonnèrent en elle comme un coup de massue. Dans son esprit, au plus profond de son âme, elle sentit quelque chose se fissurer comme un miroir devant ses yeux et alors, elle entendit des rires d'enfants, son rire.
Cette nuit-là dans la jungle de Golmorre, sous le chant des cascades, un spectacle bien différent se déroulait sous les yeux des nombreux oiseaux perchés sur les branches des grands arbres. Lhei avait dansé toute la nuit, sans jamais s'arrêter et sans ressentir la moindre fatigue. Comme à son habitude l'eau de la rivière avait tourbillonné autour d'elle dans une harmonie enchanteresse avant qu'elle ne s'abatte et se trouble. L'eau claire paraissait soudainement plus sombre, comme si sa danse avait réveillé des souvenirs dans les profondeurs des abysses.
A la surface, ce n'était plus sa tendre et féroce jungle qu'elle avait pour habitude de voir mais une toute autre forêt, moins dense et où l'air paraissait moins humide. Plusieurs visages étaient alignés et là où elle aurait dû voir le sien, ce n'était pas elle. La peau sombre, les yeux bleus clairs, les cheveux noirs, on aurait dit Lhei dans une autre époque ou sous un autre jour. Une soeur ? Sa mère peut-être ? Peu importe, elle n'avait jamais croisé de viéras avec des attraits aussi similaires aux siens.
Cela ne dura pas plus de quelques secondes mais il en fallut peu pour que la viéra tombe à genoux et plonge ses mains vers cette aura viéra pas si différente d'elle. Après tout, elle semblait aussi surprise qu'elle.
"Meleth...?"
Elle se surprit d'avoir crié ce nom aussi facilement, comme si elle l'avait toujours connue au fond d'elle. Son visage ne lui était pas inconnu, mais où l'avait-elle vue ? Dans ses rêves ? Plus elle agitait ses mains dans l'eau dans l'espoir de l'attraper comme un songe qui s'efface petit à petit, plus les remous dissipèrent son visage pour ne laisser place qu'à celui d'une Lhei désemparée et choquée.
"Mais...qui est Meleth...?"
Rien de plus troublant ne pouvait lui enlever cette image de son esprit. Cette apparition mystique, aussi énigmatique soit-elle, venait de lui prouver qu'elle n'était pas seule et surtout, qu'elle n'était pas d'ici. Qu'importe où elle pouvait se trouver, cette manifestation avait réveillé en elle une chaleur nostalgique qu'elle ne comprenait pas tout à fait encore. Néanmoins, elle eut à peine le temps de s'en réjouir, ou presque, qu'elle tomba dans la rivière dans un cri de surprise.
Elle pouvait déjà le ressentir, l'eau lui était anormale. Plus épais que de l'eau, comme de l'huile ou du pétrole, elle s'enfonça de plus en plus dans le coeur du torrent. De ses bras et ses jambes, elle se débattait tant bien que mal dans l'espoir d'atteindre la surface qui s'éloignait dangereusement. Depuis toujours, l'eau faisait partie d'elle. Elle pouvait la maîtriser, la manier mais surtout, elle adorait plonger et découvrir la vie sous-marine sans se soucier d'y rester trop longtemps puisqu'elle pouvait respirer sous l'eau.
Cette fois-ci, c'était impossible. Elle sentait son coeur autant que sa gorge se serrer jusqu'à étouffer. Et elle coulait, encore et toujours dans cette eau devenant de plus en plus sombre et obscure à mesure qu'elle s'approchait des abysses, la force lui quittant les bras. C'était donc la fin ?
Aidez...moi...
En une fraction de secondes, alors déjà au plus profond des abysses, l'eau pâteuse redevint aussi claire et limpide qu'auparavant. Lhei reprit de grandes bouffées d'air, une main sur la gorge. Qu'importe la direction où elle regardait, tout était sombre et personne d'autre ne s'y trouvait. Finalement, ses pieds nus touchèrent le sol sableux. La viéra, au coeur de l'obscurité du torrent, ne revenait pas de ce qu'il venait de se produire, mais ce qui la terrifia le plus, c'était cette présence omniprésente autour d'elle, partout et nul part à la fois. Quelque chose rôdait dans les ombres, lentement, Lhei pouvait jurer avoir vu une ombre serpentine passée un instant.
"Enfant, tu m'as appelé."
Une voix aussi profonde et menaçante que le lieu où elle se trouvait s'éleva des ténèbres, accompagnée d'un grondement sourd et constant autour d'elle. La viéra, perdue, se figea un instant, paralysée par une peur lancinante.
"Je... Qui êtes-vous...? avait-elle pu dire.
- Hmmm... Non, tu n'es pas celle qui a appelé, mais tu vis."
Le silence des profondeurs était glaçant. Aucun poisson ne nageait auprès d'elle, il n'y avait que cette présence et elle, loin de toute civilisation terrestre et aquatique.
"Bien des noms on m'a donné, mais ta mère et tes soeurs m'ont appelé Père."
Si les bruits sourds se rapprochaient, comme si lentement un étau se resserrait autour de la viéra prise au piège, Lhei n'entendait rien, si ce n'est l'écho des mots de ce-dit "Père". Après avoir vu une viéra aux traits similaires au travers de la rivière, on venait de lui confirmer qu'elle avait autrefois une mère et des soeurs. C'en était trop.
"Père... Père ? Ma mère ? Mes soeurs...? Où sont-elles ? Et d'où vie-
- Ta mémoire aussi est brisée... Tu es seule, tu dois apprendre."
La voix était intransigeante et impétueuse, obligeant Lhei à se taire. L'endroit, aussi sombre était-il, devenait de plus en plus froid, si bien que la viéra se prit les bras et se faisait violence pour ne pas claquer des dents. Pour la première fois de sa vie, on venait de lui donner des réponses sur ses origines nébuleuses. Qui que pouvait être ce "Père", il savait des choses au sujet de son passé et dans l'espoir d'en savoir plus, même la peur ne parvenait pas à écraser sa curiosité.
"Je suis seule...mais je ne suis pas celle qui vous a appelé... Meleth... Meleth existe bien ?
- Meleth sait maintenant qu'elle n'est pas la dernière. Et tu sais que tu n'es plus seule. Te souviens-tu, enfant, quand tu as prononcé ce nom...la dernière fois !"
Ces mots résonnèrent en elle comme un coup de massue. Dans son esprit, au plus profond de son âme, elle sentit quelque chose se fissurer comme un miroir devant ses yeux et alors, elle entendit des rires d'enfants, son rire.
"Meleth !"
La main tendue, sa voix d'enfant appelait celle qui courait devant elle avant qu'elle ne s'arrête pour l'attendre au bord de la rivière. Des flashs se succédèrent, parfois elle voyait Meleth l'éclabousser, rire. Elle entendit son propre rire juvénile et alors qu'elle se sentait poussée dans l'eau avant d'être rejointe, Lhei reprit ses esprits dans le froid des abysses. C'était de simples jeux d'enfant dans le torrent, un souvenir que sa mémoire brisée avait laissé entrevoir.
Lhei tomba à genoux, le souffle court, les yeux écarquillés. Pour des raisons obscures, ses souvenirs d'une vie antérieur lui avaient été scellés, dérobés, portés hors d'atteinte. Mais elle s'était souvenue et dans sa bouche, un goût amer de la nostalgie. Le choc était tel qu'elle plaqua une main contre sa tête, profondément secouée par cette fissure.
"C'était...il y a si longtemps, elle...elle était petite, comme moi...
- Elle vit dans ta mémoire, tout comme moi. Souviens-toi enfant... qui tu es et quelle force sommeille encore en toi."
Plus les minutes passèrent, plus le poids de la vérité lui pesaient sur les épaules. Elle avait tant de questions à poser, tant à dire... Et toujours avec cet étau qui se resserrait, terrifiant, oppressant. Elle avait la sensation qu'à tout moment, elle pouvait se faire broyer sans pitié.
"Pourquoi êtes-vous dans le coeur du Torrent...?" demanda-t-elle innocemment, perdue.
Un rire profond, bas et pourtant très malaisant se fit entendre.
"C'est toi qui est descendue dans le coeur du torrent, enfant. Tu es venue à moi...tu es à moi depuis ta naissance, je suis une partie de toi, je t'ai donné la vie...
- Je viens...du torrent ?"
Cela remettrait beaucoup de choses en questions, à commencer par sa propre nature. Pour autant, cela expliquait peut-être sa relation avec l'eau et pourquoi Thessara et Mirha l'avaient trouvée au bord d'un cours d'eau.
"J'ai donné la vie à tes soeurs, et comme elle tu viendras à moi de nouveau le moment venu..."
Quoi qu'elle pouvait en dire, il disait la vérité. Cette eau profonde, ce froid... Elle était déjà venue ici longtemps avant aujourd'hui. Cette sensation allait même jusqu'à avant sa naissance. Avant même de pouvoir avoir d'autres réponses, elle entendit un grondement de colère sourde. L'étau autour d'elle se resserra un peu plus et avec lui, cette maudite sensation d'étouffement. Aussi désagréable était-elle, la présence autour de Lhei se dissipa doucement. L'eau devint plus claire au dessus de sa tête... Elle se sentit remonter.
Lhei tomba à genoux, le souffle court, les yeux écarquillés. Pour des raisons obscures, ses souvenirs d'une vie antérieur lui avaient été scellés, dérobés, portés hors d'atteinte. Mais elle s'était souvenue et dans sa bouche, un goût amer de la nostalgie. Le choc était tel qu'elle plaqua une main contre sa tête, profondément secouée par cette fissure.
"C'était...il y a si longtemps, elle...elle était petite, comme moi...
- Elle vit dans ta mémoire, tout comme moi. Souviens-toi enfant... qui tu es et quelle force sommeille encore en toi."
Plus les minutes passèrent, plus le poids de la vérité lui pesaient sur les épaules. Elle avait tant de questions à poser, tant à dire... Et toujours avec cet étau qui se resserrait, terrifiant, oppressant. Elle avait la sensation qu'à tout moment, elle pouvait se faire broyer sans pitié.
"Pourquoi êtes-vous dans le coeur du Torrent...?" demanda-t-elle innocemment, perdue.
Un rire profond, bas et pourtant très malaisant se fit entendre.
"C'est toi qui est descendue dans le coeur du torrent, enfant. Tu es venue à moi...tu es à moi depuis ta naissance, je suis une partie de toi, je t'ai donné la vie...
- Je viens...du torrent ?"
Cela remettrait beaucoup de choses en questions, à commencer par sa propre nature. Pour autant, cela expliquait peut-être sa relation avec l'eau et pourquoi Thessara et Mirha l'avaient trouvée au bord d'un cours d'eau.
"J'ai donné la vie à tes soeurs, et comme elle tu viendras à moi de nouveau le moment venu..."
