[Lenore] Tome II - La Voix de l'Instinct
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
"Nos hommes ont reçu le mot. Ils resteront à l'Académie désormais... C'est peut-être un cas isolé.
- Ce n'est PAS un cas isolé, Derek."
Le hyurois, assis à son canapé, un verre de whisky en main, observait Lenore faire les cent pas. Anxieuse et débordée, elle ne cessait de se triturer les mains. Cela faisait non pas un, mais deux embuscades tendues sur ses hommes. Elle voulait bien comprendre la possibilité que Solena avait été choisie par hasard, mais Khara ? Elle n'avait plus rien d'extraordinaire. Elle n'était plus aussi riche qu'auparavant, ni ne se mettait en avant dans les magazines et par dessus tout, elle n'était ni combattante, ni mage. Elle avait quitté ce monde pour le meilleure...alors pourquoi le pire venait-il la chercher ? Son esprit était assailli de questions et l'empêchait de véritablement réfléchir. Toutefois, la plus importante des questions lui vint en tête.
"Quel est son état ?
- Elle ne s'est pas encore réveillée."
Ce fut devant sa grande vitre qu'elle s'arrêta, les mains jointes sur son ventre, préoccupée. Derek, qui ne l'avait jamais vu aussi tourmentée, se releva du canapé pour la rejoindre. Debout derrière elle, il contempla lui aussi la rue uldienne au travers de la baie vitrée. Il porta son verre à ses lèvres avant de se prononcer, grave.
"Il n'y a plus aucun doute.
- Nous sommes visés, je le sais. Une équipe est partie enquêter à l'endroit de l'attaque.
- Des raisons particulières ?"
La directrice se tut, incapable de lui répondre. Les raisons pouvaient bien être aussi multiples que singuliers, les deviner étaient impossible. Derek poussa un long soupir, ravalant son agacement de l'instant. Nul ne savait par quoi commencer pour lancer les recherches. Aucune emprunte, aucune piste, il n'y avait rien. Ou peut-être...?
"Et si tu faisais appel à ta...ton mystérieux don ?
- Pardon...? répondit-elle en se retournant vers lui, surprise.
- Tu as la capacité de pressentir les choses, pas vrai ?
- Oui, mais je ne peux le faire sur commande... Cela ne m'obéit pas.
- As-tu déjà véritablement essayé ?"
Encore une fois, elle ne dit mot. Elle n'avait jamais imaginé devoir faire appel à son don de son propre chef, pas plus qu'utiliser ce genre de méthode pour arriver à ses fins. Pourtant, Derek tenait quelque chose. Lenore serra ses gants de soie, aussi tracassée qu'enragée. S'il y avait bien une chose qu'elle n'appréciait guère, c'était que l'on s'en prenne aussi lâchement aux siens. Dans une guerre, il fallait avoir au moins l'audace de se montrer si l'on voulait être respecté.
Finalement, elle porta une attention singulière à son second et son conseillé.
"Je pourrais essayer de le déclencher. Mais j'ignore comment.
- Nous pourrions voir ensemble comment l'enclencher. Il doit bien y avoir un moyen... Il faut juste savoir où chercher."
Sans plus tarder, le hyurois fit volte-face et quitta le bureau de la directrice, le ton grave. S'il y avait bien une personne sur qui compter lors des recherches, c'était bien sa nouvelle secrétaire. Lenore esquissa un bref sourire, rassurée de le voir aussi ouvert et plus enclin à parler avec elle.
Les heures passaient et elle n'avait quitté son bureau. Au diable ses idées de mariages, il avait bien plus important à penser aujourd'hui. Qui allait être la prochaine victime ? Y en aurait-il seulement une ? L'ennemi avait l'avantage...mais comment ? Quelque chose manquait à l'équation. Si elle n'était pas là à lire pour se calmer, quelques vases auraient éclaté au sol.
On toqua à la porte.
"Entrez."
A la vue de Yuan, elle ferma son livre et s'approcha de lui. Ils étaient donc revenus de mission, alors pourquoi diable avait-il l'air si grave ? Le hyurois referma la porte et laissa ses bras ballant le long de son corps, histoire d'avoir une allure plus respectable que celle du malfrat qu'il pouvait parfois incarner.
"Ils ont eu... Ihna et Lys. Mêmes méthodes, mêmes procédés... On a rien pu faire.
- ...Pardon ?
- Ils ne parlaient pas et ne voulaient s'en prendre qu'à elles.
- Faites m'en un rapport. Je veux chaque détail, grands ou minimes. Je veux tout savoir. Quitte à ce que vous demandiez de l'aide à Thalia pour vous l'écrire, qu'importe."
Il hocha la tête, l'idée d'aller voir Thalia lui trottait dans la tête depuis longtemps. Cela allait être une occasion de plus.
"Vous n'avez pas remarqué une coincidence avec les victimes ? demanda Yuan.
- Elles sont toutes des femmes." répondit la hyuroise sans détour.
Bien sûr, il échangea avec elle ses théories et hypothèses d'une telle attaque et surtout pourquoi elles et pas eux. Il souhaitait enquêter de son côté, avec son frère qu'elle ne connaissait même pas. Mais toute aide était la bienvenue, surtout dans ce temps de crise. Ainsi le rapport terminé, il partit, laissant la Dame seule avec ses pensées. Il allait falloir qu'elle rende visite aux deux nouvelles victimes.
Lorqu'elle releva son regard sur l'horloge, elle suivit les secondes sans y prêter attention. Le compte à rebours s'était déclenché...
Et il fallait qu'elle arrive à contrôler son don avant la fin.
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
La brise hivernale faisait frissonner les plus tardifs. Le croissant de lune brillait dans le ciel sans qu'aucun nuage ne vienne entacher sa clarté. Le pavé, froid, supportait pourtant les pas des deux associés, sortis de l'auberge un peu plus tôt que la fin des festivités. Si Lenore tenait le bras de Derek, c'était ce dernier qui menait la danse. Leurs talons rythmaient la ruelle de brumée, étonnamment très calme. Ce n'était qu'une fois en haut des escaliers, sur un plateau du quartier résidentiel, que l'avocat s'arrêta.
"Ton don.
- ...Qu'en est-il ?"
C'était donc cela, la raison de leur départ. Il était vrai qu'elle n'appréciait guère en parler, à la merci des questions indiscrètes des paparazzis. La cantatrice lâcha alors le bras de son acolyte pour se tenir devant lui. Il semblait plus sérieux qu'à la dernière discussion.
"Comme je t'ai dit : il faudrait qu'on essaye de trouver un moyen de le déclencher.
- Cela ne se fait pas sur demande..."
Il tiqua à la mention de demande.
"Qu'est-ce qui l'a déclenché jusqu'ici ?
- C'est...un tout. Un son, un touché... Le simple fait que j'existe.
- Il n'y avait pas d'élément spécifique ? Quelque chose, un élément récurrent à chaque fois ? Un lien entre les sons et le touché ?"
Elle prit un temps pour réfléchir, une main sur le cœur. C'était en partie pour cette raison qu'elle n'aimait pas en parler : elle n'en savait rien. Quelques pas plus loin, elle se tint dos à lui, qui, d'ailleurs, n'avait aucune pitié à l'ébranler de la sorte. La fin justifiait les moyens selon lui. Et puis, parler d'un don dont il n'avait jamais entendu parler... Il voulait une vraie preuve, pour une fois.
"Ce pouvoir pourrait nous donner une avance radicale sur eux.
- Ce sont des choses liées aux personnes concernées la plupart du temps. Il m'arrive...d'avoir des visions lorsque je touche des personnes, sur un futur néfaste. Mais si je n'en ai pas... Tout va bien, n'est-ce pas ?
- Autant essayer de suite, non ?"
A ces mots, Derek lui tend sa main nue de tout gant, paume vers le ciel. Lenore la toisa avec incertitude. Était-ce réellement le bon moment pour s'entraîner, non loin de la foule ?
"Je compte pas leur laisser le temps de me paralyser si j'en trouve un. Donc autant savoir si ça, le destin le perçoit comme un risque. Lenore, ce n'est pas le moment d'hésiter !"
Elle se sentie propulsée par l'ambition de son second. Elle s'avança alors à lui et lui prit la main sur laquelle elle tâtait ses doigts et sa paume pendant de longues secondes. Au loin, cela aurait pu être un joli tableau qui dépeignait deux amoureux en pleine nuit de la Valention. Pourtant, les pupilles de la cantatrice transpirait la peur et l'incompréhension. Rien de ce qu'elle faisait semblait la transcender comme son don le lui imposait. Si les Douze lui jouaient des tours, elle subissait véritablement une humiliation.
"Je ne sens rien.
- ...Foutue magie. Même ça, c'est inutile !"
Il retira sa main et se retourna vers le muret derrière lui. Penchée vers elle, il se soutenait de ses bras, soupirant un râle d'agacement. Il y laissa son veston et, comme se jetant dans la colère de ses sentiments, il revint se présenter à la Dame qui prônait un air coupable. Il ne lui avait pas fallu longtemps avant d'hausser le ton.
"Il te faut quoi ? Du stress ? De la pression ? Quelqu'un de mourant peut-être ?
- Je...
- On perd, Lenore. Et les derniers gros combats de l'Ordre ont été gagnés parce que l'Ordre avait ton pouvoir.
- J'ai simplement du mal à embrasser...ce don.
- Dis-moi de quoi tu as besoin alors ! Il est là ce don, alors fais-en quelque chose ! Il est là, non ? Je ne l'ai jamais vu, mais il est là, non ?"
A mesure que le ton montait, Derek s'approchait de Lenore, bien plus menaçant qu'auparavant. Son regard brûlait d'envie de voir ce don, et ainsi, d'avancer dans l'enquête, au point qu'il en oubliait à qui il parlait : la directrice, mais surtout, une amie. La Dame semblait de plus en plus déstabilisée.
"Je ne sais pas ! Mais il doit bien servir à quelque chose... Je dois bien servir à quelque chose !
- Réfléchis !"
Il lui saisit les mains à nouveau, n'inspirant plus que la peur pour la Dame. Elle eut le réflexe d'enlever ses mains, sans lui répondre, si ce n'était un regard effrayé. Il avait dépassé les bornes. Lui, marqua un temps afin de réaliser ce qu'il était en train de faire. Il se retourna pour se tenir de nouveau sur le muret, un soupir traversant ses lèvres.
" Pardon... Je ne voulais pas te faire peur. Cette magie, tout ça, ça me dépasse.
- Je ferais de mon mieux...pour trouver les rennes."
Elle resta derrière lui, le regardant desserrer sa cravate. Pour la première fois, elle pouvait voir en lui la peur. Pas celle qu'elle avait pu voir à propos d'Angie. Pour une fois, elle le voyait s'inquiéter pour elle, stipulant que si ces inconnus souhaiteraient trouver une voix, cela serait probablement la sienne. Si cela lui réchauffa le coeur, cela ne fit qu'accentuer sa quête de contrôle sur son pouvoir.
"Ton don.
- ...Qu'en est-il ?"
C'était donc cela, la raison de leur départ. Il était vrai qu'elle n'appréciait guère en parler, à la merci des questions indiscrètes des paparazzis. La cantatrice lâcha alors le bras de son acolyte pour se tenir devant lui. Il semblait plus sérieux qu'à la dernière discussion.
