[Lenore] Tome I - La Voie du Chant
Lyssie
Il y a 10 mois et 1 semaine
Encore une fois, elle avait fait en sorte de s'éclipser en douce pendant la nuit. Sous sa sombre cape, elle arpentait les ruelles uldiennes pour rejoindre l'aéronef en direction de Limsa Lominsa. Elle s'effaçait et demeurait une simple passante des rues. Ce ne fut qu'à l'arrivée au Port aux Vins qu'elle s’acquit les services d'un chocobo de relais. Alors, seule dans la nuit, la dame chevauchait les sentiers battus de la jungle noscéenne, le visage voilé d'un capuchon de soie. Elle avait pour seule compagnie le chant des oiseaux nocturnes qui faisaient écho à son ressenti, un ressenti bien anxieux.
Lorsqu'elle arriva à destination, une maison de bois entourée d'un petit ruisseau l'attendait. Elle descendit de son chocobo sans prendre la peine de l'attacher, attirée par un interdit. La Dame, qui foulait le ruisseau et maculait sa robe d'eau, fit fi des environs. Pas un bruit ne provenait de cette maison, un refuge qu'elle ne connaissait que trop bien. Si elle avait été un nid par le passé, elle recelait aujourd'hui de souvenirs bien plus obscures.
Une fois en haut des escaliers, la Dame patienta quelques instants. Une voix s'échappa soudainement de la porte de bois.
"Bonsoir...Lenore."
Elle fit un pas en arrière, le coeur serré. Il lui fut tout naturel d'apposer une main sur son buste en signe de défense. Bien qu'elle entendait cette voix au moins deux fois toutes les lunes, elle n'arrivait pas réellement à y croire. Etait-ce encore une fois l'une de ses visions ? Etait-elle piégée dans cette prémonition ? Son esprit se torturait. La voix de l'homme reprit, l'air hésitant.
"Comment vas-tu...?
- Je..vais bien. Nous avons fini les travaux à l'Ordre, répondit finalement la Dame ayant repris contenance. Et toi ? Comment te sens-tu ?
- Bien... bien si tout cela avance. La lutte contre le néant n'en sera que plus amplifiée... Et justement, en parlant de cela. Tu m'avais dit qu'il me fallait me battre pour quelque chose afin de pouvoir changer certaines choses. J'ai pu y réfléchir...et je pense qu'il s'agit bien de la seule chose qui me tienne à coeur."
Lenore marqua une pause alors qu'elle écoutait la voix. Si son regard fit quelques pérégrinations, son esprit, lui, cherchait la moindre faille dans ce discours. Mais de qui pouvait-elle bien se méfier ? La question qui lui taraudait l'esprit était surtout celle qui lui embourbait l'esprit.
"Est-ce sincèrement ce que tu souhaites ? Tu as vu de quoi les démons sont capables... Tu les as vu en action de tes propres yeux.
- Je douterais des gens qui n'ont pas vu ce que j'ai vu, quant à leur volonté de combattre pour une lutte, plutôt que des gens ayant expérimenté des moments aussi marquant. Un homme lutte généralement pour une cause lorsque quelque chose lui a enlevé une partie de lui-même, s'il n'a pas été éduqué dès lors de son adolescence.
- Oui, je comprends."
La Dame ferma un instant les yeux, fataliste. Son esprit fut déchiré en deux à ce moment précis. Fallait-il qu'elle fasse confiance à cette voix malgré tout ce qu'elle avait pu enduré ? Elle avait déjà joué avec la justice et elle continuait toujours. La seule solution, oui, se trouvait avec Derek.
"Vous me faites confiance, Dame de Riverhood ?"
Lenore fit un pas vers la porte close. D'un naturel inexpliqué, elle déposa sa fine main sur cette dernière. Elle pouvait entendre des pas derrière qui reculaient, comme apeurés que la cantatrice ait fait ce geste pourtant si innocent. Inspirait-elle la peur également, à cette voix ?
"J'ai trouvé un moyen pour que tu puisses profiter de la vie.
- Que..que veux-tu dire ?
- J'ai un contact. Il pourrait t'aider à t'en sortir...si tu acceptes une chose."
Elle entendit les pas se rapprocher. Sans qu'elle ne se rendit compte, sa tête se releva, comme si elle parlait à une personne bien plus grande qu'elle. Ses mains se serrèrent. Ainsi, elle murmura un secret inaudible par le chant des oiseaux nocturnes, l'air chaud de la forêt empêchant quiconque de les écouter. Quelques secondes plus tard, la voix se tut, prétendant réfléchir. Pour Lenore, c'était la seule solution. Il fallait qu'elle mette un terme à cette histoire et qu'elle agisse pour le bien de ses hommes. Pour elle, ils représentaient tout. Finalement, la voix se manifestait de nouveau.
"...Et toi, tu le souhaites ?
- J'aurais aimé ne jamais connaître cela, fit Lenore d'une voix grave, ses pupilles divaguant en coin.
- Alors je le ferais. Mais si cela venait à déraper... Tu n'as à emporter aucune responsabilité, Lenore. Je tomberai seul."
La jeune dame redressa son regard sur la porte.
'Tu me fais confiance ?
- Je ne peux faire confiance qu'à toi dans ce monde, Lenore."
Un instant de flottement monopolisa la discussion, mais ce qui fut le plus surprenant, c'est la main de Lenore qui toucha la poignée de porte. Ses yeux transpiraient à la fois la peur, la curiosité et un besoin de savoir.
"...Puis-je entrer ?"
Elle entendit deux pas reculer, comme stupéfait d'une telle question. C'était compréhensible, après tout, cela faisait des semaines qu'ils se parlaient ; mais jamais ils ne s'étaient vus. La voix de l'homme se fit plus hésitante, bloquée par une gorge nouée. Avait-elle bien dit ce qu'il pensait être ?
"J'ai besoin de savoir...si ce n'est pas un rêve."
Telle une réponse à sa demande, la dame entendit à nouveau quelques pas s'éloigner de la porte. Bien qu'il l'invitait à entrer, son manque de réactivité laissait présager une certaine honte chez l'homme. Lenore actionna le cliquetis de fortune de la porte et s'engouffra petit à petit dans la bâtisse fait de bois. Elle s'arrêta soudainement, les yeux écarquillés à la vue de cette silhouette d'homme si sombre.
...Ce qu'elle vit lui confirma qu'elle n'était pas folle.
Lorsqu'elle arriva à destination, une maison de bois entourée d'un petit ruisseau l'attendait. Elle descendit de son chocobo sans prendre la peine de l'attacher, attirée par un interdit. La Dame, qui foulait le ruisseau et maculait sa robe d'eau, fit fi des environs. Pas un bruit ne provenait de cette maison, un refuge qu'elle ne connaissait que trop bien. Si elle avait été un nid par le passé, elle recelait aujourd'hui de souvenirs bien plus obscures.
Une fois en haut des escaliers, la Dame patienta quelques instants. Une voix s'échappa soudainement de la porte de bois.
"Bonsoir...Lenore."
Elle fit un pas en arrière, le coeur serré. Il lui fut tout naturel d'apposer une main sur son buste en signe de défense. Bien qu'elle entendait cette voix au moins deux fois toutes les lunes, elle n'arrivait pas réellement à y croire. Etait-ce encore une fois l'une de ses visions ? Etait-elle piégée dans cette prémonition ? Son esprit se torturait. La voix de l'homme reprit, l'air hésitant.
"Comment vas-tu...?
- Je..vais bien. Nous avons fini les travaux à l'Ordre, répondit finalement la Dame ayant repris contenance. Et toi ? Comment te sens-tu ?
- Bien... bien si tout cela avance. La lutte contre le néant n'en sera que plus amplifiée... Et justement, en parlant de cela. Tu m'avais dit qu'il me fallait me battre pour quelque chose afin de pouvoir changer certaines choses. J'ai pu y réfléchir...et je pense qu'il s'agit bien de la seule chose qui me tienne à coeur."
Lenore marqua une pause alors qu'elle écoutait la voix. Si son regard fit quelques pérégrinations, son esprit, lui, cherchait la moindre faille dans ce discours. Mais de qui pouvait-elle bien se méfier ? La question qui lui taraudait l'esprit était surtout celle qui lui embourbait l'esprit.
"Est-ce sincèrement ce que tu souhaites ? Tu as vu de quoi les démons sont capables... Tu les as vu en action de tes propres yeux.