Quoi qu'elle pouvait en dire, il disait la vérité. Cette eau profonde, ce froid... Elle était déjà venue ici longtemps avant aujourd'hui. Cette sensation allait même jusqu'à avant sa naissance. Avant même de pouvoir avoir d'autres réponses, elle entendit un grondement de colère sourde. L'étau autour d'elle se resserra un peu plus et avec lui, cette maudite sensation d'étouffement. Aussi désagréable était-elle, la présence autour de Lhei se dissipa doucement. L'eau devint plus claire au dessus de sa tête... Elle se sentit remonter.
"Grandis, mon enfant... tu reviendras vers moi."
La voix sombre et grave s'éloignait, restant au fond des abysses tandis que Lhei remontait à contre-sens. Prise de peur, dans l'envie d'en savoir plus, elle se débattit, nageant de toute cette force en vain, criant de tout son coeur.
"Non... Non, Père, attendez !"
L'eau noire qui gravitait autour d'elle se dispersa à mesure qu'elle rejoignit la surface. Pourtant, il avait seulement fallu de quelques secondes pour qu'au loin, elle entende un chant dont elle discernait mal les paroles. Bien trop loin pour l'entendre clairement, elle en saisit quelques bribes de l'air, assez pour se le répéter inlassablement en tête.
Sous l'éclat de la lune, Lhei sortit sa tête de l'eau claire de la rivière qui n'avait pas bougé, comme cette jungle qu'elle connaissait si bien. Quelques gouttes perlaient sur son visage jusqu'à rejoindre l'eau tiède de la rivière qui, étonnamment, ne parvenait pas à lui enlever cette sensation de froid. Ce même froid qui lui rappela que tout ceci était bien réel.
Au bord de l'eau était allongée une viéra à la peau encre et aux yeux de lune. Elle avait dansé toute la nuit, des questions en suspens dans sa tête et cette aventure dans les profondeurs du torrent...
"Non... Non, Père, attendez !"
L'eau noire qui gravitait autour d'elle se dispersa à mesure qu'elle rejoignit la surface. Pourtant, il avait seulement fallu de quelques secondes pour qu'au loin, elle entende un chant dont elle discernait mal les paroles. Bien trop loin pour l'entendre clairement, elle en saisit quelques bribes de l'air, assez pour se le répéter inlassablement en tête.
Sous l'éclat de la lune, Lhei sortit sa tête de l'eau claire de la rivière qui n'avait pas bougé, comme cette jungle qu'elle connaissait si bien. Quelques gouttes perlaient sur son visage jusqu'à rejoindre l'eau tiède de la rivière qui, étonnamment, ne parvenait pas à lui enlever cette sensation de froid. Ce même froid qui lui rappela que tout ceci était bien réel.
Au bord de l'eau était allongée une viéra à la peau encre et aux yeux de lune. Elle avait dansé toute la nuit, des questions en suspens dans sa tête et cette aventure dans les profondeurs du torrent...
...lui avaient rajouté plus de questions qu'elle en avait auparavant.
Lyssie
Il y a 10 mois et 1 jour
Que le cadre était enivrant. Les rayons de la lune étaient cachés par la densité infinie du feuillage de la jungle, le chant de la cascade noyait l'environnement d'une mélodie pure et on entendait au loin les animaux nocturnes vivre, certains osant même s'approcher des bruits frénétique de l'eau qui éclaboussait en continu les roches des chutes d'eau. C'était le cas d'un petit tigreau venu s'abreuver sans l'ombre de sa mère, tout proche du torrent où dansait Lhei depuis des heures sous l'oeil attentif d'une autre viéra à la peau plus claire mais au regard bien sauvage, Elyth.
"Il aime ta danse pour venir boire jusqu'ici !" s'écria-t-elle d'un rire frais.
Rien ne pouvait lui faire plus plaisir que d'entendre cela. Depuis sa première rencontre avec ce fameux "Père" au coeur du Torrent Noir, elle n'avait cessé de danser du soir au matin, chaque nuit, dans l'espoir de le rappeler ou d'appeler cet homme dont elle ne connaissait le visage, ni le nom, seulement la voix. Elle sautait de roche en roche, frôlait par moment du bout des orteils l'eau qui ruisselait sous ses pieds et virevoltait entre l'eau qui, de nouveau, s'était élevée pour se mêler à sa danse nocturne.
Ce spectacle enchanteur, ce n'était pas la première fois qu'Elyth en était témoin. Lorsqu'elle n'était pas en chasse, elle adorait regarder son amie danser, s'exprimer en harmonie avec toute source d'eau. Cette tendresse à son égard venait du fait qu'en réalité, Elyth était sa seule et véritable amie au sein du village de Watharan, Thessarah et Mirha faisant plus office de parents adoptifs. Là où Lhei pouvait maitriser l'eau, Elyth comprenait la langue des animaux, plus que quiconque dans le village. Deux prodiges dans des branches différentes qui s'étaient bien trouvées.
Pendant des heures, elle regarda Lhei danser en profitant de ce paysage magique où animaux se rassemblaient petit à petit autour du torrent où elle dansait. Inoffensifs sous l'attention d'Elyith, ils s'abreuvaient en même temps qu'ils contemplaient cette viéra à la peau noire tourbillonner avec l'eau dans un doux geyser. Néanmoins, cette fois-ci, sa fatigue se fut plus rapide à venir. Il n'était pas là pour la soutenir, l'élever, la porter dans cette communion. Encore une fois, c'était une nuit où rien ne se passa, le torrent avait toujours sa couleur bleutée et de l'eau ne se manifesta aucune silhouette.
Exténuée, Lhei s'arrêta très rapidement, le souffle court, avant de s'asseoir dans la rivière douce, le dos reposé contre une roche, l'eau coulant jusqu'au nombril. Sa tristesse était visible, Lhei était une bien piètre comédienne pour ce qui était de voiler ses sentiments. Elyth s'assit à son tour devant elle, gardant les pieds hors de l'eau, caressant de sa dextre le petit tigreau.
"Il n'est pas venu, encore une fois...
- Il existe véritablement, ce "Père" ou ce...mâle ?
- Bien sûr que oui ! Je les ai vu comme je te vois toi !...bon, sauf ce mâle. Je ne l'ai pas vu clairement."
Les oreilles basses, Lhei remonta ses genoux contre son torse pour y plonger sa tête. Encaisser un nouvel échec devenait de plus en plus lourd à supporter, surtout depuis que ses questions s'étaient multipliés. Elle n'était pas "la dernière", sûrement d'un village peuplé de viéras aussi noires qu'elle. Mais ce n'était qu'une supposition, elle n'en savait rien. Elle s'était souvenue de Meleth, petite, avec qui elle jouait proche des étendues d'eau. C'était ce nom qui la hantait, elle représentait ce qu'elle avait perdu : ses souvenirs, comme brisés, qu'il fallait recoller...mais fallait-il encore retrouver les morceaux pour se faire. Ou encore ce "Père", ses origines au fond de la mer. Elle s'était sentie chez elle ici bas, malgré ô combien il lui a été très douloureux d'y parvenir. Un vrai casse-tête qui la poussait de plus en plus à...
"Hé, Lhei, tu m'écoutes ?"
Lhei redressa la tête vers Elyth qui lui tendit la main, toute sourire. Elle la saisit et se releva aussitôt, l'eau perlant sur ses grandes jambes pour rejoindre le court d'eau.
"Pardon, j'étais ailleurs, répondit timidement la viéra à la peau encre.
- Je disais qu'il faudrait probablement rentrer, on va se demander encore ce que l'on fait aussi tard dans la forêt."
Il ne leur fallu pas plus de temps pour s'éclipser de la rivière en direction de Watharan, carquois sur le dos et arc en main. Sans aucun doute, elle réessaierait sûrement de les rappeler le lendemain et ainsi de suite. C'était une véritable obsession, comme un appel plus fort qu'elle. Et ce chant qu'elle avait entendu au loin...
"Il aime ta danse pour venir boire jusqu'ici !" s'écria-t-elle d'un rire frais.
Rien ne pouvait lui faire plus plaisir que d'entendre cela. Depuis sa première rencontre avec ce fameux "Père" au coeur du Torrent Noir, elle n'avait cessé de danser du soir au matin, chaque nuit, dans l'espoir de le rappeler ou d'appeler cet homme dont elle ne connaissait le visage, ni le nom, seulement la voix. Elle sautait de roche en roche, frôlait par moment du bout des orteils l'eau qui ruisselait sous ses pieds et virevoltait entre l'eau qui, de nouveau, s'était élevée pour se mêler à sa danse nocturne.
Ce spectacle enchanteur, ce n'était pas la première fois qu'Elyth en était témoin. Lorsqu'elle n'était pas en chasse, elle adorait regarder son amie danser, s'exprimer en harmonie avec toute source d'eau. Cette tendresse à son égard venait du fait qu'en réalité, Elyth était sa seule et véritable amie au sein du village de Watharan, Thessarah et Mirha faisant plus office de parents adoptifs. Là où Lhei pouvait maitriser l'eau, Elyth comprenait la langue des animaux, plus que quiconque dans le village. Deux prodiges dans des branches différentes qui s'étaient bien trouvées.
Pendant des heures, elle regarda Lhei danser en profitant de ce paysage magique où animaux se rassemblaient petit à petit autour du torrent où elle dansait. Inoffensifs sous l'attention d'Elyith, ils s'abreuvaient en même temps qu'ils contemplaient cette viéra à la peau noire tourbillonner avec l'eau dans un doux geyser. Néanmoins, cette fois-ci, sa fatigue se fut plus rapide à venir. Il n'était pas là pour la soutenir, l'élever, la porter dans cette communion. Encore une fois, c'était une nuit où rien ne se passa, le torrent avait toujours sa couleur bleutée et de l'eau ne se manifesta aucune silhouette.
Exténuée, Lhei s'arrêta très rapidement, le souffle court, avant de s'asseoir dans la rivière douce, le dos reposé contre une roche, l'eau coulant jusqu'au nombril. Sa tristesse était visible, Lhei était une bien piètre comédienne pour ce qui était de voiler ses sentiments. Elyth s'assit à son tour devant elle, gardant les pieds hors de l'eau, caressant de sa dextre le petit tigreau.
"Il n'est pas venu, encore une fois...
- Il existe véritablement, ce "Père" ou ce...mâle ?
- Bien sûr que oui ! Je les ai vu comme je te vois toi !...bon, sauf ce mâle. Je ne l'ai pas vu clairement."
Les oreilles basses, Lhei remonta ses genoux contre son torse pour y plonger sa tête. Encaisser un nouvel échec devenait de plus en plus lourd à supporter, surtout depuis que ses questions s'étaient multipliés. Elle n'était pas "la dernière", sûrement d'un village peuplé de viéras aussi noires qu'elle. Mais ce n'était qu'une supposition, elle n'en savait rien. Elle s'était souvenue de Meleth, petite, avec qui elle jouait proche des étendues d'eau. C'était ce nom qui la hantait, elle représentait ce qu'elle avait perdu : ses souvenirs, comme brisés, qu'il fallait recoller...mais fallait-il encore retrouver les morceaux pour se faire. Ou encore ce "Père", ses origines au fond de la mer. Elle s'était sentie chez elle ici bas, malgré ô combien il lui a été très douloureux d'y parvenir. Un vrai casse-tête qui la poussait de plus en plus à...