"Comme je t'ai dit : il faudrait qu'on essaye de trouver un moyen de le déclencher.
- Cela ne se fait pas sur demande..."
Il tiqua à la mention de demande.
"Qu'est-ce qui l'a déclenché jusqu'ici ?
- C'est...un tout. Un son, un touché... Le simple fait que j'existe.
- Il n'y avait pas d'élément spécifique ? Quelque chose, un élément récurrent à chaque fois ? Un lien entre les sons et le touché ?"
Elle prit un temps pour réfléchir, une main sur le cœur. C'était en partie pour cette raison qu'elle n'aimait pas en parler : elle n'en savait rien. Quelques pas plus loin, elle se tint dos à lui, qui, d'ailleurs, n'avait aucune pitié à l'ébranler de la sorte. La fin justifiait les moyens selon lui. Et puis, parler d'un don dont il n'avait jamais entendu parler... Il voulait une vraie preuve, pour une fois.
"Ce pouvoir pourrait nous donner une avance radicale sur eux.
- Ce sont des choses liées aux personnes concernées la plupart du temps. Il m'arrive...d'avoir des visions lorsque je touche des personnes, sur un futur néfaste. Mais si je n'en ai pas... Tout va bien, n'est-ce pas ?
- Autant essayer de suite, non ?"
A ces mots, Derek lui tend sa main nue de tout gant, paume vers le ciel. Lenore la toisa avec incertitude. Était-ce réellement le bon moment pour s'entraîner, non loin de la foule ?
"Je compte pas leur laisser le temps de me paralyser si j'en trouve un. Donc autant savoir si ça, le destin le perçoit comme un risque. Lenore, ce n'est pas le moment d'hésiter !"
Elle se sentie propulsée par l'ambition de son second. Elle s'avança alors à lui et lui prit la main sur laquelle elle tâtait ses doigts et sa paume pendant de longues secondes. Au loin, cela aurait pu être un joli tableau qui dépeignait deux amoureux en pleine nuit de la Valention. Pourtant, les pupilles de la cantatrice transpirait la peur et l'incompréhension. Rien de ce qu'elle faisait semblait la transcender comme son don le lui imposait. Si les Douze lui jouaient des tours, elle subissait véritablement une humiliation.
"Je ne sens rien.
- ...Foutue magie. Même ça, c'est inutile !"
Il retira sa main et se retourna vers le muret derrière lui. Penchée vers elle, il se soutenait de ses bras, soupirant un râle d'agacement. Il y laissa son veston et, comme se jetant dans la colère de ses sentiments, il revint se présenter à la Dame qui prônait un air coupable. Il ne lui avait pas fallu longtemps avant d'hausser le ton.
"Il te faut quoi ? Du stress ? De la pression ? Quelqu'un de mourant peut-être ?
- Je...
- On perd, Lenore. Et les derniers gros combats de l'Ordre ont été gagnés parce que l'Ordre avait ton pouvoir.
- J'ai simplement du mal à embrasser...ce don.
- Dis-moi de quoi tu as besoin alors ! Il est là ce don, alors fais-en quelque chose ! Il est là, non ? Je ne l'ai jamais vu, mais il est là, non ?"
A mesure que le ton montait, Derek s'approchait de Lenore, bien plus menaçant qu'auparavant. Son regard brûlait d'envie de voir ce don, et ainsi, d'avancer dans l'enquête, au point qu'il en oubliait à qui il parlait : la directrice, mais surtout, une amie. La Dame semblait de plus en plus déstabilisée.
"Je ne sais pas ! Mais il doit bien servir à quelque chose... Je dois bien servir à quelque chose !
- Réfléchis !"
Il lui saisit les mains à nouveau, n'inspirant plus que la peur pour la Dame. Elle eut le réflexe d'enlever ses mains, sans lui répondre, si ce n'était un regard effrayé. Il avait dépassé les bornes. Lui, marqua un temps afin de réaliser ce qu'il était en train de faire. Il se retourna pour se tenir de nouveau sur le muret, un soupir traversant ses lèvres.
" Pardon... Je ne voulais pas te faire peur. Cette magie, tout ça, ça me dépasse.
- Je ferais de mon mieux...pour trouver les rennes."
Elle resta derrière lui, le regardant desserrer sa cravate. Pour la première fois, elle pouvait voir en lui la peur. Pas celle qu'elle avait pu voir à propos d'Angie. Pour une fois, elle le voyait s'inquiéter pour elle, stipulant que si ces inconnus souhaiteraient trouver une voix, cela serait probablement la sienne. Si cela lui réchauffa le coeur, cela ne fit qu'accentuer sa quête de contrôle sur son pouvoir.
Et le soir-même, un cri retentit dans les geôles de l'Ordre.
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
"Ne touchez que la Dame Blanche principale !"
Le combat faisait rage. Les soldats des Immortels affrontaient les mages noirs avec une férocité notoire, quand bien même leur supériorité numérique. A l'arrière de l'église abandonnée combattaient les membres de l'Ordre face à une menace bien plus importante encore... La dame blanche qui avait été localisée bien avant par Vhayi et ses drones étaient encore plus grande que prévu. Sa puissance égalait presque celle des fameux primordiaux, mais elle était grandement affaiblie par le manque considérable d'énergie.
La dame faisait rythmer le cœur des siens d'une douce mélodie enivrante. Sa voix fit vibrer la bravoure de ses hommes qui combattaient à ses côtés dans la rage et la volonté d'en finir. Bien que mise en arrière, elle donnait tantôt les directives, tantôt elle conférait à ses alliés de la force. Pourtant, la hargne qui abritait sa voix rivalisait avec celle de l'immense dame blanche se tenant devant eux.
Un cri, une paralysie. La voix de la dame résonna dans l'église tel une puissante rafale destructrice. Les sept dames blanches ne bougèrent plus, leurs corps ne leur obéissant plus. C'était le moment... C'était aux siens de briller et mettre un terme à cette folie meurtrière ! Balian resta à ses côtés, s'improvisant bouclier pour la directrice, comme il le faisait à chaque fois. Helena avait été la première à donner le coup fatal à la grande dame blanche, qui détruisit les six effigies blanches. Oui... C'était maintenant !
Vhayi se projeta sur la grande créature et y planter ses katanas, Yuan appuya sur la détente de son calibre pour viser sa tête tandis que les autres portèrent eux aussi le coup fatal. Ce fut dans une lumière aveuglante qu'elle disparut. Les bouts d'âme s'envolèrent jusqu'à leur propriétaire, sauf pour ceux qui avaient trépassé. Tout était fini, il ne restait plus qu'à ramener tout le monde et prodiguer les premiers soins.
"Que tout le monde rentre à l'Ordre !"
A ces mots, plusieurs se levèrent avec difficulté pour partir. Quant à la directrice, elle se dirigea vers Murd et Helena qui tenaient en leur joug le fameux "Grand Oracle". Si Helena avait le regard dont une noirceur brillait au creux de ses yeux, Murd paraissait en colère et en rage face au mage charcuté de tous les côtés.
"On fait quoi avec lui, patronne ?
- Est-ce qu'on pourrait lui casser au moins un bras...? demanda Helena, malsaine.
Nul doute que cela laissa un blanc de quelques longues secondes. Pourtant, Lenore ferma les yeux et se retourna.
- Je ferais l'impasse dessus. Mais une fois fait, donnez-le aux Immortels.
- Bien."
Lorsqu'elle mena la marche jusqu'à la sortie des ruines, elle entendit derrière elle les hurlements d'un homme qui eut aucune pitié pour ses agents autrefois. Elle n'était pas fière de fermer les yeux face à cette cruauté, mais tout pouvoir impliquait de grande responsabilité et elle ne dérogeait pas à la règle.
Une fois de sortie, Lenore compta le nombre d'agents présents, le regard rassuré d'y voir tout le monde sain et sauf, bien qu'il s'agissait là d'un grand mot. Plusieurs membres avaient besoin d'une opération chirurgicale, et beaucoup de repos.
Le combat faisait rage. Les soldats des Immortels affrontaient les mages noirs avec une férocité notoire, quand bien même leur supériorité numérique. A l'arrière de l'église abandonnée combattaient les membres de l'Ordre face à une menace bien plus importante encore... La dame blanche qui avait été localisée bien avant par Vhayi et ses drones étaient encore plus grande que prévu. Sa puissance égalait presque celle des fameux primordiaux, mais elle était grandement affaiblie par le manque considérable d'énergie.
La dame faisait rythmer le cœur des siens d'une douce mélodie enivrante. Sa voix fit vibrer la bravoure de ses hommes qui combattaient à ses côtés dans la rage et la volonté d'en finir. Bien que mise en arrière, elle donnait tantôt les directives, tantôt elle conférait à ses alliés de la force. Pourtant, la hargne qui abritait sa voix rivalisait avec celle de l'immense dame blanche se tenant devant eux.
Un cri, une paralysie. La voix de la dame résonna dans l'église tel une puissante rafale destructrice. Les sept dames blanches ne bougèrent plus, leurs corps ne leur obéissant plus. C'était le moment... C'était aux siens de briller et mettre un terme à cette folie meurtrière ! Balian resta à ses côtés, s'improvisant bouclier pour la directrice, comme il le faisait à chaque fois. Helena avait été la première à donner le coup fatal à la grande dame blanche, qui détruisit les six effigies blanches. Oui... C'était maintenant !
Vhayi se projeta sur la grande créature et y planter ses katanas, Yuan appuya sur la détente de son calibre pour viser sa tête tandis que les autres portèrent eux aussi le coup fatal. Ce fut dans une lumière aveuglante qu'elle disparut. Les bouts d'âme s'envolèrent jusqu'à leur propriétaire, sauf pour ceux qui avaient trépassé. Tout était fini, il ne restait plus qu'à ramener tout le monde et prodiguer les premiers soins.
"Que tout le monde rentre à l'Ordre !"
A ces mots, plusieurs se levèrent avec difficulté pour partir. Quant à la directrice, elle se dirigea vers Murd et Helena qui tenaient en leur joug le fameux "Grand Oracle". Si Helena avait le regard dont une noirceur brillait au creux de ses yeux, Murd paraissait en colère et en rage face au mage charcuté de tous les côtés.
"On fait quoi avec lui, patronne ?
- Est-ce qu'on pourrait lui casser au moins un bras...? demanda Helena, malsaine.
Nul doute que cela laissa un blanc de quelques longues secondes. Pourtant, Lenore ferma les yeux et se retourna.
- Je ferais l'impasse dessus. Mais une fois fait, donnez-le aux Immortels.
- Bien."
Lorsqu'elle mena la marche jusqu'à la sortie des ruines, elle entendit derrière elle les hurlements d'un homme qui eut aucune pitié pour ses agents autrefois. Elle n'était pas fière de fermer les yeux face à cette cruauté, mais tout pouvoir impliquait de grande responsabilité et elle ne dérogeait pas à la règle.
Une fois de sortie, Lenore compta le nombre d'agents présents, le regard rassuré d'y voir tout le monde sain et sauf, bien qu'il s'agissait là d'un grand mot. Plusieurs membres avaient besoin d'une opération chirurgicale, et beaucoup de repos.
