[LHEI] Tome III - Les Eaux Noires
Lyssie
Il y a 10 mois et 1 jour
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Le silence, le vide, l'obscurité. En une fraction de secondes, la Fille du Torrent en symbiose avec l'eau de ses cristaux n'entendait plus personne ni ne ressentait la douleur, mais elle gisait dans son propre sang contre le marbre vieilli des vestiges d'un temps passé. Hélas, le démon, lui, devenait plus fort. Alors, c'était comme ça que finirait son histoire ?
Lhei pouvait la sentir, cette peur indescriptible qui s'empara petit à petit de son corps. Un sentiment incontrôlable qui reflétait la puissance des Eaux Noires tapies au fond d'elle.
Non... Je... ne veux pas mourir ici... Je ne peux pas finir ainsi. Non... Non ! NON !
Il n'était pas prévu que cette créature soit présente, ni qu'elle soit aussi puissante. Lhei avait tenu à participer à cette mission pour se familiariser avec le monde du néant dont elle entendait souvent parler, mais elle était loin de s'imaginer affronter un être aussi robuste. Asmodeus, un démon de rang S, en quête d'un livre écrit dans une ancienne langue... De toute évidence, Lhei avait encore beaucoup à apprendre.
Ce n'était peut-être pas de cette manière qu'elle aurait voulu apprendre.
Personne ne comprit sur le coup quand une explosion souffla les vagues d'énergies ténébreuses de la grotte. Lorsque ses comparses tournèrent la tête pour connaître son origine, elles ne virent qu'un ouragan noir et opaque tourbillonner autour de la Fille du Torrent dont on ne distinguait plus que sa silhouette ainsi qu'un regard lumineux et spirituel. L'eau, tirée des fioles d'eau sacrée ou encore des nombreux cristaux d'eau de la viéra, ressemblait au courant d'un torrent déchaîné qui s'apprêtait à se déferler sur la créature. Si c'était bien Lhei aux commandes, elle n'en avait plus les traits. Silencieuse, ce fut en un coup maîtrisé et particulièrement violent qu'elle dirigea subitement toutes ses eaux noires sur le démon ailé qui accusa la déferlante les bras en croix devant son visage. La pression était telle qu'il recula sur plusieurs mètres, ses pattes marquant le sol sous l'effet du flux inarrêtable. Ses bras laissèrent échapper une fumée blanche, peut-être que ce démon n'était pas si invincible que ça tout compte fait.
Avelyn au sol releva son regard sur la Fille du Torrent, elle contrastait drastiquement avec celle qui avait passé l'examen médical, mais elle ne put rester éveillée très longtemps. Aussitôt la déferlante terminée, la bête posait un nouveau regard sur Lhei, plus respectueux. D'un seul coup, il fusa sur elle pour lui asséner un violent coup de griffes, mais c'était sous-estimer cette viéra qui, contre toute attente, n'était plus vraiment elle-même.
Avant même que le coup ne l'atteigne, les eaux noires se ruèrent sur la viéra pour former un mur aqueux et opaque, où se reflétaient les ténèbres du Serpent Noir. La main de la bête laissa de nouveau échapper cette même fumée blanche, mais cela ne s'arrêta pas là. Sous les katas d'Aiko, les Eaux Noires de la Fille du Torrent se détournèrent pour se joindre à l'huile astrale de la raenne, formant à elles deux têtes de serpent qui mordirent la créature dans le dos, plantant leurs poisons à l'intérieur. Une attaque combinée relativement marquante, faisant grincer pour la deuxième fois la créature.
La déferlante revient s'engouffrer dans l'ouragan de la viéra dont on ne distinguait plus le visage, si ce n'est ses yeux luminescents. Le bout de ses cheveux se tinta d'un bleu profond et son tatouage à la nuque brilla doucement...
Lhei pouvait la sentir, cette peur indescriptible qui s'empara petit à petit de son corps. Un sentiment incontrôlable qui reflétait la puissance des Eaux Noires tapies au fond d'elle.
Non... Je... ne veux pas mourir ici... Je ne peux pas finir ainsi. Non... Non ! NON !