- Je douterais des gens qui n'ont pas vu ce que j'ai vu, quant à leur volonté de combattre pour une lutte, plutôt que des gens ayant expérimenté des moments aussi marquant. Un homme lutte généralement pour une cause lorsque quelque chose lui a enlevé une partie de lui-même, s'il n'a pas été éduqué dès lors de son adolescence.
- Oui, je comprends."
La Dame ferma un instant les yeux, fataliste. Son esprit fut déchiré en deux à ce moment précis. Fallait-il qu'elle fasse confiance à cette voix malgré tout ce qu'elle avait pu enduré ? Elle avait déjà joué avec la justice et elle continuait toujours. La seule solution, oui, se trouvait avec Derek.
"Vous me faites confiance, Dame de Riverhood ?"
Lenore fit un pas vers la porte close. D'un naturel inexpliqué, elle déposa sa fine main sur cette dernière. Elle pouvait entendre des pas derrière qui reculaient, comme apeurés que la cantatrice ait fait ce geste pourtant si innocent. Inspirait-elle la peur également, à cette voix ?
"J'ai trouvé un moyen pour que tu puisses profiter de la vie.
- Que..que veux-tu dire ?
- J'ai un contact. Il pourrait t'aider à t'en sortir...si tu acceptes une chose."
Elle entendit les pas se rapprocher. Sans qu'elle ne se rendit compte, sa tête se releva, comme si elle parlait à une personne bien plus grande qu'elle. Ses mains se serrèrent. Ainsi, elle murmura un secret inaudible par le chant des oiseaux nocturnes, l'air chaud de la forêt empêchant quiconque de les écouter. Quelques secondes plus tard, la voix se tut, prétendant réfléchir. Pour Lenore, c'était la seule solution. Il fallait qu'elle mette un terme à cette histoire et qu'elle agisse pour le bien de ses hommes. Pour elle, ils représentaient tout. Finalement, la voix se manifestait de nouveau.
"...Et toi, tu le souhaites ?
- J'aurais aimé ne jamais connaître cela, fit Lenore d'une voix grave, ses pupilles divaguant en coin.
- Alors je le ferais. Mais si cela venait à déraper... Tu n'as à emporter aucune responsabilité, Lenore. Je tomberai seul."
La jeune dame redressa son regard sur la porte.
'Tu me fais confiance ?
- Je ne peux faire confiance qu'à toi dans ce monde, Lenore."
Un instant de flottement monopolisa la discussion, mais ce qui fut le plus surprenant, c'est la main de Lenore qui toucha la poignée de porte. Ses yeux transpiraient à la fois la peur, la curiosité et un besoin de savoir.
"...Puis-je entrer ?"
Elle entendit deux pas reculer, comme stupéfait d'une telle question. C'était compréhensible, après tout, cela faisait des semaines qu'ils se parlaient ; mais jamais ils ne s'étaient vus. La voix de l'homme se fit plus hésitante, bloquée par une gorge nouée. Avait-elle bien dit ce qu'il pensait être ?
"J'ai besoin de savoir...si ce n'est pas un rêve."
Telle une réponse à sa demande, la dame entendit à nouveau quelques pas s'éloigner de la porte. Bien qu'il l'invitait à entrer, son manque de réactivité laissait présager une certaine honte chez l'homme. Lenore actionna le cliquetis de fortune de la porte et s'engouffra petit à petit dans la bâtisse fait de bois. Elle s'arrêta soudainement, les yeux écarquillés à la vue de cette silhouette d'homme si sombre.
...Ce qu'elle vit lui confirma qu'elle n'était pas folle.
Lyssie
Il y a 10 mois et 1 semaine
Elle ferma la porte et s'adossa contre elle, les mains apposées sur le bois laqué. Le regard clos, elle garda contenance. Qu'attendaient-ils pour l'achever ? Entre l'Aigle d'Ul'dah et le Masque, la dame se devait de jouer sur un plateau bien plus grand. Toutefois, elle ne chutera pas. Pas une seconde fois. Elle se devait de garder la face et rester de marbre. S'ils mettaient son équilibre en péril, qu'adviendrait-il de ses hommes, ceux qu'elle protégeait coûte que coûte ? Elle avait déjà bravé certaines épreuves et en voilà que d'autres pointaient le bout de leur nez.
D'un silence pieux, Lenore s'avança jusqu'à sa table de chevet d'où elle y déposa son éventail, fermé. Elle aurait pu l'utiliser, ce soir-là. Dès qu'elle avait vu sa silhouette, elle aurait pu sortir les lames retranchées dans ses armatures de fer pour mettre fin à un quelconque cercle vicieux. Elle ne put le faire, cependant. Outre le fait qu'il avait pu être une preuve qu'elle n'était pas folle, il avait demandé le pardon. Quitte à sacrifier sa si bien-aimée fortune, il avait demandé son pardon. Rien que cette pensée lui arracha une expression de souffrance, sa tête la tiraillait. Elle prit le temps de s'asseoir sur le bord de son lit en baldaquin, une main portée à son front. Elle n'était pas folle... Elle ne l'avait jamais été et il en était la preuve en chair et en os. Il n'était pas mort... Judal ne l'était pas. Est-ce que cela prouvait que son don était réel ? Qu'il n'était pas le fruit de son imagination ? Malgré toutes les preuves accablantes durant toutes ses années à vivre et revivre des catastrophes dans ses prémonitions, celle-ci l'avait particulièrement marquée. Elle en était presque heureuse...presque.
"Vous me demandez sincèrement de...
- Je vous demande de me suivre dans cette partie, monsieur Lawyer."
Garder contenance, ne pas flancher. Qu'importe ce qu'avait pu penser son trésorier à ce moment-là, elle savait qu'elle jouait à un jeu dangereux. Elle ne le faisait pas pour elle, oh bien sûr que non. Elle le faisait pour ses hommes, pour ceux à qui elle pourrait donner sa vie sans hésiter un seul instant. SI elle jouait, c'était simplement pour leur assurer une certaine sécurité...quitte à y risquer gros. Pouvait-il sincèrement comprendre ce qu'elle ressentait ? "Vous le faites pour le bien commun", avait-il dit. Il n'avait pas tort, mais que cela ne tienne, impossible n'était pas Lawyer. Grand, imposant, il savait intimider, surprendre et écraser ses adversaires, ou n'importe qui même. Il était un adversaire de taille pour ses ennemis ; un garde-fou pour ses alliés. Qu'importe, la dame déplorait tout de même ses méthodes.
L'Ordre devenait de plus en plus animer au fil des jours. Si de nouvelles têtes se présentaient en l'interne, d'autres y passaient pour un simple bonjour. Ainsi, elle puisa dans ce simple fait pour lui étirer un sourire sur les lèvres. Les deux nouvelles femmes aux grandes oreilles s'acharnaient sur leur découverte de ce tout nouveau monde s'offrant à elle et quelques membres de l’Écrin s'entendaient à merveille avec ses hommes. Seul un point la chiffonnait ; cette histoire aussi futile que le scandale de l'Oeil du Mithril. S'il venait bien de quelqu'un, elle n'eut aucun doute qu'il provenait de la top-model, Khara Mhasi. Pour d'obscures raisons, la miqo'te lui en voulait et s'acharnait sur elle sur tous les tableaux. Mais elle ne flanchait pas. Elle ne le devait surtout pas. Si la jeune miqo'te se plaisait dans ces enfantillages, Lenore jouait dans la cour des grands, là où le moindre faux pas pouvait coûter gros. Kin'a pouvait en témoigner. Le pauvre allait continuer à vivre avec une douleur fantôme tout au long de sa vie. La lutte contre le néant avertit de ce genre de risque, mais elle regrettait de voir un si jeune miqo'te avec une jambe amputée. Même recollée, cela ne lui ferait plus jamais la même sensation.
La dame se redressa et s'approcha de la cheminée, les mains jointes sur le bas de son ventre. Que de mouvements ces derniers temps. Le vent était si fort qu'elle n'entendait presque plus l'appel de sa passion. Malgré les bourrasques, elle devait continuer à aller de l'avant, sans jamais fléchir. Rester de glace et se concentrer sur l'avenir. Rester de glace et maintenir l'équilibre.
Rester de glace pour que le verre ne se brise pas.
