[Lenore] Tome II - La Voix de l'Instinct
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
Raccompagnée dans ses quartiers au sein de la Tour de Clepsydre, elle s'effondra à genoux sur le tapis une fois la porte fermée, écrasée sous le poids de la vérité. Pendant des siècles, les Riverhood ne juraient que par celle-ci, si bien qu'ils en firent leur devise : "Des ombres naît la vérité". Avait-elle sombré dans ces fameuses ombres pour apprendre que ce soi-disant "comte" Harebourg n'était autre que son oncle ? Cette rage qui grondait dans son ventre de savoir qu'Eléonore Harebourg, cette femme au même don de voyance qu'elle et pourtant si différent...était belle et bien sa tante.
Elle referma sa poigne à mesure qu'elle se souvint du violent mal de tête qui suivit cette révélation. Elle se souvint de cette atmosphère qui l'entourait dans cet endroit obscur et inconnu où elle flottait parmi la mer des étoiles. Puis, la voix d'une femme lui était parvenue, aussi claire que de l'eau de roche.
Le destin avait voulu qu'elle trouve la réponse à sa plus grande question auprès de son oncle en ces temps difficiles. Elle n'était ni banshee, ni une créature du néant, elle était de ceux qui étaient bénis du cadeau d'Hydaelyn, l'Echo. Ce pouvoir aux formes multiples qui s'était manifestée chez elle par des rêves prémonitoires sur les morts prochaines, tandis que chez sa tante, cela était tout autre. Cette réponse, elle la tenait enfin...mais rien ne pouvait défaire ce goût amer qui subsistait en elle. Après toutes ces années dans le flou, c'était par la folie d'un comte qu'elle trouva réponse, un comte qui s'avéra être de sa famille lorsqu'elle apprit la volonté de son père par son biais. Une volonté qui l'insurgea autant qui lui inspira le respect pour celui-ci.
Elle se redressa pour gagner sa coiffeuse. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir ce que son reflet lui dévoila : les affres de l'espoir. Lors de cette entrevue, elle avait tout essayé, de la menace à la stratégie. Rien ne fit efficace, Harebourg était borné, obnubilé par sa quête du temps, animé par cette volonté de rendre la gloire d'antan à Ishgard, une ville qu'il n'avait vu évolué depuis des années aujourd'hui. La logique faisait qu'il était peine perdu et bien que son don ne se manifestait pas encore, les adieux qu'ils se firent lui avait déchiré le coeur.
"Par les Douze, mon oncle, si seulement vous m'aviez écoutée..."
Elle avait parlé à voix haute sans qu'elle ne s'en rende compte. Voilà ce qu'on y gagne à rester enfermée pendant des semaines, à tourner en rond, grossesse oblige. Elle se mordilla la lèvre inférieure, trahissant la culpabilité qui lui brouillait l'esprit. Plus que faible, elle se sentait inutile, incapable de raisonner ce fou, qu'importe l'ironie du sort. Désormais, nul doute que les siens allaient vouloir la libérer, elle, Yuan et sa famille, du joug de l'ennemi. C'est ici que cela devint délicat. Comment s'en prendre à une personne qui n'avait jamais engagé le combat, mais qui restait un ennemi de la Sainte Cité de par sa folie excentrique ?
Une fois de plus, elle ne dormit pas cette nuit. A l'heure où les rêves avaient emporté les invités du comte, Lenore attendait patiemment l'appel de son don. Elle essaya de capter le regard d'Hydaelyn en lui offrant une prière silencieuse, priant pour les siens et même le comte. Ce n'était qu'une question de temps aujourd'hui pour qu'elle apprenne à maitriser ce don, s'il se maîtrisait un jour. Mais désormais, elle savait ce qu'elle était et qui elle était.
"Il ne s'agit que de l'écho, ma chère nièce !"
Elle referma sa poigne à mesure qu'elle se souvint du violent mal de tête qui suivit cette révélation. Elle se souvint de cette atmosphère qui l'entourait dans cet endroit obscur et inconnu où elle flottait parmi la mer des étoiles. Puis, la voix d'une femme lui était parvenue, aussi claire que de l'eau de roche.
[size=6]"Entends, ressens, pense..."[/size]
Le destin avait voulu qu'elle trouve la réponse à sa plus grande question auprès de son oncle en ces temps difficiles. Elle n'était ni banshee, ni une créature du néant, elle était de ceux qui étaient bénis du cadeau d'Hydaelyn, l'Echo. Ce pouvoir aux formes multiples qui s'était manifestée chez elle par des rêves prémonitoires sur les morts prochaines, tandis que chez sa tante, cela était tout autre. Cette réponse, elle la tenait enfin...mais rien ne pouvait défaire ce goût amer qui subsistait en elle. Après toutes ces années dans le flou, c'était par la folie d'un comte qu'elle trouva réponse, un comte qui s'avéra être de sa famille lorsqu'elle apprit la volonté de son père par son biais. Une volonté qui l'insurgea autant qui lui inspira le respect pour celui-ci.
Elle se redressa pour gagner sa coiffeuse. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir ce que son reflet lui dévoila : les affres de l'espoir. Lors de cette entrevue, elle avait tout essayé, de la menace à la stratégie. Rien ne fit efficace, Harebourg était borné, obnubilé par sa quête du temps, animé par cette volonté de rendre la gloire d'antan à Ishgard, une ville qu'il n'avait vu évolué depuis des années aujourd'hui. La logique faisait qu'il était peine perdu et bien que son don ne se manifestait pas encore, les adieux qu'ils se firent lui avait déchiré le coeur.
"Par les Douze, mon oncle, si seulement vous m'aviez écoutée..."
Elle avait parlé à voix haute sans qu'elle ne s'en rende compte. Voilà ce qu'on y gagne à rester enfermée pendant des semaines, à tourner en rond, grossesse oblige. Elle se mordilla la lèvre inférieure, trahissant la culpabilité qui lui brouillait l'esprit. Plus que faible, elle se sentait inutile, incapable de raisonner ce fou, qu'importe l'ironie du sort. Désormais, nul doute que les siens allaient vouloir la libérer, elle, Yuan et sa famille, du joug de l'ennemi. C'est ici que cela devint délicat. Comment s'en prendre à une personne qui n'avait jamais engagé le combat, mais qui restait un ennemi de la Sainte Cité de par sa folie excentrique ?
Une fois de plus, elle ne dormit pas cette nuit. A l'heure où les rêves avaient emporté les invités du comte, Lenore attendait patiemment l'appel de son don. Elle essaya de capter le regard d'Hydaelyn en lui offrant une prière silencieuse, priant pour les siens et même le comte. Ce n'était qu'une question de temps aujourd'hui pour qu'elle apprenne à maitriser ce don, s'il se maîtrisait un jour. Mais désormais, elle savait ce qu'elle était et qui elle était.
"Je suis la Messagère."
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
Ce n'était ni par la lumière du soleil, voilée par les grands rideaux carmins de ses appartements, ni par le brouhaha des domestiques dans le salon d'à côté qu'elle se réveilla, mais par cette douleur désagréable au niveau de son ventre. Elle peinait à ouvrir les yeux, accablée par une fatigue lancinante. Elle avait peut-être dormi douze heures, si ce n'était plus. Le feu de cheminée venait d'être ravivé, les draps changés, tout avait été fait pour son bon confort. Pourtant, quoi qu'on pouvait y faire, quelque chose manquait.
On lui avait fourni une petite cloche à faire sonner si elle avait besoin de quoi que ce soit et elle ne tarda plus à en faire usage. A cet appel, trois domestiques Riverhood s'introduirent dans les quartiers de la Dame, la première à faire irruption ne contenant pas sa joie.
"Madame..! Madame ! Quelle soulagement de vous voir éveillée !"
