[Apocalypse II] La Vérité Noire
Le Chat
Il y a 10 mois et 2 jours
Par Dorian:
Trente vies à protéger, et à rapatrier au camp. C'est tout ce que l'on attendait du groupe mené par Caroline Marshall, parti désamorcer une prise d'otages au Senaculum Imperialis. L'imposant bâtiment était peut-être le seul édifice à ne pas être tombé en ruines dans la Regio Urbanissima, trônant fièrement au milieu d'amas de poussière et de décombres, une position idéale et facile à tenir. La tanière parfaite pour ces lâches réduits à tenir en joue leurs propres civils dans un baroud d'honneur digne de leur folie endoctrinée.
Telles étaient les pensées de celui qui menait une guerre face à la mort elle-même, qui, voyant en ces ravisseurs ses apôtres, avait été incapable de choisir une autre mission que celle-ci.
Mais un baroud d'honneur signifie bien que l'issue est déjà déterminée. Il n'y avait plus de place, ici, pour ces parasites meurtriers, et ils l'avaient eux-mêmes compris. C'est avec leur défaite dans l'esprit qu'ils avaient préparé le terrain, chargeant leur propre sénat d'explosifs pour écraser les sauvages sauveurs sous une pluie de gravats.
Hors de question. Résonnant depuis le fond de son âme, le refus d'abandonner de Dorian le fit une fois de plus dresser son bouclier. La détonation avait à peine eue lieu que le squelette du métis répondait déjà en conséquence, lui-même spectateur de ses propres gestes tant ils étaient instinctifs. De nouveau, cette poussée d'énergie jaillissait en lui avant de s'allonger dans un rayon lumineux en direction du plafond, puis, comme une fontaine, de se séparer tout autour du chevalier pour former un nouveau toit au-dessus du groupe et des otages. Si le sol se fissurait de toutes parts sous leurs pieds, le plafond lui, se figea dans l'air au-dessus d'eux, tous ses morceaux heurtant dans une multitude de bruits sourds la paroi lumineuse.
"... SAUTEZ ! NE VOUS ARRÊTEZ PAS !"
Il savait que cela ne durerait pas. À sa surprise, il fut écouté. Civils comme aventuriers se ruèrent tous aux fenêtres pour les transpercer de leurs corps, passant par la même occasion au-delà de la bulle protectrice formée par l'utopiste. Sa bénédiction, toutefois, resta avec eux. Caressés par sa grâce à leur sortie, la lumière recouvrait alors leurs corps, et peu importe la hauteur de leur chute ou la beauté de leur réception, aucun ne fut blessé. Caroline, postée à l'extérieur pour surveiller le sauvetage depuis la lunette de son fusil, gardait sa mire sur le chevalier qui devait absolument maintenir cette protection jusqu'à-ce que tout le monde soit évacué. Ultime bouclier dressé face à leur fin, le poids des éboulis paraissait bien moindre en comparaison avec celui de leurs vies. Alors, tant pis.
Une fois que la dernière âme quitta le bâtiment, les bras de Dorian retombèrent. Le sergent Marshall n'eut le temps que de discerner un éclat de lumière au travers de la fenêtre brisée avant que le chevalier ne soit violemment enseveli, le sénat s'écroulant alors sur lui-même en avalant l'ishgardais avec lui.
Le temps s'arrêta alors que les corps cessaient de scintiller, perdant leur invincibilité. Le silence rendait hommage au sacrifié, dont le geste était sans équivoque. Garlemaldais ou éorzéens, un tel acte ne pouvait être perçu autrement qu'héroïque. Mais la mission n'était pas terminée.
"Rassemblez les civils et protégez-les ! Nous retournons à Bris-de-Glace !"
S'égosilla le sergent, avant de quitter sa position pour rejoindre le groupe. Le chemin était encore long avant qu'ils ne puissent s'estimer en sécurité, et alors qu'ils se tournaient vers leur destination, un bruit infernal provint de leurs dos. Un cri strident et abominable, vrillant leurs tympans, tandis que depuis le sommet de la tour de Babil, un faisceau écarlate cherchait à pourfendre la lune. Sans même avoir besoin d'ordre, la formation se mit naturellement à avancer à un rythme soutenu, cherchant à s'écarter au plus vite de la zone urbaine. Pourtant, peu importe la direction, l'horizon commençait à se noircir de monde. Des hordes de subjugués affluaient vers eux, déchaînées. Bien que la grande majorité leur passa à côté pour continuer en direction de la tour, le choc était par moments inévitable. Trop peu nombreux pour contenir de telles vagues d'ennemis, le groupe de sauvetage voyait le nombre de précieuses vies chuter à chaque nouvel affrontement, jusqu'à-ce qu'enfin des renforts viennent à leur rencontre.
Arrivé à Bris-de-Glace, le bilan était âpre. Seulement la moitié avait survécu, le reste n'était plus qu'un souvenir allongé dans la neige, au milieu d'ennemis qui encore la veille comptaient parmi leurs frères et sœurs.
J'ouvre les yeux, sur mon lit de poussière et de sang. Respirer me fait souffrir, et mon bras droit ne répond plus. Je peine à voir autour de moi, il n'y a que ces fissures dans lesquelles s'infiltre une lumière blanche. Combien de temps ai-je dormi.. ? Est-ce que Lenore va bien ? Je dégage ce qui m'écrase, mais seule ma sénestre me répond. Où...[/font][/size][/color]
Trente vies à protéger, et à rapatrier au camp. C'est tout ce que l'on attendait du groupe mené par Caroline Marshall, parti désamorcer une prise d'otages au Senaculum Imperialis. L'imposant bâtiment était peut-être le seul édifice à ne pas être tombé en ruines dans la Regio Urbanissima, trônant fièrement au milieu d'amas de poussière et de décombres, une position idéale et facile à tenir. La tanière parfaite pour ces lâches réduits à tenir en joue leurs propres civils dans un baroud d'honneur digne de leur folie endoctrinée.
Telles étaient les pensées de celui qui menait une guerre face à la mort elle-même, qui, voyant en ces ravisseurs ses apôtres, avait été incapable de choisir une autre mission que celle-ci.
Mais un baroud d'honneur signifie bien que l'issue est déjà déterminée. Il n'y avait plus de place, ici, pour ces parasites meurtriers, et ils l'avaient eux-mêmes compris. C'est avec leur défaite dans l'esprit qu'ils avaient préparé le terrain, chargeant leur propre sénat d'explosifs pour écraser les sauvages sauveurs sous une pluie de gravats.
Hors de question. Résonnant depuis le fond de son âme, le refus d'abandonner de Dorian le fit une fois de plus dresser son bouclier. La détonation avait à peine eue lieu que le squelette du métis répondait déjà en conséquence, lui-même spectateur de ses propres gestes tant ils étaient instinctifs. De nouveau, cette poussée d'énergie jaillissait en lui avant de s'allonger dans un rayon lumineux en direction du plafond, puis, comme une fontaine, de se séparer tout autour du chevalier pour former un nouveau toit au-dessus du groupe et des otages. Si le sol se fissurait de toutes parts sous leurs pieds, le plafond lui, se figea dans l'air au-dessus d'eux, tous ses morceaux heurtant dans une multitude de bruits sourds la paroi lumineuse.
"... SAUTEZ ! NE VOUS ARRÊTEZ PAS !"
Il savait que cela ne durerait pas. À sa surprise, il fut écouté. Civils comme aventuriers se ruèrent tous aux fenêtres pour les transpercer de leurs corps, passant par la même occasion au-delà de la bulle protectrice formée par l'utopiste. Sa bénédiction, toutefois, resta avec eux. Caressés par sa grâce à leur sortie, la lumière recouvrait alors leurs corps, et peu importe la hauteur de leur chute ou la beauté de leur réception, aucun ne fut blessé. Caroline, postée à l'extérieur pour surveiller le sauvetage depuis la lunette de son fusil, gardait sa mire sur le chevalier qui devait absolument maintenir cette protection jusqu'à-ce que tout le monde soit évacué. Ultime bouclier dressé face à leur fin, le poids des éboulis paraissait bien moindre en comparaison avec celui de leurs vies. Alors, tant pis.
Une fois que la dernière âme quitta le bâtiment, les bras de Dorian retombèrent. Le sergent Marshall n'eut le temps que de discerner un éclat de lumière au travers de la fenêtre brisée avant que le chevalier ne soit violemment enseveli, le sénat s'écroulant alors sur lui-même en avalant l'ishgardais avec lui.
Le temps s'arrêta alors que les corps cessaient de scintiller, perdant leur invincibilité. Le silence rendait hommage au sacrifié, dont le geste était sans équivoque. Garlemaldais ou éorzéens, un tel acte ne pouvait être perçu autrement qu'héroïque. Mais la mission n'était pas terminée.
"Rassemblez les civils et protégez-les ! Nous retournons à Bris-de-Glace !"