Mais tout cela était fini désormais.
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
"Qui d'autre est mieux placé que moi pour être ton mari, Lenore ?"
Cette vérité la frappa au visage alors que le hyurois tenait avec une fermeté insoupçonnée le menton de la cantatrice, coincée au pied du mur. Quelques heures plus tôt, elle l'avait humilié et lui avait pris sa plus grande fierté en le renvoyant de son poste pour son insubordination. Pourtant, l'orgueil de son second était si démesurée qu'elle n'avait pas prévu qu'il s'attaquerait à son propre jeu.
"Tu n'oserais pas.
- Bien sûr que si et je sais que ta famille acceptera. Je suis ton second, je suis leur avocat, je suis riche, marqué par la réussite et mes talents en négociation ne sont plus à prouver... Ils diront oui.
- ...Que cherches-tu, enfin, Derek ?
- Toi."
Quand bien même le hyurois avait l'ascendant sur sa supérieure, cette dernière maintenait un regard marqué par la volonté de lui tenir tête, malgré le fait qu'elle était coincée dans son propre jeu. Elle lui avait déjà fait part de son devoir en tant qu'ishgardaise et du peu d'intérêt qu'elle portait à l'idée de trouver l'amour si ce n'était pas pour son travail qu'elle vivait principalement. De tout le monde, il avait fallu que ce soit cet homme à l'égo surdimensionné et à l'orgueil aussi sombre que son âme qui se propose à l'épouser. Les deux le savaient ; ils jouaient à un jeu d'échecs et il avait pris l'avantage. Pourtant, aussi avantageuse était sa position, Derek fit face à tout ce qui faisait de cette femme une pièce d'art : sa volonté faisait rythmé la flamme dans ses yeux de glace.
"Ainsi soit-il. Toutefois, sache que la place d'époux auprès de moi n'est guère aisée et que rien de tes petits jeux ne sauraient la maintenir.
- Que les Douze en soient témoins...
Derek réaffirma son emprise sur la chanteuse en rapprochant leurs lèvres jusqu'à ce qu'il puisse les frôler des siennes, son regard fasciné de voir la dame ishgardaise tenter de s'échapper de ses griffes.
- Qui craquera en premier ? Toi face à mes jeux ? Moi quant à cette place ? Qui changera le plus l'autre...? Dans tous les cas, tu seras mienne et personne n'y pourra rien."
La tension était palpable, peut-être trop. Personne d'autre qu'eux deux n'étaient présent dans le grand appartement de l'avocat dont le balcon peignait un tableau lumineux sur la ville de la Cité d'Or. Dominateur, Derek se voulait intrusif, presque omniprésent dans la vie de celle qui venait de l'humilier pour la première fois de sa vie. Elle représentait à la fois l'autorité et la menace - l'adversaire le plus coriace pour la vie de l'avocat. Quant à la cantatrice, elle comparait cela à un jeu de pouvoir. Elle connaissait parfaitement ce jeu pour y être née dedans. S'il cherchait à la battre sur un terrain qu'elle ne connaissait que trop bien, il ne devrait que perdre.
"Cela veut dire que tu acceptes de nouveau ton rôle de second ?
- Je l'accepte. Je serais à tes côtés, à la tête de la section Rhalgr.
- Bien. Maintenant, ne me touche plus avant notre union.
- Embrasse-moi.
- Jamais.
- Dans ce cas..."
La volonté de l'avocat était sans limite. Réaffirmant une fois de plus son emprise sur elle, il prit sa nuque pour s'emparer de ses lèvres dans un baiser forcé et volé. L'échange fougueux dont la cantatrice tenta de se dépêtrer lui semblait interminable, aussi passionné que dangereux ; à l'image de Derek. Telle une réponse aussi agressive que leur échange, elle le gifla de toutes ses forces. Ce dernier accusa le coup et la libérera de son emprise, une main sur sa joue, un sourire arrogant dessinant ses lèvres.
"Tu repousses l'inévitable."
Il aurait cru voir un loup prendre possession du regard de la cantatrice pendant l'espace d'un instant. Elle avait été assez bafoué à son tour et quitta l'appartement de son collègue, bientôt mari, le pas furibond. La porte claqua si fort que les murs du hall d'entrée de l'immeuble firent résonner le son sur vingt yalms.
Elle fit les cents pas dans son bureau, les mains serrant son éventail. Elle se sentait humiliée et surtout, dans l'impasse. Elle qui disait ne pas être affectée par le mari que sa famille lui choisirait, la voilà à regretter que cela soit son propre second. Il était tout ce qu'elle détestait et ne suivait guère les mêmes convictions qu'elle. Ses méthodes étaient discutables et son arrogance le perdrait sûrement un jour. Il n'était pas difficile à comprendre qu'il n'était intéressé par ce mariage que par pur intérêt personnel et c'était bien ce qui rythmait la colère sourde dans son ventre.
Seule Khara vit la colère de la Dame à mesure qu'elle se trouvait également dans son bureau. La directrice fit un boucan impossible avec ses talons, il lui était impossible de se concentrer. Mais fallait-il pour autant la tirer de ses pensées ? Elle semblait si focalisée sur ses pensées... Ce qui était normal, puisqu'elle préparait la défense de son jeu avec Derek...
Cette vérité la frappa au visage alors que le hyurois tenait avec une fermeté insoupçonnée le menton de la cantatrice, coincée au pied du mur. Quelques heures plus tôt, elle l'avait humilié et lui avait pris sa plus grande fierté en le renvoyant de son poste pour son insubordination. Pourtant, l'orgueil de son second était si démesurée qu'elle n'avait pas prévu qu'il s'attaquerait à son propre jeu.
"Tu n'oserais pas.
- Bien sûr que si et je sais que ta famille acceptera. Je suis ton second, je suis leur avocat, je suis riche, marqué par la réussite et mes talents en négociation ne sont plus à prouver... Ils diront oui.
- ...Que cherches-tu, enfin, Derek ?
- Toi."
Quand bien même le hyurois avait l'ascendant sur sa supérieure, cette dernière maintenait un regard marqué par la volonté de lui tenir tête, malgré le fait qu'elle était coincée dans son propre jeu. Elle lui avait déjà fait part de son devoir en tant qu'ishgardaise et du peu d'intérêt qu'elle portait à l'idée de trouver l'amour si ce n'était pas pour son travail qu'elle vivait principalement. De tout le monde, il avait fallu que ce soit cet homme à l'égo surdimensionné et à l'orgueil aussi sombre que son âme qui se propose à l'épouser. Les deux le savaient ; ils jouaient à un jeu d'échecs et il avait pris l'avantage. Pourtant, aussi avantageuse était sa position, Derek fit face à tout ce qui faisait de cette femme une pièce d'art : sa volonté faisait rythmé la flamme dans ses yeux de glace.
"Ainsi soit-il. Toutefois, sache que la place d'époux auprès de moi n'est guère aisée et que rien de tes petits jeux ne sauraient la maintenir.
- Que les Douze en soient témoins...
Derek réaffirma son emprise sur la chanteuse en rapprochant leurs lèvres jusqu'à ce qu'il puisse les frôler des siennes, son regard fasciné de voir la dame ishgardaise tenter de s'échapper de ses griffes.
- Qui craquera en premier ? Toi face à mes jeux ? Moi quant à cette place ? Qui changera le plus l'autre...? Dans tous les cas, tu seras mienne et personne n'y pourra rien."
La tension était palpable, peut-être trop. Personne d'autre qu'eux deux n'étaient présent dans le grand appartement de l'avocat dont le balcon peignait un tableau lumineux sur la ville de la Cité d'Or. Dominateur, Derek se voulait intrusif, presque omniprésent dans la vie de celle qui venait de l'humilier pour la première fois de sa vie. Elle représentait à la fois l'autorité et la menace - l'adversaire le plus coriace pour la vie de l'avocat. Quant à la cantatrice, elle comparait cela à un jeu de pouvoir. Elle connaissait parfaitement ce jeu pour y être née dedans. S'il cherchait à la battre sur un terrain qu'elle ne connaissait que trop bien, il ne devrait que perdre.
"Cela veut dire que tu acceptes de nouveau ton rôle de second ?
- Je l'accepte. Je serais à tes côtés, à la tête de la section Rhalgr.
- Bien. Maintenant, ne me touche plus avant notre union.
- Embrasse-moi.
- Jamais.
- Dans ce cas..."
La volonté de l'avocat était sans limite. Réaffirmant une fois de plus son emprise sur elle, il prit sa nuque pour s'emparer de ses lèvres dans un baiser forcé et volé. L'échange fougueux dont la cantatrice tenta de se dépêtrer lui semblait interminable, aussi passionné que dangereux ; à l'image de Derek. Telle une réponse aussi agressive que leur échange, elle le gifla de toutes ses forces. Ce dernier accusa le coup et la libérera de son emprise, une main sur sa joue, un sourire arrogant dessinant ses lèvres.
"Tu repousses l'inévitable."
Il aurait cru voir un loup prendre possession du regard de la cantatrice pendant l'espace d'un instant. Elle avait été assez bafoué à son tour et quitta l'appartement de son collègue, bientôt mari, le pas furibond. La porte claqua si fort que les murs du hall d'entrée de l'immeuble firent résonner le son sur vingt yalms.
Elle fit les cents pas dans son bureau, les mains serrant son éventail. Elle se sentait humiliée et surtout, dans l'impasse. Elle qui disait ne pas être affectée par le mari que sa famille lui choisirait, la voilà à regretter que cela soit son propre second. Il était tout ce qu'elle détestait et ne suivait guère les mêmes convictions qu'elle. Ses méthodes étaient discutables et son arrogance le perdrait sûrement un jour. Il n'était pas difficile à comprendre qu'il n'était intéressé par ce mariage que par pur intérêt personnel et c'était bien ce qui rythmait la colère sourde dans son ventre.
Seule Khara vit la colère de la Dame à mesure qu'elle se trouvait également dans son bureau. La directrice fit un boucan impossible avec ses talons, il lui était impossible de se concentrer. Mais fallait-il pour autant la tirer de ses pensées ? Elle semblait si focalisée sur ses pensées... Ce qui était normal, puisqu'elle préparait la défense de son jeu avec Derek...
Elle disposait ses pions sur l'échiquier.
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
L'heure du souper n'était jamais venue aussi rapidement qu'aujourd'hui. Le soleil, toujours présent, s'effaçait petit à petit à l'horizon, mangé par les arbres et les montagnes de la forêt de Sombrelinceul, tandis que musiciens et chanteurs quittèrent la chapelle sous le regard avisé de la cantatrice. Comme toujours, elle arborait avec fierté ses origines ishgardaises, à tel point que certains trouvaient l'étiquette de cette dernière bien trop prononcée.
"Vous avez fait du bon travail, merci à tous d'être venus."
Tous la remercièrent un par un, le sourire aux lèvres. Cela faisait désormais plusieurs jours qu'ils répétaient pour le mariage de sa secrétaire, Khara. Elle prenait son rôle de demoiselle d'honneur très à coeur, après tout, le mariage était sacré pour elle.