On écarta les rideaux et on ouvrit les fenêtres tandis que les deux autres femmes s'affairèrent à redresser Lenore sur le dossier de son lit baldaquin avec une précaution singulière. Elles lui sourirent, mais elle ne leur rendit pas.
"Où est-il ?
- Il dort, Madame.
- Apportez-le moi. Je veux le sentir dans mes bras."
A ces mots, Meredith apparut de derrière la porte de sa chambre, dans ses bras un amas de couverture recouvrant la source de sa fatigue, celle pour qui elle s'était battue. Les domestiques s'écartèrent à son passage et ne purent s'empêcher de constater le sourire radieux mais exténué de leur héritière. Lorsque Meredith prit place au bord du lit, il ne fallut pas plus de temps à Lenore pour saisir son petit et contempler le visage paisible de ce dernier.
"Alexander...
- Il sera grand et brave. Je suis fière de toi, Lenore."
Lenore avait sué sang et eau. Durant toute la nuit, cris et douleur avaient résonné contre les murs de la Tour de Clepsydre. Elle se souvint avoir serré aussi fort qu'elle le pouvait la main mécanique de Yuan sans craindre de lui broyer celle-ci, elle se souvint des encouragements donnés par l'équipe de sage-femmes spécialement dénichée par le comte Harebourg. Lenore regarda son fils endormi, les larmes aux yeux sans pour autant s'autoriser à les verser. Au fond d'elle, malgré cette joie qui la submergeait de toute part, rien ne pouvait effacer cette culpabilité. Elle n'avait pas su tenir jusqu'à la fin de toute cette affaire, elle n'avait pas pu laisser Sofia prendre en charge son accouchement. Elle avait échoué sur bien des points. Il fallait désormais composer avec son échec.
Il lui faudrait au moins une quarantaine de jours pour se remettre pleinement de son accouchement. Depuis deux jours, plus personne ne voyait la nouvelle mère sans son fils à ses côtés, chaperonné dans son berceau. Bien sûr, seuls ses parents osèrent lui demander de prendre Alexander dans leurs bras, la famille Riverhood se voyant enfin béni d'un héritier. Yuan ne resta pas loin de sa maitresse, encore en train d'assimiler le fait qu'il allait devoir protéger non plus une, mais deux personnes aujourd'hui. D'habitude, les journées étaient longues dans la grande tour du comte, mais la venue de l'héritier changea tout leur quotidien, pour le meilleur et le pire.
Assise devant le piano, Lenore caressa du pouce la joue d'Alexander qui trônait dans son berceau. Fait étonnant, elle ne l'avait encore jamais entendu pleurer. Sage telle une image, il aimait particulièrement la vue de sa mère qui lui offrait de nombreux sourires, mais ce qu'il préférait par dessus tout était cette berceuse qu'elle lui chantait de temps à autre lorsqu'il se réveillait. Ce chant ne lui était pas étranger, créé depuis quelques lunes aujourd'hui, la cantatrice avait bercé son fils même du temps où il était encore en elle.
On toqua à la porte, un héraut pénétra dans le salon, un parchemin sous son aisselle.
"Dame de Riverhood, mes excuses. Un pour-parler entre Monsieur le Comte et des agents de votre Ordre est attendu ce soir."
Son regard translucide se braqua sur le messager. Elle devait s'y attendre, plus que quiconque, mais seule sa réaction trahit un doute.
"Faites-moi un rapport de l'entrevue. Je ne peux m'y rendre.
- Les désirs de Madame sont des ordres."
A peine le messager avait-il eu le temps de quitter la pièce qu'Alexander s'agita dans son berceau et éclata en sanglots. Lenore se précipita pour le saisir et le bercer dans ses bras, alertée par les cris de son petit. Plus qu'inquiète, elle était en proie aux doutes. Avait-il besoin de manger ? Ou ressentait-il l'avenir, lui aussi ? Domestiques et servants s'agglutinèrent autour de la dame pour l'assister, mais parmi tout ce brouhaha, elle écoutait pour la première fois...
On lui avait fourni une petite cloche à faire sonner si elle avait besoin de quoi que ce soit et elle ne tarda plus à en faire usage. A cet appel, trois domestiques Riverhood s'introduirent dans les quartiers de la Dame, la première à faire irruption ne contenant pas sa joie.
"Madame..! Madame ! Quelle soulagement de vous voir éveillée !"
On écarta les rideaux et on ouvrit les fenêtres tandis que les deux autres femmes s'affairèrent à redresser Lenore sur le dossier de son lit baldaquin avec une précaution singulière. Elles lui sourirent, mais elle ne leur rendit pas.
"Où est-il ?
- Il dort, Madame.
- Apportez-le moi. Je veux le sentir dans mes bras."
A ces mots, Meredith apparut de derrière la porte de sa chambre, dans ses bras un amas de couverture recouvrant la source de sa fatigue, celle pour qui elle s'était battue. Les domestiques s'écartèrent à son passage et ne purent s'empêcher de constater le sourire radieux mais exténué de leur héritière. Lorsque Meredith prit place au bord du lit, il ne fallut pas plus de temps à Lenore pour saisir son petit et contempler le visage paisible de ce dernier.
"Alexander...
- Il sera grand et brave. Je suis fière de toi, Lenore."
Lenore avait sué sang et eau. Durant toute la nuit, cris et douleur avaient résonné contre les murs de la Tour de Clepsydre. Elle se souvint avoir serré aussi fort qu'elle le pouvait la main mécanique de Yuan sans craindre de lui broyer celle-ci, elle se souvint des encouragements donnés par l'équipe de sage-femmes spécialement dénichée par le comte Harebourg. Lenore regarda son fils endormi, les larmes aux yeux sans pour autant s'autoriser à les verser. Au fond d'elle, malgré cette joie qui la submergeait de toute part, rien ne pouvait effacer cette culpabilité. Elle n'avait pas su tenir jusqu'à la fin de toute cette affaire, elle n'avait pas pu laisser Sofia prendre en charge son accouchement. Elle avait échoué sur bien des points. Il fallait désormais composer avec son échec.
Il lui faudrait au moins une quarantaine de jours pour se remettre pleinement de son accouchement. Depuis deux jours, plus personne ne voyait la nouvelle mère sans son fils à ses côtés, chaperonné dans son berceau. Bien sûr, seuls ses parents osèrent lui demander de prendre Alexander dans leurs bras, la famille Riverhood se voyant enfin béni d'un héritier. Yuan ne resta pas loin de sa maitresse, encore en train d'assimiler le fait qu'il allait devoir protéger non plus une, mais deux personnes aujourd'hui. D'habitude, les journées étaient longues dans la grande tour du comte, mais la venue de l'héritier changea tout leur quotidien, pour le meilleur et le pire.
Assise devant le piano, Lenore caressa du pouce la joue d'Alexander qui trônait dans son berceau. Fait étonnant, elle ne l'avait encore jamais entendu pleurer. Sage telle une image, il aimait particulièrement la vue de sa mère qui lui offrait de nombreux sourires, mais ce qu'il préférait par dessus tout était cette berceuse qu'elle lui chantait de temps à autre lorsqu'il se réveillait. Ce chant ne lui était pas étranger, créé depuis quelques lunes aujourd'hui, la cantatrice avait bercé son fils même du temps où il était encore en elle.
On toqua à la porte, un héraut pénétra dans le salon, un parchemin sous son aisselle.
"Dame de Riverhood, mes excuses. Un pour-parler entre Monsieur le Comte et des agents de votre Ordre est attendu ce soir."
Son regard translucide se braqua sur le messager. Elle devait s'y attendre, plus que quiconque, mais seule sa réaction trahit un doute.
"Faites-moi un rapport de l'entrevue. Je ne peux m'y rendre.
- Les désirs de Madame sont des ordres."
