[Lenore] Tome V - L'Éveil du Cristal
Lyssie
Il y a 10 mois et 1 jour
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Les premières brises de l’automne sillaient les allées couvertes de neiges dans la Sainte Cité. À Ishgard, la vie suivait son cours, mais chaque jour, chaque lune, la ville retrouvait un peu plus de sa splendeur d’antan grâce aux efforts des nobles, des roturiers et des aventuriers. Ce n’était pas pour déplaire à Lenore qui observait depuis son grand balcon son évolution. Sept lunes déjà qu’elle avait déplacé la plupart de ses affaires de sa villégiature de Brumée à son domaine principal, elle n’avait pas vu le temps passé.
Depuis qu’elle avait quitté l’Académie de Magie de Sharlayan, elle n’avait eu de cesse de préparer son retour à Ishgard avec sa famille, sa dame de compagnie toujours aussi exemplaire et dévouée ainsi que son nouvel allié, messire Foresther. Elle passait de longues heures matinales au Conservatoire avec Anaëlle à travailler sa voix et son lyrisme, son regard se perdant par moment en direction de la fenêtre ; l’après-midi elle se consacrait à la gestion de la Rose des Vents qui pouvait jouir de nouvelles opportunités à ne plus savoir quoi en faire quand ce n’était pas les premières esquisses de ses plans au sein de la vie ishgardaise ; il n’y avait réellement que le soir où elle pouvait retrouver mari et enfants dont le regard fatigué trahissait des journées bien remplies. Alexander avait déjà entamé sa toute première rentrée la lune précédente et au vu des premiers résultats, Derek pouvait déjà être fier d’avoir élevé un fils aussi doué si l’on se référait au classement au sein du scolasticat. Lenore souffla un léger rire, déviant son regard du balcon au miroir de sa coiffeuse.
"Maîtresse se perd dans ses pensées ?
- Je repense à ces dernières lunes."
Anaëlle se trouvait debout derrière elle, coiffant minutieusement les longs cheveux de Lenore avec une brosse à cheveux en poils de sanglier. Victoria n’était jamais loin, sagement en train d’essayer d’attraper les oiseaux tournant au-dessus de son berceau sous l’attention bienveillante des gouvernantes. Sans son frère dans les parages, son « repère » n’était plus et il avait fallu redoubler d’efforts pour contenir ce poupon déjà bien énergique.
Face à Lenore, les documents financiers de la Rose et les journaux éorzéens captaient de nouveau son intérêt maintenant qu’elle pouvait profiter d’un peu de temps pour elle.
"Je ne vous ai pas encore avertie, Maîtresse, mais nous devons préparer une rencontre pour bientôt. Il nous faudra prochainement rencontrer un baron.
- Un baron ?
- Ruuj et Maëlle sont à la recherche de certaines légendes. Il existerait un vallon surplombé par une région aérienne. L'explorateur HautCastel aurait atteint cet Eden."
Cela ne pouvait pas mieux tomber. À ses yeux, la présence de cette famille sur l’archipel de Norvente pourrait s’avérer être une mine d’or autant pour la Rose des Vents et sa volonté à découvrir le monde depuis que l’équilibre y a été rétabli, que pour les Riverhood s’ils voulaient gagner du terrain politique. C’était sans compter sur la curiosité et cette envie de déceler les secrets de Ruuj avec cette mystérieuse légende de la Princesse tombée du ciel qu’ils pourront bientôt jouir de cette opportunité.
"Très bien. Que sais-tu de cette famille ?
- La mesnie est loyale, relativement discrète. Leur devoir l'impose, après tout. L'héritier m'apprécie et nos intentions concernant l'archipel volant ne sont pas mauvaises donc, à ses dires, nous pourrions avec quelques bons arguments obtenir un passe-droit. Les arguments en question seraient bons à préparer, j'ai listé quelques notes au sujet de leur famille, nous pourrons la survoler ensemble.
- L’héritier t’apprécie ? questionna Lenore en tournant son regard inflexible par-dessus son épaule. Anaëlle rougit.
- Son éminence a bien entendu. Mais n'allez pas croire surtout que vous me vendrez pour une paire d'îles volantes et des secrets millénaires !
- C’est pourtant tentant."
Lenore n’était pas connue pour son humour, pourtant Anaëlle ne réprima pas son rire. Il faut dire qu’après autant de temps passé à ses côtés au cœur d’Eorzéa, sa jeune suivante n’avait encore jamais connu de "saison" ; une chose que Lenore avait toujours condamné.
"Vous savez que je l'accepterais si vous me le demandez.
- Il me faut d'abord voir le gentilhomme. Jamais je ne te donnerai au premier venu."
Après une heure à coiffer les longs cheveux de sa maîtresse, Anaëlle se tourna vers l’immense garde-robe de cette dernière pour lui préparer sa tenue du jour. Lenore ne fit pas attention à son image dans le reflet du miroir, trop occupée à relire ses écrits et ses chiffres. Ni une, ni deux, elle se releva de son siège, le parchemin enroulé et scellé d’un nœud rouge, pour l’apposer sur son bureau avant de se tenir debout face à son grand miroir. D’un geste lent, Anaëlle présenta la robe préférée de sa maîtresse, prête à être portée. Tout en serrant sa poitrine dans le corset noirâtre d’un geste ritualisé, lent et précis, elle ne put s’empêcher de croiser le regard ferme et ambitieux de Lenore.
"Quelles prétentions avez-vous pour les prochaines lunes, Maîtresse ?
- Dans un an, je me vois entrer dans la Chambre des Nobles. Cela veut dire préparer mon retour ici, préparer des événements spéciaux, des bals, préparer les vraies saisons. Par la même occasion, cela veut dire que je devrais m'écarter du terrain de la compagnie. De toute évidence, la compagnie a besoin d'un renouveau certain. Il me faut simplement choisir la direction du cap.
- Il pourrait être judicieux pour vous de vous écarter de sa direction directe, tout en restant son mécène et son membre. Vos affaires ne pâtiront pas de vos absences si elles sont ponctuelles."
Lenore souffla du nez, tandis qu’Anaëlle lui enfilait jupons après jupons.
"C'est ce à quoi je pensais. Je peux en rester la "présidente", mais le terrain doit être entre les mains d'une autre personne.
- Si cela vous permet de mieux gérer les affaires de la mesnie, je ne pense pas que nos compagnons s'y opposeront. Qu'en dit monsieur de Riverhood ?
- Je pense que cela ne changera pas pour lui s'il reste le second et, surtout, le trésorier."
La simple idée que Derek quitte un poste aussi adéquat avec ses compétences aurait pu presque la faire rire. Presque.
"Je pense surtout à toi. Que comptes-tu faire ? Je te sais aventurière dans l'âme.
- J'aimerai explorer le nouveau monde. Mais toutes les missions de la compagnie ne sont pas faites pour moi."
Tout en lissant les pans du dernier jupon, elle lui expliqua ses rêves, ses craintes et ses envies. Anaëlle, depuis qu’elle marchait aux côtés de sa maîtresse, profitait d’une vie de rêve au cœur d’Eorzéa. Elle avait pris goût aux voyages, aux découvertes, mais surtout aux mystères qu’elle découvrait chaque jour aux côtés de ses compagnons de la Rose. Néanmoins, elle avait également appris ses limites ; certaines missions trop dangereuses n’étaient pas faites pour elle. Elle était faite pour découvrir les merveilles du monde, pas combattre.
En l’écoutant, Lenore savait pertinemment qu’elle prenait la bonne décision de faire évoluer la Rose dans ce sens, peut-être même Victoria le savait elle aussi si l’on en croyait ses balbutiements qui attira sans plus tarder sa mère, judicieusement suivie d’Anaëlle qui laça le nœud dans son dos. Elle saisit avec douceur Victoria dans ses bras, la berçant devant la grande fenêtre du balcon. Au vu de la hauteur du soleil, il devait être dix heures du matin désormais.
"De toute évidence, l'équilibre a été rétabli depuis la fin de l'apocalypse et nous avons aidé à relancer l’économie des habitants d’Ori, de Tut’raa et de Myrendhil grâce à nos arches."
Quand sa fille fut endormie, Lenore s’approcha du grand berceau rempli de coussins et de peluches, cadeau des proches et des rares amis qu’elle possédait. Elle la déposa avec délicatesse pour la border ensuite, sous le regard attendri des gouvernantes et de sa suivante qui rassemblait leurs affaires. Elle embrassa le front de Victoria et lui caressa ses cheveux d’or.
"Nul besoin de rester les défenseurs d'une cause depuis longtemps gagnée."
D’un signe de tête vers les gouvernantes, celles-ci prirent le relais. Anaëlle suivit de près Lenore qui quitta la demeure, ajustant ses gants en soie blanc.
Depuis qu’elle avait quitté l’Académie de Magie de Sharlayan, elle n’avait eu de cesse de préparer son retour à Ishgard avec sa famille, sa dame de compagnie toujours aussi exemplaire et dévouée ainsi que son nouvel allié, messire Foresther. Elle passait de longues heures matinales au Conservatoire avec Anaëlle à travailler sa voix et son lyrisme, son regard se perdant par moment en direction de la fenêtre ; l’après-midi elle se consacrait à la gestion de la Rose des Vents qui pouvait jouir de nouvelles opportunités à ne plus savoir quoi en faire quand ce n’était pas les premières esquisses de ses plans au sein de la vie ishgardaise ; il n’y avait réellement que le soir où elle pouvait retrouver mari et enfants dont le regard fatigué trahissait des journées bien remplies. Alexander avait déjà entamé sa toute première rentrée la lune précédente et au vu des premiers résultats, Derek pouvait déjà être fier d’avoir élevé un fils aussi doué si l’on se référait au classement au sein du scolasticat. Lenore souffla un léger rire, déviant son regard du balcon au miroir de sa coiffeuse.
"Maîtresse se perd dans ses pensées ?
- Je repense à ces dernières lunes."
Anaëlle se trouvait debout derrière elle, coiffant minutieusement les longs cheveux de Lenore avec une brosse à cheveux en poils de sanglier. Victoria n’était jamais loin, sagement en train d’essayer d’attraper les oiseaux tournant au-dessus de son berceau sous l’attention bienveillante des gouvernantes. Sans son frère dans les parages, son « repère » n’était plus et il avait fallu redoubler d’efforts pour contenir ce poupon déjà bien énergique.
Face à Lenore, les documents financiers de la Rose et les journaux éorzéens captaient de nouveau son intérêt maintenant qu’elle pouvait profiter d’un peu de temps pour elle.
"Je ne vous ai pas encore avertie, Maîtresse, mais nous devons préparer une rencontre pour bientôt. Il nous faudra prochainement rencontrer un baron.
- Un baron ?
- Ruuj et Maëlle sont à la recherche de certaines légendes. Il existerait un vallon surplombé par une région aérienne. L'explorateur HautCastel aurait atteint cet Eden."
Cela ne pouvait pas mieux tomber. À ses yeux, la présence de cette famille sur l’archipel de Norvente pourrait s’avérer être une mine d’or autant pour la Rose des Vents et sa volonté à découvrir le monde depuis que l’équilibre y a été rétabli, que pour les Riverhood s’ils voulaient gagner du terrain politique. C’était sans compter sur la curiosité et cette envie de déceler les secrets de Ruuj avec cette mystérieuse légende de la Princesse tombée du ciel qu’ils pourront bientôt jouir de cette opportunité.
"Très bien. Que sais-tu de cette famille ?
- La mesnie est loyale, relativement discrète. Leur devoir l'impose, après tout. L'héritier m'apprécie et nos intentions concernant l'archipel volant ne sont pas mauvaises donc, à ses dires, nous pourrions avec quelques bons arguments obtenir un passe-droit. Les arguments en question seraient bons à préparer, j'ai listé quelques notes au sujet de leur famille, nous pourrons la survoler ensemble.
- L’héritier t’apprécie ? questionna Lenore en tournant son regard inflexible par-dessus son épaule. Anaëlle rougit.
- Son éminence a bien entendu. Mais n'allez pas croire surtout que vous me vendrez pour une paire d'îles volantes et des secrets millénaires !
- C’est pourtant tentant."
Lenore n’était pas connue pour son humour, pourtant Anaëlle ne réprima pas son rire. Il faut dire qu’après autant de temps passé à ses côtés au cœur d’Eorzéa, sa jeune suivante n’avait encore jamais connu de "saison" ; une chose que Lenore avait toujours condamné.
"Vous savez que je l'accepterais si vous me le demandez.
- Il me faut d'abord voir le gentilhomme. Jamais je ne te donnerai au premier venu."
Après une heure à coiffer les longs cheveux de sa maîtresse, Anaëlle se tourna vers l’immense garde-robe de cette dernière pour lui préparer sa tenue du jour. Lenore ne fit pas attention à son image dans le reflet du miroir, trop occupée à relire ses écrits et ses chiffres. Ni une, ni deux, elle se releva de son siège, le parchemin enroulé et scellé d’un nœud rouge, pour l’apposer sur son bureau avant de se tenir debout face à son grand miroir. D’un geste lent, Anaëlle présenta la robe préférée de sa maîtresse, prête à être portée. Tout en serrant sa poitrine dans le corset noirâtre d’un geste ritualisé, lent et précis, elle ne put s’empêcher de croiser le regard ferme et ambitieux de Lenore.
"Quelles prétentions avez-vous pour les prochaines lunes, Maîtresse ?
- Dans un an, je me vois entrer dans la Chambre des Nobles. Cela veut dire préparer mon retour ici, préparer des événements spéciaux, des bals, préparer les vraies saisons. Par la même occasion, cela veut dire que je devrais m'écarter du terrain de la compagnie. De toute évidence, la compagnie a besoin d'un renouveau certain. Il me faut simplement choisir la direction du cap.
- Il pourrait être judicieux pour vous de vous écarter de sa direction directe, tout en restant son mécène et son membre. Vos affaires ne pâtiront pas de vos absences si elles sont ponctuelles."
Lenore souffla du nez, tandis qu’Anaëlle lui enfilait jupons après jupons.
"C'est ce à quoi je pensais. Je peux en rester la "présidente", mais le terrain doit être entre les mains d'une autre personne.
- Si cela vous permet de mieux gérer les affaires de la mesnie, je ne pense pas que nos compagnons s'y opposeront. Qu'en dit monsieur de Riverhood ?
- Je pense que cela ne changera pas pour lui s'il reste le second et, surtout, le trésorier."
La simple idée que Derek quitte un poste aussi adéquat avec ses compétences aurait pu presque la faire rire. Presque.
"Je pense surtout à toi. Que comptes-tu faire ? Je te sais aventurière dans l'âme.
- J'aimerai explorer le nouveau monde. Mais toutes les missions de la compagnie ne sont pas faites pour moi."
Tout en lissant les pans du dernier jupon, elle lui expliqua ses rêves, ses craintes et ses envies. Anaëlle, depuis qu’elle marchait aux côtés de sa maîtresse, profitait d’une vie de rêve au cœur d’Eorzéa. Elle avait pris goût aux voyages, aux découvertes, mais surtout aux mystères qu’elle découvrait chaque jour aux côtés de ses compagnons de la Rose. Néanmoins, elle avait également appris ses limites ; certaines missions trop dangereuses n’étaient pas faites pour elle. Elle était faite pour découvrir les merveilles du monde, pas combattre.
En l’écoutant, Lenore savait pertinemment qu’elle prenait la bonne décision de faire évoluer la Rose dans ce sens, peut-être même Victoria le savait elle aussi si l’on en croyait ses balbutiements qui attira sans plus tarder sa mère, judicieusement suivie d’Anaëlle qui laça le nœud dans son dos. Elle saisit avec douceur Victoria dans ses bras, la berçant devant la grande fenêtre du balcon. Au vu de la hauteur du soleil, il devait être dix heures du matin désormais.
"De toute évidence, l'équilibre a été rétabli depuis la fin de l'apocalypse et nous avons aidé à relancer l’économie des habitants d’Ori, de Tut’raa et de Myrendhil grâce à nos arches."
Quand sa fille fut endormie, Lenore s’approcha du grand berceau rempli de coussins et de peluches, cadeau des proches et des rares amis qu’elle possédait. Elle la déposa avec délicatesse pour la border ensuite, sous le regard attendri des gouvernantes et de sa suivante qui rassemblait leurs affaires. Elle embrassa le front de Victoria et lui caressa ses cheveux d’or.
"Nul besoin de rester les défenseurs d'une cause depuis longtemps gagnée."
D’un signe de tête vers les gouvernantes, celles-ci prirent le relais. Anaëlle suivit de près Lenore qui quitta la demeure, ajustant ses gants en soie blanc.
Debout devant les grandes portes du conservatoire, sous l’ombrelle blanche tenue par Anaëlle et protégée de deux chevaliers, Lenore gonfla sa poitrine d’air. Une nouvelle journée commençait, comme un nouveau chapitre dans son histoire. Comme une pensée fugace portée par le vent, elle entendit la voix de Dorian lui susurrer quelques mots.
"Vous êtes Ishgard."
Lyssie
Il y a 10 mois et 1 jour
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"Je me dis que vous non plus, je ne peux avoir votre main. Vous êtes mariée." fit Lucien en riant légèrement.
Dans les hauteurs d'Empyrée, il était plus simple d'observer la beauté du quartier résidentiel qui, il y avait tout juste deux ans, n'était qu'un ramassis de ruines. Sir Hautchemin l'avait trouvée songeuse face à ce tableau magnifique, mais pour le futur baron, c'était une autre beauté qui l'avait envoûté.
"Je doute être désirable, voyons, messire.
- Vous l'êtes, Lenore. De mon point de vue en tout cas et en tout respect que j'ai pour vous, mais je me limiterais à ça."
Ce qui faisait le charme de la noblesse ishgardaise résidait naturellement dans les confessions faites à demi-mot d'un gentilhomme envers une dame. Le romantisme à l'état pur faisait frémir les jeunes demoiselles en recherche de passion et d'amour et il fut un temps où Lenore en était friande elle aussi. Ils laissèrent planer un flottement, le vent soulevant la pélicule de neige amassée sur le muret en face d'eux. Ses avœux n'étaient pas sans lui rappeler ceux de Dorian, un au auparavant.
Dans les hauteurs d'Empyrée, il était plus simple d'observer la beauté du quartier résidentiel qui, il y avait tout juste deux ans, n'était qu'un ramassis de ruines. Sir Hautchemin l'avait trouvée songeuse face à ce tableau magnifique, mais pour le futur baron, c'était une autre beauté qui l'avait envoûté.