D'un silence pieux, Lenore s'avança jusqu'à sa table de chevet d'où elle y déposa son éventail, fermé. Elle aurait pu l'utiliser, ce soir-là. Dès qu'elle avait vu sa silhouette, elle aurait pu sortir les lames retranchées dans ses armatures de fer pour mettre fin à un quelconque cercle vicieux. Elle ne put le faire, cependant. Outre le fait qu'il avait pu être une preuve qu'elle n'était pas folle, il avait demandé le pardon. Quitte à sacrifier sa si bien-aimée fortune, il avait demandé son pardon. Rien que cette pensée lui arracha une expression de souffrance, sa tête la tiraillait. Elle prit le temps de s'asseoir sur le bord de son lit en baldaquin, une main portée à son front. Elle n'était pas folle... Elle ne l'avait jamais été et il en était la preuve en chair et en os. Il n'était pas mort... Judal ne l'était pas. Est-ce que cela prouvait que son don était réel ? Qu'il n'était pas le fruit de son imagination ? Malgré toutes les preuves accablantes durant toutes ses années à vivre et revivre des catastrophes dans ses prémonitions, celle-ci l'avait particulièrement marquée. Elle en était presque heureuse...presque.
"Vous me demandez sincèrement de...
- Je vous demande de me suivre dans cette partie, monsieur Lawyer."
Garder contenance, ne pas flancher. Qu'importe ce qu'avait pu penser son trésorier à ce moment-là, elle savait qu'elle jouait à un jeu dangereux. Elle ne le faisait pas pour elle, oh bien sûr que non. Elle le faisait pour ses hommes, pour ceux à qui elle pourrait donner sa vie sans hésiter un seul instant. SI elle jouait, c'était simplement pour leur assurer une certaine sécurité...quitte à y risquer gros. Pouvait-il sincèrement comprendre ce qu'elle ressentait ? "Vous le faites pour le bien commun", avait-il dit. Il n'avait pas tort, mais que cela ne tienne, impossible n'était pas Lawyer. Grand, imposant, il savait intimider, surprendre et écraser ses adversaires, ou n'importe qui même. Il était un adversaire de taille pour ses ennemis ; un garde-fou pour ses alliés. Qu'importe, la dame déplorait tout de même ses méthodes.
L'Ordre devenait de plus en plus animer au fil des jours. Si de nouvelles têtes se présentaient en l'interne, d'autres y passaient pour un simple bonjour. Ainsi, elle puisa dans ce simple fait pour lui étirer un sourire sur les lèvres. Les deux nouvelles femmes aux grandes oreilles s'acharnaient sur leur découverte de ce tout nouveau monde s'offrant à elle et quelques membres de l’Écrin s'entendaient à merveille avec ses hommes. Seul un point la chiffonnait ; cette histoire aussi futile que le scandale de l'Oeil du Mithril. S'il venait bien de quelqu'un, elle n'eut aucun doute qu'il provenait de la top-model, Khara Mhasi. Pour d'obscures raisons, la miqo'te lui en voulait et s'acharnait sur elle sur tous les tableaux. Mais elle ne flanchait pas. Elle ne le devait surtout pas. Si la jeune miqo'te se plaisait dans ces enfantillages, Lenore jouait dans la cour des grands, là où le moindre faux pas pouvait coûter gros. Kin'a pouvait en témoigner. Le pauvre allait continuer à vivre avec une douleur fantôme tout au long de sa vie. La lutte contre le néant avertit de ce genre de risque, mais elle regrettait de voir un si jeune miqo'te avec une jambe amputée. Même recollée, cela ne lui ferait plus jamais la même sensation.
La dame se redressa et s'approcha de la cheminée, les mains jointes sur le bas de son ventre. Que de mouvements ces derniers temps. Le vent était si fort qu'elle n'entendait presque plus l'appel de sa passion. Malgré les bourrasques, elle devait continuer à aller de l'avant, sans jamais fléchir. Rester de glace et se concentrer sur l'avenir. Rester de glace et maintenir l'équilibre.
Rester de glace pour que le verre ne se brise pas.
Lyssie
Il y a 10 mois et 1 semaine
Le Grand Hall affluait de convives venus au gala, ce soir-là. Nichée en hauteur, mains jointes sur le bas de son ventre, la Dame les observait s'agglutiner autour du comptoir d'où Evelyn et Philibert se plaisaient à les orienter vers la scène. Elle avait même un œil sur Vaillant qui slalomait entre les invités, les coupelles de champagne sur son plateau d'argent. Dorian jouait au piano et instaurait ce cadre mondain, les dames formaient un bouquet de fleurs multicolores avec leurs somptueuses robes et les hommes s'étaient armés de leur plus beau costume. Oui, elle se sentait presque à la maison ainsi. Seule la place manquait.
"Bran chériiiiiiiiii !"
Comment ne pas distinguer la voix emplie d'hypocrisie de la top-model venue, comme tout le monde s'y attendait, à ce gala ? Sous le regard avisé et le sourire énigmatique de la Dame, Khara saluait les gérants du Kenkyo avec autant d'affection qu'elle lui portait. A la simple mention des Riverhood, la miqo'te affichait d'ores et déjà son dégoût, ce qui n'était pas pour déplaire la directrice. Cette réception était une bénédiction pour connaître ses admirateurs, ses amis et ses ennemis. Après tout, toute son éducation se basait sur l'analyse et la prestance.
"Lève le menton, garde le dos droit et souris."
"Ma Dame, quelqu'un souhaiterait vous voir.
- De qui s'agit-il ?
- Monsieur Eylion Grenn."
On l'avait demandée à plusieurs reprises. Cette soirée était signe d'un bon nombre de collaborateurs en plus, un bonheur pour les affaires de l'académie. Elle entendait d'ores et déjà Derek se vanter de son travail ; un travail qu'il n'aura pas fait seul. Elle savait que cela serait un énorme travail que de le lui faire avouer ce fait. Lenore ferma les yeux quelques instants avant de répondre à Ihna.
"Dites-lui que je le verrais après la soirée.
- Bien, ma Dame."
Et la miqo'te fila jusqu'au docteur de l'occulte en prenant le soin de relever le jupon de sa robe. En si peu de temps, elle faisait partie de l'une des meilleurs de ses hommes. Volontaire, sérieuse et talentueuse, Ihna était l'une de ces perles rares dans ce monde. Elle ne la remercierait jamais assez, de même pour Ecthesias. Depuis l'affaire du Mariage Profané, jamais elle ne s'était sentie aussi frêle. Le procès l'avait démontré, elle était encore et toujours souillée par les agissements de Judal. Et pourtant, en parlant avec son amie harpiste, Shinme, elle avait compris une chose : jamais personne ne le comprendrait si elle ne s'ouvrait pas. Depuis toujours, la Dame avait été digne d'une ishgardaise. Elle ne laissait jamais ses émotions prendre le dessus, elle mesurait et modulait toujours sa voix et ses expression étaient si calculées qu'il était très dur de savoir ce qu'elle pensait. Ce fut notamment pour cela qu'elle avait mis à mal le pauvre Dorian et qu'il l'avait demandé sa main en tant que cavalière pour la soirée.
Les émotions. Elle allait devoir faire un travail là dessus pour reconquérir la confiance des siens. Baisser à nouveau ses gardes...mais pour une juste cause, cette fois-ci. Lorsque la mélodie s'estompa, Lenore revint à elle-même, chassant ses pensées. Si elle allait devoir rattraper sa faute, elle devait tout d'abord se concentrer sur ses invités. La Dame redressa le menton et descendit les marches jusqu'à la scène. Elle salua d'un sourire les convives. Cette soirée était pour eux, mais surtout, pour les victimes des créatures des abysses. Un moyen de se relever, bien plus forte.
"Bran chériiiiiiiiii !"
Comment ne pas distinguer la voix emplie d'hypocrisie de la top-model venue, comme tout le monde s'y attendait, à ce gala ? Sous le regard avisé et le sourire énigmatique de la Dame, Khara saluait les gérants du Kenkyo avec autant d'affection qu'elle lui portait. A la simple mention des Riverhood, la miqo'te affichait d'ores et déjà son dégoût, ce qui n'était pas pour déplaire la directrice. Cette réception était une bénédiction pour connaître ses admirateurs, ses amis et ses ennemis. Après tout, toute son éducation se basait sur l'analyse et la prestance.
"Lève le menton, garde le dos droit et souris."
"Ma Dame, quelqu'un souhaiterait vous voir.
