[Lenore] Tome II - La Voix de l'Instinct
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
La légère brise fut assez forte pour la réveiller. Ainsi elle ouvrit les yeux sur un très long sentier parsemé d'ombres ci et là. Il ne lui fallut pas moins de quelques secondes pour comprendre qu'elle était en train de rêver, merci à sa nuisette blanche et à son insensibilité au froid ambiant.
L'endroit lui était étranger. Un mélange de roche et de nature, entourée de grandes montagnes, comme celles de Yanxia. Par réflexe, elle se retourna et se vit aux pieds d'une grande muraille. Elle était si haute, si épaisse... Que pouvait-elle bien protéger ? Lenore déposa une main sur cette dernière et elle comprit de nouveau. Tout ce calme, toute cette obscurité... Tout cela paraissait si réel. Elle l'avait bien trop vu pour en être certaine : elle ne rêvait pas. Elle ne rêvait pas, mais elle ne ressentait aucunement cette peur constante que ses prémonitions se plaisaient à lui infliger. Au contraire, poussée par cette envie d'écouter ce que les Douze voulaient lui dire, jamais elle ne sourcilla.
Pas même lorsqu'elle fut témoin d'une pluie de flèches enflammées provenant de derrière la muraille pour abattre les combattants apparus soudainement sur ce même sentier pourtant tranquille il y avait même pas quelques secondes. La cantatrice contemplait avec une horreur dissimulée le chaos qui se déroulait sous ses yeux. Elle ne pouvait ni reconnaître d'emblème, ni voir les visages des fiers guerriers.
"Que souhaitez-vous me dire...?"
Elle quitta la grande muraille pour vagabonder, pieds nus, entre les guerriers. Personne ne la regardait, ni ne faisait attention à elle, mais le danger l'encerclait. Les cris effroyables des combattants lui parasitaient l'esprit et elle suppliait tout à chacun de cesser ce massacre...mais personne ne l'entendait. Et elle le savait qu'elle ne pouvait changer le cours des choses de la sorte.
"YARGH !"
L'un des combattants manqua de la heurter de plein fouet de sa lame. Lenore tomba au sol, pour l'éviter, avant de comprendre qu'elle n'était pas la bienvenue ici. Elle devait courir, fuir... partir très loin. Elle ne pensait qu'à se mettre en sécurité. Quel était donc le message délivré ?
Dans sa course, elle vit son ombre grandir petit à petit. En passant un regard par dessus son épaule, elle aperçut au dessus d'elle une grande sphère de feu se diriger droit dans sa direction. Elle trébucha à terre, à la merci de cette boule de feu... Il était trop tard pour l'éviter. Par réflexe, elle se protégea le visage de ses deux bras avant d'entendre le cri d'un homme pourfendre la terreur de l'instant. Avant que l'impact ne survienne, elle put observer un grand et robuste gabarit, hache à la main, lui barrer la route. L'explosion du choc ramena soudainement un noir complet, sans aucun bruit.
Lenore reprit son souffle, les yeux écarquillés. Tout allait si vite, elle n'avait pas le temps de voir les détails. En fin de compte, ce fut au bout de quelques longues secondes qu'elle parvint à discerner dans le noir complet les murs de la salle dans laquelle elle se trouvait désormais. Elle n'avait rien d'accueillant et le froid mordait sa peau comme jamais. Lenore n'eut le temps de faire un pas en avant qu'elle entendit tout à coup des bruits de pas de félins. Légers, rapides, fourbes... La Dame regarda à droite, puis à gauche, dans l'espoir de trouver la menace l'entourant.
"Qui va là ?!"
Elle fit volte-face dans un mouvement incontrôlé, régi par une simple peur de son assaillant. Une fois de plus, elle ne voyait personne, elle ne faisait qu'entendre les pas de son prédateur. Un prédateur qui aimait jouer avec sa proie.
"Montrez-vous !"
Elle s'écria une dernière fois en se retournant de nouveau. Toutefois, elle n'entendit plus rien. Le silence régnait dans la salle et c'était bien pire que ce qu'elle croyait car à cet instant, elle sentit une lourde présence derrière elle. Le souffle rapide, les battements saccadés de son coeur alertaient tous ses sens. Était-ce ses propres battements de coeur..ou était-ce à cette présence dont elle ne daignait pas regarder ?
Les mots de Shinme lui revinrent en tête. Il n'était plus question de fuir et de ne pas regarder la vérité en face... Elle devait se laisser porter par son propre don. Elle devait embrasser le chaos pour vaincre le chaos.
Ainsi se retourna-t-elle face à une grande ombre. Elle avait beau être légèrement plus grande et paraître être une ombre humaine... Lenore le sentait, elle ne l'était pas. La peur lui paralysa soudainement le moindre de ses mouvements. Elle voulait crier, hurler... Mais rien n'y faisait, tandis que l'ombre leva une main sur la gorge de la cantatrice. Elle sentit la main serrer son cou et parvenait à de moins en moins respirer. Si elle ne faisait rien, elle allait probablement...
Lenore se réveilla en sursaut et en sueur dans son lit. Elle toussa par réflexe, en quête d'un air qu'elle pouvait toujours respirer. Derek fut aussitôt réveillé par les sursauts de sa femme.
"Lenore ! Lenore, je suis là. Tout va bien."
Il la prit dans ses bras pour la calmer dans sa panique. Toutefois, elle ne comprenait pas. Ce n'était pas un rêve... C'était une prémonition. Pourtant, on venait de la tuer. On venait de la tuer et...
L'endroit lui était étranger. Un mélange de roche et de nature, entourée de grandes montagnes, comme celles de Yanxia. Par réflexe, elle se retourna et se vit aux pieds d'une grande muraille. Elle était si haute, si épaisse... Que pouvait-elle bien protéger ? Lenore déposa une main sur cette dernière et elle comprit de nouveau. Tout ce calme, toute cette obscurité... Tout cela paraissait si réel. Elle l'avait bien trop vu pour en être certaine : elle ne rêvait pas. Elle ne rêvait pas, mais elle ne ressentait aucunement cette peur constante que ses prémonitions se plaisaient à lui infliger. Au contraire, poussée par cette envie d'écouter ce que les Douze voulaient lui dire, jamais elle ne sourcilla.
Pas même lorsqu'elle fut témoin d'une pluie de flèches enflammées provenant de derrière la muraille pour abattre les combattants apparus soudainement sur ce même sentier pourtant tranquille il y avait même pas quelques secondes. La cantatrice contemplait avec une horreur dissimulée le chaos qui se déroulait sous ses yeux. Elle ne pouvait ni reconnaître d'emblème, ni voir les visages des fiers guerriers.
"Que souhaitez-vous me dire...?"
Elle quitta la grande muraille pour vagabonder, pieds nus, entre les guerriers. Personne ne la regardait, ni ne faisait attention à elle, mais le danger l'encerclait. Les cris effroyables des combattants lui parasitaient l'esprit et elle suppliait tout à chacun de cesser ce massacre...mais personne ne l'entendait. Et elle le savait qu'elle ne pouvait changer le cours des choses de la sorte.
"YARGH !"
L'un des combattants manqua de la heurter de plein fouet de sa lame. Lenore tomba au sol, pour l'éviter, avant de comprendre qu'elle n'était pas la bienvenue ici. Elle devait courir, fuir... partir très loin. Elle ne pensait qu'à se mettre en sécurité. Quel était donc le message délivré ?
Dans sa course, elle vit son ombre grandir petit à petit. En passant un regard par dessus son épaule, elle aperçut au dessus d'elle une grande sphère de feu se diriger droit dans sa direction. Elle trébucha à terre, à la merci de cette boule de feu... Il était trop tard pour l'éviter. Par réflexe, elle se protégea le visage de ses deux bras avant d'entendre le cri d'un homme pourfendre la terreur de l'instant. Avant que l'impact ne survienne, elle put observer un grand et robuste gabarit, hache à la main, lui barrer la route. L'explosion du choc ramena soudainement un noir complet, sans aucun bruit.
Lenore reprit son souffle, les yeux écarquillés. Tout allait si vite, elle n'avait pas le temps de voir les détails. En fin de compte, ce fut au bout de quelques longues secondes qu'elle parvint à discerner dans le noir complet les murs de la salle dans laquelle elle se trouvait désormais. Elle n'avait rien d'accueillant et le froid mordait sa peau comme jamais. Lenore n'eut le temps de faire un pas en avant qu'elle entendit tout à coup des bruits de pas de félins. Légers, rapides, fourbes... La Dame regarda à droite, puis à gauche, dans l'espoir de trouver la menace l'entourant.
"Qui va là ?!"
Elle fit volte-face dans un mouvement incontrôlé, régi par une simple peur de son assaillant. Une fois de plus, elle ne voyait personne, elle ne faisait qu'entendre les pas de son prédateur. Un prédateur qui aimait jouer avec sa proie.
"Montrez-vous !"
Elle s'écria une dernière fois en se retournant de nouveau. Toutefois, elle n'entendit plus rien. Le silence régnait dans la salle et c'était bien pire que ce qu'elle croyait car à cet instant, elle sentit une lourde présence derrière elle. Le souffle rapide, les battements saccadés de son coeur alertaient tous ses sens. Était-ce ses propres battements de coeur..ou était-ce à cette présence dont elle ne daignait pas regarder ?
"Embrasser le chaos pour vaincre le chaos."
Les mots de Shinme lui revinrent en tête. Il n'était plus question de fuir et de ne pas regarder la vérité en face... Elle devait se laisser porter par son propre don. Elle devait embrasser le chaos pour vaincre le chaos.
Ainsi se retourna-t-elle face à une grande ombre. Elle avait beau être légèrement plus grande et paraître être une ombre humaine... Lenore le sentait, elle ne l'était pas. La peur lui paralysa soudainement le moindre de ses mouvements. Elle voulait crier, hurler... Mais rien n'y faisait, tandis que l'ombre leva une main sur la gorge de la cantatrice. Elle sentit la main serrer son cou et parvenait à de moins en moins respirer. Si elle ne faisait rien, elle allait probablement...
Lenore se réveilla en sursaut et en sueur dans son lit. Elle toussa par réflexe, en quête d'un air qu'elle pouvait toujours respirer. Derek fut aussitôt réveillé par les sursauts de sa femme.
"Lenore ! Lenore, je suis là. Tout va bien."
Il la prit dans ses bras pour la calmer dans sa panique. Toutefois, elle ne comprenait pas. Ce n'était pas un rêve... C'était une prémonition. Pourtant, on venait de la tuer. On venait de la tuer et...
Elle n'avait pas crier.
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
Mikhail s'était levé pour applaudir la cantatrice, suivi par une pluie d'ovations pour celle-ci de tout l'établissement. Son auditoire avait été enchanté par ses chants et ce fut avec le coeur comblé qu'elle quitta la scène, une fois les lumières éteintes. Plus que d'ordinaire, jamais son chant n'avait été aussi entier. Sous le regard brûlant de ses admirateurs, c'était comme si elle n'avait jamais cessé de chanter malgré ses lunes d'absences au devant de la scène.
"Merci, ma chère Lenore."
A l'étage, son amie au terme de sa grossesse l'avait écoutée et contemplée, tout bonnement médusée. La voix cristalline de la chanteuse était si hypnotique qu'elle ne vit passer l'heure, à son plus grand désarroi. Quant à la Dame, elle lui adressa ses aurevoirs et repartit au bras de son époux, suivie de leur escorte, Yuan et Victor.
"Votre commande est prête. Nous irons le chercher à mon retour de Kugane."
De quoi encore plus égayer sa soirée. Elle continua de fredonner sur le chemin du retour. Ils ne tardèrent pas à congédier leurs gardes du corps pour la soirée au pas de la demeure des de Riverhood. Bien que la mesnie vivait dans un "petit" manoir pour la grandeur ishgardaise, cela restait tout de même trop grand pour leur escorte, habitués à de simples petites chaumières.
La chambre conjugale n'était éclairée que par les flammes mourantes de la cheminée, et les bougies placés avec soin auprès de leur lit. Si la soirée avait été bruyante par le succès du concert, maintenant régnait le calme d'un homme assis sur son fauteuil, sa senestre tenant égoïstement la hanche de son épouse.
