[Lenore] Tome IV - Au travers des ténèbres
Lyssie
Il y a 10 mois et 4 jours
Finalement, cette histoire d'hérésiarque sur l'Archipel d'Ori devrait encore attendre. La lune brillait dans le ciel noscéen quand Lenore se tenait au balcon du Repos du Loup, Alexander dormant paisiblement dans ses bras. Elle avait choisi ce cadre plus calme au concert de Misaki qui se produisait à la Rose des Mers, encore perturbée par les révélations qu'elle venait tout juste d'avoir, en plus de savoir le Ragnarok parti dans cet infini lointain.
Alastor, cet autre homme à ses côtés aux cheveux blancs et ce décor de Mhach. Cette fois-ci, elle avait revisité cette vision avec deux autres personnes en plus d'Anaëlle : Ruuj et Aiko, dont elle ne suspectait pas cette dernière d'être en possession de l'Écho. Ils discutaient du passé d'Alastor, que celui-ci venait d'un monde révolu et cela avait bel et bien confirmé qu'il était un ascien à traverser ainsi les âges et les mondes.
Pourtant, ce n'était pas Alastor qui lui resta en tête ce soir-là, mais bien la voix et le visage de son partenaire à ses côtés. Rien de ses traits lui rappelaient quelque chose, seule sa voix parvenue à ses oreilles lui était familière. Elle l'avait déjà entendu après les apparitions d'Alastor, dont une dans une vision dans une tour...où elle avait débloqué une partie de ses pouvoirs. Celui de contrôler ses visions. Les arrêter, les rembobiner et les jouer à sa guise, elle était désormais loin l'époque où elle était encore victime de ces "hallucinations" qui lui montraient un destin funeste. Bien sûr, cela restait sa fonction principale, mais ces nouvelles visions lui contaient quelque chose de nouveau, comme l'avertissant d'un autre danger...ou lui faire comprendre ce qu'il pourrait se passer par la suite. Il n'y avait rien de plus frustrant que de nager en plein doute, mais s'il fallait une fois de plus passer par là, elle n'hésiterait plus une seule seconde.
Plus leurs recherches avançaient, et plus il était clair pour tout le monde qu'Alastor était un homme du treizième reflet, soit le monde du néant aujourd'hui. Grâce à une autre vision qu'elles avaient partagées, le soleil noir, l'éther penchant vers de l'ombral et cette architecture qu'elles ne reconnaissaient pas ne leur laissèrent aucun doute.
Mais il a fallu qu'il soit l'un des Guerriers de la Lumière...
A y repenser, cela ne faisait qu’amplifier l’incompréhension dans lequel elle baignait depuis. Sous l'impulsion de Ruuj qui avait préconisé d'examiner l'éther d'Alastor, alias Lucifer de son vrai nom, elle s'était attendue à y voir l'âme d'un ascien, comme elles s'y attendaient toutes. Quelle n'était pas leur surprise quand Lenore avait été la seule à voir au travers de l'homme farfelu une âme brillante, aussi brillante que le véritable Guerrier de la Lumière de leur planète bien aimée. Un choc pour l'Ordonnatrice qui, depuis tout ce temps, ne voyait en lui que le mal. Hélas, cette découverte ne fit qu'poser encore plus de questions... Pourquoi semblait-il résigné à attendre la fin des temps sur ces deux planètes, s'il était toujours là aujourd'hui ? Quand est-ce qu'Alastor est né, quand est-ce que Lucifer s'est emmuré ?
Elles avaient discuté, émis leurs premières théories ensemble, qu'il avait volontairement choisi ce chemin pour sauver les siens dans le treizième reflet. En supprimant le monde du néant, il offrait ainsi la paix à ceux qui étaient autrefois ses compagnons, sa famille, son peuple. C'en était que plus troublant encore.
Le vent se leva, arrachant un frisson au petit louveteau qui se réveilla dans les bras de sa mère. Lorsqu'il redressa la tête, il contempla pour la première fois le doute sur le visage de sa mère qui, contre toute attente, ne le laissa plus dans son silence.
"Ma'...Ma'. Ma' ! Pas triste !"
Cela aura eu le don de décrocher à sa mère un sourire bien plus chaleureux à l'attention de son fils. Lenore plaça une main derrière sa tête pour le presser contre sa joue, doucement.
"Maman n'est pas triste. Elle réfléchit.
- Papa ?
- Pas à ton père, non. Au bien et au mal. A l'équilibre."
Rien n'était plus adorable que de lire l'incompréhension sur le visage d'Alexander qui fit à sa mère une moue de colère. A un an et quelques lunes à peine, il savait désormais se faire bien plus vindicatif et autoritaire, droit dans ses bottes. La jeune mère déposa un baiser sur son front avant de rentrer au pavillon, il commençait à faire tard pour lui.
Une fois endormi dans son lit, et cela n'avait pas été si difficile que ça finalement, elle s'était couchée auprès de son époux déjà bien endormi après une longue journée de travail. Collant sa tête contre son torse, elle était bercée au gré de sa respiration paisible comme cherchant un point d'ancrage dans sa vie. Alors que tout se bousculait en elle, une image lui traversa l'esprit.
Le symbole du sablier sur la couverture du livre que tenait l'homme aux cheveux blancs ne lui était pas inconnu. Par-delà les montagnes du Coerthas, dans une petite tour que feu son oncle Harebourg tenait loin des regards indiscrets, il lui semblait avoir vu ce même emblème.
Alastor, cet autre homme à ses côtés aux cheveux blancs et ce décor de Mhach. Cette fois-ci, elle avait revisité cette vision avec deux autres personnes en plus d'Anaëlle : Ruuj et Aiko, dont elle ne suspectait pas cette dernière d'être en possession de l'Écho. Ils discutaient du passé d'Alastor, que celui-ci venait d'un monde révolu et cela avait bel et bien confirmé qu'il était un ascien à traverser ainsi les âges et les mondes.
Pourtant, ce n'était pas Alastor qui lui resta en tête ce soir-là, mais bien la voix et le visage de son partenaire à ses côtés. Rien de ses traits lui rappelaient quelque chose, seule sa voix parvenue à ses oreilles lui était familière. Elle l'avait déjà entendu après les apparitions d'Alastor, dont une dans une vision dans une tour...où elle avait débloqué une partie de ses pouvoirs. Celui de contrôler ses visions. Les arrêter, les rembobiner et les jouer à sa guise, elle était désormais loin l'époque où elle était encore victime de ces "hallucinations" qui lui montraient un destin funeste. Bien sûr, cela restait sa fonction principale, mais ces nouvelles visions lui contaient quelque chose de nouveau, comme l'avertissant d'un autre danger...ou lui faire comprendre ce qu'il pourrait se passer par la suite. Il n'y avait rien de plus frustrant que de nager en plein doute, mais s'il fallait une fois de plus passer par là, elle n'hésiterait plus une seule seconde.
Plus leurs recherches avançaient, et plus il était clair pour tout le monde qu'Alastor était un homme du treizième reflet, soit le monde du néant aujourd'hui. Grâce à une autre vision qu'elles avaient partagées, le soleil noir, l'éther penchant vers de l'ombral et cette architecture qu'elles ne reconnaissaient pas ne leur laissèrent aucun doute.
Mais il a fallu qu'il soit l'un des Guerriers de la Lumière...
A y repenser, cela ne faisait qu’amplifier l’incompréhension dans lequel elle baignait depuis. Sous l'impulsion de Ruuj qui avait préconisé d'examiner l'éther d'Alastor, alias Lucifer de son vrai nom, elle s'était attendue à y voir l'âme d'un ascien, comme elles s'y attendaient toutes. Quelle n'était pas leur surprise quand Lenore avait été la seule à voir au travers de l'homme farfelu une âme brillante, aussi brillante que le véritable Guerrier de la Lumière de leur planète bien aimée. Un choc pour l'Ordonnatrice qui, depuis tout ce temps, ne voyait en lui que le mal. Hélas, cette découverte ne fit qu'poser encore plus de questions... Pourquoi semblait-il résigné à attendre la fin des temps sur ces deux planètes, s'il était toujours là aujourd'hui ? Quand est-ce qu'Alastor est né, quand est-ce que Lucifer s'est emmuré ?
Elles avaient discuté, émis leurs premières théories ensemble, qu'il avait volontairement choisi ce chemin pour sauver les siens dans le treizième reflet. En supprimant le monde du néant, il offrait ainsi la paix à ceux qui étaient autrefois ses compagnons, sa famille, son peuple. C'en était que plus troublant encore.
Le vent se leva, arrachant un frisson au petit louveteau qui se réveilla dans les bras de sa mère. Lorsqu'il redressa la tête, il contempla pour la première fois le doute sur le visage de sa mère qui, contre toute attente, ne le laissa plus dans son silence.
"Ma'...Ma'. Ma' ! Pas triste !"
Cela aura eu le don de décrocher à sa mère un sourire bien plus chaleureux à l'attention de son fils. Lenore plaça une main derrière sa tête pour le presser contre sa joue, doucement.
"Maman n'est pas triste. Elle réfléchit.
- Papa ?
- Pas à ton père, non. Au bien et au mal. A l'équilibre."
Rien n'était plus adorable que de lire l'incompréhension sur le visage d'Alexander qui fit à sa mère une moue de colère. A un an et quelques lunes à peine, il savait désormais se faire bien plus vindicatif et autoritaire, droit dans ses bottes. La jeune mère déposa un baiser sur son front avant de rentrer au pavillon, il commençait à faire tard pour lui.
Une fois endormi dans son lit, et cela n'avait pas été si difficile que ça finalement, elle s'était couchée auprès de son époux déjà bien endormi après une longue journée de travail. Collant sa tête contre son torse, elle était bercée au gré de sa respiration paisible comme cherchant un point d'ancrage dans sa vie. Alors que tout se bousculait en elle, une image lui traversa l'esprit.
Le symbole du sablier sur la couverture du livre que tenait l'homme aux cheveux blancs ne lui était pas inconnu. Par-delà les montagnes du Coerthas, dans une petite tour que feu son oncle Harebourg tenait loin des regards indiscrets, il lui semblait avoir vu ce même emblème.
Quelques jours plus tard, elle s'y était rendue, plus déterminée que jamais pendant qu'elle savait les siens sur plusieurs fronts à la fois. A peine sortie de cette tour qui lui avait révélé bien plus qu'elle ne l'aurait imaginé, elle s'arrêta à la porte, se tenant à celle-ci dans un étourdissement douteux.
Son cristal frontal s'était activé. Après tant de temps, il s'était enfin manifesté, l'esprit s'y cachant à l'intérieur également. Aphelio Herrebourg, cet homme défiant le temps et l'espace, tout comme son oncle. Grâce à cet esprit "blanc", elle avait été capable de lire le Mhachois et elle était également de faire bien de nouvelles choses avec son Écho devenu bien plus complet.
Lire, arrêter, rembobiner mes visions... Lire le Mhachois... Et si je pouvais encore faire plus ?
Sans plus tarder, elle s'engouffra dans le fiacre qui la ramena tout droit au camp du Dragon, rejoindre l'éthérite la plus proche. Au loin, la Tour des Secrets, nom qu'elle s'amusait à donner à cette relique du passé, disparaissait dans le blizzard du Coerthas. Effleurant son collier frontal, la rune incrustée n'avait jamais été aussi brillant.
Jamais... Jamais je ne vous laisserai partir.
Son cristal frontal s'était activé. Après tant de temps, il s'était enfin manifesté, l'esprit s'y cachant à l'intérieur également. Aphelio Herrebourg, cet homme défiant le temps et l'espace, tout comme son oncle. Grâce à cet esprit "blanc", elle avait été capable de lire le Mhachois et elle était également de faire bien de nouvelles choses avec son Écho devenu bien plus complet.
Lire, arrêter, rembobiner mes visions... Lire le Mhachois... Et si je pouvais encore faire plus ?
Sans plus tarder, elle s'engouffra dans le fiacre qui la ramena tout droit au camp du Dragon, rejoindre l'éthérite la plus proche. Au loin, la Tour des Secrets, nom qu'elle s'amusait à donner à cette relique du passé, disparaissait dans le blizzard du Coerthas. Effleurant son collier frontal, la rune incrustée n'avait jamais été aussi brillant.
Jamais... Jamais je ne vous laisserai partir.
Je vous l'ai dit : pas tant que lui ne partira pas !
Son regard s'affuta sur les cimes des montagnes de la région. Alastor, Lucifer... Tant de noms et tant de théories qu'elle allait devoir partager avec ses hommes si elle voulait leur faire comprendre pourquoi elle avait changé d'avis à son sujet. Il se pouvait qu'on ne la comprenne pas, pire, qu'on lui en veuille...
Mais le devoir d'un leader ne s'accompagnait pas seulement de bonnes choses. Parfois, il fallait faire des choix que personne ne ferait d'ordinaire et c'était pour cette raison qu'elle endossait ce rôle.
Mais le devoir d'un leader ne s'accompagnait pas seulement de bonnes choses. Parfois, il fallait faire des choix que personne ne ferait d'ordinaire et c'était pour cette raison qu'elle endossait ce rôle.
De grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités.
Lyssie
Il y a 10 mois et 4 jours
Nims finissait les derniers ajustements, le regard sévère et professionnel sur son propre travail. Retoucher le satin blanc perlé pour l'accorder à la grossesse de sa plus fidèle cliente, et pas n'importe qui, n'était pas de tout repos, surtout pas pour une occasion comme celle-ci. Lenore ne bougeait pas, épaulée par Anaëlle qui ne se contenta pas seulement de garder sa maîtresse droite mais d'être un véritable appui pour cette future mère pour la deuxième fois.
"Il manque quelque chose..., fit tout bas le styliste à lui-même.
- Vous pensez encore à l'améliorer ?"
Elle le savait particulièrement perfectionniste lorsqu'il s'agissait de sa "diva" préférée. Après avoir fait trois fois le tour de Lenore, il arracha un énième tissu des mains de l'une de ses employées pour l'approcher des jupons de sa muse. Ce fut le coup de foudre.
"Il faut que ça soit sensationnel pour votre anniversaire. Je le dois bien à votre époux !"
D'un regard par dessus son épaule, Derek contemplait son cadeau avec un sourire de vainqueur, gardant Alexander dans ses bras qui ne lâcha pas sa mère du regard.
"Tournez sur vous-même. Vous êtes à l'aise ? Le ventre n'est pas trop serré ?"
Toujours aux petits soins, cela avait le mérite de lui décrocher un léger sourire. Elle s'exécuta, aidée par sa dame de compagnie elle tournoya sur elle-même en inspectant les jupons qui tournaient avec élégance, à l'affut du moindre défaut. La soie se mariait à merveille avec les ornements dorés et rien n'était trop large, ni trop serré. Tout était parfait, confortable, sans aucun faux-pli indésirable. Nims replaça les plumes sur le collier frontal de la dame avant de la tourner vers le grand miroir, les mains sur ses bras avant de sentir l'aura noir de l'aigle plus loin.
"Voilà. Vous êtes parfaite, sublime ! Un cadeau à la hauteur de votre prestance !
- C'est... Je ne sais pas quoi vous dire...
- Vous êtes aussi exquise qu'une vicomtesse, Lenore."
La voix de son époux sonnait comme le plus délicieux des compliments à ses oreilles, comme s'il voyait au travers de ce cadeau plus qu'une simple tenue mais une véritable prise de position pour la femme qu'il avait faite sienne il y a tout juste un an et demi.
Anaëlle se recula auprès de Derek, laissant seule sa maîtresse devant son reflet dans le grand miroir de la prestigieuse boutique du Palace Ecarlate. Même devant lui, elle peinait à réaliser sa propre image. Quelle étrange sensation de se sentir aussi différente, plus grande, quand cela devrait seulement être une énième robe parmi tant d'autres.