"Je doute être désirable, voyons, messire.
- Vous l'êtes, Lenore. De mon point de vue en tout cas et en tout respect que j'ai pour vous, mais je me limiterais à ça."
Ce qui faisait le charme de la noblesse ishgardaise résidait naturellement dans les confessions faites à demi-mot d'un gentilhomme envers une dame. Le romantisme à l'état pur faisait frémir les jeunes demoiselles en recherche de passion et d'amour et il fut un temps où Lenore en était friande elle aussi. Ils laissèrent planer un flottement, le vent soulevant la pélicule de neige amassée sur le muret en face d'eux. Ses avœux n'étaient pas sans lui rappeler ceux de Dorian, un au auparavant.
"Je vous aime !"
La vicomtesse ferma les yeux, son visage demeurant de marbre. D'une manière ou d'une autre, elle savait que sa beauté faisait tourner les têtes, que ce soit dans son maintien, sa grâce, ses idées ou son tempérament, si ce n'était pas tout cela en même temps. Derek le savait pertinemment également, ce n'était pas pour rien qu'il la mettait autant en avant. Elle finit par lui faire face, ne déviant pas le regard.
"Vous aimez jouer avec le feu.
- Jusqu'à maintenant je ne me suis pas brûlé, je sais où je dois m'arrêter."
Malgré tout, elle voulait saluer ce saut de l'ange, combien d'hommes osaient faire le grand plongeon ? Mais elle refusa ses avances en le remerciant, la main posée sur son cœur, le visage marqué par une déférence humble et mesuré. La dame était un exemple de fidélité et son cœur n'appartenait qu'à un seul homme, ce n'était pas bien étonnant. Il y répondit avec tout autant d'élégance, son humilité se mêlait à sa passion dans son regard.
Ils discutèrent un long moment en haut de ce promontoire, tandis qu'on installait petit à petit les décorations de la Fête des Étoiles à venir en contrebas. L'élezen s'était intéressé à son rêve, ses ambitions de faire partie de la Chambre des Nobles, il se portait même volontaire à l'assister dans ce voyage non sans obstable compte-tenu de son ethnie. Elle avait beau être vicomtesse et le pays avait beau s'ouvrir aux étrangers, les disparités et les différends entre élezens et hyurois demeuraient présents dans la caste nobliaire. Mais Lenore était prête à y faire face ; ce n'était pas le premier obstacle qu'elle braverait et cela ne sera ni le dernier. La dame avait de l'ambition, par pour une histoire de pouvoir, mais elle était connue pour être une visionnaire et depuis la fin de la guerre millénaire ainsi que de l'apocalypse, plusieurs questions géopolitiques restaient en attente, à commencer par la démographie ishgardaise qui allait pâtir de cette paix. La guerre apportait des problèmes, mais la paix n'en était pas exempte.
"Vu que nous avons des intérêts en commun pour notre nation, peut-être que nous pouvons envisager une sorte d'alliance." avait-il déclaré, aussi sérieux que sincère. Aux yeux de Lenore, Lucien comptait parmi le peu d'amis qu'elle avait. Dans un commun accord, ils se verraient dans les jours à venir pour convenir des termes de l'alliance, l'élezen stipulant bien à la dame dans un rire qu'il ne voudrait pas sceller cette alliance par un mariage. Cela avait réussi à arracher un léger rire de la vicomtesse.
"Vous aimez jouer avec le feu.
- Jusqu'à maintenant je ne me suis pas brûlé, je sais où je dois m'arrêter."
Malgré tout, elle voulait saluer ce saut de l'ange, combien d'hommes osaient faire le grand plongeon ? Mais elle refusa ses avances en le remerciant, la main posée sur son cœur, le visage marqué par une déférence humble et mesuré. La dame était un exemple de fidélité et son cœur n'appartenait qu'à un seul homme, ce n'était pas bien étonnant. Il y répondit avec tout autant d'élégance, son humilité se mêlait à sa passion dans son regard.
Ils discutèrent un long moment en haut de ce promontoire, tandis qu'on installait petit à petit les décorations de la Fête des Étoiles à venir en contrebas. L'élezen s'était intéressé à son rêve, ses ambitions de faire partie de la Chambre des Nobles, il se portait même volontaire à l'assister dans ce voyage non sans obstable compte-tenu de son ethnie. Elle avait beau être vicomtesse et le pays avait beau s'ouvrir aux étrangers, les disparités et les différends entre élezens et hyurois demeuraient présents dans la caste nobliaire. Mais Lenore était prête à y faire face ; ce n'était pas le premier obstacle qu'elle braverait et cela ne sera ni le dernier. La dame avait de l'ambition, par pour une histoire de pouvoir, mais elle était connue pour être une visionnaire et depuis la fin de la guerre millénaire ainsi que de l'apocalypse, plusieurs questions géopolitiques restaient en attente, à commencer par la démographie ishgardaise qui allait pâtir de cette paix. La guerre apportait des problèmes, mais la paix n'en était pas exempte.
"Vu que nous avons des intérêts en commun pour notre nation, peut-être que nous pouvons envisager une sorte d'alliance." avait-il déclaré, aussi sérieux que sincère. Aux yeux de Lenore, Lucien comptait parmi le peu d'amis qu'elle avait. Dans un commun accord, ils se verraient dans les jours à venir pour convenir des termes de l'alliance, l'élezen stipulant bien à la dame dans un rire qu'il ne voudrait pas sceller cette alliance par un mariage. Cela avait réussi à arracher un léger rire de la vicomtesse.
La foule en délire sembla la ramener des années en arrière lorsqu'Ishgard était friande de ce type d'événements. Maintenant qu'ils étaient en paix, tournois et bals reprenaient de plus bel à la Sainte Cité, si bien que l'ouverture aux étrangers voyaient le public se parsemer d'ethnies haut en couleur. Et parmi ce tableau, elle ne pouvait en être que plus satisfaite. Elle avait salué quelques amis et autres personnes qu'elle estimait, certains vinrent la voir pour lui offrir leurs respects. Mademoiselle de Galland, plus précisément, l'avait un tant soit peu éclipsée des siens pour lui dire qu'elle avait été la première personne à lui venir en tête lorsqu'elle cherchait une personne de grâce et d'éducation pour le majordome qu'elle souhaitait lui donner.
"Je sais que vous n'en ferez pas un trophée, vous."
C'était une belle soirée, la meilleure ces derniers jours, elle reflétait toute la beauté d'Ishgard. Le visage inflexible qu'elle affichait ne parvenait pas à dissimuler l'étincelle de fierté pour celle qui avait œuvré à une Ishgard plus ouverte. Les siens hurlaient leurs encouragements à Lucien "le pâtissier", ses alliés les Loups les avaient rejoint avec le même état d'esprit, Derek qui restait un uldien malgré tout était venu l'accompagner et semblait apprécier la joute, le sourire aux lèvres. Même Akira, venu la saluer comme si rien ne s'était passé, n'avait su gâcher la fête lorsqu'elle l'ignora et passa devant lui. Non, pas même un névrosé qui faisait honte à sa femme, qui valait bien mieux que ça à ses yeux, n'aurait su le faire.
Dans le fiacre avec sa dame de compagnie, Derek et son "gardien" Delavigne, tout était soudainement plus calme. Les lumières chatoyantes de la Sainte Cité s'engouffraient à tour de rôle dans l'habitacle, la neige tapaient doucement contre les fenêtres. Si Derek et Laurence retraçaient les combats de la soirée avec enthousiasme, les petits regards d'Anaëlle vers le chevalier Delavigne la trahissait auprès de Lenore qui se contenta d'observer sans rien dire.
"Je sais que vous n'en ferez pas un trophée, vous."
C'était une belle soirée, la meilleure ces derniers jours, elle reflétait toute la beauté d'Ishgard. Le visage inflexible qu'elle affichait ne parvenait pas à dissimuler l'étincelle de fierté pour celle qui avait œuvré à une Ishgard plus ouverte. Les siens hurlaient leurs encouragements à Lucien "le pâtissier", ses alliés les Loups les avaient rejoint avec le même état d'esprit, Derek qui restait un uldien malgré tout était venu l'accompagner et semblait apprécier la joute, le sourire aux lèvres. Même Akira, venu la saluer comme si rien ne s'était passé, n'avait su gâcher la fête lorsqu'elle l'ignora et passa devant lui. Non, pas même un névrosé qui faisait honte à sa femme, qui valait bien mieux que ça à ses yeux, n'aurait su le faire.
Dans le fiacre avec sa dame de compagnie, Derek et son "gardien" Delavigne, tout était soudainement plus calme. Les lumières chatoyantes de la Sainte Cité s'engouffraient à tour de rôle dans l'habitacle, la neige tapaient doucement contre les fenêtres. Si Derek et Laurence retraçaient les combats de la soirée avec enthousiasme, les petits regards d'Anaëlle vers le chevalier Delavigne la trahissait auprès de Lenore qui se contenta d'observer sans rien dire.
"La saison arrive plus tôt que prévu" pensa-t-elle.
Lyssie
Il y a 9 mois et 3 semaines
La neige tombait lentement en continu sur les toits des différents manoirs de la Sainte Cité tandis que Lenore regardait Victoria jouer avec son grand frère au travers de la fenêtre. Jouer était un bien grand mot, à deux ans à peine la petite fille se contentait de rire lorsqu’Alexander, aussi expressif qu’une cuillère en bois, se prenait en pleine tête la neige qu’elle lui lançait. Deux ans déjà… Le temps semblait lui glisser entre les mains.
Tant de choses se succédaient, voilà qu’elle profitait d’un peu de sérénité. Elle avait répondu à l’enquête de messire Delavigne qui mettait tout en œuvre pour laver son nom des griffes de la famille Gavreau. La récente “altercation” avec les Valsonge l’avait aussi rendue nerveuse. Toute cette agitation pour des menaces en l’air qui avaient même poussé l’Escadron de l’Aube à s’en mêler jusqu’à braver leurs droits d’exercer, mais ce qui l’importunait était tout autre ; que venaient faire ces chiens à la capitale ? Même Derek avait su trouver cela bizarre.
“Quelle est cette histoire de Valsonge, Lenore ?”
Après des années dans l’ombre, il avait fallu qu’ils sortent de leur niche. Elle s’était tellement habituée à les contenir en dehors de la ville qu’elle en avait oublié la colère que cela lui provoque lorsqu’ils sillonnaient les pavés de pierre de la haute société. Rustres, impatients, ils avaient tout d’une famille de roturiers à qui on avait donné un titre et elle aurait volontiers souhaité qu’ils restent dans leur coin. Leur retour sur la scène politique ne signifiait rien de bon pour Lenore, cette famille pathétique et irresponsable ne méritait, à ses yeux, aucune empathie, ni seconde chance, pour l’affront qu’ils avaient commis. En y pensant, elle ne se rendit pas compte qu’elle tremblait de la main droite à force de serrer l’accoudoir. Il faut dire que bien qu’ils s’agissaient de ses vassaux, leur histoire avec les Riverhood ne brillait plus depuis quelques générations.
“Maîtresse ?”
La voix d’Anaëlle l’interrompit dans ses pensées. Anaëlle tenait un violon, la mine inquiète.
“Nous devions répéter… Vous souvenez-vous ?
- Oh, c’est vrai… Allons-y.”
Son regard se porta une dernière fois sur ses enfants sous la surveillance d’Adeline, une gouvernante, avant qu’elle ne se lève pour se diriger vers le salon à musique du manoir Riverhood, par habitude plus que volonté quand son esprit, troublé, n’arrivait à faire le vide. Cruelle ironie pour une femme qui a toujours su faire preuve d’une inflexibilité immuable.
Les lourds rideaux en velours tirés laissaient pénétrer la lumière naturelle dans la pièce, illuminant le piano posé au centre de la pièce. Lenore s’assit devant lui, les mains glissant sur le clavier tandis qu’Anaëlle se tint à ses côtés, violon sur l’épaule, son regard trahissant une certaine inquiétude qu’elle voila d’un léger sourire.
Et elles jouaient. Les deux femmes en symbiose laissaient parler leur musique et mêlaient instruments et voix pour ne faire qu’un. Depuis que messire Delacroix et son acolyte Alberick les avaient invité à se produire sur scène en duo, Lenore n’avait eu de cesse de travailler de concert avec Anaëlle pour composer plusieurs morceaux qui reflétaient leur essence et qui les correspondaient. Il faut dire que Lady Lenore avait levé le pied depuis un an et avait priorisé les récitals privés ; ce spectacle serait un moyen pour elle de revenir sur le devant de la scène, un beau retour en musique comme elle les aimait. Alors elle y mettait du sien, elle chantait avec une grande justesse leurs nouvelles compositions, exerçant sa voix comme elle l’aurait fait devant tout un public. Le public… Il ne l’avait pas oublié. Elle recevait encore nombre de lettres d’admirateurs quand ce n’était pas directement de vive voix qu’elle recevait des compliments, comme cet élézen bègue ou encore Lucien lui-même. Rien qu’à cette pensée, elle se sentit plus légère et plus à l’aise, comme portée par la joie de retrouver une scène qu’elle n’avait jamais voulu quitter. Pour beaucoup, Lenore était faite pour mourir sur scène. Ils n’avaient peut-être pas tort.
L’après-midi passa en musique. Lorsque la dix-huitième cloche sonna, ce fut la venue d’Eloise qui les coupa dans leur dernier élan ; elles devaient encore passer chez la modiste pour la commande de leurs nouvelles robes. Plus les lunes passèrent, plus elles ressemblaient à de véritables sœurs qui se partageaient leur garde-robe. De toute évidence, leur symbiose en musique reflétait bien leur lien indescriptible de vicomtesse à dame de compagnie.
"Par ailleurs, madame, fit Eloise, vous avez reçu une missive de madame Kikyo Kurusu."
Tant de choses se succédaient, voilà qu’elle profitait d’un peu de sérénité. Elle avait répondu à l’enquête de messire Delavigne qui mettait tout en œuvre pour laver son nom des griffes de la famille Gavreau. La récente “altercation” avec les Valsonge l’avait aussi rendue nerveuse. Toute cette agitation pour des menaces en l’air qui avaient même poussé l’Escadron de l’Aube à s’en mêler jusqu’à braver leurs droits d’exercer, mais ce qui l’importunait était tout autre ; que venaient faire ces chiens à la capitale ? Même Derek avait su trouver cela bizarre.
“Quelle est cette histoire de Valsonge, Lenore ?”
Après des années dans l’ombre, il avait fallu qu’ils sortent de leur niche. Elle s’était tellement habituée à les contenir en dehors de la ville qu’elle en avait oublié la colère que cela lui provoque lorsqu’ils sillonnaient les pavés de pierre de la haute société. Rustres, impatients, ils avaient tout d’une famille de roturiers à qui on avait donné un titre et elle aurait volontiers souhaité qu’ils restent dans leur coin. Leur retour sur la scène politique ne signifiait rien de bon pour Lenore, cette famille pathétique et irresponsable ne méritait, à ses yeux, aucune empathie, ni seconde chance, pour l’affront qu’ils avaient commis. En y pensant, elle ne se rendit pas compte qu’elle tremblait de la main droite à force de serrer l’accoudoir. Il faut dire que bien qu’ils s’agissaient de ses vassaux, leur histoire avec les Riverhood ne brillait plus depuis quelques générations.
“Maîtresse ?”
La voix d’Anaëlle l’interrompit dans ses pensées. Anaëlle tenait un violon, la mine inquiète.
“Nous devions répéter… Vous souvenez-vous ?
- Oh, c’est vrai… Allons-y.”
Son regard se porta une dernière fois sur ses enfants sous la surveillance d’Adeline, une gouvernante, avant qu’elle ne se lève pour se diriger vers le salon à musique du manoir Riverhood, par habitude plus que volonté quand son esprit, troublé, n’arrivait à faire le vide. Cruelle ironie pour une femme qui a toujours su faire preuve d’une inflexibilité immuable.
Les lourds rideaux en velours tirés laissaient pénétrer la lumière naturelle dans la pièce, illuminant le piano posé au centre de la pièce. Lenore s’assit devant lui, les mains glissant sur le clavier tandis qu’Anaëlle se tint à ses côtés, violon sur l’épaule, son regard trahissant une certaine inquiétude qu’elle voila d’un léger sourire.
Et elles jouaient. Les deux femmes en symbiose laissaient parler leur musique et mêlaient instruments et voix pour ne faire qu’un. Depuis que messire Delacroix et son acolyte Alberick les avaient invité à se produire sur scène en duo, Lenore n’avait eu de cesse de travailler de concert avec Anaëlle pour composer plusieurs morceaux qui reflétaient leur essence et qui les correspondaient. Il faut dire que Lady Lenore avait levé le pied depuis un an et avait priorisé les récitals privés ; ce spectacle serait un moyen pour elle de revenir sur le devant de la scène, un beau retour en musique comme elle les aimait. Alors elle y mettait du sien, elle chantait avec une grande justesse leurs nouvelles compositions, exerçant sa voix comme elle l’aurait fait devant tout un public. Le public… Il ne l’avait pas oublié. Elle recevait encore nombre de lettres d’admirateurs quand ce n’était pas directement de vive voix qu’elle recevait des compliments, comme cet élézen bègue ou encore Lucien lui-même. Rien qu’à cette pensée, elle se sentit plus légère et plus à l’aise, comme portée par la joie de retrouver une scène qu’elle n’avait jamais voulu quitter. Pour beaucoup, Lenore était faite pour mourir sur scène. Ils n’avaient peut-être pas tort.
L’après-midi passa en musique. Lorsque la dix-huitième cloche sonna, ce fut la venue d’Eloise qui les coupa dans leur dernier élan ; elles devaient encore passer chez la modiste pour la commande de leurs nouvelles robes. Plus les lunes passèrent, plus elles ressemblaient à de véritables sœurs qui se partageaient leur garde-robe. De toute évidence, leur symbiose en musique reflétait bien leur lien indescriptible de vicomtesse à dame de compagnie.
"Par ailleurs, madame, fit Eloise, vous avez reçu une missive de madame Kikyo Kurusu."
De tous les noms, jamais elle ne s'attendait à entendre celui-ci.
Lyssie
Il y a 6 mois et 2 semaines
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La vingt-troisième cloche fit sonner les carillons dans un bruit mélodieux et clair. Sur la table de la salle à manger, la dinde cuite fumait encore aux côtés des patates sautées qui baignaient doucement dans une sauce légère. Presque personne n'avait touché son assiette, pas même Lenore qui fixait avec une intransigeance sans pareille le commissaire Maltais en face d'elle.