"Chantez. Encore."
Elle troqua sa surprise par un sourire entendu et mesuré, avant de lui chanter de nouveau cette même chanson qu'elle avait composé rien que pour lui. Cela avait l'honneur de procurer à son mari un bien trouvable nul part ailleurs, dont seule la voix de Lenore était la clef. A vrai dire, sa propre surprise l'étonna. Aujourd'hui, la musique était plus qu'un ancrage, elle était sa raison d'être. Elle incarnait cette beauté qui jamais ne flétrira, cette essence qui à jamais conduira les mortels et les âmes vers un bien éternel.
Cet ancrage, Derek le partageait à son tour. A l'aube de son départ pour Kugane, il était celui qui en avait même le plus besoin et Lenore le ressentait plus que jamais. Après tout, lorsqu'il n'avait pas sa dose de chant quotidienne, c'était là qu'il était le plus autoritaire.
"Il est magnifique."
Y'nayal finit d'ajuster le nouveau collier frontal sur Lenore et contempla celle-ci avec beaucoup d'assurance. Il avait tout respecté, des mensurations jusqu'à la couleur de la rune incrustée au centre du pendentif argenté. Même avec la lumière tamisée, les yeux de la cantatrice brûlaient d'un intérêt satisfait.
"Répondra-t-elle à ma demande ?
- Tout à fait, madame. Sitôt que vos dons de prémonition se montreront, l'éther y sera capturé et vous pourrez la faire vivre à n'importe qui. Mais..."
Un mais, il y avait toujours un mais, une condition. Cette commande un peu spéciale était sur le feu depuis des lunes, à la demande de la Dame elle-même. Tant qu'elle ne savait pas ce qu'elle était, elle détestait que les siens ou pire encore, les personnes les plus proches d'elle, la regardent avec pitié. Elle n'était pas folle et elle voulait le prouver. La presse à scandale s'en donnait à coeur joie suite à son apparition à Sombrelinceul. Les plus sceptiques parleraient d'un moyen de faire encore plus parler d'elle et faire gonfler les entrées de ses concerts tandis que d'autres s'indignaient d'avoir été dupés par une créature de la nuit. Heureusement, cela n'était qu'une fine partie des enthousiastes de sa musique.
"Mais vous ne pourrez montrer vos visions qu'une seule fois. Une fois la vision transmise à une autre personne, l'éther de celle-ci se dissipera."
Lenore pourrait jurer voir dans les yeux du miqo'te une prévention, telle que "choisissez-bien la personne à qui vous souhaiteriez montrer vos prémonitions". Bien sûr, il vallait de soi qu'elle soit prudente avec cet artefact. D'un regard dans le miroir tourné face à elle, elle admira la beauté de sa nouvelle acquisition. A la fois belle et discrète, à l'image de la Dame.
Il était étrange qu'elle se sente aussi puissante avec un aussi petit artefact. Bientôt, les siens iraient sur un champ de bataille aux côtés d'un clan qu'elle commençait à connaître et elle maudissait presque le temps de confection de ce bijou trônant sur son front. Elle revoyait une Tsukiko perdue et bouche-bée devant les mots abstraits de la Dame. Si seulement elle avait pu lui montrer ce qu'elle avait vu...
La candeur et l'innocence de la raenne réussirent à lui arracher un bref rire avant de se mesurer. On lui demandait souvent ce qu'elle était, mais jamais elle ne put y répondre franchement. Et, bien qu'elle se devait de conserver les apparences devant ses hommes, elle se sentait incomplète en tant que directrice, comme si son reflet n'était pas le vrai dans son miroir. Qu'adviendrait-il d'elle, si elle venait à découvrir l'impensable ? Qu'adviendrait-il de sa compagnie et de ceux qui comptaient sur elle ? Par dessus tout, qu'adviendrait-il de son enfant et de Derek ? Ce sentiment d'être une âme fragmentée rongeait l'esprit de la future mère, celle-ci couvrant son ventre arrondi de ses deux mains.
"Lenore.
- Hm ?"
Sortie de ses songes, elle observa le reflet de Derek sortir de l'ombre auquel il tapissait dans le miroir, regardant avec un désintérêt total le bijou qu'il venait de lui acheter.
"Je vous donne cinq minutes."
Avant même de pouvoir lui répondre, il partit le premier de la pièce et regagna l'entrée. Les traits tirés de son visage traduisaient la nuit blanche qu'il avait passé à son retour de Kugane. De tous, c'était à lui qu'elle pouvait le moins se confier. La tension et les problèmes qu'ils traversaient avec sa secrétaire lui parasitaient l'esprit et en qualité d'épouse, elle se devait de le soutenir. Elle se souvenait, en un flash soudain, de toute cette colère qu'il contenait ce soir-là, à son bureau. Ainsi, elle avait tout fait pour détruire ses barrières. Elle avait tout fait pour le pousser à parler et rugir comme un lion. Car ses émois passaient bien après lui, bien après son ressenti et ça, personne n'irait la changer. Si ce n'était pas encore le temps de lui en parler, alors le temps lui ferait une place plus tard.
Sous le regard éberlué de Y'nayal, sa cliente de renom se redressa, satisfaite.
"Vous avez fait un travail extraordinaire, monsieur Shinju.
- Mais tout le plaisir est pour moi, madame."
Il n'y avait pas besoin d'un mot de plus pour comprendre qu'elle ferait appel à ses qualités d'orfèvre pour ses prochaines commandes. Sans plus tarder, elle quitta le miqo'te pour rejoindre son époux, le pas léger. Un bras tenant le sien, ils traversèrent le pas de la porte pour revenir dans la Sainte Cité. La nuit couvrit Eorzéa d'un manteau noir et Lenore, un sourire constant aux lèvres, se laissa guider jusque chez eux.
Sous peu, ils iraient au grand bal tenu par le Comte de Vall et pourront recueillir des informations quant au Comte qu'ils cherchent à arrêter. Et elle ne pouvait y aller...
"Merci, ma chère Lenore."
A l'étage, son amie au terme de sa grossesse l'avait écoutée et contemplée, tout bonnement médusée. La voix cristalline de la chanteuse était si hypnotique qu'elle ne vit passer l'heure, à son plus grand désarroi. Quant à la Dame, elle lui adressa ses aurevoirs et repartit au bras de son époux, suivie de leur escorte, Yuan et Victor.
"Votre commande est prête. Nous irons le chercher à mon retour de Kugane."
De quoi encore plus égayer sa soirée. Elle continua de fredonner sur le chemin du retour. Ils ne tardèrent pas à congédier leurs gardes du corps pour la soirée au pas de la demeure des de Riverhood. Bien que la mesnie vivait dans un "petit" manoir pour la grandeur ishgardaise, cela restait tout de même trop grand pour leur escorte, habitués à de simples petites chaumières.
La chambre conjugale n'était éclairée que par les flammes mourantes de la cheminée, et les bougies placés avec soin auprès de leur lit. Si la soirée avait été bruyante par le succès du concert, maintenant régnait le calme d'un homme assis sur son fauteuil, sa senestre tenant égoïstement la hanche de son épouse.
"Chantez. Encore."
Elle troqua sa surprise par un sourire entendu et mesuré, avant de lui chanter de nouveau cette même chanson qu'elle avait composé rien que pour lui. Cela avait l'honneur de procurer à son mari un bien trouvable nul part ailleurs, dont seule la voix de Lenore était la clef. A vrai dire, sa propre surprise l'étonna. Aujourd'hui, la musique était plus qu'un ancrage, elle était sa raison d'être. Elle incarnait cette beauté qui jamais ne flétrira, cette essence qui à jamais conduira les mortels et les âmes vers un bien éternel.
Cet ancrage, Derek le partageait à son tour. A l'aube de son départ pour Kugane, il était celui qui en avait même le plus besoin et Lenore le ressentait plus que jamais. Après tout, lorsqu'il n'avait pas sa dose de chant quotidienne, c'était là qu'il était le plus autoritaire.
"Il est magnifique."
Y'nayal finit d'ajuster le nouveau collier frontal sur Lenore et contempla celle-ci avec beaucoup d'assurance. Il avait tout respecté, des mensurations jusqu'à la couleur de la rune incrustée au centre du pendentif argenté. Même avec la lumière tamisée, les yeux de la cantatrice brûlaient d'un intérêt satisfait.
"Répondra-t-elle à ma demande ?
- Tout à fait, madame. Sitôt que vos dons de prémonition se montreront, l'éther y sera capturé et vous pourrez la faire vivre à n'importe qui. Mais..."
Un mais, il y avait toujours un mais, une condition. Cette commande un peu spéciale était sur le feu depuis des lunes, à la demande de la Dame elle-même. Tant qu'elle ne savait pas ce qu'elle était, elle détestait que les siens ou pire encore, les personnes les plus proches d'elle, la regardent avec pitié. Elle n'était pas folle et elle voulait le prouver. La presse à scandale s'en donnait à coeur joie suite à son apparition à Sombrelinceul. Les plus sceptiques parleraient d'un moyen de faire encore plus parler d'elle et faire gonfler les entrées de ses concerts tandis que d'autres s'indignaient d'avoir été dupés par une créature de la nuit. Heureusement, cela n'était qu'une fine partie des enthousiastes de sa musique.
"Mais vous ne pourrez montrer vos visions qu'une seule fois. Une fois la vision transmise à une autre personne, l'éther de celle-ci se dissipera."
Lenore pourrait jurer voir dans les yeux du miqo'te une prévention, telle que "choisissez-bien la personne à qui vous souhaiteriez montrer vos prémonitions". Bien sûr, il vallait de soi qu'elle soit prudente avec cet artefact. D'un regard dans le miroir tourné face à elle, elle admira la beauté de sa nouvelle acquisition. A la fois belle et discrète, à l'image de la Dame.
Il était étrange qu'elle se sente aussi puissante avec un aussi petit artefact. Bientôt, les siens iraient sur un champ de bataille aux côtés d'un clan qu'elle commençait à connaître et elle maudissait presque le temps de confection de ce bijou trônant sur son front. Elle revoyait une Tsukiko perdue et bouche-bée devant les mots abstraits de la Dame. Si seulement elle avait pu lui montrer ce qu'elle avait vu...
"Êtes-vous une Oracle ?"
La candeur et l'innocence de la raenne réussirent à lui arracher un bref rire avant de se mesurer. On lui demandait souvent ce qu'elle était, mais jamais elle ne put y répondre franchement. Et, bien qu'elle se devait de conserver les apparences devant ses hommes, elle se sentait incomplète en tant que directrice, comme si son reflet n'était pas le vrai dans son miroir. Qu'adviendrait-il d'elle, si elle venait à découvrir l'impensable ? Qu'adviendrait-il de sa compagnie et de ceux qui comptaient sur elle ? Par dessus tout, qu'adviendrait-il de son enfant et de Derek ? Ce sentiment d'être une âme fragmentée rongeait l'esprit de la future mère, celle-ci couvrant son ventre arrondi de ses deux mains.
"Lenore.
- Hm ?"
Sortie de ses songes, elle observa le reflet de Derek sortir de l'ombre auquel il tapissait dans le miroir, regardant avec un désintérêt total le bijou qu'il venait de lui acheter.
"Je vous donne cinq minutes."
Avant même de pouvoir lui répondre, il partit le premier de la pièce et regagna l'entrée. Les traits tirés de son visage traduisaient la nuit blanche qu'il avait passé à son retour de Kugane. De tous, c'était à lui qu'elle pouvait le moins se confier. La tension et les problèmes qu'ils traversaient avec sa secrétaire lui parasitaient l'esprit et en qualité d'épouse, elle se devait de le soutenir. Elle se souvenait, en un flash soudain, de toute cette colère qu'il contenait ce soir-là, à son bureau. Ainsi, elle avait tout fait pour détruire ses barrières. Elle avait tout fait pour le pousser à parler et rugir comme un lion. Car ses émois passaient bien après lui, bien après son ressenti et ça, personne n'irait la changer. Si ce n'était pas encore le temps de lui en parler, alors le temps lui ferait une place plus tard.
Sous le regard éberlué de Y'nayal, sa cliente de renom se redressa, satisfaite.
"Vous avez fait un travail extraordinaire, monsieur Shinju.