Son regard se tourna finalement vers la grande chapelle qui resplendissait de mille lumières chatoyantes. Le vent se leva et caressa la chevelure et la robe de la cantatrice qui n'en démordait pas. Si le mariage de Khara se profilait à merveille, le sien avait été avancé de onze lunes. Onze lunes... Ce n'était pas rien, c'était même très audacieux de la part de son promis.
Elle ferma quelques instants les yeux. Il avait le don de l'agacer mais sur ce coup, il avait bien jonglé avec les éléments qu'il avait en main. Après tout, il n'avait pas tort. A son âge, elle aurait dû être mariée depuis bien longtemps et aurait dû donner naissance à bons nombres d'enfants... Et leur métier était très dangereux. Elle savait qu'à tout moment, elle pouvait périr parce qu'un démon aurait été plus fort qu'elle, parce qu'un adversaire aurait été plus malin qu'elle... Ou parce qu'elle aurait donné sa vie pour sauver les siens. Elle serre les mains entre elles. Elle savait qu'il était de son devoir d'apporter une succession digne de ce nom à sa famille et chose due, chose faite.
Ce mariage était presque trop précipité. Elle avait de nouveau sous-estimé la parole et la langue de velours de Derek, et le voilà qu'il gagnait du terrain sur leur jeu d'échecs. Il avait déjà tout dans sa vie : gloire, argent, renommé... La seule chose qu'il lui manquait était une femme. Elle aurait pu se sentir honorée d'être choisie comme femme, parce que cela était synonyme d'égalité. Il la prenait pour son égal, elle brillait autant que lui brillait, sur d'autres points seulement. Certaines la jalousaient même. Ils n'étaient même pas encore mariés que cela créait déjà des problèmes.
Finalement, elle était revenue chez elle aussi silencieuse qu'elle était venue. Elle se trouvait dans un parallèle avec la joie de sa secrétaire qui avait eu une demande romantique sous le feu des projecteurs. Comment ne pas l'envier ? Heureusement pour elle, son amour s'était portée sur son travail. Par dessus l'amour, c'était son travail qu'elle affectionnait tant. Sauver des vies, repousser le néant, l'éradiquer... Et rééquilibrer les forces d'Hydaelyn. Pour le moment, elle menait son combat sur plusieurs fronts et celui qui lui prenait parfois le plus de temps était celui contre son promis. S'il souhaitait l'acculer contre le mur, alors soit. Elle fera en sorte de le changer...
"Vous avez fait du bon travail, merci à tous d'être venus."
Tous la remercièrent un par un, le sourire aux lèvres. Cela faisait désormais plusieurs jours qu'ils répétaient pour le mariage de sa secrétaire, Khara. Elle prenait son rôle de demoiselle d'honneur très à coeur, après tout, le mariage était sacré pour elle.
Son regard se tourna finalement vers la grande chapelle qui resplendissait de mille lumières chatoyantes. Le vent se leva et caressa la chevelure et la robe de la cantatrice qui n'en démordait pas. Si le mariage de Khara se profilait à merveille, le sien avait été avancé de onze lunes. Onze lunes... Ce n'était pas rien, c'était même très audacieux de la part de son promis.
"J'ai su jouer avec les cartes que tu m'as donné"
Elle ferma quelques instants les yeux. Il avait le don de l'agacer mais sur ce coup, il avait bien jonglé avec les éléments qu'il avait en main. Après tout, il n'avait pas tort. A son âge, elle aurait dû être mariée depuis bien longtemps et aurait dû donner naissance à bons nombres d'enfants... Et leur métier était très dangereux. Elle savait qu'à tout moment, elle pouvait périr parce qu'un démon aurait été plus fort qu'elle, parce qu'un adversaire aurait été plus malin qu'elle... Ou parce qu'elle aurait donné sa vie pour sauver les siens. Elle serre les mains entre elles. Elle savait qu'il était de son devoir d'apporter une succession digne de ce nom à sa famille et chose due, chose faite.
Ce mariage était presque trop précipité. Elle avait de nouveau sous-estimé la parole et la langue de velours de Derek, et le voilà qu'il gagnait du terrain sur leur jeu d'échecs. Il avait déjà tout dans sa vie : gloire, argent, renommé... La seule chose qu'il lui manquait était une femme. Elle aurait pu se sentir honorée d'être choisie comme femme, parce que cela était synonyme d'égalité. Il la prenait pour son égal, elle brillait autant que lui brillait, sur d'autres points seulement. Certaines la jalousaient même. Ils n'étaient même pas encore mariés que cela créait déjà des problèmes.
Finalement, elle était revenue chez elle aussi silencieuse qu'elle était venue. Elle se trouvait dans un parallèle avec la joie de sa secrétaire qui avait eu une demande romantique sous le feu des projecteurs. Comment ne pas l'envier ? Heureusement pour elle, son amour s'était portée sur son travail. Par dessus l'amour, c'était son travail qu'elle affectionnait tant. Sauver des vies, repousser le néant, l'éradiquer... Et rééquilibrer les forces d'Hydaelyn. Pour le moment, elle menait son combat sur plusieurs fronts et celui qui lui prenait parfois le plus de temps était celui contre son promis. S'il souhaitait l'acculer contre le mur, alors soit. Elle fera en sorte de le changer...
...puisque son destin se voyait indéniablement lié au sien.
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
Il avait gagné. Elle l'avait su dès qu'elle avait passé le pas de la porte de la chambre conjugale, désormais leurs. Le silence, signe de tranquillité, sonnait ici le glas pour la nouvelle épouse. Derek referma la porte derrière eux et porta son attention sur sa nouvelle acquisition, celle pour qui il avait tout abandonné pour un simple pêché d'orgueil.
"Vous êtes le vainqueur, Derek.
- Mais je n'ai pas fini de gagner."
Il s'approcha d'elle et dans un désir incontrôlé de la faire sienne, il déchira le col de sa robe pour dévoiler la nuque vierge de son épouse pour y laisser sa marque d'un baiser possessif. Il l'empoigna des épaules et par sa force, elle pouvait sentir qu'il ne plaisantait pas. Ce désir malsain de ne l'avoir que pour lui était bien né d'une vengeance et pourtant, quand bien même il avait gagné la "guerre", il n'était pas satisfait... Il voulait toujours plus d'elle, rongé par une envie dont lui-même ne connaissait l'essence.
Cette nuit fut ainsi marquée par la victoire de l'Aigle sur la Louve. Elle lui avait maintes et maintes fois dit qu'un tel mariage arrangé ne la dérangeait guère, ses valeurs et son devoir pour sa famille étaient tout ce qui importait pour elle. Toutefois, Derek avait dépassé toutes les limites autorisées. Lorsqu'elle lui tendait une main, c'était tout le bras qu'il lui mangeait, à son plus grand désarroi. Il n'allait pas se contenter d'un simple "oui", il voulait bien plus que ça... Il voulait son cœur car il était tout ce qu'il ne pouvait espérer.
Le lendemain, Lenore sentit les bras de son prédateur l'enlacer. Comparé à la veille, le réveil était bien plus doux. Pourtant, elle ne souhaitait pas se réveiller, quand bien même il était délicat et attentionné avec elle. Ce n'était qu'une façade, elle pouvait encore sentir l'arrogance dans sa voix.
"Bonjour à vous, ma chère épouse...
- Bonjour à vous, Derek de Riverhood."
Quand bien même sa tristesse était palpable, elle ne s'avouait vaincue. Sa volonté était telle qu'elle pouvait même défier les Douze et rappeler le nouveau nom à son époux était une manière de lui dire qu'elle n'abandonnerait pas pour autant. Après tout, ce simple nom lui rappelait "l'abandon" de son titre de meilleur avocat de la ville d'Ul'dah. Ce simple nom écrasait tous ses projets... Et il s'était piégé lui-même en souhaitant s'élever à la même hauteur que sa dame.
"Comment était votre nuit ?
- A merveille, puisque je suis à vos côtés désormais."
Elle sentait une main lui caresser tendrement le dos à mesure qu'ils conversaient. Elle préféra fermer les yeux, mue dans sa réflexion, emprunte à une mélancolie notable. Ce n'était pas le moment de craquer, pas encore. Il fallait qu'elle fasse le vide, elle était dans l’irrésistible envie de faire le point. Si elle n'avait pas encore enclenché sa manœuvre, sa stratégie tenait encore la route. Il lui fallait simplement un peu plus de temps et de patience. Il fallait qu'elle endure encore et elle le faisait avec une volonté d'acier puisqu'elle savait qu'un jour...
"Vous êtes le vainqueur, Derek.
- Mais je n'ai pas fini de gagner."
Il s'approcha d'elle et dans un désir incontrôlé de la faire sienne, il déchira le col de sa robe pour dévoiler la nuque vierge de son épouse pour y laisser sa marque d'un baiser possessif. Il l'empoigna des épaules et par sa force, elle pouvait sentir qu'il ne plaisantait pas. Ce désir malsain de ne l'avoir que pour lui était bien né d'une vengeance et pourtant, quand bien même il avait gagné la "guerre", il n'était pas satisfait... Il voulait toujours plus d'elle, rongé par une envie dont lui-même ne connaissait l'essence.
Cette nuit fut ainsi marquée par la victoire de l'Aigle sur la Louve. Elle lui avait maintes et maintes fois dit qu'un tel mariage arrangé ne la dérangeait guère, ses valeurs et son devoir pour sa famille étaient tout ce qui importait pour elle. Toutefois, Derek avait dépassé toutes les limites autorisées. Lorsqu'elle lui tendait une main, c'était tout le bras qu'il lui mangeait, à son plus grand désarroi. Il n'allait pas se contenter d'un simple "oui", il voulait bien plus que ça... Il voulait son cœur car il était tout ce qu'il ne pouvait espérer.
Le lendemain, Lenore sentit les bras de son prédateur l'enlacer. Comparé à la veille, le réveil était bien plus doux. Pourtant, elle ne souhaitait pas se réveiller, quand bien même il était délicat et attentionné avec elle. Ce n'était qu'une façade, elle pouvait encore sentir l'arrogance dans sa voix.
"Bonjour à vous, ma chère épouse...
- Bonjour à vous, Derek de Riverhood."
Quand bien même sa tristesse était palpable, elle ne s'avouait vaincue. Sa volonté était telle qu'elle pouvait même défier les Douze et rappeler le nouveau nom à son époux était une manière de lui dire qu'elle n'abandonnerait pas pour autant. Après tout, ce simple nom lui rappelait "l'abandon" de son titre de meilleur avocat de la ville d'Ul'dah. Ce simple nom écrasait tous ses projets... Et il s'était piégé lui-même en souhaitant s'élever à la même hauteur que sa dame.
"Comment était votre nuit ?
- A merveille, puisque je suis à vos côtés désormais."
Elle sentait une main lui caresser tendrement le dos à mesure qu'ils conversaient. Elle préféra fermer les yeux, mue dans sa réflexion, emprunte à une mélancolie notable. Ce n'était pas le moment de craquer, pas encore. Il fallait qu'elle fasse le vide, elle était dans l’irrésistible envie de faire le point. Si elle n'avait pas encore enclenché sa manœuvre, sa stratégie tenait encore la route. Il lui fallait simplement un peu plus de temps et de patience. Il fallait qu'elle endure encore et elle le faisait avec une volonté d'acier puisqu'elle savait qu'un jour...
