Doji Miyuki (ancienne fiche)

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Lyssie Il y a 10 mois et 19 heures




Âge : 19ans
Clan : La Grue
Archétype : Courtisane Doji
Taille : 1m58
Poids : 49kg
Allégeance : L'Empire, son daimyô.
Statut social : Petite fille de l'ancienne conseillère impériale, Kakita Ryoku.
Aime : Le chant, les arts, la cour.
Déteste : La compétition, les geignards, l’incompétence.

Points forts : Excellente diplomate, son étiquette et son érudition sont irréprochables. Son statut social lui permet de nombreuses faveurs.
Points faible : Solitaire, elle accorde très difficilement sa confiance à autrui. Cœur de pierre, on la dit insensible, voire indifférente. Elle n'a aucun humour.
Arsenal : Un tessen et un wakizashi.

Détail particulier : Il n'est pas rare de la voir accompagnée d'un Kakita, son yojimbo personnel. Il fait généralement barrière entre elle et les autres, et se bat en son nom.





[size=6]Thème de la Grue de Glace[/size]





Jeune courtisane au service direct de Kakita Yoshi et élevée au rang de cheffe d'une délégation politique de la Grue à Kyuden Seppun, Miyuki n'est en rien la chaleureuse diplomate que fut de feu son père. Brillante courtisane, adepte des arts et du chant, elle a tout d'une jeune première qui attise, malgré elle, la jalousie des autres. C'est une jeune femme à l'avenir prometteur pour qui seuls sa famille, son clan et l'étiquette comptent, quitte à s'enfermer dans une prison de glace.
Si tout lui réussit, ce n'est pas sans une rançon bien lourde que doit payer Doji Miyuki. L'assassinat de son père l'affecte profondément et elle est prête à tout pour retrouver le coupable pour accomplir sa vengeance.





Issue de la famille connue pour son raffinement et sa grande beauté, Miyuki ne ternit en rien sa réputation. A l'image de Dame Doji, d'aucuns la considèrent comme ni plus ni moins qu'une beauté froide qu'un simple touché suffirait à se blesser. Elle a été envoyée très tôt à l'école des courtisans Doji, l'école la plus redoutable de toutes les cours de l'Empire dont seuls les Bayushi rivalisent de par leur fourberie. Disciplinée, minutieuse, elle a tout de la fille parfaite à qui tout lui réussit.
Unique fruit de l'union d'une Kakita et d'un Doji, Miyuki voit sa destinée toute tracée jusqu'au sommet de la Cour Impériale.



Il est de notoriété publique que de toutes les Doji, la Grue de Glace est née sous la meilleure étoile qu'il soit. Petite fille de Kakita Ryoku, l'ex-conseillère impériale de Hantei XXXVIII et tante de ce dernier, jamais Miyuki n'a été bercée ailleurs que dans les hautes sphères de l'Empire. Les arts de la cour n'ont plus aucun secret pour elle tant son entourage s'est vu parsemer de grandes figures, dont la présence de sa grand-mère qui a grandement marqué son éducation.
Nombreux sont les prétendants ayant été rejetés par sa mère en proie à faire de sa fille une personne aussi importante que le poids politique qu'elle représente.





Autrefois grand Magistrat d'Emeraude, Doji Tenka brillait par sa capacité à faire plier le genou de ses adversaires à la Cour d'un simple regard. Cette capacité, il l'a perdue le jour où un assassin masqué lui a ôté la vie, alors que Miyuki n'avait que 10 ans. Ainsi est né un désir de vengeance dans le regard froid de la Grue de Glace qui s'est jurée de trouver le coupable et faire justice. Si elle a acquis la beauté indéniable de sa mère, c'est de son père qu'elle a acquis un don pour la diplomatie.
Aussi convoitée que crainte, Miyuki fait perdurer le regard de son défunt père à la Cour Impériale.