"Hé, Lhei, tu m'écoutes ?"
Lhei redressa la tête vers Elyth qui lui tendit la main, toute sourire. Elle la saisit et se releva aussitôt, l'eau perlant sur ses grandes jambes pour rejoindre le court d'eau.
"Pardon, j'étais ailleurs, répondit timidement la viéra à la peau encre.
- Je disais qu'il faudrait probablement rentrer, on va se demander encore ce que l'on fait aussi tard dans la forêt."
Il ne leur fallu pas plus de temps pour s'éclipser de la rivière en direction de Watharan, carquois sur le dos et arc en main. Sans aucun doute, elle réessaierait sûrement de les rappeler le lendemain et ainsi de suite. C'était une véritable obsession, comme un appel plus fort qu'elle. Et ce chant qu'elle avait entendu au loin...
...n'était que la clef de sa fuite.
Lyssie
Il y a 10 mois et 1 jour
Il y avait longtemps qu'elle n'était pas revenue ici. Ses impératifs à Watharan l'en avait gardée loin, jusqu'à deux lunes entière, mais plus que jamais elle ressentait aujourd'hui cette nécessité de revoir le torrent qui l'avait gardée dans le creux de son berceau sans en comprendre la raison. Etait-ce encore un mauvais tour de ce fameux "Père" ? "Lui" peut-être ? Non, c'était quelque chose d'autre, quelque chose de bien différent.
L'eau qui s'écoulait du chant de la cascade au loin capturait les étoiles d'une nuit particulièrement obscure. A bien des égards, rien n'inspirait confiance à Lhei qui, pour la toute première fois, n'avait pas prévenue Elyth de sa ronde nuiteuse. L'air tropical était lourd, plus lourd que d'habitude, on n'entendait plus les vrombissements bestiaux nocturnes de la jungle et par dessus tout, il y faisait un étrange brouillard dans lequel on ne voyait pas plus loin que dix yalms.
Agenouillée au bord du paisible torrent, carquois en main, Lhei se pencha au dessus de lui pour passer une main à la surface sans jamais le toucher. Cet appel qui ruminait dans le fond de son coeur, elle le sentait ici, juste sous sa main. Il n'y avait pas plus vrai que ce sentiment d'urgence. Elle se mordilla la lippe, rongée par l'appréhension d'y voir quelqu'un de vivant juste sous l'eau. Elle pouvait s'attendre à tout, elle voulait croire à son instinct.
Lorsque son majeure effleura le torrent, c'était comme si le monde s'était arrêtée de vivre pendant une seconde. Elle le ressentait comme un choc lui permettant d'observer les alentours tels qu'ils étaient. L'odeur de chaque fruit, le regard de la faune l'observant en silence dans la pénombre, le bruit des feuilles qui s'affolaient sous la brise, elle entendait tout, voyait tout, ressentait absolument tout. Tout cela lui semblait être une violente poussée d'adrénaline.
Son coeur battant, elle se rattrapa de sa main juste devant la rivière, le souffle court, le regard écarquillé. A la surface de celle-ci, ce n'était plus son reflet qu'elle voyait, ni même celui de Meleth qu'elle n'avait pas revue depuis longtemps désormais. Des yeux aussi clairs que la nuit s'ouvraient au coeur de l'obscurité la plus noire. A la fois profond, sauvage et vif, ce regard n'était pas le sien, ni même d'une viéra qu'elle connaissait. Ses traits masculins lui firent tambouriner le coeur le temps d'une réflexion sur qui il pouvait être, mais avant même qu'elle puisse dire quelque chose, la silhouette suivit le cours de l'eau à une vitesse phénoménale. Sans réfléchir, Lhei se redressa dans une course vertigineuse, galvanisée par l'apparition mystique.
"Non ! Attends-moi !"
Elle courrait dans de grandes enjambées, sautant par dessus les racines qui rejoignaient le cours du torrent ainsi que les rochers parsemant son chemin. Il était rapide et ne laissait aucun répit à la viéra qui tentait de le rattraper. Le brouillard rendait ce jeu de course plus ardu qu'il l'était déjà. A tout moment, elle pouvait tomber sur une mauvaise surprise.
"Wah !"
Sa course prit fin en haut d'un petit promontoire rocailleux, aux abords d'une falaise où se jetait la rivière dans une cascade profonde. Elle avait couru une bonne dizaine de minutes sans la moindre pause. Essouflée, elle tomba à genoux, la tête relevée. Ici, le brouillard s'éfritait vers un ciel dégagé. Ou presque, si l'on ne regardait pas les gros nuages rougeâtres qui entouraient une grande tour, plus grande que la forêt elle-même. Cette tour aux allures étrangères fit froncer les sourcils de Lhei qui se redressa pour se tenir droite face à cette immensité verdâtre qu'offrait la jungle ainsi que cette apparaition obscures dans le fond. Cela devait être Nagxia ou Yanxia vu d'ici.
"Qu'est-ce que..."
L'eau qui s'écoulait du chant de la cascade au loin capturait les étoiles d'une nuit particulièrement obscure. A bien des égards, rien n'inspirait confiance à Lhei qui, pour la toute première fois, n'avait pas prévenue Elyth de sa ronde nuiteuse. L'air tropical était lourd, plus lourd que d'habitude, on n'entendait plus les vrombissements bestiaux nocturnes de la jungle et par dessus tout, il y faisait un étrange brouillard dans lequel on ne voyait pas plus loin que dix yalms.
Agenouillée au bord du paisible torrent, carquois en main, Lhei se pencha au dessus de lui pour passer une main à la surface sans jamais le toucher. Cet appel qui ruminait dans le fond de son coeur, elle le sentait ici, juste sous sa main. Il n'y avait pas plus vrai que ce sentiment d'urgence. Elle se mordilla la lippe, rongée par l'appréhension d'y voir quelqu'un de vivant juste sous l'eau. Elle pouvait s'attendre à tout, elle voulait croire à son instinct.
Lorsque son majeure effleura le torrent, c'était comme si le monde s'était arrêtée de vivre pendant une seconde. Elle le ressentait comme un choc lui permettant d'observer les alentours tels qu'ils étaient. L'odeur de chaque fruit, le regard de la faune l'observant en silence dans la pénombre, le bruit des feuilles qui s'affolaient sous la brise, elle entendait tout, voyait tout, ressentait absolument tout. Tout cela lui semblait être une violente poussée d'adrénaline.
Son coeur battant, elle se rattrapa de sa main juste devant la rivière, le souffle court, le regard écarquillé. A la surface de celle-ci, ce n'était plus son reflet qu'elle voyait, ni même celui de Meleth qu'elle n'avait pas revue depuis longtemps désormais. Des yeux aussi clairs que la nuit s'ouvraient au coeur de l'obscurité la plus noire. A la fois profond, sauvage et vif, ce regard n'était pas le sien, ni même d'une viéra qu'elle connaissait. Ses traits masculins lui firent tambouriner le coeur le temps d'une réflexion sur qui il pouvait être, mais avant même qu'elle puisse dire quelque chose, la silhouette suivit le cours de l'eau à une vitesse phénoménale. Sans réfléchir, Lhei se redressa dans une course vertigineuse, galvanisée par l'apparition mystique.
"Non ! Attends-moi !"
Elle courrait dans de grandes enjambées, sautant par dessus les racines qui rejoignaient le cours du torrent ainsi que les rochers parsemant son chemin. Il était rapide et ne laissait aucun répit à la viéra qui tentait de le rattraper. Le brouillard rendait ce jeu de course plus ardu qu'il l'était déjà. A tout moment, elle pouvait tomber sur une mauvaise surprise.
"Wah !"
Sa course prit fin en haut d'un petit promontoire rocailleux, aux abords d'une falaise où se jetait la rivière dans une cascade profonde. Elle avait couru une bonne dizaine de minutes sans la moindre pause. Essouflée, elle tomba à genoux, la tête relevée. Ici, le brouillard s'éfritait vers un ciel dégagé. Ou presque, si l'on ne regardait pas les gros nuages rougeâtres qui entouraient une grande tour, plus grande que la forêt elle-même. Cette tour aux allures étrangères fit froncer les sourcils de Lhei qui se redressa pour se tenir droite face à cette immensité verdâtre qu'offrait la jungle ainsi que cette apparaition obscures dans le fond. Cela devait être Nagxia ou Yanxia vu d'ici.
"Qu'est-ce que..."
"La Mère-Forêt pleure. Bientôt, il n'y aura plus assez de linceul."
De nouveau, cette voix masculine lui arracha un frisson inssaisissable le long de son échine. Toutefois, elle ne se retourna pas pour en chercher l'origine, trop absorbée par les ondes carmins qui se dégageaient de cette tour au loin. Elle tendit sa dextre vers celle-ci et chaque onde qu'elle pouvait voir au loin faisait vibrer en elle le chagrin de Golmorre qu'elle pouvait désormais clairement déceler. Des corbeaux s'envolèrent au loin, signe de mauvais présage. Tous les signes de l'Apocalypse étaient là mais pour Lhei, ce n'était que le début d'une longue chute.
Dans sa course pour rejoindre Watharan, ni la vitesse, ni ses mains ne purent sécher ses larmes qui volaient dans les airs. La forêt pleurait sa prochaine souffrance, beaucoup allaient mourir. Dans la pénombre d'une nuit obscure, une silhouette noirâtre filait dans la brume dans l'espoir de prévenir les siennes...
Dans sa course pour rejoindre Watharan, ni la vitesse, ni ses mains ne purent sécher ses larmes qui volaient dans les airs. La forêt pleurait sa prochaine souffrance, beaucoup allaient mourir. Dans la pénombre d'une nuit obscure, une silhouette noirâtre filait dans la brume dans l'espoir de prévenir les siennes...
...de l'Apocalypse qui les attendait.
Lyssie
Il y a 10 mois et 1 jour
"Lhei, tu es réveillée ? C'est bientôt l'heure..."
Ce jour-là, toutes les habitantes de Watharan étaient bien matinales. Elles l'avaient toujours été, mais aujourd'hui était un jour spécial, de la plus haute importance. Toutes les sentinelles et les gardiennes du village se réunissaient au centre de celui-ci pour célébrer l'Equinoxe d'Automne qui signait la fin de la chasse pour le reste de l'année. Un grand événement très attendu par toutes les filles de Watharan tant pour montrer fièrement leurs prises que pour témoigner leur gratitude envers la Mère-Forêt.
Elyth leva de nouveau sa main face à la porte de la chaumière de Lhei mais la rabaissa aussitôt. Elle soupira, inquiète.
"Si tu changes d'avis, tu sais où nous trouver. Et souviens-toi...tu n'es pas seule."
Lhei, cachée dos derrière la porte, finit par entendre les pas de son amie s'éloigner petit à petit, rejoignant ses soeurs plus loin. Cela faisait quelques heures déjà qu'elle était réveillée et apprêtée pour les festivités, ornée de nombreux bijoux d'or et son corps d'encre peint de quelques dessins blancs, mais comme depuis quelques soleils, elle n'avait pas la force de sortir de chez elle. Qu'importe ce que pouvait lui apporter Elyth comme déjeuner, elle laissa toujours le plateau intact devant sa chaumière. Le plus difficile pour elle était de ne plus voir Lhei sortir pour danser au bord de la rivière attenante, elle ne dansait même plus du tout. Tout ça, à cause de ce fameux jour où elle partit prévenir les siennes de l'Apocalypse approchant...
