[Personnel] Les Mystères du Torrent
Lyssie
Il y a 10 mois et 23 heures
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Cette trame personnelle concerne Lhei, Luka, Meleth et Noah, les textes postées ci-dessous sont autant nos écritures ping-pong que l'on adore que nos découvertes. Pour les plus curieux, c'est tout à fait possible de rejoindre !
[bandeau à venir !]
Une à une, les étoiles apparurent au son des tambours et des carillons. Dans la clairière, chaque viéra sombre comme la nuit s'était vêtue de blanc pour leur ressembler. Six dansaient en cercle autour de la statue du gardien du fleuve, serpent noir aux yeux de glace, faisant jaillir l'eau de tous côtés au-dessus de leurs congénères. Les sentinelles applaudirent, deux d'entre elles tenant leurs enfants dans les bras pour mieux voir le jeune gardebois entrer dans le cercle, le corps entièrement peint de symboles blanc comme la lune, sa dernière nuit parmi les siens avant de partir pour le temple.
Assises sur une large pierre plate, seules les deux anciennes ne se mêlaient pas la fête, fixant le jeune garçon au regard si sérieux.
"Deux fils en moins de cinquante ans, Reinha tu peux être fière.
- Penses-tu ? lui répondit l'autre en portant sa coupe en bois à ses lèvres. Cela signifie qu'ils meurent plus tôt, qu'ils s'affaiblissent ou bien que le mal grandit."
L'autre ferma les yeux, voyant qu'elle ne lâchait pas du regard son cadet. Là où toutes les sœurs, les mères, célèbrent l'avènement d'un nouveau Fils du Torrent, celle-ci s'assombrissait.
"Tes fils sont forts, comme leur père avant eux. Ton aîné protège la rive Est avec la puissance d'une panthère, celui-ci ne fera pas exception.
- Et qu'en est-il de nos filles, Mirin ?"
Reinha se redressa pour changer de position avant de reprendre, laissant à sa congénère le temps de chercher du regard les deux enfants tirant sur les mains de leurs mères pour se joindre à la fête en toute insouciante. La musique montait dans la clairière autant que les incantations et les appels, un autre gardebois venait d'entrer dans la clairière, plus âgé et musculeux, lance dans le dos et flûte aux lèvres provoquant la joie de la tribu entière : un autre revient en vie.
"Deux filles seulement en dix ans, les hommes ne viennent plus à notre rencontre et Noah n'a pas de descendance.
- C'est inhabituel, certes, mais pas au point de s'en inquiéter. Nous avons connu d'autres périodes infécondes.
- Il se passe des choses à l'Ouest. L'Empire venu du Nord a de nouveau tenté d'entrer dans la jungle, il y a eu des morts cette fois. N'as-tu jamais songé que les puissances qui s'éveillent à l'Est sont la volonté de notre Mère-Forêt ? Quand le tigre saigne, il attaque plus fort. L'étranger est-il toujours sous ta surveillance ?"
Mirin fronça les sourcils.
"La forêt ne le tolèrera pas indéfiniment, mais nous l'avons sous bonne garde ainsi que les graines qu'il a semé.
- Nous devons procéder au rituel."
Il y eut un silence entre les deux chamanes, comme si le temps s'était suspendu sur la pierre plate tandis que devant elles les silhouettes viéras dansaient toujours à la lumière des braseros.
"Nous ne pouvons pas encore, les étoiles ne seront pas alignées avant plusieurs solstices. D'ici là, la situation aura peut-être changée.
- L'étranger voudra s'en emparer, mais nous pouvons le contrôler. Nous sommes nées sur ces terres."
Mirin souffla derrière sa coupe, mais Reinha insista :
"Luka est trop jeune, mais dans quelques années quand il reviendra, et si la situation n'a pas changé d'ici là, nous invoquerons le Dévoreur pour chasser les intrus hors de nos bois, Gestr avec lui.
- L'Empire sera repoussé à l'Ouest, et les pouvoirs qui s'éveillent à l'Est s'endormiront à nouveau ; c'est ce que tu espères.