Sur les traces de sa grand-mère, on la connait notamment pour son caractère froid et son empathie proche du zéro absolu. Son éducation, aussi stricte que sévère qui ne tolère nul échec, l'a poussée à n'accepter aucune erreur, si bien qu'on la dit sans-cœur et sans aucun humour.
Solitaire, cette beauté de glace a le teint frais que Mère Nature prête aux jeunes demoiselles de son âge. Elle n'est pas aveugle, mais son regard d'un bleu translucide propre aux Doji intrigue et attise les convoitises de plus d'un, lorsque ce n'est son jeu à la cour qui les attire tant le défi est  audacieux. Encore aujourd'hui, l'on se demande qui parviendra à briser la glace de ce bijou fait de diamant...




Lyssie Il y a 10 mois et 19 heures


3e Jour du Rat 1122

Je suis arrivée à Kyuden Seppun et cette année, la Cour d'Hiver est la plus importante en terme d'enjeux et de devoirs. J'accompagne le daimyô que je sers, Kakita Yoshi-sama, un homme droit et sage qui, bien qu'il soit de la famille béni par le don du iaijutsu, s'en voit dépourvu. Ses requêtes furent simples et concises, et j'ai déjà entamé celles-ci. J'ai pu rencontrer les héros du mur, ceux-là même décrit dans le poème écrit par Mirumoto Sukune-sama. Un poème qui ne plait guère à Doji Yujiro-san, son excentricité et son narcissisme lui aveuglant bêtement la vue. Ainsi, voici mes cibles :
- Shinjo Ren-san, le Vengeur de Rokugan, une licorne avenant et chaleureux.
- Asako Yuko-san, la Gardienne Humble, une phénix naturellement intimidée et réservée, mais téméraire.
- Mirumoto Ryuma-san, le Dragon du Mur, un dragon aux idées claires mais ne tient pas bien sa langue.
Ainsi soit votre souhait, Kakita-sama. Pour le bien de notre clan et de notre famille, je leur tendrai une main.

Je ne suis pas étonnée de voir Bayushi Hideyoshi-san ici. Après tout, son statut de bushi-courtisan lui vaut l'honneur d'obtenir l'attention des courtisans, dont la mienne. Je ne le compte pas comme un allié, mais je ne le compte pas non plus comme une menace. Il a su me venir en aide lors de cette réception à Kyuden Bayushi, ainsi je répondrai à la faveur que je lui dois, dans une moindre mesure. Je l'ai vu bien heureux auprès des siens au dojo de la Main de l'Empereur. Les Scorpions ont bien leurs manières à eux de se parler ; quelle impolitesse de parler aussi fort et surtout, de s'appeler par son prénom.
Oharu est actuellement en train de me trouver d'autres noms du Lion que je n'aurais pas encore sur ma liste. Bien que j'aurais le temps de trouver les réponses aux questions de mon daimyô en ces trois mois, je ne compte pas m'attarder davantage sur les futilités de Doji Yujiro-san et sa femme, Aiko-san. Toutefois, s'ils me sont une menace pour les gens à qui je tends la main, ainsi je saurais les faire taire pour quelque soit le moyen que je trouverai.

[size=6]Doji Miyuki[/size]
Lyssie Il y a 10 mois et 19 heures


A la lueur tamisée des lanternes, l'on n'entendait plus que les flocons hivernaux frapper les shôjis dans les quartiers de la Grue ; un silence morbide habitait les lieux. Miyuki se tenait droite face à son bain d'où émanait une fumée agréable, en opposition directe avec la froideur de la Grue de Glace. La mine basse et désolée, Oharu s'attelait à délester sa maîtresse de son imposant kimono, celui-là même dont la facture pouvait faire pâlir plus d'un. Pourtant, ceux qui avaient pâli ce soir-là n'étaient autre que les Grues eux-même.
"Hai, Doji-sama. Votre bain est prêt."
Miyuki entra dans son bain bouillant sans sourciller un seul instant. Comme si le feu et la glace se rencontraient, un tourbillon de fumée obstrua la vision de sa suivante quelques instants. D'ordinaire, rien n'aurait su faire broncher la Grue de Glace. Dans toutes les cours de la Grue jusqu'à même la Cour Impériale, sa réputation suivait les traces de sa grand-mère, Kakita Ryoku-obaa-sama...à quelques détails près. Si cette dernière représentait l'essence même des diplomates chaleureuses et parfaites, Miyuki, quant à elle, était la définition de la perfection et de la froideur.
"Doji-sama, je suis désolée pour ce qu'il s'e-...
- Contentez-vous de me laver le corps et taisez-vous."