S'égosilla le sergent, avant de quitter sa position pour rejoindre le groupe. Le chemin était encore long avant qu'ils ne puissent s'estimer en sécurité, et alors qu'ils se tournaient vers leur destination, un bruit infernal provint de leurs dos. Un cri strident et abominable, vrillant leurs tympans, tandis que depuis le sommet de la tour de Babil, un faisceau écarlate cherchait à pourfendre la lune. Sans même avoir besoin d'ordre, la formation se mit naturellement à avancer à un rythme soutenu, cherchant à s'écarter au plus vite de la zone urbaine. Pourtant, peu importe la direction, l'horizon commençait à se noircir de monde. Des hordes de subjugués affluaient vers eux, déchaînées. Bien que la grande majorité leur passa à côté pour continuer en direction de la tour, le choc était par moments inévitable. Trop peu nombreux pour contenir de telles vagues d'ennemis, le groupe de sauvetage voyait le nombre de précieuses vies chuter à chaque nouvel affrontement, jusqu'à-ce qu'enfin des renforts viennent à leur rencontre.
Arrivé à Bris-de-Glace, le bilan était âpre. Seulement la moitié avait survécu, le reste n'était plus qu'un souvenir allongé dans la neige, au milieu d'ennemis qui encore la veille comptaient parmi leurs frères et sœurs.
J'ouvre les yeux, sur mon lit de poussière et de sang. Respirer me fait souffrir, et mon bras droit ne répond plus. Je peine à voir autour de moi, il n'y a que ces fissures dans lesquelles s'infiltre une lumière blanche. Combien de temps ai-je dormi.. ? Est-ce que Lenore va bien ? Je dégage ce qui m'écrase, mais seule ma sénestre me répond. Où...[/font][/size][/color]
Où est passée ma main droite.. ?
Le Chat
Il y a 10 mois et 2 jours
Par Aiko:
Le premier bruit fut celui des grappins, sonnant le début des hostilités tandis qu'il était question de conduire un géant hors normes en dehors d'un tunnel jadis emprunté par des trains, qui ne le serait plus avant des années. Déloger ainsi cette créature issue de la guerre qui n'avait rien à faire ici. Le groupe était confiant.
Le deuxième bruit, fut celui des lames inutiles percutant les cristaux composants le corps de ce géant. Explosif, lame, marteau, rien ne semblait pouvoir venir à bord de ce colosse qui inévitablement mais avec lenteur, suivant une Raenne se baladant de filins en filins dans les tunnels, le narguant d'une lumière fluorescente pour attirer son regard.
Le troisième bruit fut le dos de cette même Raenne qui se brisa quand un doigt de cristal, érigé en javelot lui percuta le dos, fracturant déjà l'armure sur tout le dorsale. Elle s'écroula presque à terre en roulant plusieurs fois, pour être tirée ensuite par ses filins, être soignée ainsi dans les airs et poursuivre sa course, le souffle encore interdit d'un dos qui venait de rompre et de revivre dans la seconde.
Le quatrième bruit fut l'onde de choc d'un pilier qui une nouvelle fois est venue rompre le dos de cette même Raenne, encore elle, propulsée dans les airs, toujours tenue au plafond telle une poupée sans vie. L'armure était bien brisé cette fois sur toute la partie du dos. Soignée encore une fois à des hauteurs vertigineuse, elle ne savait plus si respirer était une bonne ou une mauvaise idée. Ne venait-elle pas de presque mourir deux fois déjà.
Le dernier souffle de cette mission fut celui offert à la neige. Le géant vaincu plongé dans les douves d'une Garlemald en ruine, elle n'arrivait plus cependant à bien bouger, pas assez avec son état pour esquiver les hordes de créatures qui venait soudainement d'apparaitre. Des créatures infernales, qui étaient-elles ? Un mouvement trop lent, un mouvement trop tard. Elle était fauchée pour être envoyée dans la neige à quelques lieux de là.
Qu'il est décourageant ne pas être le héros de la lumière, et d'être privée de cette force qui dans ses moments là permettrait de se relever à la lueurs d'un souvenir, d'une force. Pour les plus humbles mortel, plus le sang nous quitte, plus nos forces s'étiolent.
Rien de plus normal,
pour un bataillon d'exploration.
pour un bataillon d'exploration.
Le Chat
Il y a 10 mois et 2 jours
Par Mhako:
Le bourdonnement dans ses oreilles ne semblait vouloir cesser tandis que chacun de ses pas se faisait d’une lourdeur sans pareil. Alors que les ombres dansaient autour d’elle au rythme des flammes, Mhako retrouvait doucement les sensations de son corps. Une chaleur intense l'étreignant, une chaleur perçue à chaque nouveau souffle, une chaleur coulant sur ses joues, qu’était-ce donc… ? Pourquoi ce sang coulant sur ses joues ? Hissant lentement sa tête, ses yeux parcoururent enfin le charnier qui l'entourait. Des silhouettes errantes, trébuchantes, perdues dans la fumée, se mouvaient au milieu de plusieurs corps étendus. Son oeil fut attiré par un éclat, un casque, brisé au sol qu'elle ne le reconnaît que trop bien, Alco. Sa respiration soudainement plus haletante, la Miqo’te marqua un nouveau pas dans sa direction, sentant la douleur parcourir sa carcasse meurtrie. La chaleur, encore, se fit ressentir tandis que quelques cris sourds parvinrent à ses oreilles. Le ciel rougeoyant à nouveau au-dessus d’elle, ses yeux ne se levèrent que pour apercevoir ces filaments embrasés déchirer la voûte céleste avant de venir marteler la terre. Une nouvelle explosion, elle se sentit perdre ses appuis et être soulevée dans les airs. La chute fut moins brutale qu’elle ne l’aurait imaginée tandis qu’un cocon doux l’enveloppait, une eau rafraîchissante et salvatrice qui l’emportait alors.
Un cri strident la fit finalement sortir de la torpeur des affres du passé, puissant et funeste. Plaquant ses mains sur ses oreilles dont le vrombissement fit l’effet d’un coup de poignard au plus profond de son crâne, Mhako reprit rapidement conscience de l’environnement qui l’entourait. Plusieurs soldats étaient étendus sur des lits et civières encombrant l'entièreté de la tente médicale. Les soigneurs voyaient néanmoins leur attention happée par la tour. La tour, merde. L’élémentaliste laissa un regard horrifié se poser sur celle-ci avant de le lever vers l’astre lunaire touchée plus tôt par l’imposant rayon. “Pas encore…” pensa-t-elle tandis que la panique vint la gagner à nouveau, voyant son souffle s’accélérer inexorablement.
Un râle s’éleva alors d’un lit qu'elle surveillait. La cotte rutilante du soldat ishgardais blessé avait perdu de son éclat, noircie par les explosions et rougie par le sang de son porteur. Secouant la tête vivement comme pour remettre son esprit en ordre, Mhako vint se saisir d’une pince pour venir enlever les débris et mailles désolidarisés par l’impact, enfoncés dans la chair. Purifiant les plaies d’un sort esuna pour empêcher l’infection, il lui fallait désormais s’atteler à refermer celles-ci, puisant dans ses forces restantes en apposant sa main sur la chair. Ses yeux se dérobèrent à son patient pendant un instant, balayant la tente pour observer les blessés présents. Sentant son cœur battre lourdement dans sa poitrine, son regard jonglait entre les visages. Quelques figures familières de soldats des deux vipères vinrent étreindre son palpitant pendant un instant mais nul membre de la Rose en vue pour le moment, puisse-t-elle espérer que là était le signe que la mission se passait bien pour eux. Ou était-ce l’inverse ? Assaillie par ses pensées, la concentration de la soigneuse fut rattrapée par le vacillement de sa lueur. Devant elle, sa main fébrile ne semblait pas vouloir s’arrêter de trembler, soutenant celle-ci de son autre poigne, autant que possible.
Une voix vint l’interpeller, accompagnée d’un bras tendu offrant une potion d’éther. Aran la regardait dans un maigre sourire cachant son inquiétude, le deuxième bras chargé d’une caisse de potions. “Tiens, cela te fera du bien. Il te faut garder des forces… Une deuxième attaque de l’ennemi est en cours.” Pouvant lire la frustration de ce dernier de ne pouvoir aider ses camarades sur le front en raison de sa blessure, Mhako resta mutique, offrant à son tour un fugace sourire dans un hochement de tête avant de récupérer la potion. Il fallait tenir, la nuit serait encore longue.
Avec les premières lueurs du jour, la complainte du vent semblait doucement s’éteindre, laissant place à un léger sifflement presque apaisant. Quelques cycles auparavant, lugubre aurait été le mot qu’elle aurait utilisé pour définir le bruit de ce souffle porteur de froid qui balaie la région en permanence. Mais ce nouveau jour portait avec lui un sentiment que Mhako n’avait pas ressenti depuis plusieurs longues semaines, celui de la plénitude. Tout n’était pas encore réglé en ces terres, nombreux subjugués devaient être encore soignés, les réfugiés n’étaient pas encore au bout de leurs peines et le danger guettait toujours à l’ombre de la tour. Néanmoins, chose qui semblait avoir déserté ces terres, l’espoir était désormais permis pour ce peuple meurtri, l’espoir du renouveau, de la reconstruction et de pouvoir entrevoir le printemps après un morne hiver.
