[Lenore] Tome III - La Dernière Voix

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Lyssie Il y a 10 mois et 1 jour




A Ishgard, le soleil disparaissait derrière les cimes froides des montagnes du Coerthas lorsque Martha toqua à la porte pour pénétrer dans les quartiers de la Dame. Elle comprit rapidement que non seulement elle n'avait pas touché son repas de la journée, mais qu'elle trônait également devant les grands vitraux qui, parsemant presque l'entièreté des pans de son mur, représentaient un grand loup blanc au sommet d'une colline un soir de pleine lune. La cantatrice rayonnait d'un raffinement éclatant qui n'affadit en rien sa froideur. Aussi sinistre était-il, aujourd'hui était un grand jour pour l'histoire de la maisonnée de Riverhood.
"Votre Grâce, tout le monde attend votre venue dans l'aile ouest."
Il ne fallut pas plus de temps à Lenore pour quitter ses quartiers, scrupuleusement suivie par la domestique. A chaque pas qu'elle faisait résonnaient en elle les tambours de guerre. A chaque pas qu'elle faisait, un poids de plus s'ajoutait sur ses épaules. A chaque pas qu'elle faisait la conformait dans ses idées, à la fois plus grandes, plus ambitieuses et, selon elle, plus justes.
Ce monde était inacceptable. Là où les démons sévissaient, d'autres menaces entachaient la planète, quelque soit leurs formes. Inacceptable, c'était tout bonnement inadmissible, tout aussi révoltant lorsque ce jour-là, elle avait de nouveau embrasser son instinct...




"Vous ne me dites pas tout, Lenore.
- Je ne fais que suivre mon instinct !"

Rien ne les arrêtait dans leur course frénétique, ni le froid leur mordant la peau, ni leur souffle court et sifflant déchiré par les températures glaciales de la région enneigée du Coerthas Occidental. A portés du domaine de Riverhood, une humble tour sous le nom de l'Oeil du Loup, Derek pénétra le premier dans celui-ci, le regard alerte.
"Non..."
Aussitôt était-elle parvenue aux pieds de la tour que Lenore se fit prendre dans les bras de son mari avec force et maîtrise. Ainsi, elle comprit. Quelque chose de grave, très grave, s'était passée dans cette tour. Quand bien même avait-elle reçu un appel du Vicomte Dupré de la Torrelle qui l'avait demandée de le rejoindre à la Clepsydre plus tôt dans la journée, ses pas l'avaient menée jusqu'au Cri du Loup tel le fil du Destin qui souhaitait lui faire passer un message, un funeste présage. Plus les secondes passèrent, plus Lenore s'agita et plus les bras de Derek se resserrèrent autour d'elle.
"Derek, je dois voir... Je dois comprendre !"
Il serra les dents, agacé par sa propre réflexion. En quoi n'était-elle pas en droit, après tout ? Le hyurois brisa son emprise, impuissant, et sans plus tarder, Lenore accourut jusque dans la pénombre de la tour. Ce furent les éclairs déferlant les cieux qui donnèrent cette vision d'horreur à la dame ; à chaque éclair frappant le sol, l'image de sa mère gisant sur le sol, inerte, celle d'un rez-de-chaussée saccagé et surtout celle de son père pendant au bout d'une corde devant les grands vitraux de la tour peignaient un tableau aussi dévastateur que déroutant.
Ce soir-là, au coeur du Cri du Loup, c'était celui d'une héritière, mais surtout celui d'une fille désespérée envers ses parents qui avait fait trembler toute la région.




Lorsqu'elle rouvrit les yeux, ce n'était pas un auditoire qu'elle avait pour habitude d'apprécier mais qui pourtant rassemblait le même nombre de personnes. Trônant sur l'estrade, Lenore entretint le silence pesant de la salle, parsemé par quelques sanglots étouffés par-ci par-là. Tous les yeux des servants, des gouvernantes, des majordomes et des cuisiniers étaient rivés sur elle, dont certains avaient encore le regard rougi et humide. L'on pouvait voir au loin, derrière toute cette foule, le nouveau chevalier Balian vêtu sombrement sous une armure plus légère, l'aura ternie. Derek, habillé selon les traditions de la mesnie, demeurait en retrait mais pas moins concerné, ni impétueux.
"Cela faisait longtemps que la Maison de Riverhood n'avait pas connu pareille tragédie."
Lenore pesait ses mots, mais la gravité de la situation était invraisemblable.
"Nous avons perdu la jeune Victoria, puis Elisias lors de la dernière bataille du Chant des Dragons. Aujourd'hui, nous pleurons la disparition de Rodrick et Meredith de Riverhood, des doyens aimant et attentif à leurs vassaux. Je ne peux vous dire, à l'heure actuelle, les causes de leur décès. Toutefois, en qualité de nouvelle Vicomtesse, moi, Lenore Marjorie Angélique de Riverhood, vous fait le serment que ce crime ne restera pas impuni."
L'attention se fit plus grande, comme s'ils voyaient une lumière parmi toutes ces ténèbres. L'affaire harebourg avait beaucoup inquiété la population ishgardaise dans une moindre mesure, mais beaucoup se disaient que leur mort était due à ce fameux Alastor. Tout avait été si vite, si soudain... La voix de la nouvelle Vicomtesse du Loup Blanc se fit alors plus assurée et plus imposante.



"Restons soudés, restons unis...car des Ombres naîtra la Vérité."

Lyssie Il y a 10 mois et 1 jour


"Telle la chaleur du Thanalan, je vous ferai fondre à chaque instant,
vous et cette couche de glace qui vous entoure.
- Ainsi soit-il, mon amour."


L'odeur de la vanille, couplée à la chaleur d'une eau bouillante, enivrait son esprit d'une douceur agréable qu'elle n'avait plus ressenti depuis quelques semaines aujourd'hui. Derek lui avait ordonné de se relaxer dans un bain tandis que l'on prenait soin d'Alexander. Il souhaitait qu'elle se repose, qu'elle ne pense qu'à elle pendant quelques minutes, une heure peut-être. Ces derniers temps, avec la sordide histoire d'empoisonnement des ouvriers, ses récentes apparitions publiques au Voile Doré comme au Relais où l'on a demandé sa présence sur scène, la mise en place d'une alliance entre sa mesnie et d'autres maisons ishgardaises, la disparition pure et simple de sa suivante, l'approche de la famille de Lacourteil avec leur jeune héritière Anaëlle, ainsi que la venue de sa pupille, cette grande viéra à la peau sombre comme la nuit, elle n'avait pas le temps de faire son deuil, ni ne s'octroyait le droit de fléchir les genoux quand elle savait que des âmes comptaient sur elle pour les mener vers un tout nouveau but.
Lenore était loin d'être utopiste. C'était une femme réfléchie, intelligente mais surtout, une femme réaliste. Elle savait qu'elle ne tiendrait pas longtemps ainsi, à contenir le chagrin qu'elle avait occulté pour les siens. La perte de ses parents, aussi soudaine soit-elle, avait été un choc pour tous. Elle avait la fière conviction qu'Alastor y était pour quelque chose, quand bien même Derek clamait le contraire - mais comment ne pas faire le lien quand son oncle avait rendu l'âme la veille même, à cause des méfaits de ce ponte des marchés noirs ?
"Une chose à la fois, Lenore. On ne peut guérir les maux d'une terre entière en un seul claquement de doigt." se murmura-t-elle lorsqu'elle sortit de son bain.
Une serviette entourait son corps pendant qu'une autre s'occupait de ses cheveux quand elle regagna la chambre conjugale où l'attendaient des servantes. Ce miroir devant lequel elle prenait place fit tel une fresque murale où elle était en mesure d'apercevoir les échos du passé. Elle se revoyait là, blottie contre son époux qui l'écoutait chanter sa peine, la voix puissante et presque incontrôlable. Si la Dame avait perdu toutes ses émotions, celles-ci se retrouvaient dans ses chants, seuls outils capables de refléter toute l'étendue de ses sentiments trop longtemps contenus en elle. Il l'avait écoutée, il avait même capté des fragments imaginaires que seul lui était capable de voir. Quoi que l'on pouvait en dire, tout le monde savait désormais ce qui la rendait plus vivante que jamais.