Oharu accusa le coup et passa l'eau chaude sur les longs cheveux blancs de sa maîtresse sans rajouter quoi que ce soit. Elle plus que tout autre savait que dans ces moments-là, Miyuki ne ternissait pas à sa réputation. L'affront des Scorpions, orchestré par Bayushi Kachiko-sama et Kakita Ichiro-dono lui-même, avait su renforcer cette carapace de glace qu'elle s'était édifiée depuis son enfance. La cour était un endroit aussi dangereux que la guerre et celle-ci venait simplement de commencer. Cette rage froide qui grondait en son fort-intérieur était pourtant dirigée vers celui qu'elle pensait écarté et innocenté de tout vice des Scorpions : Hideyoshi-san. Si les intérêts de son clan passait avec toute chose, l'affront auquel il venait de participer entachait le potentiel tandem qu'ils s'étaient créés.
"Tsume-sama, reprenez votre place."


L'écho de sa voix fit tel un coup de poignard en son coeur de pierre que cela ne faisait que la conforter dans ses idées. Les Scorpions étaient vils - ils avaient utilisé les méthodes de la Grue pour s'en sortir et avaient porté, aux yeux de tous, celle-ci en faute. Il y avait bien une raison quant à sa volonté de s'ériger un coeur de glace, immunisé contre toute affection. A la cour, peu de personnes ont des amis sur qui compter. Les amis, au même titre que l'amour, étaient une faiblesse que Miyuki ne pouvait se permettre d'accepter. Fermer son coeur à toute relation était la meilleure solution et ce banquet l'avait confirmé.
De toute cette soirée, rien ne saurait lui échapper : de l'offense des Scorpions jusqu'au soutien du Dragon. Ryuma-san avait su entendre la colère et l'indignation de la Grue quant à ce cadeau empoisonné et son acte de bravoure ne resterait pas vain aux yeux de la Grue de Glace.

Elle leva une main en l'air et aussitôt, Oharu cessa toute activité. Sa maîtresse quitta la chaleur du bain pour être accueillie par un long peignoir blanc aux broderies de grues volant dans un ciel bleu cyan. Elle attacha les longs cheveux blancs de celle-ci dans une harmonie rokuganienne et laissa celle-ci se diriger vers sa coiffeuse avant de la suivre.
"Voilà ce que j'y gagne à trop m'approcher des scorpions. Caresser-les d'une main compatissante et ils vous piquent. Quand je pense m'être remise entre les mains de Bayushi Hideyoshi-san un jour, je me demande quelle mouche m'avait piquée ce jour-là. Je le pensais être innocent mais que nenni. Celui qui souhaitait une place à mes côtés ne souhaitait que m'amadouer pour mieux m'empoisonner.
- Hai.
- Kakita-dono ne vaut pas mieux qu'eux ; il a vendu son âme aux Scorpions rien que pour s'en prendre à son père. Quelle indécence.
- Hai..."

Oharu, qui s'occupait de brosser les cheveux de sa maîtresse, n'osa plus dire quoi que ce soit sous la fureur glaciale de Miyuki. Elle savait qu'elle ira faire justice au nom de la Grue mais elle ne savait pas quand. Le coup avait été parfaitement calculé, Koharu-san avait joué le jeu et avait emprisonné sa proie dans ses pinces au moment venu. Elle avait trouvé cela bizarre de voir Kakita-dono aux côtés des Scorpions lors de cette fête privée, mais plus rien ne l'étonnait aujourd'hui. Ren-san avait été subjugué par la beauté du diable et Yuko-san ne savait plus où se mettre. Cela se voyait qu'elle détestait les conflits. Seuls les Grues et Ryuma-san avaient su mettre en lumière l'insolence du Scorpion...et elle allait tout simplement poursuivre leur colère.