A peine le messager avait-il eu le temps de quitter la pièce qu'Alexander s'agita dans son berceau et éclata en sanglots. Lenore se précipita pour le saisir et le bercer dans ses bras, alertée par les cris de son petit. Plus qu'inquiète, elle était en proie aux doutes. Avait-il besoin de manger ? Ou ressentait-il l'avenir, lui aussi ? Domestiques et servants s'agglutinèrent autour de la dame pour l'assister, mais parmi tout ce brouhaha, elle écoutait pour la première fois...
Le cri du louveteau.
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
"Reprenez les rennes qui vous sont destinées." susurra-t-il au creux de son oreille.
Il avait retenu ses larmes en voyant Lenore assise à son bureau, fredonnant une berceuse pour Alexander qu'elle tenait entre ses bras. Trois semaines s'étaient écoulées depuis son enlèvement, trois semaines que les agents avaient passé sous la colère du second de la compagnie sans qu'aucune erreur ne soit admise. Son sang n'avait fait qu'un tour à l'issue de la victoire amère des pourparlers, il avait pensé le pire pour elle...mais ce fut sans compter sur les vertus de sa voix qu'il put apaiser ses inquiétudes et ses colères. Cette voix qui lui avait tant manqué berçait désormais son esprit, ainsi allongé sur le lit conjugale, proche de leur fils.
Alexander était un enfant étrangement sage. Il pleurait peu et restait sage comme une image, mais c'était cette image qui perturbait le père. Elle les avait vu dans le creux de ses pupilles, cette maladresse et cette peur qui subsistaient. Comment en vouloir à cet homme qui n'avait jamais été préparé à cette vie, comparé à elle qui, depuis son enfance, avait été bercée dans cette vie de régence et de famille ? Elle embrassa le front de son époux, puis celui de son fils, avant de quitter la pièce. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas foulé le sol de l'Ordre, bien trop pour qu'elle puisse le tolérer.
Ses pas rythmaient les longs couloirs du manoir Rivesthern, suivis de près par ceux de Kurenai. A cette heure où les agents se reposaient déjà, il était hors de question de s'octroyer une minute de plus alors que l'ennemi gagnait de plus en plus du terrain chaque jour.
"Organise une réunion ce vendredi avec tout le monde.
- Bien, Madame.
- Qu'ai-je en retard ?"
Kurenai, rayonnant toujours avec cette allure de la suivante parfaite, releva quelques missives et autres feuilles de son classeur. Lenore ne s'attarda pas à regarder derrière elle et s'affaira plutôt à examiner tous les recoins de chaque salle devant laquelle elles passèrent.
"Le Directeur du Conservatoire d'Ishgard vous propose le rôle principal de son nouvel opéra."
Une demande étonnante mais fort agréable compte tenu de l'image qu'elle dégageait jusqu'ici à Ishgard. Une réputation entachée qui n'avait jamais touché le domaine de la musique, ni sa passion. Le soulagement s'entendit dans son soupir tandis qu'elle récupéra une linkperle cachée au sein de la terre de l'un de ses pots de fleurs.
"Dame Kurusu vous a fait savoir la date de votre rendez-vous, assigné pour ce vendredi soir.
- Parfait.
- Monsieur d'Ormesang vous a fait parvenir une invitation à le rejoindre, demain soir, à Azurée."
Lenore, une deuxième linkperle de récupérée en main, s'arrêta dans son geste et porta son attention sur Kurenai par dessus son épaule. Le Baron d'Ormesang la demandait ? Cet élézen sans-coeur et sans pitié pour ses ennemis autant que ses apprentis ? Elle mesura son doute, le contrôle de ses émotions avant tout, et reprit la marche, toujours suivie de Kurenai qui avait sagement baissé les yeux sous le regard de sa maîtresse.
"Et... Les chroniques de la mystérieuse Lady Hearsayston ont fait apparition dans toutes les cités, Madame, que tous les ishgardais s'arrachent comme des petits pains.
- Développez.
- Il s'agit de rumeurs sur des établissements ou des personnes, plus ou moins vraies. Vous apparaissez dans le premier volet."
La cantatrice se redressa pour la troisième fois, la dernière linkperle retrouvant les autres. Pièce par pièce, elles avaient traversé tout le Manoir pour les retrouver ; le comte n'en aura plus besoin désormais, inutile de les garder plus longtemps. D'une main, elle les désactiva tandis qu'un léger sourire égaya son visage.
"Une nouvelle presse à scandales. Que dit-elle à mon sujet ?
- Cela parle de votre enlèvement, mais cela dit également que vous l'avez orchestré de vous-même pour rejoindre votre amant, votre oncle Monsieur le Comte."
De toutes les rumeurs farfelues, celle-ci piqua l'attention de la Dame quelques instants. Que n'allaient-ils pas imaginer pour faire vivre les moeurs locales ! Lenore récupéra la chronique tendue par Kurenai pour y jeter un oeil. Foutaises et balivernes, cela avait eu le mérite d'élargir son sourire. Qui que puisse-t-être cette Lady Hearsayston, Lenore lui reconnaissait là un don pour l'écriture. Au diable les rumeurs, elle redonna la chronique à Kurenai qui la garda auprès d'elle et reprit sa marche jusqu'à son bureau. Rien n'avait changé et pourtant, elle avait ressenti ces trois semaines loin de tout ce décor, de toutes ces personnes. Elle inspira longuement et posa son regard sur le vitrail qui trônait au dessus de sa cheminée.
Il avait retenu ses larmes en voyant Lenore assise à son bureau, fredonnant une berceuse pour Alexander qu'elle tenait entre ses bras. Trois semaines s'étaient écoulées depuis son enlèvement, trois semaines que les agents avaient passé sous la colère du second de la compagnie sans qu'aucune erreur ne soit admise. Son sang n'avait fait qu'un tour à l'issue de la victoire amère des pourparlers, il avait pensé le pire pour elle...mais ce fut sans compter sur les vertus de sa voix qu'il put apaiser ses inquiétudes et ses colères. Cette voix qui lui avait tant manqué berçait désormais son esprit, ainsi allongé sur le lit conjugale, proche de leur fils.
Alexander était un enfant étrangement sage. Il pleurait peu et restait sage comme une image, mais c'était cette image qui perturbait le père. Elle les avait vu dans le creux de ses pupilles, cette maladresse et cette peur qui subsistaient. Comment en vouloir à cet homme qui n'avait jamais été préparé à cette vie, comparé à elle qui, depuis son enfance, avait été bercée dans cette vie de régence et de famille ? Elle embrassa le front de son époux, puis celui de son fils, avant de quitter la pièce. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas foulé le sol de l'Ordre, bien trop pour qu'elle puisse le tolérer.
Ses pas rythmaient les longs couloirs du manoir Rivesthern, suivis de près par ceux de Kurenai. A cette heure où les agents se reposaient déjà, il était hors de question de s'octroyer une minute de plus alors que l'ennemi gagnait de plus en plus du terrain chaque jour.
"Organise une réunion ce vendredi avec tout le monde.
- Bien, Madame.
- Qu'ai-je en retard ?"
Kurenai, rayonnant toujours avec cette allure de la suivante parfaite, releva quelques missives et autres feuilles de son classeur. Lenore ne s'attarda pas à regarder derrière elle et s'affaira plutôt à examiner tous les recoins de chaque salle devant laquelle elles passèrent.
"Le Directeur du Conservatoire d'Ishgard vous propose le rôle principal de son nouvel opéra."
Une demande étonnante mais fort agréable compte tenu de l'image qu'elle dégageait jusqu'ici à Ishgard. Une réputation entachée qui n'avait jamais touché le domaine de la musique, ni sa passion. Le soulagement s'entendit dans son soupir tandis qu'elle récupéra une linkperle cachée au sein de la terre de l'un de ses pots de fleurs.