A l’orée du camp, les ingénieurs s’agitaient, les bras chargés de matériel, accompagnés de Titus, le garlemaldais qui serait l’acteur principal du retour du céruleum en cette région, la plateforme Juturna désormais sécurisée par les membres de la Rose. Cette dernière mission accomplie, grand nombre de ses camarades avaient désormais repris le chemin des terres plus chaudes du sud et il serait bientôt temps pour elle d’en faire de même. Ce n’était pas la première fois qu’elle posait pied dans cette neige et cela ne serait pas la dernière. Mais pour le moment, le départ était de mise, pour s’offrir ce repos salvateur et pour leur offrir ce temps précieux. Le temps pour les habitants de panser leurs plaies, de faire leur deuil et de se donner la possibilité de penser l’après. Alors l’élémentaliste reviendrait, pour aider à la reconstruction, pour une dernière mission et pour son propre deuil laissé de côté depuis trop longtemps.
Assise sur une chaise de la tente médicale, ses affaires empaquetées aux pieds de celle-ci, Mhako observa un instant ces flocons danser au gré du vent, prenant une longue bouffée de cet air froid et sec auquel jamais elle n’arriva à s’habituer. Ses yeux doucement se fermèrent alors, s’autorisant cette dernière sieste apaisée avant de prendre le chemin de l’étherite.
Réminiscences lunaires
Le bourdonnement dans ses oreilles ne semblait vouloir cesser tandis que chacun de ses pas se faisait d’une lourdeur sans pareil. Alors que les ombres dansaient autour d’elle au rythme des flammes, Mhako retrouvait doucement les sensations de son corps. Une chaleur intense l'étreignant, une chaleur perçue à chaque nouveau souffle, une chaleur coulant sur ses joues, qu’était-ce donc… ? Pourquoi ce sang coulant sur ses joues ? Hissant lentement sa tête, ses yeux parcoururent enfin le charnier qui l'entourait. Des silhouettes errantes, trébuchantes, perdues dans la fumée, se mouvaient au milieu de plusieurs corps étendus. Son oeil fut attiré par un éclat, un casque, brisé au sol qu'elle ne le reconnaît que trop bien, Alco. Sa respiration soudainement plus haletante, la Miqo’te marqua un nouveau pas dans sa direction, sentant la douleur parcourir sa carcasse meurtrie. La chaleur, encore, se fit ressentir tandis que quelques cris sourds parvinrent à ses oreilles. Le ciel rougeoyant à nouveau au-dessus d’elle, ses yeux ne se levèrent que pour apercevoir ces filaments embrasés déchirer la voûte céleste avant de venir marteler la terre. Une nouvelle explosion, elle se sentit perdre ses appuis et être soulevée dans les airs. La chute fut moins brutale qu’elle ne l’aurait imaginée tandis qu’un cocon doux l’enveloppait, une eau rafraîchissante et salvatrice qui l’emportait alors.
Un cri strident la fit finalement sortir de la torpeur des affres du passé, puissant et funeste. Plaquant ses mains sur ses oreilles dont le vrombissement fit l’effet d’un coup de poignard au plus profond de son crâne, Mhako reprit rapidement conscience de l’environnement qui l’entourait. Plusieurs soldats étaient étendus sur des lits et civières encombrant l'entièreté de la tente médicale. Les soigneurs voyaient néanmoins leur attention happée par la tour. La tour, merde. L’élémentaliste laissa un regard horrifié se poser sur celle-ci avant de le lever vers l’astre lunaire touchée plus tôt par l’imposant rayon. “Pas encore…” pensa-t-elle tandis que la panique vint la gagner à nouveau, voyant son souffle s’accélérer inexorablement.
Un râle s’éleva alors d’un lit qu'elle surveillait. La cotte rutilante du soldat ishgardais blessé avait perdu de son éclat, noircie par les explosions et rougie par le sang de son porteur. Secouant la tête vivement comme pour remettre son esprit en ordre, Mhako vint se saisir d’une pince pour venir enlever les débris et mailles désolidarisés par l’impact, enfoncés dans la chair. Purifiant les plaies d’un sort esuna pour empêcher l’infection, il lui fallait désormais s’atteler à refermer celles-ci, puisant dans ses forces restantes en apposant sa main sur la chair. Ses yeux se dérobèrent à son patient pendant un instant, balayant la tente pour observer les blessés présents. Sentant son cœur battre lourdement dans sa poitrine, son regard jonglait entre les visages. Quelques figures familières de soldats des deux vipères vinrent étreindre son palpitant pendant un instant mais nul membre de la Rose en vue pour le moment, puisse-t-elle espérer que là était le signe que la mission se passait bien pour eux. Ou était-ce l’inverse ? Assaillie par ses pensées, la concentration de la soigneuse fut rattrapée par le vacillement de sa lueur. Devant elle, sa main fébrile ne semblait pas vouloir s’arrêter de trembler, soutenant celle-ci de son autre poigne, autant que possible.
Une voix vint l’interpeller, accompagnée d’un bras tendu offrant une potion d’éther. Aran la regardait dans un maigre sourire cachant son inquiétude, le deuxième bras chargé d’une caisse de potions. “Tiens, cela te fera du bien. Il te faut garder des forces… Une deuxième attaque de l’ennemi est en cours.” Pouvant lire la frustration de ce dernier de ne pouvoir aider ses camarades sur le front en raison de sa blessure, Mhako resta mutique, offrant à son tour un fugace sourire dans un hochement de tête avant de récupérer la potion. Il fallait tenir, la nuit serait encore longue.
Après le blizzard
Avec les premières lueurs du jour, la complainte du vent semblait doucement s’éteindre, laissant place à un léger sifflement presque apaisant. Quelques cycles auparavant, lugubre aurait été le mot qu’elle aurait utilisé pour définir le bruit de ce souffle porteur de froid qui balaie la région en permanence. Mais ce nouveau jour portait avec lui un sentiment que Mhako n’avait pas ressenti depuis plusieurs longues semaines, celui de la plénitude. Tout n’était pas encore réglé en ces terres, nombreux subjugués devaient être encore soignés, les réfugiés n’étaient pas encore au bout de leurs peines et le danger guettait toujours à l’ombre de la tour. Néanmoins, chose qui semblait avoir déserté ces terres, l’espoir était désormais permis pour ce peuple meurtri, l’espoir du renouveau, de la reconstruction et de pouvoir entrevoir le printemps après un morne hiver.
A l’orée du camp, les ingénieurs s’agitaient, les bras chargés de matériel, accompagnés de Titus, le garlemaldais qui serait l’acteur principal du retour du céruleum en cette région, la plateforme Juturna désormais sécurisée par les membres de la Rose. Cette dernière mission accomplie, grand nombre de ses camarades avaient désormais repris le chemin des terres plus chaudes du sud et il serait bientôt temps pour elle d’en faire de même. Ce n’était pas la première fois qu’elle posait pied dans cette neige et cela ne serait pas la dernière. Mais pour le moment, le départ était de mise, pour s’offrir ce repos salvateur et pour leur offrir ce temps précieux. Le temps pour les habitants de panser leurs plaies, de faire leur deuil et de se donner la possibilité de penser l’après. Alors l’élémentaliste reviendrait, pour aider à la reconstruction, pour une dernière mission et pour son propre deuil laissé de côté depuis trop longtemps.
Assise sur une chaise de la tente médicale, ses affaires empaquetées aux pieds de celle-ci, Mhako observa un instant ces flocons danser au gré du vent, prenant une longue bouffée de cet air froid et sec auquel jamais elle n’arriva à s’habituer. Ses yeux doucement se fermèrent alors, s’autorisant cette dernière sieste apaisée avant de prendre le chemin de l’étherite.
Le Chat
Il y a 10 mois et 2 jours
Par Derek:
L'arrière garde s'était soudainement animée. Resté au camp de Bris de Glace afin de servir d'arrière garde et veiller sur les Garlemaldais précédemment subjugués, Derek suivait de prêt l'évolution de l'assaut contre la tour aux côtés de quelques rares officiers et soldats n'étant pas allé sur le front. Quelques minutes avant, un laser émanait de la tour et frappait un bouclier magique avant de disparaître comme si de rien n'était. A présent, les ordres, demandes de renforts et réorganisation catastrophique fusait dans les perles. De longues minutes de silence avaient accueillit ce changement brutal d'ambiance. Derek se releva et marcha lentement jusqu'à la lisière du camp, portant son regard vers les monts enneigés qui entouraient le camp. Et plus précisément, vers la cité qui se trouvait derrière. Que se passait-il ?