Elle quitta la résidence secondaire à l'heure méridienne, après avoir embrassé son fils qu'elle laissa aux bons soins d'Evelyn qui avait rejoint les effectifs de sa seconde maison. Aujourd'hui, les rénovations allaient se finir grâce à l'aide des ouvriers de la Compagnie Immobilière Takieiri, une précieuse aide qu'elle revaudrait un jour à son amie qui partait pour rejoindre les siens en Orient. Un éloignement qui lui pressa le coeur mais dont elle se refusait catégoriquement à montrer.
"Ah, dame de Riverhood, vous r'voilà !
- Bonjour, monsieur Jean. Un état des lieux ?
- M'bah, vous tombez bien ! On finit de placer les derniers meubles à l'étage et c'est fini !"

Un soleil radieux resplendissait sur le pavé récemment posé sur l'ancien site de l'Ordre Rivesthern. Il ne fut pas plus longtemps à la Dame pour incliner du chef et partir s'aventurer à l'intérieur de la bâtisse pour gagner son bureau. Ce dernier était resté intacte, elle souhaitait garder les couleurs de sa ville. Elle s'assit à son bureau, cueilla quelques feuilles feutrés et se saisit de sa plume.

"Il est temps de les appeler."
Lyssie Il y a 10 mois et 1 jour


Quelle n'était pas la surprise d'entendre, en fin de matinée, la voix crissante de Meleth interrompre le chant des rossignols. Un désagrément que Lenore ne tarda pas à essuyer, le regard sévère. La posture de la viéra était défavorable à un quelconque chant, toute recroquevillée en avant et tétanisée par une nervosité navrante mais compréhensible. Il ne fallut pas plus de temps à la cantatrice pour corriger ses écarts. Étrangement, les vocalises de sa pupille étaient plus agréables après cela.
Lenore ne laissait rien passer lors de cette première leçon. Intransigeante, elle cassait cette image d'une femme douce et patiente que l'on se faisait d'elle. Aucune erreur n'était valable pour sa jeune élève, pas tant qu'elle serait sous sa tutelle. Tout cela était pourtant pour son bien, pour celle qui devait endosser les lourdes responsabilités d'un héritage qu'elle n'avait jamais demandé.
"Voilà. Essayez encore une fois."
Il n'y avait pas à dire, elle savait chanter. Elle n'avait juste pas la technique, ni l'expérience. Lenore avait remarqué que les vertus de sa voix avaient fait éclore les bourgeons enroulés autour du pergola du jardin du Repos du Loup. Au final, elle ne savait presque rien de la Grue Rouge et pourtant, elle avait compris l'essence de ses pouvoirs - ses émotions.
"Et vous, Madame, comment contrôlez-vous vos pouvoirs ?
- Il serait mentir de vous dire que je les maîtrise complètement. Mais ils résident dans ma volonté plus que dans mes émotions."

Elle aurait voulu lui dire le contraire; elle aurait souhaité pouvoir contrôler pleinement toute l'étendue de ses pouvoirs, mais cela aurait été du pur mensonge - une chose à laquelle elle ne pourrait jamais s'abaisser de son vivant. Depuis toujours, elle avait cru tout comprendre de sa voix et de ses bienfaits. Elle avait toujours pensé qu'ils étaient similaires aux bardes et aux danses des adeptes du Kriegstanz... Et ce n'était pas tout à fait faux. Sa voix pouvait apaiser les moeurs et bercer l'oreille de son auditoire. Pourtant, depuis quelques temps, ceux qui l'avaient entendue chanter s'étaient souvent tournés vers elle pour se "plaindre" d'hallucinations, de visons qu'ils avaient subi. Comment leur répondre alors qu'on venait lui annoncer que sa voix lui avait toujours réservé cette surprise ?

Assises face à face, Meleth lui parlait de sa vie passée jusqu'au chemin qui l'avait menée jusqu'à elle. Contrairement à Lenore, Meleth était quelqu'un de fragile qui cherchait toujours sa voie et qui venait tout simplement de se faire bousculer, une fois de plus, dans ses projets. La chanteuse croisa ses mains devant elle, sans amoindrir son regard implacable. Son esprit était si frêle qu'un simple touché pouvait jouer en sa faveur. Lenore souhaitait lui tendre la main, il fallait simplement que...
"Me permettez-vous de vous montrer les vertus de ma voix ?
- J'en serais honorée, Madame."

Elles se relevèrent toutes deux, toujours face à face. Bien qu'elles apprenaient l'une de l'autre lors de ce premier cours, il était bon pour la viéra de garder à l'esprit qu'elle devait apprendre de son mentor et quoi de mieux qu'un chant authentique pour ce faire ? Lenore savait qu'elle risquait beaucoup ; elle ne comprenait pas encore ses "nouveaux" pouvoirs, et les maitrisait encore moins - elle se devait pourtant de montrer à sa pupille qu'elles étaient semblables en un sens.
Qu'importe ce qu'elle avait pu croire, jamais elle n'aurait cru que son chant puisse faire perdre pied à la viéra aussi brutalement. A la seconde où son chant, aussi beau que puissant, transcenda la vue et l'esprit de Meleth, celle-ci s'était rattrapée sur la rembarde qui se tenait derrière elle, une main sur son front.
"Je..l'ai vu...
- ...Qu'avez-vous vu ?
- Le..souvenir scellé dans ma mémoire perdue... Vous l'avez libéré."

Lenore resta de marbre mais à l'intérieur, elle était à la fois horrifiée et intriguée. C'était donc bel et bien sa voix qui provoquait ces dites "hallucinations". Pour quelles raisons possédait-elle un tel pouvoir ? Jusqu'où allait-il ? Ne touchait-il que la mémoire des gens ? Derek avait parlé d'un lys... C'était sûrement le lys de Thalia dont il parlait - jamais dans sa vie il n'avait été question d'un quelconque lys. Tant de questions se bousculaient dans sa tête ; et ces tours apparues de nul part partout dans le monde...