...tout cela allait se retourner contre lui.
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
La lune couvrait Azurée de sa lueur froide et lumineuse. A l'heure actuelle, plus personne ne jonchait les rues franchement pavées du nouveau quartier en construction. Ainsi, Derek avait accepté cette balade au clair de lune, loin des regards indiscrets et surtout, loin de ces ishgardais qu'il méprisait tant. Lenore tenait le bras de son époux et tous deux marchèrent le long de la rue principale qui menait à la grande place plus loin.
Pendant de longues minutes, ils n'échangèrent rien. Leur marche, lente, faisait écho à un long silence qui rythmait leur soirée. Si Lenore se plaisait à observer l'avancée des travaux dont sa famille participait au financement, ce n'était pas le cas de Derek qui s'ennuyait au plus haut point. Rien ne l'attirait dans cette ville, pas plus que ses habitants. La cantatrice l'avait bien compris et, de par cette balade, elle espérait en silence que cela lui changerait sa perception des choses. Finalement, ils s'approchèrent d'une barrière du pont qui offrait une vue majestueuse sur une partie du quartier finie. L'on pouvait observer les demeures fraîchement construites, un cap de feu faisant office de fontaine et un cèdre.
"Ne trouvez-vous pas cela fantastique que tout un monde se regroupe de tout horizon pour oeuvrer à la reconstruction d'Ishgard ?
- Fantastique ? Derek rétorqua, arquant un sourcil face à ce paysage qu'il n'aimait pas. Ce tableau est beau, mais froid. Et je doute qu'un jour Ishgard soit le coeur de quoi que ce soit.
- Ne vous méprenez pas, je faisais bel et bien mention de tous ses aventuriers qui se rassemblent et travaillent à l'unisson pour faire d'Ishgard ce qu'elle était d'antan. Aujourd'hui, elle est le coeur des aventuriers."
Derek marqua un temps avant de finalement se taire. Lenore n'avait pas tort - Azurée accueillait aussi bien les nobles que les aventuriers venus des quatre coins de la planète pour se reconstruire, au désarroi du nouvel ishgardais. Lenore contemplait le panorama qui défilait devant eux et arborait un sourire énigmatique, dont elle seule avait le secret. Doux et chatoyant, nul doute qu'elle était heureuse auprès de son mari. C'était sans doute cela...?
"Rien n'est attirant ici, à Ishgard.
- Pourtant, Ishgard et Ul'dah se ressemblent sur bien des points. Toutes deux accueillent des nobles de richesse ou d'épée, une température extrême et des terres désolées où l'on sut s'y établir. N'y voyez-vous donc pas leurs nombreux points communs ?
Derek balaya le paysage d'un regard las. Ce dernier lui-même lui donnait des raisons de rétorquer en défaveur.
- Ishgard n'est en rien accueillante. Ses couleurs sont ternes, ses montagnes froides. Ici, il est rare que le soleil brille et la neige rappelle constamment la mort. Je n'y vois aucun point commun, si ce n'est, en effet, ce que vous venez de cité. Mais l'une est plus chaleureuse que l'autre."
Lenore glissa un oeil vers Derek avant d'en revenir à ce tableau qu'elle appréciait tant. Son sourire s'allégea à mesure qu'il décrivait sa ville natale de la sorte. Le nouvel anobli soupira longuement avant de se tourner vers sa femme.
"Pourquoi tenez-vous tant que ça à me faire aimer cette ville ?"
Lenore lui fit face et ainsi, lui répondit d'une voix mesurée et fataliste, pas un mot plus haut que l'autre.
"Plus vite vous aimerez cette ville, moins vous souffrirez à l'idée qu'il s'agit aujourd'hui de la vôtre. Car aussi longtemps que nous vivrons, elle est désormais votre foyer, que vous le voulez ou non."
Les mots de la Dame accabla l'ex-uldien qui se mura dans un silence passif. Encore une fois, son épouse avait raison - il était devenu inutile aujourd'hui de lutter pour quelque chose de déjà perdu. Pourtant, il tiqua lorsqu'elle tourna son regard à l'horizon.
"Et car, cela me ferait plaisir.
- Aimez-vous Ul'dah ?
- Je l'aime. Malgré ses défauts, je l'aime, comme j'aime toutes les villes et cités d'Eorzéa et de cette planète. Je suis une redoutable chasseuse de démon, à l'égal de ma soif d'érudition quant à ce monde qui nous entoure."
Un énième silence s'installa entre les deux époux. De loin, ils peignaient sûrement un très beau tableau à eux deux. Derek finit par soupirer, comme épris par les mots de la cantatrice.
"Vous savez, je n'aime pas Ul'dah non plus. Mais je peux faire un effort."
Cela réussit à capter l'attention de la Dame qui vit là un espoir. L'espoir de lui faire aimer sa ville natale, celle qui l'avait vue naître et grandir parmi la noblesse. Le hyurois fut étonné de voir que le sourire de sa propre femme s'allongea un peu plus à ces paroles, dévoilant ce même visage angélique qui le fascinait autant qu'il l'effrayait.
Dans un élan incontrôlable, il vint saisir la joue et l'épaule de sa femme pour cueillir un long baiser passionné, sans faire attention aux yeux qui pouvaient se poser sur eux.
Depuis leur union, les deux ne se comportèrent plus comme avant, si ce n'était au travail. Ils s'étaient enfin vouvoyés pour le plaisir des traditions ishgardaises et pourtant, malgré cette distance verbales, Lenore avait fait les premiers pas pour mieux comprendre son mari et inversement. A la fois proches et distants, il était impossible pour une tierce personne de comprendre leur relation.
Pendant de longues minutes, ils n'échangèrent rien. Leur marche, lente, faisait écho à un long silence qui rythmait leur soirée. Si Lenore se plaisait à observer l'avancée des travaux dont sa famille participait au financement, ce n'était pas le cas de Derek qui s'ennuyait au plus haut point. Rien ne l'attirait dans cette ville, pas plus que ses habitants. La cantatrice l'avait bien compris et, de par cette balade, elle espérait en silence que cela lui changerait sa perception des choses. Finalement, ils s'approchèrent d'une barrière du pont qui offrait une vue majestueuse sur une partie du quartier finie. L'on pouvait observer les demeures fraîchement construites, un cap de feu faisant office de fontaine et un cèdre.
"Ne trouvez-vous pas cela fantastique que tout un monde se regroupe de tout horizon pour oeuvrer à la reconstruction d'Ishgard ?
- Fantastique ? Derek rétorqua, arquant un sourcil face à ce paysage qu'il n'aimait pas. Ce tableau est beau, mais froid. Et je doute qu'un jour Ishgard soit le coeur de quoi que ce soit.
- Ne vous méprenez pas, je faisais bel et bien mention de tous ses aventuriers qui se rassemblent et travaillent à l'unisson pour faire d'Ishgard ce qu'elle était d'antan. Aujourd'hui, elle est le coeur des aventuriers."
Derek marqua un temps avant de finalement se taire. Lenore n'avait pas tort - Azurée accueillait aussi bien les nobles que les aventuriers venus des quatre coins de la planète pour se reconstruire, au désarroi du nouvel ishgardais. Lenore contemplait le panorama qui défilait devant eux et arborait un sourire énigmatique, dont elle seule avait le secret. Doux et chatoyant, nul doute qu'elle était heureuse auprès de son mari. C'était sans doute cela...?
"Rien n'est attirant ici, à Ishgard.
- Pourtant, Ishgard et Ul'dah se ressemblent sur bien des points. Toutes deux accueillent des nobles de richesse ou d'épée, une température extrême et des terres désolées où l'on sut s'y établir. N'y voyez-vous donc pas leurs nombreux points communs ?
Derek balaya le paysage d'un regard las. Ce dernier lui-même lui donnait des raisons de rétorquer en défaveur.
- Ishgard n'est en rien accueillante. Ses couleurs sont ternes, ses montagnes froides. Ici, il est rare que le soleil brille et la neige rappelle constamment la mort. Je n'y vois aucun point commun, si ce n'est, en effet, ce que vous venez de cité. Mais l'une est plus chaleureuse que l'autre."
Lenore glissa un oeil vers Derek avant d'en revenir à ce tableau qu'elle appréciait tant. Son sourire s'allégea à mesure qu'il décrivait sa ville natale de la sorte. Le nouvel anobli soupira longuement avant de se tourner vers sa femme.
"Pourquoi tenez-vous tant que ça à me faire aimer cette ville ?"
Lenore lui fit face et ainsi, lui répondit d'une voix mesurée et fataliste, pas un mot plus haut que l'autre.
"Plus vite vous aimerez cette ville, moins vous souffrirez à l'idée qu'il s'agit aujourd'hui de la vôtre. Car aussi longtemps que nous vivrons, elle est désormais votre foyer, que vous le voulez ou non."
Les mots de la Dame accabla l'ex-uldien qui se mura dans un silence passif. Encore une fois, son épouse avait raison - il était devenu inutile aujourd'hui de lutter pour quelque chose de déjà perdu. Pourtant, il tiqua lorsqu'elle tourna son regard à l'horizon.
"Et car, cela me ferait plaisir.
- Aimez-vous Ul'dah ?
- Je l'aime. Malgré ses défauts, je l'aime, comme j'aime toutes les villes et cités d'Eorzéa et de cette planète. Je suis une redoutable chasseuse de démon, à l'égal de ma soif d'érudition quant à ce monde qui nous entoure."
Un énième silence s'installa entre les deux époux. De loin, ils peignaient sûrement un très beau tableau à eux deux. Derek finit par soupirer, comme épris par les mots de la cantatrice.
"Vous savez, je n'aime pas Ul'dah non plus. Mais je peux faire un effort."
Cela réussit à capter l'attention de la Dame qui vit là un espoir. L'espoir de lui faire aimer sa ville natale, celle qui l'avait vue naître et grandir parmi la noblesse. Le hyurois fut étonné de voir que le sourire de sa propre femme s'allongea un peu plus à ces paroles, dévoilant ce même visage angélique qui le fascinait autant qu'il l'effrayait.
Dans un élan incontrôlable, il vint saisir la joue et l'épaule de sa femme pour cueillir un long baiser passionné, sans faire attention aux yeux qui pouvaient se poser sur eux.
Depuis leur union, les deux ne se comportèrent plus comme avant, si ce n'était au travail. Ils s'étaient enfin vouvoyés pour le plaisir des traditions ishgardaises et pourtant, malgré cette distance verbales, Lenore avait fait les premiers pas pour mieux comprendre son mari et inversement. A la fois proches et distants, il était impossible pour une tierce personne de comprendre leur relation.
Et cette soirée n'y faisait pas exception.
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
Être ensemble, deux mots pourtant simples qui pour elle paraissaient être la lune. Elle voyait chacun profiter de cette soirée autour de ce feu de camp de fortune, entre rires et taquineries. Rien ne l'ébranlait, car bien qu'elle aimait cette vue, ce n'était pas la première fois qu'elle la voyait. Du moins, chaque année, à la même période, elle pouvait observer ces mêmes visages s'éblouir d'une joie candide qui attendrissait son cœur de grande dame de la haute.