Ce jour-là, toutes les habitantes de Watharan étaient bien matinales. Elles l'avaient toujours été, mais aujourd'hui était un jour spécial, de la plus haute importance. Toutes les sentinelles et les gardiennes du village se réunissaient au centre de celui-ci pour célébrer l'Equinoxe d'Automne qui signait la fin de la chasse pour le reste de l'année. Un grand événement très attendu par toutes les filles de Watharan tant pour montrer fièrement leurs prises que pour témoigner leur gratitude envers la Mère-Forêt.
Elyth leva de nouveau sa main face à la porte de la chaumière de Lhei mais la rabaissa aussitôt. Elle soupira, inquiète.
"Si tu changes d'avis, tu sais où nous trouver. Et souviens-toi...tu n'es pas seule."
Lhei, cachée dos derrière la porte, finit par entendre les pas de son amie s'éloigner petit à petit, rejoignant ses soeurs plus loin. Cela faisait quelques heures déjà qu'elle était réveillée et apprêtée pour les festivités, ornée de nombreux bijoux d'or et son corps d'encre peint de quelques dessins blancs, mais comme depuis quelques soleils, elle n'avait pas la force de sortir de chez elle. Qu'importe ce que pouvait lui apporter Elyth comme déjeuner, elle laissa toujours le plateau intact devant sa chaumière. Le plus difficile pour elle était de ne plus voir Lhei sortir pour danser au bord de la rivière attenante, elle ne dansait même plus du tout. Tout ça, à cause de ce fameux jour où elle partit prévenir les siennes de l'Apocalypse approchant...
"Non ! Ne faites pas ça !"
Les cris de Lhei furent étouffés par le chant de la cascade juste derrière elle, à l'entrée de la caverne, sa précieuse cachette qu'elle avait toujours gardée secrète. Elles avaient fini par apprendre son existence et n'avaient pas attendu plus longtemps pour s'y rendre, même si cela devait arracher à la jeune viéra toute noire des sanglots déchirant.
"C'est ici que tu gardes toutes tes trouvailles étrangères...
- Thessara, je peux tout expliquer...
- Pourquoi ? As-tu donc oublié la menace qu'ils représentent ?"
- Thessara, je peux tout expliquer...
- Pourquoi ? As-tu donc oublié la menace qu'ils représentent ?"
Rien n'était plus terrifiant que la voix et la prestance d'une Thessara rongée par la colère. Elle n'avait jamais cessé d'haïr les humains pour leur égoïsme et la destruction qu'ils apportaient à chacun de leur passage, pas plus qu'elle n'avait jamais oublié la douleur d'avoir perdu l'une de ses soeurs à l'orée de la jungle, proche de Dalmasca lors que l'envahisseur avait déchiré le pays. A ses yeux, il n'y avait rien de plus perfide que l'humanité, c'était ce qui la poussait à regarder avec une colère froide tous ces objets collectionnés et disposés par la sirène noire tels des trophées sur quelques présentoires de fortune qu'elle avait pris soin de fabriquer elle-même. Piochant aléatoirement parmi ceux-là, elle saisit un engin que Lhei avait bâptisé "Nor'khal", le fameux éthéromètre qu'elle avait récemment récupéré aux abords de la forêt. Thessara pesta.
"Les humains n'ont pas leur place ici."
Soudainement, la Sentinelle jetta l'objet de fer contre la roche, l'éthéromètre éclatant en mille morceau sous la violence de l'impact.
"Détruisez tout.
- NON !"
- NON !"
Les quelques gardiennes venues avec elle obéissèrent sans plus tarder, saccageant sans retenue le petit paradis blanc de leur consoeur à la peau de nuit. Les fourchettes étaient pliées en deux, les statuettes se brisaient contre le sol rocailleux tels des armes de jet, chaque petite babiole finissait à terre, écrasée, réduite en poussière. Tout ça sous les cris de détresse et les sanglots de Lhei qui se débattait comme jamais, retenue par Elyth et Mihra qui se confondaient en excuses malgré elles. Des années de rêve, des années de recherche sur ses origines, parties en fumée sous la colère des siennes. Tout ça car elles n'entendaient pas les pleurs de la Mère-Forêt, tout car Thessara n'avait pas cru aux mots de l'étrangère qu'elle était à ses yeux.
Une fois le carnage fini, la Sentinelle passa à côté de Lhei qui s'était vue lâchée par ses consoeurs. Elle n'arrêtait pas de pleurer, penchée sur la roche, dévastée.
Une fois le carnage fini, la Sentinelle passa à côté de Lhei qui s'était vue lâchée par ses consoeurs. Elle n'arrêtait pas de pleurer, penchée sur la roche, dévastée.
"Un jour, tu me remercieras, Lhei. Tu comprendras quelle perfidie ronge l'être humain."
A ses yeux, bien peu de villages pouvaient se targuer d'être aussi joli que celui de Watharan, parsemé de loupiotes accrochés à des cordes qui créaient une spirale jusqu'à son coeur. Des fleurs fluorescentes dessinaient le parcours des jeunes apprenties chamanes jusqu'à la Porte de la Mère, une porte qui ne menaient sur rien, si ce n'était sur le monde des esprits de la forêt que priaient ses soeurs. A cette occasion, même les mâles Watharan quittaient leur vie de gardien solitaire pour joindre le lieu des réjouissances, l'une des rares occassions pour les femelles de voir leurs homologues masculins, de quoi marquer l'événement. Et cette voix masculine au loin, qui ne cessait de chanter dans un écho cristallin, devait forcément être...
"On est en retard, vite !"
Deux jeunes viéras courraient à vive allure entre les adultes, sans faire attention aux décorations florales, ni même à Lhei qui se trouvait sur leur chemin. Celle-ci sortit de ses pensées lorsqu'une des deux jeunes viéras -qu'elle assumait naturellement être des filles malgré le fait qu'on ne connaissait pas encore leur sexe- se heurta contre elle et trébucha en arrière. Elle se retourna, surprise, et tendit la main vers la petite, un faible sourire sur le visage.
"Faites attention, vous pourriez vous blesser."
La maladroite prit la main tendue pour se relever, le visage rougi par une honte non-dissimulée, avant de s'éclipser avec son amie jusqu'au centre du village qui n'était plus qu'à quelques enjambés désormais. Lhei y voyait au loin Thessara discuter avec Mihra qui ne tarda pas à croiser son regard, toujours marqué d'une impassibilité déconcertante. La jeune viéra noire dévia naturellement son regard, la douleur était toujours aussi fraiche. Heureusement, elle trouva Elyth entourée de ses animaux et s'approcha d'elle sans pour autant s'annoncer.
"Je suis contente que tu sois venue." déclara joyeusement Elyth, relevant son regard inquiet sur Lhei qui ne répondit que d'un léger sourire. Malgré ce qu'il s'était passé, elle ne lui en voulait pas d'avoir simplement suivi les ordres de leur supérieure.
Les festivités pouvaient enfin commencer. Plusieurs danseuses martiales se réunissaient autour de la chamane habillée d'os et de peau de bêtes pour débuter leur célébration. On entendait le chant de la faune, mais également celui des tambours et des flûtes de pan joués à la fois par les femelles et les mâles.
Mais parmi toute cette réjouissance résonnait aux oreilles de la Fille du Torrent la voix grave et profonde d'un mâle qui obstruait toutes ses pensées. Son chant faisait taire la cacophonie des festivités d'automne, il était à la fois paisible et lointain, faisant poindre en elle une sérénité sans faille malgré ces temps difficiles. Cela faisait des jours qu'elle l'entendait par moment, surtout depuis qu'elle ne dansait plus aux abords du torrent, quand sa tristesse se faisait plus grande.
Debout au milieu de ses consoeurs qui fêtaient la fin de la chasse de cette année, une viéra à la peau sombre fredonnait un chant qui n'était pas le sien et qui pourtant berçait son quotidien depuis de nombreuses années déjà, sans qu'elle ne s'en rende compte de quoi que ce soit. Comme si de rien n'était, elle demeurait apaisée par le chant jamais très loin...
"On est en retard, vite !"
Deux jeunes viéras courraient à vive allure entre les adultes, sans faire attention aux décorations florales, ni même à Lhei qui se trouvait sur leur chemin. Celle-ci sortit de ses pensées lorsqu'une des deux jeunes viéras -qu'elle assumait naturellement être des filles malgré le fait qu'on ne connaissait pas encore leur sexe- se heurta contre elle et trébucha en arrière. Elle se retourna, surprise, et tendit la main vers la petite, un faible sourire sur le visage.
"Faites attention, vous pourriez vous blesser."
La maladroite prit la main tendue pour se relever, le visage rougi par une honte non-dissimulée, avant de s'éclipser avec son amie jusqu'au centre du village qui n'était plus qu'à quelques enjambés désormais. Lhei y voyait au loin Thessara discuter avec Mihra qui ne tarda pas à croiser son regard, toujours marqué d'une impassibilité déconcertante. La jeune viéra noire dévia naturellement son regard, la douleur était toujours aussi fraiche. Heureusement, elle trouva Elyth entourée de ses animaux et s'approcha d'elle sans pour autant s'annoncer.
"Je suis contente que tu sois venue." déclara joyeusement Elyth, relevant son regard inquiet sur Lhei qui ne répondit que d'un léger sourire. Malgré ce qu'il s'était passé, elle ne lui en voulait pas d'avoir simplement suivi les ordres de leur supérieure.
Les festivités pouvaient enfin commencer. Plusieurs danseuses martiales se réunissaient autour de la chamane habillée d'os et de peau de bêtes pour débuter leur célébration. On entendait le chant de la faune, mais également celui des tambours et des flûtes de pan joués à la fois par les femelles et les mâles.
Mais parmi toute cette réjouissance résonnait aux oreilles de la Fille du Torrent la voix grave et profonde d'un mâle qui obstruait toutes ses pensées. Son chant faisait taire la cacophonie des festivités d'automne, il était à la fois paisible et lointain, faisant poindre en elle une sérénité sans faille malgré ces temps difficiles. Cela faisait des jours qu'elle l'entendait par moment, surtout depuis qu'elle ne dansait plus aux abords du torrent, quand sa tristesse se faisait plus grande.
Debout au milieu de ses consoeurs qui fêtaient la fin de la chasse de cette année, une viéra à la peau sombre fredonnait un chant qui n'était pas le sien et qui pourtant berçait son quotidien depuis de nombreuses années déjà, sans qu'elle ne s'en rende compte de quoi que ce soit. Comme si de rien n'était, elle demeurait apaisée par le chant jamais très loin...
...du Fils du Torrent.