"Dame Kurusu vous a fait savoir la date de votre rendez-vous, assigné pour ce vendredi soir.
- Parfait.
- Monsieur d'Ormesang vous a fait parvenir une invitation à le rejoindre, demain soir, à Azurée."
Lenore, une deuxième linkperle de récupérée en main, s'arrêta dans son geste et porta son attention sur Kurenai par dessus son épaule. Le Baron d'Ormesang la demandait ? Cet élézen sans-coeur et sans pitié pour ses ennemis autant que ses apprentis ? Elle mesura son doute, le contrôle de ses émotions avant tout, et reprit la marche, toujours suivie de Kurenai qui avait sagement baissé les yeux sous le regard de sa maîtresse.
"Et... Les chroniques de la mystérieuse Lady Hearsayston ont fait apparition dans toutes les cités, Madame, que tous les ishgardais s'arrachent comme des petits pains.
- Développez.
- Il s'agit de rumeurs sur des établissements ou des personnes, plus ou moins vraies. Vous apparaissez dans le premier volet."
La cantatrice se redressa pour la troisième fois, la dernière linkperle retrouvant les autres. Pièce par pièce, elles avaient traversé tout le Manoir pour les retrouver ; le comte n'en aura plus besoin désormais, inutile de les garder plus longtemps. D'une main, elle les désactiva tandis qu'un léger sourire égaya son visage.
"Une nouvelle presse à scandales. Que dit-elle à mon sujet ?
- Cela parle de votre enlèvement, mais cela dit également que vous l'avez orchestré de vous-même pour rejoindre votre amant, votre oncle Monsieur le Comte."
De toutes les rumeurs farfelues, celle-ci piqua l'attention de la Dame quelques instants. Que n'allaient-ils pas imaginer pour faire vivre les moeurs locales ! Lenore récupéra la chronique tendue par Kurenai pour y jeter un oeil. Foutaises et balivernes, cela avait eu le mérite d'élargir son sourire. Qui que puisse-t-être cette Lady Hearsayston, Lenore lui reconnaissait là un don pour l'écriture. Au diable les rumeurs, elle redonna la chronique à Kurenai qui la garda auprès d'elle et reprit sa marche jusqu'à son bureau. Rien n'avait changé et pourtant, elle avait ressenti ces trois semaines loin de tout ce décor, de toutes ces personnes. Elle inspira longuement et posa son regard sur le vitrail qui trônait au dessus de sa cheminée.
"Il est temps de passer aux choses sérieuses."
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
"Et ce n'est pas tout, dame Lenore !"
La voix de Nesuta résonnait sur l'ensemble des murs du Manoir depuis près d'une heure désormais. A raison, puisque la nouvelle armure autant confectionnée par son tailleur que par l'ingénieur nécessitait quelques explications sur les besoins auxquels elle répondait. Le tissu, importé directement d'Ishgard, nappait la moitié de ses longes jambes, eux-même parcourus de longes bottes renforcées. Son corset aux armatures de fer pouvait tromper n'importe quel oeil et son col, parsemé de cuir, se distinguait par l'initiale des Riverhood incorporée sur le bouton. Pendant que la passion du génie de l'ingénierie monopolisait la conversation, Lenore contempla les plaques de métal qui couvraient son bras gauche ainsi que ses mains. En dessous des épaisses couches de cuir, il était difficile d'imaginer d'aussi graciles menottes.
"A-alors ? s'interrogea finalement Nesuta, honteux d'avoir autant parlé.
- Beau travail, Nesuta, répondit la Dame en bougeant son bras dans des cliquetis métalliques. Me voilà fin prête pour les combats à venir."
Soudainement, les pupilles de l'ingénieur pétillèrent d'une joie sans retenue. Quel bonheur d'entendre que l'une de ses créations plaisaient à sa directrice qui, de son côté, ne perdait pas le nord. Elle était faible et accusait encore le coût de sa grossesse. Il lui était impossible de rester en retrait encore une fois, elle se refusait fermement à l'infirmité.
Demain était le grand jour pour une partie de ses hommes qui allaient glaner des informations à ce cher Don Valentino, unique détenteur d'un cabaret légal au coeur de la Cité d'Or. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était de sagement attendre les résultats. C'en était plus qu'assez d'attendre.
"J'attendrai mes éventails dans la lune qui suit.
- Bien, ma Dame ! Cinq sur cinq !
- Et par pitié, Nesuta... Dormez. Vos cernes sont aussi grandes que des coquards."
Il esquissa un sourire honteux, les joues rougies par sa bêtise. Elle le savait ; ce n'était pas le front qui allait le tuer un jour, mais le travail en lui-même. Un dernier regard sur lui et Lenore récupéra ses chakrams posés sur l'établi de bois pour quitter l'atelier et rejoindre Kurenai dans le fiacre qui l'attendait devant le Manoir.
Elle fredonna un air tout le long du trajet du retour qui répondait à l'écho mélodieux du concert qu'elle avait tenu au Relais la veille. Encore une fois, son auditoire avait répondu à l'appel et comme toujours, elle les avait enchanté de son chant.
"Riverhood-sama semble particulièrement heureuse, ce soir.
- J'entrevois la fin d'une épopée, et le début d'une nouvelle ère pour nous."
A l'heure où les pétales de cerisiers tombaient sur le pavé noscéen, parmi les honnêtes travailleurs qui retrouvaient la chaleur d'un foyer, il en était un qui brillait sous une bonne étoile, en cette fin d'hiver. La bénédiction d'Alexander, son retour dans le monde de la musique, le début de son apprentissage du maniement des chakrams et avec elle, une fidèle suivante qui s'avérait être plus que ça... Il était désormais le temps de sortir des coulisses.
La voix de Nesuta résonnait sur l'ensemble des murs du Manoir depuis près d'une heure désormais. A raison, puisque la nouvelle armure autant confectionnée par son tailleur que par l'ingénieur nécessitait quelques explications sur les besoins auxquels elle répondait. Le tissu, importé directement d'Ishgard, nappait la moitié de ses longes jambes, eux-même parcourus de longes bottes renforcées. Son corset aux armatures de fer pouvait tromper n'importe quel oeil et son col, parsemé de cuir, se distinguait par l'initiale des Riverhood incorporée sur le bouton. Pendant que la passion du génie de l'ingénierie monopolisait la conversation, Lenore contempla les plaques de métal qui couvraient son bras gauche ainsi que ses mains. En dessous des épaisses couches de cuir, il était difficile d'imaginer d'aussi graciles menottes.
"A-alors ? s'interrogea finalement Nesuta, honteux d'avoir autant parlé.
- Beau travail, Nesuta, répondit la Dame en bougeant son bras dans des cliquetis métalliques. Me voilà fin prête pour les combats à venir."
Soudainement, les pupilles de l'ingénieur pétillèrent d'une joie sans retenue. Quel bonheur d'entendre que l'une de ses créations plaisaient à sa directrice qui, de son côté, ne perdait pas le nord. Elle était faible et accusait encore le coût de sa grossesse. Il lui était impossible de rester en retrait encore une fois, elle se refusait fermement à l'infirmité.
Demain était le grand jour pour une partie de ses hommes qui allaient glaner des informations à ce cher Don Valentino, unique détenteur d'un cabaret légal au coeur de la Cité d'Or. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était de sagement attendre les résultats. C'en était plus qu'assez d'attendre.
"J'attendrai mes éventails dans la lune qui suit.
- Bien, ma Dame ! Cinq sur cinq !
- Et par pitié, Nesuta... Dormez. Vos cernes sont aussi grandes que des coquards."