Il n'était pas prévu que cette créature soit présente, ni qu'elle soit aussi puissante. Lhei avait tenu à participer à cette mission pour se familiariser avec le monde du néant dont elle entendait souvent parler, mais elle était loin de s'imaginer affronter un être aussi robuste. Asmodeus, un démon de rang S, en quête d'un livre écrit dans une ancienne langue... De toute évidence, Lhei avait encore beaucoup à apprendre.
Ce n'était peut-être pas de cette manière qu'elle aurait voulu apprendre.
Personne ne comprit sur le coup quand une explosion souffla les vagues d'énergies ténébreuses de la grotte. Lorsque ses comparses tournèrent la tête pour connaître son origine, elles ne virent qu'un ouragan noir et opaque tourbillonner autour de la Fille du Torrent dont on ne distinguait plus que sa silhouette ainsi qu'un regard lumineux et spirituel. L'eau, tirée des fioles d'eau sacrée ou encore des nombreux cristaux d'eau de la viéra, ressemblait au courant d'un torrent déchaîné qui s'apprêtait à se déferler sur la créature. Si c'était bien Lhei aux commandes, elle n'en avait plus les traits. Silencieuse, ce fut en un coup maîtrisé et particulièrement violent qu'elle dirigea subitement toutes ses eaux noires sur le démon ailé qui accusa la déferlante les bras en croix devant son visage. La pression était telle qu'il recula sur plusieurs mètres, ses pattes marquant le sol sous l'effet du flux inarrêtable. Ses bras laissèrent échapper une fumée blanche, peut-être que ce démon n'était pas si invincible que ça tout compte fait.
Avelyn au sol releva son regard sur la Fille du Torrent, elle contrastait drastiquement avec celle qui avait passé l'examen médical, mais elle ne put rester éveillée très longtemps. Aussitôt la déferlante terminée, la bête posait un nouveau regard sur Lhei, plus respectueux. D'un seul coup, il fusa sur elle pour lui asséner un violent coup de griffes, mais c'était sous-estimer cette viéra qui, contre toute attente, n'était plus vraiment elle-même.
Avant même que le coup ne l'atteigne, les eaux noires se ruèrent sur la viéra pour former un mur aqueux et opaque, où se reflétaient les ténèbres du Serpent Noir. La main de la bête laissa de nouveau échapper cette même fumée blanche, mais cela ne s'arrêta pas là. Sous les katas d'Aiko, les Eaux Noires de la Fille du Torrent se détournèrent pour se joindre à l'huile astrale de la raenne, formant à elles deux têtes de serpent qui mordirent la créature dans le dos, plantant leurs poisons à l'intérieur. Une attaque combinée relativement marquante, faisant grincer pour la deuxième fois la créature.
La déferlante revient s'engouffrer dans l'ouragan de la viéra dont on ne distinguait plus le visage, si ce n'est ses yeux luminescents. Le bout de ses cheveux se tinta d'un bleu profond et son tatouage à la nuque brilla doucement...
Sur la rive du fleuve, une main sortit brusquement de l'eau encore noire pour s'agripper à la première branche assez solide pour l'aider à se hisser sur la berge. Épuisé, le viéra rampa lentement sur l'herbe avant de se laisser tomber sur le dos, le visage face à la lune, le temps de reprendre son souffle.
Les stries noires dans le blanc de ses yeux pulsèrent en rythme avec ses marques tribales avant de s'éteindre complètement.
Les stries noires dans le blanc de ses yeux pulsèrent en rythme avec ses marques tribales avant de s'éteindre complètement.
"Elle a éclos."
Lyssie
Il y a 10 mois et 1 jour
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"Bonjour Lhei ! Vous êtes en avance ce matin."
Le marchant sourit, voyant la jeune viéra passer devant lui en dansant sur le pavé de marbre, légère et gracieuse comme toujours malgré l’épais manteau qui couvrait ses épaules. Elle tenait dans ses bras plusieurs gros livres qu’elle empruntait régulièrement au Noumène depuis quelques lunes, tous avec des titres presque aussi longs que le contenu qu’ils renfermaient. Elle sourit en retour, se libérant une main pour le saluer à la fois de manière chaleureuse et distante. Depuis son combat contre Asmodeus et sa virée à Jokün avec Luka, Noah et Meleth, elle s’empêchait de s’approcher de trop près des humains.
Le brouhaha des étudiants se mêlaient à celui des marchands sur la place de l'Agora quand ce n’était pas celui du Dernier Rempart qu’elle entendait en bas du pont sur lequel elle continuait de danser, évitant de justesse quelques professeurs qui avaient le nez plongé dans leurs écrits.