Lyssie
Il y a 10 mois et 1 jour
Lhei avait grimpé jusqu’en haut des cimes des grands arbres de la jungle, à la fois alerte et prise d’une énergie nouvelle. Qu’avait-elle ressenti dans son sommeil pour être aussi vive ? Par-delà les terres du Nord, cette maudite tour continuait d’entacher le paysage et rien n’y faisait, son influence était de plus en plus importante.
"Je l’ai entendu… Je t’ai entendu… Je vous ai vu."
Une nuée de corbeaux s’envola au loin lorsqu’au pied de l’arbre, Solhar grogna un bâillement. Il venait de terminer son repas de la nuit, encore une où son amie aux grandes oreilles n’avait pu trouver le sommeil et s’était réfugiée non loin de la cascade menant sur le vide. Quand ce n’était pas le chant de cet inconnu, c’était les rêves qui l’appelaient sans qu’elle ne puisse comprendre leur véritable signification. Lhei soupira doucement et s’accorda une pause, dos contre le tronc de l’arbre, une jambe ballante.
"Je t’ai entendu, je vous ai vu… Mais vous n’êtes pas là."
"Je l’ai entendu… Je t’ai entendu… Je vous ai vu."
Une nuée de corbeaux s’envola au loin lorsqu’au pied de l’arbre, Solhar grogna un bâillement. Il venait de terminer son repas de la nuit, encore une où son amie aux grandes oreilles n’avait pu trouver le sommeil et s’était réfugiée non loin de la cascade menant sur le vide. Quand ce n’était pas le chant de cet inconnu, c’était les rêves qui l’appelaient sans qu’elle ne puisse comprendre leur véritable signification. Lhei soupira doucement et s’accorda une pause, dos contre le tronc de l’arbre, une jambe ballante.
"Je t’ai entendu, je vous ai vu… Mais vous n’êtes pas là."
"Si tu es la dernière, alors ils sont probablement morts."
Les mots d'Elyth manquèrent de la faire chuter, prise d’une soudaine nausée. Non, c’était impossible et impensable, il n’y avait aucune chance que cela soit le fruit de son imagination. Voilà depuis quelques lunes aujourd’hui que les choses ne cessaient de s’enchainer pour elle, jusqu’à même s’accélérer. La rencontre avec son « Père » n’avait pas été que le fruit de son imagination, ni même ces manifestations dans l’eau à chacune de ses danses. Elle serra sa main sur son ventre, cette idée de se savoir seule "de nouveau", après avoir connu leur existence, la terrifiait.
La jungle était particulièrement calme cette nuit-là. L’eau du fleuve qui s’écoulait entre les grandes racines chantait pourtant aux oreilles de Lhei l’écho lointain d’une mélodie de tambours et de percussions. En ouvrant l’un de ses éventails, l’émeraude refléta bien plus que son simple regard…
La jungle était particulièrement calme cette nuit-là. L’eau du fleuve qui s’écoulait entre les grandes racines chantait pourtant aux oreilles de Lhei l’écho lointain d’une mélodie de tambours et de percussions. En ouvrant l’un de ses éventails, l’émeraude refléta bien plus que son simple regard…
Les tambours de guerre résonnent, les flambeaux illuminent la nuit entre les arbres, la guerre est proche. Un peu partout dans les villages, les viéras s'arment, les sentinelles veillent à la cime de guet, les gardiens solitaires se montrent plus souvent. La terre saigne, les rivières pleurent, un édifice sombre se dresse à l'horizon et son pouvoir ne cesse de croître. Des monstres apparaissent, d'antiques créatures sortent des profondeurs de Golmorre pour s'en prendre à la Mère-Forêt et ses enfants.
Lhei pouvait les voir, sentir la tension et la peur mais aussi la détermination de ses sœurs dont le cœur brûle de défendre leur berceau.
Les tambours résonnent, les flambeaux illuminent la nuit entre les arbres. Une ombre contemple les étoiles depuis le rebord d'une fenêtre. Dans les branches, au-dessus d’une cascade, une autre silencieuse veille. Plus en amont du fleuve, une dernière est entrée dans l'eau jusqu'à la taille, l'eau autour d’elle est noire comme un ciel sans étoiles, elle lève les yeux vers la lune. La lune a changé, pleine puis descendante elle était à présent presque pleine à nouveau.
Une chose appelle, encore plus en amont là où les arbres deviennent noirs et les rayons argentés ne touchent plus le sol. L'obscurité, l'eau qui s'écoule et ruissèle entre les arbres. Une ombre serpente sous les racines, en silence, jusqu'à une porte derrière un autel. Le même symbole que sur son dos y est gravé et s'illumine, la porte s'ouvre. Les cristaux bleus éblouissent, l'eau tourbillonne au centre de la lagune, semblant porter plus d'une cinquantaine de viéras dont le corps est fait entièrement d'eau. Elles se préparent, s'arment, s'entrainent à combattre alors qu'elles ne sont que spectres d'écume emportées par un courant sans fin.
Sans qu’elle ne puisse rien y faire, la viéra bascule dans l'abysse où l'ombre du torrent noir se fait plus présente.
"Vis, Lhei. Vis et ne t’arrête jamais de courir !
- Non ! Attend !
- Il est déjà trop tard, on doit fuir."
"MAMAN !"
Une mère disparaît sous les crocs d’une sombre créature, sous le regard effaré de sa fille.
La vision se trouble, les cris se font plus lointain. La Lune pleine laisse place à un croissant immaculé, capturé dans le reflet d’une rivière paisible qui ruissèle aux abords d’un village. Elle remonte à la surface, reprenant sa respiration. Les tambours de guerre du passé s’entrechoquent avec ceux d’un futur proche, à l’aube d’une apocalypse.
Lhei ferma avec force l’éventail, emportant avec lui les souvenirs d’une nuit pénible. Debout sur la grande branche, son regard tourné vers le Nord, le vent souffla dans sa longue chevelure. Entre ses longues oreilles dressées, le silence troublant de la jungle couplé à ce chant grave, revenu une nouvelle fois vers elle comme un sombre présage. Son cœur battait la mesure des tambours de guerre, à l’unisson avec celle de ses sœurs lointaines.
"Qu’importe qui vous pouvez être. La Mère-Forêt pleure et une guerre approche."
Le regard déterminé, elle prit son élan et plongea au cœur du torrent sans même éclabousser Solhar au bord de ce dernier. Cette nuit-là, la lueur de la Lune suivit de près la course d’un tigre à dents de sabre poursuivant non pas sa proie, mais une sirène aussi noire que la nuit remontant la rivière en direction de Watharan.
Lhei pouvait les voir, sentir la tension et la peur mais aussi la détermination de ses sœurs dont le cœur brûle de défendre leur berceau.
Les tambours résonnent, les flambeaux illuminent la nuit entre les arbres. Une ombre contemple les étoiles depuis le rebord d'une fenêtre. Dans les branches, au-dessus d’une cascade, une autre silencieuse veille. Plus en amont du fleuve, une dernière est entrée dans l'eau jusqu'à la taille, l'eau autour d’elle est noire comme un ciel sans étoiles, elle lève les yeux vers la lune. La lune a changé, pleine puis descendante elle était à présent presque pleine à nouveau.
Une chose appelle, encore plus en amont là où les arbres deviennent noirs et les rayons argentés ne touchent plus le sol. L'obscurité, l'eau qui s'écoule et ruissèle entre les arbres. Une ombre serpente sous les racines, en silence, jusqu'à une porte derrière un autel. Le même symbole que sur son dos y est gravé et s'illumine, la porte s'ouvre. Les cristaux bleus éblouissent, l'eau tourbillonne au centre de la lagune, semblant porter plus d'une cinquantaine de viéras dont le corps est fait entièrement d'eau. Elles se préparent, s'arment, s'entrainent à combattre alors qu'elles ne sont que spectres d'écume emportées par un courant sans fin.
Sans qu’elle ne puisse rien y faire, la viéra bascule dans l'abysse où l'ombre du torrent noir se fait plus présente.
"Vis, Lhei. Vis et ne t’arrête jamais de courir !
- Non ! Attend !
- Il est déjà trop tard, on doit fuir."
"N’oublie jamais ton nom."
"Meleth ? Où est Meleth ?!
- Elle est partie."
- Elle est partie."
"MAMAN !"
Une mère disparaît sous les crocs d’une sombre créature, sous le regard effaré de sa fille.
La vision se trouble, les cris se font plus lointain. La Lune pleine laisse place à un croissant immaculé, capturé dans le reflet d’une rivière paisible qui ruissèle aux abords d’un village. Elle remonte à la surface, reprenant sa respiration. Les tambours de guerre du passé s’entrechoquent avec ceux d’un futur proche, à l’aube d’une apocalypse.
Lhei ferma avec force l’éventail, emportant avec lui les souvenirs d’une nuit pénible. Debout sur la grande branche, son regard tourné vers le Nord, le vent souffla dans sa longue chevelure. Entre ses longues oreilles dressées, le silence troublant de la jungle couplé à ce chant grave, revenu une nouvelle fois vers elle comme un sombre présage. Son cœur battait la mesure des tambours de guerre, à l’unisson avec celle de ses sœurs lointaines.
"Qu’importe qui vous pouvez être. La Mère-Forêt pleure et une guerre approche."
Le regard déterminé, elle prit son élan et plongea au cœur du torrent sans même éclabousser Solhar au bord de ce dernier. Cette nuit-là, la lueur de la Lune suivit de près la course d’un tigre à dents de sabre poursuivant non pas sa proie, mais une sirène aussi noire que la nuit remontant la rivière en direction de Watharan.
Il fallait fuir, et pas seule.
Lyssie
Il y a 10 mois et 1 jour
"C’est par ici, je le ressens, nous ne sommes plus très loin."
Sans attendre la réponse d’Elyth qui restait aux aguets, Lhei poussa de ses bras les derniers rideaux de feuilles, de fleurs et de lianes leur barrant la route pour finalement apercevoir une petite chaumière au bord de la cascade, abandonnée et à l’écart des villages attenant. De prime abord, on aurait dit la tanière d’un mâle, ces âmes solitaires condamnés à une vie de gardien des ombres, et ce n’était pas sans lui rappeler sa propre cachette derrière la chute d’eau à l’Ouest de Watharan où elle entreposait autrefois ses trouvailles étrangères. Lhei se baissa jusqu’à voir son propre reflet dans le torrent adjacent, se remémorant ce douloureux événement avec Thessara, dissimulant difficilement sa peine. Solhar lui porta une léchouille sur l’oreille droite, elle sourit.
Cela faisait désormais quelques jours qu’elles remontaient le fleuve vers le nord, suivant l’unique instinct de la Fille du Torrent et l’appel de la Mère-Forêt. La fatigue n’était pas un problème, mais l’endroit était idéal pour séjourner un petit temps, au moins pour se ressourcer. Fenjor et Solhar avaient besoin d’un peu de repos, tout comme elles.
"Personne n’habite ici ? demanda Elyth, la voix inflexible.