Il esquissa un sourire honteux, les joues rougies par sa bêtise. Elle le savait ; ce n'était pas le front qui allait le tuer un jour, mais le travail en lui-même. Un dernier regard sur lui et Lenore récupéra ses chakrams posés sur l'établi de bois pour quitter l'atelier et rejoindre Kurenai dans le fiacre qui l'attendait devant le Manoir.
Elle fredonna un air tout le long du trajet du retour qui répondait à l'écho mélodieux du concert qu'elle avait tenu au Relais la veille. Encore une fois, son auditoire avait répondu à l'appel et comme toujours, elle les avait enchanté de son chant.
"Riverhood-sama semble particulièrement heureuse, ce soir.
- J'entrevois la fin d'une épopée, et le début d'une nouvelle ère pour nous."
A l'heure où les pétales de cerisiers tombaient sur le pavé noscéen, parmi les honnêtes travailleurs qui retrouvaient la chaleur d'un foyer, il en était un qui brillait sous une bonne étoile, en cette fin d'hiver. La bénédiction d'Alexander, son retour dans le monde de la musique, le début de son apprentissage du maniement des chakrams et avec elle, une fidèle suivante qui s'avérait être plus que ça... Il était désormais le temps de sortir des coulisses.
Il fallait revenir sur le devant de la scène.
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
Elle avait encore une fois hurlé jusqu'à la mort en cette heure tardive, alors que cela faisait des lunes qu'aucun message divin lui avait été parvenue. Kurenai, qui était venue jusqu'à elle pour s'enquérir de sa santé, avait titubé, son oreille interne chamboulée par un cri aussi puissant et distordu. C'est avec un regard préoccupé que Lenore contemplait les flammes dansantes dans la cheminée de l'aile principale. Sa suivante, qui eut l'audace de demander à sa maîtresse de rentrer pour lui préparer un thé, s'agenouilla à ses pieds, un plateau d'argent tenu entre ses mains.
"Merci, Kurenai, fit la cantatrice en prenant la anse de sa tasse.
- Maintenant que Riverhood-sama est dans les bonnes dispositions, qu'elle laisse la chaleur du thé l'envahir et évacuer par la parole ses soucis à son rythme."
Jusqu'à maintenant, jamais Lenore n'avait pu parler de son don sous un nouveau jour. Fut un temps où les rumeurs allaient et venaient quant à la nature qu'elle représentait : était-elle une créature abyssale, celle qu'elle combattait depuis toujours ? Ces rumeurs avaient pu se targuer d'avoir réussir à faire douter la concernée, Shinme ayant fait les frais de longues discussions avec la chanteuse. Cette fois-ci était différent. Plus que jamais, elle se sentait confiante vis-à-vis de cette capacité qu'elle ne tarda plus à confier à sa suivante qui plissa les yeux à cette révélation.
"Riverhood-sama était-elle sous l'emprise d'une de ces visions ?
- En effet. Elles surviennent là où je ne m'y attends pas, et je pense que celle-ci était un appel de ma tante, Eléonore d'Harebourg.
- La tante de Riverhood-sama serait-elle toujours vivante pour la contacter ainsi ?
- Je crains que non. Peut-être qu'il ne s'agissait là que d'un message de notre bien-aimée Hydaelyn qui m'a fait croire que je lui parlais."
Tout cela était déconcertant. Elle se souvint de sa posture, de sa voix, de l'aura qu'elle dégageait. Elle était presque son portrait craché, à quelques détails près. Elle voulait croire qu'il s'agissait bel et bien d'Eléonore, mais ses visions étaient faites pour qu'elle soit floue et déchiffrable. Kurenai fixait ses yeux améthystes sur sa maîtresse, lui portant une écoute presque digne d'une fanatique.
"Pour une fois, ce n'est pas la mort de mon oncle qui m'a faite hurler. Juste avant mon cri, je suis parvenue à voir dans le ciel la formation d'une faille du néant. J'en déduis que la personne qui détient l'artefact s'en servira pour appeler un démon. Lequel ? Je l'ignore encore.
- L'Ordre dispose d'un trésor sans égal en la personne de sa directrice, si elle est capable de percevoir les desseins de ses opposants avant qu'ils ne se réalisent."
La servitude de Kurenai était telle qu'elle parvient à creuser un sourire sur les lèvres de sa maîtresse.
"Cela n'arrive pas systématiquement. Toutefois, si je puis préduire les plus grands désastres, ainsi soit-il.
- Les visions de Riverhood-sama se réalisent-elles toujours ?
- Toujours, oui, à moins que je sois parvenue à prévenir les concernés à temps. Cela me donne une terrible décision à prendre, cela dit."
Elle revoyait son oncle, sans son masque, contre l'aiguille où se tenait autrefois l'artefact qui lui avait été dérobé. Il peinait à respirer et son regard approchait de la fin. Dans un réflexe humain, Lenore s'était rapprochée de lui pour lui venir en aide...mais sa décomposition en mille petites étoiles qui regagnaient le ciel signifiait sa mort prochaine. Elle se souvenait de ce sourire, paisible et comblé, qui décorait ses lèvres avant qu'il ne disparaisse.
Depuis toujours, ses prédictions ne lui avaient jamais fait défaut. Lorsqu'elle voyait la mort de quelqu'un, elle avait toujours cette audace de changer le court du temps et les prévenait en amont pour leur éviter ce triste sort. Cela avait fonctionné avec Idir, Judal et même N'yahmi. Pourtant, devait-elle réellement prévenir son oncle, lui qui avait déjà tant fait dans sa vie et qui ne cherchait qu'un repos bien mérité ? Ce sourire qu'il avait arboré en disant long.
Ainsi, voici ce qu'elle exécrait avec ce don. Qu'elle le veuille ou non, Lenore possédait un droit de vie ou de mort sur les personnes qu'elle voyait dans ses visions.
"J'ai choisi de ne pas prévenir mon oncle.
- Riverhood-sama dévoile ainsi l'acier miroitant de son coeur.
- Ce qui me préoccupe le plus, c'est la formation de cette faille.
- Riverhood-sama a-t-elle pu localiser cette ouverture dans sa vision ?
- Dans le ciel, pendant que j'étais à la tour de Clepsydre. J'ignore si cela se fera à cet endroit exact, mais nous devons à tout prix cela.
- Cela signifie donc que les agents de l'Ordre échoueront dans sa récupération.
- Pas nécessairement. Ce scénario dont j'ai été témoin peut se passer si nous ne faisons rien. Il est toutefois possible d'interférer.
- Heureusement, l'Ordre de Riverhood-sama est versé en la matière et prévenus, les templiers d'Ishgard pourront participer à la bataille."
Lenore acquiesça lentement de la tête avant de tremper ses lèvres dans son thé. Ce qu'avait préparé Kurenai était exquis, jusqu'à même apaiser la Dame sans un regard sur le contenu de ce thé versé. Dans les jours à venir, un grand combat allait les opposer à cet Alastor. Elle le savait, elle le sentait. La déchirure du ciel était pour bientôt. Mais quand ?
"Merci, Kurenai, fit la cantatrice en prenant la anse de sa tasse.
- Maintenant que Riverhood-sama est dans les bonnes dispositions, qu'elle laisse la chaleur du thé l'envahir et évacuer par la parole ses soucis à son rythme."
Jusqu'à maintenant, jamais Lenore n'avait pu parler de son don sous un nouveau jour. Fut un temps où les rumeurs allaient et venaient quant à la nature qu'elle représentait : était-elle une créature abyssale, celle qu'elle combattait depuis toujours ? Ces rumeurs avaient pu se targuer d'avoir réussir à faire douter la concernée, Shinme ayant fait les frais de longues discussions avec la chanteuse. Cette fois-ci était différent. Plus que jamais, elle se sentait confiante vis-à-vis de cette capacité qu'elle ne tarda plus à confier à sa suivante qui plissa les yeux à cette révélation.
"Riverhood-sama était-elle sous l'emprise d'une de ces visions ?