"Bonjour Lhei." la salua une passante qui travaillait à l’Aile des Collectionneurs. À nouveau, la viéra répondit d’un signe de la main tout en pénétrant les grandes portes du Noumène.
Le bruit des chuchotements, le son des crayons gribouillant les carnets d’études et des pages qui se tournent. Elle arrêta de danser lorsqu’elle fit face au libraire aux oreilles pointues et déposa ses livres sur le comptoir. Ce dernier remonta ses lunettes et, en voyant Lhei, ne réprima pas son sourire.
"Bonjour, Lhei. Avez-vous trouvé ce que vous cherchiez ?
- Non… Pas encore."
Elle ne comptait plus les jours, ni les semaines et encore moins les lunes où elle revenait rendre les livres qu’elle avait emprunté sans en savoir plus sur Ouran, ni le Roi d’Azur. Les deux représentaient tout ce qu’elle désirait savoir : des secrets sur le culte du Torrent, mais également l’origine du Dévoreur. Bien sûr, à force d’acharnement, elle avait réussi à récupérer quelques informations, comme le fait qu’elle était désormais sûre et certaine qu’Ouran avait bel et bien existé avant le sixième fléau quelque part très loin à l’ouest.
Mais c’était trop peu et ses recherches l’avaient même mené à s’éloigner de la Rose quelques temps durant.
Le marchant sourit, voyant la jeune viéra passer devant lui en dansant sur le pavé de marbre, légère et gracieuse comme toujours malgré l’épais manteau qui couvrait ses épaules. Elle tenait dans ses bras plusieurs gros livres qu’elle empruntait régulièrement au Noumène depuis quelques lunes, tous avec des titres presque aussi longs que le contenu qu’ils renfermaient. Elle sourit en retour, se libérant une main pour le saluer à la fois de manière chaleureuse et distante. Depuis son combat contre Asmodeus et sa virée à Jokün avec Luka, Noah et Meleth, elle s’empêchait de s’approcher de trop près des humains.
Le brouhaha des étudiants se mêlaient à celui des marchands sur la place de l'Agora quand ce n’était pas celui du Dernier Rempart qu’elle entendait en bas du pont sur lequel elle continuait de danser, évitant de justesse quelques professeurs qui avaient le nez plongé dans leurs écrits.
"Bonjour Lhei." la salua une passante qui travaillait à l’Aile des Collectionneurs. À nouveau, la viéra répondit d’un signe de la main tout en pénétrant les grandes portes du Noumène.
Le bruit des chuchotements, le son des crayons gribouillant les carnets d’études et des pages qui se tournent. Elle arrêta de danser lorsqu’elle fit face au libraire aux oreilles pointues et déposa ses livres sur le comptoir. Ce dernier remonta ses lunettes et, en voyant Lhei, ne réprima pas son sourire.
"Bonjour, Lhei. Avez-vous trouvé ce que vous cherchiez ?
- Non… Pas encore."
Elle ne comptait plus les jours, ni les semaines et encore moins les lunes où elle revenait rendre les livres qu’elle avait emprunté sans en savoir plus sur Ouran, ni le Roi d’Azur. Les deux représentaient tout ce qu’elle désirait savoir : des secrets sur le culte du Torrent, mais également l’origine du Dévoreur. Bien sûr, à force d’acharnement, elle avait réussi à récupérer quelques informations, comme le fait qu’elle était désormais sûre et certaine qu’Ouran avait bel et bien existé avant le sixième fléau quelque part très loin à l’ouest.
Mais c’était trop peu et ses recherches l’avaient même mené à s’éloigner de la Rose quelques temps durant.
"Chocolat chaud ?"
La voix de Meleth la tira soudainement de sa lecture et de ses innombrables notes accrochées un peu partout dans sa chambre. Depuis quelques temps, on pouvait difficilement marcher sans écraser une boule en papier, résultat de la grande frustration de la viéra en plein dans ses recherches.
"Euh... Oui.
- Fais attention de ne pas te surmener."
Meleth déposa la tasse Mog fumante juste devant la viéra. Lhei voulait la rassurer, mais en regardant ses yeux inquiets elle savait que son mensonge n’allait pas faire long feu. Elle soupira, l’air aussi fatiguée qu’agacée.