Seulement une année s'était écoulée depuis l'ouverture de la Rose des Vents et jamais elle ne s'était sentie aussi changée. Il y avait eu d'abord l'assassinat de ses parents qui la propulsa au rang de vicomtesse et tout ce que cela impliquait, puis l'annonce des Tours de l'Apocalypse avec l’émergence des propriétés de sa voix qu'elle devait toujours garder à l'oeil. Aussi il y avait eu l'Apocalypse en elle-même et la mort d'Alice et de son meilleur ami qu'elle avait appris à aimer l'appeler "l'Idiot de Belmont". Voir tous ses hommes, de plus en plus nombreux sous sa direction, grandir et évoluer autour d'un même idéal, voir qu'elle avait appris à pardonner les torts des autres quand il y a un an, on l'appelait l'inquisitrice tant on craignait son inflexibilité ; tout cela lui faisait prendre conscience à quel point elle avait elle aussi changé tout en ayant le sentiment de rester immuable. A ses yeux, elle avait toujours été cette femme intransigeante qui faisait passer les problèmes de autres avant les siens, jusqu'à ce jour où elle devait enfin confronter qui elle était réellement aujourd'hui.
D'une caresse sur son ventre, elle peinait encore à croire qu'en ne se regardant pas dans la glace, elle avait mis la santé de sa fille en péril. Aveuglée par ses devoirs de chef de compagnie, le sort avait voulu que même en se retirant du terrain son enfant allait pâtir de son obstination pour le bien des autres et qu'elle était condamnée désormais à subir les séquelles de sa propre bêtise. Elle songea à Revna ; si elle maudissait son mensonge, il était peut-être aujourd'hui le seul capable de sauver sa fille.
"Madame de Riverhood, votre avis sur la tenue ?"
Sortie de ses songes, elle contempla l’œuvre de son modéliste pour qui le plaisir de voir ses créations faire leur travail lui valait grande satisfaction.
Dans son miroir, elle pouvait désormais observer la femme qu'elle était devenue. Vicomtesse et Ordonnatrice d'une compagnie d'aventuriers en quête de toujours plus d'histoires à raconter, à vivre, bientôt à la tête d'un empire financier avec son projet des arches de l'humanité qui commençait tout juste à prendre forme. Bien que ralentie par sa grossesse, brûlait toujours en elle l'ambition d'apporter quelque chose de plus dans son monde, chose qu'elle avait promis à Dorian lorsqu'elle avait fait face à ses dernières volontés. Elle pouvait être fière de la première arche, la Rose des Mers, puis de la seconde, celle de Tuhei. Il en adviendrait d'autres qui ne demandaient qu'à être construit pour l'avenir de leur monde, Lenore pouvait enfin penser à l'avenir sans se tuer à la tâche. Quoi de plus normal après une apocalypse ? Quand on touche le fond, on ne peut que remonter à la surface.
"Je n'ai pas les mots pour décrire toute la joie qui m'habite, Nims. Je vous remercie.
- J'ai déjà fait acheminé chez vous deux autres robes de la même couture avec d'autres couleurs. C'est un cadeau de la maison."
Il s'inclina avant de disparaître avec ses employées, toujours de son air excentrique il avait fait honneur à la demande de Derek qui se releva pour s'approcher de sa femme. Il observait sa silhouette au travers du miroir, comme Alexander qui tendit les bras vers sa mère mais, pour une fois, jalousement gardé par son père. Il ne faudrait pas froisser la robe. Plus silencieuse, Anaëlle observait en secret sa maîtresse en qui elle voyait briller une sage en devenir puisqu'en réalité...
"Il manque quelque chose..., fit tout bas le styliste à lui-même.
- Vous pensez encore à l'améliorer ?"
Elle le savait particulièrement perfectionniste lorsqu'il s'agissait de sa "diva" préférée. Après avoir fait trois fois le tour de Lenore, il arracha un énième tissu des mains de l'une de ses employées pour l'approcher des jupons de sa muse. Ce fut le coup de foudre.
"Il faut que ça soit sensationnel pour votre anniversaire. Je le dois bien à votre époux !"
D'un regard par dessus son épaule, Derek contemplait son cadeau avec un sourire de vainqueur, gardant Alexander dans ses bras qui ne lâcha pas sa mère du regard.
"Tournez sur vous-même. Vous êtes à l'aise ? Le ventre n'est pas trop serré ?"
Toujours aux petits soins, cela avait le mérite de lui décrocher un léger sourire. Elle s'exécuta, aidée par sa dame de compagnie elle tournoya sur elle-même en inspectant les jupons qui tournaient avec élégance, à l'affut du moindre défaut. La soie se mariait à merveille avec les ornements dorés et rien n'était trop large, ni trop serré. Tout était parfait, confortable, sans aucun faux-pli indésirable. Nims replaça les plumes sur le collier frontal de la dame avant de la tourner vers le grand miroir, les mains sur ses bras avant de sentir l'aura noir de l'aigle plus loin.
"Voilà. Vous êtes parfaite, sublime ! Un cadeau à la hauteur de votre prestance !
- C'est... Je ne sais pas quoi vous dire...
- Vous êtes aussi exquise qu'une vicomtesse, Lenore."
La voix de son époux sonnait comme le plus délicieux des compliments à ses oreilles, comme s'il voyait au travers de ce cadeau plus qu'une simple tenue mais une véritable prise de position pour la femme qu'il avait faite sienne il y a tout juste un an et demi.
Anaëlle se recula auprès de Derek, laissant seule sa maîtresse devant son reflet dans le grand miroir de la prestigieuse boutique du Palace Ecarlate. Même devant lui, elle peinait à réaliser sa propre image. Quelle étrange sensation de se sentir aussi différente, plus grande, quand cela devrait seulement être une énième robe parmi tant d'autres.
Seulement une année s'était écoulée depuis l'ouverture de la Rose des Vents et jamais elle ne s'était sentie aussi changée. Il y avait eu d'abord l'assassinat de ses parents qui la propulsa au rang de vicomtesse et tout ce que cela impliquait, puis l'annonce des Tours de l'Apocalypse avec l’émergence des propriétés de sa voix qu'elle devait toujours garder à l'oeil. Aussi il y avait eu l'Apocalypse en elle-même et la mort d'Alice et de son meilleur ami qu'elle avait appris à aimer l'appeler "l'Idiot de Belmont". Voir tous ses hommes, de plus en plus nombreux sous sa direction, grandir et évoluer autour d'un même idéal, voir qu'elle avait appris à pardonner les torts des autres quand il y a un an, on l'appelait l'inquisitrice tant on craignait son inflexibilité ; tout cela lui faisait prendre conscience à quel point elle avait elle aussi changé tout en ayant le sentiment de rester immuable. A ses yeux, elle avait toujours été cette femme intransigeante qui faisait passer les problèmes de autres avant les siens, jusqu'à ce jour où elle devait enfin confronter qui elle était réellement aujourd'hui.
D'une caresse sur son ventre, elle peinait encore à croire qu'en ne se regardant pas dans la glace, elle avait mis la santé de sa fille en péril. Aveuglée par ses devoirs de chef de compagnie, le sort avait voulu que même en se retirant du terrain son enfant allait pâtir de son obstination pour le bien des autres et qu'elle était condamnée désormais à subir les séquelles de sa propre bêtise. Elle songea à Revna ; si elle maudissait son mensonge, il était peut-être aujourd'hui le seul capable de sauver sa fille.
"Madame de Riverhood, votre avis sur la tenue ?"
Sortie de ses songes, elle contempla l’œuvre de son modéliste pour qui le plaisir de voir ses créations faire leur travail lui valait grande satisfaction.
Dans son miroir, elle pouvait désormais observer la femme qu'elle était devenue. Vicomtesse et Ordonnatrice d'une compagnie d'aventuriers en quête de toujours plus d'histoires à raconter, à vivre, bientôt à la tête d'un empire financier avec son projet des arches de l'humanité qui commençait tout juste à prendre forme. Bien que ralentie par sa grossesse, brûlait toujours en elle l'ambition d'apporter quelque chose de plus dans son monde, chose qu'elle avait promis à Dorian lorsqu'elle avait fait face à ses dernières volontés. Elle pouvait être fière de la première arche, la Rose des Mers, puis de la seconde, celle de Tuhei. Il en adviendrait d'autres qui ne demandaient qu'à être construit pour l'avenir de leur monde, Lenore pouvait enfin penser à l'avenir sans se tuer à la tâche. Quoi de plus normal après une apocalypse ? Quand on touche le fond, on ne peut que remonter à la surface.
"Je n'ai pas les mots pour décrire toute la joie qui m'habite, Nims. Je vous remercie.
- J'ai déjà fait acheminé chez vous deux autres robes de la même couture avec d'autres couleurs. C'est un cadeau de la maison."
Il s'inclina avant de disparaître avec ses employées, toujours de son air excentrique il avait fait honneur à la demande de Derek qui se releva pour s'approcher de sa femme. Il observait sa silhouette au travers du miroir, comme Alexander qui tendit les bras vers sa mère mais, pour une fois, jalousement gardé par son père. Il ne faudrait pas froisser la robe. Plus silencieuse, Anaëlle observait en secret sa maîtresse en qui elle voyait briller une sage en devenir puisqu'en réalité...
Il ne restait plus qu'un mois avant les examens.
Lyssie
Il y a 10 mois et 4 jours
Le soleil venait tout juste de décliner derrière les grands bâtiments blancs de Sharlayan quand l'ombre grandissante atteignit l'ouvrage que Lenore lisait avec une rigueur digne des élèves les plus acharnés. Les étudiants et chercheurs de la Cité du Savoir fourmillaient encore dans les rues pour regagner leur maison après une rude journée d'études ; l'examen d'entrée au département de noologie de l'académie était à deux semaines tout au plus, et elle demeurait assise devant la fontaine centrale, épluchant le troisième livre sur les œufs-de-vipère de la journée.
Il n'y avait pas un jour sans qu'elle ne se consacre à cette pratique bien singulière de la magie, presque avec autant de dévotion qu'envers sa musique. Il faut dire qu'à trois lunes de son accouchement, elle n'avait que les livres, ses cours sur l'éther et les gâteaux comme seule compagnie. Et puis, il fallait bien trouver l'origine de son problème de manipulation des nouliths...
"Madame de Riverhood."
Bertefant, qu'elle avait appelé personnellement, s'inclina devant elle avant de remonter ses lunettes.
"Vous avez fait vite.
- Je n'étais pas très loin, en plein dans mes recherches."
Recherches qu'elle appris rapidement être aussi personnel que professionnel. Contrairement à ce qu'elle pouvait penser de lui, il était de ces sharlayanais qui n'avaient pas suivi l'exode de la Nouvelle Sharlayan, ce qui lui avait interdit pendant de nombreuses années ses entrées dans la Vieille Sharlayan, aujourd'hui révolue.
Ils discutèrent longuement sous les regards intrigués de certains passants. Lenore bloquait, on lui avait dit que la pratique était difficile mais de là à la faire douter sur la sélection en approche ? Il en fallait beaucoup. Sous l'oeil attentif de l'élezen, elle put manier deux nouliths en même temps, bien qu'il lui préconisa de ne pas trop en faire tant qu'on ne savait pas plus au sujet du mal qui rongeait son enfant, chose qui la tracassait de plus en plus à mesure que le jour fatidique approchait. Son enfant, qu'elle savait être une fille, manquait d'éther depuis que sa mère avait puisé jusqu'au fond de sa réserve afin d'échapper au pire lors de l'apocalypse. Une grave erreur qui laissa germer dans l'esprit de "son" professeur une théorie des plus inquiétantes.
"Si vous êtes stable et que votre enfant manque encore d'éther, c'est que vous êtes à un niveau d'équilibre où, d'un côté vous en disposez suffisamment pour être en bonne santé, et de l'autre, vous en disposez de juste assez pour maintenir votre enfant sur sa ligne de développement mais pas assez pour combler son retard. Contrairement à ce que l'on peut penser, les poussées de croissance n'arrivent pas que pendant l'adolescence. Elles peuvent survenir durant tout le développement d'un enfant, même lorsqu'il n'est pas encore venu au monde. Si nous étions capable de lui insuffler de l'éther supplémentaire et qu'elle l'absorbe sans rejet, on pourrait combler ce manque qui permettrait de rattraper son retard."
Cela avait su redonner de l'espoir à cette future mère pour la deuxième fois. Revna, Diana, et aujourd'hui Bertefant s'alliaient pour affirmer que l'avenir de cette enfant n'était pas scellé et qu'il y avait encore possibilité à ce qu'elle s'en sorte sans problème. Qu'il ait raison ou non, il mit avant tout en lumière une solution aussitôt confirmée par Diana au lendemain de sa rencontre avec Bertefant...
"Je comprends mieux."
Lenore, adossée sur la rembarre du balcon de Diana, observa sa belle-soeur se redresser, le visage illuminé par les premiers rayons du soleil. La rosée du matin rafraichissait la région, mais il fallait plus que ça pour arrêter la passion pour l'apprentissage de Lenore. Diana renfila ses gants, sereine.
"Plus de peur que de mal, nous ferons d'autres tests pour confirmer tout cela.
- Qu'en est-il de ma maîtrise de l'éther ?
- C'est simple... Vous pouvez utiliser tout votre potentiel. De toute évidence, vous vous bloquiez vous-même."
Cela la frappa plus qu'elle ne l'aurait cru. Quoi qu'elle pouvait en dire, depuis tout ce temps elle s'interdisait d'utiliser son éther à son plein potentiel en sur-pensant à l'état de sa fille, quitte à ce qu'elle n'avance plus dans ses objectifs. Bien sûr, une mère devait penser à ses enfants, mais une mère ne devait pas oublier qu'elle était une femme avant tout.
Elle lui sourit, le regard sûr et ambitieux.
"Alors je ne me retiendrai plus."
Il n'y avait pas un jour sans qu'elle ne se consacre à cette pratique bien singulière de la magie, presque avec autant de dévotion qu'envers sa musique. Il faut dire qu'à trois lunes de son accouchement, elle n'avait que les livres, ses cours sur l'éther et les gâteaux comme seule compagnie. Et puis, il fallait bien trouver l'origine de son problème de manipulation des nouliths...
"Madame de Riverhood."
Bertefant, qu'elle avait appelé personnellement, s'inclina devant elle avant de remonter ses lunettes.
"Vous avez fait vite.
- Je n'étais pas très loin, en plein dans mes recherches."
Recherches qu'elle appris rapidement être aussi personnel que professionnel. Contrairement à ce qu'elle pouvait penser de lui, il était de ces sharlayanais qui n'avaient pas suivi l'exode de la Nouvelle Sharlayan, ce qui lui avait interdit pendant de nombreuses années ses entrées dans la Vieille Sharlayan, aujourd'hui révolue.
Ils discutèrent longuement sous les regards intrigués de certains passants. Lenore bloquait, on lui avait dit que la pratique était difficile mais de là à la faire douter sur la sélection en approche ? Il en fallait beaucoup. Sous l'oeil attentif de l'élezen, elle put manier deux nouliths en même temps, bien qu'il lui préconisa de ne pas trop en faire tant qu'on ne savait pas plus au sujet du mal qui rongeait son enfant, chose qui la tracassait de plus en plus à mesure que le jour fatidique approchait. Son enfant, qu'elle savait être une fille, manquait d'éther depuis que sa mère avait puisé jusqu'au fond de sa réserve afin d'échapper au pire lors de l'apocalypse. Une grave erreur qui laissa germer dans l'esprit de "son" professeur une théorie des plus inquiétantes.