Miyuki fixa son regard froid et imperméable sur le miroir se tenant face à elle. L'on pouvait aisément la confondre avec sa mère et pourtant, elle ne s'en plaindrait pas pour une fois. Malgré ce coup dur, elle devait continuer ce pourquoi on l'avait invitée à cette cour d'hiver, la plus prestigieuse de toutes les cours. Elle ne devait pas faillir, ne pas fléchir, ne pas tomber. Demain était un nouveau jour mais surtout...
Demain était une autre bataille.

Lyssie Il y a 10 mois et 19 heures




Cette soirée n'était pas comme toutes les autres. Après une semaine passée à Kyuden Seppun, elle avait d'ores et déjà avancé sur plusieurs de ses enquêtes. Qui l'eût cru que Licorne et Phénix s'étaient aussi bien rapprochés du Lion ? Non, cette soirée n'était définitivement pas comme les autres. Miyuki détacha l'épingle de ses cheveux pour les laisser retomber le long de son dos une fois revenue à ses quartiers. Elle souffla et chassa la pression qui lui pesait sur les épaules. Chaque jour était un nouveau défi, chaque rencontre une bénédiction pour la Grue. Pour autant, celle qu'elle eut aux côtés d'Hideyoshi-san était tout autre.
"Regagnez vos chambres.
- Hai, Doji-sama !"

Naoyasu-kun et Oharu-chan courbèrent l'échine devant leur maîtresse avant de s'éclipser sans plus attendre. Ils avaient été une oreille en plus dans les secrets partagés du Scorpion, des secrets qui avaient suscité menaces et tensions entre la Grue de Glace et leur Scorpion de l'Infini, comme s'il n'y en avait déjà pas assez. Depuis ce soir-là, toute la cour ne regardait plus que la Grue, officiellement en faute pour avoir "insulté" le Scorpion en ne mangeant pas cette grue donnée en cadeau. Le clan était au plus mal et les alliés n'étaient plus aussi nombreux qu'auparavant. La Grue traversait une très mauvaise passe et elle entendait encore au loin les rires du Lion et des Isawa.

"Cela ne va pas se passer comme ça, Bayushi-san."
Miyuki quitta en vitesse sa chambre pour rejoindre le balcon qui donnait une vue imprenable sur la résidence privée de l'Empereur. De là, bien qu'elle ne parvenait à distinguer les silhouettes qui se promenaient à côté, l'air frais de l'hiver parvint à lui mordre la peau sans qu'elle ne sourcille. Le Scorpion avait blessé la Grue et au bon vouloir d'Hideyoshi-san, rien ne saurait lui faire baisser sa garde, ni même ce compromis qu'ils étaient parvenus à faire. De qui devait-elle se méfier encore ? Personne n'avait sa confiance, personne ne pouvait gagner ce coeur de glace. Il n'était rien de plus exemplaire que cette farce pour qu'elle puisse pointer l'erreur de ces gens qui s'attachent trop aux autres.
Néanmoins, le clan passait en premier. Elle ferait tout pour rendre fière son daimyô et son maître, ainsi que sa grand-mère. Sous l'éclat de la lune jaillissait le blanc immaculé de la Grue tel un phare dans la nuit, un précieux diamant de glace aussi tranchant qu'une lame. Qu'à cela ne tienne, Lion et Scorpion trembleraient bientôt sous la revanche de la Grue, aussi affaiblie soit-elle.

"Pour la Grue."
Lyssie Il y a 10 mois et 19 heures
"Les ailes de la Grue,
Le souffle du Dragon,
Qui remportera la bataille ?"

