[Lenore] Tome V - L'Éveil du Cristal
Ajustant le collier frontal où brillaient les rayons du soleil déjà haut, Lenore observait son reflet dans le grand miroir de son boudoir. Boucles d’oreilles assorties, décolleté plongeant, corset serré jusqu’à l’étouffement, robe cintrée, cheveux tirés et maquillage raffiné, tout avait été calculé avec soin jusque dans les moindres détails pour donner l’image d’une femme que rien n’effraie. Dans quelques heures, elle serait assise face au juge Bertrand Matignon. Si elle avait pu admettre ses craintes à sa délégation, jamais elle ne laisserait transparaître la moindre faiblesse en public. Il en allait de sa réputation... mais surtout du contrôle qui la mènerait à la victoire.
"Mmmh... Mama part ?"
La petite tête blonde de Victoria passa par l'entrebâillement de la porte avant qu'elle ne s'élance dans la pièce toujours baignée par la lueur des bougies. Elle avait sans doute observé sa mère depuis un moment déjà, suivie d'Alexandre qui tenait Léon dans ses bras sous l’œil attentif de la vieille Clothilde.
- Le nouveau chevalier blanc..."
Comme un feu qui se propage, l'admiration de Victoria gagna son frère dont le regard pétilla avec autant d'ardeur que celui de sa soeur. Il avait déjà aperçu Lancelin, de loin, lors de son adoubement. A chaque cérémonie de ce genre, le jeune garçon devenait la petite terreur du manoir, suppliant qu'on le laisse assister à la scène. Plus d'une fois son obstination avait attendri l'assemblée. "Un vrai Riverhood", disaient souvent certains, alors qu'il approchaint doucement de ses cinq ans.
"Je viendrais vous voir dès que j'en aurais fini, d'accord ?
- Oui, mama."
La main de Lenore glissa tendrement dans les cheveux de sa fille, désormais bien plus longs qu’avant. Rassuré, Alexandre se contenta de hocher la tête avant que Lenore ne lui prenne Léon des bras pour le cajoler une dernière fois. Les autres mères auraient été horrifiées de la voir parler sans filtre devant son fils, mais elle, en était fière. Un jour, il prendrait sa place, et elle voulait déjà lui parler avec la maturité d’un adulte. Avec un fief comme le Gévaudan, il aurait été insensé d’embellir les horreurs qu’elle voyait chaque jour.
Un dernier baiser sur le front de son fils, puis elle le confia à Clothilde avant de quitter le manoir. Dehors l’attendaient Elric, Midra, Zael et Lancelin. Le Tribunal du Saint-Office n'attendaient plus qu'eux.

"Un coup monté ?! Vous n'avez donc aucun argument ?!"
Indignée, Amandine avait élevé la voix depuis l’autre bout de la pièce où se tenaient Lenore et Zael. Étonnamment, l’audience se déroulait à huis clos à la demande de l’opposition. Officiellement, il s’agissait d’éviter de trop exposer ce "différend entre voisins". Officieusement, ils auraient pourtant eu tout à gagner à décrédibiliser la vicomtesse en public.
Lenore avait réfuté une à une toutes les accusations portées contre elle et contre le Gévaudan. De l'incapacité à contenir la menace du néant sur ses terres à la création de portails du néant aux portes des frontières Sévillon pour les attaquer et ravager leurs villages, tout avait été nié en bloc. Et pour cause, au-delà d’être mensongères, ces affirmations ne tenaient pas debout. Les runes clandestines avaient été découvertes loin du fortin de Portelune, les habitants n’avaient vu aucun démon depuis près d’un an, et il semblait pour le moins curieux que madame de Sévillon sache précisément de quoi il retournait... avec de simples jumelles. Pour peu qu’elle fût investie et passionnée dans sa narration, elle avait des allures de femme à qui l’on avait tout donné sans jamais expliquer ce qu’elle récitait.
"Votre Honneur.
- Je vous présente des reproductions, et vous arrivez déjà à les identifier. Je vous l'ai dit. Je ne sais pas ce qu'elles veulent dire. En revanche, elles ont été vues chez vous, et les dégats, eux, viennent chez moi. C'est ce que diront les Riverhood aux familles des victimes ? Que je diffame ? Alors que vous attestez de la présence de ces runes ? Que vous envoyez vos minions tenter de me manipuler en pleine procédure ?!
- Madame de Sévillon, je vous prie de laisser finir la vicomtesse."
Le juge Matignon fit claquer son marteau contre le bois, ramenant le silence dans l’audience. À bien des égards, il déjouait les attentes. La clairvoyance qu’on lui prêtait aurait pu lui monter à la tête, pourtant il demeurait mesuré, attentif, presque bienveillant avec les deux parties. Pas une seule fois il ne se montra hostile, même lorsque Zael prit la parole pour tenter une nouvelle approche. Et pourtant... quelque chose clochait. Dans le creux de son ventre, Lenore sentait que rien de tout cela ne rimait à rien.