"Ne jouez pas avec les mots avec moi, madame, fit-il d'un ton suspect. Votre réputation est celle d'une inquisitrice qui tranche dans le vif, pèse ses mots et ne parle que peu, si ce n'est jamais, sur des bases de rumeurs. Êtes-vous cette femme ?
- Je suis bien cette femme. Ainsi, j'ai dit ce que j'avais à dire."
Le commissaire marqua un temps, assez pour poser sa propre réflexion tandis que la tension demeurait palpable dans la pièce sous les regards interdit d'Elias et de Laurence. Ce n'était pas un mythe : lorsque la dame parlait, ce n'était jamais pour rien. Jamais dans sa vie elle ne s'était abaissée au rang de ces petites dindes qui prenaient un malin plaisir à alimenter des racontars et ce n'était pas aujourd'hui que cela commencerait. Seluna était d'une nature frivole depuis toujours allant jusqu'à saboter ses propres fiançailles avec messire de Mainzanet. La proximité que messire de Vallière avec sa famille, et la manière dont Seluna lui avait raconté cette proximité, ne laissait place à aucun doute. Il y avait eu quelque chose entre eux, c'était simplement une question du bon sens.
"Mh. Soit. Je prendrai contact avec mademoiselle de Valsonge et la questionnerai sur la nature de sa relation avec messire de Vallière. S'il s'avère que vos propos soient justes, je veillerai à l'écarter de l'affaire."
Ce jeu de regard prit fin lorsque le commissaire prit son vin entre ses mains, faisant retomber la pression insoutenable. Lenore demeura de marbre, son esprit analysant toute la scène sans jamais sourciller ni montrer autre chose que du contrôle. Un faux pas et il pourrait encore une fois l'accuser de vouloir saboter l'affaire Riverhood-Valsonge, une enquête qu'elle cherchait elle-même à résoudre ! Que ne fallait-il pas entendre... D'ordinaire la dame n'était pas suspicieuse des agents de la justice, mais cette fois-ci l'image que lui renvoyait le commissaire ne lui inspirait que méfiance. Il savait des choses qu'il n'était pas censé savoir et elle allait le prouver ici et maintenant.
"Permettez-moi de rendre clair quelque chose ici, messires, madame, déclara le commissaire. Vous êtes peut-être de la noblesse, mais n'êtes aucunement décisionnaire. Bien au contraire, la famille Riverhood est visée directement d'une enquête, aussi jamais votre avis ne vous sera demandé. Ni sur l'expulsion de Vallière, bien que j'entende vos remarques, cette décision sera mienne."
Son regard lancinant se posa directement sur Lenore qui resta inflexible.
"Madame, si cette enquête mène à écraser l'ancien verdict à votre encontre, je m'assurerai personnellement que vous répondiez au nom de votre famille devant le tribunal. A l'inverse, j'en ferai de même avec messire de Valsonge. Mais n'oubliez pas qu'ici, les Riverhood sont visés et non appelés.
- Bien entendu. Cette rencontre visait à vous donner mon soutien quant à la réouverture de cette enquête." répondit Lenore, la voix mesurée.
À sa droite, ce fut Laurence qui commençait à s'impatienter d'une telle tension environnante. Il délaissa sa fourchette pour élever sa voix.
"Nous ne comptions pas décider de quoi que ce soit. Nous sommes parfaitement aux faits des tenants et aboutissants de cette enquête. Simplement, d'aucun ne tolèrerait des personnes extérieures s'y mêlant et ayant déjà un parti pris ; vous comprenez aisément notre position, j'en suis certain. Ainsi, vous ferez convenablement votre travail d'enquête préalable sur ce messire, comme vous avez à coeur de faire le reste de cette enquête convenablement."
C'était sa chance, il fallait la saisir ! Lenore déposa à son tour sa serviette une fois s'être essuyée le coin des lèvres, déviant soudainement son attention du commissaire à son allié Delavigne.
"En effet. Par ailleurs, je suis ravie d'apprendre, messire Delavigne, que vous et Anaëlle aviez officialiser vos fiançailles auprès de vos familles respectives."
Le commissaire Maltais cligna des yeux, une sueur froide passant sur sa nuque. Il dévia son attention sur Laurence.
"Pour être tout à fait honnête madame, cela ne s'est pas encore produit. Nous en discutons et cela sera fait très prochainement, il va sans dire.
- Oh ? Eh bien, dit-elle tout en tournant son attention sur le commissaire, vous êtes un commissaire particulièrement doué lorsqu'il s'agit de trouver des informations confidentielles et qui n'a jamais été prononcé nulle part."
L'assurance dont Lenore fit preuve était inégalée, plaçant l'élezen en échec. La veille, elle avait discuté avec sa dame de compagnie qui lui avait assuré qu'elle était la seule au courant de leurs promesses de fiançailles. Avec la confirmation de Laurence, elle avait désormais de quoi confronter l'étrange fixation du commissaire qui semblait faire à moitié ses devoirs.
"Je vous l'ai dit, madame. Les contacts jouent beaucoup dans les recherches.
- Il est donc étonnant que vous n'ayez pas fait de même pour messire de Vallière.
- Madame, je connais le penchant de messire pour les femmes. Je n'ai simplement pas eu connaissance de la potentielle relation avec mademoiselle de Valsonge. Une faute qui m'incombe, je vous le reconnais."
Il inclina de peu la tête sous la demande des convenances, assez pour satisfaire la vicomtesse qui ne chercha pas plus loin. Elle eut ce qu'elle voulait, montrer qu'il s'était lui-même rendu suspect dans cette affaire. Jamais elle ne l'oublierait, maintenant qu'ils étaient à quelques jours de la réouverture officielle de l'affaire.
Il était presque minuit lorsque Lenore faisait les cents pas devant la cheminée, son esprit travaillant comme jamais si l'on s'en référait à l'allure de sa marche et le maintien de ses mains qui ne cessaient de se frotter l'une contre l'autre. De quoi faire sourire Elias, amusé par ce qu'il voyait, debout en face de Laurence.
"N'allez pas endommager le pigment de votre chevelure avec tout ce stress, ma Dame.
- Il est étrange qu'il se soit aussi bien renseigné sur vous deux, messires, et non sur de Vallière."
De toute évidence, Lenore était tendue, cherchant mille moyens de trouver une solution ou une logique derrière autant de pouvoir chez cet homme de la justice. Ses suspicions avaient eu de quoi réveiller cette volonté de justice qui sommeillait en elle depuis longtemps.
"Ou soit, il possède un réseau d'informateurs, fit remarquer Laurence.
- Un réseau d'informateurs. S'il était si doué que ça, il aurait su bien plus de choses à mon sujet."
Elle s'arrêta en face du foyer où dansaient les dernières flammes. D'un regard par-dessus son épaule, elle observait longuement Elias qui s'attardait sur son collègue Delavigne, non sans se soucier de la méfiance qu'elle pouvait tout autant lui accorder. Avec la mort de son père dans un avenir proche, surtout si elle n'est pas naturelle, elle se demandait si elle pouvait véritablement compter sur lui.
Un soir comme un autre, dans la vie d'ishgardais.
"Ne jouez pas avec les mots avec moi, madame, fit-il d'un ton suspect. Votre réputation est celle d'une inquisitrice qui tranche dans le vif, pèse ses mots et ne parle que peu, si ce n'est jamais, sur des bases de rumeurs. Êtes-vous cette femme ?
- Je suis bien cette femme. Ainsi, j'ai dit ce que j'avais à dire."
Le commissaire marqua un temps, assez pour poser sa propre réflexion tandis que la tension demeurait palpable dans la pièce sous les regards interdit d'Elias et de Laurence. Ce n'était pas un mythe : lorsque la dame parlait, ce n'était jamais pour rien. Jamais dans sa vie elle ne s'était abaissée au rang de ces petites dindes qui prenaient un malin plaisir à alimenter des racontars et ce n'était pas aujourd'hui que cela commencerait. Seluna était d'une nature frivole depuis toujours allant jusqu'à saboter ses propres fiançailles avec messire de Mainzanet. La proximité que messire de Vallière avec sa famille, et la manière dont Seluna lui avait raconté cette proximité, ne laissait place à aucun doute. Il y avait eu quelque chose entre eux, c'était simplement une question du bon sens.
"Mh. Soit. Je prendrai contact avec mademoiselle de Valsonge et la questionnerai sur la nature de sa relation avec messire de Vallière. S'il s'avère que vos propos soient justes, je veillerai à l'écarter de l'affaire."
Ce jeu de regard prit fin lorsque le commissaire prit son vin entre ses mains, faisant retomber la pression insoutenable. Lenore demeura de marbre, son esprit analysant toute la scène sans jamais sourciller ni montrer autre chose que du contrôle. Un faux pas et il pourrait encore une fois l'accuser de vouloir saboter l'affaire Riverhood-Valsonge, une enquête qu'elle cherchait elle-même à résoudre ! Que ne fallait-il pas entendre... D'ordinaire la dame n'était pas suspicieuse des agents de la justice, mais cette fois-ci l'image que lui renvoyait le commissaire ne lui inspirait que méfiance. Il savait des choses qu'il n'était pas censé savoir et elle allait le prouver ici et maintenant.
"Permettez-moi de rendre clair quelque chose ici, messires, madame, déclara le commissaire. Vous êtes peut-être de la noblesse, mais n'êtes aucunement décisionnaire. Bien au contraire, la famille Riverhood est visée directement d'une enquête, aussi jamais votre avis ne vous sera demandé. Ni sur l'expulsion de Vallière, bien que j'entende vos remarques, cette décision sera mienne."
Son regard lancinant se posa directement sur Lenore qui resta inflexible.
"Madame, si cette enquête mène à écraser l'ancien verdict à votre encontre, je m'assurerai personnellement que vous répondiez au nom de votre famille devant le tribunal. A l'inverse, j'en ferai de même avec messire de Valsonge. Mais n'oubliez pas qu'ici, les Riverhood sont visés et non appelés.
- Bien entendu. Cette rencontre visait à vous donner mon soutien quant à la réouverture de cette enquête." répondit Lenore, la voix mesurée.
À sa droite, ce fut Laurence qui commençait à s'impatienter d'une telle tension environnante. Il délaissa sa fourchette pour élever sa voix.
"Nous ne comptions pas décider de quoi que ce soit. Nous sommes parfaitement aux faits des tenants et aboutissants de cette enquête. Simplement, d'aucun ne tolèrerait des personnes extérieures s'y mêlant et ayant déjà un parti pris ; vous comprenez aisément notre position, j'en suis certain. Ainsi, vous ferez convenablement votre travail d'enquête préalable sur ce messire, comme vous avez à coeur de faire le reste de cette enquête convenablement."
C'était sa chance, il fallait la saisir ! Lenore déposa à son tour sa serviette une fois s'être essuyée le coin des lèvres, déviant soudainement son attention du commissaire à son allié Delavigne.
"En effet. Par ailleurs, je suis ravie d'apprendre, messire Delavigne, que vous et Anaëlle aviez officialiser vos fiançailles auprès de vos familles respectives."
Le commissaire Maltais cligna des yeux, une sueur froide passant sur sa nuque. Il dévia son attention sur Laurence.
"Pour être tout à fait honnête madame, cela ne s'est pas encore produit. Nous en discutons et cela sera fait très prochainement, il va sans dire.
- Oh ? Eh bien, dit-elle tout en tournant son attention sur le commissaire, vous êtes un commissaire particulièrement doué lorsqu'il s'agit de trouver des informations confidentielles et qui n'a jamais été prononcé nulle part."
L'assurance dont Lenore fit preuve était inégalée, plaçant l'élezen en échec. La veille, elle avait discuté avec sa dame de compagnie qui lui avait assuré qu'elle était la seule au courant de leurs promesses de fiançailles. Avec la confirmation de Laurence, elle avait désormais de quoi confronter l'étrange fixation du commissaire qui semblait faire à moitié ses devoirs.
"Je vous l'ai dit, madame. Les contacts jouent beaucoup dans les recherches.
- Il est donc étonnant que vous n'ayez pas fait de même pour messire de Vallière.
- Madame, je connais le penchant de messire pour les femmes. Je n'ai simplement pas eu connaissance de la potentielle relation avec mademoiselle de Valsonge. Une faute qui m'incombe, je vous le reconnais."
Il inclina de peu la tête sous la demande des convenances, assez pour satisfaire la vicomtesse qui ne chercha pas plus loin. Elle eut ce qu'elle voulait, montrer qu'il s'était lui-même rendu suspect dans cette affaire. Jamais elle ne l'oublierait, maintenant qu'ils étaient à quelques jours de la réouverture officielle de l'affaire.
Il était presque minuit lorsque Lenore faisait les cents pas devant la cheminée, son esprit travaillant comme jamais si l'on s'en référait à l'allure de sa marche et le maintien de ses mains qui ne cessaient de se frotter l'une contre l'autre. De quoi faire sourire Elias, amusé par ce qu'il voyait, debout en face de Laurence.
"N'allez pas endommager le pigment de votre chevelure avec tout ce stress, ma Dame.
- Il est étrange qu'il se soit aussi bien renseigné sur vous deux, messires, et non sur de Vallière."
De toute évidence, Lenore était tendue, cherchant mille moyens de trouver une solution ou une logique derrière autant de pouvoir chez cet homme de la justice. Ses suspicions avaient eu de quoi réveiller cette volonté de justice qui sommeillait en elle depuis longtemps.
"Ou soit, il possède un réseau d'informateurs, fit remarquer Laurence.
- Un réseau d'informateurs. S'il était si doué que ça, il aurait su bien plus de choses à mon sujet."
Elle s'arrêta en face du foyer où dansaient les dernières flammes. D'un regard par-dessus son épaule, elle observait longuement Elias qui s'attardait sur son collègue Delavigne, non sans se soucier de la méfiance qu'elle pouvait tout autant lui accorder. Avec la mort de son père dans un avenir proche, surtout si elle n'est pas naturelle, elle se demandait si elle pouvait véritablement compter sur lui.
Un soir comme un autre, dans la vie d'ishgardais.
Depuis l'entretien avec le commissaire, les journées passèrent lentement au sein du Repos du Loup qui voyait passer de nombreux déménageurs à l'emblème de la Sainte Cité. Armoire, commodes, lit simple de bonne facture, les rénovations ne se résumaient pas qu'au pavillon principal, mais s'étendaient également jusqu'aux salles annexes.
"Mettez cette commode en parallèle avec celle du fond.
- Allez les gars, on s’active."
Debout au milieu de la pièce qui accueillerait bientôt sa cousine de Valsonge, Lenore supervisait l’avancée de l’aménagement avec beaucoup d'intérêt. Seluna se reposait dans un des salons, accusant encore le coup de ses blessures insensées contre Warblade ; Derek passait l'entretien individuel d'Asa à la Rose des Vents et ses enfants jouaient gaiement dans les jardins sous la surveillance de Clothilde, de quoi lui laisser le temps de digérer les derniers événements, seule, au milieu des déménageurs qui allaient et venaient dans la future chambre.
Elle nageait entre deux eaux. Comme elle l'avait prédit, le retour des Valsonge à la capitale avait amené bien des problèmes à sa famille, à commencer par la rouverture de vieilles blessures : l'affaire Riverhood-Valsonge. Toute sa vie elle n'avait cherché qu'à connaître la vérité, mais cette fois-ci, c'était différent. Quelque chose, voire quelqu'un, tirait les ficelles derrière tout cette histoire, même derrière messire de Vallière qu'elle avait imaginé être le maître chanteur. À côté, leur arrivée rendait de plus en plus nerveux Elias qui s'évertuait à se dire intègre, mais la dame n'était pas dupe. Sa rancoeur et son désir de vengeance n'étaient autre qu'une autre bombe à retardement, elle le savait, elle l'avait déjà vécu. Forestain et Valsonge, toutes deux baronnies à l'ambition trop grande et elle, vicomtesse de Riverhood, observait cet échiquier au loin, attendant le moindre faux mouvement pour agir. Cette histoire avait au moins le mérite d'avoir repoussé les Gavreau.
Elle soupira en silence, son regard se perdant quelques instants sur les innombrables tissus de soie bleu et aux motifs de lys blanc. Cela n'était pas sans lui rappeler son ami Lucien qu'elle voyait de plus en plus souvent ces derniers temps, notamment pour discuter de la sécurité du prochain tournoi de Halone en unissant la Garde Blanche, sa milice, à la Garde Dorée de l'élezen lors des événements. Une première coopération depuis leur alliance officielle ; sans se rendre compte un faible sourire ornait ses lèvres à cette simple pensée. Le seul.
Lenore s'approcha des tissus pour les toucher d'une main, jaugeant leur qualité. Ce n'était pas pour Seluna, mais bien pour le pavillon qui avait retrouvé de sa splendeur en mélangeant habilement les couleurs de la Noscéa à celles de sa maisonnée. Pavillon qui, depuis quelques semaines désormais, voyaient passer de nombreux noms importants. Delavigne, Lacourteil, Hautchemin, Forestain, Bertin, Valsonge... Malgré tout, la dame avait toujours su bien s'entourer.
"Mettez cette commode en parallèle avec celle du fond.
- Allez les gars, on s’active."
Debout au milieu de la pièce qui accueillerait bientôt sa cousine de Valsonge, Lenore supervisait l’avancée de l’aménagement avec beaucoup d'intérêt. Seluna se reposait dans un des salons, accusant encore le coup de ses blessures insensées contre Warblade ; Derek passait l'entretien individuel d'Asa à la Rose des Vents et ses enfants jouaient gaiement dans les jardins sous la surveillance de Clothilde, de quoi lui laisser le temps de digérer les derniers événements, seule, au milieu des déménageurs qui allaient et venaient dans la future chambre.
Elle nageait entre deux eaux. Comme elle l'avait prédit, le retour des Valsonge à la capitale avait amené bien des problèmes à sa famille, à commencer par la rouverture de vieilles blessures : l'affaire Riverhood-Valsonge. Toute sa vie elle n'avait cherché qu'à connaître la vérité, mais cette fois-ci, c'était différent. Quelque chose, voire quelqu'un, tirait les ficelles derrière tout cette histoire, même derrière messire de Vallière qu'elle avait imaginé être le maître chanteur. À côté, leur arrivée rendait de plus en plus nerveux Elias qui s'évertuait à se dire intègre, mais la dame n'était pas dupe. Sa rancoeur et son désir de vengeance n'étaient autre qu'une autre bombe à retardement, elle le savait, elle l'avait déjà vécu. Forestain et Valsonge, toutes deux baronnies à l'ambition trop grande et elle, vicomtesse de Riverhood, observait cet échiquier au loin, attendant le moindre faux mouvement pour agir. Cette histoire avait au moins le mérite d'avoir repoussé les Gavreau.