"Si vous êtes stable et que votre enfant manque encore d'éther, c'est que vous êtes à un niveau d'équilibre où, d'un côté vous en disposez suffisamment pour être en bonne santé, et de l'autre, vous en disposez de juste assez pour maintenir votre enfant sur sa ligne de développement mais pas assez pour combler son retard. Contrairement à ce que l'on peut penser, les poussées de croissance n'arrivent pas que pendant l'adolescence. Elles peuvent survenir durant tout le développement d'un enfant, même lorsqu'il n'est pas encore venu au monde. Si nous étions capable de lui insuffler de l'éther supplémentaire et qu'elle l'absorbe sans rejet, on pourrait combler ce manque qui permettrait de rattraper son retard."
Cela avait su redonner de l'espoir à cette future mère pour la deuxième fois. Revna, Diana, et aujourd'hui Bertefant s'alliaient pour affirmer que l'avenir de cette enfant n'était pas scellé et qu'il y avait encore possibilité à ce qu'elle s'en sorte sans problème. Qu'il ait raison ou non, il mit avant tout en lumière une solution aussitôt confirmée par Diana au lendemain de sa rencontre avec Bertefant...
"Je comprends mieux."
Lenore, adossée sur la rembarre du balcon de Diana, observa sa belle-soeur se redresser, le visage illuminé par les premiers rayons du soleil. La rosée du matin rafraichissait la région, mais il fallait plus que ça pour arrêter la passion pour l'apprentissage de Lenore. Diana renfila ses gants, sereine.
"Plus de peur que de mal, nous ferons d'autres tests pour confirmer tout cela.
- Qu'en est-il de ma maîtrise de l'éther ?
- C'est simple... Vous pouvez utiliser tout votre potentiel. De toute évidence, vous vous bloquiez vous-même."
Cela la frappa plus qu'elle ne l'aurait cru. Quoi qu'elle pouvait en dire, depuis tout ce temps elle s'interdisait d'utiliser son éther à son plein potentiel en sur-pensant à l'état de sa fille, quitte à ce qu'elle n'avance plus dans ses objectifs. Bien sûr, une mère devait penser à ses enfants, mais une mère ne devait pas oublier qu'elle était une femme avant tout.
Elle lui sourit, le regard sûr et ambitieux.
"Alors je ne me retiendrai plus."
De retour au Repos du Loup pour la nuit, elle avait bordé Alexander et embrassé la tempe de son époux endormi sur son bureau avant de se tourner face aux nouliths de fortune que lui prêtait Brienne. Loin d'être de mauvaise facture, on était loin des beaux ornements mais ce n'était pas ce qu'elle cherchait, non. Devant la cheminée, l'ombre de sa silhouette hésitante se reflétait sur le mur boisé.
"Je peux le faire... Je le peux."
Elle ferma les yeux, la main tendue vers les instruments. Depuis toutes ces semaines alitée, elle avait passé son temps à lire et relire les ouvrages de la noologie ainsi que de tout ce que cela représentait. Il était temps qu'elle voie le fruit de son travail. Dans le noir, quatre sphères blanches apparurent pour s'élever à son niveau. Elles volèrent ici et là, dirigées par un chef d'orchestre minutieux et attentif. Sa barrière levée, il lui semblait bien plus simple, soudainement, de pouvoir manier ses "extensions d'elle-même", sans que le poids de la culpabilité ne l'incombe. En ouvrant les yeux, les quatre nouliths ne se tenaient plus devant elle mais bien tout autour d'elle, flottant doucement. L'ombre sur le bois le confirmait, une pointe de joie, mesurée mais bien là, lui arracha un sourire.
"Je peux le faire... Je le peux."
Elle ferma les yeux, la main tendue vers les instruments. Depuis toutes ces semaines alitée, elle avait passé son temps à lire et relire les ouvrages de la noologie ainsi que de tout ce que cela représentait. Il était temps qu'elle voie le fruit de son travail. Dans le noir, quatre sphères blanches apparurent pour s'élever à son niveau. Elles volèrent ici et là, dirigées par un chef d'orchestre minutieux et attentif. Sa barrière levée, il lui semblait bien plus simple, soudainement, de pouvoir manier ses "extensions d'elle-même", sans que le poids de la culpabilité ne l'incombe. En ouvrant les yeux, les quatre nouliths ne se tenaient plus devant elle mais bien tout autour d'elle, flottant doucement. L'ombre sur le bois le confirmait, une pointe de joie, mesurée mais bien là, lui arracha un sourire.
Elle pouvait le faire.
Lyssie
Il y a 10 mois et 4 jours
"Riverhood, c'est à vous."
Dans cette salle de classe où une majorité des élèves avaient déjà passé leurs épreuves pratiques ne restait que cette étrangère aux étoffes ishgardaises qui ne pouvait plus que compter sur elle-même maintenant que Kikyo avait elle aussi passé cette porte qui les séparait des examinateurs. Les six heures d'épreuves écrites l'avaient pour le moins épuisée, mais elle remerciait intérieurement l'efficacité des médicaments et autres vitamines donnés par Diana pour l'occasion, son regard transpirait de cette ambition pour la réussite. Elle était venue de loin et ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin.
Lenore se leva après avoir rangé son livre dans son sac et traversa la foule restante d'étudiants accompagnés de leurs mentors qui ne cessèrent de les dévisager, elle et son enfant emmitouflée sous son épais manteau.
Ce sentiment d'exclusion ne lui était que trop familier ; à Ishgard, la haute noblesse avait ce même regard de chien de faïence et il lui suffisait de faire comme à son habitude : faire fi des médisances et marquer les esprits par la réussite. Ce n'était pas sans lui rappeler cette réception mondaine à l'ambassade uldienne à Ishgard il y a deux ans où, pour rattraper l'incompétence de certains des siens, elle avait dû jouer un coup de maître qui lui avait autant valu de commérages que de bons résultats. Cette deuxième épreuve n'y ferait pas exception.
Devant la porte, Lenore souriait intérieurement, scrupuleusement analysée par l'élezen en charge de la surveillance. D'un seul regard, il comprit aussitôt.
"Suivez-moi."
C'était maintenant ou jamais. Lorsque les portes s'ouvrirent, une lumière aveuglante lui laissa à peine le temps de penser à Diana, Bertefant, Derek, ou encore à Dorian pour qui elle avait enfin décidé de faire le pas et devenir sage qu'on lui demanda de s'avancer jusqu'aux trois examinateurs de l'épreuve pratique. Contrairement à eux, personne ici ne croyait en elle, pas plus que l'auditoire qui avait son regard braqué sur cette inconnue venue espérer entrer dans la prestigieuse académie de magie sharlayanaise.
A l'image des Rostres, l'auditorium se voulait être comme un amphithéâtre, en plus petit et plus modeste. Parmi le jury, elle s'attendait à voir le grand recteur Montichaigne mais en levant son regard vers les gradins, elle le vit proche de la cabine de Brienne qui restait discrète au sein de l'amas d'autres mentors venus soutenir leurs élèves. Plus étonnant encore, elle crut voir le visage de Bertefant passer derrière d'autres professeurs, mais peut-être n'était-ce là que son imagination pour atténuer le stress qui lui noua la gorge malgré elle.
"Riverhood Lenore d'Ishgard. Veuillez vous avancer et commencez quand vous le souhaitez."
La voix d'un des examinateurs la ramena sur terre. Elle inclina poliment la tête et sans un mot, elle enleva son manteau et ses gants pour les déposer à côté d'un pupitre vide avec son sac avant de s'avancer jusqu'au centre de l'auditorium sans qu'on ne la quitte des yeux. Même enceinte, elle savait qu'elle n'aurait aucun traitement de faveur et elle n'en voulait pas. Une fois au milieu, il n'y avait plus ses livres ni les conseils et les cours de ses "bienfaiteurs", il n'y avait plus qu'elle et ses propres capacités. La salle plongea alors dans un silence assourdissant.
Les yeux fermés, elle brisa instantanément cette paix par la naissance de plusieurs diagrammes tracés avec rigueur et minutie, l'éther concentré dans ses mains même parmi tout son corps projeta plusieurs schémas violets, bleutés ou encore bicolore. Sans même poser un regard sur ce qui l'entourait, un brouhaha léger se mêla aux sons ésothériques de ses tracés lorsque dans les gradins, l'assemblée constata avec surprise la facilité à laquelle cette simple ishgardaise manipulait son éther. Chaque sort qu'elle recréait soulevait sa chevelure selon la puissance qu'elle mettait mais loin d'être à la hauteur des élèves sharlayanais, ils étaient tout de même parfaits, stables et particulièrement prometteurs selon ce qu'on pouvait en déduire du regard stupéfait des examinateurs. Comme lui avait dit sa belle-soeur, elle n'avait plus peur de puiser dans le fond de son éther et ce fit son effet. Brienne cacha derrière sa main un sourire satisfait, elle n'avait pas tort de miser sur le talent de Lenore, pas plus que le jury qui ne l'interrompit pas dans son épreuve. Concentrée, elle ouvrit finalement enfin les yeux pour observer les examinateurs droit dans les yeux.
Je le fais pour toi, Dorian. Je le fais tout pour tous ceux que je veux protéger coûte que coûte.
Cela dura une trentaine de minutes tout au plus. Trente minutes pour faire valoir ce qu'elle valait aux yeux de ceux qu'elle souhaitait convaincre.
Dans cette salle de classe où une majorité des élèves avaient déjà passé leurs épreuves pratiques ne restait que cette étrangère aux étoffes ishgardaises qui ne pouvait plus que compter sur elle-même maintenant que Kikyo avait elle aussi passé cette porte qui les séparait des examinateurs. Les six heures d'épreuves écrites l'avaient pour le moins épuisée, mais elle remerciait intérieurement l'efficacité des médicaments et autres vitamines donnés par Diana pour l'occasion, son regard transpirait de cette ambition pour la réussite. Elle était venue de loin et ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin.
Lenore se leva après avoir rangé son livre dans son sac et traversa la foule restante d'étudiants accompagnés de leurs mentors qui ne cessèrent de les dévisager, elle et son enfant emmitouflée sous son épais manteau.
Ce sentiment d'exclusion ne lui était que trop familier ; à Ishgard, la haute noblesse avait ce même regard de chien de faïence et il lui suffisait de faire comme à son habitude : faire fi des médisances et marquer les esprits par la réussite. Ce n'était pas sans lui rappeler cette réception mondaine à l'ambassade uldienne à Ishgard il y a deux ans où, pour rattraper l'incompétence de certains des siens, elle avait dû jouer un coup de maître qui lui avait autant valu de commérages que de bons résultats. Cette deuxième épreuve n'y ferait pas exception.
Devant la porte, Lenore souriait intérieurement, scrupuleusement analysée par l'élezen en charge de la surveillance. D'un seul regard, il comprit aussitôt.
"Suivez-moi."
C'était maintenant ou jamais. Lorsque les portes s'ouvrirent, une lumière aveuglante lui laissa à peine le temps de penser à Diana, Bertefant, Derek, ou encore à Dorian pour qui elle avait enfin décidé de faire le pas et devenir sage qu'on lui demanda de s'avancer jusqu'aux trois examinateurs de l'épreuve pratique. Contrairement à eux, personne ici ne croyait en elle, pas plus que l'auditoire qui avait son regard braqué sur cette inconnue venue espérer entrer dans la prestigieuse académie de magie sharlayanaise.
A l'image des Rostres, l'auditorium se voulait être comme un amphithéâtre, en plus petit et plus modeste. Parmi le jury, elle s'attendait à voir le grand recteur Montichaigne mais en levant son regard vers les gradins, elle le vit proche de la cabine de Brienne qui restait discrète au sein de l'amas d'autres mentors venus soutenir leurs élèves. Plus étonnant encore, elle crut voir le visage de Bertefant passer derrière d'autres professeurs, mais peut-être n'était-ce là que son imagination pour atténuer le stress qui lui noua la gorge malgré elle.
"Riverhood Lenore d'Ishgard. Veuillez vous avancer et commencez quand vous le souhaitez."
La voix d'un des examinateurs la ramena sur terre. Elle inclina poliment la tête et sans un mot, elle enleva son manteau et ses gants pour les déposer à côté d'un pupitre vide avec son sac avant de s'avancer jusqu'au centre de l'auditorium sans qu'on ne la quitte des yeux. Même enceinte, elle savait qu'elle n'aurait aucun traitement de faveur et elle n'en voulait pas. Une fois au milieu, il n'y avait plus ses livres ni les conseils et les cours de ses "bienfaiteurs", il n'y avait plus qu'elle et ses propres capacités. La salle plongea alors dans un silence assourdissant.
Les yeux fermés, elle brisa instantanément cette paix par la naissance de plusieurs diagrammes tracés avec rigueur et minutie, l'éther concentré dans ses mains même parmi tout son corps projeta plusieurs schémas violets, bleutés ou encore bicolore. Sans même poser un regard sur ce qui l'entourait, un brouhaha léger se mêla aux sons ésothériques de ses tracés lorsque dans les gradins, l'assemblée constata avec surprise la facilité à laquelle cette simple ishgardaise manipulait son éther. Chaque sort qu'elle recréait soulevait sa chevelure selon la puissance qu'elle mettait mais loin d'être à la hauteur des élèves sharlayanais, ils étaient tout de même parfaits, stables et particulièrement prometteurs selon ce qu'on pouvait en déduire du regard stupéfait des examinateurs. Comme lui avait dit sa belle-soeur, elle n'avait plus peur de puiser dans le fond de son éther et ce fit son effet. Brienne cacha derrière sa main un sourire satisfait, elle n'avait pas tort de miser sur le talent de Lenore, pas plus que le jury qui ne l'interrompit pas dans son épreuve. Concentrée, elle ouvrit finalement enfin les yeux pour observer les examinateurs droit dans les yeux.
Je le fais pour toi, Dorian. Je le fais tout pour tous ceux que je veux protéger coûte que coûte.
Cela dura une trentaine de minutes tout au plus. Trente minutes pour faire valoir ce qu'elle valait aux yeux de ceux qu'elle souhaitait convaincre.
Une fois l'épreuve terminée, il était déjà bien tard et les délibérations mettaient beaucoup de temps. Dans le grand couloir, élèves et mentors patientaient la boule au ventre, pour ne pas dire complètement terrifiés à l'idée d'échouer. La foule était dense, à tel point que Lenore dût se réfugier loin derrière, à côté des grandes colonnes où elle vit Kikyo elle aussi coincée entre une fenêtre et une autre colonne. Il lui était impossible de la rejoindre au regard de la foule présente, mais d'un regard silencieux, elle lui espérait la réussite également.
Comme ce qu'on lui avait dit, les résultats de la "purge" étaient cinglants et ne faisaient pas de cadeau, même pour les sharlayanais persuadés d'avoir réussi à l'aide de leurs mentors. Il n'était pas difficile d'entendre la colère de certains élèves orgeuilleux, mais le plus déchirant peut-être était les pleurs des étudiants studieux qui n'auraient même pas dépassé les 50% de réussite. Parmi les plus bornés que l'on voyait d'ores et déjà nez dans leurs livres pour comprendre la raison de leurs échecs, il était un jeune garçon qui se faisait sermonner, voire humilier, par son père. Une mère, à côté, félicitait sa fille d'avoir remporté les honneurs à cet examen pratique, mais on pouvait lire également sur le visage des plus brillants un soupçon de condescendance envers ceux qui avaient échoué. La compétition était rude, ce soir-là.
Aux alentours de la 21ème cloche, alors que la foule était encore importante, elle entendit son nom à la porte de l'auditorium.
"Riverhood, à vous."
Juste avant de passer la porte, elle sentit le regard insistant de Bertefant qu'elle crut voir plus tôt, mais une fois à l'intérieur, il n'y avait plus qu'elle et les trois examinateurs. Les gradins étaient presque vides, mais on devinait derrière le voile de certaines silhouettes la présence de quelques membres du conseil. Elle croyait même, encore une fois, remarquée Brienne qui ne raterait pour rien au monde cette occasion. De nouveau au milieu de l'auditorium, le vieil élezen du jury se redressa pour parler d'une voix claire et articulée.