Amaterasu se levait sur les terres enneigées de Rokugan. La pile de cadeaux attendait sur le grand kotetsu qu'Oharu-chan vienne les débarrasser. Lorsque celle-ci se manifesta à la porte, Miyuki se tenait déjà à son balcon des quartiers de la Grue à Kyuden Seppun.
"Entre."
La suivante passa la tête dans l'embrasure de la porte pour constater que non seulement sa maîtresse gagnait en popularité malgré les événements récents, mais que celle-ci s'était pour une fois habillée toute seule. Depuis quelques jours, la Grue de Glace ne pensait qu'à cette lettre anonyme qui lui était parvenue. Elle n'était pas aveugle, l'attention que lui portait Mirumoto-dono était tout, sauf indifférent. Pour autant, cette lettre, qui gardait en son sein les sentiments d'un homme, n'était pas de lui. Elle venait forcément d'Asahina-sama. Elle avait remarqué ce jour-là l'échange à voix basse entre Ryuma-san et Suigure-sama. Elle avait remarqué ce regard insistant des deux hommes sur sa personne. Quand bien même elle n'avait pas entendu leur conversation, leur aura en disait long. Les hommes et leur subtilité...
"Doji-sama recueille de plus en plus de présents chaque jour."
Miyuki glissa un regard imperturbable par dessus son épaule tandis qu'Oharu-chan s'affaira à ranger toutes ces boîtes encombrantes. Plus les jours passaient, plus les devoirs qu'impliquait d'être la petite fille de l'ex-conseillière impériale lui pesaient sur les épaules. Cette cour d'Hiver était l'endroit idéal pour trouver un époux et malgré son coeur de pierre, le clan était absolu. Il lui fallait simplement réfléchir quel serait le meilleur parti.
"Veille à ce qu'il soit bien mis en valeur dans ma chambre. Si l'un d'eux est caché par un autre objet, tu seras chatiée.
- H-Hai, Doji-sama."

Un frisson parcourut le corps de la suivante qui préféra baisser le regard avant de poursuivre son rangement. Dans la pièce, pas un seul bruit, si ce n'est ceux d'Oharu-chan, ne perturbait la réflexion de la courtisane. Miyuki était bien la seule, impassible, à briser le silence d'un chant matinal que seuls les plus matinaux des convives pouvaient se sentir chanceux d'écouter. S'il n'était de secret pour personne que la petite fille de Kakita-sama ne montrait aucune émotion, ce n'était qu'au travers de la chanson qu'elle se sentait la plus vivante. Sa voix portait à elle seule l'héritage de toute une lignée aux voix d'exceptions, si bien qu'elle était l'une des raisons des mariages politiques au sein de l'Empire. En tant qu'héritière directe et talentueuse artiste, comment ne pas se forger un coeur de glace quand l'on est au centre des convoitises des plus opportunistes ?

"Je ferais attention, Kakita-obaa-sama."
Lyssie Il y a 10 mois et 19 heures
Ma vie ne tenait plus qu'à un fil, cette matinée-là. Sans l'intervention de Nobuo-san, ni de Asahina-sama, j'aurais trouvé la mort dans la chambre qui fut mienne, congelée jusqu'aux os. Ma main tremble, je revois encore une fois son visage aussi magnifique que glacé, proche du mien. Je sens encore ses doigts gelés caresser ma joue et ma poitrine dans un froid mordant, tel le blizzard qu'elle apportait avec elle à chacune de ses venues.
Si Asahina-sama n'était pas venu, ni Nobuo-san ne m'avait pas emportée dans un lieu sûr...
Cette simple pensée me paralyse. Je ne veux plus y penser, mais je n'entends que sa voix me murmurer qu'il était sien. Doji-sama, me punissez-vous de ne pas avoir été claire avec Mirumoto-san ? Si telle a été mon erreur, alors j'accepte cet avertissement.

Dans quelques heures, le pari de l'archer rythmera les conversations. Les événements de ce matin ne tarderont pas non plus à passer de lèvres en lèvres et je vois déjà les sourires décorer les visages des Scorpions. La Grue n'avait pas besoin de ça. Nous touchons déjà le fond, est-ce une énième épreuve pour voir notre endurance ?
Il faut que je garde la tête froide, il faut que je reste souriante. La Grue a besoin d'allié, plus que jamais. Des Seppun aux Licorne, il m'en faut plus, toujours plus. Ce n'est qu'un passage difficile pour notre clan, mais la roue finira par tourner.

Je le sais.