Elle soupira en silence, son regard se perdant quelques instants sur les innombrables tissus de soie bleu et aux motifs de lys blanc. Cela n'était pas sans lui rappeler son ami Lucien qu'elle voyait de plus en plus souvent ces derniers temps, notamment pour discuter de la sécurité du prochain tournoi de Halone en unissant la Garde Blanche, sa milice, à la Garde Dorée de l'élezen lors des événements. Une première coopération depuis leur alliance officielle ; sans se rendre compte un faible sourire ornait ses lèvres à cette simple pensée. Le seul.
Lenore s'approcha des tissus pour les toucher d'une main, jaugeant leur qualité. Ce n'était pas pour Seluna, mais bien pour le pavillon qui avait retrouvé de sa splendeur en mélangeant habilement les couleurs de la Noscéa à celles de sa maisonnée. Pavillon qui, depuis quelques semaines désormais, voyaient passer de nombreux noms importants. Delavigne, Lacourteil, Hautchemin, Forestain, Bertin, Valsonge... Malgré tout, la dame avait toujours su bien s'entourer.
La pluie d'étoiles filantes dans le ciel noir accompagnait celle de la neige qui recouvrit petit à petit les pas de Lenore et d'Elias marchant au cœur de la capitale jusqu'à s'arrêter au niveau du banc de la fontaine proche de l'école d'astromancie. Il était tard et le regard creusé de Lenore témoignait d'une grande fatigue, mais pas assez pour ne pas profiter d'un peu d'air frais avant le coucher.
Elias lâcha le bras de la dame pour pousser délicatement la neige amassée sur le banc, préparant une place pour la vicomtesse qui n'attendit pas pour s'y asseoir, un soupir d'aise en guise de remerciements. Elias en fit de même et s'assit à côté d'elle.
"Des entretiens individuels, donc ? demanda-t-il, la voix enjouée.
- En vue d'une restructuration et d'un changement de cap pour la compagnie, il faut bien que j'écoute les miens pour connaître leurs avis, leurs envies et savoir si nous partageons toujours les mêmes rêves. Je ne veux pas leur priver de leur liberté."
Elias laissa échapper un léger rire, amusé par le choix de mots de son amie.
"Lenore, voyons. Vous dirigez cette compagnie depuis sa création, vous savez comme moi que l'on ne commande pas à coup de liberté. Vous donnez des ordres, c'est votre rôle d'Ordonnatrice, dit-il avant de marquer un temps. J'adhère aux idées proposées par Aiko depuis longtemps déjà, mais sans faire officiellement partie des rangs de la Rose, je n'étais pas légitime de m'exprimer."
Les pupilles de cristal de Lenore s'attardèrent un instant sur le pavé recouvert d'un manteau blanc alors que des bribes de sa conversation avec Aiko revinrent peupler son esprit. Cette raenne à la loyauté plus qu'admirable lui avait avoué être frustrée de voir que la dame n'usait de la Rose des Vents pour ses affaires et convictions personnelles, telle une véritable petite milice. Mais Lenore était formelle, elle n'aimait pas cette vision. Ce n'était pas sa milice, ni même une armée pour commencer.
Deux ans après l’apocalypse, la paix avait plongé la Rose et son quotidien dans une accalmie bien méritée. Ses enfants eux-mêmes avaient profité de leur mère bien plus souvent malgré une maladie passagère qui l’avait empêchée de poursuivre ses répétitions. Mais elle le savait, la nature humaine demandait toujours plus. La sienne pour commencer ; son attention se portait bien plus sur la cour ishgardaise et ses intrigues désormais. Ses devoirs ne faisaient que s'accumuler, entre les complots et les alliances, elle peinait à trouver du temps pour se focaliser sur la Rose et ses futures objectifs. Des objectifs qui avaient déjà su trouver leurs fins. Les arches s'étaient transformées en comptoirs de commerces maintenant qu'il n'y avait plus besoin de "casque bleu", les affaires marchaient comme sur des roulettes et cela ramenait assez d'argent à la Rose.
L'appel de l'Ouest se faisait de plus en plus fort parmi le domaine des aventuriers, à commencer par Kikyo qu'elle avait accepté de revoir au Dernier Rempart à Sharlayan. Malgré les différends entre les deux établissements, Kikyo lui avait proposé une collaboration somme toute intéressante et inattendue : l'aider à retrouver une cité engloutie proche du Nouveau Monde qui nécessitait également la présence de Lhei et de ses amis. Lenore lui en avait voulu pendant longtemps de l'avoir traitée comme si elle n'était personne à ses yeux, alors que la demi-raenne n'arrêtait pas de la considérer comme une amie. En pensant à Derek, elle se disait que les femmes aussi pouvaient être des idiotes lorsqu'il s'agissait d'amour. Mais depuis le temps, l'eau avait couler sous les ponts et jusqu'à ce qu'elles se rencontrent de nouveau, elle n'avait ressenti que de la pitié à son égard de la voir prisonnière d'un homme qui l'isolait plus qu'il ne l'aimait, à ses yeux du moins. Au fond, elle était contente de l'avoir revue et d'avoir fait la paix autant avec son cœur qu'avec elle.
Lenore et Elias parlèrent un long moment sur ce banc tout en contemplant les étoiles. L'avenir de la Rose se dessinait de plus en plus avec ses desseins ishgardais, elle en était tout aussi convaincue que lui. Elle repensa à cette période où il était à Garlemald, une période aussi stressante qu'enivrante pour ses propres ambitions. Avec ce changement de cap, nul doute qu'elle façonnerait une autre facette de sa compagnie, jusqu'à faire d'elle une pierre angulaire dans l'ouverture d'Ishgard envers les étrangers.
Elias lâcha le bras de la dame pour pousser délicatement la neige amassée sur le banc, préparant une place pour la vicomtesse qui n'attendit pas pour s'y asseoir, un soupir d'aise en guise de remerciements. Elias en fit de même et s'assit à côté d'elle.
"Des entretiens individuels, donc ? demanda-t-il, la voix enjouée.
- En vue d'une restructuration et d'un changement de cap pour la compagnie, il faut bien que j'écoute les miens pour connaître leurs avis, leurs envies et savoir si nous partageons toujours les mêmes rêves. Je ne veux pas leur priver de leur liberté."
Elias laissa échapper un léger rire, amusé par le choix de mots de son amie.
"Lenore, voyons. Vous dirigez cette compagnie depuis sa création, vous savez comme moi que l'on ne commande pas à coup de liberté. Vous donnez des ordres, c'est votre rôle d'Ordonnatrice, dit-il avant de marquer un temps. J'adhère aux idées proposées par Aiko depuis longtemps déjà, mais sans faire officiellement partie des rangs de la Rose, je n'étais pas légitime de m'exprimer."
Les pupilles de cristal de Lenore s'attardèrent un instant sur le pavé recouvert d'un manteau blanc alors que des bribes de sa conversation avec Aiko revinrent peupler son esprit. Cette raenne à la loyauté plus qu'admirable lui avait avoué être frustrée de voir que la dame n'usait de la Rose des Vents pour ses affaires et convictions personnelles, telle une véritable petite milice. Mais Lenore était formelle, elle n'aimait pas cette vision. Ce n'était pas sa milice, ni même une armée pour commencer.
Deux ans après l’apocalypse, la paix avait plongé la Rose et son quotidien dans une accalmie bien méritée. Ses enfants eux-mêmes avaient profité de leur mère bien plus souvent malgré une maladie passagère qui l’avait empêchée de poursuivre ses répétitions. Mais elle le savait, la nature humaine demandait toujours plus. La sienne pour commencer ; son attention se portait bien plus sur la cour ishgardaise et ses intrigues désormais. Ses devoirs ne faisaient que s'accumuler, entre les complots et les alliances, elle peinait à trouver du temps pour se focaliser sur la Rose et ses futures objectifs. Des objectifs qui avaient déjà su trouver leurs fins. Les arches s'étaient transformées en comptoirs de commerces maintenant qu'il n'y avait plus besoin de "casque bleu", les affaires marchaient comme sur des roulettes et cela ramenait assez d'argent à la Rose.
L'appel de l'Ouest se faisait de plus en plus fort parmi le domaine des aventuriers, à commencer par Kikyo qu'elle avait accepté de revoir au Dernier Rempart à Sharlayan. Malgré les différends entre les deux établissements, Kikyo lui avait proposé une collaboration somme toute intéressante et inattendue : l'aider à retrouver une cité engloutie proche du Nouveau Monde qui nécessitait également la présence de Lhei et de ses amis. Lenore lui en avait voulu pendant longtemps de l'avoir traitée comme si elle n'était personne à ses yeux, alors que la demi-raenne n'arrêtait pas de la considérer comme une amie. En pensant à Derek, elle se disait que les femmes aussi pouvaient être des idiotes lorsqu'il s'agissait d'amour. Mais depuis le temps, l'eau avait couler sous les ponts et jusqu'à ce qu'elles se rencontrent de nouveau, elle n'avait ressenti que de la pitié à son égard de la voir prisonnière d'un homme qui l'isolait plus qu'il ne l'aimait, à ses yeux du moins. Au fond, elle était contente de l'avoir revue et d'avoir fait la paix autant avec son cœur qu'avec elle.
Lenore et Elias parlèrent un long moment sur ce banc tout en contemplant les étoiles. L'avenir de la Rose se dessinait de plus en plus avec ses desseins ishgardais, elle en était tout aussi convaincue que lui. Elle repensa à cette période où il était à Garlemald, une période aussi stressante qu'enivrante pour ses propres ambitions. Avec ce changement de cap, nul doute qu'elle façonnerait une autre facette de sa compagnie, jusqu'à faire d'elle une pierre angulaire dans l'ouverture d'Ishgard envers les étrangers.
"Un bataillon d'exploration, alors..."
Lyssie
Il y a 5 mois et 1 semaine
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Le soleil timide du printemps, la neige fondant sur les toits de la Sainte Cité, les crieurs de journaux tentant de vendre la dernière gazette ou autres potins, tout à Ishgard en cette période de l'année semblait inspirer la joie de vivre et pourtant, une dame restait assise sur un fauteuil face à la grande fenêtre donnant sur le Dernier Vigil, silencieuse, depuis un moment. Sa main posée sur la garde de son épée familiale, la Griffe du Loup, elle suivait d'un œil absent les allées-venues des gens de la bonne société marchant dans la rue.
Assignée à résidence. Voilà ce qu'elle était contrainte de subir suite aux déboires de la veille au Dernier Pas, ce village rasé par les flammes d'un dragon du néant qu'elle savait désormais être le démon de sa tante, Marie-Ange de Valsonge. La nuit avait été particulièrement longue et difficile ; elle n'avait pu fermer l'oeil de la nuit sans quoi elle revoyait Célestin tenter de lui perforer le coeur à coup de lance. Toujours les mêmes images, toujours la même peur lui prenant la gorge.
"La mort." se murmura-t-elle à demi-mot.
Dire qu'elle n'avait jamais risquer sa vie serait un mensonge. En qualité de cheffe de compagnie depuis de nombreuses années désormais, elle avait déjà connu ces risques et la dernière fois qu'elle eut aussi peur pour sa vie remontait au temps de l'apocalypse. Et elle aurait préféré ne plus jamais ressentir cette peur. Même si elle était doté de ce don pour voir les morts futures, peut-être que la Conquérante ne la préviendrait jamais de la sienne. Là, face à Célestin, elle avait vu ses enfants grandir sans mère, son époux sans femme, sa compagnie sans figure de proue, sa dame de compagnie sans maîtresse et ses alliés sans... amie. Cette simple pensée suffisait à faire grandir la douleur dans son ventre qui ne la quittait plus depuis qu'ils étaient sortis de cette grotte.
Assignée à résidence. Voilà ce qu'elle était contrainte de subir suite aux déboires de la veille au Dernier Pas, ce village rasé par les flammes d'un dragon du néant qu'elle savait désormais être le démon de sa tante, Marie-Ange de Valsonge. La nuit avait été particulièrement longue et difficile ; elle n'avait pu fermer l'oeil de la nuit sans quoi elle revoyait Célestin tenter de lui perforer le coeur à coup de lance. Toujours les mêmes images, toujours la même peur lui prenant la gorge.
"La mort." se murmura-t-elle à demi-mot.
Dire qu'elle n'avait jamais risquer sa vie serait un mensonge. En qualité de cheffe de compagnie depuis de nombreuses années désormais, elle avait déjà connu ces risques et la dernière fois qu'elle eut aussi peur pour sa vie remontait au temps de l'apocalypse. Et elle aurait préféré ne plus jamais ressentir cette peur. Même si elle était doté de ce don pour voir les morts futures, peut-être que la Conquérante ne la préviendrait jamais de la sienne. Là, face à Célestin, elle avait vu ses enfants grandir sans mère, son époux sans femme, sa compagnie sans figure de proue, sa dame de compagnie sans maîtresse et ses alliés sans... amie. Cette simple pensée suffisait à faire grandir la douleur dans son ventre qui ne la quittait plus depuis qu'ils étaient sortis de cette grotte.
"TOUT ÇA C'EST DE LA FAUTE DES RIVERHOOD !"
"Non, Célestin ! Arrête ! ARRÊTE CE DÉMON !"
"Arrêtez-le tout de suite !"
"Mettez tous les Riverhood aux arrêts pour la séquestration de Marie-Ange de Valsonge."
Toutes ces voix dans son esprit se bousculaient et ne cessaient de grandir comme un conflit perpétuel, elle entendait encore celle de Seluna se déchirer en voyant son "frère" possédé par sa haine. Cela aussi, elle devait désormais l'assumer. Assumer les actes égoïstes de ses aïeux pour la paix, pour mettre fin à ce cercle vicieux de la haine, pour l'équilibre.
Elle se triturait la tête pendant des heures, faisait ce qu'elle pensait être le plus juste, s'épuisait à petit feu.
"Votre Grâce."
Clothilde apparût derrière elle sans qu'elle ne se rende compte, la mine dissimulant avec beaucoup de mal l'inquiétude qu'elle portait à sa seigneuresse. Elle s'approcha d'elle et glissa sur la petite table d'appoint une missive portant le cachet du Saint-Office. Tout en restant silencieuse, Lenore la saisit puis l'ouvrit.
"... Les excuses du Saint-Office. Mon assignation à résidence n'aura décidemment pas duré."
Elle se triturait la tête pendant des heures, faisait ce qu'elle pensait être le plus juste, s'épuisait à petit feu.
"Votre Grâce."
Clothilde apparût derrière elle sans qu'elle ne se rende compte, la mine dissimulant avec beaucoup de mal l'inquiétude qu'elle portait à sa seigneuresse. Elle s'approcha d'elle et glissa sur la petite table d'appoint une missive portant le cachet du Saint-Office. Tout en restant silencieuse, Lenore la saisit puis l'ouvrit.
"... Les excuses du Saint-Office. Mon assignation à résidence n'aura décidemment pas duré."
"Soyez plus intelligent que ma famille, Célestin."
Assis misérablement, la tête basse, dans une cellule humide et obscure, Célestin eut un rire nerveux aux mots de sa cousine de Riverhood. Lenore se tenait aux barreaux, le regard dur sur l'homme qui avait attenté à sa vie quelques soleils plus tôt. Elle devait le faire, elle devait le confronter et passer outre la peur qui lui rongeait le ventre. Pour le bien de leurs familles, pour le bien de tous, quitte à sacrifier son...
"C'est drôle que vous dîtes cela, Lenore. C'est facile pour vous, votre famille n'a jamais subi le courroux du monde entier, elle n'a jamais été traîné dans la boue."
Soudainement, la voix du métis mua pour une intensité encore jamais vue alors qu'il se redressa de son siège, venant s'approcher de la porte où se tenait Lenore, toujours en sécurité derrière les barreaux.
"Mais VOUS, Lenore, qu'avez-vous fait concrètement pour MA famille ?!"
Il n'eut d'abord que le silence en réponse à la rage grondant dans sa gorge. Un moment de flottement, juste assez pour que Lenore se remémore toute la douleur qu'elle avait traversé jusque là, qu'elle avait contenu en elle pour ni ne faire de vague, ni continuer à perpétuer une haine éternelle. Elle repensa alors à Seluna.
"... J'ai pris sous mon aile Seluna malgré le fait qu'elle a failli à son devoir de protéger mes parents, ce jour-là."
C'était comme si c'était hier. La douleur de la perte de ses parents, assassinés par la marâtre Rosencrow, était toujours présente dans le creux de son ventre. Lorsque Seluna était revenue à la capitale, elle avait du ravalé ses propres sentiments... pour le bien de tous.
Célestin écarquilla les yeux, pris au dépourvu. Il fit quelques pas en arrière, plongé dans ses pensées. Que pouvait-il se passer dans la tête d'une personne rongée par la haine et qui avait déjà tout tenté ? Il ferma les yeux, grinçant des dents. Lenore n'avait pas tort. Sa "soeur" avait peut-être raison de lui faire autant confiance.
Il inspira et revint plonger son regard dans celui de Lenore.
"Quoi qu'il advienne, prenez soin de Seluna et de Lyselle. Elles n'ont rien à voir là-dedans, vous le savez pertinemment.
- Jamais je ne leur ferai quoi que ce soit.
- Père et Mère non plus."
Lenore plissa doucement le regard. La mention du couple Valsonge était un sujet plus discutable que les enfants.
"Père n'avait que vingt ans lorsqu'il a dû récupéré la gestion de la famille qui croulait sous les dettes. Mère était une femme formidable et avec le cœur sur la main." fit-il avant de poursuivre, la voix plus calme. "Réduisez les impôts, je suis prêt à prendre le tir et tomber si c'est pour que ma famille puisse s'en sortir. Après tout, les Valsonge ne vous ont jamais trahi."
Lenore écarquilla sensiblement les yeux à son tour. Venait-il de réaliser l'importance de ses mots ? Elle grinça des dents, repensant à Elias sur le moment. Il avait osé lui mentir sur des éléments capitaux, il avait osé la regarder droit dans les yeux depuis tout ce temps. Oui, à côté de lui, les Valsonge étaient des saints.