"Riverhood Lenore. Après délibération, nous avons évalué votre prestation qui vous a valu un score de 89 sur 100."
Son coeur rata un battement à la mention de sa note.
"Vous auriez dû avoir un score plus élevé, mais suite à l'intensité de certains de vos sorts bien trop audacieux et frileux pour une débutante, nous avons décidé de l'abaisser. De vous à moi, il est impossible que vous ayez pu apprendre ces sorts sans l'aide d'un mentor. Or, votre dossier stipule que vous n'en avez pas. Est-ce correct ?
- C'est exact.
- Expliquez en ce cas comment vous avez pu exercé un Panhaima sans cela."
La tension montait, la roegadyn à côté du vieil élezen trahit sa méfiance en plissant le regard. Pourtant, le regard de leur candidate jamais ne se détourna, droite dans ses talons.
"Si je n'ai pas eu de mentor, c'est grâce aux livres dans lesquels je me suis plongée que j'ai pu pratiqué ce sort.
- Il n'est pourtant inscrit nul part ailleurs que dans la mémoire même des sages, enchaîna la roegadyn.
- En effet, mais je n'ai jamais dit que l'on ne m'a pas aidée pour autant."
La roegadyn pesta un instant, visiblement peu convaincue. Avant même qu'elle ne rétorque quoi que ce soit, ce fut l'élezen plus jeune à la droite du vieillard qui enchaîna sur un ton méthodique, détaché, mais profondément juste.
"Les aides ne valent pas la présence d'un mentor assidu et toujours là pour vous soutenir. Ce que je vois, c'est une candidate talentueuse qui a passé haut la main les épreuves écrites et pratiques à l'aide d'ouvrages qu'on lui a prêté."
Aussitôt, la roegadyn mesura son regard, tandis que le vieillard au milieu reprit la parole. Dans les hauteurs s'éleva quelques murmures, la réponse n'a toujours pas été donnée.
"En ce cas, madame Riverhood, vous êtes reçue à l'examen. Voici votre convocation pour la soutenance à laquelle vous devrez impérativement assisté si vous souhaitez bel et bien entrer à l'académie. Sans elle, vous pouvez dire adieu à votre chance.
- Je vous remercie."
Lorsqu'elle récupéra le document, elle inclina la tête avec la déférence que l'on prête aux bonnes filles de famille. Intérieurement, elle contenait une joie immense, poussée par les hormones d'une femme enceinte qui souhaitent à tout prix s'exprimer. Elle salua ainsi le jury et s'apprêtait à partir quand la voix de l'élezen plus jeune l'interpela toujours de sa voix détachée.
"Comme pour le reste des étudiants, il vous sera demandé de venir accompagnée d'un mentor. Hélas, cette fois-ci, vous ne pourrez plus y échapper."
Lenore passa un regard par dessus son épaule et d'un sourire énigmatique, répondit :
"Je prends note de votre conseil. Je vous remercie de votre bienveillance."
Le son de ses talons résonna dans l'auditorium, chaque claquement la séparant un peu plus des examinateurs. Si le vieillard et la roegadyn restèrent stoïque, ce n'est qu'au dernier coup de talon que le jeune élezen esquissa pour la toute première fois un sourire satisfait sur le visage, ayant finalement compris la stratégie de celle qu'il venait d'approuver. En passant le pas de la porte, Lenore referma le col de son manteau, le visage serein. La proposition de mentor de Bertefant ne pouvait pas mieux tomber.
"Quoi que l'on puisse penser d'elle, le talent coule dans ses veines."
Comme ce qu'on lui avait dit, les résultats de la "purge" étaient cinglants et ne faisaient pas de cadeau, même pour les sharlayanais persuadés d'avoir réussi à l'aide de leurs mentors. Il n'était pas difficile d'entendre la colère de certains élèves orgeuilleux, mais le plus déchirant peut-être était les pleurs des étudiants studieux qui n'auraient même pas dépassé les 50% de réussite. Parmi les plus bornés que l'on voyait d'ores et déjà nez dans leurs livres pour comprendre la raison de leurs échecs, il était un jeune garçon qui se faisait sermonner, voire humilier, par son père. Une mère, à côté, félicitait sa fille d'avoir remporté les honneurs à cet examen pratique, mais on pouvait lire également sur le visage des plus brillants un soupçon de condescendance envers ceux qui avaient échoué. La compétition était rude, ce soir-là.
Aux alentours de la 21ème cloche, alors que la foule était encore importante, elle entendit son nom à la porte de l'auditorium.
"Riverhood, à vous."
Juste avant de passer la porte, elle sentit le regard insistant de Bertefant qu'elle crut voir plus tôt, mais une fois à l'intérieur, il n'y avait plus qu'elle et les trois examinateurs. Les gradins étaient presque vides, mais on devinait derrière le voile de certaines silhouettes la présence de quelques membres du conseil. Elle croyait même, encore une fois, remarquée Brienne qui ne raterait pour rien au monde cette occasion. De nouveau au milieu de l'auditorium, le vieil élezen du jury se redressa pour parler d'une voix claire et articulée.
"Riverhood Lenore. Après délibération, nous avons évalué votre prestation qui vous a valu un score de 89 sur 100."
Son coeur rata un battement à la mention de sa note.
"Vous auriez dû avoir un score plus élevé, mais suite à l'intensité de certains de vos sorts bien trop audacieux et frileux pour une débutante, nous avons décidé de l'abaisser. De vous à moi, il est impossible que vous ayez pu apprendre ces sorts sans l'aide d'un mentor. Or, votre dossier stipule que vous n'en avez pas. Est-ce correct ?
- C'est exact.
- Expliquez en ce cas comment vous avez pu exercé un Panhaima sans cela."
La tension montait, la roegadyn à côté du vieil élezen trahit sa méfiance en plissant le regard. Pourtant, le regard de leur candidate jamais ne se détourna, droite dans ses talons.
"Si je n'ai pas eu de mentor, c'est grâce aux livres dans lesquels je me suis plongée que j'ai pu pratiqué ce sort.
- Il n'est pourtant inscrit nul part ailleurs que dans la mémoire même des sages, enchaîna la roegadyn.
- En effet, mais je n'ai jamais dit que l'on ne m'a pas aidée pour autant."
La roegadyn pesta un instant, visiblement peu convaincue. Avant même qu'elle ne rétorque quoi que ce soit, ce fut l'élezen plus jeune à la droite du vieillard qui enchaîna sur un ton méthodique, détaché, mais profondément juste.
"Les aides ne valent pas la présence d'un mentor assidu et toujours là pour vous soutenir. Ce que je vois, c'est une candidate talentueuse qui a passé haut la main les épreuves écrites et pratiques à l'aide d'ouvrages qu'on lui a prêté."
Aussitôt, la roegadyn mesura son regard, tandis que le vieillard au milieu reprit la parole. Dans les hauteurs s'éleva quelques murmures, la réponse n'a toujours pas été donnée.
"En ce cas, madame Riverhood, vous êtes reçue à l'examen. Voici votre convocation pour la soutenance à laquelle vous devrez impérativement assisté si vous souhaitez bel et bien entrer à l'académie. Sans elle, vous pouvez dire adieu à votre chance.
- Je vous remercie."
Lorsqu'elle récupéra le document, elle inclina la tête avec la déférence que l'on prête aux bonnes filles de famille. Intérieurement, elle contenait une joie immense, poussée par les hormones d'une femme enceinte qui souhaitent à tout prix s'exprimer. Elle salua ainsi le jury et s'apprêtait à partir quand la voix de l'élezen plus jeune l'interpela toujours de sa voix détachée.
"Comme pour le reste des étudiants, il vous sera demandé de venir accompagnée d'un mentor. Hélas, cette fois-ci, vous ne pourrez plus y échapper."
Lenore passa un regard par dessus son épaule et d'un sourire énigmatique, répondit :
"Je prends note de votre conseil. Je vous remercie de votre bienveillance."
Le son de ses talons résonna dans l'auditorium, chaque claquement la séparant un peu plus des examinateurs. Si le vieillard et la roegadyn restèrent stoïque, ce n'est qu'au dernier coup de talon que le jeune élezen esquissa pour la toute première fois un sourire satisfait sur le visage, ayant finalement compris la stratégie de celle qu'il venait d'approuver. En passant le pas de la porte, Lenore referma le col de son manteau, le visage serein. La proposition de mentor de Bertefant ne pouvait pas mieux tomber.
"Quoi que l'on puisse penser d'elle, le talent coule dans ses veines."
Au Dernier Rempart, à une table proche de la mer, Lenore discutait tranquillement avec Diana tandis que beaucoup d'étudiants célébraient leur réussite autour du fameux burger qui faisait la renommée de l'établissement. Escortée par deux autres membres de l'administration, Brienne rejoignit la table, son voile relevé.
"Toutes mes félicitations, dame Riverhood. Vous avez impressionné le jury, et moi-même.
- Je sais que je le dois à moi-même, mais cette victoire, je la partage également avec votre associée."
Diana manqua de s'étouffer en buvant son vin à cette mention, encore gênée à l'idée d'effleurer son rêve de devenir une Preux.
"Voyons... Figurez-vous que vous avez fait tellement sensation que beaucoup souhaitent vous avoir comme disciple."
Lenore souffla du nez, rien n'était encore joué, mais il était toujours gratifiant de savoir ce que pensait l'opinion académique. Un appel linkperle la tira discrètement de la conversation pour se poser plus loin vers la barrière droit sur la mer. Ce devait être Derek qui devait attendre les résultats avec autant d'impatience que son fils. Contre toute attente, ce fut la voix d'Aiko qui s'éleva.
"Mission terminée. Nous avons récupéré les membres de la Rose perdu. Numeria hélas n'a pas survécu.'
Elle resta bête avec son sourire en demi-teinte, le regard vitreux.
"Toutes mes félicitations, dame Riverhood. Vous avez impressionné le jury, et moi-même.
- Je sais que je le dois à moi-même, mais cette victoire, je la partage également avec votre associée."
Diana manqua de s'étouffer en buvant son vin à cette mention, encore gênée à l'idée d'effleurer son rêve de devenir une Preux.
"Voyons... Figurez-vous que vous avez fait tellement sensation que beaucoup souhaitent vous avoir comme disciple."
Lenore souffla du nez, rien n'était encore joué, mais il était toujours gratifiant de savoir ce que pensait l'opinion académique. Un appel linkperle la tira discrètement de la conversation pour se poser plus loin vers la barrière droit sur la mer. Ce devait être Derek qui devait attendre les résultats avec autant d'impatience que son fils. Contre toute attente, ce fut la voix d'Aiko qui s'éleva.
"Mission terminée. Nous avons récupéré les membres de la Rose perdu. Numeria hélas n'a pas survécu.'
Elle resta bête avec son sourire en demi-teinte, le regard vitreux.
Le temps lui filait entre les doigts.
Lyssie
Il y a 10 mois et 4 jours
En pénétrant l'auditorium une seconde fois, ce n'était pas pour faire valoir ses capacités qui avaient fait mouche, mais bien pour se faire entendre. Les premiers examens avaient filtré une bonne partie des candidats et ne restaient désormais que les plus favorables. D'un dernier regard à Kikyo qui attendait son tour et en qui elle savait être comprise, il n'y avait désormais plus qu'elle et trois autres examinateurs qu'elle devait de nouveau convaincre, quand dans les gradins des murmures s'élevèrent aussitôt en voyant la présence du Pr. Glaciemcorde se glisser aux côtés de l'étrangère prometteuse.
"Vous savez capter l'attention, souffla-t-elle d'un rire intérieur.
- La seule qui doit attirer les regards à cet instant précis, madame de Riverhood, c'est vous."
Arrivée au centre de la scène, comme on le lui avait demandé, Bertefant se plaça non loin d'elle, à quelques pas en arrière pour laisser la hyuroise se mettre en valeur. La tension régnait depuis son apparition, mais le silence gênant s'arrêta lorsque l'un des membres du jury, un hyurois plutôt âgé, prit la parole.
"Riverhood Lenore, score : 89 sur 100. Nous allons vous passer une série de questions pour comprendre qui vous êtes et si vous êtes digne d'entrer au Département de Noologie.
- Je suis prête.
- Bien."
Contrairement à l'examen pratique où elle avait expérimenté le même stress que ses premiers concerts, elle ne ressentait là aucune anxiété. Elle préparait cet oral depuis quelques jours désormais, épaulée par son nouveau mentor qui, de tous les sharlayanais qu'elle avait pu croisé jusqu'ici, était bel et bien le plus abordable et ouvert d'esprit. Elle sentait tous les regards se braquer sur elle, dont même ceux qu'elle ne voyait pas, dissimulé derrière leur voile. S'il devait y avoir un jour où elle devait être la plus sincère et la plus vraie, c'était bien maintenant.
Ce n'était pas le hyurois qui commença les hostilités mais la lalafelle à sa droite.
"Qu'est-ce qui vous a poussé à candidater à l'académie de magie ?
- Voir mes proches dans le mal et ne pouvoir rien faire. Ni les soigner, ni les protéger."
Droit dans le vif du sujet, elle serra doucement un pan de son tissu. L'image d'une Aline inconsciente à terre et même pire, l'image de Dorian mourant dans ses bras lui traversèrent l'esprit, aiguisant malgré elle son regard.
"L'apocalypse n'a pas aidé en effet. Mais à ce stade, c'est une bonne partie de la planète qui voudrait devenir sage, ne croyez-vous pas ?
- Non, répondit-elle sans détour. Bien des vocations ont pour but la protection, le paladin pour commencer, ou encore les érudits. Mais je ne suis ni forte, ni une experte des arcanes. Or, la noologie combine la médecine, l'éthérologie et la magismologie, trois disciplines qui demandent certes une rigueur implacable, mais qui n'imposent ni de ferveur divine, ni de calculs interminables. La détermination comme carburant, et comme le veulent tous les sages en fonction, j'ai une volonté de fer à vouloir protéger toute vie qui se présentera à moi."
La lalafelle redressa ses lunettes dans un éclat éblouissant, ne répondant à Lenore que d'un simple regard avant qu'elle ne se plonge dans ses écrits. De l'autre côté du hyurois, une élezenne à l'allure austère prit le flambeau.
"En ce cas, mettons-nous en situation. Un train roule à toute vitesse et ne peut être arrêté. Des gens sont à son bord. Deux voies s'imposent à lui : l'une, un homme est attaché. De l'autre, c'est une femme et ses deux enfants qui sont attachés. Sur quelle voie déviez-vous le train ?"
Lenore glissa un regard sur Bertefant par dessus son épaule, il ne lui jeta qu'un seul regard pour réponse. C'était comme il l'avait dit, à un détail près. Même s'il lui avait assuré qu'il n'y avait aucune mauvaise réponse et qu'ils cherchaient à tout prix le raisonnement derrière sa réponse, elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'il y avait bel et bien une mauvaise réponse : celle de céder à ce choix.
"Je fais tout pour éviter une mort, n'importe laquelle. Si je choisis l'une des voies, je tue au moins une vie. Si j'arrête le train, sa vitesse tuerait des centaines de personnes. Alors, j'use de mes capacités pour protéger. Je dévie le train sur la voie de l'homme seul et je saute aussitôt à ses côtés pour le saisir et le tirer de la voie.
- Vous "sautez" à ses côtés ?
- Ikaros."
Quelques secondes passèrent sans qu'elle ne poursuive, ni qu'aucun commentaire ne lui soit fait. Le regard creusé de l'élezenne brillait soudainement d'une satisfaction légère, vite chassée pour son austérité naturelle., avant qu'elle ne reprenne ses notes à son tour. Ce fut finalement le hyurois au milieu des deux femmes qui poursuivit.