"Je vous remercie, Ser Lancelin. Nous nous reverrons demain.
- Reposez-vous bien, madame."
Une fois Lancelin parti, Lenore s'affaissa dans un long soupir sur le canapé de ses appartements où l'attendait sa chemise de nuit soigneusement déposée plus tôt par la jeune Adelaine. Le verdict tomberait dans quelques jours à peine, mais elle n'en espérait rien de bon. Elric partageait son avis : leur défense était maigre, faute de temps pour rassembler les preuves nécessaires. Une audience prise en traître... mais au moins, ils savaient désormais à qui ils avaient affaire. Amandine n’était sans doute qu’un pion de machinations plus vastes de Main d’Or. Main d’Or... Elle leur en parlerait dans les jours à venir. Elle le devait.
"Mama ! T'es rentrée !"


Si seulement elle avait pu choisir son destin, elle aurait sans doute préféré la prison à cet attentat. Blottie contre le plastron glacé de Lancelin, celui-ci la tenait fermement tandis que deux dragons noirs s'acharnaient à réduire leur aéronef en cendres.
"CRAMPONNEZ-VOUS ! VITE !"
Tout allait si vite, bien trop vite. La fumée des réacteurs endommagés brouillait leur vision, masquant les créatures qui tournoyaient autour d’eux tels des rapaces affamés. À chaque déflagration, un fracas assourdissant. Ce n’étaient pas des bêtes ordinaire, cela faisait des années que les dragons n’attaquaient plus les coerthiens, hormis quelques renégats. Mais ce cas-là... n’en était pas un. Et tout ça pour rien ? Le Gévaudan s'était tiré du procès avec de simples sanctions, un contrôle des terres par les clercs Antoine et Louis, tous deux passés par-dessus bord à la première déchirure de la coque. Ce n'était pas une coïncidence. C'était un coup monté. Une tentative d’assassinat. Et juste avant l'impact, Lenore pensa une dernière fois à son mari. À ses enfants.


Il la porta sur son dos quand le blizzard redoublait. Derrière lui, les corps d'Elric, Lancelin et Midra gisaient à même le sol, figés par le froid. Pour la première fois de sa vie, le Loup Noir avait dû faire un choix : sacrifier ses compagnons pour sauver le cœur même du Gévaudan. Et il l'avait fait.
Il marchait difficilement dans la neige, le froid lui mordant le visage à plusieurs reprises alors qu'il traversait les vallées enneigées. Lenore ne répondait plus à ses questions, sa tête ballottait mollement contre son épaule, ses bras glissant le long de son corps. À la moindre erreur, elle tomberait.
Enfin, le regard de l'héritier se posa sur une bicoque perchée sur une colline non loin, en piteux état certes mais assez solide pour les abriter quelques heures du froid. Mais c'était sans compter sur son épuisement physique et mental qui le rattrapa à quelques mètres seulement de la bâtisse. Tandis que ses genoux cédèrent sous le poids de la fatigue, il tomba dans la neige, retenant de justesse Lenore. Et dans le voile blanc du blizzard, une silhouette s'approcha lentement.
"Mmmh... Mama part ?"
La petite tête blonde de Victoria passa par l'entrebâillement de la porte avant qu'elle ne s'élance dans la pièce toujours baignée par la lueur des bougies. Elle avait sans doute observé sa mère depuis un moment déjà, suivie d'Alexandre qui tenait Léon dans ses bras sous l’œil attentif de la vieille Clothilde.
| "Ma petite princesse, Victoria, tu ne fais pas encore la sieste ? - ... Na." Les mains de Lenore quittèrent le pli de sa robe pour enlacer la taille de sa fille, un sourire espiègle accroché au coin des lèvres. L'enfant savait qu'elle défiait l'autorité de sa mère, pour autant celle-ci, loin de sévir, lui offrit une douce étreinte. C'était inhabituel, et Alexandre l'avait bien remarqué. Il pénètra à son tour dans le boudoir, blottissant son petit frère contre lui, le regard sévère. "Il y a encore un méchant ? demanda-t-il sans détour. - Le Gévaudan est en proie aux rapaces. Maman va aller défendre ses terres, et elle ne sera pas seule. - Maman va se battre ?!" Victoria redressa la tête, les yeux brillants d’admiration au point d’arracher à sa mère un discret rire intérieur. "Oui, mais par les mots, pas par la lame. On m'attend au tribunal en fin de journée, mais cela ne durera que quelques heures à peine. Je rentrerai avec Ser Lancelin. | ![]() |
Comme un feu qui se propage, l'admiration de Victoria gagna son frère dont le regard pétilla avec autant d'ardeur que celui de sa soeur. Il avait déjà aperçu Lancelin, de loin, lors de son adoubement. A chaque cérémonie de ce genre, le jeune garçon devenait la petite terreur du manoir, suppliant qu'on le laisse assister à la scène. Plus d'une fois son obstination avait attendri l'assemblée. "Un vrai Riverhood", disaient souvent certains, alors qu'il approchaint doucement de ses cinq ans.