- De qui s'agit-il ?
- Monsieur Eylion Grenn."
On l'avait demandée à plusieurs reprises. Cette soirée était signe d'un bon nombre de collaborateurs en plus, un bonheur pour les affaires de l'académie. Elle entendait d'ores et déjà Derek se vanter de son travail ; un travail qu'il n'aura pas fait seul. Elle savait que cela serait un énorme travail que de le lui faire avouer ce fait. Lenore ferma les yeux quelques instants avant de répondre à Ihna.
"Dites-lui que je le verrais après la soirée.
- Bien, ma Dame."
Et la miqo'te fila jusqu'au docteur de l'occulte en prenant le soin de relever le jupon de sa robe. En si peu de temps, elle faisait partie de l'une des meilleurs de ses hommes. Volontaire, sérieuse et talentueuse, Ihna était l'une de ces perles rares dans ce monde. Elle ne la remercierait jamais assez, de même pour Ecthesias. Depuis l'affaire du Mariage Profané, jamais elle ne s'était sentie aussi frêle. Le procès l'avait démontré, elle était encore et toujours souillée par les agissements de Judal. Et pourtant, en parlant avec son amie harpiste, Shinme, elle avait compris une chose : jamais personne ne le comprendrait si elle ne s'ouvrait pas. Depuis toujours, la Dame avait été digne d'une ishgardaise. Elle ne laissait jamais ses émotions prendre le dessus, elle mesurait et modulait toujours sa voix et ses expression étaient si calculées qu'il était très dur de savoir ce qu'elle pensait. Ce fut notamment pour cela qu'elle avait mis à mal le pauvre Dorian et qu'il l'avait demandé sa main en tant que cavalière pour la soirée.
Les émotions. Elle allait devoir faire un travail là dessus pour reconquérir la confiance des siens. Baisser à nouveau ses gardes...mais pour une juste cause, cette fois-ci. Lorsque la mélodie s'estompa, Lenore revint à elle-même, chassant ses pensées. Si elle allait devoir rattraper sa faute, elle devait tout d'abord se concentrer sur ses invités. La Dame redressa le menton et descendit les marches jusqu'à la scène. Elle salua d'un sourire les convives. Cette soirée était pour eux, mais surtout, pour les victimes des créatures des abysses. Un moyen de se relever, bien plus forte.
Lyssie
Il y a 10 mois et 1 semaine
C'était la soirée à ne pas rater. Les lanternes gridaniennes parsemaient le ciel en accord avec les étoiles, l'auditoire s'agrandissait au fur et à mesure que la soirée avançait et les journalistes restaient tapis dans l'ombre, à l'affût du moindre écart des chanteuses. Chansons après chansons, rien n'épuisait la cantatrice ishgardaise. Sa partenaire avait beau être plus énergique qu'elle, impossible n'était pas Lady Lenore pour en faire autant lorsqu'il s'agissait de musique. Sous le feu des projecteurs, elle chantait. Sous le regard d'un public attentif, elle se donnait corps et âme à sa passion qu'elle pouvait enfin partager avec la diva capricieuse. Sous le voile astral de cette nuit de fin d'été, elle sentait sa voix fusionner avec une autre.
"Merci beaucoup pour ce duo avec vous, Lady Lenore.
- Il n'y a jamais eu de soirée aussi inoubliable."
Ce concert avait été une réussite et elle l'avait toujours su. Répétitions après répétitions, rendez-vous après rendez-vous, elles avaient pu marquer l'histoire de la musique. Chanter à deux sur scène, c'était ce qu'elles s'étaient dit depuis ce soir-là au Relais. Chanter et fusionner pour ne devenir qu'une seule et même voix. Une première pour la lady qui n'avait connu que le centre de la scène. Jamais elle n'avait pu expérimenter un partage de scène.
Et elle s'était amusée. Pour la première fois depuis l'affaire du Mariage Profané, elle avait su se distraire comme jamais elle ne l'avait fait auparavant. Sa voix avait beau posséder cette magie, cette petite chose qui apaisait chacun et chacune qui l'écoutait, jamais cela n'avait fonctionné sur elle. Était-elle immunisée ? Avait-elle été conditionnée trop sévèrement à ce que cela n'atteigne que le public ? Jamais elle ne le saura. Mais Judal, lui, savait très bien. Accoudé sur les rampes boisées de l'amphithéâtre, il avait cessé de se dissimuler parmi la foule pour écouter plus particulièrement le chant de Lenore. Médusé par sa voix, il en avait oublié qu'il discutait avec Vhayi. Le regard que portait le mighois à l'ishgardaise ne pourrait tromper personne. Était-il sous l'influence de sa voix ? Ou était-ce les sentiments qu'il avait développé envers la cantatrice ? Qu'importe. Voir la femme qui lui avait offert une seconde chance pour se remettre dans la vie s'amuser sur scène en bonne compagnie lui provoquait cette chaleur dans son cœur. Une chaleur qu'il n'arrivait pas à décrire.
Les ouvriers avaient enfin fini d'aménager le bureau personnel du trésorier de l'Ordre et elle n'attendit pas une seconde de plus devant pour fouler son sol. Typiquement uldien, le rouge dominait sur le bois. De nombreux livres étaient rangés dans les grandes étagères et le bureau débordait de documents et dossiers encore chaud. Elle ne s'attarda pas sur le blondinet qui savourait un bon whisky sur son fauteuil et observa avec attention les documents éparpillés ci et là. Rien à redire, il faisait parfaitement son travail. A vrai dire, elle ne s'attendait pas autant d'un uldien...quoi que s'il s'agissait d'argent, elle n'était pas si étonnée.
"Bonsoir à vous, dame de Riverhood.
- Bonsoir, Lawyer. Je vois que vous avancez bien sur les tâches que je vous demande.
- Je fais simplement mon travail. Allez-vous me surveiller à chaque fois...?
La directrice étira un fin sourire qui fit écho à celui de Derek. Elle répondit après un temps.
"Je ne fais que me renseigner sur votre travail. Savoir jusqu'à quel point je peux vous faire confiance.
- Ma foi, je pensais bien l'avoir démontré lors du pro...
- Je pars en tournée, Derek."
Cela avait eu la chance de décrocher un étonnement sur le visage si arrogant du hyurois.
"J'imagine que le concert a été plus que concluant.
- Et comment. A vrai dire, il n'a été qu'un début. Et j'ai besoin que vous vous occupiez de la compagnie en mon absence."
Il en fallut peu pour élargir le sourire de l'Aigle d'Ul'dah. Le regard de sa supérieure en disait long ; elle faisait de lui son second d'un temps. Cela pouvait être un essai ; après tout, elle n'avait pas encore trouvé de véritable second. Bien qu'il l'exaspérait, il avait l'étoffe pour maintenir sa compagnie. Elle lui faisait déjà confiance, elle voulait simplement le voir sur une plus longue durée.
Satisfaite, Lenore le laissa à son verre et tourna les talons vers la porte. Elle avait passé une soirée mémorable aux côtés d'une amie et sa carrière allait décoller encore plus haut. Rien ne pouvait lui enlever ce sourire de ses lèvres, rien...
"Cependant, n'oubliez pas. Une personne qui trompe son conjoint finit toujours par le refaire. Il n'échappe pas à la règle."
"Merci beaucoup pour ce duo avec vous, Lady Lenore.
- Il n'y a jamais eu de soirée aussi inoubliable."
Ce concert avait été une réussite et elle l'avait toujours su. Répétitions après répétitions, rendez-vous après rendez-vous, elles avaient pu marquer l'histoire de la musique. Chanter à deux sur scène, c'était ce qu'elles s'étaient dit depuis ce soir-là au Relais. Chanter et fusionner pour ne devenir qu'une seule et même voix. Une première pour la lady qui n'avait connu que le centre de la scène. Jamais elle n'avait pu expérimenter un partage de scène.