La nuit passa sans que le calme ne revienne. Le camp était en effervescence alors que des renforts étaient envoyés depuis l'arrière garde vers le front au fur et à mesure. Derek attendait, restant à son "poste" que la lune ne trace sa route dans le ciel. Quelques siestes avaient pu offrir du répit à l'esprit du second qui ne pouvait que prendre son mal en patience, après tout il était un homme brillant dans les affaires, pas la guerre. Il ne pouvait qu'attendre. Puis, finalement, la matinée laissa place au début de l'après-midi, apportant dans son arrivée une occasion.
"Nous avons besoin d'aide pour rapatrier les troupes ! Il y a de nombreux blessés !"
Derek se redressa brusquement, se frottant les yeux et tapotant les joues pour se réveiller, et se dirigea vers le groupe qui se formait. Il avait besoin de bouger, il devait aller s'assurer que ses membres étaient vivants. Il avait beau détester la guerre, ce qu'il détestait encore plus, c'était de rester en arrière sans pouvoir rien faire. Et à ses yeux, il avait suffisamment été laissé sur le banc de touche. Il n'avait pas décidé d'enfin accepter ses capacités pour les laisser de côté en regardant gentiment les flocons le narguer.
Quelques heures plus tard, il approchait de Garlemald. Si la cité était en ruine à leur arrivée, c'était à présente une ruine plus actives que jamais. De nombreux soldats et aventuriers couraient de-ci de-là, les médecins se penchaient sur plusieurs blessés à la fois, des bâtiments supplémentaires s'étaient effondrés. La grande capitale ne pouvait pas sembler plus morte et plus vivante à la fois. Derek s'élança dans la masse d'Eorzéens, à la recherche des membres de la Rose. Il offrit de-ci de-là assistances à quelques soigneurs, mais son regard ne cessait de parcourir la foule. Puis enfin il apperçu, plus loin, un visage familier, puis un autre, puis plusieurs visages de la Rose. Tous blessés ... mais tous vivants. Alors enfin il pu soupirer et évacuer la pression qui serrait sa cage thoracique. Ils étaient vivants.
L'arrière garde s'était soudainement animée. Resté au camp de Bris de Glace afin de servir d'arrière garde et veiller sur les Garlemaldais précédemment subjugués, Derek suivait de prêt l'évolution de l'assaut contre la tour aux côtés de quelques rares officiers et soldats n'étant pas allé sur le front. Quelques minutes avant, un laser émanait de la tour et frappait un bouclier magique avant de disparaître comme si de rien n'était. A présent, les ordres, demandes de renforts et réorganisation catastrophique fusait dans les perles. De longues minutes de silence avaient accueillit ce changement brutal d'ambiance. Derek se releva et marcha lentement jusqu'à la lisière du camp, portant son regard vers les monts enneigés qui entouraient le camp. Et plus précisément, vers la cité qui se trouvait derrière. Que se passait-il ?
La nuit passa sans que le calme ne revienne. Le camp était en effervescence alors que des renforts étaient envoyés depuis l'arrière garde vers le front au fur et à mesure. Derek attendait, restant à son "poste" que la lune ne trace sa route dans le ciel. Quelques siestes avaient pu offrir du répit à l'esprit du second qui ne pouvait que prendre son mal en patience, après tout il était un homme brillant dans les affaires, pas la guerre. Il ne pouvait qu'attendre. Puis, finalement, la matinée laissa place au début de l'après-midi, apportant dans son arrivée une occasion.
"Nous avons besoin d'aide pour rapatrier les troupes ! Il y a de nombreux blessés !"
Derek se redressa brusquement, se frottant les yeux et tapotant les joues pour se réveiller, et se dirigea vers le groupe qui se formait. Il avait besoin de bouger, il devait aller s'assurer que ses membres étaient vivants. Il avait beau détester la guerre, ce qu'il détestait encore plus, c'était de rester en arrière sans pouvoir rien faire. Et à ses yeux, il avait suffisamment été laissé sur le banc de touche. Il n'avait pas décidé d'enfin accepter ses capacités pour les laisser de côté en regardant gentiment les flocons le narguer.
Quelques heures plus tard, il approchait de Garlemald. Si la cité était en ruine à leur arrivée, c'était à présente une ruine plus actives que jamais. De nombreux soldats et aventuriers couraient de-ci de-là, les médecins se penchaient sur plusieurs blessés à la fois, des bâtiments supplémentaires s'étaient effondrés. La grande capitale ne pouvait pas sembler plus morte et plus vivante à la fois. Derek s'élança dans la masse d'Eorzéens, à la recherche des membres de la Rose. Il offrit de-ci de-là assistances à quelques soigneurs, mais son regard ne cessait de parcourir la foule. Puis enfin il apperçu, plus loin, un visage familier, puis un autre, puis plusieurs visages de la Rose. Tous blessés ... mais tous vivants. Alors enfin il pu soupirer et évacuer la pression qui serrait sa cage thoracique. Ils étaient vivants.
Le Chat
Il y a 10 mois et 2 jours
Par Anaelle:
Les plaines venteuses n’accordaient que peu de temps aux éclaircies du soleil. On le pensait d’ailleurs bien absent dans cette région, au profit malheureux d’un paysage monochromatique. De couleurs ternes presque absentes, les seules notes surprenantes dans ce paysage étaient celles du feu et de la calcination. Car malgré la morsure du givre et les caresses de la poudreuse battue par les rafales, s’élevaient encore çà et là les nuages noirs de la combustion.
Les vents sibériens frappant Ilsabard ne manquaient pas de rougir les joues ishgardaises. Et si par ego ceux-ci se défendaient d’y résister, le climat arctique et sauvage n’avait rien de la blancheur délicate et calme des cimes de la sainte cité. Les membres engourdis, Anaëlle observait ces grandes dunes s’élever et traverser le brouillard de givre. Bientôt, un nouveau blizzard allait frapper la région et il fallait presser le pas.
C’était une énième mission pour l’enquêtrice. Une tâche qui la séparait une fois de plus de sa maîtresse et de l’être chéri. Elle ne l’avait d’ailleurs guère vu, seulement entraperçu à quelques moments ; de trop rares fois qui ne lui permirent pas de profiter. Combien elle aurait voulu souffler sur les flammes du chevalier, que son foyer branlant devienne grand brasier ? Malgré tout, elle souriait. Futile promesse, c’était une lueur d’espoir à laquelle s’attacher. Quand est-ce qu’elle le reverrait ? Cette pensée inéducable revenait sans cesse l’assassiner.
Que fallait-il, cette fois ? Il y avait trop à faire, de partout. Les capacités d’Anaëlle n’étaient pas aussi exceptionnelles que celles de ses compagnons. Elle le savait. Si elle n’avait plus peur d’aller au front, elle prit conscience au gré des expéditions que son atout n’était pas dans l’explosivité de sa magie mais celle de son esprit. Derrière un visage plein de tendresse, de bienveillance et d’espoir, les doutes étaient nombreux. Mais il n’était pas cependant question de fausses promesses, de faux-semblants. Pour survivre à cet enfer de gel, un sourire faisait la différence.
Garlemald ne s’est pas prêté à la camaraderie et à l’exploration de l’autre. Pourtant, la région permit la création et le renforcement d’autres liens. Si proche de cette infâme tour gargantuesque, il ne faisait pas bon vivre ni de sombrer à ses sombres pensées, comme exacerbées. Les membres de la Rose des vents affrontaient ensemble les aléas des plaines arctiques. Les blessures, ils les partagèrent. Les gerçures dans les abris de misère, ils les partagèrent. La douleur des choix et de leur impuissance parfois, ils les partagèrent également.
L’épuisement était total. Chaque flocon pesait sur ses épaules comme une âme morte et un cercueil de plus à inhumer. Alors, lentement, la protectrice rava balayait la poudreuse immaculée sur le cache-épaule d’Anaëlle. L’hiver était rude et sans pitié. Mais ils étaient plusieurs à partager le même feu. Il n’était pas là. Elle ne l’était pas non plus. Il fallait avancer pour eux malgré tout.
Anaëlle ravala ses pleurs. Alors qu’elle assista à la prise de la plateforme Juturna pour rétablir le forage de céruléum, elle fut marquée par ces mots gravés sur les murs d’un sas jusqu’alors verrouillé. Toute la force et l’espoir de cet acte de foi étaient contrastés par les corps tentaculifères amoncelés. Les cadavres des subjugués étaient entassés là, dans la misère de leur situation et la précarité totale. Les derniers souffles d’un ami, d’un frère ou d’un dirigeant, c’est ce que le bataillon d’exploration découvrit aux pieds de Ruuj.
Excuser les crimes n’était pas pensable. Mais comment se parer d’apathie devant un tel supplice infligé ? Garlemald, enlaidie par des crimes de guerre et les desseins d’une poignée épouvantable, avait fait de tout son peuple un dommage collatéral. Ces hommes et ces femmes ayant mis à contribution le génie de l’humain face à l’adversité n’étaient rien de plus que cela. L’impuissance était si dure à avaler. L’aversion pour les actes de guerre se transformait en aversion pour cette malédiction. Être né garlemaldais, c’était naître maudit, marqué par la honte.