À ses yeux, il n'y avait pas plus belle déclaration d'amour pour sa famille que le sacrifice dont faisait preuve Célestin. Au fond, elle se voyait en lui, à toujours prendre sur ses épaules pour le bien-être des siens. Sacrifier son propre bonheur pour assurer une vie paisible à sa famille, ses proches, sa compagnie. Il était difficile de toujours maintenir le cap, mais si ce n'était pas pour eux, jamais elle n'aurait tenu aussi longtemps.
"Je verrais ce que je peux faire, mais soyez certain que Seluna et Lyselle vivront une vie paisible.
- Merci. Et... je suis désolée, Lenore."
C'était bien risible comme mot pour avoir tenté de la tuer. C'était bien ironique et presque futile d'entendre ce genre de mot après avoir été régi par la haine. Pourtant, elle avait eu besoin de les entendre. Et si elle en avait eu besoin... nul doute que lui n'en avait jamais entendu de sa vie.
"Moi aussi je suis désolée, Célestin."
Elle vit dans ses yeux naître des larmes qu'il tenta d'endiguer. Sûrement venait-il de se sentir compris, entendu, vivant aux yeux d'une femme issue des Riverhood, cette famille à l'origine de ses malheurs, selon lui. Ou peut-être avait-il toujours été peu considéré. Qu'importe la décision qu'elle prendra désormais, elle le sentait désormais en paix.
Mais il était encore trop tôt pour elle de faire un choix.
Assis misérablement, la tête basse, dans une cellule humide et obscure, Célestin eut un rire nerveux aux mots de sa cousine de Riverhood. Lenore se tenait aux barreaux, le regard dur sur l'homme qui avait attenté à sa vie quelques soleils plus tôt. Elle devait le faire, elle devait le confronter et passer outre la peur qui lui rongeait le ventre. Pour le bien de leurs familles, pour le bien de tous, quitte à sacrifier son...
"C'est drôle que vous dîtes cela, Lenore. C'est facile pour vous, votre famille n'a jamais subi le courroux du monde entier, elle n'a jamais été traîné dans la boue."
Soudainement, la voix du métis mua pour une intensité encore jamais vue alors qu'il se redressa de son siège, venant s'approcher de la porte où se tenait Lenore, toujours en sécurité derrière les barreaux.
"Mais VOUS, Lenore, qu'avez-vous fait concrètement pour MA famille ?!"
Il n'eut d'abord que le silence en réponse à la rage grondant dans sa gorge. Un moment de flottement, juste assez pour que Lenore se remémore toute la douleur qu'elle avait traversé jusque là, qu'elle avait contenu en elle pour ni ne faire de vague, ni continuer à perpétuer une haine éternelle. Elle repensa alors à Seluna.
"... J'ai pris sous mon aile Seluna malgré le fait qu'elle a failli à son devoir de protéger mes parents, ce jour-là."
C'était comme si c'était hier. La douleur de la perte de ses parents, assassinés par la marâtre Rosencrow, était toujours présente dans le creux de son ventre. Lorsque Seluna était revenue à la capitale, elle avait du ravalé ses propres sentiments... pour le bien de tous.
Célestin écarquilla les yeux, pris au dépourvu. Il fit quelques pas en arrière, plongé dans ses pensées. Que pouvait-il se passer dans la tête d'une personne rongée par la haine et qui avait déjà tout tenté ? Il ferma les yeux, grinçant des dents. Lenore n'avait pas tort. Sa "soeur" avait peut-être raison de lui faire autant confiance.
Il inspira et revint plonger son regard dans celui de Lenore.
"Quoi qu'il advienne, prenez soin de Seluna et de Lyselle. Elles n'ont rien à voir là-dedans, vous le savez pertinemment.
- Jamais je ne leur ferai quoi que ce soit.
- Père et Mère non plus."
Lenore plissa doucement le regard. La mention du couple Valsonge était un sujet plus discutable que les enfants.
"Père n'avait que vingt ans lorsqu'il a dû récupéré la gestion de la famille qui croulait sous les dettes. Mère était une femme formidable et avec le cœur sur la main." fit-il avant de poursuivre, la voix plus calme. "Réduisez les impôts, je suis prêt à prendre le tir et tomber si c'est pour que ma famille puisse s'en sortir. Après tout, les Valsonge ne vous ont jamais trahi."
Lenore écarquilla sensiblement les yeux à son tour. Venait-il de réaliser l'importance de ses mots ? Elle grinça des dents, repensant à Elias sur le moment. Il avait osé lui mentir sur des éléments capitaux, il avait osé la regarder droit dans les yeux depuis tout ce temps. Oui, à côté de lui, les Valsonge étaient des saints.
À ses yeux, il n'y avait pas plus belle déclaration d'amour pour sa famille que le sacrifice dont faisait preuve Célestin. Au fond, elle se voyait en lui, à toujours prendre sur ses épaules pour le bien-être des siens. Sacrifier son propre bonheur pour assurer une vie paisible à sa famille, ses proches, sa compagnie. Il était difficile de toujours maintenir le cap, mais si ce n'était pas pour eux, jamais elle n'aurait tenu aussi longtemps.
"Je verrais ce que je peux faire, mais soyez certain que Seluna et Lyselle vivront une vie paisible.
- Merci. Et... je suis désolée, Lenore."
C'était bien risible comme mot pour avoir tenté de la tuer. C'était bien ironique et presque futile d'entendre ce genre de mot après avoir été régi par la haine. Pourtant, elle avait eu besoin de les entendre. Et si elle en avait eu besoin... nul doute que lui n'en avait jamais entendu de sa vie.
"Moi aussi je suis désolée, Célestin."
Elle vit dans ses yeux naître des larmes qu'il tenta d'endiguer. Sûrement venait-il de se sentir compris, entendu, vivant aux yeux d'une femme issue des Riverhood, cette famille à l'origine de ses malheurs, selon lui. Ou peut-être avait-il toujours été peu considéré. Qu'importe la décision qu'elle prendra désormais, elle le sentait désormais en paix.
Mais il était encore trop tôt pour elle de faire un choix.
"Merci."
Lyssie
Il y a 5 mois et 3 jours
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"Je ne condamne pas votre famille pour l'acte impardonnable de notre cousin Célestin. Je le condamne lui et seulement lui. J'ai demandé à ce qu'on lui retire son démon, la possibilité pour lui de manier la Discorde, qu'un sceau magique l'empêche de me faire du mal sous peine de mort instantanée et son exil de la sainte cité avec la possibilité de venir dans celle-ci une fois par semaine. Il reste ainsi l'héritier des Valsonge, peut officier comme tel et ne peut jamais recommencer ce qu'il a osé faire."
Le verdict tomba en fin d'après-midi paisible dans les jardins de la mesnie de Riverhood. Il avait fallu presque deux semaines depuis les événements de la grotte pour que la vicomtesse du Loup Blanc puisse enfin prononcer sa sentence, malgré les diverses opinions données par ses alliés ou d'autres acteurs de la bonne société venus se joindre dans l'affaire. Il y avait eu les mots implacables de Lucien, voulant voir son amie condamner les méfaits de Célestin sans aucune pitié, faisant fi des circonstances, comme ceux de dame Adalheid qui, depuis qu'elle s'était rapprochée du condamné, voulait que la vicomtesse soit au contraire bien plus clémente, jusqu'à même en oublier le crime pour lequel il devait être jugé.
Mais personne ne pouvait mieux comprendre ce qu'elle traversait que Seluna, celle qui condamnait autant les aïeux qui l'avaient poussé à bout que Célestin lui-même et son acte impardonnable qui devait être condamné malgré tout. A l'annonce du verdict, l'angoisse chez la Valsonge s'évapora en un soupir de soulagement, rapidement suivi par quelques larmes aux yeux.
"Une dernière chance de rédemption. C'est... tout ce que... je voulais pour lui."
Sans crier gare, Seluna plia le genou face à sa Seigneuresse, inclinant bien bas la tête pour témoigner tout son respect à Lenore. Pas besoin d'être à sa hauteur pour la voir écraser quelques larmes tombantes sur sa joue, toute tremblante sous le coup de l'émotion.
"Je sais que Célestin est tout aussi victime que nous, Seluna. Il ne mérite pas la mort et il n'a prit aucune vie ce soir-là. Je ne prendrais pas la sienne."
Et quiconque viendrait oser lui dire qu'elle ment pourrait subir son courroux sur-le-champ. Beaucoup la pensent cruelle, beaucoup la pensent sans cœur, alors qu'en réalité Lenore avait toujours estimé être juste. Il y avait encore quelques jours elle réaffirmait déclarer des excuses publiques pour l'affront de ses aïeux envers ses vassaux, maintenant son verdict venait sceller le tout.
D'un pas, la vicomtesse brisa la glace qui l'entoure et se rapprocha de Seluna qui s'était relevée, traînant les pans de la fourrure de sa robe sur le pavé froid, pour venir attraper les mains de sa sœur Valsonge et les presser mollement contre les siennes.
"Nous étions destinées, vous et moi, à briser ce cycle vicieux de la haine qui a trop longtemps déchiré nos familles. Je crois, en toute franchise, que vous êtes apte à tenir la maison Valsonge, malgré vos déboires avec l'étiquette ishgardaise. L'âge assagit la fougue de la jeunesse. Même si Célestin venait à disparaître, je ne crains rien pour l'ombre du loup."
Le verdict tomba en fin d'après-midi paisible dans les jardins de la mesnie de Riverhood. Il avait fallu presque deux semaines depuis les événements de la grotte pour que la vicomtesse du Loup Blanc puisse enfin prononcer sa sentence, malgré les diverses opinions données par ses alliés ou d'autres acteurs de la bonne société venus se joindre dans l'affaire. Il y avait eu les mots implacables de Lucien, voulant voir son amie condamner les méfaits de Célestin sans aucune pitié, faisant fi des circonstances, comme ceux de dame Adalheid qui, depuis qu'elle s'était rapprochée du condamné, voulait que la vicomtesse soit au contraire bien plus clémente, jusqu'à même en oublier le crime pour lequel il devait être jugé.
Mais personne ne pouvait mieux comprendre ce qu'elle traversait que Seluna, celle qui condamnait autant les aïeux qui l'avaient poussé à bout que Célestin lui-même et son acte impardonnable qui devait être condamné malgré tout. A l'annonce du verdict, l'angoisse chez la Valsonge s'évapora en un soupir de soulagement, rapidement suivi par quelques larmes aux yeux.
"Une dernière chance de rédemption. C'est... tout ce que... je voulais pour lui."
Sans crier gare, Seluna plia le genou face à sa Seigneuresse, inclinant bien bas la tête pour témoigner tout son respect à Lenore. Pas besoin d'être à sa hauteur pour la voir écraser quelques larmes tombantes sur sa joue, toute tremblante sous le coup de l'émotion.
"Je sais que Célestin est tout aussi victime que nous, Seluna. Il ne mérite pas la mort et il n'a prit aucune vie ce soir-là. Je ne prendrais pas la sienne."
Et quiconque viendrait oser lui dire qu'elle ment pourrait subir son courroux sur-le-champ. Beaucoup la pensent cruelle, beaucoup la pensent sans cœur, alors qu'en réalité Lenore avait toujours estimé être juste. Il y avait encore quelques jours elle réaffirmait déclarer des excuses publiques pour l'affront de ses aïeux envers ses vassaux, maintenant son verdict venait sceller le tout.
D'un pas, la vicomtesse brisa la glace qui l'entoure et se rapprocha de Seluna qui s'était relevée, traînant les pans de la fourrure de sa robe sur le pavé froid, pour venir attraper les mains de sa sœur Valsonge et les presser mollement contre les siennes.
"Nous étions destinées, vous et moi, à briser ce cycle vicieux de la haine qui a trop longtemps déchiré nos familles. Je crois, en toute franchise, que vous êtes apte à tenir la maison Valsonge, malgré vos déboires avec l'étiquette ishgardaise. L'âge assagit la fougue de la jeunesse. Même si Célestin venait à disparaître, je ne crains rien pour l'ombre du loup."
Plus tard dans la soirée, quelques passants de la haute la virent quitter la demeure Valsonge où elle avait rencontré son vassal, le Baron Norberteaux de Valsonge, accompagnée de Seluna et dame Adalheid. Elle avait espéré au moins le dissuader d'aller faire cette opération suicide à l'Oeil du Loup, elle était finalement parvenue à se faire entendre et affirmer son statut de seigneuresse que l'apocalypse lui avait toujours refusé d'avoir. Cette victoire allait pourtant devoir attendre.
"Oui, madame. Monsieur le Vicomte est déjà de retour, il a consacré sa soirée aux enfants, fit la voix de fausset à la linkperle.
- Je veux qu'en rentrant, au moins dix enveloppes et papiers à lettre soient prêts pour usage sur mon bureau. N'oubliez pas la bougie pour la cire et le sceau Riverhood, Clothilde.
- Ce sera fait, madame." répondit l'élezenne avant que sa seigneuresse ne coupe les communications.
"Oui, madame. Monsieur le Vicomte est déjà de retour, il a consacré sa soirée aux enfants, fit la voix de fausset à la linkperle.
- Je veux qu'en rentrant, au moins dix enveloppes et papiers à lettre soient prêts pour usage sur mon bureau. N'oubliez pas la bougie pour la cire et le sceau Riverhood, Clothilde.
- Ce sera fait, madame." répondit l'élezenne avant que sa seigneuresse ne coupe les communications.
Après plusieurs minutes de marche sur les routes pavées de la Sainte Cité, ce ne furent pas les grandes portes du manoir principal qui l'accueillirent, mais bien celles de l'Institut Riverhood. À cette heure tardive, les longs couloirs de pierre au style gothique de l'établissement paraissaient bien vides sans ses élèves, tandis que l'ombre de la vicomtesse dansait sur chaque paroi à la lueur des torches fixées aux murs. Sans surprise, ses pas la conduisirent jusqu'à croiser ceux de la directrice. Elle était en train de regarder un de ses employés allumer les lampes murales à l'aide d'un rat-de-cave, cette grande tige de fer où au bout trônait une autre torche enflammée. En voyant la vicomtesse, la vieille femme à la coiffure sophistiquée congédia son employé d'un regard de la main, tournant alors son attention vers sa seigneuresse. Les lèvres pincées, le regard creusé par les rides, la peau rugueuse et les cheveux d'un blanc grisâtre, il ne restait plus que sa petite taille et sa canne à la tête de loup pour confirmer l'âge avancée de la tête de l'Institut. "Si j'avais su que vous viendriez me rendre visite, Lenore, je ne vous aurais pas reçue dans un couloir aussi triste et morose. - Tante Aulène." Lenore s'approcha de la vieille femme à la canne qui ne tarda pas à se retourner pour commencer leur marche à travers les longs couloirs teintés d'obscurité et de lumières chaudes, bras dessus, bras dessous. "Êtes-vous au courant de la situation ? - Qui ne l'est pas encore ? Un dragon d'une telle ampleur, démoniaque qui plus est, ne passe jamais inaperçu. Les chevaliers dragons, lorsqu'ils étaient bien plus actifs, seraient déjà sur le coup. - Alors, il faut absolument que vous rejoignez Gévaudan demain matin avec vos effectifs les plus qualifiés dans ce domaine. Norberteaux veut s'y rendre également, mais avec la perte d'une grande partie des siens, il ne fera pas long feu. - Ce Norberteaux, quel rabat-joie. S'il n'était pas aussi idiot, peut-être aurait-il pu éviter toute cette situation. Les hommes ! - Tante Aulène..." |
Et elles parlèrent de la situation pendant un long moment, de la stratégie à adopter et des terribles visions que la vicomtesse avait subi tantôt son arrivée à l'Institut. Plus le temps passait, plus le temps semblait lui glisser entre les doigts ; l'ajout de la mort future de son mari, de Célestin et du père de Valsonge n'arrangeaient rien. Tant à faire, et le temps passait si vite.
Le lendemain matin, les dernières missives à envoyer attendaient sagement sur un coin du bureau. Une pour les Hautchemin, une pour les Lacourteil, une pour les Delavigne, une pour les Bertin, une pour Karzale et une... pour les Forestain. Malgré la situation avec Elias, elle avait besoin de toute l'aide possible afin de donner le repos que Marie-Ange méritait. Elle les glissa dans un sac, celui du coursier, et fit un dernier tour sur son registre ; tout était prêt.
Bientôt, elle rejoindrait elle-même son fief pour rejoindre la Garde Blanche et mettre enfin un terme à cette affaire.
Bientôt, elle rejoindrait elle-même son fief pour rejoindre la Garde Blanche et mettre enfin un terme à cette affaire.
"Laissons le passé au passé."
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Chers alliés,
L'heure est critique, nous devons agir vite. Gévaudan, le fief Riverhood dans le Coerthas occidental, est sur le point d'être attaqué par le dragon démon de Marie-Ange. Par ailleurs, après réflexions avec mademoiselle Seluna de Valsonge, il se peut que le dragon ait fusionné avec l'âme de Marie-Ange elle-même, ce qui expliquerait pourquoi, à la grotte, elle n'aurait pas attaqué Célestin, mais tout de même Seluna alors qu'elle est de son propre sang.
J'en appelle à vous, chers alliés, afin de me rejoindre dans cette bataille qui nécessitera tous les moyens pour en venir à bout et apporter la paix à cette âme en peine. Nous irons l'attaquer en cette fin de semaine.
Tenez-vous prêts.
Que la Conquérante veille sur nous tous.
Lenore de Riverhood
Vicomtesse du Loup Blanc
Lyssie
Il y a 4 mois et 4 semaines
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La bataille faisait déjà rage au coeur de Gévaudan lorsqu'Anaelle, Laurence, Lenore et Karzale la rejoignirent. Alors même que le blizzard tentait désespérément de nettoyer le sang sur son manteau blanc, ce fut le chaos qui les interpela. La Garde Blanche faisait déjà son affaire, ils protégeaient le fief Riverhood avec bravoure et honneur sans sourciller ; mais que n'était pas leur surprise que de voir en arrivant devant le grand portail de la terre du Loup Blanc la présence de démons, mais surtout de morts vivants. Les gardes tombés au combat se relevaient avec d'autres intentions en tête. Alors voilà, c'était donc ça la puissance de ce dragon ?
Au loin, les éclairs verts du vicomte consort n'était pas sans faire frissonner plus d'un. Si même le vicomte, qui jusqu'ici n'avait jamais fait montre d'une quelconque puissance magique, devait se battre, cela ne pouvait signifier qu'une chose : ils perdaient la bataille.