- Avant que notre tribu s'éteigne, Mirin, avant que nous ne perdions les derniers hommes qui nous restent."
Elle marqua un temps, son regard venait de croiser celui des deux Fils du Torrent debout au milieu des prêtresses venant leur offrir boisson et nourriture.
"Avant que mes deux garçons ne sombrent dans les Abysses."
Debout dans la lumière, l'Aîné du Torrent leva les yeux vers le temple dont le sommet dépassait des arbres.
"Tu es moi, je suis toi.
Ce que je vois, tu le verras.
Ma force, mes Filles et ma Voix,
Par ton corps me reviendra."
Dans l'antichambre de l'Oracle, il sentit se fermer sur lui les portes de pierre. Seul face à la représentation de ce qu'il était supposé incarner, le Fils du Torrent s'agenouilla. Les peintures brillantes sur son corps reflétaient l'éclat bleuté de l'eau versée sur l'emblème de la tribu à ses pieds. Moins de deux centimètres de profondeur dans lesquels il s'agenouilla pour méditer. Les yeux fermés, il n'entendit bientôt plus un son ; le Vermot semblait s'être tut. L'eau sous ses genoux devint noire, épaisse, sans bouger il s'y enfonça lentement jusqu'à disparaître.
Dans l'obscurité la plus totale, ses pieds touchent le sol. S'il parvient à respirer, il manque de souffle, écrasé par la pression de l'eau. Autour de lui, il peut entendre le fracas de l'énorme corps du serpent noir contre la roche. Il ne peut que l'entrevoir, mais sa seule présence impose le respect et la crainte. Il est seul dans son antre, sa vie ne tient qu'à un fil et sa volonté peut faillir à tout moment. Il doit rester concentré.
Dans l'obscurité la plus totale, il est sur le point d'entamer le combat le plus dangereux de sa vie à peine commencée. Seul dans les Abysses, face à la fureur du Torrent Noir, s'il survit il parviendra à regagner la surface et la rive du fleuve où il passera le reste de son existence solitaire de Gardebois. Ce qu'il avait vu tout en bas dans le noir, ce qui lui avait été révélé, il n'en parlerait à personne.
Plusieurs décennies plus tard, Noah espérait que son jeune frère, s'il survit, ne verra pas la même chose dans les ténèbres des profondeurs.
"Nous ne pouvons plus attendre. Il n'est pas revenu, nous n'avons plus de gardien.
Nous n'avons plus le choix, les étoiles seront alignées ce soir."
Les ténèbres se sont abattues sur la jungle, les cris de rage et de désespoir des Filles du Torrent se sont évanouis dans la nuit... mais il en est une qui court toujours tandis que l'autre, bien cachée sous les feuilles d'un bosquet au pied des cascades, pleure et tremble comme une feuille malgré la présence rassurante du jeune gardien qui veille en silence.
Rester ici, debout, le fait bouillir de l'intérieur mais son devoir est de la protéger si l'autre ne survivait pas. Il était devenu plus fort ces trois dernières années, espérant qu'à son retour la tribu jugerait qu'il n'était plus nécessaire de procéder au rituel. Si seulement il avait su que rentrer plus tôt aurait épargné au siens cette tragédie, mais à quoi bon aller à contre-courant. Pas de naissance depuis des années, la Mère-Forêt ne leur envoyait plus d'hommes, la nature avait prédit leur extinction et les chamanes ne l'avaient pas vu, aveuglées par la peur de l'envahisseur qui s'en sont déjà pris au Skatay.
Le hurlement d'un enfant retentit au loin, suivi d'un grondement bestial rappelant le tonnerre. Lhei se couvre les oreilles en pleurant, prostrée entre les racines d'un arbre. Luka reste silencieux, la pointe de sa flèche se couvre de glace et ses yeux s'illuminent dans la nuit.
"Ne bouge pas d'ici."
"HAAAAAAAAAAAAAAAAA ! MAAAAAAAAMAAAAAAAAAAAAAAAN !"