- Je ne pense pas, mais on dirait bien qu’une personne a vécu ici…"
En pénétrant dans la chaumière, qu’elle n’était pas sa surprise d’y voir des vêtements, des fleurs fanées et des livres jonchés le sol de bois. C’était comme si le temps s’était arrêté, peut-être coupé en plein élan. Le hamac était encore en bonne état, hélas on ne pouvait pas en dire de même des plantes suspendues à une corde en l’air, toutes mortes. Lhei effleura du bout de ses doigts l’étal où étaient exposés de nombreux dessins, sans qu’elle ne soit capable de véritablement comprendre leur signification.
Finalement, elle grimpa jusqu’au hamac où elle se balançait en douceur, les yeux rivés vers le plafond. Elyth garda un œil sur les animaux au travers de la fenêtre ouest ; ils s’abreuvaient aux abords de la rivière, les oreilles basses. Ici, ils ne seraient pas en danger.
"Que fait-on désormais ? C’est le plus haut point que l’on peut atteindre ici.
- L’appel que j’entendais me dictait de me rendre à ce lieu précis…mais il n’y a rien, pour le moment.
- Lhei, je t’ai suivie car tu me l’as demandée et je sais que nous avons croisé certaines créatures étranges, mais si tout cela n’a servi à rien…
- Il y aura bien quelque chose, Elyth. Je t’en fais la promesse… Il se passera quelque chose."
La sentinelle soupira longuement. Elle faisait confiance à sa « sœur » mais rien ne lui prouvait qu’elle avait fait le bon choix en quittant à la hâte son village. De son côté, Lhei ferma les yeux, se maudissant d’avoir entraîné son amie dans toute cette cavale. Elle n’était pas folle, il y avait une véritable raison d’entrer sur ce territoire désolé comme il y avait sûrement une véritable raison d’avoir vu ce visage lui ressemblant dans le reflet de la rivière ainsi que ce fameux "Père". Elle n’était pas folle…du moins, elle l’espérait.
"Dormons un peu, le voyage a été long."
La nuit était tombée sur la jungle mais il lui était impossible de dormir. Pourtant, le hamac était confortable et Elyth était de celles qui utilisaient leur animal comme coussin, doux et sage. En se retournant pour la énième fois, Lhei soupira et ouvrit les yeux sur la tour de l’apocalypse au nord, visible depuis la fenêtre est. Elle se releva d’un bond, dressa ses oreilles réceptives aux ondes néfastes de cette maudite tour et sauta de son nid pour quitter la chaumière à toute vitesse.
Elle était là, sous ses yeux, l’impulsion de son éther vibrant dans le creux de ses grandes oreilles. L’appel de la Mère-Forêt avait sûrement un lien avec elle, il n’y avait aucun doute. La main tendue vers elle, Lhei fronça les sourcils, essoufflée. Elle entendit la porte de la chaumière s’ouvrir, Elyth se réveillait à peine.
"Qu’il y a-t-il, Lhei ?
- C’est la tour… Elle est juste là."
Sans attendre la réponse d’Elyth qui restait aux aguets, Lhei poussa de ses bras les derniers rideaux de feuilles, de fleurs et de lianes leur barrant la route pour finalement apercevoir une petite chaumière au bord de la cascade, abandonnée et à l’écart des villages attenant. De prime abord, on aurait dit la tanière d’un mâle, ces âmes solitaires condamnés à une vie de gardien des ombres, et ce n’était pas sans lui rappeler sa propre cachette derrière la chute d’eau à l’Ouest de Watharan où elle entreposait autrefois ses trouvailles étrangères. Lhei se baissa jusqu’à voir son propre reflet dans le torrent adjacent, se remémorant ce douloureux événement avec Thessara, dissimulant difficilement sa peine. Solhar lui porta une léchouille sur l’oreille droite, elle sourit.
Cela faisait désormais quelques jours qu’elles remontaient le fleuve vers le nord, suivant l’unique instinct de la Fille du Torrent et l’appel de la Mère-Forêt. La fatigue n’était pas un problème, mais l’endroit était idéal pour séjourner un petit temps, au moins pour se ressourcer. Fenjor et Solhar avaient besoin d’un peu de repos, tout comme elles.
"Personne n’habite ici ? demanda Elyth, la voix inflexible.
- Je ne pense pas, mais on dirait bien qu’une personne a vécu ici…"
En pénétrant dans la chaumière, qu’elle n’était pas sa surprise d’y voir des vêtements, des fleurs fanées et des livres jonchés le sol de bois. C’était comme si le temps s’était arrêté, peut-être coupé en plein élan. Le hamac était encore en bonne état, hélas on ne pouvait pas en dire de même des plantes suspendues à une corde en l’air, toutes mortes. Lhei effleura du bout de ses doigts l’étal où étaient exposés de nombreux dessins, sans qu’elle ne soit capable de véritablement comprendre leur signification.
Finalement, elle grimpa jusqu’au hamac où elle se balançait en douceur, les yeux rivés vers le plafond. Elyth garda un œil sur les animaux au travers de la fenêtre ouest ; ils s’abreuvaient aux abords de la rivière, les oreilles basses. Ici, ils ne seraient pas en danger.
"Que fait-on désormais ? C’est le plus haut point que l’on peut atteindre ici.
- L’appel que j’entendais me dictait de me rendre à ce lieu précis…mais il n’y a rien, pour le moment.
- Lhei, je t’ai suivie car tu me l’as demandée et je sais que nous avons croisé certaines créatures étranges, mais si tout cela n’a servi à rien…
- Il y aura bien quelque chose, Elyth. Je t’en fais la promesse… Il se passera quelque chose."
La sentinelle soupira longuement. Elle faisait confiance à sa « sœur » mais rien ne lui prouvait qu’elle avait fait le bon choix en quittant à la hâte son village. De son côté, Lhei ferma les yeux, se maudissant d’avoir entraîné son amie dans toute cette cavale. Elle n’était pas folle, il y avait une véritable raison d’entrer sur ce territoire désolé comme il y avait sûrement une véritable raison d’avoir vu ce visage lui ressemblant dans le reflet de la rivière ainsi que ce fameux "Père". Elle n’était pas folle…du moins, elle l’espérait.
"Dormons un peu, le voyage a été long."
La nuit était tombée sur la jungle mais il lui était impossible de dormir. Pourtant, le hamac était confortable et Elyth était de celles qui utilisaient leur animal comme coussin, doux et sage. En se retournant pour la énième fois, Lhei soupira et ouvrit les yeux sur la tour de l’apocalypse au nord, visible depuis la fenêtre est. Elle se releva d’un bond, dressa ses oreilles réceptives aux ondes néfastes de cette maudite tour et sauta de son nid pour quitter la chaumière à toute vitesse.
Elle était là, sous ses yeux, l’impulsion de son éther vibrant dans le creux de ses grandes oreilles. L’appel de la Mère-Forêt avait sûrement un lien avec elle, il n’y avait aucun doute. La main tendue vers elle, Lhei fronça les sourcils, essoufflée. Elle entendit la porte de la chaumière s’ouvrir, Elyth se réveillait à peine.
"Qu’il y a-t-il, Lhei ?
- C’est la tour… Elle est juste là."
Les jours passèrent sans qu’elle ne puisse entendre quoi que ce soit d’autre. Qu’importe le temps de sa danse, qu’importe sa communion avec l’eau de la rivière, rien, aucun appel, aucune sensation. Elle n’était pas sourde, elle avait le sentiment qu’elle devait être là où elle se tenait, sans savoir ce qui l’attendait pour autant.
A chaque fois qu’elle dansait, l’eau se mêlait naturellement à elle dans un ballet aquatique enchanteur qui ravit de nombreuses fois sa sœur sentinelle malgré elle. Elyth s’essayait souvent au bord de l’eau à la regarder sauter, tourbillonner, se balancer, sans jamais se fatiguer. C’était un peu son moment de répit quand elle ne partait pas chasser avec Fenjor. Solhar, lui, n’était jamais très loin de Lhei.
Plus les jours passèrent et plus la patience d’Elyth fut mise à rude épreuve. Comment le lui reprocher ? Lhei s’en voulait, terriblement, et elle ne cessait de lui rappeler qu’elle pouvait toujours revenir à leur village si cela n’était plus possible. Force était de constater qu’elle n’abandonnerait jamais la Fille du Torrent pour le mystère qu’elle instaure autour de ses origines et de ses pouvoirs…
A chaque fois qu’elle dansait, l’eau se mêlait naturellement à elle dans un ballet aquatique enchanteur qui ravit de nombreuses fois sa sœur sentinelle malgré elle. Elyth s’essayait souvent au bord de l’eau à la regarder sauter, tourbillonner, se balancer, sans jamais se fatiguer. C’était un peu son moment de répit quand elle ne partait pas chasser avec Fenjor. Solhar, lui, n’était jamais très loin de Lhei.
Plus les jours passèrent et plus la patience d’Elyth fut mise à rude épreuve. Comment le lui reprocher ? Lhei s’en voulait, terriblement, et elle ne cessait de lui rappeler qu’elle pouvait toujours revenir à leur village si cela n’était plus possible. Force était de constater qu’elle n’abandonnerait jamais la Fille du Torrent pour le mystère qu’elle instaure autour de ses origines et de ses pouvoirs…
Une nouvelle nuit tomba sur Golmorre sans qu’un signe ne lui soit donné. Cela faisait désormais des heures qu’elle dansait proche de la cascade, les rayons de la Lune filtrant l’eau qui glissait sur ses bras jusqu’à ses oreilles. Une fois n’est pas coutume, Elyth la regardait une fois de plus valser avec son élément en attendant que le feu de la cheminée prenne, mais là où elle était attentive à son environnement, Lhei demeura ailleurs, portée par le chant du torrent, et n’entendit rien de particulier.
Ce n’était qu’une fois en accord avec la cascade qu’une voix grave et sombre lui parvint.
Ce n’était qu’une fois en accord avec la cascade qu’une voix grave et sombre lui parvint.
"Derrière toi."
D’un regard à sa gauche, Elyth avait disparu, Fenjor également, elle regarda finalement derrière elle. L’eau qui tourbillonnait avec elle s’écrasa comme la pluie pour rejoindre le torrent attenant, lui laissant entrevoir au loin un attroupement bien particulier ainsi qu’une silhouette noire comme la nuit. Elyth discuta avec elle, rapidement, avant qu’elle ne pose un regard lourd de sens vers elle. Lhei s’avança avec précaution, les pieds dans l’eau. Elle n’était pas sûre, mais…
"Lhei… ?
- …Meleth ?"
Elle resta sans voix quelques instants, saisie d’un bouleversement dans sa tête et dans sa poitrine. Personne ne comprit ce qu’il se passait, encore moins Elyth qui voyait Meleth se ruer sur son amie pour la saisir dans ses bras et la faire tomber dans l’eau. Lhei ne vit pas tout de suite le groupe plus loin qui, visiblement, en savait bien plus qu’on pouvait le croire.
"C’est..c’est toi ? C’est bien toi ?
- Je savais ! J’ai toujours su que tu étais vivante !"