Lenore distinguait un barrage de démons juste devant eux, tous de bas rang, mais unis, ils pouvaient s'avérer dangereux. Il fallait agir vite, mais surtout agir stratégiquement pour éviter toute mauvaise éventualité. Glissant sur ses appuis, la vicomtesse au regard déterminé haussa le ton de sa voix pour se faire entendre dans tout ce chaos.
"Les deux grand démons devant sont de rang neuf : ils sont résistants, mais idiots ! Les faunes en arrière sont de rang 9 également, attention à leurs coups, ils sont particulièrement vifs et puissants, mais comme leurs homologues plus en avant, ils ne brillent pas par leur intelligence ! Quant aux imps de rang huit derrière, ce sont des mages, je vais essayer de les immobiliser ! Anaëlle, tente de t'occuper de ceux du milieu ; Laurence et Karzale, occupez-vous des deux premiers !"
L'étiquette n'avait rien à faire dans un tel endroit, mais aux ordres donnés, ils n'eurent le temps de réagir. L'une des grandes créatures massives vint frapper de plein fouet Laurence, l'autre au même gabarit en fit de même avec Lenore qui accusa le coup en plein dans son bas ventre, lui faisant cracher de la bile et du sang alors qu'un des imps lui inflige au même moment un sort de foudre qui l'empêcha d'agir proprement. Il fallait qu'elle les immobilise.. vite. En parallèle, Anaëlle, sous l'horreur de la situation, manipula ses cristaux violacés et un puissant vent verdoyant souffla depuis la hyuroise pour soigner ses alliés. Avec Karzale qui s'acharna sur l'un des faunes, Lenore se redressa en titubant, le regard sombre.
Au loin, les éclairs verts du vicomte consort n'était pas sans faire frissonner plus d'un. Si même le vicomte, qui jusqu'ici n'avait jamais fait montre d'une quelconque puissance magique, devait se battre, cela ne pouvait signifier qu'une chose : ils perdaient la bataille.
Lenore distinguait un barrage de démons juste devant eux, tous de bas rang, mais unis, ils pouvaient s'avérer dangereux. Il fallait agir vite, mais surtout agir stratégiquement pour éviter toute mauvaise éventualité. Glissant sur ses appuis, la vicomtesse au regard déterminé haussa le ton de sa voix pour se faire entendre dans tout ce chaos.
"Les deux grand démons devant sont de rang neuf : ils sont résistants, mais idiots ! Les faunes en arrière sont de rang 9 également, attention à leurs coups, ils sont particulièrement vifs et puissants, mais comme leurs homologues plus en avant, ils ne brillent pas par leur intelligence ! Quant aux imps de rang huit derrière, ce sont des mages, je vais essayer de les immobiliser ! Anaëlle, tente de t'occuper de ceux du milieu ; Laurence et Karzale, occupez-vous des deux premiers !"
L'étiquette n'avait rien à faire dans un tel endroit, mais aux ordres donnés, ils n'eurent le temps de réagir. L'une des grandes créatures massives vint frapper de plein fouet Laurence, l'autre au même gabarit en fit de même avec Lenore qui accusa le coup en plein dans son bas ventre, lui faisant cracher de la bile et du sang alors qu'un des imps lui inflige au même moment un sort de foudre qui l'empêcha d'agir proprement. Il fallait qu'elle les immobilise.. vite. En parallèle, Anaëlle, sous l'horreur de la situation, manipula ses cristaux violacés et un puissant vent verdoyant souffla depuis la hyuroise pour soigner ses alliés. Avec Karzale qui s'acharna sur l'un des faunes, Lenore se redressa en titubant, le regard sombre.
Soudainement, ses yeux brillèrent d'une intensité nouvelle, magique. Sans crier gare, elle hurla d'une voix éthérée et spectrale qui contenait plusieurs voix en une en direction de l'un des imps, pointant son homologue d'un doigt. C'était si puissant qu'un long frisson parcourut l'échine de chacun. "CONGELE-LE." Ni une ni deux, le regard de l'imp visé prit la même brillance éthérée que sa manipulatrice. Alors, ce dernier se tourna vers son collègue imp en préparant un immense blizzard. L'autre imp, qui canalisait depuis tout à l'heure un autre sort de foudre, fut pris par surprise. Depuis quand son allié le visait-il ?! La panique l'envahit et dans un mouvement chaotique, il tira sa foudre chargé sur l'autre possédé qui lui-même déversa son déluge glacial dans un même temps. Si l'un se fit foudroyer sur place, l'autre se fit congeler sans appel, piégé dans une masse glaciale. Bien, maintenant que les deux êtres les plus intelligents du groupe n'étaient plus, il fallait désormais tuer les autres qui étaient déjà en proie aux puissants coups de Laurence et de Karzale, soutenus par les soins plus que bienvenue de la jeune Lacourteil. La bataille faisait rage, les créatures s'étaient donné le mot pour se concentrer sur les femmes plutôt que les hommes qui profitèrent de cet instant pour trancher d'un coup horizontal la tête de l'un des démons. Pourtant, une des créatures massives saisit Lenore par le pied dans un moment d'inattention et la traîna en dehors du groupe, la faisant chuter violemment à terre, tête la première. Sonnée, il lui fallut plusieurs minutes pour se rendre compte qu'elle était aux prises de la main du grand démon. |
"Toi, lâche-la !" hurla Anaëlle au voleur qui tenta d'enlever sa maîtresse.
Anaëlle n'était pas qu'une soigneuse, loin de là. Sa magie bleue, semblable à son don de création, était telle qu'elle pouvait faire apparaître n'importe quoi. D'un seul claquement de doigt, elle fléchit les jambes et sortit une immense langue poisseuse venant s'agripper à la cape de Lenore. Hélas, ce n'était pas assez pour l'extirper des mains du démon, elle n'en récupéra que du tissu. Une nouvelle fois, Lenore devait faire usage de son don de la Vérité, un contrôle mental qui l'épuisait drastiquement si l'on regardait le sang coulant de son nez, mais qui était efficace et particulièrement dangereux.
Anaëlle n'était pas qu'une soigneuse, loin de là. Sa magie bleue, semblable à son don de création, était telle qu'elle pouvait faire apparaître n'importe quoi. D'un seul claquement de doigt, elle fléchit les jambes et sortit une immense langue poisseuse venant s'agripper à la cape de Lenore. Hélas, ce n'était pas assez pour l'extirper des mains du démon, elle n'en récupéra que du tissu. Une nouvelle fois, Lenore devait faire usage de son don de la Vérité, un contrôle mental qui l'épuisait drastiquement si l'on regardait le sang coulant de son nez, mais qui était efficace et particulièrement dangereux.
"MASSACRE TON HOMOLOGUE LE PLUS PROCHE."
Puis, le trou noir. Lorsque Lenore reprit ses esprits, elle était dans la neige, sonnée, mais elle parvenait à distinguer dans le flou au loin la même créature, qui la tenait plutôt, qui s'acharnait sans répit sur l'un des faunes. Autour d'elle, des hurlements, des cri de guerre. Elle entendait l'épée de Laurence transpercer des têtes, fendant le crâne de ses ennemis qui s'étalaient morts sur le sol. Elle entendait Karzale hurler pour se donner du courage tandis qu'il assistait Laurence dans sa charge. Puis, Lenore sentit son mal de tête passer, soigné par la magie de sa dame de compagnie qui commençait à être essoufflée. Elle se redressa péniblement, son coeur battait fort. Une vérité en plus et elle ne pourrait plus se relever, il fallait désormais qu'elle chante pour améliorer les capacités de ses alliés. Et c'est ce qu'elle fut. Elle chanta et Laurence et Karzale purent sentir leur combativité s'accentuer, leurs coups devenant plus féroces et meurtriers.
Puis, le dernier démon encore sur leur chemin trépassa, leur laissant la liberté de rejoindre le coeur de la bataille au sein même du fief. Plus ils s'avançaient, plus les cris étaient forts et les cadavres jonchant le sol étaient nombreux. Le blizzard ne leur facilitait rien, mais ils étaient là. Derek se tenait debout au milieu d'un attroupement de gens de la Garde Blanche venu le protéger. Pour Lenore, c'était inespéré, mais elle était là, à sa portée.
"Derek !"
Qu'elle ne fut pas son erreur de l'appeler. Le vicomte consort, à l'écho de la voix de sa femme, se retourna en plein combat, avisant le visage de sa tendre aimée avant d'être transpercé par une lame noirâtre, brumeuse, sous le regard horrifié de Lenore.
"DEREK !"
Ce fut la grande ombre derrière lui qui en était l'auteure. La panique ne put lui laisser le temps de savoir de quel démon il s'agissait. Elle disparut aussitôt, laissant tout pantois la garde et le reste du groupe. Rattrapé par un garde, Lenore le récupéra à son tour pour ne pas qu'il tombe. Il n'était pas encore mort, mais il fallait absolument qu'Anaelle puisse lui prodiguer des soins. Compliqué quand celui qui les traquait était une ombre invisible qui les plongea dans un dôme d'obscurité et ne se montrait que pour asséner ses coups ; au moins ils savaient comment le retrouver, il fallait seulement être le plus rapide et agir rapidement.
"Nous devons dissiper l'ombre ! cria Anaëlle au loin qui s'approcha de ses maîtres.
- Elle craint la magie !" lui répondit Laurence en hurlant à son tour.
Heureusement, Laurence comprit son point faible rapidement : l'ombre détestait la magie. Alors elle en recevrait. Le chevalier Delavigne imprégna sa lame d'éther de glace, tandis que Karzale en fit de même pour sa lance. Derek grimaça, il manquait d'air.
"Elle nous a attaqué tout à l'heure, mais nous l'avions repoussée... Je ne pensais pas qu'elle reviendrait !
- Savez-vous ce qu'elle est ?! répondit hâtivement Lenore.
- C'est un esprit ombral... Elle se bat dans les ombres plus efficacement."
Ils ne firent pas tout de suite attention à l'ombre qui se présentait derrière eux, une nouvelle fois. Ce fut en voyant une nouvelle fois la lame ombrale transpercer le torse de Derek qu'ils se rendirent compte de son emplacement. Lenore ne hurla pas, pas cette fois-ci, mais son coeur se pressa soudainement, retournant également son ventre sous la pression, la peur et le choc. C'était comme si tout tombait autour d'elle. Elle n'eut la force de retenir le poids de son époux s'écraser au sol, sonnée par les événements. Elle... elle ressentait cette puissance au fond d'elle jaillir. Elle sentait la détresse du moment, il fallait absolument en finir avec cette ombre.
Le regard embrumé par les larmes, celles-ci volèrent dans les airs sous la puissance éthérée qui l'habitait. L'éther gonfla autour d'elle et c'était sa voix qu'elle résidait. Soudainement, elle se mit à chanter, fort, d'une voix éthérée, astrale. Les émotions s'entrechoquaient si fort qu'une vague de puissance sans précédent rentra dans chacun de ses alliés, leur conférant une force inouïe. C'était maintenant ou jamais.
Puis, le dernier démon encore sur leur chemin trépassa, leur laissant la liberté de rejoindre le coeur de la bataille au sein même du fief. Plus ils s'avançaient, plus les cris étaient forts et les cadavres jonchant le sol étaient nombreux. Le blizzard ne leur facilitait rien, mais ils étaient là. Derek se tenait debout au milieu d'un attroupement de gens de la Garde Blanche venu le protéger. Pour Lenore, c'était inespéré, mais elle était là, à sa portée.
"Derek !"
Qu'elle ne fut pas son erreur de l'appeler. Le vicomte consort, à l'écho de la voix de sa femme, se retourna en plein combat, avisant le visage de sa tendre aimée avant d'être transpercé par une lame noirâtre, brumeuse, sous le regard horrifié de Lenore.
"DEREK !"
Ce fut la grande ombre derrière lui qui en était l'auteure. La panique ne put lui laisser le temps de savoir de quel démon il s'agissait. Elle disparut aussitôt, laissant tout pantois la garde et le reste du groupe. Rattrapé par un garde, Lenore le récupéra à son tour pour ne pas qu'il tombe. Il n'était pas encore mort, mais il fallait absolument qu'Anaelle puisse lui prodiguer des soins. Compliqué quand celui qui les traquait était une ombre invisible qui les plongea dans un dôme d'obscurité et ne se montrait que pour asséner ses coups ; au moins ils savaient comment le retrouver, il fallait seulement être le plus rapide et agir rapidement.
"Nous devons dissiper l'ombre ! cria Anaëlle au loin qui s'approcha de ses maîtres.
- Elle craint la magie !" lui répondit Laurence en hurlant à son tour.
Heureusement, Laurence comprit son point faible rapidement : l'ombre détestait la magie. Alors elle en recevrait. Le chevalier Delavigne imprégna sa lame d'éther de glace, tandis que Karzale en fit de même pour sa lance. Derek grimaça, il manquait d'air.
"Elle nous a attaqué tout à l'heure, mais nous l'avions repoussée... Je ne pensais pas qu'elle reviendrait !
- Savez-vous ce qu'elle est ?! répondit hâtivement Lenore.
- C'est un esprit ombral... Elle se bat dans les ombres plus efficacement."
Ils ne firent pas tout de suite attention à l'ombre qui se présentait derrière eux, une nouvelle fois. Ce fut en voyant une nouvelle fois la lame ombrale transpercer le torse de Derek qu'ils se rendirent compte de son emplacement. Lenore ne hurla pas, pas cette fois-ci, mais son coeur se pressa soudainement, retournant également son ventre sous la pression, la peur et le choc. C'était comme si tout tombait autour d'elle. Elle n'eut la force de retenir le poids de son époux s'écraser au sol, sonnée par les événements. Elle... elle ressentait cette puissance au fond d'elle jaillir. Elle sentait la détresse du moment, il fallait absolument en finir avec cette ombre.
Le regard embrumé par les larmes, celles-ci volèrent dans les airs sous la puissance éthérée qui l'habitait. L'éther gonfla autour d'elle et c'était sa voix qu'elle résidait. Soudainement, elle se mit à chanter, fort, d'une voix éthérée, astrale. Les émotions s'entrechoquaient si fort qu'une vague de puissance sans précédent rentra dans chacun de ses alliés, leur conférant une force inouïe. C'était maintenant ou jamais.
Le combat faisait encore rage, mais le plus dur était passé. Désormais, dans cette partie de Gévaudan, on ne faisait plus qu'observer la piété et la ferveur d'Anaelle envers Halone qui, par un sort excessivement puissant, parvint à extirper Derek des griffes de Nald'Thal. Lenore était à côté d'elle, le son environnant étouffé par l'inquiétude qui la prenait jusqu'aux entrailles. Il était vivant, il avait frôlé la mort... une seconde fois. Mais cette fois-ci, c'était pour le bien de leur famille et de leur village. Derek avait enfin prouvé à sa femme qu'il était digne d'être un Riverhood avec tout ce que cela impliquait. Encore sonné, le vicomte consort observa pour la toute première fois Anaelle avec une admiration sans nom. La dame de compagnie de sa femme, avec qui il avait pour habitude de se chamailler, était remontée dans son estime à vitesse grand V. |
"Merci, Anaëlle."
Lyssie
Il y a 4 mois et 1 jour
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"Seluna, Lucien, Ermengard, Adalheid !"
Ils étaient finalement parvenus à se rejoindre au centre de Gévaudan, entourés par les flammes qui avaient déjà ravagé une bonne partie du fief Riverhood. D'un rapide coup d'œil, Lenore constata que l'autre groupe n'était pas en meilleur état qu'eux : Seluna avait la cuisse gauche ensanglantée, Adalheid présentait des traces de brûlures sur son armure, Ermengard avait une épaulière tombante, dévoilant sa côte de maille en dessous, et Lucien ne possédait plus son bouclier, sans parler de l'ouverture sur son flanc qui laissait voir une blessure récemment traitée.
Quant à elle, son nez saignait encore à cause de la magie de contrôle utilisée tantôt. Si elle venait à l'utiliser une nouvelle fois, elle ne tiendrait pas longtemps ; Fleur de Lys, à sa ceinture, allait devoir être utilisée bien plus souvent.
"Le baron est sauf, déclara Seluna en reprenant son souffle.
- Le vicomte consort également." lui répondit Lenore d'un ton entendu.
Elles échangèrent un regard et opinèrent de concert : plus de peur que de mal, la prophétie avait été déjouée pour ces deux-là. Il ne restait alors qu'à sauver Célestin des griffes de la mort. Après s'être assuré de l'état du groupe entier, ils débattirent quelques longues secondes sur les événements à venir. La baliste, située en haut de l'Œil du Loup, était la cible directe du dragon. Aulène de Riverhood s'assurait de sa fonctionnalité, épaulée par ses élèves les plus brillants. Sur le conseil de messire Delavigne, Lenore suggéra à Adalheid de se poster au niveau du manoir Riverhood ; ce n'était pas l'endroit le plus haut du village, mais cela ferait l'affaire pour ses capacités de tireuse d'élite.
Ils étaient finalement parvenus à se rejoindre au centre de Gévaudan, entourés par les flammes qui avaient déjà ravagé une bonne partie du fief Riverhood. D'un rapide coup d'œil, Lenore constata que l'autre groupe n'était pas en meilleur état qu'eux : Seluna avait la cuisse gauche ensanglantée, Adalheid présentait des traces de brûlures sur son armure, Ermengard avait une épaulière tombante, dévoilant sa côte de maille en dessous, et Lucien ne possédait plus son bouclier, sans parler de l'ouverture sur son flanc qui laissait voir une blessure récemment traitée.
Quant à elle, son nez saignait encore à cause de la magie de contrôle utilisée tantôt. Si elle venait à l'utiliser une nouvelle fois, elle ne tiendrait pas longtemps ; Fleur de Lys, à sa ceinture, allait devoir être utilisée bien plus souvent.
"Le baron est sauf, déclara Seluna en reprenant son souffle.
- Le vicomte consort également." lui répondit Lenore d'un ton entendu.
Elles échangèrent un regard et opinèrent de concert : plus de peur que de mal, la prophétie avait été déjouée pour ces deux-là. Il ne restait alors qu'à sauver Célestin des griffes de la mort. Après s'être assuré de l'état du groupe entier, ils débattirent quelques longues secondes sur les événements à venir. La baliste, située en haut de l'Œil du Loup, était la cible directe du dragon. Aulène de Riverhood s'assurait de sa fonctionnalité, épaulée par ses élèves les plus brillants. Sur le conseil de messire Delavigne, Lenore suggéra à Adalheid de se poster au niveau du manoir Riverhood ; ce n'était pas l'endroit le plus haut du village, mais cela ferait l'affaire pour ses capacités de tireuse d'élite.