"Je viendrais vous voir dès que j'en aurais fini, d'accord ?
- Oui, mama."
La main de Lenore glissa tendrement dans les cheveux de sa fille, désormais bien plus longs qu’avant. Rassuré, Alexandre se contenta de hocher la tête avant que Lenore ne lui prenne Léon des bras pour le cajoler une dernière fois. Les autres mères auraient été horrifiées de la voir parler sans filtre devant son fils, mais elle, en était fière. Un jour, il prendrait sa place, et elle voulait déjà lui parler avec la maturité d’un adulte. Avec un fief comme le Gévaudan, il aurait été insensé d’embellir les horreurs qu’elle voyait chaque jour.
Un dernier baiser sur le front de son fils, puis elle le confia à Clothilde avant de quitter le manoir. Dehors l’attendaient Elric, Midra, Zael et Lancelin. Le Tribunal du Saint-Office n'attendaient plus qu'eux.

"Un coup monté ?! Vous n'avez donc aucun argument ?!"
Indignée, Amandine avait élevé la voix depuis l’autre bout de la pièce où se tenaient Lenore et Zael. Étonnamment, l’audience se déroulait à huis clos à la demande de l’opposition. Officiellement, il s’agissait d’éviter de trop exposer ce "différend entre voisins". Officieusement, ils auraient pourtant eu tout à gagner à décrédibiliser la vicomtesse en public.
Lenore avait réfuté une à une toutes les accusations portées contre elle et contre le Gévaudan. De l'incapacité à contenir la menace du néant sur ses terres à la création de portails du néant aux portes des frontières Sévillon pour les attaquer et ravager leurs villages, tout avait été nié en bloc. Et pour cause, au-delà d’être mensongères, ces affirmations ne tenaient pas debout. Les runes clandestines avaient été découvertes loin du fortin de Portelune, les habitants n’avaient vu aucun démon depuis près d’un an, et il semblait pour le moins curieux que madame de Sévillon sache précisément de quoi il retournait... avec de simples jumelles. Pour peu qu’elle fût investie et passionnée dans sa narration, elle avait des allures de femme à qui l’on avait tout donné sans jamais expliquer ce qu’elle récitait.
"Votre Honneur.
- Je vous présente des reproductions, et vous arrivez déjà à les identifier. Je vous l'ai dit. Je ne sais pas ce qu'elles veulent dire. En revanche, elles ont été vues chez vous, et les dégats, eux, viennent chez moi. C'est ce que diront les Riverhood aux familles des victimes ? Que je diffame ? Alors que vous attestez de la présence de ces runes ? Que vous envoyez vos minions tenter de me manipuler en pleine procédure ?!
- Madame de Sévillon, je vous prie de laisser finir la vicomtesse."
Le juge Matignon fit claquer son marteau contre le bois, ramenant le silence dans l’audience. À bien des égards, il déjouait les attentes. La clairvoyance qu’on lui prêtait aurait pu lui monter à la tête, pourtant il demeurait mesuré, attentif, presque bienveillant avec les deux parties. Pas une seule fois il ne se montra hostile, même lorsque Zael prit la parole pour tenter une nouvelle approche. Et pourtant... quelque chose clochait. Dans le creux de son ventre, Lenore sentait que rien de tout cela ne rimait à rien.


"Je vous remercie, Ser Lancelin. Nous nous reverrons demain.
- Reposez-vous bien, madame."
Une fois Lancelin parti, Lenore s'affaissa dans un long soupir sur le canapé de ses appartements où l'attendait sa chemise de nuit soigneusement déposée plus tôt par la jeune Adelaine. Le verdict tomberait dans quelques jours à peine, mais elle n'en espérait rien de bon. Elric partageait son avis : leur défense était maigre, faute de temps pour rassembler les preuves nécessaires. Une audience prise en traître... mais au moins, ils savaient désormais à qui ils avaient affaire. Amandine n’était sans doute qu’un pion de machinations plus vastes de Main d’Or. Main d’Or... Elle leur en parlerait dans les jours à venir. Elle le devait.
"Mama ! T'es rentrée !"