Avec les retrouvailles, les questions n’étaient pas en reste. En réalité, elles avaient même doublé. Les villages jumeaux Westhar et Esthar, le Dévoreur, l’échec du rituel… Les deux Filles du Torrent se découvraient petit à petit, et pourtant, c’était comme si elles ne s’étaient jamais vraiment quitté, comme si elles se connaissaient déjà par cœur. Ce moment de joie parmi ces retrouvailles n’était cependant pas au goût d’Elyth qui, hélas, était confrontée à l’impudence et la désinvolture de deux élezens, victime des viéras en petite tenue et aux mœurs légères ayant trouvé refuge en Eorzéa. Entre menaces et provocation, les Filles du Torrent durent intervenir afin d’apaiser les tensions quand ce n’était pas cette petite miqo’te blonde qui le faisait. Décidemment, ces intrus réservaient bien des surprises. C’était sans compter sur la flèche sortie des ombres de la cime des arbres de la Mère-Forêt, après que l’élezen noir eut osé un geste amical vers Lhei, qui fut la goutte de trop pour eux. Lhei suspectait cet inconnu qui la suivait partout depuis quelques années désormais et lui implora de les laisser tranquille mais il était trop tard ; les deux élezens partirent, agacés, renforçant cette vision des étrangers "dangereux", aux yeux de la gardienne de Watharan. Lhei ne pouvait pas lui en vouloir ; elle avait beau être tout aussi étonnée qu’elle, elle ne pouvait pas. Tout comme elle aurait besoin de temps pour diriger les informations qui ne cessèrent de s’enchainer, Elyth devrait faire appel aux esprits de la Jungle pour reprendre son calme.
Assises au bord de la rivière, les deux Filles du Torrent discutèrent longuement, leurs pieds effleurant l’eau qui s’écoulaient en dessous.
"Alors toi aussi, tu ne te souviens de rien.
- Les Watharan m’ont trouvée et élevée comme l’une des leurs. Je ne savais pas que j’avais un…peuple, une tribu."
Meleth étirait un de ces sourires que l’on offrait en guise de compassion. Elle semblait savoir tout ce qu’elle avait vécu, de l’émergence de ses pouvoirs aqueux à la sensation de ne pas être à sa place, quand bien même le village de Naatu pouvait être aussi amical qu’elle semblait le décrire. Cette chaumière était la sienne, c’était son petit coin de paradis, l’endroit où elle se sentait plus "elle-même" à l’époque où elle demeurait encore à Golmorre. Elle était venue chercher des affaires ici et visiblement, ses compagnons, ce fameux intrus, avaient fait le choix de braver l’interdit pour l’accompagner. Le monde extérieur semblait si fabuleux, si vaste et si curieux…
Elle lui parla de ses propres interrogations quant à son retour "sans mal" dans la Mère-Forêt. Demeurait encore au cœur de la Jungle, sur la Terre des Torrents, une partie d’elle qui lui offrit un sursis, de quoi l’introduire à sa prochaine destination et le lieu regroupant toutes ses réponses. Elle n’avait pas le temps de lui présenter véritablement l’équipage qu’elle avait choisi de suivre, il lui était déjà bien étrange d’entendre ce mot, "équipage". Le temps allait faire les choses, elles venaient tout juste de se retrouver et pour Lhei, une chose était certaine :
"Tout ceci n’arrive pas sans raison, n’est-ce pas ?"
Plus loin au nord, les vibrations de la tour continuaient sa cacophonie. Tout comme les Watharan, le monde subissait les affres désastreuses de ces « tours de l’apocalypse » d’après Meleth, et la fin du monde approchait à grand pas. Cela expliquait la subjugation de ses sœurs, cela expliquait même la rage incontrôlée des bêtes qui s’étaient trop approchées de l’édifice déchirant le ciel.
S’il était de ces tours du destin, leurs retrouvailles devaient forcément être l’un d’entre eux. Par-delà les terres du Nord, il en était un dans les ombres qui n’attendaient que le retour de son peuple.
"Lhei… ?
- …Meleth ?"
Elle resta sans voix quelques instants, saisie d’un bouleversement dans sa tête et dans sa poitrine. Personne ne comprit ce qu’il se passait, encore moins Elyth qui voyait Meleth se ruer sur son amie pour la saisir dans ses bras et la faire tomber dans l’eau. Lhei ne vit pas tout de suite le groupe plus loin qui, visiblement, en savait bien plus qu’on pouvait le croire.
"C’est..c’est toi ? C’est bien toi ?
- Je savais ! J’ai toujours su que tu étais vivante !"
Avec les retrouvailles, les questions n’étaient pas en reste. En réalité, elles avaient même doublé. Les villages jumeaux Westhar et Esthar, le Dévoreur, l’échec du rituel… Les deux Filles du Torrent se découvraient petit à petit, et pourtant, c’était comme si elles ne s’étaient jamais vraiment quitté, comme si elles se connaissaient déjà par cœur. Ce moment de joie parmi ces retrouvailles n’était cependant pas au goût d’Elyth qui, hélas, était confrontée à l’impudence et la désinvolture de deux élezens, victime des viéras en petite tenue et aux mœurs légères ayant trouvé refuge en Eorzéa. Entre menaces et provocation, les Filles du Torrent durent intervenir afin d’apaiser les tensions quand ce n’était pas cette petite miqo’te blonde qui le faisait. Décidemment, ces intrus réservaient bien des surprises. C’était sans compter sur la flèche sortie des ombres de la cime des arbres de la Mère-Forêt, après que l’élezen noir eut osé un geste amical vers Lhei, qui fut la goutte de trop pour eux. Lhei suspectait cet inconnu qui la suivait partout depuis quelques années désormais et lui implora de les laisser tranquille mais il était trop tard ; les deux élezens partirent, agacés, renforçant cette vision des étrangers "dangereux", aux yeux de la gardienne de Watharan. Lhei ne pouvait pas lui en vouloir ; elle avait beau être tout aussi étonnée qu’elle, elle ne pouvait pas. Tout comme elle aurait besoin de temps pour diriger les informations qui ne cessèrent de s’enchainer, Elyth devrait faire appel aux esprits de la Jungle pour reprendre son calme.
Assises au bord de la rivière, les deux Filles du Torrent discutèrent longuement, leurs pieds effleurant l’eau qui s’écoulaient en dessous.
"Alors toi aussi, tu ne te souviens de rien.
- Les Watharan m’ont trouvée et élevée comme l’une des leurs. Je ne savais pas que j’avais un…peuple, une tribu."
Meleth étirait un de ces sourires que l’on offrait en guise de compassion. Elle semblait savoir tout ce qu’elle avait vécu, de l’émergence de ses pouvoirs aqueux à la sensation de ne pas être à sa place, quand bien même le village de Naatu pouvait être aussi amical qu’elle semblait le décrire. Cette chaumière était la sienne, c’était son petit coin de paradis, l’endroit où elle se sentait plus "elle-même" à l’époque où elle demeurait encore à Golmorre. Elle était venue chercher des affaires ici et visiblement, ses compagnons, ce fameux intrus, avaient fait le choix de braver l’interdit pour l’accompagner. Le monde extérieur semblait si fabuleux, si vaste et si curieux…
Elle lui parla de ses propres interrogations quant à son retour "sans mal" dans la Mère-Forêt. Demeurait encore au cœur de la Jungle, sur la Terre des Torrents, une partie d’elle qui lui offrit un sursis, de quoi l’introduire à sa prochaine destination et le lieu regroupant toutes ses réponses. Elle n’avait pas le temps de lui présenter véritablement l’équipage qu’elle avait choisi de suivre, il lui était déjà bien étrange d’entendre ce mot, "équipage". Le temps allait faire les choses, elles venaient tout juste de se retrouver et pour Lhei, une chose était certaine :
"Tout ceci n’arrive pas sans raison, n’est-ce pas ?"
Plus loin au nord, les vibrations de la tour continuaient sa cacophonie. Tout comme les Watharan, le monde subissait les affres désastreuses de ces « tours de l’apocalypse » d’après Meleth, et la fin du monde approchait à grand pas. Cela expliquait la subjugation de ses sœurs, cela expliquait même la rage incontrôlée des bêtes qui s’étaient trop approchées de l’édifice déchirant le ciel.
S’il était de ces tours du destin, leurs retrouvailles devaient forcément être l’un d’entre eux. Par-delà les terres du Nord, il en était un dans les ombres qui n’attendaient que le retour de son peuple.
"Rentrons chez nous."
Lyssie
Il y a 10 mois et 1 jour
De tous les paysages qu’il lui avait été donné de voir, le village de Westhar surpassait de loin Watharan à ses yeux avec ses innombrables cascades s’écoulant sur la forêt, ses racines noueuses si proéminentes qu’elles en recouvraient le sol et ses arbres toujours plus hauts et toujours plus serrés jusqu’à ce que la lumière ne puisse plus toucher la Terre du Torrent. Oui, il était beau avec cette eau qui ruisselait sans arrêt sous ses pieds, mais il était également de loin le plus silencieux et le plus éteint. Les plantes luminescentes dans cette obscurité enchanteresse laissaient entrevoir une faune timide qui préférait rester discrète, loin d’une menace que la Fille du Torrent de la rive Ouest ressentait de plus en plus depuis qu’ils avaient fait le chemin jusqu’ici. Meleth était là aussi, mais elle avait gagné la rive Est avec les siens pour essayer de percer ses propres mystères. Un parcours similaire qu’elle ne pouvait que comprendre, bien qu’elle avait demandé à Elyth de rester non loin. "J’en aurais seulement pour quelques minutes" qu’elle lui avait dit.
A mesure que Lhei s’aventurait sur la terre de ses ancêtres, les souvenirs de son passé n’avaient cessé de refaire surface. Elle avait revu ce cercle enfermant une vague aqueuse, symbole des tribus jumelles Westhar et Esthar qu’elle avait déjà aperçu sur plusieurs Filles du Torrent, plus jeune. Elle avait revu également ces immenses totems à l’effigie d’un grand serpent noir qui n’arrêtaient pas de lui évoquer cette image d’un Fils du Torrent face à l’Ancienne qui lui remettait un collier de croc. Ce Fils du Torrent, il lui semblait lui rappeler quelqu’un, mais qu’importe sa volonté, elle ne parvenait pas à se souvenir de son visage, ni de son nom.
A mesure que Lhei s’aventurait sur la terre de ses ancêtres, les souvenirs de son passé n’avaient cessé de refaire surface. Elle avait revu ce cercle enfermant une vague aqueuse, symbole des tribus jumelles Westhar et Esthar qu’elle avait déjà aperçu sur plusieurs Filles du Torrent, plus jeune. Elle avait revu également ces immenses totems à l’effigie d’un grand serpent noir qui n’arrêtaient pas de lui évoquer cette image d’un Fils du Torrent face à l’Ancienne qui lui remettait un collier de croc. Ce Fils du Torrent, il lui semblait lui rappeler quelqu’un, mais qu’importe sa volonté, elle ne parvenait pas à se souvenir de son visage, ni de son nom.
"Cours, Lhei, va-t’en !"