La souffrance de ce peuple était indéfinissable. Il y avait dans le cœur et dans l’esprit indomptable des garlemaldais depuis la révolte une plaie purulente. Le sang avait trop coulé : celui de leurs proches, celui de leurs ennemis, de leurs sauveurs et celui dans leur lit. Ne demeurait à suinter plus que la terreur et la haine, comme un pus formé de toute la corruption la plus laide du monde. Ils étaient les premières victimes de ce conflit. Et jusqu’aux derniers instants de la rébellion, ce pus transpirait dans les conditions de leur révolte.
Le bataillon n'avait pourtant pas tant manqué de bienveillance. Et si ces irréductibles garlemaldais n’eurent pas de sépulture honorable, Mhako et Kiana tentèrent malgré tout de leur apporter le repos. De longues minutes, l'une et l'autre pratiquèrent quelques rites thanatopratiques pour que ces esprits aliénés par la subjugation puissent retrouver la mer des étoiles. Il était là plus question d'un geste symbolique que d'un véritable salut. Leurs âmes étaient tragiquement perdues.
Contraste pervers entre l’espoir du renouveau et l’image encore bien ancrée d’un paysage cadavérique balafré par cette tour démoniaque, c’était en quelque sorte un baroud d’honneur pour ces hommes ayant sombré dans le désespoir et la folie. Aiko avait achevé ces machinations en sectionnant ce qui fait d’un homme, un homme. Sans main pour créer, Augustus s’effondra. C’était terminé, enfin. Et plus tard, Titus se jeta pour prendre dans ces bras ce fou, cet exilé, ce frère qui céda au fanatisme pour faire face à la tempête.
Le groupuscule rentra peu de temps après, regroupé une dernière fois autour de la table des opérations. Aran proposait du chocolat. Karasu, Alice et Aiko échangeaient, Mhako et Kiana observaient encore de loin ces défunts oubliés. Quant à Anaëlle, elle fut conduite jusqu’à l’étherite par sa précieuse protectrice. Quid des nausées qui lui prirent si souvent la tête ? C’était avant tout les hurlements du passé. Cette région était lourde d’actes haïssables.
La puanteur sordide des morts et du céruléum minèrent la jeune hyuroise qui bien si souvent s’absenta ou parut absente. Combien de fois la monstruosité de la guerre civile passa devant son regard, impuissante devant les manifestations de son écho ? Spectacle macabre, elle y assistait avec désolation. L’aspect sinistre de son don se galvanisait dans ces moments funestes. Elle écoutait silencieusement ces voix du passé. Elle leur accordait une dernière attention. Une voix sépulcrale l’invita, une dernière fois, à braver le grand froid. Une ultime fois, pensa-t-elle, elle affronta les plaines glacées d’Ilsabard pour se rendre là où elle manqua de se trouver.
Seule, dans cette grotte où Le Collectionneur lâcha son dernier soupir, elle s’abîma pour en ressusciter le passé. Si le guerrier de la lumière réussissait son entreprise, il y avait encore ici-bas une guerre à mener.
L’hiver éternel. La région était gelée dans le temps, comme une sculpture taillée pour résister à la bise et à l’Histoire. Voilà pourtant une histoire qui venait d’être brisée.[/font]
Les plaines venteuses n’accordaient que peu de temps aux éclaircies du soleil. On le pensait d’ailleurs bien absent dans cette région, au profit malheureux d’un paysage monochromatique. De couleurs ternes presque absentes, les seules notes surprenantes dans ce paysage étaient celles du feu et de la calcination. Car malgré la morsure du givre et les caresses de la poudreuse battue par les rafales, s’élevaient encore çà et là les nuages noirs de la combustion.
Les vents sibériens frappant Ilsabard ne manquaient pas de rougir les joues ishgardaises. Et si par ego ceux-ci se défendaient d’y résister, le climat arctique et sauvage n’avait rien de la blancheur délicate et calme des cimes de la sainte cité. Les membres engourdis, Anaëlle observait ces grandes dunes s’élever et traverser le brouillard de givre. Bientôt, un nouveau blizzard allait frapper la région et il fallait presser le pas.
C’était une énième mission pour l’enquêtrice. Une tâche qui la séparait une fois de plus de sa maîtresse et de l’être chéri. Elle ne l’avait d’ailleurs guère vu, seulement entraperçu à quelques moments ; de trop rares fois qui ne lui permirent pas de profiter. Combien elle aurait voulu souffler sur les flammes du chevalier, que son foyer branlant devienne grand brasier ? Malgré tout, elle souriait. Futile promesse, c’était une lueur d’espoir à laquelle s’attacher. Quand est-ce qu’elle le reverrait ? Cette pensée inéducable revenait sans cesse l’assassiner.
Que fallait-il, cette fois ? Il y avait trop à faire, de partout. Les capacités d’Anaëlle n’étaient pas aussi exceptionnelles que celles de ses compagnons. Elle le savait. Si elle n’avait plus peur d’aller au front, elle prit conscience au gré des expéditions que son atout n’était pas dans l’explosivité de sa magie mais celle de son esprit. Derrière un visage plein de tendresse, de bienveillance et d’espoir, les doutes étaient nombreux. Mais il n’était pas cependant question de fausses promesses, de faux-semblants. Pour survivre à cet enfer de gel, un sourire faisait la différence.
Garlemald ne s’est pas prêté à la camaraderie et à l’exploration de l’autre. Pourtant, la région permit la création et le renforcement d’autres liens. Si proche de cette infâme tour gargantuesque, il ne faisait pas bon vivre ni de sombrer à ses sombres pensées, comme exacerbées. Les membres de la Rose des vents affrontaient ensemble les aléas des plaines arctiques. Les blessures, ils les partagèrent. Les gerçures dans les abris de misère, ils les partagèrent. La douleur des choix et de leur impuissance parfois, ils les partagèrent également.
L’épuisement était total. Chaque flocon pesait sur ses épaules comme une âme morte et un cercueil de plus à inhumer. Alors, lentement, la protectrice rava balayait la poudreuse immaculée sur le cache-épaule d’Anaëlle. L’hiver était rude et sans pitié. Mais ils étaient plusieurs à partager le même feu. Il n’était pas là. Elle ne l’était pas non plus. Il fallait avancer pour eux malgré tout.
« Ni de dieu ni de maître. Liberté à Garlemald. »
Anaëlle ravala ses pleurs. Alors qu’elle assista à la prise de la plateforme Juturna pour rétablir le forage de céruléum, elle fut marquée par ces mots gravés sur les murs d’un sas jusqu’alors verrouillé. Toute la force et l’espoir de cet acte de foi étaient contrastés par les corps tentaculifères amoncelés. Les cadavres des subjugués étaient entassés là, dans la misère de leur situation et la précarité totale. Les derniers souffles d’un ami, d’un frère ou d’un dirigeant, c’est ce que le bataillon d’exploration découvrit aux pieds de Ruuj.
Excuser les crimes n’était pas pensable. Mais comment se parer d’apathie devant un tel supplice infligé ? Garlemald, enlaidie par des crimes de guerre et les desseins d’une poignée épouvantable, avait fait de tout son peuple un dommage collatéral. Ces hommes et ces femmes ayant mis à contribution le génie de l’humain face à l’adversité n’étaient rien de plus que cela. L’impuissance était si dure à avaler. L’aversion pour les actes de guerre se transformait en aversion pour cette malédiction. Être né garlemaldais, c’était naître maudit, marqué par la honte.
La souffrance de ce peuple était indéfinissable. Il y avait dans le cœur et dans l’esprit indomptable des garlemaldais depuis la révolte une plaie purulente. Le sang avait trop coulé : celui de leurs proches, celui de leurs ennemis, de leurs sauveurs et celui dans leur lit. Ne demeurait à suinter plus que la terreur et la haine, comme un pus formé de toute la corruption la plus laide du monde. Ils étaient les premières victimes de ce conflit. Et jusqu’aux derniers instants de la rébellion, ce pus transpirait dans les conditions de leur révolte.
Le bataillon n'avait pourtant pas tant manqué de bienveillance. Et si ces irréductibles garlemaldais n’eurent pas de sépulture honorable, Mhako et Kiana tentèrent malgré tout de leur apporter le repos. De longues minutes, l'une et l'autre pratiquèrent quelques rites thanatopratiques pour que ces esprits aliénés par la subjugation puissent retrouver la mer des étoiles. Il était là plus question d'un geste symbolique que d'un véritable salut. Leurs âmes étaient tragiquement perdues.