Khara était la première qui avait attiré le regard de la dame. Son goût pour le luxe transpirait dans ses manières de diva excentrique et même si le temps avait voulu qu'elle s'adoucisse, elle gardait malgré elle ses habitudes. Lenore, qui s'était assise proche du feu, observait sa secrétaire avec humilité et douceur.
"Khara ? Viens t'asseoir à mes côtés.
- Qu..Quoi ? Vous souhaitez que je m'assoie en posant mes fesses sur...le sol, comme ce que font les pauvres ?
- Les "pauvres" comme tu aimes les appeler ne sont pas bien différent que toi. Regarde-les."
D'une main légère, elle indiqua tout ce petit monde venu festoyer dans la joie et la bonne humeur. L'on pouvait voir Sofia s'occuper des brochettes de viande et Ruby gardé un oeil sur sa petite amie. Emy n'était pas bien loin, en train de dévorer une cachette les brochettes de poissons, suivie de Vhayi qui tentait de lui convaincre de lui en donner une. Bayan, l'un des nouveaux arrivants de l'Ordre, s'était même rejoint à eux. Silencieux, il avait soif de connaissance sur cette terre et ce peuple qu'il ne connaissait pas.
Aux premiers abords, Khara fut dubitative. Habituée aux fastes et aux privilèges, elle avait toujours été habituée à avoir un transat. Pourtant, c'était sans compter l'aura bienfaitrice de sa patronne qui aura finalement eu raison sur les innombrables caprices de la top-model. Ainsi s'installa-t-elle à ses côtés, tout en réprimant une grimace de dégoût. Sûrement souhaitait-elle faire plaisir à Lenore. Cette dernière lui sourit, animée d'une profonde affection pudique envers la miqo'te. Difficile, matérialiste, frivole... Elle enchaînait les défauts qui la rendaient pourtant si authentique.
Lenore y voyait là une forme de maternité. Elle n'était pas encore mère - et cela ne saurait tarder - mais elle voyait en Khara un lien spirituel d'une mère et sa fille. Oh bien sûr, jamais elle ne saurait s'autoproclamer mère d'une jeune demoiselle comme elle. Mais c'était plus fort qu'elle, c'était un sentiment qui avait su naître en elle naturellement.
L'heure passait et le groupe grandissait à vue d'oeil. Derek, accompagné d'Osha'zi, avait enfin lâché le dossier qu'il traitait pour venir lui aussi prendre un peu de bon temps. Comme tout bon mari, il s'était assis auprès de sa femme après lui avoir volé un baiser, au plus grand désarroi de son épouse qui aurait voulu être plus discrète face à leurs membres.
Puis, vint le tour des jeux d'action et de vérité. Ignorante, Derek se faisait un plaisir à apprendre ce jeu à sa chère et tendre. Evidemment, il ne fallait pas non plus attirer le courroux de la dame qui restait malgré tout leur directrice et le respect était toujours ce qu'elle cherchait au sein de chacun. Il n'avait fallu pas moins d'une petite heure pour qu'elle puisse pleinement s'amuser avec ceux qu'elle considérait comme ses "enfants", sa "famille". Les derniers dossiers étaient classés, un nouveau vent frais venait sur la compagnie et les mandats se succédaient avec une nette baisse d'apparitions néantique. Ce sentiment qui lui réchauffait le coeur, elle le ressentit encore une fois cette année. Que c'était agréable... Que c'était revigorant.
Au fond d'elle, elle se demandait...
Khara était la première qui avait attiré le regard de la dame. Son goût pour le luxe transpirait dans ses manières de diva excentrique et même si le temps avait voulu qu'elle s'adoucisse, elle gardait malgré elle ses habitudes. Lenore, qui s'était assise proche du feu, observait sa secrétaire avec humilité et douceur.
"Khara ? Viens t'asseoir à mes côtés.
- Qu..Quoi ? Vous souhaitez que je m'assoie en posant mes fesses sur...le sol, comme ce que font les pauvres ?
- Les "pauvres" comme tu aimes les appeler ne sont pas bien différent que toi. Regarde-les."
D'une main légère, elle indiqua tout ce petit monde venu festoyer dans la joie et la bonne humeur. L'on pouvait voir Sofia s'occuper des brochettes de viande et Ruby gardé un oeil sur sa petite amie. Emy n'était pas bien loin, en train de dévorer une cachette les brochettes de poissons, suivie de Vhayi qui tentait de lui convaincre de lui en donner une. Bayan, l'un des nouveaux arrivants de l'Ordre, s'était même rejoint à eux. Silencieux, il avait soif de connaissance sur cette terre et ce peuple qu'il ne connaissait pas.
Aux premiers abords, Khara fut dubitative. Habituée aux fastes et aux privilèges, elle avait toujours été habituée à avoir un transat. Pourtant, c'était sans compter l'aura bienfaitrice de sa patronne qui aura finalement eu raison sur les innombrables caprices de la top-model. Ainsi s'installa-t-elle à ses côtés, tout en réprimant une grimace de dégoût. Sûrement souhaitait-elle faire plaisir à Lenore. Cette dernière lui sourit, animée d'une profonde affection pudique envers la miqo'te. Difficile, matérialiste, frivole... Elle enchaînait les défauts qui la rendaient pourtant si authentique.
Lenore y voyait là une forme de maternité. Elle n'était pas encore mère - et cela ne saurait tarder - mais elle voyait en Khara un lien spirituel d'une mère et sa fille. Oh bien sûr, jamais elle ne saurait s'autoproclamer mère d'une jeune demoiselle comme elle. Mais c'était plus fort qu'elle, c'était un sentiment qui avait su naître en elle naturellement.
L'heure passait et le groupe grandissait à vue d'oeil. Derek, accompagné d'Osha'zi, avait enfin lâché le dossier qu'il traitait pour venir lui aussi prendre un peu de bon temps. Comme tout bon mari, il s'était assis auprès de sa femme après lui avoir volé un baiser, au plus grand désarroi de son épouse qui aurait voulu être plus discrète face à leurs membres.
Puis, vint le tour des jeux d'action et de vérité. Ignorante, Derek se faisait un plaisir à apprendre ce jeu à sa chère et tendre. Evidemment, il ne fallait pas non plus attirer le courroux de la dame qui restait malgré tout leur directrice et le respect était toujours ce qu'elle cherchait au sein de chacun. Il n'avait fallu pas moins d'une petite heure pour qu'elle puisse pleinement s'amuser avec ceux qu'elle considérait comme ses "enfants", sa "famille". Les derniers dossiers étaient classés, un nouveau vent frais venait sur la compagnie et les mandats se succédaient avec une nette baisse d'apparitions néantique. Ce sentiment qui lui réchauffait le coeur, elle le ressentit encore une fois cette année. Que c'était agréable... Que c'était revigorant.
Au fond d'elle, elle se demandait...
...ce qui allait briser toute cette quiétude.
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
"Ma Dame, non...!"
Lorsqu'elle pénétra dans le grand salon de la demeure du Loup Blanc, les portes s'ouvrirent si brusquement qu'elles en vinrent à se cogner contre les murs. Lenore, en quête de réponses, était suivie de deux domestiques qui s'inquiétaient autant pour son état que celui de la doyenne, celle-ci tranquillement assise à son piano. Cette dernière cessa toute mélodie, dos à l'arrivante.
"Mère, que signifie tout ceci ? Quelles sont ces accusations contre Père quant à ses soit-disants sombres desseins envers le comte Harebourg ? Pourquoi a-t'il été capturé ?
- Assez."
Lenore reprit son souffle devant la vieille dame. Sa voix, calme et posée, était à l'image de celle de sa fille : elle avait la capacité de provoquer une certaine sérénité à son auditoire, en plus de l'oubli temporaire de leurs soucis. Ainsi reprit-elle contenance.
"Je savais que ce jour arriverait."
Sans rien dire de plus, Meredith se redressa de son siège et intima Lenore de la suivre. Par la même occasion, elle congédia les domestiques venus retenir sa fille. Tous les deux traversèrent ainsi un long couloir et prirent les premiers escaliers à gauche qui menaient à la première tour de la grande demeure. Ni Meredith, ni Lenore ne prononcèrent un mot le temps de la marche, quand bien même la deuxième avait encore tant de choses à lui demander. Une colère sourde brûlait au sein de son ventre lorsqu'elle se ressassait son voyage auprès du Comte Harebourg. Cette grande tour aux horloges désynchronisées qui abritait une machine toute aussi étrange que son confectionneur, soit le Comte lui-même. Elle n'en revenait pas d'y avoir vu son père aux mains d'un fou-à-lier, soit disant car il souhaitait écarter du jeu politique ce même Comte.
C'était impossible et impensable.
Arrivées en haut de la tour, là où le bureau personnel de son père siégait, Meredith referma la porte derrière elles mais ne se retourna pas tout de suite. Lenore effleurait du bout de ses doigts la surface du bureau, une étrange sentiment l'habitant. Il lui avait toujours été interdit d'entrer dans cet endroit où bons nombres de secrets résidaient. Et pour une fois, cette maison des secrets allait enfin lui ouvrir une porte.
"Ton père et Monsieur le Comte étaient autrefois des alliés, mais surtout, de grands amis."
La voix à la fois modulée et chevrotante de Meredith ne tarda pas à capter l'attention de Lenore. Pendant toute sa vie, Lenore avait vu sa mère maîtrisée ses émotions avec brio. Elle était son exemple, son pilier. Quelle surprise que de la voir, pour la première fois, perturbée et concernée par les questions de sa fille.
Elle lui conta toute l'histoire autour de Rodrick de Riverhood et Monsieur Harebourg, deux alliés politiques. A l'époque où dragons et hérétiques étaient aux lèvres de toutes les bouches et au coeur des guerres, elle apprit que les Riverhood s'étaient toujours tournés vers la lutte contre les démons. On riait d'eux et leur nom était toujours critiqué par les autres nobles trop inconscient de leurs méfaits. Pourtant, le Comte Harebourg, riche et très influent à l'époque, avait toujours su soutenir Rodrick car il était le seul à croire ses mots : qu'il fallait empêcher les démons et les hérétiques ishgardais de s'allier.
Meredith se retourna et fit face à sa fille. Les deux femmes étaient comme deux reflets dans un miroir ; toutes deux se tinrent les mains devant elles, mais l'une était bien plus âgée que l'autre. Meredith contempla sa fille et, toujours d'une voix souple, elle poursuivit ses révélations. Elle conta notamment le jour où Djaul, le démon le plus puissant que la famille Riverhood n'avait jamais encore affronté à cette période, usa de ses pouvoirs de glace lors d'une énième guerre entre dragons et ishgardais. Ce démon à l'allure démoniaque était typiquement ce que craignait Rodrick mais grâce à l'arrivée du comte, ils purent le terrasser et enfermer son âme dans une relique remise au doyen Riverhood.
"Ton père gardait toujours cette relique auprès de lui. Mais il n'y avait que son âme..."
Lenore s'était assise entre temps sur l'un des fauteuils proche de la grande bibliothèque murale. La mine pensive, ces révélations ne firent qu'accentuer ses interrogations. Il était désormais quasiment impossible que son père puisse envoyer un démon contre ce Comte pour un quelconque motif.