Elle hurle, saisie à la cheville par le monstre aux yeux rouges fait de fumée noire. Elle n'a entendu son nom qu'une fois mais elle le retiendra à tout jamais ; Za'or El'rak le Dévoreur. Quelles chances peut avoir une enfant face à lui, au plus fort de sa puissance après avoir absorbé toutes les autres ? Ce n'est qu'un cri qui disparaitra dans quelques secondes et pourtant elle hurle de toutes ses forces, implorant de l'aide. Mais alors qu'il s'apprête à la gober comme un moucheron, une lance transperce le ciel. Il a bondi des chutes tel un oiseau de proie, et s'il ne peut voir ce qui se cache sous l'épaisse fumée noire qui couvre son corps il la plante à l'intérieur de lui de toutes ses forces avant de la retirer. Ce n'est pas suffisant pour l'abattre mais assez pour lui faire lâcher prise et l'enfant tombe lourdement sur le sol avant de ramper le plus loin possible en gémissant. Elle prend à peine le temps de regarder derrière tant elle a peur.
Le Fils du Torrent se dresse maintenant entre elle et lui, sa main serrant fort la lance fragilisée par le premier impact. Elle ne survivra pas au second. Elle le voit pousser sur ses jambes et disparaitre dans le noir dans un bruit de métal brisé.
"Prends ce qui me revient, car à travers toi elles m'appartiennent."
Leur mission, ils l'ont remplie. Aujourd'hui perchés sur la large branche d'un chêne sombrelinçois l'un taille ses flèches tandis que l'autre joue un air sur sa flute de pan. Cachés par le feuillage, ils veillent continuellement sur les deux survivantes qui partagent cette chaumière juste en bas. L'Apocalypse passée, le monde en plein bouleversement, ils pouvaient entretenir l'espoir qu'un jour les portes de la Mère-Forêt s'ouvrent à nouveau et attendre des jours meilleurs tout en s'acclimatant à cette vie en exil. pourtant, ils le sentent depuis plusieurs semaines déjà, et ils l'avaient senti bien avant que le ciel ne s'embrase au-dessus de leurs terres... Dès l'apparition des premières tours.
"Il s'est réveillé, mais nous sommes toujours hors de sa portée.
- Hmmm. Cela fait presque un an."
Le visage sérieux des deux viéras trahissait un sentiment d'anxiété. Le calme qui précède la tempête ; plus il s'allonge et plus la menace grandit dans leur esprit. Trop de temps pour imaginer le pire, et en même temps trop peu pour s'y préparer.
"Il ne cessera jamais de te poursuivre, tant qu'il n'aura pas dévoré jusqu'à la dernière Fille du Torrent."
Dans le temple perdu des Enfants du Torrent, les nixes jouent et rient tout en surveillant les différents portails inactifs dans l'attente de nouvelles. Depuis l'ouverture de celle de Tut'raa un sentiment d'optimisme s'est emparé de la tribu. Par moment, ils entendent du remous et une ombre serpentine passe au-dessus des plafonds de verre ; tant que le Gardien demeure ils sont en sécurité.
C'est alors qu'un grondement se fait entendre derrière l'une des portes scellées. D'abord lointain, les coups en sourdine se font de plus en plus nets et les nixes curieuses s'amassent proche de son origine. Puis soudain, un grand BOUM les disperse, quelque chose vient de frapper si fort contre la porte que les murs du temple en ont tremblé. Pris de paniques, les nixes fuient dans tous les sens en agitant leurs baguettes, se heurtant -ou plutôt se mélangeant- les unes les autres. BAM, BAM ! deux autres coupes, la porte tremble mais tient. Une légère fumée sombre parvient à passer dans les interstices.
"Allez chercher le Roi, allez chercher le roi !" S'écrient les élémentaires de leurs voix enfantines.
Les murs tremblent, et la grande nixe au front serti d'une couronne de bulles ne tarde pas à accourir. S'il pouvait suer, il suerait à grosses gouttes.
"Que se passe-t-il...?"
Et d'un coup, les coups cessent, la fumée se dissipe, et le silence revient. Un silence des plus inquiétant. Le roi lève alors ses yeux globuleux sur le symbole qui trône au-dessus de la porte, et qui représente un flocon de neige.