- Mais tout le plaisir est pour moi, madame."
Il n'y avait pas besoin d'un mot de plus pour comprendre qu'elle ferait appel à ses qualités d'orfèvre pour ses prochaines commandes. Sans plus tarder, elle quitta le miqo'te pour rejoindre son époux, le pas léger. Un bras tenant le sien, ils traversèrent le pas de la porte pour revenir dans la Sainte Cité. La nuit couvrit Eorzéa d'un manteau noir et Lenore, un sourire constant aux lèvres, se laissa guider jusque chez eux.
Sous peu, ils iraient au grand bal tenu par le Comte de Vall et pourront recueillir des informations quant au Comte qu'ils cherchent à arrêter. Et elle ne pouvait y aller...
Sans cet artefact.
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
"Qu'attendez-vous pour mener votre petite enquête ?!"
Dame de Sicée s'emprassa de quitter la salle de réception, furibonde et humiliée. Tout cela n'était qu'un juste retour des choses car, là où elle aurait été la risée de tout Ishgard, Lenore avait rappelé à la haute noblesse qu'en qualité de diplomate, elle égalisait son talent pour le chant. Pourtant, ses accusations avaient été un risque incommensurable pour elle et sa famille que de mettre en lumière de potentiels traîtres au sein du bal au coeur de l'ambassade d'Ul'dah. Qu'à cela ne tienne, impossible n'est pas Riverhood. Ils avaient trop attendu et l'heure tournait. Même l'apparition de l'ambassadeur, Alfred de Saradet, ne l'empêcherait pas de mener à bien son enquête, quitte à ne plus être acceptée dans ses réceptions car, là où les nobles en étaient friands, Lenore était désormais au dessus de tout ça. Son enquête était bien plus importante.
Suivie de Yuan, elle créa un sillage entre les nobliaux ishgardais, leurs regards abasourdis et scandalisés. On pouvait en dire des choses sur eux, mais s'il y avait bien une vérité, c'était la demande incessante de ragots et de potins qui les maintenaient en vie. A l'annonce de cette pseudo-traîtrise, tous s'étaient regardés et méfiés de leurs voisins. Le Comte Harebourg, exilé des siens, avait soigné cette image d'un mal prochain. Lenore n'avait fait que l'entretenir. Sous le regard terrifié de Loick de la Creuse, elle n'attendait plus que des réponses.
"Sire de la Creuse, avez-vous des informations sur Monsieur le Comte ?
- Je..je ne sais rien, moi !"
Bien sûr que si, il en savait plus. Cette volonté de rester muet fit perdre patience à Yuan qui, dans un excès de colère soudain, attrapa le col de Loick pour le secouer. Tout d'abord, ce dernier continua de lui répondre la même chose, mais ce ne fut que de courte durée avant de tout avouer, puisque le garde-du-corps de la Dame souleva du sol le pauvre nouveau noble de la Haute.
"D'accord, d'accord ! La maison Torelle !
- La maison Torelle ? fit la cantatrice, son regard plissé.
- Il s'agit d'une ancienne maisonnée, membre de l'inquisition cléricale ! La maison a été officiellement détruite, mais officieusement continue de vivre sous la protection du gouvernement pour protéger les traditions d'Ishgard ! C'est tout ce que je sais !
- Bah t'vois, quand t'veux parler !" répondit Yuan en le déposant au sol et lissant presque son col.
Néanmoins, ce petit interrogatoire corcé avait suffit aux spectateurs pour craindre la cantatrice. Depuis toujours, elle avait entretenu cette image d'une femme douce à la voix d'or, une femme qui avait reçu bons nombres de prétendants à sa porte. Aujourd'hui, cette image était dite entâchée par cette facette que peu de monde pouvait se vanter de connaître : cette femme de caractère qui rompait les codes de la Sainte Cité et qui ne se laissait plus faire. Une femme d'exception dans un monde où régnait superficialité et paraître. Celle-ci passa un regard froid par dessus son épaule et couvrit son ventre arrondi d'une main maternelle.
"Veuillez nous excuser pour cette perturbation, Messieurs, Mesdames, et nous vous remercions pour votre temps accordé. Puissiez-vous passer une agréable soirée et que Halone vous garde."
Jamais elle ne mentait. La vérité, cette quête perpétuelle d'une justice plus exacte, la poussait sans cesse à se dépasser et montrer au monde les petites imperfections de la vie. Toutefois, malgré ses excuses sincères, rien ne fit changer le regard des ishgardais. S'ils restaient silencieux, c'était bien leurs yeux qui parlaient pour eux. Ainsi soit-il, elle serait leur inquisitrice. Ainsi soit-il, elle serait à leurs yeux la Diva de Diamant dont l'éclat brillait de sa froideur. Ainsi soit-il, elle ne ternirait pas la réputation des Riverhood, déjà froid pour les activités qu'ils menaient déjà. Rien ne saurait lui faire changer d'avis.
Elle quitta la grande salle avec Yuan pour rejoindre les autres dans le hall d'entrée qui entouraient la Dame de Sicée, les yeux rougies par les larmes. L'humiliation qu'elle avait souhaité infliger à Lenore s'était retournée contre elle et sa fureur ne s'apaisait guère à la vue de son ennemie.
"Takeshi, Elias, Kagome, nous rentrons. Nous avons eu toutes les informations recherchées."
Tous hochèrent la tête avant de partir sans demander leurs restes. Marguerite grondait d'une colère noire à la simple écoute de Lenore, mais celle-ci ne lui donna pas plus d'attention que cela et la laissa auprès des gardes qui venaient d'arriver. Elle le savait, elle serait amenée à la rencontrer plus tard mais aucune peur ne lui parvenait. Elle affirmerait ses positions de grande diplomate et Marguerite de Sicée serait sa première victime si d'aventure celle-ci venait à lui barrer la route.
Dame de Sicée s'emprassa de quitter la salle de réception, furibonde et humiliée. Tout cela n'était qu'un juste retour des choses car, là où elle aurait été la risée de tout Ishgard, Lenore avait rappelé à la haute noblesse qu'en qualité de diplomate, elle égalisait son talent pour le chant. Pourtant, ses accusations avaient été un risque incommensurable pour elle et sa famille que de mettre en lumière de potentiels traîtres au sein du bal au coeur de l'ambassade d'Ul'dah. Qu'à cela ne tienne, impossible n'est pas Riverhood. Ils avaient trop attendu et l'heure tournait. Même l'apparition de l'ambassadeur, Alfred de Saradet, ne l'empêcherait pas de mener à bien son enquête, quitte à ne plus être acceptée dans ses réceptions car, là où les nobles en étaient friands, Lenore était désormais au dessus de tout ça. Son enquête était bien plus importante.
Suivie de Yuan, elle créa un sillage entre les nobliaux ishgardais, leurs regards abasourdis et scandalisés. On pouvait en dire des choses sur eux, mais s'il y avait bien une vérité, c'était la demande incessante de ragots et de potins qui les maintenaient en vie. A l'annonce de cette pseudo-traîtrise, tous s'étaient regardés et méfiés de leurs voisins. Le Comte Harebourg, exilé des siens, avait soigné cette image d'un mal prochain. Lenore n'avait fait que l'entretenir. Sous le regard terrifié de Loick de la Creuse, elle n'attendait plus que des réponses.
"Sire de la Creuse, avez-vous des informations sur Monsieur le Comte ?
- Je..je ne sais rien, moi !"
Bien sûr que si, il en savait plus. Cette volonté de rester muet fit perdre patience à Yuan qui, dans un excès de colère soudain, attrapa le col de Loick pour le secouer. Tout d'abord, ce dernier continua de lui répondre la même chose, mais ce ne fut que de courte durée avant de tout avouer, puisque le garde-du-corps de la Dame souleva du sol le pauvre nouveau noble de la Haute.
"D'accord, d'accord ! La maison Torelle !
- La maison Torelle ? fit la cantatrice, son regard plissé.
- Il s'agit d'une ancienne maisonnée, membre de l'inquisition cléricale ! La maison a été officiellement détruite, mais officieusement continue de vivre sous la protection du gouvernement pour protéger les traditions d'Ishgard ! C'est tout ce que je sais !
- Bah t'vois, quand t'veux parler !" répondit Yuan en le déposant au sol et lissant presque son col.
Néanmoins, ce petit interrogatoire corcé avait suffit aux spectateurs pour craindre la cantatrice. Depuis toujours, elle avait entretenu cette image d'une femme douce à la voix d'or, une femme qui avait reçu bons nombres de prétendants à sa porte. Aujourd'hui, cette image était dite entâchée par cette facette que peu de monde pouvait se vanter de connaître : cette femme de caractère qui rompait les codes de la Sainte Cité et qui ne se laissait plus faire. Une femme d'exception dans un monde où régnait superficialité et paraître. Celle-ci passa un regard froid par dessus son épaule et couvrit son ventre arrondi d'une main maternelle.
"Veuillez nous excuser pour cette perturbation, Messieurs, Mesdames, et nous vous remercions pour votre temps accordé. Puissiez-vous passer une agréable soirée et que Halone vous garde."
Jamais elle ne mentait. La vérité, cette quête perpétuelle d'une justice plus exacte, la poussait sans cesse à se dépasser et montrer au monde les petites imperfections de la vie. Toutefois, malgré ses excuses sincères, rien ne fit changer le regard des ishgardais. S'ils restaient silencieux, c'était bien leurs yeux qui parlaient pour eux. Ainsi soit-il, elle serait leur inquisitrice. Ainsi soit-il, elle serait à leurs yeux la Diva de Diamant dont l'éclat brillait de sa froideur. Ainsi soit-il, elle ne ternirait pas la réputation des Riverhood, déjà froid pour les activités qu'ils menaient déjà. Rien ne saurait lui faire changer d'avis.
Elle quitta la grande salle avec Yuan pour rejoindre les autres dans le hall d'entrée qui entouraient la Dame de Sicée, les yeux rougies par les larmes. L'humiliation qu'elle avait souhaité infliger à Lenore s'était retournée contre elle et sa fureur ne s'apaisait guère à la vue de son ennemie.
"Takeshi, Elias, Kagome, nous rentrons. Nous avons eu toutes les informations recherchées."
Tous hochèrent la tête avant de partir sans demander leurs restes. Marguerite grondait d'une colère noire à la simple écoute de Lenore, mais celle-ci ne lui donna pas plus d'attention que cela et la laissa auprès des gardes qui venaient d'arriver. Elle le savait, elle serait amenée à la rencontrer plus tard mais aucune peur ne lui parvenait. Elle affirmerait ses positions de grande diplomate et Marguerite de Sicée serait sa première victime si d'aventure celle-ci venait à lui barrer la route.
Que le monde la craigne ou l'adule, elle continuerait de faire son travail.
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
"Ooooh, il s'est sacrifié pour toi ! C'est si chevaleresque !"
A l'heure où les enfants jouaient avec les feuilles mortes de l'automne sous la pluie saisonnale, il était également l'heure du thé chez les Riverhood. Les travaux de leur résidence secondaire d'achevés, celle-ci grouillait de bons nombres de domestiques comme il fallait s'y attendre. Une vue qui ne déconcertait pas l'invitée de la Maîtresse des lieux, Khara Mhasi. Celle-ci avait troqué son aversion pour les enfants par un air de fillette romantique et rêveuse, fleur bleue au possible. Une main contre sa joue droite, elle était attendrie par le geste courageux qu'avait entreprit Derek de vouloir protéger sa femme des griffes de Saradet et de Sicée.
Depuis la dernière enquête menée à Ishgard, l'Ordre était en mauvaise posture, accablée par de nombreux procès que son Second s'affairait à combattre corps et âme. Un combat qui lui coûtait amour et famille. Lenore avait gardé sous silence sa propre opinion à ce sujet ; mais il était temps de briser la glace qu'elle aimait tant montrer aux yeux de tous.
"Attends... Tu viens de dire que ça te faisait du bien de savoir qu'il démissionnait ? s'interrogea la miqo'te, soudainement plus interloquée.
- Bien sûr que non. Simplement, savoir que ma famille ne sera pas la risée d'Ishgard me rassure et me rajoute du temps pour une potentielle contre-attaque.