![]() | Les jours passèrent, et pas un ne s’écoula sans que le verdict ne lui revienne en tête, assise derrière son bureau du manoir, le regard tourné vers la fenêtre donnant sur les ruelles pavées des Contreforts. Spéculer maintenant ne servirait à rien, ce pourquoi elle avait demandé au reste de la délégation d'attendre sagement le jour du verdict qui vint finalement bien assez tôt. Au petit matin d’une journée claire, après avoir embrassé ses enfants, Lenore quitta la demeure Riverhood, la fourrure sur les épaules. Elle n’avait pas encore franchi le grand portail qu’un appel linkperle la stoppa net. "Mes hommages, madame la vicomtesse. C'est Royenhardt, je ne vous dérange pas j'espère ?" La voix du chevalier blanc la rassura plus qu’elle ne voulut l'admettre. Depuis le malencontreux épisode du bouquet d’aconit tue-loup, l’homme semblait avoir retrouvé un peu de sa vivacité, juste assez pour qu’elle ne songe pas à le réprimander. Pour autant, sa joie fut de courte durée lorsqu'il lui annonça de funestes augures. "Avez-vous entendu parler des prédictions des astromanciennes de la Tour, madame ? - ... Non ? Devrais-je ? - Je crains que Main d'Or soit derrière votre procès, de près ou de loin, et qu'il tire les ficelles pour vous mettre hors-jeu. Pire encore, je pense que... la décision de justice est déjà scellée, et je crains qu'elle ne soit pas en votre faveur." Le ton grave du chevalier ne laissait aucune place au doute. Si Lenore venait d'avoir la confirmation à ses soupçons, elle n'était pas prête à entendre la suite. "Dans la prédiction, il est dit que la mère de Gévaudan, impuissante, serait contrainte de voir ses enfants affronter l'Or. Je pense que la prédiction implique que vous allez forcément perdre au procès, et être incarcérée. Main d'Or veut vous éloigner de Gévaudan." La simple possibilité de se retrouver derrière les barreaux fit tiquer Lenore qui se figea. Le pire qu'elle avait imaginé jusqu'ici était une humiliation publique et la perte d'un bout de ses terres, pas un séjour en prison. Pas l'exil. Ce procès n'était définitivement pas qu'un simple "litige entre voisins", c'était une manœuvre, un piège. On cherchait à les affaiblir, mais la raison derrière tout ça restait encore floue. Royenhardt ne parvint pas à la satisfaire à ce sujet du moins. Après un rapide échange, ils conclurent par cet accord tacite. Si la dame ne répondrait pas à l'appel après le procès, il saurait où elle se serait. |

Si seulement elle avait pu choisir son destin, elle aurait sans doute préféré la prison à cet attentat. Blottie contre le plastron glacé de Lancelin, celui-ci la tenait fermement tandis que deux dragons noirs s'acharnaient à réduire leur aéronef en cendres.
"CRAMPONNEZ-VOUS ! VITE !"
Tout allait si vite, bien trop vite. La fumée des réacteurs endommagés brouillait leur vision, masquant les créatures qui tournoyaient autour d’eux tels des rapaces affamés. À chaque déflagration, un fracas assourdissant. Ce n’étaient pas des bêtes ordinaire, cela faisait des années que les dragons n’attaquaient plus les coerthiens, hormis quelques renégats. Mais ce cas-là... n’en était pas un. Et tout ça pour rien ? Le Gévaudan s'était tiré du procès avec de simples sanctions, un contrôle des terres par les clercs Antoine et Louis, tous deux passés par-dessus bord à la première déchirure de la coque. Ce n'était pas une coïncidence. C'était un coup monté. Une tentative d’assassinat. Et juste avant l'impact, Lenore pensa une dernière fois à son mari. À ses enfants.

| La chute fut rude, mortelle même pour certains. Antoine et Louis n'y survécurent pas, leurs corps gisant dans des positions à glacer le sang. La tête encore sonnée, Lenore grelottait dans les bras de Lancelin qui la soutenait comme il pouvait, tandis que Midra s’affairait auprès d'Elric, incapable de bouger, un éclat de métal planté dans le flanc gauche. Zael, lui, scrutait les environs à la recherche d’un abri où mettre la vicomtesse à l'abri du froid. "Trouvez-vous quelque chose, messire ? - Rien... Rien du tout. On est paumés au beau milieu du Coerthas." Les paysages se ressemblaient tous, et le vent gagnait en violence. Plus ils attendaient, et plus ils risquaient d'y laisser leur peau. Zael porta un regard par-dessus son épaule avant de trancher : "Il va falloir partir et prier pour trouver un abri en chemin." | ![]() |

Il la porta sur son dos quand le blizzard redoublait. Derrière lui, les corps d'Elric, Lancelin et Midra gisaient à même le sol, figés par le froid. Pour la première fois de sa vie, le Loup Noir avait dû faire un choix : sacrifier ses compagnons pour sauver le cœur même du Gévaudan. Et il l'avait fait.
Il marchait difficilement dans la neige, le froid lui mordant le visage à plusieurs reprises alors qu'il traversait les vallées enneigées. Lenore ne répondait plus à ses questions, sa tête ballottait mollement contre son épaule, ses bras glissant le long de son corps. À la moindre erreur, elle tomberait.
Enfin, le regard de l'héritier se posa sur une bicoque perchée sur une colline non loin, en piteux état certes mais assez solide pour les abriter quelques heures du froid. Mais c'était sans compter sur son épuisement physique et mental qui le rattrapa à quelques mètres seulement de la bâtisse. Tandis que ses genoux cédèrent sous le poids de la fatigue, il tomba dans la neige, retenant de justesse Lenore. Et dans le voile blanc du blizzard, une silhouette s'approcha lentement.