- En effet. Elles surviennent là où je ne m'y attends pas, et je pense que celle-ci était un appel de ma tante, Eléonore d'Harebourg.
- La tante de Riverhood-sama serait-elle toujours vivante pour la contacter ainsi ?
- Je crains que non. Peut-être qu'il ne s'agissait là que d'un message de notre bien-aimée Hydaelyn qui m'a fait croire que je lui parlais."
Tout cela était déconcertant. Elle se souvint de sa posture, de sa voix, de l'aura qu'elle dégageait. Elle était presque son portrait craché, à quelques détails près. Elle voulait croire qu'il s'agissait bel et bien d'Eléonore, mais ses visions étaient faites pour qu'elle soit floue et déchiffrable. Kurenai fixait ses yeux améthystes sur sa maîtresse, lui portant une écoute presque digne d'une fanatique.
"Pour une fois, ce n'est pas la mort de mon oncle qui m'a faite hurler. Juste avant mon cri, je suis parvenue à voir dans le ciel la formation d'une faille du néant. J'en déduis que la personne qui détient l'artefact s'en servira pour appeler un démon. Lequel ? Je l'ignore encore.
- L'Ordre dispose d'un trésor sans égal en la personne de sa directrice, si elle est capable de percevoir les desseins de ses opposants avant qu'ils ne se réalisent."
La servitude de Kurenai était telle qu'elle parvient à creuser un sourire sur les lèvres de sa maîtresse.
"Cela n'arrive pas systématiquement. Toutefois, si je puis préduire les plus grands désastres, ainsi soit-il.
- Les visions de Riverhood-sama se réalisent-elles toujours ?
- Toujours, oui, à moins que je sois parvenue à prévenir les concernés à temps. Cela me donne une terrible décision à prendre, cela dit."
Elle revoyait son oncle, sans son masque, contre l'aiguille où se tenait autrefois l'artefact qui lui avait été dérobé. Il peinait à respirer et son regard approchait de la fin. Dans un réflexe humain, Lenore s'était rapprochée de lui pour lui venir en aide...mais sa décomposition en mille petites étoiles qui regagnaient le ciel signifiait sa mort prochaine. Elle se souvenait de ce sourire, paisible et comblé, qui décorait ses lèvres avant qu'il ne disparaisse.
Depuis toujours, ses prédictions ne lui avaient jamais fait défaut. Lorsqu'elle voyait la mort de quelqu'un, elle avait toujours cette audace de changer le court du temps et les prévenait en amont pour leur éviter ce triste sort. Cela avait fonctionné avec Idir, Judal et même N'yahmi. Pourtant, devait-elle réellement prévenir son oncle, lui qui avait déjà tant fait dans sa vie et qui ne cherchait qu'un repos bien mérité ? Ce sourire qu'il avait arboré en disant long.
Ainsi, voici ce qu'elle exécrait avec ce don. Qu'elle le veuille ou non, Lenore possédait un droit de vie ou de mort sur les personnes qu'elle voyait dans ses visions.
"J'ai choisi de ne pas prévenir mon oncle.
- Riverhood-sama dévoile ainsi l'acier miroitant de son coeur.
- Ce qui me préoccupe le plus, c'est la formation de cette faille.
- Riverhood-sama a-t-elle pu localiser cette ouverture dans sa vision ?
- Dans le ciel, pendant que j'étais à la tour de Clepsydre. J'ignore si cela se fera à cet endroit exact, mais nous devons à tout prix cela.
- Cela signifie donc que les agents de l'Ordre échoueront dans sa récupération.
- Pas nécessairement. Ce scénario dont j'ai été témoin peut se passer si nous ne faisons rien. Il est toutefois possible d'interférer.
- Heureusement, l'Ordre de Riverhood-sama est versé en la matière et prévenus, les templiers d'Ishgard pourront participer à la bataille."
Lenore acquiesça lentement de la tête avant de tremper ses lèvres dans son thé. Ce qu'avait préparé Kurenai était exquis, jusqu'à même apaiser la Dame sans un regard sur le contenu de ce thé versé. Dans les jours à venir, un grand combat allait les opposer à cet Alastor. Elle le savait, elle le sentait. La déchirure du ciel était pour bientôt. Mais quand ?
Elle n'attendait que le retour des siens pour en juger.
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
Jamais elle n'aurait cru pareil amarrage au coeur de la Clepsydre. Aline avait pourtant fait de son mieux pour éviter les attaques des nombreux démons lui poursuivant, sous le commandement de Lenore qui avait fait vibrer sa voix tout le long de la bataille aérienne. Malgré ses directives qui galvanisaient les siens et les troupes ishgardaises, rien n'avait pu leur faire éviter ce crash.
Le plus dur désormais était de rétablir le courant éthéré dans le centre de la Tour où dans la brume, qui entourait Dorian, la miqo'te et Shinme qui avait fortement insisté pour accompagner la Dame dans ce combat, tapissait un démon à l'intelligence mesquine et sadique. Lorsqu'elle vit son amie se faire tirer dans cette épaisse brume, son sang ne fit qu'un tour.
"SHINME !" cria Lenore dans une rage grondante.
Elle avait compris, un peu plus tôt, le point faible de la créature. Si sa peau était aussi résistante que de l'acier, quand bien même l'utilisation d'eau sanctifiée, sa gueule, où résidait une seconde mâchoire à l'intérieur, était son unique défaut. Sans plus tarder, elle avait partagé l'information à ses hommes alors qu'on entendait au loin des pleurs et des cris bestiaux. Il ne fallait pas plus attendre, sa tendre et sa plus fidèle amie était entre les griffes d'un être sanguinaire. C'était sans compter sur l'ombre, l'alter-ego de Dorian, mais également l'intervention d'une silhouette de glace, qu'ils parvinrent à rejoindre la bête, et par conséquent, retirer la raenne de sa gueule.
Elle gisait là, dans son propre sang qui coulait depuis son ventre. A cet instant, Lenore plia le genou pour se tenir au dessus de Shinme afin d'être l'unique barrière restante entre elle et le démon. Sa fée invoquée plus tôt lui prodiguait les premiers soins tandis que le reste de l'équipe, dont la mystérieuse apparition, s'affairait à mettre un terme à la vie de cette vile aberration de la nature.
"Taihen..moushiwake arimasen..." susurra la raenne tel un supplice à l'oreille de la Dame.
Des mots qu'elle ne comprit pas, que ce soit à cause de ses lacunes dans cette langue, ou par le feu de l'action. Les émotions n'avaient aucune place dans ce genre de moment et pourtant, vibrait dans le fond de sa gorge un chant insaisissable. Alors que sévissait une féroce bataille tout autour d'eux, où le hurlement des siens rivalisait avec les cris de la bête affublée par les nombreux tirs d'Aline et les coups de Dorian et de l'inconnue, une voix contrastait avec ce tableau de guerre. Doux et délicat, il se voulait précieux et chaleureux pour la raenne - un véritable soin pour les maux de l'âme de celle-ci. Lenore n'était guère combattante, encore moins soigneuse. Son seul et véritable talent avait toujours résidé dans les particularités de sa voix qui, à cet instant, s'avéraient primordiales pour la survie de sa seule et unique amie, celle qui avait toujours cru en elle, celle qui avait toujours été là lorsqu'il le fallait.
La bête sonna le glas de son existence lorsque la fée disparut en un halo de lumière pailleté, après avoir redonné tout son éther à sa maîtresse. Celle-ci pouvait enfin souffler, sa blessure refermée. Quand Lenore l'aida à se redresser pour s'asseoir, Dorian fit barrière entre elle et l'inconnue qui s'avançait, le regard méfiant sous son heaume de chevalier de la Sainte Cité.
"Hh...hh... Laissez-moi passer...