Cette leçon avait été aussi instructive pour la viéra que pour son mentor. Durant cette heure et demi, elles avaient bien plus partagés qu'une simple relation de pupille à mentor aurait pu leur offrir. Surtout avec cette volonté pour la viéra de lui apprendre les rudiments du Kriegstanz ; tout avait été bénéfique, comme aimait si bien le souligner son époux.
"Nous danserons après vos chants."
Le sourire qui décorait le visage de Meleth à cet instant était si pur comparé à la froideur glaciale de la dame - un contraste qui n'était pas désagréable à observer. Lenore rendrait fier le voisinage des chants de sa disciple. Il fallait simplement qu'elle maitrise ses émotions...

...autant que Lenore devait comprendre l'essence des vertus de sa voix.
Lyssie Il y a 10 mois et 1 jour


Seule au coeur d'une forêt sombre aux chemins sinueux, tous la ramenaient à ce point précis, face à une grande porte dont elle ne comptait plus les chaînes qui l'entouraient. Le feuillage, principalement manquant, lui laissait "la chance" d'observer l'entièreté du labyrinthe de bois. Aucune présence animale, ni humaine, elle demeurait la seule âme immaculée au devant de cette immense porte. Les rêves étaient quelque chose d'abstrait, tout comme ses visions. Ainsi perdue au fin fond d'une forêt, quel était le message qu'un rêve simple pouvait vouloir donner à son porteur ?
Alors, là où les rayons de lune transperçaient les branches pour refléter la grande ouverture, des murmures l'encerclaient, tels des bribes de souvenirs imperceptibles.


"Nous sommes obligés de le faire."


"C'est pour le bien de tous."


"A jamais nous ne recommencerons une telle erreur..."



"Pour toujours, nous protégerons notre cité."


A droite, à gauche, rien ne captait son regard qui se fronça de plus en plus. Il n'était plus question d'un rêve - elle en était certaine désormais. Elle entendait des bruits de pas métalliques, militaires mais elle ne voyait rien. Elle était prisonnière de cette forêt sans habit vert, destinée à n'être que spectatrice. Elle avait appris, depuis, à maitriser ses émotions, son doute et sa peur lorsque de tels messages lui étaient délivrés. Pour autant, cela restait une expérience désagréable par les scènes dont elle était témoin. Sans attendre davantage, elle plaça une main sur son front pour effleurer son collier où trônait désormais cette fameuse rune cristalline. Avec elle, elle pourrait montrer ce qu'elle avait vu. Avec elle, plus personne ne pouvait douter de ses paroles.

Un onde de choc balaya soudainement les murmures et fit trembler la terre et les arbres alors que Lenore regarda derrière elle. Au loin, par-delà la mer, l'une de ces tours de l'apocalypse s'était éveillée et avec elle, de sombres pouvoirs. Un son dissonant accompagnait ces ondes de choc qui devenaient de plus en plus fortes, jusqu'à ce que la Messagère entendit les lourdes chaînes retenant la porte se briser.


"NON !"


L'écho d'une voix féminine, indescriptible et en désespoir, lui parvint. En se retournant de nouveau face à la porte, celle-ci avait été enfoncée, détruite. Plus rien ne la retenait et les vagues d'énergies néfastes de la tour de l'apocalypse l'avaient suffisamment endommagé pour qu'un frisson désagréable s'empare de la forêt. Les minutes passèrent sans que rien ne se passe, comme si elle s'attendait à hurler comme elle le faisait d'habitude lorsqu'une catastrophe allait se produire. Le doute s'immisça dans son esprit.
"La Vérité éclatera."
Une nouvelle voix s'éleva de la porte, plus puissante mais plus sombre encore. Lenore tomba à la renverse lorsqu'elle vit deux grandes mains sombres et griffues tenir les côtés de l'ouverture. L'éther était dense, important, mais la Messagère peinait à respirer. Elle se redressa, dictée par son instinct de survie, et elle débuta une course effrénée à l'opposée de l'apparition obscure. Elle s'engouffra alors davantage dans la forêt sombre, sous l'orchestre tonitruant des ondes de choc, sans jamais s'arrêter. Ce n'était plus le doute seul qui l'anima. La peur s'entremêlait également. A quoi venait-elle d'assister ? Et surtout, pourquoi n'avait-elle pas encore crié ?

Sa course prit fin lorsqu'elle s'échappa de la lisière des ronces bordant la forêt. Le souffle court, son regard était vif et analysait chaque pan de terre qu'elle foula. La lune, généreuse de sa lumière, baignait les maisons du village qu'elle venait de gagner. Il fallait prévenir les habitants qu'une menace planait sur eux. Il fallait qu'ils partent se réfugier ailleurs... Il fallait qu'ils survivent.
Elle continua sa course jusqu'au centre du village où un rassemblement semblait s'y tenir. La voix d'un homme bourru porta sur l'assemblée.
"C'est inacceptable ! Nous ne pouvons pas pardonner ces êtres qui en veulent à notre pauvre village ! Nous n'avons rien demandé... Nous ne souhaitons que vivre ! Ainsi, chaque personne qui souhaitera s'en prendre à notre village, finirons comme eux !"
Au fur et à mesure que la dame approchait, sa vue se précisa. Sur une estrade en bois vibrait la voix d'un homme, probablement le chef du village, à côté de pendus. Sa méfiance ne fit qu'accroître, ses mains se refermaient, quelque chose n'allait pas. Le plus marquant, au-delà de ces cadavres, était la couleur de la peau de l'homme. Aussi cadavérique que les corps suspendus, des veines noires parsemaient son visage et les pans de sa peau visible, sans parler de ces iris aussi immaculés que la lune. Elle avait déjà vu ça... mais où exactement ? Elle n'avait pas le temps d'y penser. Le chef du village la pointa soudainement du doigt et alors, toutes les têtes de l'assemblée se tournèrent vers elle. Elles présentaient toutes la même peau et les mêmes veines noires.

Un cri retentit dans la nuit, au coeur du Repos du Loup.
Lyssie Il y a 10 mois et 1 jour


"Ne me touche pas."
Au travers de la voix froide et impétueuse de sa maîtresse, l'ignorante venait de comprendre l'impudence de son geste qu'elle ne tarda pas à chasser, le menton bas. Avait-elle seulement conscience de l'écart creusé entre elles deux ? Aujourd'hui, cela faisait une lune que Lenore avait accordé les faveurs de la baronnie de Lacourteil et accueilli en tant que dame de companie la jeune héritière de la mesnie. Chaque jour, Anaëlle suivait les pas de sa dame telle une ombre imperceptible, à la coiffer, l'habiller, elle avait même eu le privilège de s'occuper de son bain quand elle ne s'occupait pas d'Alexander lorsque sa Maîtresse s'affairait à de la paperasse.
Le jet d'eau de la fontaine empêchait au silence de s'imposer mais l'on pouvait sentir un malaise s'installer. Dès le début, Lenore avait prévenu sa nouvelle dame de compagnie que rien ne serait facile à ses côtés après avoir été déçue une première fois par son ex-suivante venue d'orient. Anaëlle pouvait en être certaine désormais - sa Dame était intransigeante mais surtout, elle resplendissait de cette couche de glace incassable qu'elle s'efforçait d'ériger entre elle et les autres. La confiance était une chose fragile, mais ses raisons étaient tout autre.