Elle ferma quelques instants les yeux dans un soupire las.
- Sans Derek, il me sera difficile de mener la compagnie."
Lenore était une femme réfléchie et minutieuse mais aujourd'hui, elle était une mère qui devait penser au bien de son enfant à tout prix. A quoi bon le nier, aucune femme ne pouvait mener une aussi grande compagnie tout en s'occupant de sa famille sans un peu d'aide. Ils se trouvaient en mauvaise posture, mais par dessus tout, Lenore se sentait seule, délaissée par un mari bien trop occupé.
Khara fronça les sourcils d'un air plus mitigé et soucieux.
"Hm, c'est vrai qu'on va être dans un sacré merdier, entre toi qui est indisposée et lui qui démissionne... Vous avez déjà réfléchi à qui reprendra le flambeau, le temps que tu reviennes ?"
La familiarité que s'octroyait son assistante n'était en aucun cas mal venue. A vrai dire, elle avait été provoquée par la Dame elle-même qui, depuis quelques mois, s'accoutumaient de plus en plus aux moeurs du coeur d'Eorzéa, un coeur plus chaud que celui de son berceau ishgardais. Oh bien sûr, la cantatrice restait qui elle était ; une grande dame aux multiples facettes dont la douceur était également mariée à un coeur de glace. Mais après trois années passées en dehors de la Sainte Cité, il était temps pour elle de s'acclimater aux moeurs étrangères. Il fallait simplement savoir différencier la vie privée et profesionnelle ; chose que Khara avait compris très facilement.
"Pour le moment, il n'est question d'un quelconque remplaçant sans avoir fini l'enquête. Ainsi, il serait peut-être sage de faire durer celle-ci jusqu'à l'arrivée de mon fils.
- Faire durer l'enquête..? Je..ne sais pas trop. Si demain le Comte attaque et qu'on le capture, techniquement c'est fini, non ? Que veux-tu faire durer s'il n'y a plus rien à résoudre ?
- Il y a, visiblement, bien plus qu'on ne le pense. Le but est surtout d'arrêter la machination du Comte. Et il est, malgré lui, trop intelligent pour agir aussi bêtement.
- Probablement, oui... Ce n'est pas très encourageant ! Ca veut dire qu'on y est encore pour quelques lunes, quelle plaie !"
La miqo'te s'affaissa dans son siège fait de soie blanc aux ornements d'or et d'argents dans un soupir las et embêté. Elle n'avait pas tort - cela allait durer sous plusieurs lunes et qui sait ce qu'il pouvait se passer. Lenore, dans un geste maternel, couva son ventre arrondi d'une main. Elle était droite, réfléchie et fin stratège, mais avec l'arrivée de son fils, elle devait penser à elle et elle seule pour son propre bien. Quel monde allait-elle lui offrir si elle s'autorisait une erreur ? Derek avait beau la négliger, elle savait qu'il le faisait pour elle, pour eux. C'était un mal qu'elle se devait de taire au profit d'un avenir meilleur.
L'après-midi passa si vite qu'elle fut surprise de voir qu'il était six heures moins le quart sur l'horloge de la cuisine. Domestiques et servants vaquaient toujours à leurs occupations sans déranger la Dame un seul instant, celle-ci presque bercée par leurs pas synchronisés. Quelque chose la chiffonnait.
Sans plus attendre, elle pinça son jupon pour remonter les escaliers de bois afin de parvenir jusqu'à la chambre du petit. Elle pouvait encore sentir l'odeur de la peinture fraîche, ainsi debout face à celle-ci. La chambre était grande, trop grande peut-être pour un simple bébé qui n'avait même pas encore vu le jour. Elle se souvint de la remarque de son époux, entre deux baisers, un soir où il avait su la regarder au moins une fois avant le coucher.
Elle mesura un rire intérieur, il n'avait pas tout à fait tort. Depuis qu'elle connaissait le sexe de leur héritier grâce à Sofia, elle s'était penchée bien plus longtemps sur la supervision de sa chambre que sur le reste de la résidence. Il était son premier enfant, son tout petit, à la fois son prince et son roi. Il était l'accomplissement de ses devoirs et de ses rêves - elle n'avait d'yeux que pour lui.
Lenore était une mère, oui. Mais elle n'était pas sotte.
Si demain, tout devait disparaître, quel monde pourrait-elle daigner lui offrir ? Si demain le monde lui échappait des mains, avec qui pourrait-il se rattacher ? Si demain, le monde lui crachait dans la main, comment pourrait-il s'épanouir ? Avec Derek, elle suait sang et eau pour forger l'avenir de leur héritier et rien ne pourrait les mettre à terre. Une lueur glaciale illumina le regard de la Dame tandis qu'elle fixa le berceau. Oui, le monde pouvait bien brûler autour d'eux, jamais ils ne plieront le genou.
A l'heure où les enfants jouaient avec les feuilles mortes de l'automne sous la pluie saisonnale, il était également l'heure du thé chez les Riverhood. Les travaux de leur résidence secondaire d'achevés, celle-ci grouillait de bons nombres de domestiques comme il fallait s'y attendre. Une vue qui ne déconcertait pas l'invitée de la Maîtresse des lieux, Khara Mhasi. Celle-ci avait troqué son aversion pour les enfants par un air de fillette romantique et rêveuse, fleur bleue au possible. Une main contre sa joue droite, elle était attendrie par le geste courageux qu'avait entreprit Derek de vouloir protéger sa femme des griffes de Saradet et de Sicée.
Depuis la dernière enquête menée à Ishgard, l'Ordre était en mauvaise posture, accablée par de nombreux procès que son Second s'affairait à combattre corps et âme. Un combat qui lui coûtait amour et famille. Lenore avait gardé sous silence sa propre opinion à ce sujet ; mais il était temps de briser la glace qu'elle aimait tant montrer aux yeux de tous.
"Attends... Tu viens de dire que ça te faisait du bien de savoir qu'il démissionnait ? s'interrogea la miqo'te, soudainement plus interloquée.
- Bien sûr que non. Simplement, savoir que ma famille ne sera pas la risée d'Ishgard me rassure et me rajoute du temps pour une potentielle contre-attaque.
Elle ferma quelques instants les yeux dans un soupire las.
- Sans Derek, il me sera difficile de mener la compagnie."
Lenore était une femme réfléchie et minutieuse mais aujourd'hui, elle était une mère qui devait penser au bien de son enfant à tout prix. A quoi bon le nier, aucune femme ne pouvait mener une aussi grande compagnie tout en s'occupant de sa famille sans un peu d'aide. Ils se trouvaient en mauvaise posture, mais par dessus tout, Lenore se sentait seule, délaissée par un mari bien trop occupé.
Khara fronça les sourcils d'un air plus mitigé et soucieux.
"Hm, c'est vrai qu'on va être dans un sacré merdier, entre toi qui est indisposée et lui qui démissionne... Vous avez déjà réfléchi à qui reprendra le flambeau, le temps que tu reviennes ?"
La familiarité que s'octroyait son assistante n'était en aucun cas mal venue. A vrai dire, elle avait été provoquée par la Dame elle-même qui, depuis quelques mois, s'accoutumaient de plus en plus aux moeurs du coeur d'Eorzéa, un coeur plus chaud que celui de son berceau ishgardais. Oh bien sûr, la cantatrice restait qui elle était ; une grande dame aux multiples facettes dont la douceur était également mariée à un coeur de glace. Mais après trois années passées en dehors de la Sainte Cité, il était temps pour elle de s'acclimater aux moeurs étrangères. Il fallait simplement savoir différencier la vie privée et profesionnelle ; chose que Khara avait compris très facilement.
"Pour le moment, il n'est question d'un quelconque remplaçant sans avoir fini l'enquête. Ainsi, il serait peut-être sage de faire durer celle-ci jusqu'à l'arrivée de mon fils.
- Faire durer l'enquête..? Je..ne sais pas trop. Si demain le Comte attaque et qu'on le capture, techniquement c'est fini, non ? Que veux-tu faire durer s'il n'y a plus rien à résoudre ?
- Il y a, visiblement, bien plus qu'on ne le pense. Le but est surtout d'arrêter la machination du Comte. Et il est, malgré lui, trop intelligent pour agir aussi bêtement.
- Probablement, oui... Ce n'est pas très encourageant ! Ca veut dire qu'on y est encore pour quelques lunes, quelle plaie !"
La miqo'te s'affaissa dans son siège fait de soie blanc aux ornements d'or et d'argents dans un soupir las et embêté. Elle n'avait pas tort - cela allait durer sous plusieurs lunes et qui sait ce qu'il pouvait se passer. Lenore, dans un geste maternel, couva son ventre arrondi d'une main. Elle était droite, réfléchie et fin stratège, mais avec l'arrivée de son fils, elle devait penser à elle et elle seule pour son propre bien. Quel monde allait-elle lui offrir si elle s'autorisait une erreur ? Derek avait beau la négliger, elle savait qu'il le faisait pour elle, pour eux. C'était un mal qu'elle se devait de taire au profit d'un avenir meilleur.
L'après-midi passa si vite qu'elle fut surprise de voir qu'il était six heures moins le quart sur l'horloge de la cuisine. Domestiques et servants vaquaient toujours à leurs occupations sans déranger la Dame un seul instant, celle-ci presque bercée par leurs pas synchronisés. Quelque chose la chiffonnait.
Sans plus attendre, elle pinça son jupon pour remonter les escaliers de bois afin de parvenir jusqu'à la chambre du petit. Elle pouvait encore sentir l'odeur de la peinture fraîche, ainsi debout face à celle-ci. La chambre était grande, trop grande peut-être pour un simple bébé qui n'avait même pas encore vu le jour. Elle se souvint de la remarque de son époux, entre deux baisers, un soir où il avait su la regarder au moins une fois avant le coucher.
"Vous êtes complètement gâteuse de notre enfant."
Elle mesura un rire intérieur, il n'avait pas tout à fait tort. Depuis qu'elle connaissait le sexe de leur héritier grâce à Sofia, elle s'était penchée bien plus longtemps sur la supervision de sa chambre que sur le reste de la résidence. Il était son premier enfant, son tout petit, à la fois son prince et son roi. Il était l'accomplissement de ses devoirs et de ses rêves - elle n'avait d'yeux que pour lui.
Lenore était une mère, oui. Mais elle n'était pas sotte.
Si demain, tout devait disparaître, quel monde pourrait-elle daigner lui offrir ? Si demain le monde lui échappait des mains, avec qui pourrait-il se rattacher ? Si demain, le monde lui crachait dans la main, comment pourrait-il s'épanouir ? Avec Derek, elle suait sang et eau pour forger l'avenir de leur héritier et rien ne pourrait les mettre à terre. Une lueur glaciale illumina le regard de la Dame tandis qu'elle fixa le berceau. Oui, le monde pouvait bien brûler autour d'eux, jamais ils ne plieront le genou.
Pour le bien de leur enfant, jamais.
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
Il n'était de terres plus enchanteresses que celles qui menaient vers Inari Taisha. Les momijis orchestraient une symphonie de leurs feuilles de concert avec le vent, l'éther y était vivifiant, l'air était pur. Toutes ces choses, Lenore le ressentait comme d'aucuns ne le pouvaient. En cette seconde soirée de voyage, isolée du reste avec Shinme, elle pouvait de nouveau sentir ce frisson insaisissable. Elle s'y sentait bien, elle s'y sentait mieux.
"J'ose espérer que ce voyage vous plaise. Je me sens déjà coupable de vous y avoir fait venir et pourtant, je ne peux cacher mon bonheur de vous avoir à mes côtés.
- Quelle malheureuse n'accepterait cette opportunité ?" répondit Lenore en se redressant du banc auquel elles s'étaient assises.
Shinme suivit du regard son amie s'approcher du temizuya, cette fontaine purificatrice proche de leurs quartiers, et à l'heure où dormaient d'ores et déjà leurs compagnons de route, les deux futures mères s'étaient jointes de concert dans une sérénité presque mystique, un besoin commun que nul mot n'aurait su retranscrire.