Et elle s'était amusée. Pour la première fois depuis l'affaire du Mariage Profané, elle avait su se distraire comme jamais elle ne l'avait fait auparavant. Sa voix avait beau posséder cette magie, cette petite chose qui apaisait chacun et chacune qui l'écoutait, jamais cela n'avait fonctionné sur elle. Était-elle immunisée ? Avait-elle été conditionnée trop sévèrement à ce que cela n'atteigne que le public ? Jamais elle ne le saura. Mais Judal, lui, savait très bien. Accoudé sur les rampes boisées de l'amphithéâtre, il avait cessé de se dissimuler parmi la foule pour écouter plus particulièrement le chant de Lenore. Médusé par sa voix, il en avait oublié qu'il discutait avec Vhayi. Le regard que portait le mighois à l'ishgardaise ne pourrait tromper personne. Était-il sous l'influence de sa voix ? Ou était-ce les sentiments qu'il avait développé envers la cantatrice ? Qu'importe. Voir la femme qui lui avait offert une seconde chance pour se remettre dans la vie s'amuser sur scène en bonne compagnie lui provoquait cette chaleur dans son cœur. Une chaleur qu'il n'arrivait pas à décrire.
Les ouvriers avaient enfin fini d'aménager le bureau personnel du trésorier de l'Ordre et elle n'attendit pas une seconde de plus devant pour fouler son sol. Typiquement uldien, le rouge dominait sur le bois. De nombreux livres étaient rangés dans les grandes étagères et le bureau débordait de documents et dossiers encore chaud. Elle ne s'attarda pas sur le blondinet qui savourait un bon whisky sur son fauteuil et observa avec attention les documents éparpillés ci et là. Rien à redire, il faisait parfaitement son travail. A vrai dire, elle ne s'attendait pas autant d'un uldien...quoi que s'il s'agissait d'argent, elle n'était pas si étonnée.
"Bonsoir à vous, dame de Riverhood.
- Bonsoir, Lawyer. Je vois que vous avancez bien sur les tâches que je vous demande.
- Je fais simplement mon travail. Allez-vous me surveiller à chaque fois...?
La directrice étira un fin sourire qui fit écho à celui de Derek. Elle répondit après un temps.
"Je ne fais que me renseigner sur votre travail. Savoir jusqu'à quel point je peux vous faire confiance.
- Ma foi, je pensais bien l'avoir démontré lors du pro...
- Je pars en tournée, Derek."
Cela avait eu la chance de décrocher un étonnement sur le visage si arrogant du hyurois.
"J'imagine que le concert a été plus que concluant.
- Et comment. A vrai dire, il n'a été qu'un début. Et j'ai besoin que vous vous occupiez de la compagnie en mon absence."
Il en fallut peu pour élargir le sourire de l'Aigle d'Ul'dah. Le regard de sa supérieure en disait long ; elle faisait de lui son second d'un temps. Cela pouvait être un essai ; après tout, elle n'avait pas encore trouvé de véritable second. Bien qu'il l'exaspérait, il avait l'étoffe pour maintenir sa compagnie. Elle lui faisait déjà confiance, elle voulait simplement le voir sur une plus longue durée.
Satisfaite, Lenore le laissa à son verre et tourna les talons vers la porte. Elle avait passé une soirée mémorable aux côtés d'une amie et sa carrière allait décoller encore plus haut. Rien ne pouvait lui enlever ce sourire de ses lèvres, rien...
"Cependant, n'oubliez pas. Une personne qui trompe son conjoint finit toujours par le refaire. Il n'échappe pas à la règle."
Ne pouvait-elle pas savourer sa soirée en paix ?
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Lyssie
Il y a 10 mois et 1 semaine
Encore un récital de réussi. De haut du balcon de sa loge noscéenne, Lenore observait en contrebas son auditoire converser au sujet du concert qu'elle venait de donner. Leurs sourires épatés et leurs grands yeux brillant ne laissaient place à nul doute, elle s'était encore surpassée. Toutefois, malgré les ovations de la foule, un tourment voilait les commissures de ses lèvres. Là, à nouveau, elle ressentait ce même sentiment qui lui rongeait le cœur, tel un succès amer. Le bruit fracassant de la porte qui s'ouvrit soudainement ne lui laissa guère le temps de penser.
"Dame de Riverhood, ce fut une merveille ! Que dis-je, un récital mémorable, extraordinaire !"
C'était Drake, son imprésario. Toujours aussi jouasse. La Dame fit face à ce dernier et s'avança jusqu'à sa coiffeuse, les mains jointes sur le bas du ventre.
"Drake, vous dites exactement la même chose à chaque fin de concert, ironisait la chanteuse qui s'attelait à ranger son sac à main.
- Ma foi, votre public noscéen ne vous a pas oublié et vous apprécie toujours autant ! Et ça, ça fait de bonnes affaires !"
Lenore cessa toute activité, le regard plongé dans le miroir.
"Prochaine destination, Kugane ! Je vais devoir encore une fois me battre pour me faire comprendre, mais je n'accepterai pas une scène aussi ridicule que la dernière fois. Croyez-moi, cela..."
Elle ne l'entendit plus, bloquée à fixer son propre reflet. Émue, la hyuroise présentait un faible sourire, emprunt à une mélancolie passagère. Malgré les temps durs, Drake venait de lui confirmer qu'elle n'avait pas tant changé que cela. Quand bien même elle était souillée par le vice de Judal, il y a bien une chose qu'il n'avait pas réussi à profaner ; sa passion pour la musique et le chant. Sa voix était restée intacte, belle et apaisante. Toutes les personnes qui jubilaient après ces concerts n'avaient jamais été déçue d'elle...et cela lui fit un bien fou de le savoir.
Dans tout le monde, ce fut Derek qui avait été le premier à lui montrer les mauvaises décisions qu'elle enchaînait. Instable et perturbée, il l'avait confrontée sans en avoir peur. La porte se ferma dans un bruit tout aussi fort, sortant la dame de ses songes. Elle était seule.
Être celle que j'ai toujours été...
Elle soupira longuement, cherchant le vide dans son esprit. Scarlet avait raison, il ne fallait pas qu'elle cherche à redevenir ce qu'elle était auparavant. Il ne fallait plus qu'elle se retrouve, qu'elle montre ce qu'elle avait toujours été. Qu'elle soit elle-même avec les erreurs du passé. La demoiselle n'était plus une jeune fille, mais une femme dans un monde cruel où les conséquences avaient de lourdes répercutions.
"Dame de Riverhood, êtes-vous prête ? Les journalistes vous attendent !"
Demain était un autre jour. Les journalistes essayaient de dépeindre un mauvais portrait d'elle ? Elle leur montrerait ce qu'il en coûte de se mesurer à une Riverhood. Le regard avisé, le sourire délicat, elle quitta sa loge le pas léger.
"Dame de Riverhood, ce fut une merveille ! Que dis-je, un récital mémorable, extraordinaire !"
C'était Drake, son imprésario. Toujours aussi jouasse. La Dame fit face à ce dernier et s'avança jusqu'à sa coiffeuse, les mains jointes sur le bas du ventre.
"Drake, vous dites exactement la même chose à chaque fin de concert, ironisait la chanteuse qui s'attelait à ranger son sac à main.
- Ma foi, votre public noscéen ne vous a pas oublié et vous apprécie toujours autant ! Et ça, ça fait de bonnes affaires !"
Lenore cessa toute activité, le regard plongé dans le miroir.
"Prochaine destination, Kugane ! Je vais devoir encore une fois me battre pour me faire comprendre, mais je n'accepterai pas une scène aussi ridicule que la dernière fois. Croyez-moi, cela..."
Elle ne l'entendit plus, bloquée à fixer son propre reflet. Émue, la hyuroise présentait un faible sourire, emprunt à une mélancolie passagère. Malgré les temps durs, Drake venait de lui confirmer qu'elle n'avait pas tant changé que cela. Quand bien même elle était souillée par le vice de Judal, il y a bien une chose qu'il n'avait pas réussi à profaner ; sa passion pour la musique et le chant. Sa voix était restée intacte, belle et apaisante. Toutes les personnes qui jubilaient après ces concerts n'avaient jamais été déçue d'elle...et cela lui fit un bien fou de le savoir.
Dans tout le monde, ce fut Derek qui avait été le premier à lui montrer les mauvaises décisions qu'elle enchaînait. Instable et perturbée, il l'avait confrontée sans en avoir peur. La porte se ferma dans un bruit tout aussi fort, sortant la dame de ses songes. Elle était seule.
Être celle que j'ai toujours été...
Elle soupira longuement, cherchant le vide dans son esprit. Scarlet avait raison, il ne fallait pas qu'elle cherche à redevenir ce qu'elle était auparavant. Il ne fallait plus qu'elle se retrouve, qu'elle montre ce qu'elle avait toujours été. Qu'elle soit elle-même avec les erreurs du passé. La demoiselle n'était plus une jeune fille, mais une femme dans un monde cruel où les conséquences avaient de lourdes répercutions.