Lyssie Il y a 10 mois et 19 heures
[size=6]Sous la couleur du Dragon[/size]


La vie à Otosanuchi, la capitale de Rokugan, était vivifiante, animée par les allées et venues d'un tas de bushis, courtisans et shugenjas. Elle le savait depuis toujours, Miyuki était prédestinée à vivre au coeur de celle-ci en vertu de son statut de petite fille de l'ex-conseillère impériale. En ce début d'automne, par le biais de la fenêtre shoji qu'elle avait laissé entrouverte, on la voyait penchée sur un long parchemin vierge qu'elle s'affairait à remplir d'encre noir. Nul doute qu'elle profitait d'un peu de calme sous les rayons chaleureux du soleil qui reflétaient cette couleur rougeâtre des feuilles cramoisis, criant la gloire de la saison déclinante. Elle avait congédié servants et domestiques - il n'y avait plus qu'elle et son pinceau.



A l'heure où j'écris ces lignes, mon époux, Mirumoto Ryuma-sama, est parti rejoindre les délégations du Dragon pour parfaire son art du niten. Il m'est étrange de me savoir mariée, de me savoir "à quelqu'un". Depuis mes jeunes années, j'ai toujours su que mon statut ferait tourner la tête à de nombreux hommes qui convoitaient ma place. Beaucoup de prétendants se sont succédés devant moi, notamment lors de la dernière Cour d'Hiver, afin de gagner mon coeur, celui que j'emmure au plus profond de moi pour le protéger des désirs impurs.
Néanmoins, rien de tout décrivait celui qui fit de moi son épouse. Je l'ai bien compris après ces trois mois passée à ses côtés lors de la Cour d'Hiver.

Tout cela était parti d'une simple "altercation". Il se méfiait de moi autant qu'il se méfiait de la Grue suite à son malheureux entretien avec Doji Yujiro-dono. Il avait pris connaissance de l'égo que certaines Grues peuvent avoir. Je me rappelle l'avoir sermonné avec honneur son attitude à mon encontre - je ne supporte pas la grossièreté. Il s'était ravisé aussitôt et de fil en aiguille, j'avais pu obtenir de lui ses faveurs, son attention - une alliance. Mon coeur de pierre, à cet instant précis, ne pensait qu'aux bienfaits de la Grue. Kakita Yoshi-sama souhaitait de moi que je réponde à la mission qu'il m'avait donnée et je me devais d'obtenir des alliés pour la Grue.
Puis, vint cette soirée qui, je pense, a marqué lun grand tournant dans notre relation. Cette soirée, ce piège à Grue, où le Scorpion nous a servi de la grue, cet oiseau majestueux et délicat, en guise de plat principal. L'attitude honorable et respectable de Mirumoto-sama ne m'avait pas échappée. Elle m'avait même flattée. A cet instant, j'avais senti qu'il était différent de ces hommes à la cour en quête de pouvoir et d'estime.

Au fur et à mesure, cette attention à l'égard de la Grue s'est renforcée par une dévotion immuable du Dragon. J'avais longtemps compris que je ne le laissais pas indifférent. Nos rencontres dans les jardins de Kyuden Seppun, généralement orchestrées par Mirumoto-sama, laissaient les sentiments et le coeur du Dragon s'ouvrir à moi, tandis que je suis restée maîtresse de moi-même et de mes émotions. Bien sûr, il était devenu un de mes prétendants et la façon dont il avait à regarder Asahina-sama, à le défier lors du Pari de l'Archer, le confirmait. Même Bayushi-san s'était mêlé dans cette affaire de "coeur", dussè-je savoir ce qu'il récolte de me savoir liée au Dragon.
Ainsi, pour la première fois de ma vie, les barrières que j'avais construite autour de mon coeur s'étaient fragilisées sous la bienveillance, l'honneur et le regard de Mirumoto-sama. La seule chaîne qui restait et qui me faisait hésiter était la place que j'occupais qui m'imposait de marier un homme plus haut, plus grand socialement. Mère me l'avait toujours dit, toujours imposé. Elle souhaitait me savoir marier à un grand homme. Mais, Mère, comment ne pourrais-je pas rayonner sous l'égide du Dragon du Mur dont la gloire fait sa réputation ?