Yuan avait dû abandonner sa recherche du cadeau parfait pour sa compagne pour ne pas rester sur le ponton. Les paysages orientaux, à l'image d'un tableau aux couleurs chaudes, n'avaient eu de cesse de minauder les plus étrangers à ses charmes. Lenore la première, elle avait contemplé les courbes des montagnes et les îles de l'archipel d'une attention singulière. Le contraste avec Ishgard était flagrant ; là où ses terres n'inspiraient que le froid et la rigidité, elles contrastaient avec celles de l'Orient, où les couleurs chaudes des arbres et du ciel ne se mariaient avec la sévérité orientale. A l'occasion, l'on avait remarqué son changement vestimentaire. Elle avait ressorti sa longue robe orientale aux longs jupons fleuris et aux manches aux froufrous béants. Elle était parfaite pour couvrir son ventre qui, à raison de cinq lunes passées, avait pris un peu plus de diamètres.
Leur arrivée jusqu'au village où ils faisaient une halte s'était fait sans encombre. En retrait la plupart du temps, lorsque Shinme ne venait pas la chercher, Lenore s'était mise à la place d'une étudiante ignorante de tout. Ce pèlerinage lui faisait découvrir des endroits magnifiques, une terre riche en éther et où la bienfaisance résidait en toute vie, dont ce vieil homme qu'ils avaient croisé tantôt qui leur apprit à cuisiner un tempura, ce plat atypique des orientaux. Fjrn et Shana s'étaient amusées à s'aventurer les premières dans cette peinture enchanteresse, bien plus habituées aux forêts, tandis que Kikyo, à son image, parlait peu et se contentait de donner quelques informations en plus. Elle était déjà venue par là, elle savait ce qu'incombait de porter un enfant. Seul Yuan restait imperméable à tout cela, étranger à la magie, à l'éther et aux esprits. A jamais matérialiste et terre à terre, il s'affairait aux seules tâches qui lui avaient été confié : porter les affaires de la Dame et protéger l'équipe d'une quelconque menace s'il y échet.
Désormais, tout le monde se reposait à raison de la route qui les attendait le lendemain. Tous, sauf les deux nouvelles mères.
"Je n'aurais pu imaginer de terres plus attrayantes que celles-ci, mon amie."
Shinme rabaissa sa tête à mesure qu'elle esquissa un fin sourire sur les commissures de ses lèvres. Elle était excitée et heureuse de savoir la cantatrice bercée dans son monde ; elle pouvait enfin lui montrer toutes ces merveilles. Mais le meilleur restait à venir.
Elles s'étaient finalement quittées de longues minutes plus tard et, allongée dans son lit, non loin de la raenne, elle fixa son regard sur les flammes mourantes de la cheminée. Elle ne pouvait pas être malheureuse ici, tous ses problèmes étaient en suspens : de l'affaire du Comte Harebourg jusqu'au froid avec son mari qui avait quitté leur résidence secondaire sur un coup de tête. Non, ici, elle ne pensait qu'à elle et son enfant ainsi qu'au bienêtre des vertus orientales.
Elle glissa une main sur son ventre et, d'une caresse maternelle, fut prise d'un songe silencieux. Avec tout cela, elle n'avait su trouver un prénom pour lui. Quelle mère indigne ne saurait trouver à son enfant un prénom digne de son avenir ? Mais tout cela était futile car, là où certaines mères attendaient la venue de leurs petits pour choisir un prénom, le sien était tout trouvé, à l'instar de ceux qui repoussent le mal et protègent les hommes.
Lenore parla à son ventre d'un faible murmure, dont seules les mères avaient le secret...
"J'ose espérer que ce voyage vous plaise. Je me sens déjà coupable de vous y avoir fait venir et pourtant, je ne peux cacher mon bonheur de vous avoir à mes côtés.
- Quelle malheureuse n'accepterait cette opportunité ?" répondit Lenore en se redressant du banc auquel elles s'étaient assises.
Shinme suivit du regard son amie s'approcher du temizuya, cette fontaine purificatrice proche de leurs quartiers, et à l'heure où dormaient d'ores et déjà leurs compagnons de route, les deux futures mères s'étaient jointes de concert dans une sérénité presque mystique, un besoin commun que nul mot n'aurait su retranscrire.
Yuan avait dû abandonner sa recherche du cadeau parfait pour sa compagne pour ne pas rester sur le ponton. Les paysages orientaux, à l'image d'un tableau aux couleurs chaudes, n'avaient eu de cesse de minauder les plus étrangers à ses charmes. Lenore la première, elle avait contemplé les courbes des montagnes et les îles de l'archipel d'une attention singulière. Le contraste avec Ishgard était flagrant ; là où ses terres n'inspiraient que le froid et la rigidité, elles contrastaient avec celles de l'Orient, où les couleurs chaudes des arbres et du ciel ne se mariaient avec la sévérité orientale. A l'occasion, l'on avait remarqué son changement vestimentaire. Elle avait ressorti sa longue robe orientale aux longs jupons fleuris et aux manches aux froufrous béants. Elle était parfaite pour couvrir son ventre qui, à raison de cinq lunes passées, avait pris un peu plus de diamètres.
Leur arrivée jusqu'au village où ils faisaient une halte s'était fait sans encombre. En retrait la plupart du temps, lorsque Shinme ne venait pas la chercher, Lenore s'était mise à la place d'une étudiante ignorante de tout. Ce pèlerinage lui faisait découvrir des endroits magnifiques, une terre riche en éther et où la bienfaisance résidait en toute vie, dont ce vieil homme qu'ils avaient croisé tantôt qui leur apprit à cuisiner un tempura, ce plat atypique des orientaux. Fjrn et Shana s'étaient amusées à s'aventurer les premières dans cette peinture enchanteresse, bien plus habituées aux forêts, tandis que Kikyo, à son image, parlait peu et se contentait de donner quelques informations en plus. Elle était déjà venue par là, elle savait ce qu'incombait de porter un enfant. Seul Yuan restait imperméable à tout cela, étranger à la magie, à l'éther et aux esprits. A jamais matérialiste et terre à terre, il s'affairait aux seules tâches qui lui avaient été confié : porter les affaires de la Dame et protéger l'équipe d'une quelconque menace s'il y échet.
Désormais, tout le monde se reposait à raison de la route qui les attendait le lendemain. Tous, sauf les deux nouvelles mères.
"Je n'aurais pu imaginer de terres plus attrayantes que celles-ci, mon amie."
Shinme rabaissa sa tête à mesure qu'elle esquissa un fin sourire sur les commissures de ses lèvres. Elle était excitée et heureuse de savoir la cantatrice bercée dans son monde ; elle pouvait enfin lui montrer toutes ces merveilles. Mais le meilleur restait à venir.
Elles s'étaient finalement quittées de longues minutes plus tard et, allongée dans son lit, non loin de la raenne, elle fixa son regard sur les flammes mourantes de la cheminée. Elle ne pouvait pas être malheureuse ici, tous ses problèmes étaient en suspens : de l'affaire du Comte Harebourg jusqu'au froid avec son mari qui avait quitté leur résidence secondaire sur un coup de tête. Non, ici, elle ne pensait qu'à elle et son enfant ainsi qu'au bienêtre des vertus orientales.
Elle glissa une main sur son ventre et, d'une caresse maternelle, fut prise d'un songe silencieux. Avec tout cela, elle n'avait su trouver un prénom pour lui. Quelle mère indigne ne saurait trouver à son enfant un prénom digne de son avenir ? Mais tout cela était futile car, là où certaines mères attendaient la venue de leurs petits pour choisir un prénom, le sien était tout trouvé, à l'instar de ceux qui repoussent le mal et protègent les hommes.
Lenore parla à son ventre d'un faible murmure, dont seules les mères avaient le secret...
"...Tu t'appelleras Alexander."
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
A mesure que les paysages défilaient, rien ne pouvait entraver cet enthousiasme qui galvanisait son coeur. Tout du tableau, des buissons jusqu'aux animaux, lui ravissaient le regard. Ils étaient partis en début d'après-midi, sous les rayons d'un soleil chaleureux. Avec Shinme, elles avaient été les premières à se lever afin de profiter du calme qu'apportait le village. Jamais Lenore n'avait connu une telle sérénité, pas même lorsqu'elle eut la sensation d'avoir été entourée par mille renards durant sa nuit aux côtés de ses compagnons de voyage. Bien sûr elle tut cette sensation poindre en elle, elle n'était parvenu à faire la distinction entre ses propres rêves et la réalité. Après tout, depuis le début de ce pèlerinage, elle se sentait dans un rêve constant tant les couleurs, aussi vives que chaleureuses, faisaient écho à un souvenir délicat.
Arrêtés dans un cimetière, Lenore, tenue au bras de son garde-du-corps, frôlait d'une main une sépulture.
"Euh...ça va, Patronne ? questionna Yuan, étranger à toutes ces choses.
- Tout est sain et calme, ici."
Ce fut la première fois qu'elle ne ressentit aucune peur à être ainsi entourée par la mort. Pourtant, elle la connaissait comme une soeur éloignée, qu'elle ne rencontrait qu'à des moments clefs. Elle redoutait ces moments plus-que-tout. La mort marquait chaque instant de sa vie et, bien qu'elle avait le pouvoir de changer le cours des choses, elle ne restait qu'une femme parmi tant d'autres. Non, ici, tout était silencieux, emprunt à une accalmie apaisante. Une accalmie qu'elle chérissait, ainsi à se reposer de leur longue route.
"Fjrn te portera jusqu'au sanctuaire. Ceci n'est pas une suggestion.
- Je vous assure que je peux marcher..."
Il n'en fallut pas plus pour que Lenore tire Yuan à se joindre à Shinme et Kikyo. La première avait beau tenter de cacher sa souffrance, l'heure de Cassandre approchait. Sous l'affirmation de sa maîtresse, Frjn se dévoua à la future mère et la saisit dans ses bras. Lenore observait cela d'un regard lointain, respectueuse de leurs liens. Toutefois, aucune femme n'était imperméable à voir leur amie dans le tourment d'une vie prochaine. Yuan sentit un poids plus important sur son bras ; la Dame était elle aussi épuisée, mais par dessus tout, ses pupilles de cristal couvaient l'Ambre telle sa propre fille. Le temps pressait.
"Eh, 'scuse-toi l'prochaine fois !
- Sumimasen !"
Yuan repoussa un passant qui allait bousculer sa supérieure. Ce dernier s'inclina plus que nécessaire sous le regard provocateur du garde-du-corps. Ce petit incident avait eu l'honneur de rappeler celle-ci à la réalité alors qu'elle marchait en direction de l'éthérite de Kugane. Pour dire vrai, jamais elle n'aurait cru à une telle aventure dans ces terres teintées de rouges et de magie, pas plus qu'à ces milliers de renards venus les "chasser" du sanctuaire telle une vague vivante.
"V's'allez bien...?"
Lenore porta son attention sur la lune qui couvait le port de ses lueurs bleutées. A cette heure où le peuple hingashien et étranger s'entremêlèrent au coeur des quartiers branchés, Shinme devait être en train de lutter pour donner naissance à sa fille. Dans quelques lunes, elle connaîtrait à la fois cette douleur, cette délivrance et ce bonheur d'accueillir dans ses bras son héritier.
"Il m'a à peine effleuré.
- M'bah... C'était moins une !"
Elle souffla un rire discret, amusée.
"Rentrons. Mon pèlerinage est terminé."
Ils disparurent de la circulation de Kugane sans laisser aucune trace, sauf pour les regards avertis sur la cantatrice ijin qui avait déjà foulé la scène du Mujikoza et quelques grandes maisons de la ville portuaire. Rien ni personne ne pourrait comprendre leurs aventures, cette évasion parmi un peuple si différent des leurs. Personne ne pourrait vivre ce qu'ils avaient vécu, cette bouffée d'air frais qui rassurait mères et enfants. Tout ce qu'elle attendait désormais était un retour sur l'état de son amie qu'elle avait accompagné jusqu'au bout du monde. Cette amie avec qui elle avait connu...
Arrêtés dans un cimetière, Lenore, tenue au bras de son garde-du-corps, frôlait d'une main une sépulture.
"Euh...ça va, Patronne ? questionna Yuan, étranger à toutes ces choses.
- Tout est sain et calme, ici."