"Dame de Riverhood, êtes-vous prête ? Les journalistes vous attendent !"
Demain était un autre jour. Les journalistes essayaient de dépeindre un mauvais portrait d'elle ? Elle leur montrerait ce qu'il en coûte de se mesurer à une Riverhood. Le regard avisé, le sourire délicat, elle quitta sa loge le pas léger.
Lyssie
Il y a 10 mois et 1 semaine
Les lanternes parsemaient sa chambre d'une lumière chatoyante et chaleureuse. Assise en seiza face à sa coiffeuse, vêtue d'un haori léger et les cheveux attachés, il n'y avait ni fard, ni maquillage, seulement une femme occupée à apprécier le calme le temps d'une soirée. Récitals après récitals, elle voyait un long mois arrivé. Le cadre kuganien, calme et paisible, lui était agréable et surtout bien différent de sa vie ishgardaise.
Ici, elle pouvait être Lady Lenore à son plein potentiel. Avec le soutien et l'aide de Derek, elle savait que sa compagnie ne tomberait pas de sitôt. Vivre par le chant, cela lui avait manqué. Marqué d'un sourire sur les commissures de ses lèvres, la cantatrice souffla un rire avant d'ouvrir un tiroir, vivement interrompue du moins par une voix familière à sa porte.
"Dame de Riverhood ? J'ai une missive pour vous.
- Entrez donc."
Lorsque la porte s'ouvrit, Lenore s'y trouvait déjà, son haori fermé par une pudeur naturelle. C'était Drake, vêtu lui aussi d'une tenue locale. Il avait même fait de sa moustache un style bien propre au pays ! Sans plus tarder, il lui remit la lettre avant de disparaître aussi vite qu'il était apparu, sûrement pour vaquer à la promotion de sa diva. Lenore referma la porte et s'approcha de la grande fenêtre au style hingashien qui menait aux jardins de l'auberge.
Comme prévu, il n'y avait pas à s'inquiéter. Si en quelques lignes Derek lui expliquait qu'il menait à bien la compagnie, en plus de prendre de bonnes décisions, Lenore se plaisait à lire qu'il faisait de son mieux pour paraître plus doux et attentionné envers ses hommes. Leur dernière dispute n'était pas une si mauvaise chose que cela. Malgré la violence et le malaise que cela avait pu provoqué, les deux avaient pu en prendre des leçons pour l'avenir.
Je suis fière de vous, Derek.
Son regard vagabonda des mots au paysage devant elle, contemplant les lucioles sous ses yeux. D'un sourire franc et sincère, elle finit par secouer la tête et revint s'asseoir à sa coiffeuse d'où elle y délaissa la lettre. Tout compte fait, ce n'était pas une si mauvaise idée de s'appuyer sur ses épaules.
Ici, elle pouvait être Lady Lenore à son plein potentiel. Avec le soutien et l'aide de Derek, elle savait que sa compagnie ne tomberait pas de sitôt. Vivre par le chant, cela lui avait manqué. Marqué d'un sourire sur les commissures de ses lèvres, la cantatrice souffla un rire avant d'ouvrir un tiroir, vivement interrompue du moins par une voix familière à sa porte.
"Dame de Riverhood ? J'ai une missive pour vous.
- Entrez donc."
Lorsque la porte s'ouvrit, Lenore s'y trouvait déjà, son haori fermé par une pudeur naturelle. C'était Drake, vêtu lui aussi d'une tenue locale. Il avait même fait de sa moustache un style bien propre au pays ! Sans plus tarder, il lui remit la lettre avant de disparaître aussi vite qu'il était apparu, sûrement pour vaquer à la promotion de sa diva. Lenore referma la porte et s'approcha de la grande fenêtre au style hingashien qui menait aux jardins de l'auberge.
Comme prévu, il n'y avait pas à s'inquiéter. Si en quelques lignes Derek lui expliquait qu'il menait à bien la compagnie, en plus de prendre de bonnes décisions, Lenore se plaisait à lire qu'il faisait de son mieux pour paraître plus doux et attentionné envers ses hommes. Leur dernière dispute n'était pas une si mauvaise chose que cela. Malgré la violence et le malaise que cela avait pu provoqué, les deux avaient pu en prendre des leçons pour l'avenir.
Je suis fière de vous, Derek.
Son regard vagabonda des mots au paysage devant elle, contemplant les lucioles sous ses yeux. D'un sourire franc et sincère, elle finit par secouer la tête et revint s'asseoir à sa coiffeuse d'où elle y délaissa la lettre. Tout compte fait, ce n'était pas une si mauvaise idée de s'appuyer sur ses épaules.
Sa coiffeuse rangée comme il faut, il était venu l'heure d'aller se coucher. Elle enleva les épingles qui tenaient ses cheveux un par un tout en ouvrant de nouveau ce fameux tiroir. Un peigne quelconque s'y trouvait dans la plus modeste des allures. Bien que faite d'argent, nul ornement ne saurait la mettre plus en valeur que sa valeur elle-même. Alors que quelques mèches tombaient sur le visage de la chanteuse, tout bascula lorsqu'elle prit en main ce fameux peigne. Il n'avait fallu qu'un clin d'oeil pour que son chaleureux quartier ne se transforme en un vaste endroit sombre et où nulle vie ne se présentait. Tel le vide, sa coiffeuse avait disparu, le sol aussi. Seul son peigne en argent était resté dans sa main.
Le silence, l'absence, le rien. Lenore observa ses alentours, attentive. Une vision, encore une fois. Depuis le temps, elle savait les reconnaître quand elle le pouvait, bien que les messages restaient toujours aussi flous. Elle prit une grande inspiration et marcha tout droit devant elle. Elle n'avait pas peur, il ne le fallait pas. Ce don, qu'importe ce qu'il était, lui permettait de voir ce que les gens ne pouvaient voir. Aussi éprouvant que cela pouvait être, il allait falloir que ses épaules le supportent.
Que veux-tu me dire cette fois-ci...
Des sanglots résonnèrent en un écho. Les pleurs d'une femme, de ce qu'elle pouvait distinguer. Elle s'arrêta et regarda à nouveau autour d'elle. D'où pouvaient bien provenir ces gémissements ? Au loin, une silhouette noire se dessina devant une immense coiffeuse. Instinctivement, sans même qu'elle ne s'en rendit compte, elle s'avança vers elle, le cœur serré. Plus elle avançait, plus les pleurs étaient audibles, telle une lamentation étouffée.
Alors, la silhouette se discerna et montra la forme d'une miqo'te toute de noir vêtue. Ses longs cheveux qui traînaient à même le sol étaient tout aussi sombres. Néanmoins, Lenore eut bien du mal à voir un quelconque visage, ce dernier voilé d'un tissu noir opaque. Elle fit le tour de la coiffeuse et de la miqo'te sanglotante d'une voix meurtrie, le regard à la fois troublé et avisé. Ce message était encore flou, trop flou. Qu'essayait-il de lui délivrer ?
"Mademoiselle...?" entreprit de dire l'aventureuse.
Hélas, aucune réponse ne lui parvint, si ce n'est que la jeune pleureuse prit à son tour un peigne fait d'or et d'argent, aussi resplendissant qu'un joyau étincelant, pour brosser une de ses longues mèches, sans que ses larmes ne tarissent. Quand bien même ses cheveux étaient parfaitement bien coiffés, elle continuait de les brosser sans se soucier de la chanteuse.
"Quel message souhaitez-vous me transmettre...?"
Ainsi s'approcha la jeune dame de la malheureuse, une main tendue vers elle. La situation était si pesante qu'elle pouvait sentir son cœur battre aussi vite qu'il ne le pouvait. Qu'allait-elle trouver en lui prenant une main ? Qu'allait-elle voir ? De quoi allait-elle être spectatrice ? Son sang se glaça lorsqu'elle toucha la main gantée de la miqo'te. Soudainement, la tête de la misérable se tourna vers Lenore et le voile qui cachait son visage se souleva, dévoilant une miqo'te à la peau cadavérique, aux joues creusées et sans yeux d'où des larmes de sang coulaient le long de son visage décomposé. Ses pleurs se transformèrent en un cri si biscornu et dérangeant, aussi terrifiant que la mort que cela poussa inévitablement la Messagère à hurler aussi fort qu'elle, tel un cri strident.