"Que souhaitait Monsieur le Comte...
- Je l'ignore. Mais il n'a plus été pareil depuis la mort de sa femme."
Un détail important lui revint en tête.
"Eléonore... Harebourg ?
- En effet. Elle était la cousine de ton père. Elle s'est éteinte durant le septième fléau."
Lenore se leva pour faire face à sa mère une fois de plus, embêtée par une question lui brûlant les lèvres.
"Qu'était...Eléonore ? Avait-elle des prémonitions ?
- Tout comme moi et comme toi, Lenore. Elle avait hérité de la bénédiction d'Halone."
La bénédiction d'Halone, une appellation que l'église aimait donner à l'étrange don de la famille des Riverhood, un don passant de mère en fille. Et pourtant, le mystère n'était toujours pas levé quant à leur nature véritable.
"Mère... Était-elle une banshee ?"
A cet instant, elle vit le visage de sa mère s'assombrir et se murer dans un silence de mort. L'évocation de ce nom ternit la pièce pendant un court instant, alors que les nuages voilaient la lune. Après vingt-huit ans de vie, Lenore désirait plus que tout de connaître la vérité quant à ses origines et son étrange "don des Douze". Mais sa mère n'était pas de cet avis...
"Viendra le jour où tu connaîtras la vérité, Lenore, car bien que jamais tu ne rencontreras de sombres desseins, tu deviendras la Dernière Voix."
A ces mots, elle tourna ses talons et quitta la tour sans laisser une chance à sa fille de répliquer. Cette dernière resta interdite, le silence redevenant maître de la pièce. Sa famille avait bien des secrets, mais le plus grand secret jamais gardé était bel et bien le mystère autour de la voix des femmes de Riverhood.
Lenore s'avança devant le miroir à côté du bureau et se regarda longuement, telle une étrangère.
Lorsqu'elle pénétra dans le grand salon de la demeure du Loup Blanc, les portes s'ouvrirent si brusquement qu'elles en vinrent à se cogner contre les murs. Lenore, en quête de réponses, était suivie de deux domestiques qui s'inquiétaient autant pour son état que celui de la doyenne, celle-ci tranquillement assise à son piano. Cette dernière cessa toute mélodie, dos à l'arrivante.
"Mère, que signifie tout ceci ? Quelles sont ces accusations contre Père quant à ses soit-disants sombres desseins envers le comte Harebourg ? Pourquoi a-t'il été capturé ?
- Assez."
Lenore reprit son souffle devant la vieille dame. Sa voix, calme et posée, était à l'image de celle de sa fille : elle avait la capacité de provoquer une certaine sérénité à son auditoire, en plus de l'oubli temporaire de leurs soucis. Ainsi reprit-elle contenance.
"Je savais que ce jour arriverait."
Sans rien dire de plus, Meredith se redressa de son siège et intima Lenore de la suivre. Par la même occasion, elle congédia les domestiques venus retenir sa fille. Tous les deux traversèrent ainsi un long couloir et prirent les premiers escaliers à gauche qui menaient à la première tour de la grande demeure. Ni Meredith, ni Lenore ne prononcèrent un mot le temps de la marche, quand bien même la deuxième avait encore tant de choses à lui demander. Une colère sourde brûlait au sein de son ventre lorsqu'elle se ressassait son voyage auprès du Comte Harebourg. Cette grande tour aux horloges désynchronisées qui abritait une machine toute aussi étrange que son confectionneur, soit le Comte lui-même. Elle n'en revenait pas d'y avoir vu son père aux mains d'un fou-à-lier, soit disant car il souhaitait écarter du jeu politique ce même Comte.
C'était impossible et impensable.
Arrivées en haut de la tour, là où le bureau personnel de son père siégait, Meredith referma la porte derrière elles mais ne se retourna pas tout de suite. Lenore effleurait du bout de ses doigts la surface du bureau, une étrange sentiment l'habitant. Il lui avait toujours été interdit d'entrer dans cet endroit où bons nombres de secrets résidaient. Et pour une fois, cette maison des secrets allait enfin lui ouvrir une porte.
"Ton père et Monsieur le Comte étaient autrefois des alliés, mais surtout, de grands amis."
La voix à la fois modulée et chevrotante de Meredith ne tarda pas à capter l'attention de Lenore. Pendant toute sa vie, Lenore avait vu sa mère maîtrisée ses émotions avec brio. Elle était son exemple, son pilier. Quelle surprise que de la voir, pour la première fois, perturbée et concernée par les questions de sa fille.
Elle lui conta toute l'histoire autour de Rodrick de Riverhood et Monsieur Harebourg, deux alliés politiques. A l'époque où dragons et hérétiques étaient aux lèvres de toutes les bouches et au coeur des guerres, elle apprit que les Riverhood s'étaient toujours tournés vers la lutte contre les démons. On riait d'eux et leur nom était toujours critiqué par les autres nobles trop inconscient de leurs méfaits. Pourtant, le Comte Harebourg, riche et très influent à l'époque, avait toujours su soutenir Rodrick car il était le seul à croire ses mots : qu'il fallait empêcher les démons et les hérétiques ishgardais de s'allier.
Meredith se retourna et fit face à sa fille. Les deux femmes étaient comme deux reflets dans un miroir ; toutes deux se tinrent les mains devant elles, mais l'une était bien plus âgée que l'autre. Meredith contempla sa fille et, toujours d'une voix souple, elle poursuivit ses révélations. Elle conta notamment le jour où Djaul, le démon le plus puissant que la famille Riverhood n'avait jamais encore affronté à cette période, usa de ses pouvoirs de glace lors d'une énième guerre entre dragons et ishgardais. Ce démon à l'allure démoniaque était typiquement ce que craignait Rodrick mais grâce à l'arrivée du comte, ils purent le terrasser et enfermer son âme dans une relique remise au doyen Riverhood.
"Ton père gardait toujours cette relique auprès de lui. Mais il n'y avait que son âme..."
Lenore s'était assise entre temps sur l'un des fauteuils proche de la grande bibliothèque murale. La mine pensive, ces révélations ne firent qu'accentuer ses interrogations. Il était désormais quasiment impossible que son père puisse envoyer un démon contre ce Comte pour un quelconque motif.
"Que souhaitait Monsieur le Comte...
- Je l'ignore. Mais il n'a plus été pareil depuis la mort de sa femme."
Un détail important lui revint en tête.
"Eléonore... Harebourg ?
- En effet. Elle était la cousine de ton père. Elle s'est éteinte durant le septième fléau."
Lenore se leva pour faire face à sa mère une fois de plus, embêtée par une question lui brûlant les lèvres.
"Qu'était...Eléonore ? Avait-elle des prémonitions ?
- Tout comme moi et comme toi, Lenore. Elle avait hérité de la bénédiction d'Halone."
La bénédiction d'Halone, une appellation que l'église aimait donner à l'étrange don de la famille des Riverhood, un don passant de mère en fille. Et pourtant, le mystère n'était toujours pas levé quant à leur nature véritable.
"Mère... Était-elle une banshee ?"
A cet instant, elle vit le visage de sa mère s'assombrir et se murer dans un silence de mort. L'évocation de ce nom ternit la pièce pendant un court instant, alors que les nuages voilaient la lune. Après vingt-huit ans de vie, Lenore désirait plus que tout de connaître la vérité quant à ses origines et son étrange "don des Douze". Mais sa mère n'était pas de cet avis...
"Viendra le jour où tu connaîtras la vérité, Lenore, car bien que jamais tu ne rencontreras de sombres desseins, tu deviendras la Dernière Voix."
A ces mots, elle tourna ses talons et quitta la tour sans laisser une chance à sa fille de répliquer. Cette dernière resta interdite, le silence redevenant maître de la pièce. Sa famille avait bien des secrets, mais le plus grand secret jamais gardé était bel et bien le mystère autour de la voix des femmes de Riverhood.
Lenore s'avança devant le miroir à côté du bureau et se regarda longuement, telle une étrangère.
"...Que suis-je ?"
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
Malgré le temps et les péripéties passés, c'était comme si elles ne s'étaient jamais perdues de vue. L'invitation de la barde avait aussi bien réjoui que touché la Dame - depuis quand ne s'était-elle pas reposée autour d'un bon thé et ces quelques petites friandises à converser avec une personne aussi cultivée que Shinme ? Leur après-midi s'était agréablement bien passée. Toutes les deux futures mères de beaux enfants, elles avaient beau avoir été séparées, leurs étoiles s'étaient toujours suivies.
Néanmoins, ce voile qui brouilla la quiétude de la cantatrice à l'instant où la barde lui demanda comment elle se sentait depuis la fin du cauchemar de la secte du Lys Rouge éveilla aussitôt l'inquiétude de la raenne. Au Diable les manières mesurées, Shinme avait osé poser sa main sur l'omoplate de la chanteuse, le visage troublé.
"Cette histoire a éveillé en moi de sombres questions auxquelles je n'osais faire face jusqu'à aujourd'hui."
Lenore tourna un regard à Shinme, animé d'une prouesse olympienne.
"Puis-je vous faire part d'un secret que peu de monde peut se vanter de connaître ?"
Au fond d'elle, il n'y avait nul place pour une quelconque hésitation. La Dame avait bien peu d'amis, mais elle voyait là en Shinme une personne de confiance, une personne à qui elle pouvait tout dire sans avoir la crainte d'être jugée, ou pire, d'être traitée de folle.
"Je suis prête à en sceller toute trace et que jamais il ne traverse ni ma pensée, ni l'étoffe de notre amitié."
Ces simples mots affirmèrent les pensées de la chanteuse qui inspira longuement avant de poursuivre. Elle ne devait plus hésiter, ni attendre... Il fallait qu'elle fasse face à sa plus grande peur.
"Depuis ma tendresse enfance, je suis sujette à plusieurs visions, dites également des prémonitions. Malgré moi, j'ai compris qu'elles étaient toutes liées à un funeste destin. A chaque fois que j'en suis témoin, une force en moi me pousse à hurler jusqu'à la mort..quitte à créer une impulsion éthérée autour de moi. Cela peut également se manifester par des visions auditives, ou parfois, mon instinct me pousse à découvrir ce qu'aucun de nous ne devrait voir - des cadavres."
Elle en avait déjà trop dit. Marquant une longue pause dans son explication, sans doute car elle devait pour la première fois gérer son propre stress quant à la nature de ses propos, elle se redressa de son siège pour avancer quelques pas en avant. Elle était dos à Shinme, les mains jointes sur le bas de son ventre... La tension montait, tandis que la raenne buvait les paroles de Lenore sans jamais l'interrompre.
"Cela n'est nullement de l'orinomancie puisque ces prémonitions, je les vis de jour, comme de nuit. Un son, un touché ou simplement l'instinct me projette dans un destin effroyable et catastrophique que je me sens obligée d'arrêter par tous les moyens qui me sont donnés."
Sa mine se ferma, concernée. Elle ne touchait plus à son verre depuis que la discussion s'était assombrie, ses pensées étaient bien trop parasitées. La fameuse question qui la terrifiait arrivait peu à peu...