Contraste pervers entre l’espoir du renouveau et l’image encore bien ancrée d’un paysage cadavérique balafré par cette tour démoniaque, c’était en quelque sorte un baroud d’honneur pour ces hommes ayant sombré dans le désespoir et la folie. Aiko avait achevé ces machinations en sectionnant ce qui fait d’un homme, un homme. Sans main pour créer, Augustus s’effondra. C’était terminé, enfin. Et plus tard, Titus se jeta pour prendre dans ces bras ce fou, cet exilé, ce frère qui céda au fanatisme pour faire face à la tempête.
Le groupuscule rentra peu de temps après, regroupé une dernière fois autour de la table des opérations. Aran proposait du chocolat. Karasu, Alice et Aiko échangeaient, Mhako et Kiana observaient encore de loin ces défunts oubliés. Quant à Anaëlle, elle fut conduite jusqu’à l’étherite par sa précieuse protectrice. Quid des nausées qui lui prirent si souvent la tête ? C’était avant tout les hurlements du passé. Cette région était lourde d’actes haïssables.
La puanteur sordide des morts et du céruléum minèrent la jeune hyuroise qui bien si souvent s’absenta ou parut absente. Combien de fois la monstruosité de la guerre civile passa devant son regard, impuissante devant les manifestations de son écho ? Spectacle macabre, elle y assistait avec désolation. L’aspect sinistre de son don se galvanisait dans ces moments funestes. Elle écoutait silencieusement ces voix du passé. Elle leur accordait une dernière attention. Une voix sépulcrale l’invita, une dernière fois, à braver le grand froid. Une ultime fois, pensa-t-elle, elle affronta les plaines glacées d’Ilsabard pour se rendre là où elle manqua de se trouver.
Seule, dans cette grotte où Le Collectionneur lâcha son dernier soupir, elle s’abîma pour en ressusciter le passé. Si le guerrier de la lumière réussissait son entreprise, il y avait encore ici-bas une guerre à mener.
Le Chat
Il y a 10 mois et 2 jours
Par Anaelle:
La délégation d'Ilsabard permit aux différentes compagnies libres et volontaires de se détacher de leurs affectations au camp Bris-de-glace. Les événements furent plus que rudes et poussèrent l'intégralité des effectifs dans leurs derniers retranchements. Et malgré l'ultime bataille menée aux côtés du guerrier de la lumière pour prendre d'assaut la tour de Babil, tout n'était pas fini.
Il y avait encore beaucoup à faire. Il y avait tout à reconstruire. À commencer par le lien entre les garlemaldais. La défiance habitait encore les cœurs. Mais une nouvelle aube se levait et avec la remise en service prochaine de la plateforme juturna, les citoyens de la région allaient pouvoir se relever. Après avoir pesé si lourdement sur les épaules de chacun, l'ambiance était enfin belle et légère.
Le calvaire avait-il enfin pris fin ?
Pour la Rose des Vents comme pour le Guerrier de la Lumière, l'aventure ne s'arrêterait pas encore. Déjà, les regards se tournaient vers Céleste de Rosencrow et les pièces manquantes du pacte de vérité.
La fin de l'apocalypse
La délégation d'Ilsabard permit aux différentes compagnies libres et volontaires de se détacher de leurs affectations au camp Bris-de-glace. Les événements furent plus que rudes et poussèrent l'intégralité des effectifs dans leurs derniers retranchements. Et malgré l'ultime bataille menée aux côtés du guerrier de la lumière pour prendre d'assaut la tour de Babil, tout n'était pas fini.
Il y avait encore beaucoup à faire. Il y avait tout à reconstruire. À commencer par le lien entre les garlemaldais. La défiance habitait encore les cœurs. Mais une nouvelle aube se levait et avec la remise en service prochaine de la plateforme juturna, les citoyens de la région allaient pouvoir se relever. Après avoir pesé si lourdement sur les épaules de chacun, l'ambiance était enfin belle et légère.
Le calvaire avait-il enfin pris fin ?
Pour la Rose des Vents comme pour le Guerrier de la Lumière, l'aventure ne s'arrêterait pas encore. Déjà, les regards se tournaient vers Céleste de Rosencrow et les pièces manquantes du pacte de vérité.
Le Chat
Il y a 10 mois et 2 jours
Par Lenore:
Ils étaient enfin rentrés de leur séjour à Garlemald, non sans stigmate pour la plupart d'entre eux. La menace de l'apocalypse écartée, ils avaient su au détour de la dernière réunion que les Héritiers -si ce n'est le Guerrier de la Lumière lui-même- auraient mis fin à l'entité Zordiarche, celui à l'égal d'Hydaelyn. Leur Mère Terre avait survécu, les tours disparues... Oui, ils pouvaient enfin souffler.
Pour beaucoup, ce fut un choc de voir leur propre Ordonnatrice sourire, c'était même la première fois sans que l'on mentionne ses enfants. Ce n'était pas étonnant, elle qui avait vu le ciel se fendre entre les flammes et une pluie de démons, elle qui avait vu la mort de Dorian... Tout se profilait à merveille désormais.
Hélas (ou heureusement ?), le vrai visage de leur ennemi s'était enfin montré. Aiko avait été désigné pour une mission de reconnaissance et il fallait contrôler les pulsions meurtrières -compréhensibles- de Karasu. Tous relèvent cela dit l'immunité de Lenore face à la Vérité Noire. B'rume et Ruuj fut les premières à mettre en avant la magie de sa famille, soit "l'Illusion", mais rien n'était sûr. Les pseudos 'pouvoirs" des familles du Pacte de la Vérité ne s'étaient pas encore manifestés, s'ils existaient réellement...
Il faudrait attendre le retour d'Aiko pour véritablement faire quelque chose. Pendant ce temps, le second de la Rose s'active à pousser la justice Ishgardaise à agir au plus vite.
Ils étaient enfin rentrés de leur séjour à Garlemald, non sans stigmate pour la plupart d'entre eux. La menace de l'apocalypse écartée, ils avaient su au détour de la dernière réunion que les Héritiers -si ce n'est le Guerrier de la Lumière lui-même- auraient mis fin à l'entité Zordiarche, celui à l'égal d'Hydaelyn. Leur Mère Terre avait survécu, les tours disparues... Oui, ils pouvaient enfin souffler.
Pour beaucoup, ce fut un choc de voir leur propre Ordonnatrice sourire, c'était même la première fois sans que l'on mentionne ses enfants. Ce n'était pas étonnant, elle qui avait vu le ciel se fendre entre les flammes et une pluie de démons, elle qui avait vu la mort de Dorian... Tout se profilait à merveille désormais.
Hélas (ou heureusement ?), le vrai visage de leur ennemi s'était enfin montré. Aiko avait été désigné pour une mission de reconnaissance et il fallait contrôler les pulsions meurtrières -compréhensibles- de Karasu. Tous relèvent cela dit l'immunité de Lenore face à la Vérité Noire. B'rume et Ruuj fut les premières à mettre en avant la magie de sa famille, soit "l'Illusion", mais rien n'était sûr. Les pseudos 'pouvoirs" des familles du Pacte de la Vérité ne s'étaient pas encore manifestés, s'ils existaient réellement...
Il faudrait attendre le retour d'Aiko pour véritablement faire quelque chose. Pendant ce temps, le second de la Rose s'active à pousser la justice Ishgardaise à agir au plus vite.
Le Chat
Il y a 10 mois et 2 jours
Par Derek:
"Avez-vous conscience de la gravité des accusations que vous portez, vicomte ?
- J'en ai parfaitement conscience et ne serais pas ici sans des preuves aussi accablantes que ce que je vous présente actuellement votre honneur."
Dans le bureau de l'un des hauts juges du tribunal de la sainte cité, trois hommes faisaient face à l'homme de loi. Le premier était d'une carrure large, le dos droit, le comportement typique d'un guerrier. Lothaire de la Torelle, vicomte de la maison Torelle et allié aux Riverhood. Une maison qui avait servie l'inquisition sous l'ancien régime et avait mené à la mort de nombreux innocents accusés d'hérésie. Fort heureusement, durant les évènements de la rébellion du vicomte Harebourg, le jeune noble eu l'occasion de racheter l'honneur des siens, récupérer la position initiale de sa famille au sein de la noblesse Ishgardaise, et se voir confier la gestion d'un des nombreux Castrum du Coerthas. Le deuxième homme avait les traits tirés, le visage ridés, la vieillesse prenant petit à petit le dessus sur la fougue de l'homme. Le baron de la maison de Beaumière était à l'image de sa famille. Assuré, et noble dans sa posture et sa gestuelle, mais marqué par les affres du temps et épuisé. Une famille sans avenir pour l'instant depuis l'assassinat de l'unique héritier, laissant deux parents trop vieux pour offrir une nouvelle descendance à leur nom. Ce dernier faisait pâle figure en comparaison du vicomte des de la Torelle, mais n'en était pas moins fier et charismatique à sa façon. Le dernier était le plus fougueux des trois, un chocobo dans un désert de glace. Le vicomte Derek de Riverhood, dressé sur sa chaise, les mains posées sur la table, où trônait plusieurs documents. Il présentait bien moins de patience que les deux hommes qui l'accompagnaient à l'encontre du haut juge. Méthode Ul'dienne lui direz-vous.