Ce fut la première fois qu'elle ne ressentit aucune peur à être ainsi entourée par la mort. Pourtant, elle la connaissait comme une soeur éloignée, qu'elle ne rencontrait qu'à des moments clefs. Elle redoutait ces moments plus-que-tout. La mort marquait chaque instant de sa vie et, bien qu'elle avait le pouvoir de changer le cours des choses, elle ne restait qu'une femme parmi tant d'autres. Non, ici, tout était silencieux, emprunt à une accalmie apaisante. Une accalmie qu'elle chérissait, ainsi à se reposer de leur longue route.
"Fjrn te portera jusqu'au sanctuaire. Ceci n'est pas une suggestion.
- Je vous assure que je peux marcher..."
Il n'en fallut pas plus pour que Lenore tire Yuan à se joindre à Shinme et Kikyo. La première avait beau tenter de cacher sa souffrance, l'heure de Cassandre approchait. Sous l'affirmation de sa maîtresse, Frjn se dévoua à la future mère et la saisit dans ses bras. Lenore observait cela d'un regard lointain, respectueuse de leurs liens. Toutefois, aucune femme n'était imperméable à voir leur amie dans le tourment d'une vie prochaine. Yuan sentit un poids plus important sur son bras ; la Dame était elle aussi épuisée, mais par dessus tout, ses pupilles de cristal couvaient l'Ambre telle sa propre fille. Le temps pressait.
"Eh, 'scuse-toi l'prochaine fois !
- Sumimasen !"
Yuan repoussa un passant qui allait bousculer sa supérieure. Ce dernier s'inclina plus que nécessaire sous le regard provocateur du garde-du-corps. Ce petit incident avait eu l'honneur de rappeler celle-ci à la réalité alors qu'elle marchait en direction de l'éthérite de Kugane. Pour dire vrai, jamais elle n'aurait cru à une telle aventure dans ces terres teintées de rouges et de magie, pas plus qu'à ces milliers de renards venus les "chasser" du sanctuaire telle une vague vivante.
"V's'allez bien...?"
Lenore porta son attention sur la lune qui couvait le port de ses lueurs bleutées. A cette heure où le peuple hingashien et étranger s'entremêlèrent au coeur des quartiers branchés, Shinme devait être en train de lutter pour donner naissance à sa fille. Dans quelques lunes, elle connaîtrait à la fois cette douleur, cette délivrance et ce bonheur d'accueillir dans ses bras son héritier.
"Il m'a à peine effleuré.
- M'bah... C'était moins une !"
Elle souffla un rire discret, amusée.
"Rentrons. Mon pèlerinage est terminé."
Ils disparurent de la circulation de Kugane sans laisser aucune trace, sauf pour les regards avertis sur la cantatrice ijin qui avait déjà foulé la scène du Mujikoza et quelques grandes maisons de la ville portuaire. Rien ni personne ne pourrait comprendre leurs aventures, cette évasion parmi un peuple si différent des leurs. Personne ne pourrait vivre ce qu'ils avaient vécu, cette bouffée d'air frais qui rassurait mères et enfants. Tout ce qu'elle attendait désormais était un retour sur l'état de son amie qu'elle avait accompagné jusqu'au bout du monde. Cette amie avec qui elle avait connu...
...les Merveilles d'Inari Taisha.
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
Par une matinée hivernale où beaucoup préféraient au froid la chaleur d'un bon chocolat chaud devant leur cheminée, il était fort étonnant qu'elle ne se réveille pas par les éclats de rire des enfants qui jouaient dans la neige en contrebas de leurs ajours, mais par les rayons du soleil perçant les lourds rideaux pourpres de la chambre conjugale. A ses côtés, le souffle calme et régulier de son époux qu'elle n'avait pas entendu depuis deux semaines. Cette vision du loup endormi lui était exceptionnel, presque étranger tant la lourdeur du procès qu'il avait mené avait entravé leur relation et pesé sur leur moral. Lenore sentit les bras possessifs de Derek se refermer sur elle et décida de s'accorder encore cinq minutes à ses côtés.
Les secondes se transformèrent en minutes et les minutes, en heures. Sa réconciliation avec lui n'était qu'un prétexte quant à la réalité de la chose : plus les lunes avançaient, plus il lui était difficile de se déplacer et plus son anxiété aussi bien que son excitation grandissaient. Bien sûr, elle consultait régulièrement Sofia qui l'épaulait tout au long de cette épreuve, mais rien ne saurait faire partir ce petit je-ne-sais-quoi qui tourmentait son esprit. Pour cela, seule la musique parvenait à lui changer les idées, comme toujours.
Finalement, elle décida de troquer la chaleur de son époux pour rejoindre son balcon, vêtue de sa nouvelle robe faite sur-mesure. Les cadeaux du loup savaient toujours plaire à la Dame.
"Ca commence..."
Pas une, ni deux...mais quatre flocons moururent dans sa main tendue, paume vers le ciel. La Fête des Étoiles était sa fête saisonnière préférée. Inventée par les Ishgardais pour les enfants de la Brouillasse, son coeur vacillait toujours en leur faveur en ces temps difficiles. Comment ne pas fondre devant la candeur d'un enfant quand il vous demande de l'aide ? Cette saison était aussi remplie de cadeaux que d'invitations. D'un regard par dessus son épaule, elle entrevoyait la pile d'invitations aux côtés des lettres de démissions de Khara et de Vhayi, ceux-là n'y trouvant plus leur compte à l'Ordre, ayant pris leur envol ailleurs. L'invitation annuelle du Relais était une formalité, mais cette année, tout allait être différent. Elle allait enfin partager la scène aux côtés de son amie Shinme et sa partenaire de chant, Sairen. C'était pour elles qu'elle redoublait d'effort lors de ses répétitions, qu'importe son état de fatigue. La froideur des flocons qui perlèrent sur ses épaules la rappela à l'intérieur du Repos du Loup qui commençait à grouiller de domestiques.
La journée passa vite, peut-être trop. L'astre lunaire brillait parmi les étoiles et la neige tombante et alors que Lenore descendait les marches, elle referma de sa main libre sa lourde échappe en fourrure blanche sur son cou, l'autre tenant un important bagage. Yuan l'attendait devant le Souffle de la Sultane, sa cigarette au bec comme toujours. Le froid ne lui arracha pas un frisson, au contraire. C'était de voir sa patronne porter quoi que ce soit qui lui fit soupirer sa fumée blanche dans l'air alors qu'il vint retirer la charge de celle-ci. Elle étira un fin sourire amusé.
"Non mais... Z'avez pas fini de tout porter comme ça ? Qu'est-c'que vous comprenez pas dans "j'porte tout" ? R'gardez-vous, z'êtes aussi gro..." commença Yuan avant de se mordre la langue pour s'empêcher de finir sa bêtise. Après toutes ces lunes à son service, il avait appris à lui parler avec plus de déférence qu'auparavant.
"'Fin... Z'êtes enceinte quoi, faut faire attention.
- Il ne s'agit que de vêtements, aucune raison de s'inquiéter."
Elle l'entendit marmonner dans sa barbe avant prendre la calèche qui les attendaient au pied des appartements. L'inquiétude du hyurois qui se traduisait par un râle n'était pas vaine puisqu'elle devait de plus en plus se ménager. Sous quelques soleils aujourd'hui, elle ravirait l'auditoire du Relais et ça, ni le Comte Harebourg, ni les récents départs ne sauraient lui entacher cet esprit. Son visage rayonnait d'un sourire éclatant, brisant cette glace qu'elle s'édifiait en temps normal.
"Et c'quoi ça..? fit Yuan en redressant le paquet.
- Des vêtements pour Alexander, faits sur-mesure par dame H'eiara.
- Ah... Au moins ç'vous change d'ces derniers temps."
Pas étonnant qu'il ait été témoin de ses tourments récents à propos de la compagnie. Avec une assistante en moins et l'arrivée imminente de son enfant sous les deux prochaines lunes, la nécessité d'une suivante n'avait jamais été aussi primordiale. Yuan était un garde-du-corps hors-pair, mais jamais elle ne se remettrait à lui pour de la paperasse, ni la garde de son propre enfant. Elle ferma les yeux, il était inutile d'y penser aujourd'hui. Laisser passer les fêtes de fin d'année était la meilleure solution dans cette trêve hivernale. Ils auraient tout le temps du monde pour arrêter le Comte.
Après le brouhaha de la foule en pleine période de fête, le jardin de sa résidence secondaire lui paraissait plus agréable. A cette heure, de nombreux enfants qui auraient dû dormir se tenaient aux fenêtres pour attendre leur cadeau quotidien. Une voix en simple cadeau et le quartier bénissait l'arrivée de la cantatrice ishgardaise pour ce présent qui ne demandait retour, si ce n'était un sourire. La Fête des Étoiles inspirait la chanteuse plus que jamais et ses chants ravissaient aussi bien les enfants que les adultes, dont son mari qui l'entendait depuis leur balcon. C'était leur échappatoire, leur rêve...
Les secondes se transformèrent en minutes et les minutes, en heures. Sa réconciliation avec lui n'était qu'un prétexte quant à la réalité de la chose : plus les lunes avançaient, plus il lui était difficile de se déplacer et plus son anxiété aussi bien que son excitation grandissaient. Bien sûr, elle consultait régulièrement Sofia qui l'épaulait tout au long de cette épreuve, mais rien ne saurait faire partir ce petit je-ne-sais-quoi qui tourmentait son esprit. Pour cela, seule la musique parvenait à lui changer les idées, comme toujours.
Finalement, elle décida de troquer la chaleur de son époux pour rejoindre son balcon, vêtue de sa nouvelle robe faite sur-mesure. Les cadeaux du loup savaient toujours plaire à la Dame.
"Ca commence..."
Pas une, ni deux...mais quatre flocons moururent dans sa main tendue, paume vers le ciel. La Fête des Étoiles était sa fête saisonnière préférée. Inventée par les Ishgardais pour les enfants de la Brouillasse, son coeur vacillait toujours en leur faveur en ces temps difficiles. Comment ne pas fondre devant la candeur d'un enfant quand il vous demande de l'aide ? Cette saison était aussi remplie de cadeaux que d'invitations. D'un regard par dessus son épaule, elle entrevoyait la pile d'invitations aux côtés des lettres de démissions de Khara et de Vhayi, ceux-là n'y trouvant plus leur compte à l'Ordre, ayant pris leur envol ailleurs. L'invitation annuelle du Relais était une formalité, mais cette année, tout allait être différent. Elle allait enfin partager la scène aux côtés de son amie Shinme et sa partenaire de chant, Sairen. C'était pour elles qu'elle redoublait d'effort lors de ses répétitions, qu'importe son état de fatigue. La froideur des flocons qui perlèrent sur ses épaules la rappela à l'intérieur du Repos du Loup qui commençait à grouiller de domestiques.
La journée passa vite, peut-être trop. L'astre lunaire brillait parmi les étoiles et la neige tombante et alors que Lenore descendait les marches, elle referma de sa main libre sa lourde échappe en fourrure blanche sur son cou, l'autre tenant un important bagage. Yuan l'attendait devant le Souffle de la Sultane, sa cigarette au bec comme toujours. Le froid ne lui arracha pas un frisson, au contraire. C'était de voir sa patronne porter quoi que ce soit qui lui fit soupirer sa fumée blanche dans l'air alors qu'il vint retirer la charge de celle-ci. Elle étira un fin sourire amusé.
"Non mais... Z'avez pas fini de tout porter comme ça ? Qu'est-c'que vous comprenez pas dans "j'porte tout" ? R'gardez-vous, z'êtes aussi gro..." commença Yuan avant de se mordre la langue pour s'empêcher de finir sa bêtise. Après toutes ces lunes à son service, il avait appris à lui parler avec plus de déférence qu'auparavant.
"'Fin... Z'êtes enceinte quoi, faut faire attention.
- Il ne s'agit que de vêtements, aucune raison de s'inquiéter."
Elle l'entendit marmonner dans sa barbe avant prendre la calèche qui les attendaient au pied des appartements. L'inquiétude du hyurois qui se traduisait par un râle n'était pas vaine puisqu'elle devait de plus en plus se ménager. Sous quelques soleils aujourd'hui, elle ravirait l'auditoire du Relais et ça, ni le Comte Harebourg, ni les récents départs ne sauraient lui entacher cet esprit. Son visage rayonnait d'un sourire éclatant, brisant cette glace qu'elle s'édifiait en temps normal.