"Et qui avez-vous pris comme mentor ?
- Le Pr.Glaciemcorde, ici même."
Ce dernier sorti de son ombre, replaçant ses lunettes à l'aide de son majeur.
"Cela fait des lustres que l'on ne vous a pas vu, professeur, rétorqua le hyurois sans une once de sympathie.
- Mais je ferai honneur à cette femme qui brûle d'envie de protéger les siens, comme le veut les vœux des sages."
Dans la salle, un léger brouhaha se souleva de nouveau dans les hauteurs. Lenore n'était pas ignorante de ces messes-basses, Bertefant avait été de ceux qui n'avaient pas quitté la nouvelle Sharlayan et avait vécu une bonne partie de sa vie en dehors de la Cité des Sages tout en faisant honneur à son serment. Tout en silence, elle souhaitait ni plus ni moins devenir comme lui : une sage qui ferait tout pour protéger ses hommes en dépit des commérages sur son dos. Pour ses hommes, son époux mais également ses enfants et ceux pour qui elle continue d'avancer.
"Vous savez capter l'attention, souffla-t-elle d'un rire intérieur.
- La seule qui doit attirer les regards à cet instant précis, madame de Riverhood, c'est vous."
Arrivée au centre de la scène, comme on le lui avait demandé, Bertefant se plaça non loin d'elle, à quelques pas en arrière pour laisser la hyuroise se mettre en valeur. La tension régnait depuis son apparition, mais le silence gênant s'arrêta lorsque l'un des membres du jury, un hyurois plutôt âgé, prit la parole.
"Riverhood Lenore, score : 89 sur 100. Nous allons vous passer une série de questions pour comprendre qui vous êtes et si vous êtes digne d'entrer au Département de Noologie.
- Je suis prête.
- Bien."
Contrairement à l'examen pratique où elle avait expérimenté le même stress que ses premiers concerts, elle ne ressentait là aucune anxiété. Elle préparait cet oral depuis quelques jours désormais, épaulée par son nouveau mentor qui, de tous les sharlayanais qu'elle avait pu croisé jusqu'ici, était bel et bien le plus abordable et ouvert d'esprit. Elle sentait tous les regards se braquer sur elle, dont même ceux qu'elle ne voyait pas, dissimulé derrière leur voile. S'il devait y avoir un jour où elle devait être la plus sincère et la plus vraie, c'était bien maintenant.
Ce n'était pas le hyurois qui commença les hostilités mais la lalafelle à sa droite.
"Qu'est-ce qui vous a poussé à candidater à l'académie de magie ?
- Voir mes proches dans le mal et ne pouvoir rien faire. Ni les soigner, ni les protéger."
Droit dans le vif du sujet, elle serra doucement un pan de son tissu. L'image d'une Aline inconsciente à terre et même pire, l'image de Dorian mourant dans ses bras lui traversèrent l'esprit, aiguisant malgré elle son regard.
"L'apocalypse n'a pas aidé en effet. Mais à ce stade, c'est une bonne partie de la planète qui voudrait devenir sage, ne croyez-vous pas ?
- Non, répondit-elle sans détour. Bien des vocations ont pour but la protection, le paladin pour commencer, ou encore les érudits. Mais je ne suis ni forte, ni une experte des arcanes. Or, la noologie combine la médecine, l'éthérologie et la magismologie, trois disciplines qui demandent certes une rigueur implacable, mais qui n'imposent ni de ferveur divine, ni de calculs interminables. La détermination comme carburant, et comme le veulent tous les sages en fonction, j'ai une volonté de fer à vouloir protéger toute vie qui se présentera à moi."
La lalafelle redressa ses lunettes dans un éclat éblouissant, ne répondant à Lenore que d'un simple regard avant qu'elle ne se plonge dans ses écrits. De l'autre côté du hyurois, une élezenne à l'allure austère prit le flambeau.
"En ce cas, mettons-nous en situation. Un train roule à toute vitesse et ne peut être arrêté. Des gens sont à son bord. Deux voies s'imposent à lui : l'une, un homme est attaché. De l'autre, c'est une femme et ses deux enfants qui sont attachés. Sur quelle voie déviez-vous le train ?"
Lenore glissa un regard sur Bertefant par dessus son épaule, il ne lui jeta qu'un seul regard pour réponse. C'était comme il l'avait dit, à un détail près. Même s'il lui avait assuré qu'il n'y avait aucune mauvaise réponse et qu'ils cherchaient à tout prix le raisonnement derrière sa réponse, elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'il y avait bel et bien une mauvaise réponse : celle de céder à ce choix.
"Je fais tout pour éviter une mort, n'importe laquelle. Si je choisis l'une des voies, je tue au moins une vie. Si j'arrête le train, sa vitesse tuerait des centaines de personnes. Alors, j'use de mes capacités pour protéger. Je dévie le train sur la voie de l'homme seul et je saute aussitôt à ses côtés pour le saisir et le tirer de la voie.
- Vous "sautez" à ses côtés ?
- Ikaros."
Quelques secondes passèrent sans qu'elle ne poursuive, ni qu'aucun commentaire ne lui soit fait. Le regard creusé de l'élezenne brillait soudainement d'une satisfaction légère, vite chassée pour son austérité naturelle., avant qu'elle ne reprenne ses notes à son tour. Ce fut finalement le hyurois au milieu des deux femmes qui poursuivit.
"Et qui avez-vous pris comme mentor ?
- Le Pr.Glaciemcorde, ici même."
Ce dernier sorti de son ombre, replaçant ses lunettes à l'aide de son majeur.
"Cela fait des lustres que l'on ne vous a pas vu, professeur, rétorqua le hyurois sans une once de sympathie.
- Mais je ferai honneur à cette femme qui brûle d'envie de protéger les siens, comme le veut les vœux des sages."
Dans la salle, un léger brouhaha se souleva de nouveau dans les hauteurs. Lenore n'était pas ignorante de ces messes-basses, Bertefant avait été de ceux qui n'avaient pas quitté la nouvelle Sharlayan et avait vécu une bonne partie de sa vie en dehors de la Cité des Sages tout en faisant honneur à son serment. Tout en silence, elle souhaitait ni plus ni moins devenir comme lui : une sage qui ferait tout pour protéger ses hommes en dépit des commérages sur son dos. Pour ses hommes, son époux mais également ses enfants et ceux pour qui elle continue d'avancer.
Au lendemain de la soutenance, aucun thé, ni livre, ni musique ne pouvait lui retirer ce stress latent lui entortillant le ventre, pas même le concert de cette chanteuse orientale, Niji, qu'elle était allée voir à l'Autre Reflet pour en juger la prestance. Oh bien sûr, les quelques petits coups que lui donnait Victoria suffisaient à la sortir de sa torpeur incessante le temps d'une caresse, mais Anaëlle ne savait plus où se donner de la tête pour attirer son regard et la calmer.
Elle pensait déjà à toutes les situations possibles, jusqu'à même envisager l'échec, mais son cœur s'arrêta lorsqu'Anaëlle revint du jardin avec en sa possession une lettre cachetée de l'emblème de l'académie. Elle laissa sa dame de compagnie l'ouvrir et la lire. La tension était à son comble.
"Qu'est-ce qu'elle dit ?
- Elle dit...que vous êtes acceptée à l'académie de magie. Les portes du Département de Noologie vous sont ouvertes, Maîtresse."
Une fois de plus, les hormones de grossesse la poussèrent à jouir d'une joie difficilement contenable, allant jusqu'à enlacer sa dame de compagnie qui rougit instantanément d'une telle proximité avec sa dame, sous le regard satisfait de son époux du haut de l'étage. Maintenant qu'elle était une élève de la prestigieuse école de magie, des études supérieures, elle allait enfin pouvoir se concentrer sur cette voie qu'elle convoitait depuis des lunes.
Elle pensait déjà à toutes les situations possibles, jusqu'à même envisager l'échec, mais son cœur s'arrêta lorsqu'Anaëlle revint du jardin avec en sa possession une lettre cachetée de l'emblème de l'académie. Elle laissa sa dame de compagnie l'ouvrir et la lire. La tension était à son comble.
"Qu'est-ce qu'elle dit ?
- Elle dit...que vous êtes acceptée à l'académie de magie. Les portes du Département de Noologie vous sont ouvertes, Maîtresse."
Une fois de plus, les hormones de grossesse la poussèrent à jouir d'une joie difficilement contenable, allant jusqu'à enlacer sa dame de compagnie qui rougit instantanément d'une telle proximité avec sa dame, sous le regard satisfait de son époux du haut de l'étage. Maintenant qu'elle était une élève de la prestigieuse école de magie, des études supérieures, elle allait enfin pouvoir se concentrer sur cette voie qu'elle convoitait depuis des lunes.
Chaque chose son commencement,
elle venait enfin de trouver sa voie.
elle venait enfin de trouver sa voie.
Lyssie
Il y a 10 mois et 4 jours
Les premiers rayons d'un soleil particulièrement chaud pointaient à peine le bout de leur nez que dans le reflet de la fontaine, une mère chantant une berceuse à sa fille choyée dans ses bras. Cette berceuse, elle la connaissait par cœur depuis plus d'un an, tout comme son fils qui jouait à ses pieds avec sa peluche de loup blanc. Il ne la lâchait plus d'une semelle depuis la veille, pas plus que sa jeune et nouvelle soeur qu'il avait promis de protéger à tout prix au travers d'un regard autoritaire et engagé. Lenore profitait de ce cadre paradisiaque, sans problème ni quoi que ce soit, pour savourer chaque instant qu'elle passait auprès de sa nouvelle-née et de son héritier. Il faut dire qu'entre ses cours et les attaques répétées que subit la Rose, elle en avait oublié la saveur d'un moment aussi paisible que celui-ci. Depuis la naissance de Victoria, soit cinq lunes pile après l'anniversaire de son aîné, elle appréciait de nouveau ces matinées seule où elle pouvait chanter librement, sans rechigner lorsqu'Anaëlle ou encore d'autres servantes de la mesnie se manifestaient aussitôt qu'elle avait besoin de quoi que ce soit. Elle ne s'en plaignait pas, mais elle se délectait de ce genre de journée, seule, avec ses enfants. Ces journées-là, elle n'était plus l'Ordonnatrice de Riverhood, seulement une mère comblée auprès de ses deux enfants.
Son chant maintenait sa fille endormie, le visage paisible et doux. Quelle mère resterait insensible face à cette image de paix et d'harmonie ? Elle avait longtemps songé à cette vie de femme au foyer, des femmes aussi honorables qu'elle et voir grandir ses enfants sous sa surveillance, loin du danger, pourrait être une façon de se venger du destin qui faillit plus d'une fois lui priver de ce paradis... mais ce n'était pas elle.
"L'apocalypse m'a appris bien des choses et il y en a beaucoup que votre mère doit encore accomplir." se murmura-t-elle à elle-même plus qu'à ses enfants qui ne comprendraient rien aux confessions intimes d'une mère.
"Si je veux vous offrir un monde meilleur, alors je ne peux attendre qu'on le fasse à ma place une nouvelle fois."
Elle ne voulait pas laisser de place à cette frustration dormante, mais en regardant sa fille dans ses bras, si paisible, elle ne pouvait s'empêcher de penser à tous ces noms qui s'étaient démenés à la faire vivre, de concert avec elle. Revna, Diana, Bertefant... Dorian. Encore et toujours, cela lui rappelait ce moment fatidique, mais elle dissimulait mieux sa peine désormais quand elle voyait que sa fille respirait entre ses bras. Elle avait survécu à une apocalypse et désormais, à une malformation du coeur. La science faisait des miracles, et il était hors de question qu'elle s'en accommode, qu'elle s'y appuie. Lenore de Riverhood avait tout d'une femme chanceuse, elle était entourée des meilleurs : un époux brillant et intelligent, une dame de compagnie dévouée qui l'accompagne sur le terrain autant que dans ses audiences diplomatiques, des servants qui veillent sur ses enfants pendant ses absences et des hommes à la loyauté infaillible qui la suivrait jusqu'au bout du monde. Oui, elle avait droit à tout, mais ne se reposait sur rien - elle n'était pas ce genre de personne. Puis, tout avoir n'était pas synonyme de bonheur...
L'ombre de l'Aigle veillait au loin sur sa famille sans piétiner plus que de raison la zone de confort de sa femme. La tension latente s'était amoindrie mais toujours présente, Alexander se leva du sol pour se vautrer sur la robe de chambre de sa mère et tirer sur celle-ci. Il allait sans dire qu'il savait comment attirer l'attention de sa mère.
"Qu'il y a-t-il, mon louveteau ?
- Pourquoi papa pas là ?"
Silence. Sa question méritait une réponse franche, elle pouvait lui dire qu'ils ne s'entendaient pas ces derniers temps, notamment dû à l'éducation de leurs enfants mais un enfant ne comprendrait pas. Pire encore, il avait déjà assisté à leurs esclandres ce soir-là, cela n'allait qu'empirer les choses.
"Papa n'est jamais loin. Il est toujours là à veiller sur nous, même de loin."
Lenore ne mentait pas et ne mentait jamais. Même à cet instant précis, elle le savait attentif et observateur quelque part depuis les hauteurs du Repos du Loup entre deux documents fiscaux à régler. Ce sourire qu'elle donnait à son fils était sincère et vrai, aussi vrai que l'amour qu'elle portait pour sa famille. Seulement, certaines choses ne pouvaient être parfaits, surtout depuis qu'elle était lié à un uldien. Elle se surprit à rire lorsqu'elle repensait aux mots d'Anaëlle quant aux faits que dans tous les cas, ces enfants seront plus éorzéens qu'ishgardais. Petits pas par petits pas, Alexander se dirigea vers sa soeur pour lui enlever doucement le pétale du grand cerisier du jardin venu s'échouer sur son front. Intolérable pour l'héritier du Loup Blanc, que la plus belle des fleurs puisse troubler le sommeil de la princesse de la maisonnée. Lenore souffla un rire intérieur, discret, avant de ramener contre elle l'enfant de son bras encore valide. Au contact de sa mère, il se calma bien vite et ne pensa même plus au désagrément causé par le pétale tantôt, sa joue collée contre le vêtement duveteux. Lenore en profita pour serrer un peu plus son nouveau trésor contre elle ; de loin, elle brisait l'image de cette femme froide et cruelle.
"Votre père et moi ne serons jamais loin de vous, ni ne vous laisserons aux mains d'une monde révolu."
Il ne tenait qu'à elle désormais de prendre les armes et de forger le monde tel qu'elle voulait le voir pour ses enfants. La Rose des Vents continuerait de maintenir l'Équilibre partout dans le monde, brisant barrière et frontière, notamment depuis qu'elle ouvrait de plus en plus d'arches de l'humanité au quatre coins du monde. Lenore elle-même continuerait d’œuvrer pour un monde meilleur, que ce soit au travers de ses concerts qu'elle allait pouvoir reprendre ou encore au travers de la noologie.
Pendant longtemps, elle avait cherché sa propre voie. Meleth lui avait enseigné la kriegstanz, une magie redoutable et qui lui avait appris à mieux maitriser la danse encore, mais elle ne se sentait pas accomplie, ce n'était pas sa destinée. La noologie lui était parvenue tel un cadeau des Douze, bien que cela avait été le fruit d'un sacrifice fort mais dont elle ne souillerait jamais la mémoire. Des chakrams aux nouliths, elle pouvait enfin avancer et protéger les siens. Ne restait que ce pouvoir tapis dans les ombres qui s'était éveillé lors de l'apocalypse à Thavnair. Un pouvoir que Lenore devait encore apprendre à connaître et à maîtriser mais sa découverte avait nourri un désir brûlant de voir jusqu'où elle pourrait aller et comment elle pourrait l'exploiter. L'île des Songes était sa prochaine destination dans un futur proche, mais pour l'heure, elle devait se reposer et retrouver des forces. Son nouveau petit louveteau avait besoin d'attention et de douceur.