"Tu as trouvé quelque chose ?
- Non, mais je sens que j’y suis presque. Encore quelques livres à éplucher et je pense que ce sera bon.
- Hm... J’ai laissé de la tarte à la citrouille dans la cuisine si tu veux prendre une pause."
Même sans parler, elles se comprenaient. Elles n’avaient qu’à être dans la même pièce pour comprendre les sentiments de l’autre, comme cette fois dans la Temple du Torrent où Lhei se réfugiait souvent lorsqu’elle était contrariée par les décisions des aînées et que Meleth venait la rejoindre pour simplement s’asseoir à ses côtés et laisser le temps faire son effet quand les mots ne le pouvaient pas. Ou encore cette fois où c’était Meleth qui s’était terrée dans la grotte derrière la cascade au nord de Westhar à cause de son différend avec la doyenne d’Esthar. Ce jour-là, Lhei l’avait rejointe et n’avait rien dit, ni porter aucun jugement dans son regard si ce n’est l’inviter à danser avec les gouttes tombantes afin de lui changer les idées. Oui, elles avaient cette connexion tacite, une sorte de lien semblable au Vert-Mot finalement.
Après un échange de regard bref, Meleth laissa Lhei seule dans sa chambre. On pouvait l’entendre quitter la chaumière pour braver la pluie torrentielle dehors en cette soirée de veillée, elle avait cette étrange histoire d’objets qui disparaissent à régler.
La voix de Meleth la tira soudainement de sa lecture et de ses innombrables notes accrochées un peu partout dans sa chambre. Depuis quelques temps, on pouvait difficilement marcher sans écraser une boule en papier, résultat de la grande frustration de la viéra en plein dans ses recherches.
"Euh... Oui.
- Fais attention de ne pas te surmener."
Meleth déposa la tasse Mog fumante juste devant la viéra. Lhei voulait la rassurer, mais en regardant ses yeux inquiets elle savait que son mensonge n’allait pas faire long feu. Elle soupira, l’air aussi fatiguée qu’agacée.
"Tu as trouvé quelque chose ?
- Non, mais je sens que j’y suis presque. Encore quelques livres à éplucher et je pense que ce sera bon.
- Hm... J’ai laissé de la tarte à la citrouille dans la cuisine si tu veux prendre une pause."
Même sans parler, elles se comprenaient. Elles n’avaient qu’à être dans la même pièce pour comprendre les sentiments de l’autre, comme cette fois dans la Temple du Torrent où Lhei se réfugiait souvent lorsqu’elle était contrariée par les décisions des aînées et que Meleth venait la rejoindre pour simplement s’asseoir à ses côtés et laisser le temps faire son effet quand les mots ne le pouvaient pas. Ou encore cette fois où c’était Meleth qui s’était terrée dans la grotte derrière la cascade au nord de Westhar à cause de son différend avec la doyenne d’Esthar. Ce jour-là, Lhei l’avait rejointe et n’avait rien dit, ni porter aucun jugement dans son regard si ce n’est l’inviter à danser avec les gouttes tombantes afin de lui changer les idées. Oui, elles avaient cette connexion tacite, une sorte de lien semblable au Vert-Mot finalement.
Après un échange de regard bref, Meleth laissa Lhei seule dans sa chambre. On pouvait l’entendre quitter la chaumière pour braver la pluie torrentielle dehors en cette soirée de veillée, elle avait cette étrange histoire d’objets qui disparaissent à régler.
"Eurêka !"
Un éclair pourfendit le ciel noir, couvrant l’exclamation de la joie de la viéra. Il n’était pas encore minuit quand elle dévala les escaliers à toute vitesse, bondissant par-dessus les cinq dernières marches pour atterrir sur ses pieds dans la cuisine. Hélas, elle n’eût de réponse que de Vaya, le petit naga trouillard, et de Flynn qui piaillait gaiement. Lhei sourit légèrement, les traits de son visage tirés par la fatigue.
"Ah oui, c’est vrai… Ils sont tous occupés ce soir."
Elle soupira en silence, au moins pouvait-elle savourer cette victoire qui marquait la fin de nombreuses lunes de recherches intensives. Son repos n’était pourtant que de courte durée puisqu’en se retournant pour regagner sa chambre, elle percuta le torse tout peinturé de Luka qui se tenait derrière elle depuis tout ce temps. Son regard ferme et taciturne, il dégageait cette puissance sauvage qu’elle avait l’habitude de voir.