Les jours passèrent sans que cela ne devienne plus facile ni pour Anaëlle, ni pour Lenore. Avec l'ouverture de la Rose des Vents, en passant par les rendez-vous divers et variés entre les futurs partenaires de la compagnie et les candidatures qui n'en finissaient pas, la cantatrice n'avait guère le temps à autre chose et s'en voulait, au fin fond d'elle, de n'avoir pu contacter sa pupille pour qu'elle lui apprenne le kriegstanz. Ses chakrams d'entraînements n'étaient jamais loin d'elle pourtant, et chaque seconde la démangeait pour tenter de les maîtriser. Hélas, le simple souvenirs de mains charcutées de petites fissures ci et là l'en dissuadait rapidement. Cela ne l'empêchait pas de s'aventurer au bord des flots marins de la baie de Brumée pour y tremper ses pieds et faire le vide. Une répétition qu'Anaëlle avait appris sur le bout des doigts pour le plus grand bien de sa Maîtresse. Qu'elle le voulait ou non, Lenore était suivie par une dame de compagnie qui faisait attention à ses moindres gestes, moindres émotions.
Mais elle ne remarqua pas les raisons de sa froideur, ni de la distance qu'elle mettait volontairement entre elle et les autres. Au-delà de cette simple impassibilité propre aux ishgardais, personne ne les remarquait.

Le cri des mouettes accompagnait les pas de Lenore qui descendait le pavé noscéen, vêtue d'une légère robe blanche, pour aller tremper ses pieds au bord de la mer de Brumée. Anaëlle n'était pas loin, respectant l'espace privée de sa Dame, pour l'écouter chanter. Elle savait que ses chants étaient l'unique échappatoire qu'elle s'accordait, la seule faille qu'elle contrôlait.


"Seule la Fille des Mirages est en mesure de les appeler."


Et cela recommençait. Comme chaque fois qu'elle élevait sa voix au gré des flots, cette même phrase revenait tel un écho passé et futur. Elle n'arrêta pas son chant cela dit. Dans le noir complet, elle avançait, guidée par l'instinct qu'elle avait appris à faire confiance au fil des années. Depuis quelques semaines déjà, elle avait compris que son chant faisait naître au sein de son auditoire des visions passées ou plutôt, elle faisait remonter des vérités oubliées en eux. Etait-ce pour autant un mirage ? Et, était-elle cette "Fille des Mirages" que le clamait si bien cette voix lointaine ?
Elle ne se rendit pas compte tout de suite qu'une larme perla sur sa joue lorsqu'elle atteignit le point culminant de son chant. Les tours de l'apocalypse étaient en route et les sombres pouvoirs avec également. Au moins pouvait-elle être rassurée en sachant que d'autres prenaient cette menace au sérieux, telle la capitaine Kurusu. Quel serait l'avenir d'Alexander parmi ce chaos prochain ? Quel était l'intérêt du succès de l'ouverture de la Rose des Vents, si sous peu, une calamité allait s'abattre sur Eorzéa ?

Sans plus tarder, elle retourna à la plage. Anaëlle s'approcha, apportant les escarpins de sa dame et une petite serviette pour ses pieds. Une fois propre, elles remontèrent la pente jusqu'au Repos du Loup dans un silence assourdissant, jusqu'à ce que Lenore le brisa.
"Combien sont prêts à me joindre dans l'étude de ses tours ?
- Pour le moment, cinq, Maîtresse.
- Parfait."

Elles passèrent le pas de la porte quand Anaëlle demanda discrètement.
"Pour quand partirez-vous, Maîtresse ?"
Lenore s'arrêta devant les escaliers sans daigner se retourner pour observer sa dame de compagnie.

"Nous partirons au crépuscule ce lundi prochain."
Lyssie Il y a 10 mois et 1 jour


Écouter les sons de la forêt, les isoler et s'y harmoniser. Le crépuscule n'avait pas encore pointé le bout de son nez que sur le pont naturel fait de pierres et de mousse, Lenore s'entraînait encore et encore sous la seule musique de la nature ambiante. Au rythme de la Sylve, la hyuroise sautait et dansait ci et là, formant des arabesques et des mouvements de jet sans pour autant laisser ses chakrams de bonne facture quitter ses menottes graciles. L'eau de la rivière calmait son esprit et rejoignit en deuxième place la partition silencieuse dans sa tête.
Lors du premier cours de chant de sa pupille, Lenore avait convenu avec elle une leçon autour du kriegstanz, un juste retour pour celle qui portait un intérêt certain sur la discipline aux vertus similaires de sa voix. Plus que la danse, Lenore avait besoin de trouver son arme de prédilection. Sa voix avait toujours été la seule arme dans la vie, et avec l'éveil des Tours de l'Apocalypse et le sombre destin attendant elle et les siens, il lui fallait quelque chose en plus qui pouvait se marier avec sa voix.

Dans le lointain, au hurlement des coeurls effrayant les oiseaux dont le chant résonna tel un écho dans la forêt et dans son esprit, Lenore tournoya sur elle-même pour capturer ce troisième son. Le coeur battant, elle était comme portée par la nouvelle musique enchantant son esprit et son corps. Elle n'était pas encore prête à lancer l'un de ses chakrams, il était encore trop tôt. Plantes et fleurs se tournaient petit à petit vers "l'apprentie danseuse" à mesure que son éther entrait en communion avec la Sylve. Très vite, c'était le son du vent qu'elle intercepta, celui-ci même qui s'entrelaçait dans sa danse et qui répondait à son appel. Rien ne perturba la précision de ses gestes, travaillés maintenant depuis des heures au coeur d'une forêt dont elle n'avait pas l'habitude d'aller.
Il serait mentir de dire qu'elle n'avait pas trouvé cet exercice ridicule aux premiers abords, elle qui cherchait avant tout à maîtriser ses chakrams sans s'écorcher les doigts comme elle avait pu le faire bêtement lors de ses entraînements sur la plage, ces matins-là. Elle savait danser, c'était une partie intégrante de sa vocation de chanteuse. Meleth lui avait montré qu'elle avait tort et que la danse de cette discipline n'avait rien à voir avec ses danses sur scène.

Soudainement, sa danse la porta vers le ciel, touchant l'astre solaire aux reflets éblouissant, avant de retomber lourdement sur le sol verdoyant et terreux du pont. L'impulsion de ses gestes souleva un instant sa jupe drapée et alors, elle ne bougea plus. L'instrument de la terre rejoignit le reste de l'orchestre tel le cinquième élément désespérément recherché pour conclure la symphonie dans son esprit. L'eau n'eut pas le temps de vibrer qu'un sixième élément parvint jusqu'à l'orchestre : la voix d'or de la cantatrice. Elle se redressa petit à petit, les yeux fermés, les bras le long du corps, en extase quant à la chanson qu'elle créait au diapason de la nature environnante.
Ca y est, elle y était.


Un, deux, trois, quatre...
Un, deux, trois, quatre...
Un, deux, trois, quatre...