"Et c'quoi ça..? fit Yuan en redressant le paquet.
- Des vêtements pour Alexander, faits sur-mesure par dame H'eiara.
- Ah... Au moins ç'vous change d'ces derniers temps."
Pas étonnant qu'il ait été témoin de ses tourments récents à propos de la compagnie. Avec une assistante en moins et l'arrivée imminente de son enfant sous les deux prochaines lunes, la nécessité d'une suivante n'avait jamais été aussi primordiale. Yuan était un garde-du-corps hors-pair, mais jamais elle ne se remettrait à lui pour de la paperasse, ni la garde de son propre enfant. Elle ferma les yeux, il était inutile d'y penser aujourd'hui. Laisser passer les fêtes de fin d'année était la meilleure solution dans cette trêve hivernale. Ils auraient tout le temps du monde pour arrêter le Comte.
Après le brouhaha de la foule en pleine période de fête, le jardin de sa résidence secondaire lui paraissait plus agréable. A cette heure, de nombreux enfants qui auraient dû dormir se tenaient aux fenêtres pour attendre leur cadeau quotidien. Une voix en simple cadeau et le quartier bénissait l'arrivée de la cantatrice ishgardaise pour ce présent qui ne demandait retour, si ce n'était un sourire. La Fête des Étoiles inspirait la chanteuse plus que jamais et ses chants ravissaient aussi bien les enfants que les adultes, dont son mari qui l'entendait depuis leur balcon. C'était leur échappatoire, leur rêve...
C'était sous les notes de l'Hiver qu'ils se reposèrent tous.
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
"Merci à tous et puissiez-vous passer une belle Fête des Étoiles !"
Sous les ovations du bon public du Relais, Lenore s'inclina autant que son ventre le lui permettait avant de suivre Shinme et Sairen à la loge. Qu'importe si son dos lui hurlait dessus et si son état de fatigue inquiétait plus d'un, pour rien au monde elle regretterait d'avoir accepté la réalisation de leur rêve. Comment le regretter après avoir vu leur duo se transformer en un trio encore meilleur ? Jamais elle n'avait senti sa voix vibrer de la sorte, enivrée par les fêtes qui la rendait entière et la présence de ses deux consoeurs à ses côtés. Les heures avaient défilé si vite qu'elle eut bien du mal à quitter ses amies, jusqu'à faire râler son propre garde-du-corps, merci à Sairen pour l'avoir faire attendre encore un peu.
"J'suis pas payé à protéger deux personnes moi, oh !
- Votre paye est déjà bien assez élevée."
Alors qu'elle entendait Shinme remonter sur scène poussée par une soudaine adrénaline qu'elle ne pouvait que partager, elle partit de l'auberge aux bras de Yuan un sourire indélébile au visage. Nul crainte ne pouvait ternir cette joie, elle les reverrait sous peu après avoir pris suffisamment de repos. Être chanteuse et enceinte était une nouvelle forme de défi à laquelle elle répondrait avec ferveur.
Et elle chanta durant tout le trajet du retour. C'était plus fort qu'elle, les fêtes l'assourdissaient d'une mélodie enfantine qu'elle ne pouvait s'empêcher de fredonner. Le fait que son enfant pouvait désormais l'entendre chanter au sein de son ventre n'était qu'un autre prétexte pour chanter. Même Yuan, pourtant retissant à ce genre d'ambiance, était apaisé, enchanté par le chant de sa supérieure, sûrement dû aux vertus dont sa voix avait les secrets. Cette nuit avait été un ancrage pour tous ceux présent lors du concert, plus de Comte, plus de soucis de procès, plus rien. La Mélodie des Étoiles avait fait son effet escompté.
"Tâchez de passer un bon réveillon également avec votre compagne." avait-elle glissé aux oreilles de son garde-du-corps sur le pas de la porte du Repos du Loup. Avec le premier rappel reçu plus tôt dans la soirée par Ruby et Sofia venues écouter Lenore chanter, il n'était plus qu'une question d'heures avant qu'il ne trouve un beau cadeau pour sa dulcinée. Lenore sourit, tourna finalement les talons et rentra à l'intérieur. Il commençait à faire froid dehors avec ce manteau de neige qui recouvrait Brumée.
Une fois ses escarpins de retirés, elle pouvait profiter de la chaleur du bois laqué sous la plante de ses pieds. Derek l'attendait, assis à son fauteuil face à la cheminée entretenue par les domestiques encore debout à cette heure tardive. Il ne fallut plus de temps avant qu'il se redresse pour la prendre dans ses bras et l'embrasser longuement. Qu'il s'en voulait de n'avoir pu l'entendre chanter au concert, retenu par ses obligations au cabinet. Il était en manque de sa présence, de sa voix, de son ancrage...mais faisait bonne figure.
"Vous avez l'air aussi ravissante qu'exténuée.
- La musique n'a pas de prix pour moi, vous le savez bien.
- Quand bien même, allez vous reposer."
Avant même qu'elle ne put répondre quoi que ce soit, elle se retrouva dans ses bras, portée jusqu'à l'étage où il la déposa sur leur grand lit. Il ne supportait plus que sa femme soit fatiguée et elle l'était un peu plus chaque soleil qui avançait. La venue de leur fils n'était plus qu'à une lune et quelques aujourd'hui, assez pour qu'elle puisse se retirer de la vie politique et de la scène pour se reposer. Du moins, il ne la laisserait plus autant s'épuiser ainsi avant l'arrivée de leur enfant.
Derek s'assit au bord du lit et couvrit sa femme de leur imposante couverture hivernale. Elle ne souhaitait pas s'endormir, pas avant d'avoir pu chanter une dernière fois...mais elle souffrait trop de la folie du concert. Bien sûr qu'il attendra le lendemain pour demander son dû...
Sous les ovations du bon public du Relais, Lenore s'inclina autant que son ventre le lui permettait avant de suivre Shinme et Sairen à la loge. Qu'importe si son dos lui hurlait dessus et si son état de fatigue inquiétait plus d'un, pour rien au monde elle regretterait d'avoir accepté la réalisation de leur rêve. Comment le regretter après avoir vu leur duo se transformer en un trio encore meilleur ? Jamais elle n'avait senti sa voix vibrer de la sorte, enivrée par les fêtes qui la rendait entière et la présence de ses deux consoeurs à ses côtés. Les heures avaient défilé si vite qu'elle eut bien du mal à quitter ses amies, jusqu'à faire râler son propre garde-du-corps, merci à Sairen pour l'avoir faire attendre encore un peu.
"J'suis pas payé à protéger deux personnes moi, oh !
- Votre paye est déjà bien assez élevée."
Alors qu'elle entendait Shinme remonter sur scène poussée par une soudaine adrénaline qu'elle ne pouvait que partager, elle partit de l'auberge aux bras de Yuan un sourire indélébile au visage. Nul crainte ne pouvait ternir cette joie, elle les reverrait sous peu après avoir pris suffisamment de repos. Être chanteuse et enceinte était une nouvelle forme de défi à laquelle elle répondrait avec ferveur.
Et elle chanta durant tout le trajet du retour. C'était plus fort qu'elle, les fêtes l'assourdissaient d'une mélodie enfantine qu'elle ne pouvait s'empêcher de fredonner. Le fait que son enfant pouvait désormais l'entendre chanter au sein de son ventre n'était qu'un autre prétexte pour chanter. Même Yuan, pourtant retissant à ce genre d'ambiance, était apaisé, enchanté par le chant de sa supérieure, sûrement dû aux vertus dont sa voix avait les secrets. Cette nuit avait été un ancrage pour tous ceux présent lors du concert, plus de Comte, plus de soucis de procès, plus rien. La Mélodie des Étoiles avait fait son effet escompté.
"Tâchez de passer un bon réveillon également avec votre compagne." avait-elle glissé aux oreilles de son garde-du-corps sur le pas de la porte du Repos du Loup. Avec le premier rappel reçu plus tôt dans la soirée par Ruby et Sofia venues écouter Lenore chanter, il n'était plus qu'une question d'heures avant qu'il ne trouve un beau cadeau pour sa dulcinée. Lenore sourit, tourna finalement les talons et rentra à l'intérieur. Il commençait à faire froid dehors avec ce manteau de neige qui recouvrait Brumée.
Une fois ses escarpins de retirés, elle pouvait profiter de la chaleur du bois laqué sous la plante de ses pieds. Derek l'attendait, assis à son fauteuil face à la cheminée entretenue par les domestiques encore debout à cette heure tardive. Il ne fallut plus de temps avant qu'il se redresse pour la prendre dans ses bras et l'embrasser longuement. Qu'il s'en voulait de n'avoir pu l'entendre chanter au concert, retenu par ses obligations au cabinet. Il était en manque de sa présence, de sa voix, de son ancrage...mais faisait bonne figure.
"Vous avez l'air aussi ravissante qu'exténuée.
- La musique n'a pas de prix pour moi, vous le savez bien.
- Quand bien même, allez vous reposer."
Avant même qu'elle ne put répondre quoi que ce soit, elle se retrouva dans ses bras, portée jusqu'à l'étage où il la déposa sur leur grand lit. Il ne supportait plus que sa femme soit fatiguée et elle l'était un peu plus chaque soleil qui avançait. La venue de leur fils n'était plus qu'à une lune et quelques aujourd'hui, assez pour qu'elle puisse se retirer de la vie politique et de la scène pour se reposer. Du moins, il ne la laisserait plus autant s'épuiser ainsi avant l'arrivée de leur enfant.
Derek s'assit au bord du lit et couvrit sa femme de leur imposante couverture hivernale. Elle ne souhaitait pas s'endormir, pas avant d'avoir pu chanter une dernière fois...mais elle souffrait trop de la folie du concert. Bien sûr qu'il attendra le lendemain pour demander son dû...
Sa drogue enchantée.
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
"Rajoutez un ikebana proche de son futon.
- Bien, ma Dame."
L'odeur de ces fleurs d'orient enchantait la pièce d'un parfum de renouveau. Les uns après les autres, les domestiques se succédèrent dans le nouveau quartier de la résidence secondaire de Riverhood que Lenore avait prestement demandé d'aménager aux couleurs d'Hingashi. Celle-ci se tenait assise devant lui sur un fauteuil prévu pour le confort de la future mère qui, dans quelques longues semaines, allait donner naissance à l'héritier tant attendu de la mesnie.
Chacun s'attelait à sa tâche, les draps étaient tirés et les coussins placés devant les petites tables basses, faits de bois d'acajou. Le tatami, fraîchement installé, forçait les domestiques à se déchausser avant de fouler celui-ci ; la Dame y tenait avec une rigueur trop prononcée peut-être. Seuls quelques détails détonaient de toute cette ambiance orientale, une signature ishgardaise dans ce lot de parfums exotiques. Elle avait fait installé une coiffeuse, une cheminée et des penderies jusqu'à ne plus vraiment apercevoir le papier peint cramoisi. Un caprice qui intriguait tous les domestiques et servants de la maisonnée.
"Je veux que vous mariez les rideaux carmin au ciel de lit noirâtre. Que les draps s'accordent aux rideaux également.
- Mais, ma Dame... A quoi donc rime tout ceci ?"
Lenore souffla un rire intérieur avant de perler son attention sur Clotilde, la gouvernante. Elle lisait dans son regard toute l'incompréhension du monde et elle ne lui en voudrait jamais pour cela. Personne ne parvenait à comprendre sa nouvelle lubie et jamais elle n'avait été aussi capricieuse, surtout pas pour une contrée aussi lointaine qu'Hingashi. Des rumeurs naissaient ici et là sur le soudain intérêt de la cantatrice pour ce pays, jusqu'à frôler l'affirmation chez certains. On parlait de son pèlerinage, de ses concerts donnés là-bas ou encore, d'une "favorite"... Il n'en était rien de cela. A dire vrai, il n'était de raison plus simples que celle de l'arrivée inopinée de la nouvelle suivante de la dame. Inattendue, c'était comme si elle venait de sortir de sa manche telle l'ombre qu'elle attendait de voir depuis des années. Jamais elle ne pourrait oublier la dévotion dont elle avait fait preuve ce soir-là, dans son bureau. A l'heure où elle allait donner son dernier concert pour la Fête de la Transition, elle savait que cette nouvelle année se passerait mieux que la précédente.