Quelques longues minutes plus tard, Célestin ne se fit pas attendre et marcha auprès du groupe, lance à la main et muni d'une armure d'un noir de jais abyssal. "Nous n'avons que peu de répit, le dragon se prépare à frapper de nouveau. Je dois retourner à la baliste, mais je suis rassuré de vous voir entiers... Nous avons besoin de renfort au sud. - Je ne te laisse pas seul là-haut, fit Seluna d'un ton autoritaire. - Je ne suis pas seul là-haut, il y a la directrice de l'institut et des gardes. - Mais plus de dôme. Vous êtes les plus exposés ! - Nous sommes ishgardais, nous avons l'habitude !" Les querelles entre frère et sœur avaient toujours tendance à faire soupirer Lenore, qui se revoyait avec son propre frère par le passé. D'un regard vers le sud, elle vit une concentration de gardes menant un combat perdu d'avance s'ils ne venaient pas les aider au plus tôt. Néanmoins, à peine eut-elle le temps d'entrouvrir ses lèvres qu'un membre de la Garde Blanche hurla à gorge déployée : "LE DRAGON !!" |
Il y eut un impact, puis une explosion. L'un des murs vola en éclats, retombant en une pluie de ruines mortelles. Pendant plusieurs minutes, le silence régna, tandis que les flammes continuaient de ravager le village. Puis soudain, un hurlement bestial s'éleva dans les airs, et tous reprirent leurs esprits ; le dragon était tombé à terre. La baliste avait visé juste, mais pas assez pour toucher le cœur.
"QU’HALONE CONSTATE LA FOI ET LA VAILLANCE QUI EST LA NOTRE ! QUE NOS LAME POURFENDENT POUR SA GLOIRE !"
Le cri d'Ermengard vibra dans l'air à mesure qu'il frappa sa masse sur son écu.
"Touchez sa gorge et ses ailes !"
L'ordre donné par la vicomtesse les poussa à agir. De la peur naquit la bravoure nécessaire pour attaquer le dragon et chacun se saisit de ses armes pour foncer.
"QU’HALONE CONSTATE LA FOI ET LA VAILLANCE QUI EST LA NOTRE ! QUE NOS LAME POURFENDENT POUR SA GLOIRE !"
Le cri d'Ermengard vibra dans l'air à mesure qu'il frappa sa masse sur son écu.
"Touchez sa gorge et ses ailes !"
L'ordre donné par la vicomtesse les poussa à agir. De la peur naquit la bravoure nécessaire pour attaquer le dragon et chacun se saisit de ses armes pour foncer.
"QUE TOUT LE MONDE REGAGNE L'ECURIE, DES CHOCOBOS NOUS ATTENDENT POUR SUIVRE LEUR TRACE !"
Le blizzard était insupportable. Le froid mordait chaque bout de peau apparent, on ne voyait rien à plus de cinq yalms, et leur combat les avait menés jusque dans le ciel, tandis que Célestin était le premier parti à pourchasser le dragon ayant fui par les airs. Mais comment toucher un dragon aussi rapide que l'éclair avec une météo aussi peu clémente ? Les tentatives d'intimidation de Seluna n'avaient aucun effet sur le démon draconique, Adalheid n'arrivait guère à toucher la bête avec son sniper, et les hommes tentaient le tout pour le tout afin de la rattraper - en vain. Il fallut attendre que la bête et Célestin s'écrasent plus bas pour qu'une partie de l'équipe trace la route et observe le pire arriver.
Lenore chuta de son chocobo, courant comme elle put vers Célestin qui faisait face au dragon. Ce dernier, la gueule ouverte, cracha ses flammes en plein sur le métis qui disparut sous ces dernières. Du coin de l'œil, elle vit Seluna se jeter de sa monture directement sur la créature, folle de rage. De l'autre côté, Karzale referma sa main sur sa lance et se jeta à son tour sur l'ennemi. Pour Lenore, ce fut le coup de trop. Elle sentit l'énergie s'accumuler dans son torse et d'un regard sombre, un chant enragé s'éleva. Toute l'énergie accumulée explosa en une poussière éthérée sur ses alliés, tandis que le reste du groupe vint enfin les rejoindre. Il était trop tard.
Le blizzard était insupportable. Le froid mordait chaque bout de peau apparent, on ne voyait rien à plus de cinq yalms, et leur combat les avait menés jusque dans le ciel, tandis que Célestin était le premier parti à pourchasser le dragon ayant fui par les airs. Mais comment toucher un dragon aussi rapide que l'éclair avec une météo aussi peu clémente ? Les tentatives d'intimidation de Seluna n'avaient aucun effet sur le démon draconique, Adalheid n'arrivait guère à toucher la bête avec son sniper, et les hommes tentaient le tout pour le tout afin de la rattraper - en vain. Il fallut attendre que la bête et Célestin s'écrasent plus bas pour qu'une partie de l'équipe trace la route et observe le pire arriver.
Lenore chuta de son chocobo, courant comme elle put vers Célestin qui faisait face au dragon. Ce dernier, la gueule ouverte, cracha ses flammes en plein sur le métis qui disparut sous ces dernières. Du coin de l'œil, elle vit Seluna se jeter de sa monture directement sur la créature, folle de rage. De l'autre côté, Karzale referma sa main sur sa lance et se jeta à son tour sur l'ennemi. Pour Lenore, ce fut le coup de trop. Elle sentit l'énergie s'accumuler dans son torse et d'un regard sombre, un chant enragé s'éleva. Toute l'énergie accumulée explosa en une poussière éthérée sur ses alliés, tandis que le reste du groupe vint enfin les rejoindre. Il était trop tard.
Les derniers flocons tombèrent sur l'œil du dragon encore ouvert. Seluna retira sa lame ; elle qui avait porté le coup de grâce était désormais tachée de sang de la tête aux pieds. Tout était fini et les larmes montèrent. S'échouant dans les bras d'Ermengard, elle se laissa aller.
"Célestin est mort."
Lenore l'avait dit sans réellement y croire. Au fond d'elle, quelque chose clochait. Pourquoi n'avait-elle pas ressenti ce déchirement, comme à chaque fois qu'une mort se réalisait dans ses visions, lorsqu'elle vit les flammes se déferler sur Célestin ? Chacun était épuisé, à bout de souffle, mais même épuisée, Adalheid se rapprocha de l'amas de neige où se tenait plus tôt le métis. Rapidement suivie par Karzale, ils enlevèrent à deux la neige pour trouver de la fourrure noire. Alors... Son Loup Noir l'avait protégé ?
Allongé à terre, Célestin respirait encore, brûlé ici et là par les quelques flammes que son démon n'avait pu bloquer de son corps. D'un regard sur celui-ci, Lenore resta muette pendant de longues secondes. Si quelques soleils plus tôt, elle lui avait enlevé le contrôle de son Loup Noir, il semblerait que Halone le voulait tout autant qu'elle.
"Célestin est mort."
Lenore l'avait dit sans réellement y croire. Au fond d'elle, quelque chose clochait. Pourquoi n'avait-elle pas ressenti ce déchirement, comme à chaque fois qu'une mort se réalisait dans ses visions, lorsqu'elle vit les flammes se déferler sur Célestin ? Chacun était épuisé, à bout de souffle, mais même épuisée, Adalheid se rapprocha de l'amas de neige où se tenait plus tôt le métis. Rapidement suivie par Karzale, ils enlevèrent à deux la neige pour trouver de la fourrure noire. Alors... Son Loup Noir l'avait protégé ?
Allongé à terre, Célestin respirait encore, brûlé ici et là par les quelques flammes que son démon n'avait pu bloquer de son corps. D'un regard sur celui-ci, Lenore resta muette pendant de longues secondes. Si quelques soleils plus tôt, elle lui avait enlevé le contrôle de son Loup Noir, il semblerait que Halone le voulait tout autant qu'elle.
Au lendemain de la bataille, le temps se montrait plus clément que la veille, baignant Gévaudan dans la douce étreinte d'un soleil timide, caché derrière quelques nuages. Dehors, des hommes tiraient sur les cordes avec la force du dernier effort, soulevant l'un des murs d'une maison détruite par l'assaut du dragon. La fatigue se lisait sur leurs visages, mais il en fallait plus pour inquiéter la vicomtesse qui avançait, l'œil avisé, au milieu des survivants tenaces.
Elle avait peu dormi, trop occupée à orchestrer le sauvetage des quelques survivants restants, et à prendre soin de ses alliés venus panser leurs plaies à son manoir perché sur les hauteurs de la colline. Ils avaient tous combattu avec bravoure, elle en était bien consciente. Sans leur intervention, Gévaudan aurait probablement traversé une période bien plus difficile. Peut-être était-il temps de forger des alliances avec toutes les maisonnées ayant vaillamment combattu pour la gloire du Loup Blanc. En passant sous une arche de pierre fendue, son regard se posa sur une maison complètement détruite, noircie par les flammes. Avec un peu de chance, l'union avec les Bertin permettrait une reconstruction rapide du village, et elle n'aurait plus à se soucier de rien lors de son départ pour le Nouveau Monde.
Dans un dernier cri d'effort, le mur se dressa sous les yeux satisfaits des villageois. L'un d'eux apporta une bouteille de vin, assurant que demain, ils dégageraient bien plus de ruines. Ce n'était pourtant que les décombres d'une maison parmi tant d'autres, mais quel enthousiasme chez ces Ishgardais épuisés. Lenore ferma les yeux.
"Un pas après l'autre."
Elle regagna son manoir, consciente que le repos était désormais de mise.
Tout était enfin terminé. Marie-Ange reposait désormais en paix, le dragon n'était plus, et Gévaudan pouvait enfin se relever et penser à l'avenir. Célestin allait maintenant quitter la capitale pour le Val des Songes, comme ils l'avaient convenu. La sentence de Lenore n'avait été ni dure, ni trop souple, mais juste. Pour avoir attenté à sa vie, quels que fussent les sentiments qui l'avaient poussé à agir ainsi, il s'en sortait avec la révocation de son démon, l'incapacité à manier la Discorde, l'interdiction de mettre un pied à la Sainte Cité sauf une fois par semaine pendant deux ans, et un sceau dont les conditions ne seraient connues que de la famille Riverhood.
Le condamner à mort n'avait jamais été la solution, et Seluna l'avait parfaitement compris. Désormais, les deux familles allaient pouvoir se relever, main dans la main, et avancer vers un avenir plus radieux. Dans quelques jours, Lenore réduirait les taxes chez ses vassaux et après son voyage à Tural, elle organiserait un banquet pour marquer la fin de trente ans de conflit.
Elle avait peu dormi, trop occupée à orchestrer le sauvetage des quelques survivants restants, et à prendre soin de ses alliés venus panser leurs plaies à son manoir perché sur les hauteurs de la colline. Ils avaient tous combattu avec bravoure, elle en était bien consciente. Sans leur intervention, Gévaudan aurait probablement traversé une période bien plus difficile. Peut-être était-il temps de forger des alliances avec toutes les maisonnées ayant vaillamment combattu pour la gloire du Loup Blanc. En passant sous une arche de pierre fendue, son regard se posa sur une maison complètement détruite, noircie par les flammes. Avec un peu de chance, l'union avec les Bertin permettrait une reconstruction rapide du village, et elle n'aurait plus à se soucier de rien lors de son départ pour le Nouveau Monde.
Dans un dernier cri d'effort, le mur se dressa sous les yeux satisfaits des villageois. L'un d'eux apporta une bouteille de vin, assurant que demain, ils dégageraient bien plus de ruines. Ce n'était pourtant que les décombres d'une maison parmi tant d'autres, mais quel enthousiasme chez ces Ishgardais épuisés. Lenore ferma les yeux.
"Un pas après l'autre."
Elle regagna son manoir, consciente que le repos était désormais de mise.
Tout était enfin terminé. Marie-Ange reposait désormais en paix, le dragon n'était plus, et Gévaudan pouvait enfin se relever et penser à l'avenir. Célestin allait maintenant quitter la capitale pour le Val des Songes, comme ils l'avaient convenu. La sentence de Lenore n'avait été ni dure, ni trop souple, mais juste. Pour avoir attenté à sa vie, quels que fussent les sentiments qui l'avaient poussé à agir ainsi, il s'en sortait avec la révocation de son démon, l'incapacité à manier la Discorde, l'interdiction de mettre un pied à la Sainte Cité sauf une fois par semaine pendant deux ans, et un sceau dont les conditions ne seraient connues que de la famille Riverhood.
Le condamner à mort n'avait jamais été la solution, et Seluna l'avait parfaitement compris. Désormais, les deux familles allaient pouvoir se relever, main dans la main, et avancer vers un avenir plus radieux. Dans quelques jours, Lenore réduirait les taxes chez ses vassaux et après son voyage à Tural, elle organiserait un banquet pour marquer la fin de trente ans de conflit.
"Soyons plus intelligent que nos aïeux."
Lyssie
Il y a 3 mois et 1 semaine
Le soleil trônait déjà haut dans le ciel lorsque la Commandante quitta sa cabine pour rejoindre le pont principal. Drapée dans l'une de ses plus somptueuses capes, choisie avec soin pour cette occasion solennelle – bien qu'une fois en mer, elle ne la garderait pas longtemps – elle scrutait en silence, depuis la dunette, le va-et-vient incessant des marins. Chacun, tel le battement d'un cœur, contribuait à faire vivre cet organisme colossal qu'était leur navire.
Comme convenu, ils avaient levé l'ancre en début de soirée la veille, quittant le Port-aux-Ales en toute discrétion, évitant ainsi l'agitation et les encombrements de Limsa Lominsa. Lenore avait veillé à ce que tout soit en ordre, que le capitaine Sea Snake puisse manœuvrer librement et que rien ne manque à ses propres hommes. Ce voyage n'était pas simplement une traversée; c'était le point culminant de sa carrière. Après avoir dirigé avec brio un institut de chasseurs de démons et orchestré un organisme dédié à la protection de l'équilibre, elle se tenait désormais à la tête d'un bataillon d'exploration. Cette expédition était bien plus qu'une mission : c'était l'opportunité de prouver sa valeur à Ishgard, et peut-être, un jour, de se voir ouvrir les portes de la Chambre des Nobles.
Comme convenu, ils avaient levé l'ancre en début de soirée la veille, quittant le Port-aux-Ales en toute discrétion, évitant ainsi l'agitation et les encombrements de Limsa Lominsa. Lenore avait veillé à ce que tout soit en ordre, que le capitaine Sea Snake puisse manœuvrer librement et que rien ne manque à ses propres hommes. Ce voyage n'était pas simplement une traversée; c'était le point culminant de sa carrière. Après avoir dirigé avec brio un institut de chasseurs de démons et orchestré un organisme dédié à la protection de l'équilibre, elle se tenait désormais à la tête d'un bataillon d'exploration. Cette expédition était bien plus qu'une mission : c'était l'opportunité de prouver sa valeur à Ishgard, et peut-être, un jour, de se voir ouvrir les portes de la Chambre des Nobles.
Seulement voilà, naviguer vers les terres inexplorées du Tural n'était pas une entreprise aisée. Le voyage en lui-même s'était révélé périlleux, et le rapide sauvetage de Syntra, sa partenaire du Jackdaw, naufragée sur une petite île en plein chemin, aurait dû leur servir d'avertissement. Peut-être avaient-ils sous-estimé la signification de ce sombre présage. "Préparez-vous, ça va secouer !" tonna le capitaine, sa voix gutturale résonnant à travers le pont, couvrant le grondement de la tempête qui approchait. Le ciel, autrefois d’un bleu éclatant, s’était rapidement chargé de lourds nuages menaçants, et la mer, jusque-là docile, avait révélé son véritable visage. Les vagues, agitées et capricieuses, ballottaient le navire sans relâche, tandis que des vents violents s’engouffraient dans les voiles, rendant le travail des gabiers presque impossible. La pluie s'abattait en trombes, fouettant le pont et réduisant la visibilité à quelques mètres à peine. Ce qui avait commencé comme une traversée agréable s'était rapidement transformé en une lutte contre les éléments déchaînés. En l'espace de quelques jours, l'enthousiasme pour le Nouveau Monde s'était mué en soupirs et plaintes contre une météo aussi imprévisible que cruelle. Pourtant, malgré les intempéries, le bataillon d'exploration ne laissait rien entacher leur moral. Les éclats de rire et les plaisanteries continuaient de fuser, défiant la tempête qui hurlait autour d'eux. Rien ne pourrait ternir l'esprit d'aventure qui les animait, pas même la colère des océans.
Le pire restait encore à venir quand au crépuscule du neuvième jour, la mer jusque-là capricieuse se transforma en un chaos indomptable. Sans crier gare, Lenore entendit la porte de l'étage s'ouvrir dans un fracas, suivi de la voix du capitaine les appeler à l'aide. Il était de passer à l'action. |
Ils n'étaient pas marins, encore moins des enthousiastes de la mer — à l'exception de Lhei, que Lenore devait régulièrement retenir dans sa cabine pour éviter les reproches acerbes du capitaine — mais, malgré leur manque d'expérience avec l'océan, ils possédaient la hargne et l'ingéniosité nécessaires pour se débrouiller dans toutes les situations dans lesquelles ils se retrouvaient. On attacha les lignes de vie, on sécurisa les rations et les outils, hélas les vagues, enflant de plus en plus, finirent par emporter une large partie des provisions, et avec elles, quelques matelots et membres de l'expédition furent précipités par-dessus bord. Lenore, quant à elle, gardera à jamais en mémoire le choc brutal de cette caisse qui, dans un instant de chaos, s’écrasa contre son crâne juste avant qu’elle ne bascule de l’autre côté du bastingage. Fort heureusement, ses compagnons furent là pour la hisser à temps, arrachant son corps meurtri à l'étreinte vorace des flots.
Au bout de quelques longues heures d'une lutte acharnée, la tempête finit par se calmer. Elle ne savait pas encore combien de temps s'était écoulé depuis qu'elle avait perdu connaissance, mais ce fut l'agitation sur le pont lors d'un beau soleil tropical qui la tira de l'infirmerie.
"Je n'aurais pas passé dix jours dans le coma tout de même..."