Tel un métronome, ses petits sauts marquaient un rythme soutenu pour finalement qu'elle s'élance à nouveau du pont jusqu'aux rochers de la rivière qui coulait juste en dessous. Submergée par tous ces sons, sa danse avec la Sylve la poussait toujours plus loin, faisant fi de la fatigue malgré tout présente. Du bout des pieds, elle effleurait l'eau du fleuve lorsqu'elle bondit d'une roche à une autre; l'herbe et la terre quand il faille rejoindre la colline. Le vent l'enlaçait de toute part, répondant à l'air fredonné de la cantatrice.
Elle sentait son éther frémir parmi tous les membres de son corps et la pousser à aller toujours plus vite, toujours plus loin. Ses pas l'amenèrent à la faire courir au coeur de la Sylve, quittant ce fameux pont pour s'emmêler aux racines et aux branches de Sombrelinceul. Son esprit, bercé par le chant de la nature, voulait s'empêtre un peu plus dans cette partition interminable tant que la vie continuerait là-bas. Le chant des cascades, le cri des coeurls, le vrombissement de la terre, la caresse du vent et l'essence de la nature - tous ses sons unis autour de sa voix et de ses pas la firent virevolter entre les arbres, la soie de sa jupe suivant les courbes de son corps. Elle était enfin prête.
"HA !"
Après deux pas, elle ouvrit les yeux et sauta d'un énorme rocher mousseux pour balancer ses deux chakrams dans un tourbillon maîtrisé. Ses deux armes fusèrent dans les airs dans une grande arabesque et à elles deux, elles découpèrent une branche importante d'un arbre centenaire. La découpe, nette, s'écrasa au sol, en même temps que le pas gracieux de la hyuroise, le souffle court, qui récupéra ses chakrams comme une danse calculée, répétée.


"L'environnement est une musique constante - il suffit simplement de tendre l'oreille et l'apprivoiser."


Elle regarda longtemps la branche sur le sol, constatant son propre exploit non sans une fierté qu'elle dissimulait sous son visage de marbre. Ce n'était qu'une branche parmi tant d'autres; son entraînement et son harmonisation avec l'environnement ne firent que commencer. Elle se retourna et c'était seule, au coeur de la Sylve, qu'elle se remit à danser loin de toute civilisation, loin de toute perturbation. Tant de sensations nouvelles traversaient son esprit, tant de nouvelles mélodies à exploiter, qu'elle permettait à son coeur de glace de fondre pendant quelques heures.

Et avec elle, les cris lointains d'une inconnue.
Lyssie Il y a 10 mois et 1 jour


Faire un choix était chose facile, s'attendre à ce qu'ils comprennent tous l'était moins, et fort heureusement, ce n'était pas l'une de ses attentes. Beaucoup l'avaient finalement compris, Dorian le premier, qu'elle avait choisi la voie du mutisme et de la solitude. L'autre jour, leur voix avaient résonné dans les couloirs de la Rose, loin des regards indiscrets et pourtant, nombreux avaient été les curieux à écouter à la porte du bureau de l'Ordonnatrice. Jamais ils ne l'avaient entendu élevé la voix contre l'un des siens... Alors pourquoi ? Cela avait été la même chose pour Junko - trop pragmatique peut-être, Lenore avait fait preuve d'une absence de chaleur humaine déconcertante, quasiment scandaleuse, envers la raenne qui subissait déjà les déboires d'un esprit malfaisant.

Deux disques fendaient les cieux et la pluie torrentielle qui n'avait de cesse de s'abattre. Sitôt le lendemain du concert avec les Bard's Lament, Lenore reprit son entraînement avec assiduité, comme l'on pouvait s'attendre d'elle. Elle dansait, tourbillonnait avec les gouttes d'eau qui glissaient le long de son manteau de cuir, ses deux chakrams en main. Encore une fois, c'était le moyen pour elle de faire le vide, de penser à autre chose, de ne pas confronter les attentes que l'on plaçait en elle. Rares étaient ceux qui acceptaient son choix, bien qu'elle pouvait compter sur son époux et sa dame de compagnie pour la soutenir et la suivre malgré tout, compréhensifs. Cela lui allait, moins de personnes s'interrogeaient sur elle, plus elle s'en satisfaisait.
Cette volonté de n'être qu'une figure, un phare sur qui l'on peut ne pas se soucier lui allait. C'était son propre choix de veiller sur ses hommes de l'homme, tant qu'elle pouvait les mettre en sécurité...non ? L'un de ses chakrams lui coupa la paume de la main lorsqu'elle comprit qu'elle n'était pas en accord avec les sons de la nature. Essoufflée, ses genoux s'écrasèrent sur la terre humide, le sang tâchant de plus en plus son gant.
"Je n'ai pas le droit à l'erreur."
Elle maudissait l'altruisme de Dorian mais ce qu'elle détestait par dessus tout chez lui était son insolence, à l'appeler constamment "mon amie de Riverhood" devant autrui, devant elle. C'était un défi, un rebelle qui ne voulait accepter la nouvelle facette de la Dame qu'il servait. Pouvait-elle lui en vouloir ? Il était perdu, détruit en voyant la femme qu'il respectait le plus s'emmurer derrière cette froideur glaciale. Mais elle restait elle-même.

Elle fut prise de vertige une nouvelle fois et manqua de peu de tomber si elle ne s'était pas retenue de sa senestre. Elle garda sa main blessée vers la pluie, l'eau se mêlant à son sang.
Sot de Belmont. Ne comprenez-vous donc pas que je n'ai jamais cessé ma première mission, celle de vous protéger tous ? Qu'importe si je suis dans l'équation, qu'importe si je dois souffrir - je suis votre bouclier, je suis votre protectrice. Quelle différence cela fait que je sois loin ou que je sois proche ? Je suis une Riverhood, je suis une défense à moi seule par l'héritage qu'il m'a été confiée, je fais mon devoir et je suis heureuse de remplir mon rôle.
Elle ne sursauta pas quant elle comprit les raisons du bruit de tambour des gouttes d'eau sur le parapluie la protégeant du temps capricieux. De là, une voix grave et arrogante qu'elle connaissait si bien s'éleva, brisant la symphonie de la pluie.
"Vous en avez assez fait pour aujourd'hui. Rentrons."
Lorsqu'elle dressa ses pupilles de gel sur son époux, celui-ci lui tendit une main - l'une des seules qu'elle pouvait accepter. Elle cueillit celle-ci de sa main valide et se releva sans attendre.
"Il serait fort regrettable que vous tombiez malade quelques soleils avant votre prochain concert.
- Je ne tolérerai pas un tel déshonneur pour ma voix.
- Alors, ménagez-vous."

Son regard se durcit à mesure qu'il confrontait celui de sa femme. Inquiet, c'était par la voie impérieuse qu'il s'imposait et il était bien le seul à pouvoir lui tenir tête. Pourtant, il avait raison. Quel comble pour une cantatrice que de chanter avec une voix enrouée ? Une main possessive lui pressa l'épaule droite avant qu'elle n'attrape le menton de Lenore. Derek étira un sourire satisfait, sur son air victorieux.
"Rentrons, maintenant."

Quelques heures plus tard, elle se réveilla assise dans son grand fauteuil, face à la cheminée aux flammes crépitant, une fine couverture sur elle. Une tasse de chocolat chaud trônait sur la commode à sa droite, préparée par Anaëlle qui lisait à même le sol en silence devant la cheminée. Elle n'eut pas la force de se relever pour le moment, l'endroit lui était trop paisible pour briser le tableau.
Elle avait fait le choix de demeurer seule et de ne laisser entrer aucune personne dans sa vie. Pour ne pas souffrir, comme elle avait souffert le décès de ses parents et de ses oncles et pour rester digne et droite devant les siens.