"Je suis prêt à juger votre conflit face au tribunal. Mais lever une enquête reviendrai à prendre partie dans le conflit entre vos familles, chose que la sainte cité ne peut se permettre.
- Il n'est plus question de conflit familial votre honneur, mais de préserver la stabilité de la sainte cité et éviter toute escalade. Si aucune enquête n'a lieu, et que les choses dérapent, que les Rosencrow se retrouvent à l'origine d'autres meurtres dans les familles et populations d'Ishgard, vous serez tenu pour responsable direct.
- La menace aussi bien directe qu'indirecte ne vous amènera nul part vicomte, je vous conseil de baisser d'un ton si vous ne souhaitez pas handicaper votre position !"
Les deux hommes s'observaient tel chien et chat, et alors que le ton montait petit à petit, le baron de Beaumière se racla la gorge, et se redressa. Les deux hommes de loi se turent, et tournèrent leur attention vers le vétéran qui posa son regard sur le haut juge, mit sa canne devant lui, y déposant ses deux mains, et prit la parole d'une voix vieille mais encore bien audible et sans trace de fatigue.
"Votre honneur. Outre le serment de soutien qui lie ma famille à celle des Riverhood, mes mots sont ceux d'un homme qui vous parle d'expérience. Les faits, bien que difficile à nier, ne sont pas irrévocables. Cependant, considérant la probabilité qu'ils soient avérés, si tel est le cas alors les Rosencrow sont à la recherche d'un pouvoir supplémentaire qui, sans pouvoir handicaper réellement Ishgard, pourrait porter préjudice temporairement à sa stabilité et à la sécurité d'une partie de sa population. Qui plus est, si leurs actions venaient à impacter les populations orientales, qui selon monseigneur le vicomte, abritent la convoitise de cette famille, alors cela pourrait impacter les relations avec les puissances d'outre-mer. Des relations encore à leur balbutiement en dépit des forts liens créés lors de la guerre contre Garlemald."
Une fois ses propos présentés, sans s'être fait interrompre un seul instant, le baron reprit place sur sa chaise, calmement. Le vicomte de la Torelle glissa un regard vers ce dernier, et un petit sourire amusé se dessina sur ses lèvres sans qu'il n'ajoute un mot, puis reporta son attention sur le juge qui reprit place sur sa chaise en soupirant. Il se pinça les sinus quelques secondes, profitant de ce temps en suspend pour poser sa réflexion. Puis il prit reporta son regard sur Derek, toujours debout.
"Bien. J'ordonne la mise en place d'une enquête à l'encontre des familles Rosencrow pour assassinat, perturbation de l'ordre publique et complot contre les intérêts d'Ishgard, ainsi que contre les de la Neuve pour assistance à la famille Rosencrow. Les représentants des deux familles disposeront de trois soleils afin de quitter leurs demeures extérieures et regagner l'enceinte de la cité où ils seront gardé à domicile. Tout refus de coopérer dans le cadre de l'enquête sera considérer comme une opposition à la justice et traité comme tel. Vous avez ce que vous vouliez, vicomte."
Lothaire souffla un rire. Lui qui ne s'y connaissait que peu en méthode légale Ul'dienne, il n'aurait jamais misé sur quelque chose d'aussi hasardeux que ce qui venait de se dérouler sous ses yeux, et avait été surpris de la proposition de ce petit jeu de rôle proposé exactement trente secondes avant qu'ils ne soient reçus. Pourtant, le vicomte de Riverhood et le baron de Beaumière avait efficacement appliqué une situation de "gentil garde, méchant garde" en dehors d'une situation d'interrogatoire. Peut être qu'en effet, Ishgard et Ul'dah avaient plus en commun que ne voulait bien l'admettre les habitants de ces deux cités que tout semblait opposer. Quel dommage que la famille de Beaumière soit condamnée à disparaître. A moins que ... ?
- J'en ai parfaitement conscience et ne serais pas ici sans des preuves aussi accablantes que ce que je vous présente actuellement votre honneur."
Dans le bureau de l'un des hauts juges du tribunal de la sainte cité, trois hommes faisaient face à l'homme de loi. Le premier était d'une carrure large, le dos droit, le comportement typique d'un guerrier. Lothaire de la Torelle, vicomte de la maison Torelle et allié aux Riverhood. Une maison qui avait servie l'inquisition sous l'ancien régime et avait mené à la mort de nombreux innocents accusés d'hérésie. Fort heureusement, durant les évènements de la rébellion du vicomte Harebourg, le jeune noble eu l'occasion de racheter l'honneur des siens, récupérer la position initiale de sa famille au sein de la noblesse Ishgardaise, et se voir confier la gestion d'un des nombreux Castrum du Coerthas. Le deuxième homme avait les traits tirés, le visage ridés, la vieillesse prenant petit à petit le dessus sur la fougue de l'homme. Le baron de la maison de Beaumière était à l'image de sa famille. Assuré, et noble dans sa posture et sa gestuelle, mais marqué par les affres du temps et épuisé. Une famille sans avenir pour l'instant depuis l'assassinat de l'unique héritier, laissant deux parents trop vieux pour offrir une nouvelle descendance à leur nom. Ce dernier faisait pâle figure en comparaison du vicomte des de la Torelle, mais n'en était pas moins fier et charismatique à sa façon. Le dernier était le plus fougueux des trois, un chocobo dans un désert de glace. Le vicomte Derek de Riverhood, dressé sur sa chaise, les mains posées sur la table, où trônait plusieurs documents. Il présentait bien moins de patience que les deux hommes qui l'accompagnaient à l'encontre du haut juge. Méthode Ul'dienne lui direz-vous.
"Je suis prêt à juger votre conflit face au tribunal. Mais lever une enquête reviendrai à prendre partie dans le conflit entre vos familles, chose que la sainte cité ne peut se permettre.
- Il n'est plus question de conflit familial votre honneur, mais de préserver la stabilité de la sainte cité et éviter toute escalade. Si aucune enquête n'a lieu, et que les choses dérapent, que les Rosencrow se retrouvent à l'origine d'autres meurtres dans les familles et populations d'Ishgard, vous serez tenu pour responsable direct.
- La menace aussi bien directe qu'indirecte ne vous amènera nul part vicomte, je vous conseil de baisser d'un ton si vous ne souhaitez pas handicaper votre position !"
Les deux hommes s'observaient tel chien et chat, et alors que le ton montait petit à petit, le baron de Beaumière se racla la gorge, et se redressa. Les deux hommes de loi se turent, et tournèrent leur attention vers le vétéran qui posa son regard sur le haut juge, mit sa canne devant lui, y déposant ses deux mains, et prit la parole d'une voix vieille mais encore bien audible et sans trace de fatigue.
"Votre honneur. Outre le serment de soutien qui lie ma famille à celle des Riverhood, mes mots sont ceux d'un homme qui vous parle d'expérience. Les faits, bien que difficile à nier, ne sont pas irrévocables. Cependant, considérant la probabilité qu'ils soient avérés, si tel est le cas alors les Rosencrow sont à la recherche d'un pouvoir supplémentaire qui, sans pouvoir handicaper réellement Ishgard, pourrait porter préjudice temporairement à sa stabilité et à la sécurité d'une partie de sa population. Qui plus est, si leurs actions venaient à impacter les populations orientales, qui selon monseigneur le vicomte, abritent la convoitise de cette famille, alors cela pourrait impacter les relations avec les puissances d'outre-mer. Des relations encore à leur balbutiement en dépit des forts liens créés lors de la guerre contre Garlemald."
Une fois ses propos présentés, sans s'être fait interrompre un seul instant, le baron reprit place sur sa chaise, calmement. Le vicomte de la Torelle glissa un regard vers ce dernier, et un petit sourire amusé se dessina sur ses lèvres sans qu'il n'ajoute un mot, puis reporta son attention sur le juge qui reprit place sur sa chaise en soupirant. Il se pinça les sinus quelques secondes, profitant de ce temps en suspend pour poser sa réflexion. Puis il prit reporta son regard sur Derek, toujours debout.
"Bien. J'ordonne la mise en place d'une enquête à l'encontre des familles Rosencrow pour assassinat, perturbation de l'ordre publique et complot contre les intérêts d'Ishgard, ainsi que contre les de la Neuve pour assistance à la famille Rosencrow. Les représentants des deux familles disposeront de trois soleils afin de quitter leurs demeures extérieures et regagner l'enceinte de la cité où ils seront gardé à domicile. Tout refus de coopérer dans le cadre de l'enquête sera considérer comme une opposition à la justice et traité comme tel. Vous avez ce que vous vouliez, vicomte."