Ses inquiétudes s'envolèrent dès l'instant où elle rejoignit la proue. Le Cerberus avait dû jeter l'ancre sur une île isolée, perdue au milieu de l'océan indigo, pour refaire le plein de provisions et réparer les dégâts causés par les tempêtes successives. "Par Halone..." souffla-t-elle en descendant du navire, suivie de près par le reste de la Rose et leurs alliés. Le sable blanc, la jungle luxuriante—tout, dans ce paysage, lui rappelait les décors de l'Archipel d'Ori qu'ils avaient cartographié plus de deux ans auparavant pour la cause sharlayanaise.
Au bout de quelques longues heures d'une lutte acharnée, la tempête finit par se calmer. Elle ne savait pas encore combien de temps s'était écoulé depuis qu'elle avait perdu connaissance, mais ce fut l'agitation sur le pont lors d'un beau soleil tropical qui la tira de l'infirmerie.
"Je n'aurais pas passé dix jours dans le coma tout de même..."
Ses inquiétudes s'envolèrent dès l'instant où elle rejoignit la proue. Le Cerberus avait dû jeter l'ancre sur une île isolée, perdue au milieu de l'océan indigo, pour refaire le plein de provisions et réparer les dégâts causés par les tempêtes successives. "Par Halone..." souffla-t-elle en descendant du navire, suivie de près par le reste de la Rose et leurs alliés. Le sable blanc, la jungle luxuriante—tout, dans ce paysage, lui rappelait les décors de l'Archipel d'Ori qu'ils avaient cartographié plus de deux ans auparavant pour la cause sharlayanaise.
"Tâchons de récupérer avant de repartir."
Dire que ce court séjour sous les tropiques d'une île turalienne ne l'avait pas changé serait un mensonge. En l'espace de deux semaines, le corps expéditionnaire avait non seulement réussi à réparer le Cerberus, mais aussi à lever la malédiction qui pesait sur l'île et son village. Et, comme si cela ne suffisait pas, ils avaient retrouvé Dorian—désormais appelé Ishawe—qui, curieusement, ne se souvenait plus de la fin tragique qu'il avait connu. Bien sûr, à la seconde où il avait foulé la porte de la hutte de Laewaze le jour où ils devaient en savoir plus sur Kuzocal, elle avait renversé table et verres sous l'effet du choc. Rien qu'à le regarder faire le pitre autour du feu de camp et l'écouter se pavaner comme si de rien n'était devant tout le monde faisait poindre en elle une rage sourde et les échos de leur rencontre s'entrechoquaient. "Lenore je suis si content de vous revoir !" "Dame Riverhood... Les morts ne reviennent pas d'au-delà du voile." "Waw. Vous m'en voulez encore pour vous avoir tenu tête ?" Dans les rires et les chants du bataillon d'exploration de la Rose des Vents, Lenore décida de s'éclipser du groupe pour s'asseoir plus loin au bord de la falaise, celle qui surplombait le lac qu'ils avaient allègrement nommé le "Lac Syntra" en l'absence d'un guide turalien. C'était une belle nuit d'été, la première depuis leur arrivée à Yak T'el, marquée par l'humidité incessante d'une jungle dont elle avait encore tout à apprendre. Les étoiles scintillant sur un voile de velours sombre se reflétaient sur le lac bleu lumière. C'était peut-être l'un des plus beaux paysages qu'il lui avait été donné de voir et pourtant, elle peinait à faire taire les sentiments qui se bousculaient dans son esprit. Il était inutile de lui parler tout de suite et perturber la cohésion de l'équipe, la mission primait avant tout. La gifle qu'il prit le jour de leurs retrouvailles transpirait tout ce qu'elle ressentait : la colère, l'incompréhension, la tristesse et enfin la joie, mais tant qu'elle n'aurait plus d'explications, elle ne pourrait jamais réellement l'accepter tel qu'il était. Elle se souvint du jour de sa mort, du moment où elle l'avait vu la protéger d'une météorite le jour de la fin des temps, du bras qu'elle tenait si fermement contre elle que Revna dût en arriver à le lui sectionner afin qu'elle puisse se laisser porter jusqu'à Radz-at-Han, des pleurs de son père ou encore du discours et du chant qu'elle avait donné lors de ses obsèques. Tout ça... pour rien ? Pour qu'il revienne deux ans plus tard, le sourire aux lèvres, en ne se souvenant même plus de ses derniers instants ? Toute sa vie, on lui avait inculqué que les voies d'Halone étaient impénétrables et Lenore avait toujours su suivre ses préceptes à la lettre ; cela ne voulait pas dire qu'elle ne remettait jamais en doute les obstacles que la Conquérante plaçait sur son chemin. Et ce fut ce qu'elle fit. Rien de tout cela n'avait de sens, à commencer par la chronologie. S'il affirmait haut et fort qu'il s'était "juste" endormi un soir à Garlemald au moment où ils prêtaient assistance à l'Alliance Eorzéenne pour soudainement se réveiller à Tural le lendemain, il oubliait leur voyage à Thavnair, leur combat contre Nyx ou encore leurs innombrables disputes lorsqu'elle avait tenté de le dissuader de les accompagner jusqu'à le chasser de la Rose pour le protéger, sans parler de leur tout dernier combat avant de connaître son triste destin. Un destin qu'elle avait vu maintes et maintes fois sous le bon vouloir de la Volonté Divine. "À quoi bon me montrer sa fin si c'est pour qu'il revienne malgré tout." souffla-t-elle tout bas à elle-même. Comme toujours lorsqu'elle posa une question à Halone, ce fut le silence qui lui répondit, mais elle ne s'en offusqua pas, jamais. Que pouvait-elle s'imaginer, elle n'était qu'une messagère, même pire, une simple humaine au fond. Tout cela la dépassait et il ne fallait pas qu'elle cherche à en déceler les messages. Cela viendrait avec le temps et tout de suite, son attention devait se porter uniquement sur la mission, il en avait de sa réputation. Elle ne devait pas faillir. |
Si la Conquérante voulait une fois de plus la mettre à l'épreuve, ainsi soit-il. Elle ne fléchirait pas.
Lyssie
Il y a 2 mois et 2 semaines
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Tout dans cette jungle semblait conspirer à leur perte. Les ibruqs, les ik'iits, les nécroses, sans parler des piranhas, chaque créature paraissait animée d'une malveillance indescriptible. Pourtant, ce petit campement, niché à la lisière du village d'Ek Xaman'yi, lui suffisait. Les grands arbres exotiques, sous lesquels s'épanouissait une faune aussi diverse que dangereuse, lui inspiraient un mélange étrange de crainte et de protection. Elle comprenait mieux pourquoi les xbr'aals se sentaient en sécurité ici. Au-delà de l'humidité oppressante et de la guerre centenaire qui les opposait aux mamool ja, Yak T'el possédait tous les attributs d'un musée historique.
Se réveiller, transporter des caisses, des planches de bois, des cordes ; réparer ces maisons de bois usées par le temps, fortifier le village en érigeant de hautes palissades ; manger, puis dormir. Voilà à quoi se résumait leur quotidien depuis qu'ils avaient négocié leur liberté auprès de la matriarche d'Ek Xaman'yi, qui les avait d'abord pris pour des renégats à la solde des mamool ja. Un malentendu compréhensible, surtout après que l'homme qu'ils cherchaient avait dérobé leur précieux artefact, objet d'un culte aussi fervent que malsain. Lenore n'y faisait pas exception, elle avait insisté pour participer à l'effort collectif, soulignant que son statut de cheffe ne devait pas la dispenser de travailler aux côtés des siens. Lorsqu'elle quittait le village pour cartographier les environs, elle veillait toujours à prendre sa rapière avec elle en plus d'un linge humide pour retirer les toxines de ses mains au cas où elle toucherait quelque chose.
En vérité, l'avenir de ces deux tribus lui importait peu. Comme beaucoup l'avaient fait remarquer lors des négociations, la querelle séculaire entre les xbr'aals et les mamool ja ne les concernait pas. Plus ils s'en tenaient à l'écart, mieux ils se porteraient. Cependant, réussir à réconcilier ces deux peuples assurerait à la Rose des Vents une réputation solide sur les terres du Nouveau Monde, ouvrant la porte à d'autres expéditions à l'avenir. Fini de jouer les "casques bleus", elle laissait généreusement ce flambeau aux autres compagnies au grand cœur.
Maintenant, concilier ces factions n'était pas chose aisée. Chacune possédait des qualités et des défauts, et c'étaient bien ces derniers qui portaient préjudices. Tout d'abord, les mamool ja étaient excessivement xénophobes. Malgré une terre stérile et un manque cruel de ressource, ils refusaient catégoriquement de se mêler aux autres peuples. Et ne parlons pas de leur égo qui n'avait eu de cesse de croître depuis que leur champion, Bakool Ja Ja, était en lice de la succession de l'empereur. Ces guerriers aguerris étaient victimes de leur fierté. En parallèle, les xbr'aals jouissaient de terres riches et abondantes. Ek Xaman'yi, en particulier, était un véritable grenier pour la culture de tomates et de maïs. Pourtant, leur peur irrationnelle les empêchait d'engager toute communication constructive.
Dans ces conditions, espérer une trêve ou un arrêt total paraissait illusoire, mais le plan qu'ils avaient échafaudé offrait une lueur d'espoir, même si le vol de l'artefact par le capitaine Sea Snake venait compliquer les choses. Avec un peu de chance peut-être, tout se passerait bien. Du moins, c'est ce qu'elle se répétait en silence, depuis le sommet de la vigie du village, observant les plaines cendrées des deux tours baignées par la lumière d'un soleil particulièrement ardent.
Se réveiller, transporter des caisses, des planches de bois, des cordes ; réparer ces maisons de bois usées par le temps, fortifier le village en érigeant de hautes palissades ; manger, puis dormir. Voilà à quoi se résumait leur quotidien depuis qu'ils avaient négocié leur liberté auprès de la matriarche d'Ek Xaman'yi, qui les avait d'abord pris pour des renégats à la solde des mamool ja. Un malentendu compréhensible, surtout après que l'homme qu'ils cherchaient avait dérobé leur précieux artefact, objet d'un culte aussi fervent que malsain. Lenore n'y faisait pas exception, elle avait insisté pour participer à l'effort collectif, soulignant que son statut de cheffe ne devait pas la dispenser de travailler aux côtés des siens. Lorsqu'elle quittait le village pour cartographier les environs, elle veillait toujours à prendre sa rapière avec elle en plus d'un linge humide pour retirer les toxines de ses mains au cas où elle toucherait quelque chose.
En vérité, l'avenir de ces deux tribus lui importait peu. Comme beaucoup l'avaient fait remarquer lors des négociations, la querelle séculaire entre les xbr'aals et les mamool ja ne les concernait pas. Plus ils s'en tenaient à l'écart, mieux ils se porteraient. Cependant, réussir à réconcilier ces deux peuples assurerait à la Rose des Vents une réputation solide sur les terres du Nouveau Monde, ouvrant la porte à d'autres expéditions à l'avenir. Fini de jouer les "casques bleus", elle laissait généreusement ce flambeau aux autres compagnies au grand cœur.
Maintenant, concilier ces factions n'était pas chose aisée. Chacune possédait des qualités et des défauts, et c'étaient bien ces derniers qui portaient préjudices. Tout d'abord, les mamool ja étaient excessivement xénophobes. Malgré une terre stérile et un manque cruel de ressource, ils refusaient catégoriquement de se mêler aux autres peuples. Et ne parlons pas de leur égo qui n'avait eu de cesse de croître depuis que leur champion, Bakool Ja Ja, était en lice de la succession de l'empereur. Ces guerriers aguerris étaient victimes de leur fierté. En parallèle, les xbr'aals jouissaient de terres riches et abondantes. Ek Xaman'yi, en particulier, était un véritable grenier pour la culture de tomates et de maïs. Pourtant, leur peur irrationnelle les empêchait d'engager toute communication constructive.
Dans ces conditions, espérer une trêve ou un arrêt total paraissait illusoire, mais le plan qu'ils avaient échafaudé offrait une lueur d'espoir, même si le vol de l'artefact par le capitaine Sea Snake venait compliquer les choses. Avec un peu de chance peut-être, tout se passerait bien. Du moins, c'est ce qu'elle se répétait en silence, depuis le sommet de la vigie du village, observant les plaines cendrées des deux tours baignées par la lumière d'un soleil particulièrement ardent.
"Les négociations se sont bien passées, Commandante, mais... - Mais ? - Laurence, Anaëlle et Syntra sont directement partis à la poursuite de Sea Snake. Aiko aussi, toute seule, suivie par Marcus qui ne souhaite pas la laisser seule." Un lourd silence s’abattit sur le camp, amplifié par le martèlement incessant de la pluie torrentielle. Inconscients... Était-ce ce qu'ils étaient ? En quelques jours seulement, elle avait découvert davantage sur ce monde hostile que durant toutes ses années passées à étudier à l'académie de Sharlayan. Une chose lui était désormais claire : cette jungle n'était pas un endroit qui se laissait dompter par la simple force ou la connaissance. Seuls ceux qui écoutaient leur instinct avaient une chance de survie ici. Elle savait pourquoi Laurence avait agi ainsi. |
La culpabilité devait le ronger. S'il n'avait pas fait confiance à ce capitaine, s'il n'avait pas remis l'artefact et leur homme, rien de tout cela ne serait arrivé. Mais à quoi bon se lamenter maintenant ? Elle soupira en silence, il fallait à tout prix garder la tête froide.
"Je réglerai cela demain matin. Vous avez besoin de repos. Tous."
Dépassée, à l'écart et profondément frustrée, elle termina l'appel sans montrer une once de ce qu'elle pouvait ressentir. Son esprit était ailleurs, envahi par un tourbillon d'images et de pensées tandis qu’elle comptait distraitement leurs rations et les matériels restants. Le soleil amorçait à peine sa descente, et pourtant, elle sentait le poids d'une journée sans fin.
Plus l'expédition avançait, plus les défis s'accumulaient sans qu'elle n'ait le moindre contrôle dessus. Avec le coup de théâtre de Sea Snake, elle n'avait clairement pas besoin d'une telle ingérence. Pas maintenant.
"Je réglerai cela demain matin. Vous avez besoin de repos. Tous."
Dépassée, à l'écart et profondément frustrée, elle termina l'appel sans montrer une once de ce qu'elle pouvait ressentir. Son esprit était ailleurs, envahi par un tourbillon d'images et de pensées tandis qu’elle comptait distraitement leurs rations et les matériels restants. Le soleil amorçait à peine sa descente, et pourtant, elle sentait le poids d'une journée sans fin.
Plus l'expédition avançait, plus les défis s'accumulaient sans qu'elle n'ait le moindre contrôle dessus. Avec le coup de théâtre de Sea Snake, elle n'avait clairement pas besoin d'une telle ingérence. Pas maintenant.
Le lendemain matin, le soleil ne s'était pas encore complètement levé que de l'agitation se fit entendre au niveau de leur camp de fortune.
"Commandante.
- ...
- Commandante.
- ...
- Commandante.
- Que voulez-vous ?
- Ce n'est pas souvent qu'on vous voit affiché cet air, souffla d'un rire Azad.
- Espérez que ce ne soit que la seule fois."
Elle se redressa promptement, son sac sur l'épaule. À l'entrée du village, Ty'at Inen, accompagnée par Xuk Ara et Zidaan Ja, les attendaient sous l'applaudissement timide des habitants d'Ek Xaman'yi. Ils n'avaient pas récupéré leur "gardienne", mais au moins avaient-ils garanti leur place ici et une pseudo paix entre les deux peuples.
Les aurevoirs se passèrent sans plus de cérémonie, au moins partaient-ils sans encombre pour une fois. Elle n'attendit pas Aline qui rattrapait toutes ces années avec sa mère, isolée dans sa marche à côté de leur nouvelle guide. Quant Asa vint la voir dans un élan de gentillesse, elle la renvoya.
"Pas maintenant, Asa."
La xaela se contenta de rire avant de revenir vers le gros du groupe.
Les paysages, qui ne cessèrent de la surprendre, défilèrent sous ses yeux à mesure qu'ils traversèrent la jungle pour rejoindre Kozama'uka et ses couleurs chatoyantes. D'abord les arbres, le sol, la terre, puis les fruits et les fleurs, et même certains insectes. Maëlle avait eu tôt fait de les analyser, signalant que le biome était à l'origine de cette myriade de couleurs exotiques. Si elle avait passé le voyage en conversation linkperle avec chacun des chapardeurs pour leur ordonner de revenir sur-le-champ, au moins ses yeux pouvaient admirer la beauté du Nouveau Monde, si elle oubliait le danger qui restait omniprésent.
"Commandante.
- ...
- Commandante.
- ...
- Commandante.
- Que voulez-vous ?
- Ce n'est pas souvent qu'on vous voit affiché cet air, souffla d'un rire Azad.
- Espérez que ce ne soit que la seule fois."
Elle se redressa promptement, son sac sur l'épaule. À l'entrée du village, Ty'at Inen, accompagnée par Xuk Ara et Zidaan Ja, les attendaient sous l'applaudissement timide des habitants d'Ek Xaman'yi. Ils n'avaient pas récupéré leur "gardienne", mais au moins avaient-ils garanti leur place ici et une pseudo paix entre les deux peuples.
Les aurevoirs se passèrent sans plus de cérémonie, au moins partaient-ils sans encombre pour une fois. Elle n'attendit pas Aline qui rattrapait toutes ces années avec sa mère, isolée dans sa marche à côté de leur nouvelle guide. Quant Asa vint la voir dans un élan de gentillesse, elle la renvoya.
"Pas maintenant, Asa."
La xaela se contenta de rire avant de revenir vers le gros du groupe.
Les paysages, qui ne cessèrent de la surprendre, défilèrent sous ses yeux à mesure qu'ils traversèrent la jungle pour rejoindre Kozama'uka et ses couleurs chatoyantes. D'abord les arbres, le sol, la terre, puis les fruits et les fleurs, et même certains insectes. Maëlle avait eu tôt fait de les analyser, signalant que le biome était à l'origine de cette myriade de couleurs exotiques. Si elle avait passé le voyage en conversation linkperle avec chacun des chapardeurs pour leur ordonner de revenir sur-le-champ, au moins ses yeux pouvaient admirer la beauté du Nouveau Monde, si elle oubliait le danger qui restait omniprésent.
Si seulement elle pouvait faire taire l'inquiétude qui lui rongeait le ventre.