L'était-elle réellement ?
Lyssie Il y a 10 mois et 1 jour


"Comment les hommes font-ils pour être aussi agaçants ?"
Il n'était même pas encore l'heure du dîner que la missive de Dorian, donnée tantôt par sa dame de compagnie qui attendait sagement devant elle le menton baissé, finit écrasée puis brûlée dans l'étreinte flamboyante de la cheminée qui trônait derrière son grand fauteuil. Lenore était furieuse, si bien qu'Anaëlle crut, pendant un court instant, apercevoir la fonte de son masque. Tenace, l'ishgardais avait rédigé une lettre à celle qui admirait le plus au monde, dans l'espoir de la faire vaciller. C'était un avertissement qui la mettait tout simplement hors d'elle.
"Appelez cela de la témérité ou de la hargne. Il vous aime, comme beaucoup qui voient en vous plus qu'une alliée, une amie. Pourra-t-il être assez patient ?
- Ne comprendront-ils donc jamais la volonté que je porte à leurs égards ? Égoïstes, ils ne sont que des égoïstes. Dorian veut revoir la femme que j'étais auparavant, car il a la conviction que je suis fausse aujourd'hui. Et Derek ?"

Elle serra ses mains gantées mais cela ne suffisait plus, faisant défaut quant au maître-mot qui avait toujours su diriger sa conduite : la mesure. Elle fit soudainement volte-face pour faire face à sa dame de compagnie dans une colère terrifiante, un grand coup sur l'acajou de son bureau, marquant la seule émotion qu'elle osait s'octroyer aux yeux de tous.
"IL NE CROIT MÊME PAS EN MES VISIONS !"
La crainte paralysa les épaules d'Anaëlle au haussement de ton de sa Maîtresse, mais il en fallait plus à cette jeune fille à la résilience remarquable pour lui faire décrocher son regard de celle pour qui elle s'inquiétait de plus en plus. Son intention était louable, comme tous ceux qui l'avaient fait ave elle, mais là où les autres forçaient, la dame de compagnie essayait d'autres chemins.
Bien sûr, le coeur du problème, qui avait encore plus plongée la dame dans son mutisme, vint sur la table. Humiliée dans les choix qu'elle prenait, blessée dans la confiance qu'elle lui portait, la Dame condamnait avec une ferveur glaciale les mots de son propre époux vis-à-vis du projet de rénovation de leur aéronef,"Elysée". Pendant plus de deux ans, avec l'éveil brutal de son don de clairvoyance, elle avait eu toujours un mal fou à se fier à ses visions quand une poignée de personnes pensaient qu'elle était un démon, ou qu'une autre partie n'y croyait tout bonnement pas...mais que son propre mari, lui qui l'avait toujours poussé à prendre confiance en elle, ose minimiser la calamité qui s'abattra dans quelques lunes ? Cruelle ironie.

Le cliquetis de l'horloge ne fit qu'alourdir la tension dans la pièce sombre aux couleurs de la mesnie de Riverhood. L'odeur du chandelier, mêlée à celle du bois qui brûlait dans le foyer, avait beau demeurer la seule source de chaleur, rien n'y faisait ; la colère glaciale de la Vicomtesse perdurait et contrastait avec l'espoir d'Anaëlle, prise d'une conviction éclatante.
"Peut-être votre époux doute de lui-même. Monsieur semble se mettre en quatre pour lever le mystère, et nos alliés également. Nous percerons les mystères de vos visions et les secrets de votre voix, Maîtresse.
- Se mettre en quatre ? Tu m'as dit qu'il s'était endormi hier !"

Que pouvait-elle en tirer, en sachant que son époux, enthousiaste de sa voix, s'était assoupi lors de son premier concert à la Rose des Vents ? Rien que l'idée de l'imaginer s'endormir, une chose qu'il n'avait jamais fait jusqu'ici, de l'imaginer s'ennuyer, la mettait hors d'elle. Jusqu'où son insolence pouvait-elle donc bien aller ? Prise de nausée, la Dame ferma les yeux.
"Si je puis me permettre, Monsieur votre époux a peut-être été touché par la grâce de votre chant. J'ai pu entendre que Monsieur Warblade n'appréciait pas que les bienfaits de vos mélodies l'affectent malgré lui.
- C'était pire que ça, pour Monsieur Warblade. Il a été affecté par la puissance de ma voix..."

La réponse n'avait jamais été aussi révélatrice. Elle s'en était voulue ce soir-là, après avoir compris que les vertus de sa voix avaient de nouveau frappé. Pas sur n'importe qui, sur un client même de la Rose des Vents, une personne avec qui elle se "plaisait" à discuter ces derniers temps sur la plage de Brumée. Depuis longtemps, il n'était plus question de comprendre que sa voix proférait à son auditoire une bienfaisance divine, un moyen de s'échapper de ses tourments quotidiens le temps de quelques heures. Sa douceur amenait à un véritable bien-être...mais la puissance de sa voix, pouvait-elle réveiller de sombres images, souvenirs chez les gens ? La Vicomtesse plissa son regard, le temps d'un instant.
"Cela n'enlève rien quant au fait que Derek ne croit pas à mes visions. Que l'on aura qu'à dévier le problème pour que cela n'arrive pas. A t-il seulement cherché à savoir ce que j'avais vu ?! Ce n'est pas qu'une porte, ce n'est pas qu'une histoire de village... Je vois également des contrées brûler, des villes entières sous une pluie d'étoiles... Une véritable apocalypse !"
La fureur de sa Maîtresse n'arrêta pas l'approche d'Anaëlle jusqu'à elle, le visage mesurant à juste titre l'inquiétude qui grandissait en elle. Sans plus tarder, elle lui suggéra de s'asseoir sous peine de se voir de nouveau assaillir par des nausées. Lenore ne s'en priva pas.
"Ne pas croire à mes visions, c'est comme me renier entièrement. Comme ne pas croire à ma musique. Comme toi, ne pas croire à tes talents d'enquêtrice, ou ton violon. Ce serait ne pas te croire, toi, ton être, ton existence.
- Vous savez pourtant que ce ne peut être vrai. Monsieur a surement été l'une des personnes les plus proches de vous et source de soutien. Vous observez la situation d'un point de vue bien particulier et pour plusieurs raisons : vous êtes la source des images que vous percevez et que vous partagez. Vous ressentez la douleur, l'horreur et la détresse, plus qu'aucun autre. On pourra dire que ce point de vue n'est pas faux mais sujet à tout l'émoi qui vous traverse. Votre époux est quant à lui pragmatique et dicté par un ensemble de règles et d'algorithmes très précis.
- Que ceux qui ne me connaissent pas croient que je fomente et que j'extrapole, qu'ils me clament folle, qu'ils me pointent comme une sorcière, cela m'est égal. Que mon propre époux, lui qui me connait depuis de longues années, remette en doute mes capacités à voir les catastrophes à venir ?"