"Pourtant... J'ignore toujours aujourd'hui ce dont il est question. Que suis-je véritablement ? Une créature...? Il y a peu, j'ai fait la rencontre d'un comte ishgardais, visiblement fou-à-lier, qui me disait que j'étais une "banshee". Cela n'est pas possible... Je ne peux pas être liée à un démon."
Lenore s'osa une oeillade par dessus son épaule, en quête de connaître le regard de la personne avec qui elle venait de partager son plus lourd secret. Cette dernière fixa longuement son amie avant de prendre la parole, la voix modulée, plus grave et impérieuse.
"Banshee, ou fait de l'écho ? Si ces choses m'échappent, voilà bien une chose que je peux vous dire, Lenore."
Elle se releva sans crier gare, portée par un devoir de justice. Celle pour qui elle aurait pu tout plaquer venait de lui montrer qu'elle avait elle aussi des inquiétudes, des défauts. Si ceci l'inspira, cela se retranscrivait à merveille dans sa voix.
"Ne laissez rien ni personne dicter ce que vous êtes et souhaitez devenir. Que vos origines absconces vous soient révélées, faut-il que l'on vous considère tout comme un rejeton néantique ? Je vois le bien, je vois de la tendresse et de l'affection. Et tout ceci - je le sais au plus profond de moi - n'est en rien le fruit d'une machination. Je ne vois rien d'une plante carnivore, d'un démon attirant le chaland de sa lie envoûtante. Quoi que puisse être une banshee, est-ce si terrible ?"
Un tel discours avait su charmer le coeur de la cantatrice qui, touchée par ses propos, se retourna pour faire face à la raenne. D'une main audacieuse, elle s'en saisit de la sienne éprise d'un sentiment de confiance. Elle se sentait comprise... Elle se sentait enfin écoutée. Telle une réponse, Shinme acheva d'unir sa volonté à celle de la Dame en posant son autre main par dessus celle de son amie.
"Cela ferait de moi un monstre... Un monstre que je me suis jurée de combattre.
- Quand bien même, comptez-vous subitement tourner le dos à vos aspirations, à vos camarades et protecteurs, à ceux qui vous ont suivi dans cette lutte ?
- ...Non. Quitte à agir de loin, jamais je ne les abandonnerai. Ni même vous."
Ce sentiment qui galvanisa son coeur était semblable à celui qu'elle pouvait faire ressentir à son auditoire. Elle se sentait inspirée... Plus forte que jamais. Et Shinme poursuivit, la voix toujours aussi impérieuse.
"Embrasser le chaos pour vaincre le chaos. Pour protéger les leurs, pour protéger les valeurs et principes qu'ils défendent, les héros ne sont-ils pas prêts au sacrifice ? Être un démon pour combattre un démon. Si les Fortunes vous ont doté de cette malédiction, ne pourriez-vous pas les surmonter ? L'Adversité vous aurait ainsi définie. Mais il vous revient d'infléchir votre destinée, Lenore. Vous le savez au plus profond de vous, n'est-ce pas ?"
Le sentier terreux de la Sylve couvrait de saleté le bas du jupon de la cantatrice qui n'y faisait pas plus attention que ça. Il était déjà tard et pourtant, suite à son entrevue avec Shinme, l'idée de se perdre en forêt pour s'y sentir plus proches des esprits lui avait traversé l'esprit. La brise de l'été lui faisait du bien, mais ce fut le bruit des feuilles qui s'entrechoquaient qui lui chantaient une douce berceuse aux oreilles.
Elle croisa le chemin d'un petit ruisseau et décida de s'y arrêter quelques instants. Un grand arbre au loin voilait de ses feuilles les astres nocturnes et pourtant, la voie lactée habillait ce dernier d'un manteau d'étoiles. Le cadre idyllique enchanta la cantatrice qui, galvanisée par un sentiment nouveau, éleva finalement la voix dans un chant aussi tendre que charmant.
Ici, elle se sentait bien. Qu'importe la réponse qu'elle trouverait au bout de sa quête, Shinme avait raison : rien ni personne ne la changera. Elle resterait Lenore, une grande cantatrice ainsi qu'une directrice dévouée aux siens et à la lutte qu'elle sert.
Au coeur de la forêt, là d'où venait ce chant enchanteur, certains aventuriers auraient juré voir auprès d'un ruisseau, une chanteuse vêtue de bleu et de blanc...
Néanmoins, ce voile qui brouilla la quiétude de la cantatrice à l'instant où la barde lui demanda comment elle se sentait depuis la fin du cauchemar de la secte du Lys Rouge éveilla aussitôt l'inquiétude de la raenne. Au Diable les manières mesurées, Shinme avait osé poser sa main sur l'omoplate de la chanteuse, le visage troublé.
"Cette histoire a éveillé en moi de sombres questions auxquelles je n'osais faire face jusqu'à aujourd'hui."
Lenore tourna un regard à Shinme, animé d'une prouesse olympienne.
"Puis-je vous faire part d'un secret que peu de monde peut se vanter de connaître ?"
Au fond d'elle, il n'y avait nul place pour une quelconque hésitation. La Dame avait bien peu d'amis, mais elle voyait là en Shinme une personne de confiance, une personne à qui elle pouvait tout dire sans avoir la crainte d'être jugée, ou pire, d'être traitée de folle.
"Je suis prête à en sceller toute trace et que jamais il ne traverse ni ma pensée, ni l'étoffe de notre amitié."
Ces simples mots affirmèrent les pensées de la chanteuse qui inspira longuement avant de poursuivre. Elle ne devait plus hésiter, ni attendre... Il fallait qu'elle fasse face à sa plus grande peur.
"Depuis ma tendresse enfance, je suis sujette à plusieurs visions, dites également des prémonitions. Malgré moi, j'ai compris qu'elles étaient toutes liées à un funeste destin. A chaque fois que j'en suis témoin, une force en moi me pousse à hurler jusqu'à la mort..quitte à créer une impulsion éthérée autour de moi. Cela peut également se manifester par des visions auditives, ou parfois, mon instinct me pousse à découvrir ce qu'aucun de nous ne devrait voir - des cadavres."
Elle en avait déjà trop dit. Marquant une longue pause dans son explication, sans doute car elle devait pour la première fois gérer son propre stress quant à la nature de ses propos, elle se redressa de son siège pour avancer quelques pas en avant. Elle était dos à Shinme, les mains jointes sur le bas de son ventre... La tension montait, tandis que la raenne buvait les paroles de Lenore sans jamais l'interrompre.
"Cela n'est nullement de l'orinomancie puisque ces prémonitions, je les vis de jour, comme de nuit. Un son, un touché ou simplement l'instinct me projette dans un destin effroyable et catastrophique que je me sens obligée d'arrêter par tous les moyens qui me sont donnés."
Sa mine se ferma, concernée. Elle ne touchait plus à son verre depuis que la discussion s'était assombrie, ses pensées étaient bien trop parasitées. La fameuse question qui la terrifiait arrivait peu à peu...
"Pourtant... J'ignore toujours aujourd'hui ce dont il est question. Que suis-je véritablement ? Une créature...? Il y a peu, j'ai fait la rencontre d'un comte ishgardais, visiblement fou-à-lier, qui me disait que j'étais une "banshee". Cela n'est pas possible... Je ne peux pas être liée à un démon."
Lenore s'osa une oeillade par dessus son épaule, en quête de connaître le regard de la personne avec qui elle venait de partager son plus lourd secret. Cette dernière fixa longuement son amie avant de prendre la parole, la voix modulée, plus grave et impérieuse.
"Banshee, ou fait de l'écho ? Si ces choses m'échappent, voilà bien une chose que je peux vous dire, Lenore."
Elle se releva sans crier gare, portée par un devoir de justice. Celle pour qui elle aurait pu tout plaquer venait de lui montrer qu'elle avait elle aussi des inquiétudes, des défauts. Si ceci l'inspira, cela se retranscrivait à merveille dans sa voix.
"Ne laissez rien ni personne dicter ce que vous êtes et souhaitez devenir. Que vos origines absconces vous soient révélées, faut-il que l'on vous considère tout comme un rejeton néantique ? Je vois le bien, je vois de la tendresse et de l'affection. Et tout ceci - je le sais au plus profond de moi - n'est en rien le fruit d'une machination. Je ne vois rien d'une plante carnivore, d'un démon attirant le chaland de sa lie envoûtante. Quoi que puisse être une banshee, est-ce si terrible ?"
Un tel discours avait su charmer le coeur de la cantatrice qui, touchée par ses propos, se retourna pour faire face à la raenne. D'une main audacieuse, elle s'en saisit de la sienne éprise d'un sentiment de confiance. Elle se sentait comprise... Elle se sentait enfin écoutée. Telle une réponse, Shinme acheva d'unir sa volonté à celle de la Dame en posant son autre main par dessus celle de son amie.
"Cela ferait de moi un monstre... Un monstre que je me suis jurée de combattre.
- Quand bien même, comptez-vous subitement tourner le dos à vos aspirations, à vos camarades et protecteurs, à ceux qui vous ont suivi dans cette lutte ?
- ...Non. Quitte à agir de loin, jamais je ne les abandonnerai. Ni même vous."
Ce sentiment qui galvanisa son coeur était semblable à celui qu'elle pouvait faire ressentir à son auditoire. Elle se sentait inspirée... Plus forte que jamais. Et Shinme poursuivit, la voix toujours aussi impérieuse.
"Embrasser le chaos pour vaincre le chaos. Pour protéger les leurs, pour protéger les valeurs et principes qu'ils défendent, les héros ne sont-ils pas prêts au sacrifice ? Être un démon pour combattre un démon. Si les Fortunes vous ont doté de cette malédiction, ne pourriez-vous pas les surmonter ? L'Adversité vous aurait ainsi définie. Mais il vous revient d'infléchir votre destinée, Lenore. Vous le savez au plus profond de vous, n'est-ce pas ?"
Le sentier terreux de la Sylve couvrait de saleté le bas du jupon de la cantatrice qui n'y faisait pas plus attention que ça. Il était déjà tard et pourtant, suite à son entrevue avec Shinme, l'idée de se perdre en forêt pour s'y sentir plus proches des esprits lui avait traversé l'esprit. La brise de l'été lui faisait du bien, mais ce fut le bruit des feuilles qui s'entrechoquaient qui lui chantaient une douce berceuse aux oreilles.
Elle croisa le chemin d'un petit ruisseau et décida de s'y arrêter quelques instants. Un grand arbre au loin voilait de ses feuilles les astres nocturnes et pourtant, la voie lactée habillait ce dernier d'un manteau d'étoiles. Le cadre idyllique enchanta la cantatrice qui, galvanisée par un sentiment nouveau, éleva finalement la voix dans un chant aussi tendre que charmant.
Ici, elle se sentait bien. Qu'importe la réponse qu'elle trouverait au bout de sa quête, Shinme avait raison : rien ni personne ne la changera. Elle resterait Lenore, une grande cantatrice ainsi qu'une directrice dévouée aux siens et à la lutte qu'elle sert.
Au coeur de la forêt, là d'où venait ce chant enchanteur, certains aventuriers auraient juré voir auprès d'un ruisseau, une chanteuse vêtue de bleu et de blanc...
...et de nombreux fantômes venus l'écouter.