Manius Caelius.

Quelques jours plus tôt à Dracombre, l'ambiance était tout aussi agitée qu'au Val des Songes mais pour d'autres raisons. Toute cette émulsion de tension provenait de la bataille à venir entre Riverhood, Éridanie d’Astrid et les Sombronce, qui devait éclater dans les jours suivants. Partout, les habitants se calfeutraient derrière leurs portes, interdisant aux enfants de sortir et verrouillant sous double tour toutes les issues. Ce matin-là, après les récents évènements qui rythmaient le Gévaudan, l'air semblait plus pernicieux que d'ordinaire, une tension sourde, écrasante, pesait sur les cœurs.
Le vent du Coerthas soufflait avec cette âpreté qui mord la peau quand la vicomtesse de Riverhood s'avançait, cuirasse au torse qu'elle ne portait qu'en de rares et graves occasions, le regard fixé sur le baron Valentin de Sombronce. Autour d'elle, les chevaliers blancs s'étaient rassemblés en formation : Mordred, Lancelin, Royenhardt, et Adonis. Ils formaient une garde d'honneur plus qu'une escorte, au vu de toutes les tentatives d'assassinat essuyées, il était hors de question qu'elle se rende seule à ces pourparlers.
"Lenore Marjorie Angélique de Riverhood. Au nom de la famille Sombronce, je vous présente mes salutations.
- Valentin de Sombronce, neveu de feu ma mère Mérédith de Riverhood. Au plaisir de faire enfin votre connaissance."
Les premiers échanges furent polis, comme elle l'avait prévu d'un homme partageant son sang. Pourtant, le ton changea bien vite, dès lors que le nouveau baron exprima ce qui le hantait, d'une voix et d'une prestance qui lui rappelaient celles de sa mère.
"Je m'attendais à ce que vous tentiez de briser le siège. Je suis surpris.
- Si vous l'êtes, alors je suis navrée de vous dire que vous n'avez pas bien fait vos devoirs. Les Riverhood privilégient toujours la voix aux armes contre les hommes, jamais contre les démons. Et à moins du contraire, vous êtes bel et bien un homme.
- Et pourtant, vous avez agis immédiatement en levant votre armée pour venir vous opposer à mon entrée sur vos terres.
- Il serait insensé de ne pas lever d'ost alors qu'une autre foule mes terres. C'est du bon sens. Surtout quand je ne parviens à comprendre ce que vous cherchez à y gagner à Sylvefer."
L'élezen lui parla du fameux casus belli légitime qu'il avait obtenu grâce à Amandine de Sévillon, sans savoir que cette législation n'était qu'une mascarade tissée par la corruption. Elle le voyait dans son regard, il y croyait dur comme fer, même quand elle le traitait de pion dans un jeu plus grand encore. Ce ne fut qu'à l'insulte portée sur Amandine qu'il fléchit une première fois.
"Parlez-vous de la même Amandine de Sévillon qui s'est élancée dans cette assaut commun avec moi ? Au vu des nombreuses insultes subies ces dernières décenies, je pense qu'elle est en droit de réclamer justice. Et en cela, je vais rendre mes demandes simples également, au nom de cette même justice.
- Je parle en effet de cette même Amandine qui a usé de ses pouvoirs occultes pour invoquer des démons sur mes terres dans l'unique but de me porter préjudice et avoir de quoi me poursuivre en justice et avoir ce casus belli."
Lenore sentit les regards de ses chevaliers blancs se tourner vers elle. Elle ne faisait que présumer, un bluff comme aimait l'appeler son mari. Elle n'avait aucune certitude qu'Amandine fût réellement une sorcière, ni qu'elle eût été derrière la création de ces runes. Pour autant, c'était plus fort qu'elle, son intuition l'avait toujours guidée mieux que les preuves. Et s'il y avait bien une chose que tous reconnaissaient chez Lenore, c'était qu'elle ne mentait jamais et que son instinct la menait invariablement vers le droit chemin. Une audace qui surprenait toujours ceux qui ne la connaissaient pas encore.
"Vous portez de graves accusations à l'encontre d'une baronne qui n'a eu de cesse de faire face à vos brimades. Une femme qui s'est évertuée à faire face aux insultes portées par le nom Riverhood. En plus d'insultes, l'incompétence à mener à la fragilité de vos frontières, à des incursions inattendues et répétées de créatures. Ces dernières années, les Riverhood ont manqué d'attention.
- Ces dernières années, les Riverhood n'ont eu de cesse d'être la cible de complots et d'intrigues vicieuses, vous voulez dire. Je me rappelle qu'autrefois, nos bannières combattaient ensemble les attaques de dragons, mais il a fallu que mes parents se fassent assassiner pour que le pouvoir vacille brutalement. S'il y a eu insultes, messire, jamais elles n'auraient pu venir de nous.