"Il se passe des choses à Jokün. On ne peut attendre que la porte s'ouvre à nouveau."
Lyssie
Il y a 10 mois et 23 heures
"Tu te laisses tenter, mon frère ?
- Il faut que je sois prêt, pour Lui."
A la chaumière des Enfants du Torrent, on congite
et on se prépare à l'aventure.
Lyssie
Il y a 10 mois et 23 heures
Nos recherches sur les traces du Dévoreur ont visiblement porté leurs fruits lorsque Meleth nous a montré le dessin que lui avait fait Ivanhault de sa vision au travers de son sextant. Contrairement à Noah et Luka qui étaient restés calme, je n'ai pu caché mon enthousiasme à l'idée de partir en voyage vers une autre contrée. Manque de bol, nous manquions d'informations sur la Mer du Nord, même la Rose des Vents, ni l'Eternal, ne pouvaient nous aider. Après tout, des falaises, des glaciers ou encore des grottes ensevelies sous la glace, c'était chose commune dans le Nord d'après ce qu'on m'a dit. Contre toute attente, ce fut Luka qui, de son flegme naturel, nous préconisa de nous renseigner auprès de Sharlayan, soit la Cité des Sages. Pour la toute première fois, j'allais connaître cette terre dont on m'en disait que du bien.
Une fois nos compagnies libres respectives prévenues et nous voilà partis pour Sharlayan via un navire de transport civil depuis le port de Limsa Lominsa. A l'occasion, Meleth m'a prêtée quelques vêtements chauds, car j'allais en avoir grand besoin...
Il neigeait quand nous sommes arrivés à bon port, le froid me mordait déjà la peau. Ce n'était pas le Coerthas, mais je regrettais amèrement le climat de Golmorre à cet instant. Au loin, l'immense statue de Thalyak, le Dieu du Savoir des Eorzéens, versait l'eau de sa grande jar dans la mer dont l'impact de la chute créait une brume qui, au contact de l'air froid, se changeait petit à petit en de tous petits flocons.
Ce paysage, aussi magique et enchanteur soit-il pour une étrangère comme moi, a été rapidement entaché par la douane. Stricte, pour ne pas dire désagréable, elle nous a demandé quelques informations sur notre statut. Il semblerait que les aventuriers courent les rues ici désormais, et elle semblait exaspérée de l'entendre une énième fois. Pire encore, ça a été un véritable combat lorsqu'il a fallu que Noah donne ces mêmes informations. Luka, à côté, s'est montré plus coopératif même s'il s'est montré guère aimable...et perspicace quant au sujet de la véracité du "bout de papier" donné par la douanière qui semble séparer les voyageurs légaux des clandestins. Cela n'a pas été facile, mais j'ai usé assez de force pour le tirer de là...
Meleth nous a suggéré de nous harmoniser à l'éthérite de la cité avant de nous amener au Noumène, le coeur du savoir de la ville. On verra plus tard pour le tourisme, hélas nous n'avons pas le temps.
De ce que j'ai pu voir jusque là, Sharlayan est une ville charmante pour qui le calme a une place importante dans la vie de ses habitants. En qualité de "Cité du Savoir" je ne devrais pas être étonnée, il n'y a pas un banc que je ne voie pas utiliser par les nombreux étudiants et chercheurs qui peuplent l'île. A écouter le peu de conversations qu'on peut entendre, je me perds rapidement entre la politique et les débats scientifiques à tout va, pourtant cela me fait plaisir de voir des gens aussi passionnés. Que dire de ceux qui étudient proche des innombrables fontaines qui comblent la ville ; je comprends mieux pourquoi Meleth aime cette ville et cette déité. J'aurais presque tendance à penser que Thalyak fait parti du Torrent, mais je ne voudrais pas m'attirer les foudres des Eorzéens.
Si le Torrent est notre élément, je ne serais pas étonnée qu'on me dise que le Noumène est source de nombreuses âmes curieuses. Un gigantesque complexe avec des murs recouverts de livres qui s'enfoncent dans les ténèbres comme un puits sans fond ; c'était à en donner la nausée et pourtant, je pense me perdre souvent ici lorsque nous reviendrons de notre voyage. Mais tout d'abord, il fallait parvenir à trouver LE livre qui allait nous guider et ce n'était pas une mince affaire...