Son chant maintenait sa fille endormie, le visage paisible et doux. Quelle mère resterait insensible face à cette image de paix et d'harmonie ? Elle avait longtemps songé à cette vie de femme au foyer, des femmes aussi honorables qu'elle et voir grandir ses enfants sous sa surveillance, loin du danger, pourrait être une façon de se venger du destin qui faillit plus d'une fois lui priver de ce paradis... mais ce n'était pas elle.
"L'apocalypse m'a appris bien des choses et il y en a beaucoup que votre mère doit encore accomplir." se murmura-t-elle à elle-même plus qu'à ses enfants qui ne comprendraient rien aux confessions intimes d'une mère.
"Si je veux vous offrir un monde meilleur, alors je ne peux attendre qu'on le fasse à ma place une nouvelle fois."
Elle ne voulait pas laisser de place à cette frustration dormante, mais en regardant sa fille dans ses bras, si paisible, elle ne pouvait s'empêcher de penser à tous ces noms qui s'étaient démenés à la faire vivre, de concert avec elle. Revna, Diana, Bertefant... Dorian. Encore et toujours, cela lui rappelait ce moment fatidique, mais elle dissimulait mieux sa peine désormais quand elle voyait que sa fille respirait entre ses bras. Elle avait survécu à une apocalypse et désormais, à une malformation du coeur. La science faisait des miracles, et il était hors de question qu'elle s'en accommode, qu'elle s'y appuie. Lenore de Riverhood avait tout d'une femme chanceuse, elle était entourée des meilleurs : un époux brillant et intelligent, une dame de compagnie dévouée qui l'accompagne sur le terrain autant que dans ses audiences diplomatiques, des servants qui veillent sur ses enfants pendant ses absences et des hommes à la loyauté infaillible qui la suivrait jusqu'au bout du monde. Oui, elle avait droit à tout, mais ne se reposait sur rien - elle n'était pas ce genre de personne. Puis, tout avoir n'était pas synonyme de bonheur...
L'ombre de l'Aigle veillait au loin sur sa famille sans piétiner plus que de raison la zone de confort de sa femme. La tension latente s'était amoindrie mais toujours présente, Alexander se leva du sol pour se vautrer sur la robe de chambre de sa mère et tirer sur celle-ci. Il allait sans dire qu'il savait comment attirer l'attention de sa mère.
"Qu'il y a-t-il, mon louveteau ?
- Pourquoi papa pas là ?"
Silence. Sa question méritait une réponse franche, elle pouvait lui dire qu'ils ne s'entendaient pas ces derniers temps, notamment dû à l'éducation de leurs enfants mais un enfant ne comprendrait pas. Pire encore, il avait déjà assisté à leurs esclandres ce soir-là, cela n'allait qu'empirer les choses.
"Papa n'est jamais loin. Il est toujours là à veiller sur nous, même de loin."
Lenore ne mentait pas et ne mentait jamais. Même à cet instant précis, elle le savait attentif et observateur quelque part depuis les hauteurs du Repos du Loup entre deux documents fiscaux à régler. Ce sourire qu'elle donnait à son fils était sincère et vrai, aussi vrai que l'amour qu'elle portait pour sa famille. Seulement, certaines choses ne pouvaient être parfaits, surtout depuis qu'elle était lié à un uldien. Elle se surprit à rire lorsqu'elle repensait aux mots d'Anaëlle quant aux faits que dans tous les cas, ces enfants seront plus éorzéens qu'ishgardais. Petits pas par petits pas, Alexander se dirigea vers sa soeur pour lui enlever doucement le pétale du grand cerisier du jardin venu s'échouer sur son front. Intolérable pour l'héritier du Loup Blanc, que la plus belle des fleurs puisse troubler le sommeil de la princesse de la maisonnée. Lenore souffla un rire intérieur, discret, avant de ramener contre elle l'enfant de son bras encore valide. Au contact de sa mère, il se calma bien vite et ne pensa même plus au désagrément causé par le pétale tantôt, sa joue collée contre le vêtement duveteux. Lenore en profita pour serrer un peu plus son nouveau trésor contre elle ; de loin, elle brisait l'image de cette femme froide et cruelle.
"Votre père et moi ne serons jamais loin de vous, ni ne vous laisserons aux mains d'une monde révolu."
Il ne tenait qu'à elle désormais de prendre les armes et de forger le monde tel qu'elle voulait le voir pour ses enfants. La Rose des Vents continuerait de maintenir l'Équilibre partout dans le monde, brisant barrière et frontière, notamment depuis qu'elle ouvrait de plus en plus d'arches de l'humanité au quatre coins du monde. Lenore elle-même continuerait d’œuvrer pour un monde meilleur, que ce soit au travers de ses concerts qu'elle allait pouvoir reprendre ou encore au travers de la noologie.
Pendant longtemps, elle avait cherché sa propre voie. Meleth lui avait enseigné la kriegstanz, une magie redoutable et qui lui avait appris à mieux maitriser la danse encore, mais elle ne se sentait pas accomplie, ce n'était pas sa destinée. La noologie lui était parvenue tel un cadeau des Douze, bien que cela avait été le fruit d'un sacrifice fort mais dont elle ne souillerait jamais la mémoire. Des chakrams aux nouliths, elle pouvait enfin avancer et protéger les siens. Ne restait que ce pouvoir tapis dans les ombres qui s'était éveillé lors de l'apocalypse à Thavnair. Un pouvoir que Lenore devait encore apprendre à connaître et à maîtriser mais sa découverte avait nourri un désir brûlant de voir jusqu'où elle pourrait aller et comment elle pourrait l'exploiter. L'île des Songes était sa prochaine destination dans un futur proche, mais pour l'heure, elle devait se reposer et retrouver des forces. Son nouveau petit louveteau avait besoin d'attention et de douceur.
"Longue vie à la louve d'or."
Lyssie
Il y a 10 mois et 4 jours
Il était une fois, une jeune femme pour qui le monde se résumait à sa cage dorée dans les hauteurs de la noblesse ishgardaise et rien d'autre. Elle avait fait le choix de faire le grand pas et de quitter son confort pour connaître un monde nouveau depuis l'ouverture de sa cité, mais également pour s'y faire un nom. On la disait naïve, ignorante, jeune ; malgré ses année d'éducation, elle n'était pas prête à vivre dans ce monde où, loin de ses privilèges, elle n'était plus qu'une proie facile pour les charognards.
J'ai bien changé, depuis.
En regardant par dessus son épaule Mhako enlacer Revna comme s'ils n'allaient plus jamais se revoir, c'était comme si elle se revoyait des années en arrière, quand Judal avait reçu son verdict pour son procès. Celui de Revna lui était un peu trop familier ; un homme venu l'approcher et la duper à des fins personnels se retrouvant à comparaître devant la justice pour se voir juger ses crimes. Pourtant, grâce à lui, elle pouvait voir son changement, ce qu'elle était devenue. Là où elle avait été dévastée d'apprendre la supercherie de Judal, la vérité sur Revna l'avait au contraire rendue encore plus ferme et implacable. Lenore n'était plus cette frêle jeune dame pour qui la vie lui réservait bien des surprises ; elle était aujourd'hui toujours aussi jeune, mais expérimentée.
A y repenser, un léger sourire satisfait décora ses lèvres. Il faut dire que depuis l'Ordre Rivesthern, elle était passée par de nombreuses épreuves pour être cette femme qui ne reculait devant rien aujourd'hui et qui voulait toujours plus avancer. L'apocalypse, les pistes sur les mystères du Pacte de la Vérité et de sa voix, la mort des siens, dont celle de son meilleur ami, pour finir par la venue de sa nouvelle petite louve ; elle était loin de ressembler à celle qu'elle était autrefois. Il y avait désormais d'autres défis à relever, comme par exemple la mise en place des arches de la Rose des Vents ou la prise en main de certaines affaires qui impactaient un peu trop les siens et il fallait garder de bonnes épaules pour parvenir à résister à toute cette pression. Ce n'était qu'un nouveau défi qui ne ferait que la rendre encore plus meilleure que la veille.
A force de rêvasser, elle ne s'était pas rendue compte qu'elle avait déambulé dans tout Radz-At-Han pour se retrouver nez à nez avec son reflet de la fontaine du quartier de Kama. D'un regard fugace autour elle afin de ne pas tomber sur un cadavre -elle en était habituée depuis-, il était temps de rentrer au Repos du Loup et de répéter. Avec ses nombreux nouveaux contrats, il fallait qu'elle entraîne de nouveau sa voix.
J'ai bien changé, depuis.
En regardant par dessus son épaule Mhako enlacer Revna comme s'ils n'allaient plus jamais se revoir, c'était comme si elle se revoyait des années en arrière, quand Judal avait reçu son verdict pour son procès. Celui de Revna lui était un peu trop familier ; un homme venu l'approcher et la duper à des fins personnels se retrouvant à comparaître devant la justice pour se voir juger ses crimes. Pourtant, grâce à lui, elle pouvait voir son changement, ce qu'elle était devenue. Là où elle avait été dévastée d'apprendre la supercherie de Judal, la vérité sur Revna l'avait au contraire rendue encore plus ferme et implacable. Lenore n'était plus cette frêle jeune dame pour qui la vie lui réservait bien des surprises ; elle était aujourd'hui toujours aussi jeune, mais expérimentée.
A y repenser, un léger sourire satisfait décora ses lèvres. Il faut dire que depuis l'Ordre Rivesthern, elle était passée par de nombreuses épreuves pour être cette femme qui ne reculait devant rien aujourd'hui et qui voulait toujours plus avancer. L'apocalypse, les pistes sur les mystères du Pacte de la Vérité et de sa voix, la mort des siens, dont celle de son meilleur ami, pour finir par la venue de sa nouvelle petite louve ; elle était loin de ressembler à celle qu'elle était autrefois. Il y avait désormais d'autres défis à relever, comme par exemple la mise en place des arches de la Rose des Vents ou la prise en main de certaines affaires qui impactaient un peu trop les siens et il fallait garder de bonnes épaules pour parvenir à résister à toute cette pression. Ce n'était qu'un nouveau défi qui ne ferait que la rendre encore plus meilleure que la veille.
A force de rêvasser, elle ne s'était pas rendue compte qu'elle avait déambulé dans tout Radz-At-Han pour se retrouver nez à nez avec son reflet de la fontaine du quartier de Kama. D'un regard fugace autour elle afin de ne pas tomber sur un cadavre -elle en était habituée depuis-, il était temps de rentrer au Repos du Loup et de répéter. Avec ses nombreux nouveaux contrats, il fallait qu'elle entraîne de nouveau sa voix.
"En êtes-vous fière ?"
La fin de soirée allait bien à Empyrée. Le printemps ishgardais adoucissait légèrement les températures sans que le froid ne s'y dégage pour autant, mais au-dessus d'elle et de son époux qu'elle tenait par le bras, les étoiles dansaient au milieu de la nuit. Sur le balcon d'une des tours du quartier, ils avaient besoin de calme, après une longue soirée au Refuge de la Croix de Talion à parler autant affaires professionnelles que personnelles.
"Je n'ai jamais été aussi fière de là où je peux me trouver."
Lorsqu'elle tourna son regard sur Derek, celui-ci la regardait avec passion et douceur. Elle sentit sa main se raffermir sur sa hanche. Inspirée, elle continua.
"D'une frêle jeune dame tout droit sortie de sa cage dorée, perdue dans un monde vaste à la merci des hommes, je me suis hissée à la tête d'une célèbre organisation, on languit de me revoir sur scène, j'ai deux merveilleux enfants et j'ai un époux qui n'a eu de cesse de me pousser vers le haut, à être une meilleure version de moi-même, chaque jour.
- Vous venez de loin."
Il avait ce sourire vainqueur, arrogant et passablement énervant alors qu'il dévorait sa femme d'une flamme nouvelle. Personne ne craignait de dire qu'à cet instant précis, Derek de Riverhood était fier de celle qu'il avait faite sienne et qu'il continuerait de la porter vers le haut si cela signifiait qu'elle se sente aussi bien. De sa hanche, sa main se leva jusqu'au menton de sa femme qu'il saisit avec fermeté pour l'amener vers son visage. Elle frissonnait presque, mais ce n'était pas le froid ici qui lui arracha ce tremblement.
"Mais je me permets de rectifier une chose : vous êtes toujours à la merci d'un homme."
Son coeur manqua un battement. Même en confrontant le regard brûlant et fier de son époux, Lenore ne pouvait pas arrêter ces rougissements sur ses pommettes, de quoi l'agacer.
"Tsch... Idiot.
- Je sais."
Vainqueur, il scella ses lèvres sur les siennes et c'était comme si le temps s'était arrêté. Par ce baiser, ils scellaient leur amour une nouvelle fois, mais ils marquaient également un nouveau départ pour la suite des choses. Maintenant que Lenore savait qui elle était aujourd'hui...
La fin de soirée allait bien à Empyrée. Le printemps ishgardais adoucissait légèrement les températures sans que le froid ne s'y dégage pour autant, mais au-dessus d'elle et de son époux qu'elle tenait par le bras, les étoiles dansaient au milieu de la nuit. Sur le balcon d'une des tours du quartier, ils avaient besoin de calme, après une longue soirée au Refuge de la Croix de Talion à parler autant affaires professionnelles que personnelles.
"Je n'ai jamais été aussi fière de là où je peux me trouver."
Lorsqu'elle tourna son regard sur Derek, celui-ci la regardait avec passion et douceur. Elle sentit sa main se raffermir sur sa hanche. Inspirée, elle continua.
"D'une frêle jeune dame tout droit sortie de sa cage dorée, perdue dans un monde vaste à la merci des hommes, je me suis hissée à la tête d'une célèbre organisation, on languit de me revoir sur scène, j'ai deux merveilleux enfants et j'ai un époux qui n'a eu de cesse de me pousser vers le haut, à être une meilleure version de moi-même, chaque jour.
- Vous venez de loin."
Il avait ce sourire vainqueur, arrogant et passablement énervant alors qu'il dévorait sa femme d'une flamme nouvelle. Personne ne craignait de dire qu'à cet instant précis, Derek de Riverhood était fier de celle qu'il avait faite sienne et qu'il continuerait de la porter vers le haut si cela signifiait qu'elle se sente aussi bien. De sa hanche, sa main se leva jusqu'au menton de sa femme qu'il saisit avec fermeté pour l'amener vers son visage. Elle frissonnait presque, mais ce n'était pas le froid ici qui lui arracha ce tremblement.
"Mais je me permets de rectifier une chose : vous êtes toujours à la merci d'un homme."
Son coeur manqua un battement. Même en confrontant le regard brûlant et fier de son époux, Lenore ne pouvait pas arrêter ces rougissements sur ses pommettes, de quoi l'agacer.
"Tsch... Idiot.
- Je sais."
Vainqueur, il scella ses lèvres sur les siennes et c'était comme si le temps s'était arrêté. Par ce baiser, ils scellaient leur amour une nouvelle fois, mais ils marquaient également un nouveau départ pour la suite des choses. Maintenant que Lenore savait qui elle était aujourd'hui...
Elle devait savoir qui elle allait être demain.
Lyssie
Il y a 10 mois et 4 jours
"Préparez la loge pour monsieur Parovasi, il ne va pas tarder à arriver.
- Oui, madame !"
Il ne fallut pas plus de temps à la miqo'te, toujours aussi énergique et volontaire, pour rejoindre l'agitation de la Rose qui accueillait déjà les premiers clients en prévision de l'animation de la soirée. Bientôt sonnerait la dix-huitième cloche ; Lenore pouvait s'attarder encore un peu sur les différentes affaires internes à la compagnie et se mettre à jour, bien qu'elle avait la satisfaction de voir qu'en son absence, tout s'était plus ou moins bien déroulé. Les mandats ne manquaient pas, pas plus que la demande croissante d'intrépides aventuriers qui voudraient tenter leur chance aux côtés de la Rose des Vents, ne restait que ces quiproquos entre membres à régler ; force était de constater que son second, et époux, pouvait à peu près bien se débrouiller sans elle.