Lorsqu'elle regarda le kotetsu placé au centre de la pièce, son sourire s'égaya davantage en imaginant Kurenai prendre le thé lorsqu'elle se retrouverait seule au moment du coucher. Qu'importe les secrets qu'elle couvait en son sein, tant qu'elle lui resterait fidèle et loyale, à jamais sa main lui resterait tendue.
"Nous accueillons ma suivante, Sui Kurenai."
Cela expliquait également le nouveau quartier hingashien installé dans la demeure officielle de Riverhood à Ishgard. La vieille Clotilde ne cacha pas sa surprise et pourtant, elle se tut dans sa révérence. La Dame était pleine de surprises et de ressources ; elle embrassait de plus en plus son côté aventurier. Dire que son enfant l'entravait dans ses projets ne serait pas juste ; et pourtant...
"Ma Dame, votre suivante est arrivée.
- Qu'elle me rejoigne dans ses quartiers."
La neige, balayée par le redoux de l'hiver, perla sur les toits de Brumée à cette heure-ci. Les étoiles recouvraient la voie lactée, il ne manquait plus que la lune pour finaliser les décorations de la Fête de la Transition. Cette finalisation, ce fut Kurenai qui l'apporta lorsque celle-ci s'arrêta à la porte de son nouveau quartier. Sa maîtresse était de dos, les mains jointes sous son ventre. Elle tourna la tête quand l'hingashienne courba l'échine avec une déférence irréprochable. Lenore y répondit d'un sourire mesuré.
- Bien, ma Dame."
L'odeur de ces fleurs d'orient enchantait la pièce d'un parfum de renouveau. Les uns après les autres, les domestiques se succédèrent dans le nouveau quartier de la résidence secondaire de Riverhood que Lenore avait prestement demandé d'aménager aux couleurs d'Hingashi. Celle-ci se tenait assise devant lui sur un fauteuil prévu pour le confort de la future mère qui, dans quelques longues semaines, allait donner naissance à l'héritier tant attendu de la mesnie.
Chacun s'attelait à sa tâche, les draps étaient tirés et les coussins placés devant les petites tables basses, faits de bois d'acajou. Le tatami, fraîchement installé, forçait les domestiques à se déchausser avant de fouler celui-ci ; la Dame y tenait avec une rigueur trop prononcée peut-être. Seuls quelques détails détonaient de toute cette ambiance orientale, une signature ishgardaise dans ce lot de parfums exotiques. Elle avait fait installé une coiffeuse, une cheminée et des penderies jusqu'à ne plus vraiment apercevoir le papier peint cramoisi. Un caprice qui intriguait tous les domestiques et servants de la maisonnée.
"Je veux que vous mariez les rideaux carmin au ciel de lit noirâtre. Que les draps s'accordent aux rideaux également.
- Mais, ma Dame... A quoi donc rime tout ceci ?"
Lenore souffla un rire intérieur avant de perler son attention sur Clotilde, la gouvernante. Elle lisait dans son regard toute l'incompréhension du monde et elle ne lui en voudrait jamais pour cela. Personne ne parvenait à comprendre sa nouvelle lubie et jamais elle n'avait été aussi capricieuse, surtout pas pour une contrée aussi lointaine qu'Hingashi. Des rumeurs naissaient ici et là sur le soudain intérêt de la cantatrice pour ce pays, jusqu'à frôler l'affirmation chez certains. On parlait de son pèlerinage, de ses concerts donnés là-bas ou encore, d'une "favorite"... Il n'en était rien de cela. A dire vrai, il n'était de raison plus simples que celle de l'arrivée inopinée de la nouvelle suivante de la dame. Inattendue, c'était comme si elle venait de sortir de sa manche telle l'ombre qu'elle attendait de voir depuis des années. Jamais elle ne pourrait oublier la dévotion dont elle avait fait preuve ce soir-là, dans son bureau. A l'heure où elle allait donner son dernier concert pour la Fête de la Transition, elle savait que cette nouvelle année se passerait mieux que la précédente.
Lorsqu'elle regarda le kotetsu placé au centre de la pièce, son sourire s'égaya davantage en imaginant Kurenai prendre le thé lorsqu'elle se retrouverait seule au moment du coucher. Qu'importe les secrets qu'elle couvait en son sein, tant qu'elle lui resterait fidèle et loyale, à jamais sa main lui resterait tendue.
"Nous accueillons ma suivante, Sui Kurenai."
Cela expliquait également le nouveau quartier hingashien installé dans la demeure officielle de Riverhood à Ishgard. La vieille Clotilde ne cacha pas sa surprise et pourtant, elle se tut dans sa révérence. La Dame était pleine de surprises et de ressources ; elle embrassait de plus en plus son côté aventurier. Dire que son enfant l'entravait dans ses projets ne serait pas juste ; et pourtant...
"Ma Dame, votre suivante est arrivée.
- Qu'elle me rejoigne dans ses quartiers."
La neige, balayée par le redoux de l'hiver, perla sur les toits de Brumée à cette heure-ci. Les étoiles recouvraient la voie lactée, il ne manquait plus que la lune pour finaliser les décorations de la Fête de la Transition. Cette finalisation, ce fut Kurenai qui l'apporta lorsque celle-ci s'arrêta à la porte de son nouveau quartier. Sa maîtresse était de dos, les mains jointes sous son ventre. Elle tourna la tête quand l'hingashienne courba l'échine avec une déférence irréprochable. Lenore y répondit d'un sourire mesuré.
"Bienvenue dans tes nouveaux quartiers, Kurenai."
Lyssie
Il y a 10 mois et 3 jours
Il lui était impossible de s'endormir. Debout devant le grand vitrail de l'aile des invités de la Tour de Clepsydre dont sa dextre effleurait le carreau froid et vêtue d'une simple robe de chambre, seule la lune éclaira cette mine rongée par l'inquiétude qu'elle peinait à dissimuler encore aussi longtemps. De tous les enlèvements qu'elle avait pu s'imaginer, celui-ci était de loin une option envisageable. Pire encore, même Yuan était piégé avec elle dans cette grande tour où le temps ne tournait plus de la même manière. Quelle sotte elle avait été, de croire que tout se passerait bien.
"Lenore..."
La hyuroise passa un regard par dessus son épaule et observa l'ombre de sa mère se dissiper sous la lueur astrale. En ces temps durs, la rigidité de ses traits et l'intransigeance qui émanait naturellement de la vieille femme laissaient place à une douceur presque surnaturelle, tant il était rarissime de l'observer. Elle s'arrêta aux côtés de sa fille et déposa sa senestre sur son épaule.
"Je n'ai jamais été aussi partagée à l'idée d'avoir un enfant, de savoir qu'il me rend faible et à la fois, forte.
- Il n'est rien de plus précieux qu'un enfant, sache-le. Alexander sera ta plus grande fierté, il te faut simplement supporter son passage à notre monde.
- Supporter ? Mère... Il n'a jamais été question que j'abandonne, dussè-je être dans l'antre de l'ennemi."
Meredith glissa son attention sur sa fille qui n'avait daigné quitter le vitrail du regard. Lenore souriait malgré tout, ce sourire doux mais froid qui apparaissait lorsque rien n'allait, mais que la résignation avait pris le pas sur la frustration. Elle avait remercié, un instant, Harebourg de lui avoir permis de changer de cadre dans son quotidien où l'attente devenait insoutenable. Désormais, ici, elle pouvait opérer sans trop en demander à son corps qui accusait plus en plus le poids de sa grossesse. Elle n'était plus qu'à quelques longues semaines, si ce n'était des jours. Le temps n'avait jamais été aussi peu en sa faveur.
"Demain, je demanderai audience auprès de Monsieur le Comte.
- Est-ce véritablement la meilleure chose à faire ?
- Je n'accepterai plus de rester aussi amorphe, mère."
Celle-ci vit enfin la faible flamme bleutée dans son regard qui animait les pensées de sa fille. Toute sa vie, elle l'avait préparée à cela et désormais, elle était une femme accomplie et allait donner sous peu un héritier à la mesnie. Elle se sentait complète mais n'en démontrait rien, car maîtrise et contrôle étaient les maître-mots des Riverhood. Pour autant, cette fierté lui décrocha un léger sourire, aussi fugace l'était-il.
On l'avait faite demandée dans l'une des pièces principales qu'utilisait le comte. Son pas était rapide, à tel point que Yuan peinait à la suivre tant sa vitesse l'avait prit au dépourvu.
"Z'allez trop vite !"
Lenore zigzaguait entre les longs couloirs, son jupon de redresser avec minutie. Huit lunes, cela faisait huit lunes qu'elle ne s'était entretenue avec le Comte. Si son changement physique le fera beaucoup parler, maintenant qu'elle avait des informations à son sujet, il serait plus simple de discuter avec lui, sans qu'il n'ait une longueur d'avance. Il fallait gagner du temps...non, elle le DEVAIT.
Yuan parvint à la rattraper au petit trot avant de s'arrêter à ses côtés, devant une grande porte. Deux gardes équipés de ces étranges armures de glace leur ouvrirent alors la porte.
"Lenore..."
La hyuroise passa un regard par dessus son épaule et observa l'ombre de sa mère se dissiper sous la lueur astrale. En ces temps durs, la rigidité de ses traits et l'intransigeance qui émanait naturellement de la vieille femme laissaient place à une douceur presque surnaturelle, tant il était rarissime de l'observer. Elle s'arrêta aux côtés de sa fille et déposa sa senestre sur son épaule.
"Je n'ai jamais été aussi partagée à l'idée d'avoir un enfant, de savoir qu'il me rend faible et à la fois, forte.
- Il n'est rien de plus précieux qu'un enfant, sache-le. Alexander sera ta plus grande fierté, il te faut simplement supporter son passage à notre monde.
- Supporter ? Mère... Il n'a jamais été question que j'abandonne, dussè-je être dans l'antre de l'ennemi."
Meredith glissa son attention sur sa fille qui n'avait daigné quitter le vitrail du regard. Lenore souriait malgré tout, ce sourire doux mais froid qui apparaissait lorsque rien n'allait, mais que la résignation avait pris le pas sur la frustration. Elle avait remercié, un instant, Harebourg de lui avoir permis de changer de cadre dans son quotidien où l'attente devenait insoutenable. Désormais, ici, elle pouvait opérer sans trop en demander à son corps qui accusait plus en plus le poids de sa grossesse. Elle n'était plus qu'à quelques longues semaines, si ce n'était des jours. Le temps n'avait jamais été aussi peu en sa faveur.
"Demain, je demanderai audience auprès de Monsieur le Comte.
- Est-ce véritablement la meilleure chose à faire ?
- Je n'accepterai plus de rester aussi amorphe, mère."
Celle-ci vit enfin la faible flamme bleutée dans son regard qui animait les pensées de sa fille. Toute sa vie, elle l'avait préparée à cela et désormais, elle était une femme accomplie et allait donner sous peu un héritier à la mesnie. Elle se sentait complète mais n'en démontrait rien, car maîtrise et contrôle étaient les maître-mots des Riverhood. Pour autant, cette fierté lui décrocha un léger sourire, aussi fugace l'était-il.
On l'avait faite demandée dans l'une des pièces principales qu'utilisait le comte. Son pas était rapide, à tel point que Yuan peinait à la suivre tant sa vitesse l'avait prit au dépourvu.
"Z'allez trop vite !"
Lenore zigzaguait entre les longs couloirs, son jupon de redresser avec minutie. Huit lunes, cela faisait huit lunes qu'elle ne s'était entretenue avec le Comte. Si son changement physique le fera beaucoup parler, maintenant qu'elle avait des informations à son sujet, il serait plus simple de discuter avec lui, sans qu'il n'ait une longueur d'avance. Il fallait gagner du temps...non, elle le DEVAIT.
Yuan parvint à la rattraper au petit trot avant de s'arrêter à ses côtés, devant une grande porte. Deux gardes équipés de ces étranges armures de glace leur ouvrirent alors la porte.
"A nous deux, Harebourg."