- Qui êtes-vous ? rétorqua le chevalier, le ton froid et sans précédent.
- Junko est l'une des nôtres." trancha la directrice qui se releva à son tour.
Dorian laissa passer la raenne qui s'avança jusqu'à Shinme. Lenore ferma les yeux quelques instants, pensive. La première bataille avait pris fin, non sans d'importants dommages. Il fallait réfléchir vite et ne pas perdre plus de temps que nécessaire. Dans un premier temps, elle passa un appel aux autres équipes pour faire un point sur la situation, et appeler les médecins à les rejoindre aussi vite que possible. Dans un second, elle observa la brume disparaître à vue d'oeil depuis qu'ils avaient terrassé la bête.
"Aline, vérifiez l'éther une dernière fois et allez au panneau de commande pour rétablir l'éther.
- Bien, Madame ! répondit la miqo'te qui s'élança dans le fond de la pièce.
- Sire de Belmont, j'ai fait appel à l'équipe médical. On nous attend dehors."
Régi par les traditions, Dorian inclina le buste avant de partir, une chose qu'elle se refusa tout bonnement en voyant l'état pitoyable de Shinme. Junko partit la deuxième de son habituel froideur, après un regard jugeur vers celle qu'elle chérissait au fond d'elle, tandis que celle-ci faisait de son mieux pour ne plus être un poids.
"Lenore... Vous devriez y aller aussi. Ce combat... Il est pour vous. Vous avez encore un rôle à jouer là dedans, déclara sa tendre amie avant qu'elle ne se fasse prendre le bras par la hyuroise, le regard aussi placide que ferme.
- Pour moi ? Non, pour nous. Vous avez tous un rôle à jouer, vous avez un poids indéniable. Je ne suis pas seule dans ce combat."
Suivie par une Aline déboussolée de n'avoir pu être à la hauteur de ses propres attentes, elles quittèrent le centre de gestions des mécanismes éthérés afin de rejoindre les équipes médicales. Elle laissa Shinme au bon soin des médecins et tourna son attention sur le sommet de la Tour de la Clepsydre, le coeur serré malgré le contrôle de ses émotions.
Le plus dur désormais était de rétablir le courant éthéré dans le centre de la Tour où dans la brume, qui entourait Dorian, la miqo'te et Shinme qui avait fortement insisté pour accompagner la Dame dans ce combat, tapissait un démon à l'intelligence mesquine et sadique. Lorsqu'elle vit son amie se faire tirer dans cette épaisse brume, son sang ne fit qu'un tour.
"SHINME !" cria Lenore dans une rage grondante.
Elle avait compris, un peu plus tôt, le point faible de la créature. Si sa peau était aussi résistante que de l'acier, quand bien même l'utilisation d'eau sanctifiée, sa gueule, où résidait une seconde mâchoire à l'intérieur, était son unique défaut. Sans plus tarder, elle avait partagé l'information à ses hommes alors qu'on entendait au loin des pleurs et des cris bestiaux. Il ne fallait pas plus attendre, sa tendre et sa plus fidèle amie était entre les griffes d'un être sanguinaire. C'était sans compter sur l'ombre, l'alter-ego de Dorian, mais également l'intervention d'une silhouette de glace, qu'ils parvinrent à rejoindre la bête, et par conséquent, retirer la raenne de sa gueule.
Elle gisait là, dans son propre sang qui coulait depuis son ventre. A cet instant, Lenore plia le genou pour se tenir au dessus de Shinme afin d'être l'unique barrière restante entre elle et le démon. Sa fée invoquée plus tôt lui prodiguait les premiers soins tandis que le reste de l'équipe, dont la mystérieuse apparition, s'affairait à mettre un terme à la vie de cette vile aberration de la nature.
"Taihen..moushiwake arimasen..." susurra la raenne tel un supplice à l'oreille de la Dame.
Des mots qu'elle ne comprit pas, que ce soit à cause de ses lacunes dans cette langue, ou par le feu de l'action. Les émotions n'avaient aucune place dans ce genre de moment et pourtant, vibrait dans le fond de sa gorge un chant insaisissable. Alors que sévissait une féroce bataille tout autour d'eux, où le hurlement des siens rivalisait avec les cris de la bête affublée par les nombreux tirs d'Aline et les coups de Dorian et de l'inconnue, une voix contrastait avec ce tableau de guerre. Doux et délicat, il se voulait précieux et chaleureux pour la raenne - un véritable soin pour les maux de l'âme de celle-ci. Lenore n'était guère combattante, encore moins soigneuse. Son seul et véritable talent avait toujours résidé dans les particularités de sa voix qui, à cet instant, s'avéraient primordiales pour la survie de sa seule et unique amie, celle qui avait toujours cru en elle, celle qui avait toujours été là lorsqu'il le fallait.
La bête sonna le glas de son existence lorsque la fée disparut en un halo de lumière pailleté, après avoir redonné tout son éther à sa maîtresse. Celle-ci pouvait enfin souffler, sa blessure refermée. Quand Lenore l'aida à se redresser pour s'asseoir, Dorian fit barrière entre elle et l'inconnue qui s'avançait, le regard méfiant sous son heaume de chevalier de la Sainte Cité.
"Hh...hh... Laissez-moi passer...
- Qui êtes-vous ? rétorqua le chevalier, le ton froid et sans précédent.
- Junko est l'une des nôtres." trancha la directrice qui se releva à son tour.
Dorian laissa passer la raenne qui s'avança jusqu'à Shinme. Lenore ferma les yeux quelques instants, pensive. La première bataille avait pris fin, non sans d'importants dommages. Il fallait réfléchir vite et ne pas perdre plus de temps que nécessaire. Dans un premier temps, elle passa un appel aux autres équipes pour faire un point sur la situation, et appeler les médecins à les rejoindre aussi vite que possible. Dans un second, elle observa la brume disparaître à vue d'oeil depuis qu'ils avaient terrassé la bête.
"Aline, vérifiez l'éther une dernière fois et allez au panneau de commande pour rétablir l'éther.
- Bien, Madame ! répondit la miqo'te qui s'élança dans le fond de la pièce.
- Sire de Belmont, j'ai fait appel à l'équipe médical. On nous attend dehors."
Régi par les traditions, Dorian inclina le buste avant de partir, une chose qu'elle se refusa tout bonnement en voyant l'état pitoyable de Shinme. Junko partit la deuxième de son habituel froideur, après un regard jugeur vers celle qu'elle chérissait au fond d'elle, tandis que celle-ci faisait de son mieux pour ne plus être un poids.
"Lenore... Vous devriez y aller aussi. Ce combat... Il est pour vous. Vous avez encore un rôle à jouer là dedans, déclara sa tendre amie avant qu'elle ne se fasse prendre le bras par la hyuroise, le regard aussi placide que ferme.
- Pour moi ? Non, pour nous. Vous avez tous un rôle à jouer, vous avez un poids indéniable. Je ne suis pas seule dans ce combat."
Suivie par une Aline déboussolée de n'avoir pu être à la hauteur de ses propres attentes, elles quittèrent le centre de gestions des mécanismes éthérés afin de rejoindre les équipes médicales. Elle laissa Shinme au bon soin des médecins et tourna son attention sur le sommet de la Tour de la Clepsydre, le coeur serré malgré le contrôle de ses émotions.
"Le véritable combat arrive."
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
"Tenez encore un petit peu plus !"
On n'entendait plus que le cri d'un millier d'hommes et de femmes face à une nuée de démons venus des cieux, par cette faille du néant béante d'où les maux de la terre naissaient. Lenore, aux côtés de son oncle, d'Amelia de Frizz et de Sofia, tendait sa main vers l'aiguille pour lui insuffler son éther. Cela faisait des heures qu'ils combattaient ensemble l'une des plus grandes créatures des abysses qu'ils leur avaient été de combattre. Plus que jamais la Dame n'aurait voulu avoir raison lorsqu'elle avait aperçu Alastor, dans son aéronef, fuir les lieux.