La faible lumière de la pièce fut assez forte pour faire luire un instant le regard cristallisé de la Vicomtesse, sous l'attention de sa dame de compagnie. Cette simple idée la rendait folle, mais elle devait rester maîtresse d'elle-même, elle devait se contrôler, se maîtriser.
"J'ai vu la mort de mon oncle. J'ai mené mon propre mari devant le corps de mes parents !"
Elle s'écria au même moment où Anaëlle fléchit les genoux pour se porter près d'elle, les mains tendues vers sa Maîtresse. Celle-ci durcit son regard, aussi froide que les cîmes des montagnes du Coerthas.
"Je ne connais pas votre époux aussi bien que vous, Maîtresse. Mais s'il a pris suffisamment de temps pour discuter avec moi hier soir, c'est qu'il est très touché et concerné par les événements. J'essaie d'apporter la sérénité à ma Maîtresse bien-aimée et lui apporter les éléments pour la rassurer sur des éléments qui nous opposent.
- Pourquoi oser me dire quelque chose qui me blesserait à coup sûr, en ce cas ?
- Derek de Riverhood croit en vous, Maîtresse. Et c'est la raison pour laquelle il est prêt à tout, ou presque. A la vue de l'ampleur du projet Elysée, ce dernier ne doit pas répondre qu'à la menace de l'apocalypse."


Cela faisait des heures qu'elles conversaient au coeur du bureau de l'Ordonnatrice, sans que M'ily n'ose apporter une collation aux deux femmes, terrifiée à l'idée de confronter le regard de sa supérieure. Anaëlle bravait le blizzard glacial de sa Maîtresse avec une dévotion notoire aujourd'hui depuis qu'elle était sous son service. C'était peut-être la clef qui mettra fin à son silence assourdissant, c'était peut-être une jeune main salvatrice qui ne perdait pas espoir, sans ébranler la Dame qui, en réalité, se protégeait du mal qu'elle pouvait ressentir en s'attachant de trop aux siens. Sa place d'Ordonnatrice n'était en rien facile ; porté les espoirs des autres pour les mener le plus loin possible lui coûtait un prix cher...

Son empathie.
Lyssie Il y a 10 mois et 1 jour


Les ovations qu'elle recevait de son auditoire au Voilé Doré confirmaient ses progrès dans ce nouveau registre, le jazz, qu'elle avait commencé à adopter depuis deux ans maintenant. Ses plus de quatre années au coeur d'Eorzéa lui avaient permis d'explorer d'autres genres de chant. Ses compositions, plus authentiques que jamais, ravissaient autant les foules que les mécènes du quatre coins du globe. Du Chant de Cristal, elle était devenue Lady Lenore, fière cantatrice ishgardaise qui représentait dans une humble mesure la nouvelle noblesse de la Sainte Cité.
Mais elle n'avait pas le temps de savourer ce moment d'évasion dont elle gardait le secret quand il était question d'un passé trouble, liant sa famille à cinq autres. Après s'être inclinée trois fois sous une pluie d'acclamations, elle quitta rapidement la scène, puis sa loge, en toute discrétion. Elle avait pris malgré tout le temps de saluer Aiko restée en fin de concert, l'ayant vue tenir compagnie plus tôt à Dorian et la petite Mikuku, de remercier les employés de l'établissement, dissimulant son interrogation quant à l'absence de la gérante et de gratifier cette jeune et timide hyuroise en pleine admiration de sa voix, comprenant qu'il y avait de grandes chances à ce qu'elle la revoie au Kenkyo dans quelques soleils.

De retour à Ishgard, elle sortit de son fiacre pour s'engouffrer au Manoir du Loup Blanc sans plus tarder. A cette heure aussi tardive, seuls quelques gardes peuplaient les grandes allées sombres de la demeure. De son pas vif et déterminé, ce fut au détour d'un couloir éclairé à la seule lumière des candélabres qu'Anaëlle la joignit dans sa marche, le menton bas, après s'être occupée du jeune louveteau toute la soirée. Elles prirent le chemin des grandes archives, longeant le grand couloir principal.
"Bon retour, Maîtresse. Cherchez-vous quelque chose en particulier ?
- Tout ce que je peux trouver au sujet du Pacte de la Vérité."

La suivante manqua de perdre le rythme de leur course effrénée, masquant sous ses mèches châtains une vague surprise à ses mots, mais leur arrêt face au grand tableau familial, où l'on pouvait apercevoir les portraits des anciens Vicomtes de la mesnie en plus de leurs trois enfants en bas âge, était ce qu'il l'étonna le plus. Les lueurs incandescentes de l'imposant foyer devant elles dessinaient les traits du visage intransigeant de la Vicomtesse, marquée par la fatigue d'une soirée sous les feux des projecteurs ainsi que d'un secret qu'elle ne parvenait plus à supporter. Elle était ignorante et elle ne pouvait pas se le permettre.
"...Maîtresse ? Ne serait-il pas plus sage d'aller vous reposer ?"
La sincère et touchante inquiétude de sa dame de compagnie à son égard ne put l'empêcher d'actionner le petit levier au creux de la gueule d'une des deux sculptures de loup blanc à chaque extrémité de l'âtre flamboyant. Le son d'un mécanisme fit gronder la maison pendant quelques longues secondes sous le regard curieux d'Anaëlle. D'une main gracile, Lenore écarta sa suivante sur le côté pour laisser des escaliers se former au plus profond de la demeure, juste devant la cheminée. Ce n'était qu'une fois les cliquetis de terminés qu'elle intima Anaëlle à la suivre dans la pénombre d'un sous-sol encore jamais vu par la jeune héritière de Lacourteil. Les grandes archives représentaient le trésor du Savoir de Riverhood, ces fiers chasseurs de démons. Il n'était pas donné à tout le monde de pouvoir y accéder.

Elles passèrent plus d'une heure à glaner tous les ouvrages qui faisaient mention de ce pacte. Éclairée par la simple lumière d'une bougie, Anaëlle se rapprocha de sa Maîtresse avec une lampe à huile qu'elle déposa avec soin près d'elle, avant de venir s'asseoir à ses côtés. Dans un silence quasi-religieux, Maîtresse et dame de compagnie cherchaient ensemble des réponses sur ce fameux serment de la "Vérité" qui leur prenait la tête depuis quelques longues semaines aujourd'hui.
"Jules de Belmont, Aleister de Riverhood, François de Lacourteil, Randal de Lyscendre, Lorens d’Ormesang et Astaroth Dunval... Qu'ont-ils en commun ?"
L'interrogation de la jeune suivante résonna parmi les longues avenues de la bibliothèque sans qu'un retour ne lui soit accordé. Rien, pas même une information qui expliquait une telle alliance entre leurs familles, si ce n'était cet événement, tristement connu, du massacre d'un membre du clergé par Sire Tryphaniel suite à ses actes horribles de pédophilie. L'heure n'aidait pas, mais au diable ses heures de sommeil, elle profiterait du calme d'une fin de semaine bien méritée et elle n'aurait pas le choix, sous peine d'être enfermée dans ses quartiers par son propre époux.
"...Sharlayan."
Anaëlle tressauta presque sur sa chaise en entendant la voix, faible mais implacable, de la Vicomtesse s'élever dans un écho délicat. Lenore était penché sur trois livres en même temps, ses deux index indiquant une ligne précise sur deux d'entre eux.
"Sharlayan ?
- Nous n'avons rien ici...mais les grandes bibliothèques de Sharlayan font mention du Pacte de la Vérité, celui-ci ayant été emmené là-bas par..."