Vint le final de ce jeu de la cour lorsqu'il demanda ma main, bien après les événements du Pari de l'Archer. Je n'ai pas souhaité lui montrer que j'étais comme toutes ces dindes qui n'attendent que ça - j'ai préféré rester digne et ainsi, sa demande a été remontée jusqu'à Mère. Je n'oublierai jamais ce regard qu'elle m'a lancée, cette déception lorsque j'ai dit "oui". Mère, vous auriez dû être heureuse auprès de Père, au lieu de chercher toujours plus haut.

Aujourd'hui, je suis non plus une Grue, mais une Dragon. Mirumoto-sama est quelqu'un d'indulgent, il m'a laissée perpétrer le rituel de la Grue qui consiste à se décolorer les cheveux pour garder la pureté dans le blanc. Je lui suis très reconnaissante pour ce geste...mais j'étais loin de me douter qu'il serait d'une proximité aussi dérangeante en privé.
A peine avons-nous eu le temps de prononcer nos voeux qu'il s'est montré relativement plus familier, loin des regards indiscrets. L'on m'a préparée toute une vie pour ce mariage, mais je ne savais véritablement ce qui m'attendait.

A commencer par ses manies étranges de me taquiner sans relâche. En privé, il s'amuse à m'appeler par mon prénom. Il serait idiot de le démentir : à chaque fois qu'il le prononce, je sens poindre en moins une gêne perceptible que je n'ai pas pour habitude de connaître. Ainsi, il m'arrive souvent de le réprimander, lorsque je ne soupire pas face à ses âneries, derrière mon éventail. Un éventail que je ne trouve plus depuis... Qu'à cela ne tienne, je prendrais mon tessen à la place.

Mirumoto-sama est une personne attentionnée et fondamentalement bonne. Chaque geste à mon égard souligne d'autant plus ce trait de caractère chez lui qui saura toujours faire cet effet en moi - je me sens convoitée en tant que femme et non en tant qu'objet diplomatique. Il parvient à me faire apprécier cet acte charnel que seuls des époux sont en droit de partager. Je vois cet acte non plus comme une conception fertile, mais un échange intime qui, au fond de moi, saura toujours asseoir sa souveraineté.
Il lui prend, parfois, un malain plaisir d'appuyer sur cette faiblesse. Il me sait nouvelle dans ce genre d'attention, ainsi il ne lésine pas sur les moyens pour me faire plier le genou. Heureusement, il me laisse partir la plupart du temps, quand je ne parviens plus à respirer assez, quand mon esprit s'embrouille trop.

Cher journal, je peux te l'affirmer. J'aime profondément Mirumoto-sama de tout mon être - de son allure jusqu'à son âme entière. L'amour est enivrant et dangereux, je le sais, mais il est un homme qui peut me protéger de toutes les menaces du monde. Je me dévoue à lui corps et âme et je le fais en connaissance de cause car seule la mort saura emporter le regard et l'attention que je porte sur lui.


La Dragonne de Glace redressa son pinceau, le regard embrouillé par quelques pensées tournées vers son époux. Si on lui avait dit un jour qu'elle serait aussi éprise d'un homme, les Fortunes auraient parié sur le rire de l'ex-Grue plutôt que cela. Celle-ci tourna la page et poursuivit son écriture.



Je suis soulagée d'avoir pu apporter satisfaction à Kakita-sama. Bayushi-san me fut d'une grande aide, bien que je soupçonnais son retard dans les informations à donner comme un plan calculé. Nul doute qu'en me disant que les Licornes étaient bel et bien ceux qui fournissaient des rations au Lion, il s'attendait à ce que la Grue coupe toute alliance, toute relation avec la Licorne.
Que nenni, pas tant que je suis là.
Je remercie Kakita-sama d'avoir choisi la voie que je lui ai proposé. Ainsi, la Licorne reste un allié de choix à la Grue et elle peut asseoir une nouvelle dette envers la Licorne en guise de "dédommagement".