"Protégez à tout prix l'aiguille !" hurla-t-elle aux siens à s'en briser la voix. L'immense bête chargea ses deux pattes griffues et c'était sans compter sur la présence de Dorian et de Balian que l'aiguille se vit épargnée d'un souffle dévastateur, protégée par les deux hommes. A mesure qu'ils lui donnaient de l'éther, la Clepsydre émit divers cliquetis et grondement réguliers, puisqu'à défaut d'utiliser l'artefact dérobé, il lui fallait beaucoup d'éther. Elle avait pourtant longuement hésité à aider son oncle depuis qu'elle avait compris qu'il les avait encore trompé. Mais la créature était bien trop forte et résistante à leurs coups... Il fallait ainsi protéger, coûte que coûte, l'aiguille, quitte à ne jamais revoir la lumière du jour.
Le bourdonnement plus régulier de la Tour et le scintillement au bout de la pique de l'aiguille indiquèrent la fin de toute cette lutte. Sous l'ultime attaque de la créature ailée à l'aura ombrale, le jaillissement d'un torrent de lumière perça le ciel et les nuages d'une lueur bleutée. Elle traversa la faille qui, au lieu de se refermer correctement, ne fit que remonter le temps. Tous, le regard ébahi et fatigué, contemplèrent la faille disparaître petit à petit, comme si on l'ouvrait à l'envers. La bête, elle-même effrayée, prit soudainement la fuite en même temps que de nombreux démons.
"ABATTEZ-LES TOUS !" cria un commandant des Templiers.
Lenore observa la pluie de flèches des balistes s'abattre sur les derniers démons mineurs, blessant au passage celui qu'ils avaient combattu, sans hausser un sourcil. Alors, un silence s'empara du champs de bataille, du sommet jusqu'aux pieds de la Clepsydre. La Dame vit les siens se regarder entre eux, comme pour demander confirmation... Tout était bel et bien fini. On entendit des cris de joie partout dans la tour, les soldats fiers d'avoir repoussé l'ennemi, quand la directrice s'avança jusqu'au Comte Harebourg, celui-ci adossé à l'aiguille, affaibli mais pas moins souriant. Aline, qui avait été la première à courir vers lui, paniqua.
"Dame Lenore... Dame Lenore ! Monsieur le Comte... Il disparaît !"
Le silence s'étala tout le long du trajet du retour. Au final, elle n'avait pu versé une larme, même pas une seule, pour son oncle, malgré le fait de l'avoir vu s'effriter en mille étoiles rejoignant les cieux. S'en voulait-elle de n'avoir pu lui éviter cette mort ou avait-elle déjà fait le deuil ? En réalité, elle allait devoir vivre avec ce poids sur les épaules tout le reste de sa vie car pour la première fois, elle avait laissé la Volonté Divine suivre le cours du temps.
Encore une fois, elle maintint le silence jusqu'au palier de sa porte. Même dans les bras de son mari, elle ne put dire mot. Elle savait aujourd'hui qui elle était et ce qu'elle aspirait à devenir, une protectrice, pour son mari, son fils, ses hommes et ceux qui n'ont pas de toit où s'abriter. Tout ça, elle le lui devait, cet oncle aux idées trop grandes pour être réalisées et qui pourtant avaient été leur salut lors de la grande bataille. Elle n'avait pu le connaître que quelques lunes et aurait espéré mieux apprendre à le connaître.
Accoudée au bord de sa fenêtre, une femme contempla les étoiles à la veille du printemps.
On n'entendait plus que le cri d'un millier d'hommes et de femmes face à une nuée de démons venus des cieux, par cette faille du néant béante d'où les maux de la terre naissaient. Lenore, aux côtés de son oncle, d'Amelia de Frizz et de Sofia, tendait sa main vers l'aiguille pour lui insuffler son éther. Cela faisait des heures qu'ils combattaient ensemble l'une des plus grandes créatures des abysses qu'ils leur avaient été de combattre. Plus que jamais la Dame n'aurait voulu avoir raison lorsqu'elle avait aperçu Alastor, dans son aéronef, fuir les lieux.
"Protégez à tout prix l'aiguille !" hurla-t-elle aux siens à s'en briser la voix. L'immense bête chargea ses deux pattes griffues et c'était sans compter sur la présence de Dorian et de Balian que l'aiguille se vit épargnée d'un souffle dévastateur, protégée par les deux hommes. A mesure qu'ils lui donnaient de l'éther, la Clepsydre émit divers cliquetis et grondement réguliers, puisqu'à défaut d'utiliser l'artefact dérobé, il lui fallait beaucoup d'éther. Elle avait pourtant longuement hésité à aider son oncle depuis qu'elle avait compris qu'il les avait encore trompé. Mais la créature était bien trop forte et résistante à leurs coups... Il fallait ainsi protéger, coûte que coûte, l'aiguille, quitte à ne jamais revoir la lumière du jour.
Le bourdonnement plus régulier de la Tour et le scintillement au bout de la pique de l'aiguille indiquèrent la fin de toute cette lutte. Sous l'ultime attaque de la créature ailée à l'aura ombrale, le jaillissement d'un torrent de lumière perça le ciel et les nuages d'une lueur bleutée. Elle traversa la faille qui, au lieu de se refermer correctement, ne fit que remonter le temps. Tous, le regard ébahi et fatigué, contemplèrent la faille disparaître petit à petit, comme si on l'ouvrait à l'envers. La bête, elle-même effrayée, prit soudainement la fuite en même temps que de nombreux démons.
"ABATTEZ-LES TOUS !" cria un commandant des Templiers.
Lenore observa la pluie de flèches des balistes s'abattre sur les derniers démons mineurs, blessant au passage celui qu'ils avaient combattu, sans hausser un sourcil. Alors, un silence s'empara du champs de bataille, du sommet jusqu'aux pieds de la Clepsydre. La Dame vit les siens se regarder entre eux, comme pour demander confirmation... Tout était bel et bien fini. On entendit des cris de joie partout dans la tour, les soldats fiers d'avoir repoussé l'ennemi, quand la directrice s'avança jusqu'au Comte Harebourg, celui-ci adossé à l'aiguille, affaibli mais pas moins souriant. Aline, qui avait été la première à courir vers lui, paniqua.
"Dame Lenore... Dame Lenore ! Monsieur le Comte... Il disparaît !"
Le silence s'étala tout le long du trajet du retour. Au final, elle n'avait pu versé une larme, même pas une seule, pour son oncle, malgré le fait de l'avoir vu s'effriter en mille étoiles rejoignant les cieux. S'en voulait-elle de n'avoir pu lui éviter cette mort ou avait-elle déjà fait le deuil ? En réalité, elle allait devoir vivre avec ce poids sur les épaules tout le reste de sa vie car pour la première fois, elle avait laissé la Volonté Divine suivre le cours du temps.
Encore une fois, elle maintint le silence jusqu'au palier de sa porte. Même dans les bras de son mari, elle ne put dire mot. Elle savait aujourd'hui qui elle était et ce qu'elle aspirait à devenir, une protectrice, pour son mari, son fils, ses hommes et ceux qui n'ont pas de toit où s'abriter. Tout ça, elle le lui devait, cet oncle aux idées trop grandes pour être réalisées et qui pourtant avaient été leur salut lors de la grande bataille. Elle n'avait pu le connaître que quelques lunes et aurait espéré mieux apprendre à le connaître.
Accoudée au bord de sa fenêtre, une femme contempla les étoiles à la veille du printemps.
"Qu'Halone vous garde, mon oncle."
[size=6]La Voix de l'Instinct
FIN[/size]
FIN[/size]