"Fils du Torrent.
- Mh. Qu’as-tu trouvé ?
- Tout un tas d’informations sur Ouran, pour ce que cela veut dire."
Luka passa à côté d’elle et d’une impulsion modérée, il gagna la charpente en bois juste au-dessus de la viéra pour s’y asseoir, laissant une jambe ballante dans le vide. La cendre dans ses cheveux avait fini par teinter définitivement sa chevelure sombre, il n’avait presque jamais été aussi fier d’un tel acte.
D’un regard, il l’intima à parler. C’est en s’asseyant à son tour proche de la cheminée qu’elle lui raconta absolument tout : elle lui décrit cette cité aux pierres blanches bâtie sur une île qui en était quasi-entièrement recouverte, quelque part très loin à l’ouest. D’après les marchands et les érudits qui avaient voyagé là-bas, la cité était réputée pour son commerce de perles, de plantes aquatiques bien qu’elle ne fût pas connue pour être un port commercial, ni même détentrice de bons marchands. Pourtant, sans comprendre comment, les habitants ne manquaient jamais de poisson pour se nourrir, de perles et de coraux pour confectionner de magnifiques bijoux et d’un climat doux toute l’année, propice à une culture autosuffisante. Toutes ces informations, Lhei les tenait d’un certain "Laurent Weller", un érudit correct de son équipe qui prétendait avoir visité la ville il y a de cela plus d’un siècle avant le sixième fléau. Il aurait été reçu par le souverain local, donc un roi. Mais pour Lhei, le plus intéressant était la description qu’il faisait du temple.
"Ils priaient un dieu sans visage et sans nom, dont ils parlent comme celui qui domine la mer et le ciel, qui soulève les tempêtes et fait tomber la pluie, lève le brouillard et lave les péchés. Source de toute vie, l'eau est le début et la fin de toute chose et c'est par ces mots que chaque prière entendue entre ces murs commence et s'achève."
Pour le savant, il était indéniable que le peuple de la cité d’Ouran priait une forme dérivée de Llymlaen, ainsi il décrivait les navires et les navigateurs comme "exceptionnels". C’était pourtant la mention, l’allusion brève mais importante d’un orbe situé dans le temple et dont la couleur bleue iridescente qui s’accordait aux joyaux de la couronne qui avait tenu en haleine les deux enfants du Torrent. Comme dans leur vision, les écrits parlaient des bijoux que la famille du Roi portait. C’était précisément ce pan dans ses recherches qui l’avait tenu encore loin de la Rose, puisqu’elle venait tout juste de savoir que ces joyaux s’agissaient de la "Bénédiction du Roi d’Azur", impossible à commercialiser.
Les seules mentions du Roi d’Azur se trouvaient dans un ouvrage sur une tribu reculée sur la côte est du continent de Tural, dans le Nouveau Monde. Elle n’avait pas trouvé son nom, ni ne connaissait quoi que ce soit de cette tribu, mais elle savait qu’il y avait un petit groupe de gens là-bas qui vénérait une divinité locale dont le surnom était le "Roi d’Azur".
Son vrai nom était Quetzalcóatl.
Un éclair pourfendit le ciel noir, couvrant l’exclamation de la joie de la viéra. Il n’était pas encore minuit quand elle dévala les escaliers à toute vitesse, bondissant par-dessus les cinq dernières marches pour atterrir sur ses pieds dans la cuisine. Hélas, elle n’eût de réponse que de Vaya, le petit naga trouillard, et de Flynn qui piaillait gaiement. Lhei sourit légèrement, les traits de son visage tirés par la fatigue.
"Ah oui, c’est vrai… Ils sont tous occupés ce soir."
Elle soupira en silence, au moins pouvait-elle savourer cette victoire qui marquait la fin de nombreuses lunes de recherches intensives. Son repos n’était pourtant que de courte durée puisqu’en se retournant pour regagner sa chambre, elle percuta le torse tout peinturé de Luka qui se tenait derrière elle depuis tout ce temps. Son regard ferme et taciturne, il dégageait cette puissance sauvage qu’elle avait l’habitude de voir.
"Fils du Torrent.
- Mh. Qu’as-tu trouvé ?