- Votre père n'a eu de cesse d'insulter la maison Sévillon. Mais les intérêts des Sévillons ne me concernent que moyennement. Amandine de Sévillon est une alliée de circonstance. Ma raison ici se trouve face à moi. Votre père a manqué d'attention, de prudence, et laissez le sang de ma famille couler, et son manquement retombe sur vos épaules, qui avez tout autant manqué de vigilance. Si vous n'étiez pas occupée à mener vos affaires loin de vos terres. Cela, les échappatoires répétées de démons ces derniers temps... qu'est-ce si ce n'est un manque d'attention et de prudence de votre part ? Et entre nous... Amandine de Sévillon est trop bête pour mener un plan d'invocation de créatures à rediriger sur mes terres.
- Je ne suis pas la seule à l'insulter ce soir, semblerait-il. Mais peut-être cela explique pourquoi elle n'est qu'une alliée de circonstance à vos yeux. Cela dit, s'il y a une insulte que je ne lui donnerai pas... c'est bien celle d'être une idiote. Amandine a des coups d'avance sur nous. Son coup est prémédité. Vous n'êtes, en réalité, qu'un pion dans son jeu d'échecs. Elle veut que l'on se monte la tête pour poursuivre ses larcins dans son coin, sans avoir les Riverhood à ses trousses."
Il eut du mal à la croire. Sceptique, le baron se pensait en droit. Et voilà que la femme qu'il haïssait de tout son être pour un crime qu'elle n’avait jamais commis se trouvait à son tour à porter de graves accusations. Mais Lenore de Riverhood ne mentait jamais. Et cela, le baron le savait.
À mesure que la joute verbale se poursuivait, le bras de fer commençait à tourner à l'avantage du Loup Blanc. Il l'écouta parler de Main d’Or, de ses machinations et de ses motivations. Elle lui expliqua les méthodes des démons, leurs manipulations patientes, leurs illusions. Il admit, non sans gêne, qu'il n'y connaissait rien. Comment le lui reprocher ? Ce n'était pas son combat, jamais il n'avait eu à marcher sur cette voie.
Pourtant, au même moment, une agitation se faisait sentir au sein de sa garde. Les chevaliers se dévisageaient, l'attention soudain tendue. Royenhardt s'approcha de la vicomtesse et lui souffla à voix basse :
"Il semble y avoir de l'agitation dans notre campement. Ça ne semble pas être un mouvement militaire, toutefois."
Lenore demeura droite, le regard fixé sur le baron. Elle ne pouvait se permettre la moindre faiblesse devant un autre chef de guerre.
"Envoyez un chevalier blanc vérifier," murmura-t-elle.
Royenhardt s'exécuta sans un mot, désignant Mordred du geste. Le colosse de fer inclina brièvement la tête et quitta les lieux, sans un bruit, pour regagner le campement, sous le regard interrogateur du baron de Sombronce et son chevalier.
"Qu'est-ce ?
- Nous avons repéré de l'agitation dans notre camp. Je veux m'assurer que tout aille bien. Tant que je resterai là, vous ne craigniez rien."
L'échange dura quelques longues minutes encore entre piques et accusations feutrées. Ils étaient ennemis, mais Lenore ne souhaitait pas se battre avec une personne manipulée qui avait pour unique but de renverser le Gévaudan sur de fausses accusations. Il valait mieux que cela, au contraire Valentin lui rappelait ce qu'elle était : un seigneur ferme, sceptique, inquisiteur et droit dans ses bottes. Ils avaient beaucoup de choses en commun, elle pestait presque contre les Douze qui les avaient mis sur ce chemin.
Puis, Valentin de Sombronce finit enfin par l'écouter.
"... Si manipulé j'ai été, par qui. Comment.
- Main d'Or, cet homme que vous qualifiez de saltimbanque. Il s'agit d'un démon de haut rang qui souhaite semer le trouble et renversé le pouvoir de Gévaudan pour y mener son règne prochain. Gévaudan est une terre maudite, messire. Il suffit que l'on trouble ceux en charge de contenir la menace et celle-ci vacille.
- Vous dites qu'Amandine serait liée à lui. Qu'est-ce qui appuie vos propos ?
- Vous avez parlé avec les deux. Vous avez du voir qu'Amandine partageait ce même regard jaunâtre, un jaune éthéré spectral, signe de sa corruption. Ou devrais-je dire, son asservissement."
C'était le coup de grâce, tous pouvaient apercevoir la mâchoire du baron s'aiguiser à mesure qu'il grinça des dents. Puis, il inspira une grande bouffée d'air.
"... Je peine à effacer le passé et les fautes dont je vous affuble. Pour autant, je puis reconnaître que vos épreuves passées sont à l'image des miennes. Et j'entends vos propos... Vos faits. Je me retirerai de Gévaudan et libérerai vos hommes et Sylvefer."