"Et avec le partenariat commercial du Jackdaw qui se renforce, ainsi que cette première approche concrète des Loup d’Ébène vers un pacte d'amitié, c'est presque un sans-faute pour vous."
Elle aurait pu souffler un rire discret comme elle en a le secret, mais l'heure n'était pas à l'allégresse, pas encore. Récupérant le dossier de l'affaire des Loup d’Ébène et du Voile Doré, elle passa en revue les éléments qu'on lui avait donné la veille, lorsqu'elle avait rendu visite à dame Stern, tenue derrière les barreaux. Cette histoire mêlait complot et démonisme, soit les pires choses qu'elle pouvait voir associés.
L'horloge sonna quand Anaëlle pénétra le bureau de Lenore, accompagnée d'Asa et Serana. Elle s'inclina avec déférence avant de se prononcer :
"Vous les avez demandé, Maîtresse."
Les deux concernées s'avancèrent jusqu'au bureau de l'Ordonnatrice, le sourire jusqu'aux oreilles qui ne ternissait pas leur réputation de "joyeuses". S'il y avait bien une chose qu'elles avaient en commun, hormis leur travail et talent, c'était bien cette légèreté dont elle pouvait sembler faire preuve. Lenore glissa le dossier jusqu'à elles, les mains encore dessus.
"Si je vous ai appelées, c'est pour une mission qui déterminera grandement notre pacte d'amitié avec les Loup d'Ebène."
C'était comme si la pression venait de s'installer sans que cela ne devient étouffant. Il était rare que l'Ordonnatrice en personne donne des missions personnelles, ici ce n'était pas un vulgaire mandat, mais bien une mission à part entière qui nécessitait une équipe adéquate qu'elle avait trié sur le volet. Elles acquiescèrent, sachant de quelle compagnie elle parlait.
"Dame Stern est accusée de meurtre. Mais nous n'allons pas nous attarder dessus, ceci est l'affaire de Derek. Son histoire, hélas, est visiblement liée à un Oni. De son nom, Aso, il aurait maudit deux membres du groupe : Rakan et Aishela. Tous deux marqués d'un sceau qui finira par les tuer à force de leur drainer leur éther, c'est ici que vous interviendrez."
Les deux femmes clignèrent des yeux sous la montagne d'informations invraisemblable. Des deux, Serana prit la parole.
"C'est relativement agressif dit donc... Vous savez si la compagnie a causé du tort à cet Oni, d'une quelconque manière ?
- Voici le dossier en question qui répondra à toutes vos questions. Mais à mon avis, c'est simplement lui qui cherche quelque chose."
Serana inclina le chef, satisfaite de la réponse. Asa ne tarda pas pour poser également ses questions, toutes aussi pertinentes que celle sa camarade. Lenore se plaisait à les voir s'y intéresser avec autant d'ardeur qu'elle, sûrement pour différentes raisons mais elles y voyaient toutes un intérêt commun.
"Ainsi, voici votre mission : Asa, j'aimerais une fois de plus que vous fassiez usage de votre don pour enlever ces sceaux maudits des victimes. Serana, j'aimerais que vous tracez l'éther du Oni. Ils aimeraient en savoir plus sur sa localisation. Et Junko, à qui je donnerai les directives un peu plus tard, vous accompagnera pour vous donner son expertise sur les démons orientaux. Moi, je serai là pour vous assister.
- C'est une bonne idée, répondit aussitôt Serana.
- Très bien." finit Asa en gloussant.
Elles quittèrent le bureau, laissant seule l'Ordonnatrice avec sa dame de compagnie qui s'était affairée à préparer le thé en attendant que la convocation se termine. Lenore abandonna son fauteuil pour s'approcher du grand tableau qui dépeignait le paysage de la Noscéa qui n'était pas sans lui rappeler la vue de sa villégiature. Calme, paisible, c'était l'image que lui renvoyait la compagnie depuis la fin -ou presque- du Roi Jaune. Sans s'en rendre compte, elle souriait déjà, légèrement, rien qu'en pensant qu'il était désormais temps d'embrasser ce pourquoi ils avaient tous emprunté cette voie de l'Équilibre.
- Oui, madame !"
Il ne fallut pas plus de temps à la miqo'te, toujours aussi énergique et volontaire, pour rejoindre l'agitation de la Rose qui accueillait déjà les premiers clients en prévision de l'animation de la soirée. Bientôt sonnerait la dix-huitième cloche ; Lenore pouvait s'attarder encore un peu sur les différentes affaires internes à la compagnie et se mettre à jour, bien qu'elle avait la satisfaction de voir qu'en son absence, tout s'était plus ou moins bien déroulé. Les mandats ne manquaient pas, pas plus que la demande croissante d'intrépides aventuriers qui voudraient tenter leur chance aux côtés de la Rose des Vents, ne restait que ces quiproquos entre membres à régler ; force était de constater que son second, et époux, pouvait à peu près bien se débrouiller sans elle.
"Et avec le partenariat commercial du Jackdaw qui se renforce, ainsi que cette première approche concrète des Loup d’Ébène vers un pacte d'amitié, c'est presque un sans-faute pour vous."
Elle aurait pu souffler un rire discret comme elle en a le secret, mais l'heure n'était pas à l'allégresse, pas encore. Récupérant le dossier de l'affaire des Loup d’Ébène et du Voile Doré, elle passa en revue les éléments qu'on lui avait donné la veille, lorsqu'elle avait rendu visite à dame Stern, tenue derrière les barreaux. Cette histoire mêlait complot et démonisme, soit les pires choses qu'elle pouvait voir associés.
L'horloge sonna quand Anaëlle pénétra le bureau de Lenore, accompagnée d'Asa et Serana. Elle s'inclina avec déférence avant de se prononcer :
"Vous les avez demandé, Maîtresse."
Les deux concernées s'avancèrent jusqu'au bureau de l'Ordonnatrice, le sourire jusqu'aux oreilles qui ne ternissait pas leur réputation de "joyeuses". S'il y avait bien une chose qu'elles avaient en commun, hormis leur travail et talent, c'était bien cette légèreté dont elle pouvait sembler faire preuve. Lenore glissa le dossier jusqu'à elles, les mains encore dessus.
"Si je vous ai appelées, c'est pour une mission qui déterminera grandement notre pacte d'amitié avec les Loup d'Ebène."
C'était comme si la pression venait de s'installer sans que cela ne devient étouffant. Il était rare que l'Ordonnatrice en personne donne des missions personnelles, ici ce n'était pas un vulgaire mandat, mais bien une mission à part entière qui nécessitait une équipe adéquate qu'elle avait trié sur le volet. Elles acquiescèrent, sachant de quelle compagnie elle parlait.
"Dame Stern est accusée de meurtre. Mais nous n'allons pas nous attarder dessus, ceci est l'affaire de Derek. Son histoire, hélas, est visiblement liée à un Oni. De son nom, Aso, il aurait maudit deux membres du groupe : Rakan et Aishela. Tous deux marqués d'un sceau qui finira par les tuer à force de leur drainer leur éther, c'est ici que vous interviendrez."
Les deux femmes clignèrent des yeux sous la montagne d'informations invraisemblable. Des deux, Serana prit la parole.
"C'est relativement agressif dit donc... Vous savez si la compagnie a causé du tort à cet Oni, d'une quelconque manière ?
- Voici le dossier en question qui répondra à toutes vos questions. Mais à mon avis, c'est simplement lui qui cherche quelque chose."
Serana inclina le chef, satisfaite de la réponse. Asa ne tarda pas pour poser également ses questions, toutes aussi pertinentes que celle sa camarade. Lenore se plaisait à les voir s'y intéresser avec autant d'ardeur qu'elle, sûrement pour différentes raisons mais elles y voyaient toutes un intérêt commun.
"Ainsi, voici votre mission : Asa, j'aimerais une fois de plus que vous fassiez usage de votre don pour enlever ces sceaux maudits des victimes. Serana, j'aimerais que vous tracez l'éther du Oni. Ils aimeraient en savoir plus sur sa localisation. Et Junko, à qui je donnerai les directives un peu plus tard, vous accompagnera pour vous donner son expertise sur les démons orientaux. Moi, je serai là pour vous assister.
- C'est une bonne idée, répondit aussitôt Serana.
- Très bien." finit Asa en gloussant.
Elles quittèrent le bureau, laissant seule l'Ordonnatrice avec sa dame de compagnie qui s'était affairée à préparer le thé en attendant que la convocation se termine. Lenore abandonna son fauteuil pour s'approcher du grand tableau qui dépeignait le paysage de la Noscéa qui n'était pas sans lui rappeler la vue de sa villégiature. Calme, paisible, c'était l'image que lui renvoyait la compagnie depuis la fin -ou presque- du Roi Jaune. Sans s'en rendre compte, elle souriait déjà, légèrement, rien qu'en pensant qu'il était désormais temps d'embrasser ce pourquoi ils avaient tous emprunté cette voie de l'Équilibre.
"Pour un monde meilleur."
Lyssie
Il y a 10 mois et 4 jours
Dans les hauteurs de l'Île de Myrendhil, le soleil brillait de mille feu, notamment depuis que l'immense dôme aquatique était redevenu ce qu'il avait toujours été à la base : la mer au large de l'île. Pour autant, le retour du soleil ne changeait rien à l'absence de la faune locale, tous les animaux et plantes au comportement étrange se réfugiaient la plupart du temps à l'intérieur de la grande forêt pourpre et jamais n'en sortaient. C'était leur dernière destination, le dernier bout de territoire qui n'avait pas encore connu de rétablissement.
Assise sur un rocher qui bordait la petite falaise au-dessus de leur camp, Lenore notait avec une rigueur académique les dernières analyses éthérées quand une ombre grandit sur ses écrits.
"Encore en train de prendre des relevés, mh ?
- Cette thèse ne compte pas s'écrire toute seule."
Ils étaient assez éloignés du camp pour ne pas être entendus, c'était là l'un des rares moments où ils pouvaient être aperçus ensemble quand ils n'étaient pas en charge des équipes respectives. Lenore releva la tête, soucieuse, tandis que Derek se donnait à cœur joie de l'embêter en plein dans ses recherches.
"Et de quoi parle cette thèse ?
- Du "Déséquilibre Interplanétaire" qui fera l'objet d'une conférence si ce que je leur apporte se vaut d'être écouté.
- A n'en point douter. N'hésitez pas à faire votre truc-là... La Voix. Je pense que ça pourrait vous aider."
Lenore fusilla du regard Derek qui fendit ses lèvres d'un sourire narquois.
"Je ne me parjurerai pas.
- Tout de suite les grands mots !"
Il ria de bon coeur tout en faisant le tour de Lenore pour se joindre à ses côtés. Le regard qu'il posa sur ses nouliths accrochés à son dos lui arracha un sourire plus franc. Ils ressemblaient à des épingles aux ornements d'argent, façonnés de tel sorte qu'ils puissent passer comme un accessoire de mode là où ils renfermaient tout le potentiel magique de sa porteuse. Nul étonnement, la dame était connue pour avoir des atours aussi discrets que nombreux sous ses jupons d'ivoire. Ses catalyseurs au bout formaient tous une boule translucide qui laissaient entrevoir le mélange des polarités éthériques - l'offensif et le défensif, mais elle s'était spécialisée dans l'art de la médecine défensive et curative là où son époux était l'un des mages les plus offensifs de l'histoire des sages. A dire vrai, il se sentait fier de pouvoir constater qu'ils étaient aujourd'hui devenue plus qu'un mari et une épouse, mais un véritable tandem aussi bien dans les affaires que sur le terrain. Tous ces fois où elle s'entraînait à ses côtés, parfois nuit et jour quand son mentor Glaciemcorde lui accordait un peu de son temps, il n'était pas un jour où il ne l'avait pas vu faire d'énormes progrès. Animée par l'ambition mais également un rêve qu'elle nourrissait au fond d'elle, il la voyait devenir l'une des premières Sages à Ishgard avec son talent bien à elle. Et puis, ce n'était pas la première fois qu'Ishgard verrait l'arrivée d'une pratique sharlayanaise...
"Maîtresse ! J'en ai trouvé d'autres !"
Anaëlle apparut derrière un arbre, ses mains chargés d'affaires entre l'éthéromètre et le nombre faramineux de feuilles volantes. A sa mine inquiète, Lenore comprit aussitôt et rejoignit sa dame de compagnie pour saisir les données. Au fur et à mesure de sa lecture, son regard se fronça sous l'oeil curieux mais pas moins sérieux de son époux plus loin.
"...Alors Il est également ici ?
- "Il"...?" demanda Derek qui préféra s'approcher des deux femmes, la mine sévère.
Lenore échangea un regard fugace avec sa suivante. Elle se tourna vers son mari, les mains serrées sur son propre éthéromètre. Il n'était plus question d'hésiter, c'était même là la plus palpitante des missions auxquelles elle pourrait participer à l'avenir pour sa thèse. La voix posée, elle lui répondit :
"Le Néant lui-même."
Elle le vit soupirer, exaspéré par ce monde qui ne voulait jamais les lâcher. Anaëlle paraissait aussi intriguée que terrifiée, après tout l'idée qu'une trace du néant puisse jouer dans ce déséquilibre pouvait tout et rien dire. En observant ses propres notes qu'elle écrivait depuis le début du voyage, soit deux semaines environs, s'il était vrai que le déséquilibre provoqué par l'apocalypse puisse mener à cette faille du néant lui semblait aussi plausible qu'invraisemblable...mais pas impossible.
Dans la soirée, Lenore organisa les rangs pour une expédition au coeur de cette île qui cachait bien trop de secrets pour être laissé à la merci des bêtes. Si ce qu'elle avait imaginé s'avérait vrai, nul doute qu'à l'Académie de Magie, elle serait bien partie pour devenir lauréate dans le Département de Noologie.
Assise sur un rocher qui bordait la petite falaise au-dessus de leur camp, Lenore notait avec une rigueur académique les dernières analyses éthérées quand une ombre grandit sur ses écrits.
"Encore en train de prendre des relevés, mh ?
- Cette thèse ne compte pas s'écrire toute seule."
Ils étaient assez éloignés du camp pour ne pas être entendus, c'était là l'un des rares moments où ils pouvaient être aperçus ensemble quand ils n'étaient pas en charge des équipes respectives. Lenore releva la tête, soucieuse, tandis que Derek se donnait à cœur joie de l'embêter en plein dans ses recherches.
"Et de quoi parle cette thèse ?
- Du "Déséquilibre Interplanétaire" qui fera l'objet d'une conférence si ce que je leur apporte se vaut d'être écouté.
- A n'en point douter. N'hésitez pas à faire votre truc-là... La Voix. Je pense que ça pourrait vous aider."
Lenore fusilla du regard Derek qui fendit ses lèvres d'un sourire narquois.
"Je ne me parjurerai pas.
- Tout de suite les grands mots !"