Bien qu'elle n'avait pas bougé d'un pouce dans la vie réelle, toujours assise face à sa coiffeuse, la chanteuse cria d'une telle puissance que toutes les fenêtres et miroirs de son appartement se brisèrent et volèrent en éclat en un instant. Couchée au sol, elle se réveilla de sa prémonition devant tout un monde. Son imprésario était furieux, persuadé que des voleurs ou des admirateurs obsédés s'étaient introduits dans la suite de sa chanteuse. L'aubergiste tentait de le calmer en vain tandis que de beaucoup de domestiques aidèrent la cantatrice à se réveiller. Son souffle était court, comme réveillée d'un malheureux cauchemar....mais ce n'était pas n'importe quel cauchemar. Il fallait qu'elle reparte en Occident. Il fallait qu'elle les prévienne...
Il fallait qu'elle agisse une bonne fois pour toute.
Lyssie
Il y a 10 mois et 1 semaine
"Si j'avais su plutôt qu'il fallait braver la mort pour recevoir une invitation à boire de votre part...
- Vous l'auriez fait plus souvent."
A peine l'avait-il rejoint au comptoir que les deux hyurois enchaînèrent plaisanteries sur flatteries. Lenore, assise sur sa chaise avec un dos droit et une étiquette irréprochable, resplendissait de sa longue robe aux ornements d'argent. Si la facture égalait quatre fois le salaire d'un roturier lambda, le costume que portait Derek devait en valoir le même prix. Tous deux assis autour d'un bon verre de whisky et de vin blanc, la conversation était légère et emprunte à un nouveau départ. Après tout, elle lui devait bien ce verre depuis des lustres.
"Comment vous portez-vous depuis ? Comme votre entretien avec l'Oeil du Mithril, vous semblez ne porter aucune blessure de guerre malgré ce qu'il s'est passé.
- Car vous pensiez que je n'étais pas invincible après tout ce temps ?"
Comme toujours, le trésorier étira un sourire de vainqueur, aussi agaçant qu'attirant. Il avait le don d'énerver Lenore qui, pour une fois, lui offrit un sourire. Quand bien même était-il ainsi, il avait su lui montrer ses capacités à gérer une compagnie en son absence. Rien n'avait été mis de côté, les dossiers avaient été soigneusement traités et les mandats aussitôt déposés, aussitôt faits. Avec l'affaire de la nécromancienne, il avait su superviser les effectifs et la cerise sur le gâteau ; il avait même poursuivi le "caprice" de Lenore qu'était de faire trouver un cavalier pour tous les membres de l'Ordre lors du gala. Entre d'autres termes, il avait su tenir une place de second.
Lorsqu'ils poursuivirent la discussion, les choses devinrent soudainement plus sérieux.
"Et puis, je suis entièrement avec vous désormais.
- Mais encore...?
- Eh bien, j'ai décidé de lâcher Pethra, et ainsi, les Mhasi. Car même si elle représente beaucoup pour moi, je sais que vous pouvez représenter tout autant...avec quelque chose en plus.
- Telle qu'une vie décente, un intérêt pour le bien commun, une conscience ? Je le savais."
Lenore porta son verre à ses lèvres, sous le regard interloqué du hyurois qui n'enleva pour rien au monde son sourire en coin.
"Vous le saviez...?
- Que vous étiez un homme bon dans le fond.
- Voyez-vous cela. Et comment ? Cela m'intéresse, disait-il sous le ton de l'amusement.
- Plusieurs de vos actes attestent d'une bonté en vous qui est méconnue du monde entier et ce, car vous cachez parfaitement bien vos émotions. Mais vous auriez pu envoyer Angie en prison ou en maison de correction, mais vous ne l'avez pas fait. A la place, vous allez directement à la tête.
- Les mauvais avocats sont ceux qui s'en prennent à l'arme plutôt qu'à la main. Les meilleurs prennent l'arme pour frapper la main. Moi ? Je prends l'arme pour frapper la tête."
Encore une fois, le voilà à cacher ses émotions et ses vrais sentiments derrière des montagnes et des montagnes d'égo. Cela arracha un sourire mesuré à la dame, lisant de plus en plus entre les lignes. Il était véritablement bon, simplement trop orgueilleux pour l'admettre.
"Il faut juste que j'arrive à faire parler Angie. Cela prend du temps, mais cela sera la meilleure contre-attaque.
- Vous n'arriverez pas à la faire parler. Elle a tant souffert qu'il faudra attendre des années pour qu'elle puisse en parler normalement. La pauvre enfant..."
Elle soupira longuement, éprise dans une tourmente pudique. La mine inquiète, elle s'attarda un moment sur le pied de son verre. De son côté, Derek fronça légèrement les sourcils. L'inquiétude et la bonté de Lenore avaient toujours su le captiver, l'envoûter.
"Pourquoi être aussi touchée par cette enfant ? Elle n'est pas la vôtre.
- Mais cela ne m'empêche pas de compatir à sa souffrance."
Plus elle lui expliquait sa vision du monde, plus il était attiré par cette dame aux multiples facettes...qui représentait tout son contraire. Les deux se complétaient dans leur manière de diriger ; elle était compréhensive et attentionnée, il était aussi ferme qu'un seigneur d'une contrée lointaine ; elle mettait les formes, il était franc et sans barrière. Mais après tout, n'était-ce pas pour cette raison qu'elle l'avait choisi en tant que second ? La Haute Sphère commençait à se forger.
Ils s'étaient quittés à ce bar. Les affaires l'avaient appelées et il était plus que temps qu'elle se remette sur la course, aux côtés des siens. Lorsqu'elle entra dans le grand hall de l'Académie, elle pouvait voir Helena et Laeryn converser, tandis qu'Ihna, toute bandée et plâtrée, se reposait devant la cheminée. Judal, tel un bon soldat, vint saluer la grande dame qu'il convoitait, à en tirer un chaleureux sourire à cette dernière. Une fois au comptoir, le ton se fit plus professionnel.
"Je souhaite que vous communiquez cela à l'ensemble des agents : la nécromancienne devient notre priorité."
Evelyn et Philibert inclinèrent la tête, solennels. Aussitôt fait, Lenore tourna ses talons dans un grand mouvement de jupon et se dirigea vers son bureau. Une lueur brillait dans son regard, une volonté de fer brûlait. Il était temps qu'elle intervienne de nouveau sur le terrain.
- Vous l'auriez fait plus souvent."
A peine l'avait-il rejoint au comptoir que les deux hyurois enchaînèrent plaisanteries sur flatteries. Lenore, assise sur sa chaise avec un dos droit et une étiquette irréprochable, resplendissait de sa longue robe aux ornements d'argent. Si la facture égalait quatre fois le salaire d'un roturier lambda, le costume que portait Derek devait en valoir le même prix. Tous deux assis autour d'un bon verre de whisky et de vin blanc, la conversation était légère et emprunte à un nouveau départ. Après tout, elle lui devait bien ce verre depuis des lustres.
"Comment vous portez-vous depuis ? Comme votre entretien avec l'Oeil du Mithril, vous semblez ne porter aucune blessure de guerre malgré ce qu'il s'est passé.
- Car vous pensiez que je n'étais pas invincible après tout ce temps ?"
Comme toujours, le trésorier étira un sourire de vainqueur, aussi agaçant qu'attirant. Il avait le don d'énerver Lenore qui, pour une fois, lui offrit un sourire. Quand bien même était-il ainsi, il avait su lui montrer ses capacités à gérer une compagnie en son absence. Rien n'avait été mis de côté, les dossiers avaient été soigneusement traités et les mandats aussitôt déposés, aussitôt faits. Avec l'affaire de la nécromancienne, il avait su superviser les effectifs et la cerise sur le gâteau ; il avait même poursuivi le "caprice" de Lenore qu'était de faire trouver un cavalier pour tous les membres de l'Ordre lors du gala. Entre d'autres termes, il avait su tenir une place de second.
Lorsqu'ils poursuivirent la discussion, les choses devinrent soudainement plus sérieux.
"Et puis, je suis entièrement avec vous désormais.
- Mais encore...?
- Eh bien, j'ai décidé de lâcher Pethra, et ainsi, les Mhasi. Car même si elle représente beaucoup pour moi, je sais que vous pouvez représenter tout autant...avec quelque chose en plus.
- Telle qu'une vie décente, un intérêt pour le bien commun, une conscience ? Je le savais."