Père, j'ignore toujours qui a osé vous faire cela mais encore et toujours, je vous promets d'honorer ma promesse. Il paraît que, lors de votre visite sur les terres de la Licorne, vous enquêtiez sur un groupe de rônins qui sévissaient sur ces mêmes terres, ces rônins accusés de pratiquer la maho. Vous aviez, apparemment, été le premier à les accuser et il se dit que c'est à cause de cela que vous avez finalement trouvé la mort.
Si telle est la voie que vous avez emprunté, ainsi je suivrais vos pas. Je réclamerai justice et je trouverai votre assassin pour le punir.


D'une délicatesse remarquable, Miyuki déposa son pinceau, le regard songeur sous le chant des oiseaux à l'extérieur. Elle n'avait jamais partagé cette peine avec son époux et, au vu de ce qu'elle comptait faire, ce fut la première fois qu'elle envisageait le choix de lui en faire part. Nul doute qu'il allait de lui-même s'intéresser à ses tracas, aussi méticuleux et attentionné était-il à son égard.
La nouvelle Dragonne redressa son regard vers le ciel, un vent lui caressa la joue.

"Je vous vengerai, Père."
Lyssie Il y a 10 mois et 19 heures

[size=6]A nous de forger l'avenir[/size]



L'heure était aux festivités depuis que la Coalition accueillait en son sein les forces du Crabe, dont l'imposant Kisada qui faisait trembler même les plus imperturbables Scorpions. Des coupes de saké s'échangeaient, des rires éclataient et parmi toute cette bonne ambiance célébrant leur victoire prochaine sur les armées de l'Usurpateur, la silhouette blanche de Miyuki sillonna les allées du camp, demeurant seule, pour rejoindre les hauteurs du camp du Crabe et faire face à la lune dont l'éclat brillait d'une rare intensité.
Cette victoire serait méritée. Depuis sa promotion en tant qu'Ambassadrice du Dragon lors du suicide de Yaruma-sama, tout avait été si vite. Elle se souvint de l'assassinat de l'Empereur, fait sous ses yeux, comme si c'était la veille, et du chaos que cela avait engendré. Leur fuite avait été interminable et douloureuse, une longue course poursuite pour tenter de les tuer, ou de les capturer. En ce qui la concernait, elle devait être enlevée pour servir d'otage à la cour de Shoju l'Usurpateur. C'était le scénario qu'espérait son "ami" Bayushi Hideyoshi, ce dernier ayant même eu recours à la ruse et à la menace pour lui faire changer d'avis quand ils s'étaient enfin rencontrés de nouveau.

Elle savait, dans le fond, que l'assassinat de l'Empereur répondait simplement à la protection de tout l'Empire. Cette prophétie qui disait qu'un Hantei allait mettre en péril tout Rokugan était vraie, mais personne, si ce n'était le Scorpion, aurait fait quoi que ce soit pour l'en empêcher. De cet acte pourtant si horrible, elle les respectait du plus profond de son coeur de glace.
Si seulement je vous avais marié à une Grue... Baka no Hideyoshi-san.
Rien de tout cela ne serait arrivé pour son ami Scorpion. Alors, bien loin des regards, elle pria. Elle pria pour qu'il puisse rejoindre Yomi en paix, lorsque cette dernière bataille achèverait toute cette histoire. En attendant, il en était un qui s'était terré dans sa tente, loin de toutes ces festivités qu'il appréciait pourtant beaucoup.

On releva la toile de sa tente pour laisser l'Ambassadrice rejoindre son époux qui se tenait devant une grande toile blanche. D'un bref regard sur son dos travaillé par les exercices et la guerre, elle s'approcha lentement avant d'entendre son rire briser le silence qui s'était installé entre eux deux.
"Tadakatsu n'a rien dit sur les Kakita qui croustillent, j'espère."
Son murmure parvint presque à lui arracher un bref frisson insaisissable, avant qu'elle ne se contienne. Elle serra doucement son éventail calciné entre ses menottes graciles.


"Il est si occupé à avoir faim de Scorpion qu'il en a oublié le goût de la Grue. Pas comme certains."







La Légende des Cinq Anneaux - La Grue de Glace
"En l'honneur de mon Père"

[size=6]FIN[/size]




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