Lothaire souffla un rire. Lui qui ne s'y connaissait que peu en méthode légale Ul'dienne, il n'aurait jamais misé sur quelque chose d'aussi hasardeux que ce qui venait de se dérouler sous ses yeux, et avait été surpris de la proposition de ce petit jeu de rôle proposé exactement trente secondes avant qu'ils ne soient reçus. Pourtant, le vicomte de Riverhood et le baron de Beaumière avait efficacement appliqué une situation de "gentil garde, méchant garde" en dehors d'une situation d'interrogatoire. Peut être qu'en effet, Ishgard et Ul'dah avaient plus en commun que ne voulait bien l'admettre les habitants de ces deux cités que tout semblait opposer. Quel dommage que la famille de Beaumière soit condamnée à disparaître. A moins que ... ?
Le Chat
Il y a 10 mois et 2 jours
Par Lenore:
Depuis la réunion, bons nombres d'entre eux avaient choisi de se reposer à raison d'un potentiel combat à venir contre les Rosencrow. La fête battait son plein ce mercredi dernier et malgré le petit bémol du "coeur pour la Valention", tout le monde pouvait souffler et se la couler douce. Tous, sauf Aiko qui fut envoyée en mission de reconnaissance en plein chez l'ennemi.
La mission était simple : partir de nuit, dans cette nuit sans lune, pour rejoindre le fort de la Neuve sous le joug des Rosencrow et récupérer le plus d'informations possibles sur l'ennemi comme sur la position de Revna. Une fois terminée, une note de l'Ordonnatrice ne tarda pas à tomber. M'ily l'aurait accrochée ce matin sur le panneau d'affichage.
Membres de la Rose des Vents,
Céleste de Rosencrow, depuis quelques soleils mise sous enquête approfondie par les Hautes Instances Ishgardaises, a fait usage d'un envoûtement sur deux inspecteurs qui confirment nos derniers soupçons. Selon Aiko, Revna serait bel et bien maintenue comme otage là-bas. Il n'aurait aucune blessure, simplement les marques de la Vérité Noire sur lui. Les raisons qui expliquent cet envoûtement s'expliquent par la présence d'un bijou -potentiellement un artefact- appelé "la Perle Noire" qui aurait les mêmes propriétés que la Vérité Noire de Nyx.
Mais ce n'est pas tout. La famille Rosencrow remonte à l'an 581, sous l'égide de Luther de Rosencrow. Noblesse d'épée, elle aurait drastiquement changé à l'apparition de Grace d'Eastland suite à un mariage. Cette femme, selon les propres écrits de la maison, aurait cherché à acquérir bien plus de puissance et d'asservissement grâce à la Vérité Noire de Nyx - elle était donc au courant. C'est en 980 qu'elle a corrompu la Terre Sempiternelle, dans l'espoir d'y faire une expérience. C'est assez flou mais nous avons au moins les raisons du fait que nous ne pouvons pour le moment entrer dans cette terre. Revna saura quoi faire.
J'ai transmis toutes nos preuves aux hautes instances ishgardaises. Ils m'ont affirmée qu'ils passeront à l'assaut ce soir dans le but de reprendre leur deux inspecteurs et de capturer -vivante- la baronne. Or, Aiko a également déniché le plan "de fuite" de cette dernière. Cela reste encore à confirmer, mais il semblerait qu'elle ait posé toute sa garde dans la cour pour qu'elle puisse se diriger vers le Vigile de Pierre. Le manoir et le domaine étant truffé de passages sous-terrains, j'ai également transmis cette information à Ishgard qui se changera de boucher les trous.
Nous allons rejoindre le Vigile de Pierre et nous allons l'attendre là-bas. J'ai demandé à Aiko de prendre Anaëlle avec elle pour établir un piège efficace. Elle sera sûrement avec les deux inspecteurs et avec Revna.
Je les veux tous vivants, avec le moins d'égratignure possible. Revna, je le veux sans égratignure. Rappelez-vous de la Perle Noire. Moi, je resterai avec les troupes ishgardaises pour tromper l'ennemi s'ils pensent "nous avoir eu". Je veux que vous rester en contact avec moi le plus possible. Aiko fera son rapport sur les pièges tendus avant ce soir.
Que les Vents vous gardent,
Lenore de Riverhood
Ordonnatrice de la Rose des Vents
Ordonnatrice de la Rose des Vents
Le Chat
Il y a 10 mois et 2 jours
Par Lenore:
Ils rentrèrent tard le soir, soulagés d'avoir mis la main sur celle qui était derrière leurs tourments. Les pièges d'Aiko et d'Anaëlle avaient été suffisant, malgré la petite frayeur que Céleste avait pu leur faire faire. Sa voix avait porté loin, sans cibler personne ; Mhako et Aline ressentaient encore cette immonde sensation d'avoir été possédée pendant l'espace d'un court instant avant d'activer le piège d'elles-mêmes.
En moins de deux heures, Céleste put rejoindre Ishgard sous le joug des Templiers. La Perle Noire, étrange joyaux aux propriétés de Nyx, n'existait plus... Cette fin aurait pu être positive, mais ce serait un mensonge.
A la suite de leur retour à la Rose des Vents, l'infirmerie grouillaient de monde pour venir accueillir Revna et voir comment il se portait. L'Ordonnatrice ne resta pas longtemps, à peine avait-elle pu montrer une once de chaleur qu'elle avait refermé ses portes.
Depuis la veille avant même l'assaut sur le domaine de la Neuve, son mutisme paraissait irréel, bien pire qu'elle ne l'était avant. Pourtant, les opportunités ne manquaient pas à la Rose. Les artistes affluaient, on venait souvent toquer à la porte de l'Ordonnatrice pour lui annoncer d'autres candidatures et l'intérêt soudain que ses hommes portaient à sa propre immunité pouvait les mener à bien d'autres aventures. Ruuj la première, toujours aussi avenante et intéressée à l'idée de découvrir d'autres magies dans le monde qu'elle parcourt.
Thavnair, les tours de l'apocalypse, Garlemald, la Vérité Noire... Il y avait eu beaucoup d'émotions en si peu de temps. Au quartier général de la Rose des Vents, chacun profitait du repos bien mérité à sa façon. Par la musique, par l'entraînement, par le service ou encore par la méditation, on retrouvait le sourire des jours heureux qui avaient eu tôt fait de revenir. L'Île des Songes devait encore être trouvée et la Terre Sempiternelle, avec l'assemblage de tous les fragments du Dernier, ne serait plus un problème.
Pourtant, ceux portés par l'Echo n'étaient pas de cet avis. Ils avaient entendu le cri de la Terre, ils avaient vu ce ciel déchiré par les flammes. Pour eux, une chose était sûre : la menace de l'Apocalypse n'était jamais partie et elle n'avait jamais été aussi proche...
Ils rentrèrent tard le soir, soulagés d'avoir mis la main sur celle qui était derrière leurs tourments. Les pièges d'Aiko et d'Anaëlle avaient été suffisant, malgré la petite frayeur que Céleste avait pu leur faire faire. Sa voix avait porté loin, sans cibler personne ; Mhako et Aline ressentaient encore cette immonde sensation d'avoir été possédée pendant l'espace d'un court instant avant d'activer le piège d'elles-mêmes.
En moins de deux heures, Céleste put rejoindre Ishgard sous le joug des Templiers. La Perle Noire, étrange joyaux aux propriétés de Nyx, n'existait plus... Cette fin aurait pu être positive, mais ce serait un mensonge.
A la suite de leur retour à la Rose des Vents, l'infirmerie grouillaient de monde pour venir accueillir Revna et voir comment il se portait. L'Ordonnatrice ne resta pas longtemps, à peine avait-elle pu montrer une once de chaleur qu'elle avait refermé ses portes.
Depuis la veille avant même l'assaut sur le domaine de la Neuve, son mutisme paraissait irréel, bien pire qu'elle ne l'était avant. Pourtant, les opportunités ne manquaient pas à la Rose. Les artistes affluaient, on venait souvent toquer à la porte de l'Ordonnatrice pour lui annoncer d'autres candidatures et l'intérêt soudain que ses hommes portaient à sa propre immunité pouvait les mener à bien d'autres aventures. Ruuj la première, toujours aussi avenante et intéressée à l'idée de découvrir d'autres magies dans le monde qu'elle parcourt.
Thavnair, les tours de l'apocalypse, Garlemald, la Vérité Noire... Il y avait eu beaucoup d'émotions en si peu de temps. Au quartier général de la Rose des Vents, chacun profitait du repos bien mérité à sa façon. Par la musique, par l'entraînement, par le service ou encore par la méditation, on retrouvait le sourire des jours heureux qui avaient eu tôt fait de revenir. L'Île des Songes devait encore être trouvée et la Terre Sempiternelle, avec l'assemblage de tous les fragments du Dernier, ne serait plus un problème.
Pourtant, ceux portés par l'Echo n'étaient pas de cet avis. Ils avaient entendu le cri de la Terre, ils avaient vu ce ciel déchiré par les flammes. Pour eux, une chose était sûre : la menace de l'Apocalypse n'était jamais partie et elle n'avait jamais été aussi proche...
APOCALYPSE II - FIN
LA VERITE NOIRE
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