Elle suivit la lecture de ses lignes, simultanément, assistée par sa dame de compagnie férue de mystères à résoudre. La sonnerie de l'horloge gronda à l'étage quand elles lirent toutes les deux à voix haute le nom de celle qui avait emporté le savoir qu'ils cherchaient tous.

"...Emmeline Paselle."
Lyssie Il y a 10 mois et 1 jour


Pleur caché était un lieu sain, un lieu de repos et de culte. On y priait les morts et pour se soulager la conscience devant les tombes des disparus. Cet endroit avait la réputation de voiler les sanglots des endeuillés par ses nombreuses cascades qui creusaient la paroi rocheuse des montagnes entourant le cimetière spirituel, mais cette nuit-là, personne ne pouvait passer à côté des pleurs d'Alden.
L'éther, dense et bleuté, virevoltait avec les lucioles autour de Lenore et d'Anaëlle à mesure qu'il s'harmonisait au chant et à la musique qu'elles orchestraient ensemble pour la toute première fois, dans leur plein potentiel. Les étoiles scintillaient déjà bien haut dans le ciel, vivifiée par la puissance des deux femmes aux pouvoirs combinés, quand Alden plia le genou sur le sol, manifestement accablé par toutes ces images qui se dessinaient devant lui. Les lucioles, rythmées par la chanson, formaient par leur danse des silhouettes bien connus du hyurgoth. Un, deux,...quatre formes luminescentes apparurent ; un leader, une jeune et fière combattante et enfin, une femme et son enfant. Il ne fallait plus qu'ouvrir la porte de ces douloureux souvenirs pour y faire face, pour les confronter. Alden serra la petite auralithe blanche dans sa main avant de la lancer vers ces silhouettes lumineuses d'où une lumière aveuglante jaillit...

Mais c'en était pas fini.

Lenore n'avait jamais senti son chant aussi entier, porté par la mélodie de sa dame de compagnie. Elle sentait l'éther vibrer partout dans son corps dont le noyau résidait dans sa gorge, au niveau de sa voix. Puissant, repoussant toutes les limites qu'elle s'était imposée, elle pouvait le sentir à sa juste valeur.


"J'aimerais que vous m'aidiez...avec votre voix."


Quand bien même savait-il les conséquences que cela impliquait, Alden avait fait appel à elle et à ses vertus dont elle ne faisait qu'effleurer la surface pour combattre un passé qui le rongeait déjà depuis bien trop longtemps. Sa voix avait gagné la réputation de faire ressurgir les sombres vérités de chacun, celles-ci même que s'évertuaient les Hommes à condamner au silence dans un coin de leur conscience. Sans leur faire face, comment pouvaient-ils clamer qu'ils pouvaient continuer à avancer ?
Un mélange de bleu et de jaune tourbillonnait autour d'eux, suivant la chanson à la lettre, laissant s'échapper quelques éclats étincelant qui, tombant comme un rideau sur scène, firent bouger les deux dernières silhouettes jusqu'au pauvre hyurgoth essoufflé.
"S-stop, stop, stop..."
Le supplice était insupportable pour celui qui devait faire face à la réalité, cette même réalité que Lenore faisait ressurgir et que sa suivante s'appliquait à matérialiser à l'aide de son violon. La Dame refusa d'écouter le hyurgoth, il devait autant en apprendre plus sur son passé qu'elle se devait d'en faire de même sur sa voix à son tour. A mesure que sa voix s'intensifiait, elle entendait les râles d'agonie du chef de la Faction de l'Aube s'élever petit à petit, perçant les cascades gyr abaniennes, comme elle pouvait entendre
Encore, encore...encore !

"CA SUFFIT !"

Au dessus des chutes de Bruyères, on pouvait apercevoir une troisième couleur s'ajouter au concert de bleu et de jaune qui s'envolait dans le ciel ; une lueur rouge, vive et écarlate, qui répondait à la fureur d'un hyurgoth à bout. Puis, plus rien, plus de lumière, plus de chant, plus de musique. Ne restait que le reflet d'une lune timide sur les cascades abondantes qui rafraîchissaient la région à l'aube d'un été imminent.

Une fois que le voile poussiéreux créé par le déchaînement d'Alden disparu, Lenore conserva son étreinte protectrice sur Anaëlle pour s'assurer qu'elle n'avait rien. Elle n'avait pas réfléchi et l'avait cueillie dans ses bras telle une mère envers sa fille, telle une grande soeur envers sa cadette. Une réaction qui suscita en elle un doute, bref, avant qu'elle ne redresse ses pupilles de glace sur le hyurgoth, à bout de souffle. Il était exténué de cette expérience, tout comme elle.
"Monsieur Warblade... C'est fini."
Elle le regarda se relever comme il pouvait, en quête d'attraper ce cristal blanc. Il tituba de nombreuses fois avant d'y parvenir, mais ce qu'elle put le mieux constater était la difficulté qu'il éprouvait à respirer, à parler. Après s'être assurée qu'Anaëlle ne présentait aucune blessure, elle la lâcha. La dame de compagnie aux joues rougies par l'émotion se cacha à moitié derrière sa Maîtresse, en signe de peur.
"Je vais...éviter vos concerts, cette semaine, je crois.
- Cela n'a pas dû être simple pour vous de revoir toutes ces personnes.
- ...Que voulez-vous que je fasse ?
- Accepter. Ne pas détourner le regard."

De la peur vint la colère puis de la colère vint les remords et la culpabilité. La question d'acceptation de ce que nous fîmes un temps et qui forge notre avenir quoi que l'on y fasse n'était pas à la portée de tous, il fallait là un certain recul. L'on pouvait penser ce que l'on voulait de Lenore et de sa nouvelle "image", elle était plus vraie que nature malgré cette dame de glace qu'elle était devenue. Elle voyait en Alden ce recul nécessaire, tel le reflet d'un miroir qui la projetait dans un univers parallèle.
Il ne restait plus qu'à faire l'autre part du travail, mais ça, il n'y avait que lui qui pouvait le faire. Elle n'avait fait qu'ouvrir une brèche dans son esprit avec sa suivante, elle n'était pas une déesse, mais seulement une humaine.

Sur le trajet du retour, le silence n'avait jamais été aussi pesant. Le croissant de lune ornait le centre des constellations que Lenore se plaisait à contempler sans un mot dans la rivière qu'ils remontaient pour rejoindre Ala Gannha. Ce qu'elle avait accompli ce soir était du jamais vu, un autre pas vers ce qui la rapprochait de plus en plus de cette voix qu'elle entendait au loin dans ses rêves. Oui, elle n'était pas une déesse, mais elle n'était pas non plus une simple humaine ordinaire, il serait idiot de s'en persuader quand on cherchait à lui faire passer un message. Messagère des Douzes, elle s'était accomodée à ce titre également. Mais cette voix qu'elle entendait n'était pas l'un des Douze, jamais un dieu ne rentrerait en contact personnellement avec elle, aussi frontalement.

Une porte, une voix, un appel à l'appel. Qui peux-tu bien être ?

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