Ils auraient pu soupirer d'un soulagement, se dire que c'était fini. Le Baron de Sombronce venait se capituler et d'assurer par ses mots une retraite de ses troupes. Oui, ils auraient dû célébrer ce moment, d'autant plus que Lenore prit les devants pour former une alliance contre Main d'Or avec son cousin. Cela aurait dû être une chose à fêter.
Le vent du Coerthas soufflait avec cette âpreté qui mord la peau quand la vicomtesse de Riverhood s'avançait, cuirasse au torse qu'elle ne portait qu'en de rares et graves occasions, le regard fixé sur le baron Valentin de Sombronce. Autour d'elle, les chevaliers blancs s'étaient rassemblés en formation : Mordred, Lancelin, Royenhardt, et Adonis. Ils formaient une garde d'honneur plus qu'une escorte, au vu de toutes les tentatives d'assassinat essuyées, il était hors de question qu'elle se rende seule à ces pourparlers.
"Lenore Marjorie Angélique de Riverhood. Au nom de la famille Sombronce, je vous présente mes salutations.
- Valentin de Sombronce, neveu de feu ma mère Mérédith de Riverhood. Au plaisir de faire enfin votre connaissance."
Les premiers échanges furent polis, comme elle l'avait prévu d'un homme partageant son sang. Pourtant, le ton changea bien vite, dès lors que le nouveau baron exprima ce qui le hantait, d'une voix et d'une prestance qui lui rappelaient celles de sa mère.
"Je m'attendais à ce que vous tentiez de briser le siège. Je suis surpris.
- Si vous l'êtes, alors je suis navrée de vous dire que vous n'avez pas bien fait vos devoirs. Les Riverhood privilégient toujours la voix aux armes contre les hommes, jamais contre les démons. Et à moins du contraire, vous êtes bel et bien un homme.
- Et pourtant, vous avez agis immédiatement en levant votre armée pour venir vous opposer à mon entrée sur vos terres.
- Il serait insensé de ne pas lever d'ost alors qu'une autre foule mes terres. C'est du bon sens. Surtout quand je ne parviens à comprendre ce que vous cherchez à y gagner à Sylvefer."
L'élezen lui parla du fameux casus belli légitime qu'il avait obtenu grâce à Amandine de Sévillon, sans savoir que cette législation n'était qu'une mascarade tissée par la corruption. Elle le voyait dans son regard, il y croyait dur comme fer, même quand elle le traitait de pion dans un jeu plus grand encore. Ce ne fut qu'à l'insulte portée sur Amandine qu'il fléchit une première fois.
"Parlez-vous de la même Amandine de Sévillon qui s'est élancée dans cette assaut commun avec moi ? Au vu des nombreuses insultes subies ces dernières décenies, je pense qu'elle est en droit de réclamer justice. Et en cela, je vais rendre mes demandes simples également, au nom de cette même justice.
- Je parle en effet de cette même Amandine qui a usé de ses pouvoirs occultes pour invoquer des démons sur mes terres dans l'unique but de me porter préjudice et avoir de quoi me poursuivre en justice et avoir ce casus belli."
Lenore sentit les regards de ses chevaliers blancs se tourner vers elle. Elle ne faisait que présumer, un bluff comme aimait l'appeler son mari. Elle n'avait aucune certitude qu'Amandine fût réellement une sorcière, ni qu'elle eût été derrière la création de ces runes. Pour autant, c'était plus fort qu'elle, son intuition l'avait toujours guidée mieux que les preuves. Et s'il y avait bien une chose que tous reconnaissaient chez Lenore, c'était qu'elle ne mentait jamais et que son instinct la menait invariablement vers le droit chemin. Une audace qui surprenait toujours ceux qui ne la connaissaient pas encore.
"Vous portez de graves accusations à l'encontre d'une baronne qui n'a eu de cesse de faire face à vos brimades. Une femme qui s'est évertuée à faire face aux insultes portées par le nom Riverhood. En plus d'insultes, l'incompétence à mener à la fragilité de vos frontières, à des incursions inattendues et répétées de créatures. Ces dernières années, les Riverhood ont manqué d'attention.
- Ces dernières années, les Riverhood n'ont eu de cesse d'être la cible de complots et d'intrigues vicieuses, vous voulez dire. Je me rappelle qu'autrefois, nos bannières combattaient ensemble les attaques de dragons, mais il a fallu que mes parents se fassent assassiner pour que le pouvoir vacille brutalement. S'il y a eu insultes, messire, jamais elles n'auraient pu venir de nous.
- Votre père n'a eu de cesse d'insulter la maison Sévillon. Mais les intérêts des Sévillons ne me concernent que moyennement. Amandine de Sévillon est une alliée de circonstance. Ma raison ici se trouve face à moi. Votre père a manqué d'attention, de prudence, et laissez le sang de ma famille couler, et son manquement retombe sur vos épaules, qui avez tout autant manqué de vigilance. Si vous n'étiez pas occupée à mener vos affaires loin de vos terres. Cela, les échappatoires répétées de démons ces derniers temps... qu'est-ce si ce n'est un manque d'attention et de prudence de votre part ? Et entre nous... Amandine de Sévillon est trop bête pour mener un plan d'invocation de créatures à rediriger sur mes terres.