Il ria de bon coeur tout en faisant le tour de Lenore pour se joindre à ses côtés. Le regard qu'il posa sur ses nouliths accrochés à son dos lui arracha un sourire plus franc. Ils ressemblaient à des épingles aux ornements d'argent, façonnés de tel sorte qu'ils puissent passer comme un accessoire de mode là où ils renfermaient tout le potentiel magique de sa porteuse. Nul étonnement, la dame était connue pour avoir des atours aussi discrets que nombreux sous ses jupons d'ivoire. Ses catalyseurs au bout formaient tous une boule translucide qui laissaient entrevoir le mélange des polarités éthériques - l'offensif et le défensif, mais elle s'était spécialisée dans l'art de la médecine défensive et curative là où son époux était l'un des mages les plus offensifs de l'histoire des sages. A dire vrai, il se sentait fier de pouvoir constater qu'ils étaient aujourd'hui devenue plus qu'un mari et une épouse, mais un véritable tandem aussi bien dans les affaires que sur le terrain. Tous ces fois où elle s'entraînait à ses côtés, parfois nuit et jour quand son mentor Glaciemcorde lui accordait un peu de son temps, il n'était pas un jour où il ne l'avait pas vu faire d'énormes progrès. Animée par l'ambition mais également un rêve qu'elle nourrissait au fond d'elle, il la voyait devenir l'une des premières Sages à Ishgard avec son talent bien à elle. Et puis, ce n'était pas la première fois qu'Ishgard verrait l'arrivée d'une pratique sharlayanaise...
"Maîtresse ! J'en ai trouvé d'autres !"
Anaëlle apparut derrière un arbre, ses mains chargés d'affaires entre l'éthéromètre et le nombre faramineux de feuilles volantes. A sa mine inquiète, Lenore comprit aussitôt et rejoignit sa dame de compagnie pour saisir les données. Au fur et à mesure de sa lecture, son regard se fronça sous l'oeil curieux mais pas moins sérieux de son époux plus loin.
"...Alors Il est également ici ?
- "Il"...?" demanda Derek qui préféra s'approcher des deux femmes, la mine sévère.
Lenore échangea un regard fugace avec sa suivante. Elle se tourna vers son mari, les mains serrées sur son propre éthéromètre. Il n'était plus question d'hésiter, c'était même là la plus palpitante des missions auxquelles elle pourrait participer à l'avenir pour sa thèse. La voix posée, elle lui répondit :
"Le Néant lui-même."
Elle le vit soupirer, exaspéré par ce monde qui ne voulait jamais les lâcher. Anaëlle paraissait aussi intriguée que terrifiée, après tout l'idée qu'une trace du néant puisse jouer dans ce déséquilibre pouvait tout et rien dire. En observant ses propres notes qu'elle écrivait depuis le début du voyage, soit deux semaines environs, s'il était vrai que le déséquilibre provoqué par l'apocalypse puisse mener à cette faille du néant lui semblait aussi plausible qu'invraisemblable...mais pas impossible.
Dans la soirée, Lenore organisa les rangs pour une expédition au coeur de cette île qui cachait bien trop de secrets pour être laissé à la merci des bêtes. Si ce qu'elle avait imaginé s'avérait vrai, nul doute qu'à l'Académie de Magie, elle serait bien partie pour devenir lauréate dans le Département de Noologie.
"Tu as été ma Némésis pendant si longtemps... Soit mon salut."
Lyssie
Il y a 10 mois et 4 jours
A des heures aussi tardives, rares étaient encore les élèves à rester sur les bancs de l'école. On les voyait plus proche du Noumène à étudier les cours du lendemain, quand ils n'étaient pas du côté du Dernier Rempart où ils pouvaient savourer un bon repas après une longue journée de travail parmi la foule qui profitait des températures plus douces en soirée. Lenore faisait partie de cette exception, sortant depuis le hall principale, Anaëlle se précipita à la rejoindre pour récupérer ses livres et autres dossiers qu'elle peina à bloquer contre son buste.
"Cela a duré bien plus longtemps que je ne l'envisageais. Vous ont-ils criblée de questions, son éminence a-t-elle été en mesure de fournir les réponses qu'ils attendaient ?"
La curiosité de sa dame de compagnie lui arracha un demi-sourire. Elle était celle qui la criblait le plus de questions sur le moment.
"Ce qu'il s'est passé à Myrendhil n'est pas passé inaperçu à leurs yeux et ils aimeraient en savoir plus sur le monde qui les entoure depuis l'apocalypse...ce qui m'a amenée à parler de ma thèse qui a retenu leur attention.
- Il faut dire que Myrendhil était un très bon cas d'étude. C'était une véritable aubaine. Peut-être allez-vous être en mesure de collaborer avec les professeurs de l'académie en tant qu'assistante ?
- Ce serait le meilleur scénario pour moi. Et puis, il y a ce professeur..."
Son attention divagua un instant sur le large sharlayanais. L'entrevue qu'elle venait de passer en présence des nouveaux professeurs Arthurin et Merlinoix, en plus du célèbre T'laqa Tia, tendait à la propulser sur une voie insoupçonnée jusque là : avec l'arrivée en masse des étrangers dans l'école prestigieuse, elle s'était vue attribuée le titre de déléguée d'un groupe de nouveau venus des contrées ishgardaises. Un honneur pour elle que d'aider les siens à apprendre les rudiments d'une nouvelle discipline quand on connait l'égo surdimensionnée -et mal placée- des gens de la Haute Sphère de la Sainte Cité. Son apprentissage auprès du Pr. Glaciemcorde avançait à bon rythme, et la voilà désormais à devoir faire office de guide aux nouveaux arrivants. Elle se remémorait de chaque sourire satisfait sur les visages fermés des professeurs, notamment celui d'Arthurin, mais il en était un autre, adossé contre une colonne en marbre, qui avait capté son attention. Le Pr. Strad était énigmatique et mystérieux et ce n'était pas la première fois qu'elle le voyait écouter aux portes de ses entretiens, elle avait la sensation qu'il la suivait d'une certaine manière. Trop tôt pour se prononcer, elle avait mieux à faire et l'heure tournait. Anaêlle ne devait pas encore tout savoir.
"Il est tard. Faisons un tour au Dernier Rempart.
- Vous en avez trop dit pour ne pas poursuivre la discussion en chemin, Maîtresse."
Lenore réprima un rire intérieur avant d'emboîter le pas sous la voie lactée qui resplendissait le ciel de mille lumières.
Assises à la table en bord de mer, elles discutèrent de tout et de rien. Il lui semblait faire une éternité qu'elles ne s'étaient pas retrouvées seulement toutes les deux compte-tenu de ses occupations du moment, elle se plaisait à voir, sous ses airs de femme glaciale, ce qui motivait autant sa dame de compagnie à poursuivre ses études en magie bleue. Elle ne lui cacha pas son désir de lui ressembler, il faut dire que l'admiration d'Anaëlle pour sa Maîtresse était une force admirable qu'il ne fallait pas sous-estimer. Grâce à elle, elle s'essayait à être meilleure diplomate et les premiers fruits de son travail lui paraissaient concluants. Voilà un an qu'elle la servait et l'Anaëlle trop douce et trop fragile fleurissait davantage à son image - elle en était fière dans le fond, mais elle n'était pas encore tout à fait prête. Viendrait le temps où les choses se corseraient, lorsque leur route croisera de nouveau celle du Pacte de la Vérité. Seulement à cet instant, elle verrait de quoi elle est véritablement capable.
Lenore caressa un instant la anse de sa tasse de thé, le regard songeur lorsque sa dame de compagnie lui demanda une énième fois ce qu'il s'était passé à l'entrevue. Il était inutile de la faire languir plus longtemps, se disait-elle.
"Je ne passe plus inaperçue désormais, pas plus que la Rose des Vents. Nous sommes vus comme les "Défenseurs de l'Équilibre" plutôt que les "Sauveurs d'Ori". Je n'avais jamais vu ce regard chez eux - ils veulent en savoir plus sur nous, mais surtout sur ma thèse : l'après apocalypse.
- Les pertubations des courants éthérés ne devraient en théorie plus laisser passer le dynamis, et ce dernier finira par diminuer pour ne plus affecter les régions les moins protégées... Toutefois, des certitudes et des probabilités seront sûrement demandées et attendues par les grandes compagnies. C'est une thèse d'avenir, j'imagine que vous devez être nombreux à vouloir étudier la chose. se demandait la jeune suivante.
- Potentiellement. Dans mon entourage, je suis la seule à le faire et j'en suis fort aise. Plus on nous regarde, plus on peut espérer obtenir els bonnes grâces des tête-pensantes pour notre succursale.
- Derek va adorer ça."
Un rire léger lui échappa des lèvres, c'était comme si elles pouvaient d'ores et déjà imaginer la réaction de Derek à cette annonce, un jour. Le regard tourné vers le ciel étoilé, c'était une bonne journée qui se terminait. Après Myrendhil, ils iraient sur l'Île des Songes pour creuser dans leur passé et découvrir les secrets de Serena. Ce n'était plus qu'une question de temps, mais les Feux de la Mort les attendaient de pied ferme pour un repos bien mérité.
"Cela a duré bien plus longtemps que je ne l'envisageais. Vous ont-ils criblée de questions, son éminence a-t-elle été en mesure de fournir les réponses qu'ils attendaient ?"
La curiosité de sa dame de compagnie lui arracha un demi-sourire. Elle était celle qui la criblait le plus de questions sur le moment.
"Ce qu'il s'est passé à Myrendhil n'est pas passé inaperçu à leurs yeux et ils aimeraient en savoir plus sur le monde qui les entoure depuis l'apocalypse...ce qui m'a amenée à parler de ma thèse qui a retenu leur attention.
- Il faut dire que Myrendhil était un très bon cas d'étude. C'était une véritable aubaine. Peut-être allez-vous être en mesure de collaborer avec les professeurs de l'académie en tant qu'assistante ?
- Ce serait le meilleur scénario pour moi. Et puis, il y a ce professeur..."
Son attention divagua un instant sur le large sharlayanais. L'entrevue qu'elle venait de passer en présence des nouveaux professeurs Arthurin et Merlinoix, en plus du célèbre T'laqa Tia, tendait à la propulser sur une voie insoupçonnée jusque là : avec l'arrivée en masse des étrangers dans l'école prestigieuse, elle s'était vue attribuée le titre de déléguée d'un groupe de nouveau venus des contrées ishgardaises. Un honneur pour elle que d'aider les siens à apprendre les rudiments d'une nouvelle discipline quand on connait l'égo surdimensionnée -et mal placée- des gens de la Haute Sphère de la Sainte Cité. Son apprentissage auprès du Pr. Glaciemcorde avançait à bon rythme, et la voilà désormais à devoir faire office de guide aux nouveaux arrivants. Elle se remémorait de chaque sourire satisfait sur les visages fermés des professeurs, notamment celui d'Arthurin, mais il en était un autre, adossé contre une colonne en marbre, qui avait capté son attention. Le Pr. Strad était énigmatique et mystérieux et ce n'était pas la première fois qu'elle le voyait écouter aux portes de ses entretiens, elle avait la sensation qu'il la suivait d'une certaine manière. Trop tôt pour se prononcer, elle avait mieux à faire et l'heure tournait. Anaêlle ne devait pas encore tout savoir.
"Il est tard. Faisons un tour au Dernier Rempart.
- Vous en avez trop dit pour ne pas poursuivre la discussion en chemin, Maîtresse."
Lenore réprima un rire intérieur avant d'emboîter le pas sous la voie lactée qui resplendissait le ciel de mille lumières.
Assises à la table en bord de mer, elles discutèrent de tout et de rien. Il lui semblait faire une éternité qu'elles ne s'étaient pas retrouvées seulement toutes les deux compte-tenu de ses occupations du moment, elle se plaisait à voir, sous ses airs de femme glaciale, ce qui motivait autant sa dame de compagnie à poursuivre ses études en magie bleue. Elle ne lui cacha pas son désir de lui ressembler, il faut dire que l'admiration d'Anaëlle pour sa Maîtresse était une force admirable qu'il ne fallait pas sous-estimer. Grâce à elle, elle s'essayait à être meilleure diplomate et les premiers fruits de son travail lui paraissaient concluants. Voilà un an qu'elle la servait et l'Anaëlle trop douce et trop fragile fleurissait davantage à son image - elle en était fière dans le fond, mais elle n'était pas encore tout à fait prête. Viendrait le temps où les choses se corseraient, lorsque leur route croisera de nouveau celle du Pacte de la Vérité. Seulement à cet instant, elle verrait de quoi elle est véritablement capable.
Lenore caressa un instant la anse de sa tasse de thé, le regard songeur lorsque sa dame de compagnie lui demanda une énième fois ce qu'il s'était passé à l'entrevue. Il était inutile de la faire languir plus longtemps, se disait-elle.
"Je ne passe plus inaperçue désormais, pas plus que la Rose des Vents. Nous sommes vus comme les "Défenseurs de l'Équilibre" plutôt que les "Sauveurs d'Ori". Je n'avais jamais vu ce regard chez eux - ils veulent en savoir plus sur nous, mais surtout sur ma thèse : l'après apocalypse.
- Les pertubations des courants éthérés ne devraient en théorie plus laisser passer le dynamis, et ce dernier finira par diminuer pour ne plus affecter les régions les moins protégées... Toutefois, des certitudes et des probabilités seront sûrement demandées et attendues par les grandes compagnies. C'est une thèse d'avenir, j'imagine que vous devez être nombreux à vouloir étudier la chose. se demandait la jeune suivante.
- Potentiellement. Dans mon entourage, je suis la seule à le faire et j'en suis fort aise. Plus on nous regarde, plus on peut espérer obtenir els bonnes grâces des tête-pensantes pour notre succursale.
- Derek va adorer ça."
Un rire léger lui échappa des lèvres, c'était comme si elles pouvaient d'ores et déjà imaginer la réaction de Derek à cette annonce, un jour. Le regard tourné vers le ciel étoilé, c'était une bonne journée qui se terminait. Après Myrendhil, ils iraient sur l'Île des Songes pour creuser dans leur passé et découvrir les secrets de Serena. Ce n'était plus qu'une question de temps, mais les Feux de la Mort les attendaient de pied ferme pour un repos bien mérité.
Les enfants couchés, son mari dormant dans la chambre conjugale et sa suivante congédiée dans ses quartiers, il n'y avait plus qu'elle, son thé et les différents rapports sur leur expédition à Myrendhil qui, au fur et à mesure de sa relecture, ne lui laissait plus aucun doute quant à l'impact de l'apocalypse sur l'apparition de cette brèche du néant au coeur de l'île. Naturellement, elle avait d'abord pensé à l’œuvre de l'Homme qui, pendant de nombreuses années, restaient le facteur principal des créations de faille du néant de ce genre, mais sur cette île où les animaux étaient rois et où aucune trace humaine n'avait été trouvée, son hypothèse vis-à-vis de l'impact qu'avait eu la fin du monde sur Aetherys tendait à se confirmer de plus en plus.
"Et si cela est vrai, cela veut dire que le monde est encore loin de connaître une paix véritable." se murmura-t-elle pour elle-même.
Pour les siens, pour sa famille, elle aurait évidemment préféré que cela ne soit pas le cas, qu'un mage noir fou-à-lier soit la cause de tout ce remue-ménage sur l'île de Myrendhil. Elle en venait presque à espérer y revoir la secte du Lys Rouge, mais cela aurait été bien trop simple. D'un long soupir, elle glissa son attention sur les flammes dansantes derrière les barreaux de la cheminée. Cet avenir, cette paix, elle irait la chercher elle-même s'il le fallait pas.
Pour les siens, pour sa famille...mais également pour elle-même.
"Et si cela est vrai, cela veut dire que le monde est encore loin de connaître une paix véritable." se murmura-t-elle pour elle-même.
Pour les siens, pour sa famille, elle aurait évidemment préféré que cela ne soit pas le cas, qu'un mage noir fou-à-lier soit la cause de tout ce remue-ménage sur l'île de Myrendhil. Elle en venait presque à espérer y revoir la secte du Lys Rouge, mais cela aurait été bien trop simple. D'un long soupir, elle glissa son attention sur les flammes dansantes derrière les barreaux de la cheminée. Cet avenir, cette paix, elle irait la chercher elle-même s'il le fallait pas.
Pour les siens, pour sa famille...mais également pour elle-même.
"A nous le monde."