Elle tomba genoux à terre, à bout de souffle. Plus elle avançait et plus les stigmates de sa mémoire lui étaient difficiles à supporter. Elle se souvenait de ce jour où le Dévoreur avait frappé. Noah, le deuxième Fils du Torrent, l’avait trouvée en pleurs devant sa mère et l’avait amenée jusqu’à l’autre Fils du Torrent. Ils avaient brièvement échangé et une fois dans les bras de ce mâle, il était parti la mettre en lieu sûr.
"Qu’ai-je fait… ?"
Cela faisait vingt ans qu’elle n’était pas revenue ici et les années n’avaient fait qu’accroître le nombre de ses questions, comme elles n’avaient pas épargné les chaumières perchées dans les arbres, juste au-dessus des ruisseaux et des cascades. Vingt années de silence comblées en à peine quelques jours depuis ses retrouvailles avec Meleth, cela avait de quoi mettre à rude épreuve sa mémoire brisée.
Alors que la pénombre s’intensifia sur le domaine du Torrent, Lhei suivit les fleurs fluorescentes jusqu’à remonter le sentier qui menait à la chaumière dont la grandeur et la façade contrastaient avec les autres maisons en bois séché, signes d’une importance incontestable dans le village désertique. Son instinct l’avait poussée à s’aventurer à l’intérieur duquel, malgré les années, demeurait toujours une ambiance chaleureuse. La chaumière gardait peu de mobilier mais surtout beaucoup de poussières, aussi plaça-t-elle son regard sur la grande tapisserie où six danseuses vêtues de blancs tournoyaient autour d’un gigantesque serpent noir. Elles lui disaient quelque chose et en effleurant la fresque, elle fut prise d’un violent vertige.
Six danseuses vêtues de blanc tournoient autour d’un autel dans une clairière, celle qu’elle n’arrête pas de voir dans ses rêves ces derniers temps. Une brève image d’une forme enfant d’elle-même traverse son corps et les applaudit, le regard admiratif de leurs tenues, de leur grâce et de leur pouvoir. L’eau glisse au sol jusqu’à elles dans de petits sillons formant le symbole de la tribu autour de l’autel. De l’autre côté, elle se voit saluer par une Meleth plus jeune également, une simple enfant. L’enthousiasme dont elles font preuve face à ces danseuses est incommensurable.
Les deux anciennes de chaque parti de la tribu s’avancent et de leur voix mal perçue, elle en discerne tout de même quelques mots.
"Qu’ai-je fait… ?"
Cela faisait vingt ans qu’elle n’était pas revenue ici et les années n’avaient fait qu’accroître le nombre de ses questions, comme elles n’avaient pas épargné les chaumières perchées dans les arbres, juste au-dessus des ruisseaux et des cascades. Vingt années de silence comblées en à peine quelques jours depuis ses retrouvailles avec Meleth, cela avait de quoi mettre à rude épreuve sa mémoire brisée.
Alors que la pénombre s’intensifia sur le domaine du Torrent, Lhei suivit les fleurs fluorescentes jusqu’à remonter le sentier qui menait à la chaumière dont la grandeur et la façade contrastaient avec les autres maisons en bois séché, signes d’une importance incontestable dans le village désertique. Son instinct l’avait poussée à s’aventurer à l’intérieur duquel, malgré les années, demeurait toujours une ambiance chaleureuse. La chaumière gardait peu de mobilier mais surtout beaucoup de poussières, aussi plaça-t-elle son regard sur la grande tapisserie où six danseuses vêtues de blancs tournoyaient autour d’un gigantesque serpent noir. Elles lui disaient quelque chose et en effleurant la fresque, elle fut prise d’un violent vertige.
Six danseuses vêtues de blanc tournoient autour d’un autel dans une clairière, celle qu’elle n’arrête pas de voir dans ses rêves ces derniers temps. Une brève image d’une forme enfant d’elle-même traverse son corps et les applaudit, le regard admiratif de leurs tenues, de leur grâce et de leur pouvoir. L’eau glisse au sol jusqu’à elles dans de petits sillons formant le symbole de la tribu autour de l’autel. De l’autre côté, elle se voit saluer par une Meleth plus jeune également, une simple enfant. L’enthousiasme dont elles font preuve face à ces danseuses est incommensurable.
Les deux anciennes de chaque parti de la tribu s’avancent et de leur voix mal perçue, elle en discerne tout de même quelques mots.
"En ce soir de pleine lune, nous célébrons…
la force de notre père à toutes…
coule dans vos veines."
la force de notre père à toutes…
coule dans vos veines."
Tout à coup, l’eau devient alors noire et recouvre l’ensemble du cercle sur lequel dansent les prêtresses qui pataugent maintenant dans une noire sombre, complètement poisseuse. Et surtout, cette eau grimpe et rampe le long de leurs jambes… Ce qui était beau et lumineux il y a à peine quelques minutes serait maintenant presque angoissant mais aucune des spectatrices ne semblent apeurées.
Lhei se tint la tête, vacillant sur le côté avant de se retenir contre un des seuls meubles de la chaumière. Sa tête envahie d’images éclairs ne lui laissèrent pas le temps de se ressaisir car alors que cette première vision prit fin, une autre prit le relais.
La panique est omniprésente au cœur de ce tourbillon aqueux. Lhei se voit adolescente, une quinzaine d’années tout au plus, au centre du typhon dans lequel dansent les six sirènes autour d’elle. Plus elles dansent et plus elle se sent envahie d’une puissance immense, trop puissante même et de plus en plus incontrôlable. Cette panique la prend à la gorge, elle hurle et le tourbillon qui l’enfermait explose et laisse place à une forme sombre devant elle, noire et couverte de fumée… Un appétit dévorant. La terreur à l’état pur.
Finalement, elle revint à elle, essoufflée et marquée par un sentiment de panique indomptable. Elle quitta à la hâte la chaumière et courut jusqu’à en perdre haleine au cœur du village, bondissant d’arbre en arbre sans jamais prêter attention à l’ombre qui la suivait depuis le début de toute cette histoire. La vitesse à laquelle elle courrait balayait quelques larmes sur son sillage.
Lhei en avait assez des questions sans réponse et qu’importe ce qu’elle pouvait faire, il en venait de plus en plus, incapable de les arrêter. Même au sein de la dernière chaumière dans laquelle elle trouva les atours des prêtresses enfermés dans six coffres différents -qu’elle était parvenue à ouvrir à l’aide de son cristal de danseuse incrustée dans son bijou frontal- rien n’avait pu apaiser sa soif de réponses. Au contraire, tout à Westhar ne faisait que l’attiser.
"Es-tu là ?!"
Elle sentait encore la présence du Fils du Torrent dans les environs, l’esprit sauvage et indomptable demeurant à ses côtés depuis toujours, d’autant plus depuis qu’elle avait foulé le sol de son passé. Elle avait pratiquement vu son visage, elle savait désormais qu’il était lié à sa tribu ; mais de toutes les réponses qu’elle espérait recevoir, ce fut ce même chant qui se répéta dans la jungle, juste derrière elle.
"Qu’est-il arrivé à mon village… ? Pourquoi je n’ai pas ce symbole, alors que Meleth et ces danseuses l’ont ? Pourquoi je ne l’ai pas, si j’ai ce cristal ?!"
Lhei se tint la tête, vacillant sur le côté avant de se retenir contre un des seuls meubles de la chaumière. Sa tête envahie d’images éclairs ne lui laissèrent pas le temps de se ressaisir car alors que cette première vision prit fin, une autre prit le relais.
La panique est omniprésente au cœur de ce tourbillon aqueux. Lhei se voit adolescente, une quinzaine d’années tout au plus, au centre du typhon dans lequel dansent les six sirènes autour d’elle. Plus elles dansent et plus elle se sent envahie d’une puissance immense, trop puissante même et de plus en plus incontrôlable. Cette panique la prend à la gorge, elle hurle et le tourbillon qui l’enfermait explose et laisse place à une forme sombre devant elle, noire et couverte de fumée… Un appétit dévorant. La terreur à l’état pur.
Finalement, elle revint à elle, essoufflée et marquée par un sentiment de panique indomptable. Elle quitta à la hâte la chaumière et courut jusqu’à en perdre haleine au cœur du village, bondissant d’arbre en arbre sans jamais prêter attention à l’ombre qui la suivait depuis le début de toute cette histoire. La vitesse à laquelle elle courrait balayait quelques larmes sur son sillage.
Lhei en avait assez des questions sans réponse et qu’importe ce qu’elle pouvait faire, il en venait de plus en plus, incapable de les arrêter. Même au sein de la dernière chaumière dans laquelle elle trouva les atours des prêtresses enfermés dans six coffres différents -qu’elle était parvenue à ouvrir à l’aide de son cristal de danseuse incrustée dans son bijou frontal- rien n’avait pu apaiser sa soif de réponses. Au contraire, tout à Westhar ne faisait que l’attiser.
"Es-tu là ?!"
Elle sentait encore la présence du Fils du Torrent dans les environs, l’esprit sauvage et indomptable demeurant à ses côtés depuis toujours, d’autant plus depuis qu’elle avait foulé le sol de son passé. Elle avait pratiquement vu son visage, elle savait désormais qu’il était lié à sa tribu ; mais de toutes les réponses qu’elle espérait recevoir, ce fut ce même chant qui se répéta dans la jungle, juste derrière elle.
"Qu’est-il arrivé à mon village… ? Pourquoi je n’ai pas ce symbole, alors que Meleth et ces danseuses l’ont ? Pourquoi je ne l’ai pas, si j’ai ce cristal ?!"
"Pourquoi je ne l’ai pas ? Réponds-moi !"
Dit l’écho lointain de son passé dans sa tête.
Dit l’écho lointain de son passé dans sa tête.
Le chant se précisa davantage, comme d’une réponse abstraite. La voix grave et masculine était si profonde qu’elle en ressentait chaque vibration le long de son échine. Il était derrière elle, elle n’avait qu’à se tourner pour mettre enfin un visage sur cette voix… Pourtant, elle avait l’intime conviction que ce n’était pas le bon choix à faire et elle eût raison. Elle sentit soudainement le contact chaud de l’index de ce mâle effleurer le bas de sa nuque, il lui incrusta l’emblème des tribus jumelles qui lui provoqua un drôle de frisson dans tout le corps. Aucune souffrance, c’était comme si une rivière coulait sur sa peau, jusqu’à ce qu’elle sente une sorte de courant monter en elle…
La Bénédiction du Torrent.
C’était comme si d’un coup les cascades chantaient plus fort, comme si elle ressentait la moindre gouttelette d’eau. Le chant mourut au cœur de celui des chutes d’eau plus loin et pour la première fois en deux ans, cette ombre qui l’avait toujours suivit lui adressa ses premiers mots dans un murmure grave. Il lui inspirait autant du respect que de la crainte.
La Bénédiction du Torrent.
C’était comme si d’un coup les cascades chantaient plus fort, comme si elle ressentait la moindre gouttelette d’eau. Le chant mourut au cœur de celui des chutes d’eau plus loin et pour la première fois en deux ans, cette ombre qui l’avait toujours suivit lui adressa ses premiers mots dans un murmure grave. Il lui inspirait autant du respect que de la crainte.
"Le Torrent acclame sa nouvelle Sirène."