- Je ne suis pas la seule à l'insulter ce soir, semblerait-il. Mais peut-être cela explique pourquoi elle n'est qu'une alliée de circonstance à vos yeux. Cela dit, s'il y a une insulte que je ne lui donnerai pas... c'est bien celle d'être une idiote. Amandine a des coups d'avance sur nous. Son coup est prémédité. Vous n'êtes, en réalité, qu'un pion dans son jeu d'échecs. Elle veut que l'on se monte la tête pour poursuivre ses larcins dans son coin, sans avoir les Riverhood à ses trousses."
Il eut du mal à la croire. Sceptique, le baron se pensait en droit. Et voilà que la femme qu'il haïssait de tout son être pour un crime qu'elle n’avait jamais commis se trouvait à son tour à porter de graves accusations. Mais Lenore de Riverhood ne mentait jamais. Et cela, le baron le savait.
À mesure que la joute verbale se poursuivait, le bras de fer commençait à tourner à l'avantage du Loup Blanc. Il l'écouta parler de Main d’Or, de ses machinations et de ses motivations. Elle lui expliqua les méthodes des démons, leurs manipulations patientes, leurs illusions. Il admit, non sans gêne, qu'il n'y connaissait rien. Comment le lui reprocher ? Ce n'était pas son combat, jamais il n'avait eu à marcher sur cette voie.
Pourtant, au même moment, une agitation se faisait sentir au sein de sa garde. Les chevaliers se dévisageaient, l'attention soudain tendue. Royenhardt s'approcha de la vicomtesse et lui souffla à voix basse :
"Il semble y avoir de l'agitation dans notre campement. Ça ne semble pas être un mouvement militaire, toutefois."
Lenore demeura droite, le regard fixé sur le baron. Elle ne pouvait se permettre la moindre faiblesse devant un autre chef de guerre.
"Envoyez un chevalier blanc vérifier," murmura-t-elle.
Royenhardt s'exécuta sans un mot, désignant Mordred du geste. Le colosse de fer inclina brièvement la tête et quitta les lieux, sans un bruit, pour regagner le campement, sous le regard interrogateur du baron de Sombronce et son chevalier.
"Qu'est-ce ?
- Nous avons repéré de l'agitation dans notre camp. Je veux m'assurer que tout aille bien. Tant que je resterai là, vous ne craigniez rien."
L'échange dura quelques longues minutes encore entre piques et accusations feutrées. Ils étaient ennemis, mais Lenore ne souhaitait pas se battre avec une personne manipulée qui avait pour unique but de renverser le Gévaudan sur de fausses accusations. Il valait mieux que cela, au contraire Valentin lui rappelait ce qu'elle était : un seigneur ferme, sceptique, inquisiteur et droit dans ses bottes. Ils avaient beaucoup de choses en commun, elle pestait presque contre les Douze qui les avaient mis sur ce chemin.
Puis, Valentin de Sombronce finit enfin par l'écouter.
"... Si manipulé j'ai été, par qui. Comment.
- Main d'Or, cet homme que vous qualifiez de saltimbanque. Il s'agit d'un démon de haut rang qui souhaite semer le trouble et renversé le pouvoir de Gévaudan pour y mener son règne prochain. Gévaudan est une terre maudite, messire. Il suffit que l'on trouble ceux en charge de contenir la menace et celle-ci vacille.
- Vous dites qu'Amandine serait liée à lui. Qu'est-ce qui appuie vos propos ?
- Vous avez parlé avec les deux. Vous avez du voir qu'Amandine partageait ce même regard jaunâtre, un jaune éthéré spectral, signe de sa corruption. Ou devrais-je dire, son asservissement."
C'était le coup de grâce, tous pouvaient apercevoir la mâchoire du baron s'aiguiser à mesure qu'il grinça des dents. Puis, il inspira une grande bouffée d'air.
"... Je peine à effacer le passé et les fautes dont je vous affuble. Pour autant, je puis reconnaître que vos épreuves passées sont à l'image des miennes. Et j'entends vos propos... Vos faits. Je me retirerai de Gévaudan et libérerai vos hommes et Sylvefer."
Ils auraient pu soupirer d'un soulagement, se dire que c'était fini. Le Baron de Sombronce venait se capituler et d'assurer par ses mots une retraite de ses troupes. Oui, ils auraient dû célébrer ce moment, d'autant plus que Lenore prit les devants pour former une alliance contre Main d'Or avec son cousin. Cela aurait dû être une chose à fêter.
... Si l'Oeil du Loup n'était pas tombé entre les mains de l'ennemi.