Il a fallu que nous patientions dans une file d'attente, et sans nous en rendre compte, Meleth et moi avons fait la rencontre d'un viéra à la peau aussi noire que nous et au regard couleur soleil. Il portait une tenue de glaneurs -ces gens au service du Conseil qui collectent tout ce qui peut être récupérable... Il faudrait que je me renseigne plus sur eux à l'occasion- et semblait particulièrement...aimable ? J'ai senti mon coeur faire un bond monumental, ou peut-être était-ce celui de ma soeur ? Je me souviens avoir bégayer en réponse à son salut poli avant qu'il ne parte. Peut-être qu'il est lui aussi un... Enfin non, je reprends.
Nous avons finalement trouvé notre bonheur à l'aide du bibliothécaire -je n'étais pas sûre de son genre-. Dans l'un des livres qu'on nous a donné, j'ai découvert les différents mythes et cultes liés à l'eau dans d'autres tribus de l'extrême Nord de la Mer du Nord où a vécu le peuple d'origine du Nyunkrepf -le fondateur de Sharlayan-. Ces tribus accordaient une grande importance à la mer; comme le veulent leurs tribus bien sûr, mais j'en ai trouvé une avec le même symbole que le nôtre, qui croit en l'immortalité au travers de la mémoire et dont le guide sprirituel se fait appeler la "Dame de Givre". J'ai automatiquement pensé à Mélune et Thlaloc, cela pouvait être leur Gardien. La tribu s'appelle Jokün, et c'est aussi le nom de l'un des points marqués sur la carte où se trouve une grotte sous-marine. D'après Luka, l'endroit est particulièrement hostile et dangereux, confirmé par le manque d'informations cruciale pour nous. Malgré tout, nous avons décidé de partir le lendemain pour l'extrême Nord de la Mer du Nord. Avec Noah, le guerrier le plus expérimenté d'entre nous, on pourra sans aucun doute faire face aux bestioles qui nous attendent.
Je vais m'occuper de nous trouver un endroit où dormir pendant que les autres s'attèlent à leurs tâches respectives; Demain, un long voyage nous attend et il nous faut un repos plus que convenable si l'on veut être en pleine forme. Si ce que disent les sharlayanais sur les températures atrocement basses de l'extrême nord s'avèrent vrais, ce sera peut-être le bon moment pour moi de faire mes premiers pas dans l'apprentissage de la maîtrise de la glace.
Allez, le plus dur est encore à venir. Ce lit ne viendra pas tout seul.
Une fois nos compagnies libres respectives prévenues et nous voilà partis pour Sharlayan via un navire de transport civil depuis le port de Limsa Lominsa. A l'occasion, Meleth m'a prêtée quelques vêtements chauds, car j'allais en avoir grand besoin...
Il neigeait quand nous sommes arrivés à bon port, le froid me mordait déjà la peau. Ce n'était pas le Coerthas, mais je regrettais amèrement le climat de Golmorre à cet instant. Au loin, l'immense statue de Thalyak, le Dieu du Savoir des Eorzéens, versait l'eau de sa grande jar dans la mer dont l'impact de la chute créait une brume qui, au contact de l'air froid, se changeait petit à petit en de tous petits flocons.
Ce paysage, aussi magique et enchanteur soit-il pour une étrangère comme moi, a été rapidement entaché par la douane. Stricte, pour ne pas dire désagréable, elle nous a demandé quelques informations sur notre statut. Il semblerait que les aventuriers courent les rues ici désormais, et elle semblait exaspérée de l'entendre une énième fois. Pire encore, ça a été un véritable combat lorsqu'il a fallu que Noah donne ces mêmes informations. Luka, à côté, s'est montré plus coopératif même s'il s'est montré guère aimable...et perspicace quant au sujet de la véracité du "bout de papier" donné par la douanière qui semble séparer les voyageurs légaux des clandestins. Cela n'a pas été facile, mais j'ai usé assez de force pour le tirer de là...