- Tout un tas d’informations sur Ouran, pour ce que cela veut dire."
Luka passa à côté d’elle et d’une impulsion modérée, il gagna la charpente en bois juste au-dessus de la viéra pour s’y asseoir, laissant une jambe ballante dans le vide. La cendre dans ses cheveux avait fini par teinter définitivement sa chevelure sombre, il n’avait presque jamais été aussi fier d’un tel acte.
D’un regard, il l’intima à parler. C’est en s’asseyant à son tour proche de la cheminée qu’elle lui raconta absolument tout : elle lui décrit cette cité aux pierres blanches bâtie sur une île qui en était quasi-entièrement recouverte, quelque part très loin à l’ouest. D’après les marchands et les érudits qui avaient voyagé là-bas, la cité était réputée pour son commerce de perles, de plantes aquatiques bien qu’elle ne fût pas connue pour être un port commercial, ni même détentrice de bons marchands. Pourtant, sans comprendre comment, les habitants ne manquaient jamais de poisson pour se nourrir, de perles et de coraux pour confectionner de magnifiques bijoux et d’un climat doux toute l’année, propice à une culture autosuffisante. Toutes ces informations, Lhei les tenait d’un certain "Laurent Weller", un érudit correct de son équipe qui prétendait avoir visité la ville il y a de cela plus d’un siècle avant le sixième fléau. Il aurait été reçu par le souverain local, donc un roi. Mais pour Lhei, le plus intéressant était la description qu’il faisait du temple.
"Ils priaient un dieu sans visage et sans nom, dont ils parlent comme celui qui domine la mer et le ciel, qui soulève les tempêtes et fait tomber la pluie, lève le brouillard et lave les péchés. Source de toute vie, l'eau est le début et la fin de toute chose et c'est par ces mots que chaque prière entendue entre ces murs commence et s'achève."
Pour le savant, il était indéniable que le peuple de la cité d’Ouran priait une forme dérivée de Llymlaen, ainsi il décrivait les navires et les navigateurs comme "exceptionnels". C’était pourtant la mention, l’allusion brève mais importante d’un orbe situé dans le temple et dont la couleur bleue iridescente qui s’accordait aux joyaux de la couronne qui avait tenu en haleine les deux enfants du Torrent. Comme dans leur vision, les écrits parlaient des bijoux que la famille du Roi portait. C’était précisément ce pan dans ses recherches qui l’avait tenu encore loin de la Rose, puisqu’elle venait tout juste de savoir que ces joyaux s’agissaient de la "Bénédiction du Roi d’Azur", impossible à commercialiser.
Les seules mentions du Roi d’Azur se trouvaient dans un ouvrage sur une tribu reculée sur la côte est du continent de Tural, dans le Nouveau Monde. Elle n’avait pas trouvé son nom, ni ne connaissait quoi que ce soit de cette tribu, mais elle savait qu’il y avait un petit groupe de gens là-bas qui vénérait une divinité locale dont le surnom était le "Roi d’Azur".
Son vrai nom était Quetzalcóatl.
Minuit sonna. Gridania, parée de lanternes à tête de citrouille et d’épouvantails, grouillait encore de monde à cette heure-ci en cette soirée de veillée. Sur les chemins les enfants habillés en fantôme ou en sorcière riaient aux éclats, heureux de jouer des tours ou de récolter des bonbons. Certains s’arrêtaient même devant Lhei pour la pointer de leur baguette "magique" avant de partir, riant. Pour l’occasion, Luka avait fait l’effort de l’amener à la fête qui battait son plein à l’amphithéâtre de Mih-Khetto. Ils découvrirent tous deux cette coutume un peu étrange et pourtant, elle leur rappelait cette offrande aux morts qu’ils avaient à leur tribu lors de l’équinoxe d’automne.
Ils s’arrêtèrent au bord d’un ruisseau entouré de tête de citrouilles, l’air y était plus frais mais autour d’eux, l’eau faisait des remous. Le Fils du Torrent la regarda et lui tendit la main.
Ils s’arrêtèrent au bord d’un ruisseau entouré de tête de citrouilles, l’air y était plus frais mais autour d’eux, l’eau faisait des remous. Le Fils du Torrent la regarda et lui tendit la main.
"Danse pour moi et laisse de nouveau le Torrent t’emporter."