Meleth nous a suggéré de nous harmoniser à l'éthérite de la cité avant de nous amener au Noumène, le coeur du savoir de la ville. On verra plus tard pour le tourisme, hélas nous n'avons pas le temps.
De ce que j'ai pu voir jusque là, Sharlayan est une ville charmante pour qui le calme a une place importante dans la vie de ses habitants. En qualité de "Cité du Savoir" je ne devrais pas être étonnée, il n'y a pas un banc que je ne voie pas utiliser par les nombreux étudiants et chercheurs qui peuplent l'île. A écouter le peu de conversations qu'on peut entendre, je me perds rapidement entre la politique et les débats scientifiques à tout va, pourtant cela me fait plaisir de voir des gens aussi passionnés. Que dire de ceux qui étudient proche des innombrables fontaines qui comblent la ville ; je comprends mieux pourquoi Meleth aime cette ville et cette déité. J'aurais presque tendance à penser que Thalyak fait parti du Torrent, mais je ne voudrais pas m'attirer les foudres des Eorzéens.
Si le Torrent est notre élément, je ne serais pas étonnée qu'on me dise que le Noumène est source de nombreuses âmes curieuses. Un gigantesque complexe avec des murs recouverts de livres qui s'enfoncent dans les ténèbres comme un puits sans fond ; c'était à en donner la nausée et pourtant, je pense me perdre souvent ici lorsque nous reviendrons de notre voyage. Mais tout d'abord, il fallait parvenir à trouver LE livre qui allait nous guider et ce n'était pas une mince affaire...
Il a fallu que nous patientions dans une file d'attente, et sans nous en rendre compte, Meleth et moi avons fait la rencontre d'un viéra à la peau aussi noire que nous et au regard couleur soleil. Il portait une tenue de glaneurs -ces gens au service du Conseil qui collectent tout ce qui peut être récupérable... Il faudrait que je me renseigne plus sur eux à l'occasion- et semblait particulièrement...aimable ? J'ai senti mon coeur faire un bond monumental, ou peut-être était-ce celui de ma soeur ? Je me souviens avoir bégayer en réponse à son salut poli avant qu'il ne parte. Peut-être qu'il est lui aussi un... Enfin non, je reprends.
Nous avons finalement trouvé notre bonheur à l'aide du bibliothécaire -je n'étais pas sûre de son genre-. Dans l'un des livres qu'on nous a donné, j'ai découvert les différents mythes et cultes liés à l'eau dans d'autres tribus de l'extrême Nord de la Mer du Nord où a vécu le peuple d'origine du Nyunkrepf -le fondateur de Sharlayan-. Ces tribus accordaient une grande importance à la mer; comme le veulent leurs tribus bien sûr, mais j'en ai trouvé une avec le même symbole que le nôtre, qui croit en l'immortalité au travers de la mémoire et dont le guide sprirituel se fait appeler la "Dame de Givre". J'ai automatiquement pensé à Mélune et Thlaloc, cela pouvait être leur Gardien. La tribu s'appelle Jokün, et c'est aussi le nom de l'un des points marqués sur la carte où se trouve une grotte sous-marine. D'après Luka, l'endroit est particulièrement hostile et dangereux, confirmé par le manque d'informations cruciale pour nous. Malgré tout, nous avons décidé de partir le lendemain pour l'extrême Nord de la Mer du Nord. Avec Noah, le guerrier le plus expérimenté d'entre nous, on pourra sans aucun doute faire face aux bestioles qui nous attendent.
Je vais m'occuper de nous trouver un endroit où dormir pendant que les autres s'attèlent à leurs tâches respectives; Demain, un long voyage nous attend et il nous faut un repos plus que convenable si l'on veut être en pleine forme. Si ce que disent les sharlayanais sur les températures atrocement basses de l'extrême nord s'avèrent vrais, ce sera peut-être le bon moment pour moi de faire mes premiers pas dans l'apprentissage de la maîtrise de la glace.
Allez, le plus dur est encore à venir. Ce lit ne viendra pas tout seul.
C'est ainsi que débuta l'épopée des quatre derniers enfants du Torrent.