Lenore porta son verre à ses lèvres, sous le regard interloqué du hyurois qui n'enleva pour rien au monde son sourire en coin.
"Vous le saviez...?
- Que vous étiez un homme bon dans le fond.
- Voyez-vous cela. Et comment ? Cela m'intéresse, disait-il sous le ton de l'amusement.
- Plusieurs de vos actes attestent d'une bonté en vous qui est méconnue du monde entier et ce, car vous cachez parfaitement bien vos émotions. Mais vous auriez pu envoyer Angie en prison ou en maison de correction, mais vous ne l'avez pas fait. A la place, vous allez directement à la tête.
- Les mauvais avocats sont ceux qui s'en prennent à l'arme plutôt qu'à la main. Les meilleurs prennent l'arme pour frapper la main. Moi ? Je prends l'arme pour frapper la tête."
Encore une fois, le voilà à cacher ses émotions et ses vrais sentiments derrière des montagnes et des montagnes d'égo. Cela arracha un sourire mesuré à la dame, lisant de plus en plus entre les lignes. Il était véritablement bon, simplement trop orgueilleux pour l'admettre.
"Il faut juste que j'arrive à faire parler Angie. Cela prend du temps, mais cela sera la meilleure contre-attaque.
- Vous n'arriverez pas à la faire parler. Elle a tant souffert qu'il faudra attendre des années pour qu'elle puisse en parler normalement. La pauvre enfant..."
Elle soupira longuement, éprise dans une tourmente pudique. La mine inquiète, elle s'attarda un moment sur le pied de son verre. De son côté, Derek fronça légèrement les sourcils. L'inquiétude et la bonté de Lenore avaient toujours su le captiver, l'envoûter.
"Pourquoi être aussi touchée par cette enfant ? Elle n'est pas la vôtre.
- Mais cela ne m'empêche pas de compatir à sa souffrance."
Plus elle lui expliquait sa vision du monde, plus il était attiré par cette dame aux multiples facettes...qui représentait tout son contraire. Les deux se complétaient dans leur manière de diriger ; elle était compréhensive et attentionnée, il était aussi ferme qu'un seigneur d'une contrée lointaine ; elle mettait les formes, il était franc et sans barrière. Mais après tout, n'était-ce pas pour cette raison qu'elle l'avait choisi en tant que second ? La Haute Sphère commençait à se forger.
Ils s'étaient quittés à ce bar. Les affaires l'avaient appelées et il était plus que temps qu'elle se remette sur la course, aux côtés des siens. Lorsqu'elle entra dans le grand hall de l'Académie, elle pouvait voir Helena et Laeryn converser, tandis qu'Ihna, toute bandée et plâtrée, se reposait devant la cheminée. Judal, tel un bon soldat, vint saluer la grande dame qu'il convoitait, à en tirer un chaleureux sourire à cette dernière. Une fois au comptoir, le ton se fit plus professionnel.
"Je souhaite que vous communiquez cela à l'ensemble des agents : la nécromancienne devient notre priorité."
Evelyn et Philibert inclinèrent la tête, solennels. Aussitôt fait, Lenore tourna ses talons dans un grand mouvement de jupon et se dirigea vers son bureau. Une lueur brillait dans son regard, une volonté de fer brûlait. Il était temps qu'elle intervienne de nouveau sur le terrain.
Lyssie
Il y a 10 mois et 1 semaine
Un miracle qu'elle ne l'ait pas réveillé en ouvrant la porte de l'atelier. Avachi sur son plan de travail, nul doute qu'il avait dû batailler toute la nuit pour trouver la solution à ses calculs. Elle ne s'était pas privée pour regarder par dessus son épaule le travail de son nouveau protecteur, agréablement surprise qu'il soit aussi cultivé. Le rustre qu'il était n'était visiblement pas bête, loin de là.
"Ah ! Euh... J'me suis encore assoupi..."
Le réveil soudain de Yuan réussit à faire frisonner la jeune dame d'un effroi palpable. Quelle ne fut pas leur surprise lorsqu'ils se croisèrent enfin du regard.
"AH ! Mai'z'êtes là !
- Je ne souhaitais pas vous déranger dans votre sommeil !"
Après quelques secondes, les deux se calmèrent d'un soupir commun. La situation était bien cocasse. Ainsi, le hyurois se redressa adroitement sur son tabouret, craquant quelques os par-ci par-là. Lenore, quant à elle, se plaisait à regarder plus en détail son travail, sous le regard dubitatif de Yuan.
"Je ne savais pas que vous faisiez de l'alchimie.
- Mh... Plutôt d'la chimie, j'dirais. Pour vous éviter d'être empoisonné quoi. Contre-carrer l'poison.
- C'est en effet une bonne idée. Que faisiez-vous avant cela ?"
Avant qu'il ne réponde à cette question, le hyurois dériva sur un autre sujet. Il s'amusait à détourner la conversation, disant des bêtises ou taquinant même sa supérieure. Il ne craignait personne, pas même le courroux de la directrice qui le reprenait sur beaucoup d'appellations. Un homme sans foi ni loi, que pouvait-il chercher dans un endroit si strict et autoritaire ?
"Mais vous ne m'avez toujours pas répondu, s'amusa à rappeler la jeune dame, face au hyurois perplexe.
- Mh..? De quoi ?
- Que faisiez-vous avant d'être ici ?
- J'travaillais au Maelstrom. Et après quelques années d'bons et loyaux services, j'ai été démis d'mes fonctions."
Lenore l'écoutait avec une attention particulière, attentive. Comme amenée à valser à travers l'atelier, elle vagabonda d'étagères en étagères, toujours concentrée sur leur conversation. Peut-être avait-il besoin d'air.
"Eh bien. Pourquoi cela ?
- ...M'bah, z'avez bien vu qu'j'ai pas ma langue d'ma poche. Insubordination et méthodes pas adaptées.
- Même le Maelstrom n'a pas su vous apprendre à la garder à sa place, ricana la cantatrice. Des méthodes peu adaptées ?
- M'bah, j'suis pas l'plus subtil quand j'interviens sur quelqu'chose. Du coup, y'a souvent eu d'morts pas prévu, v'voyez ! D'dommages collatéraux quoi ! J'ai p'têt merdé sur certains points !"
Elle n'en croyait pas ses yeux. Outre la franchise dont il venait de faire preuve, elle se voyait partagée entre plusieurs pensées. Elle avait devant ses yeux un homme que le peuple qualifiait de "mauvais garçon", le genre de personne qui ne se souciaient de personne, puisqu'il ne souhaitait que personne ne l'approche. Était-ce à cause de sa dangerosité qu'il était aussi solitaire ? Ou était-ce à cause d'autre chose qu'il était aussi dangereux ? Lenore rabaissa ses sourcils, troquant son air bienveillant par un regard avisé.
"Je n'accepterai aucun dommage collatéral lors de votre mission ici, avec moi. Vous ne vous vous souciez de personne, mais je me soucie des autres. D'accord ?"
Tel un garçon se faisant réprimander, Yuan grogna une réponse évasive. Bien sûr qu'il lui obéira, c'était elle qui lui donnait sa paye à la fin. L'écart des classes sociales était si impressionnante que cela se reflétait dans chacun de leurs gestes et dans chacune de leurs paroles et locutions.
Elle l'avait finalement laissé à son travail. Maintenant bien réveillé, il allait sûrement encore se démener à paralyser toute menace à son encontre. Les Westhers étaient encore de la partie, même si Derek avait gelé leurs avoirs. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter, comme s'ils avaient oublié quelque chose de très important. Ou était-ce à cause de son mal de tête ? Elle se sentait sa tête tournée et le sol s'écrouler sous ses pieds par moment. Passant dans le couloir, elle vit également le jeune Osha'zi effondré sur la table du réfectoire, visiblement assoupi en plein après-midi. Ce fut avec une main glissante sur les murs qu'elle rejoignit son bureau.
Je travaille trop... Il serait peut-être temps que j'engage une secrétaire.
Elle traîna ses talons jusqu'à son fauteuil et s'y assit lourdement. Sa tête paraissait pouvoir exploser à n'importe quel moment et elle pensait que cela s'amoindrissait une fois qu'elle aurait mangé quelque chose. Finalement, cette migraine matinale ne faisait que s'intensifier.
La lettre posée en centre de son bureau attira son attention. Evelyn avait dû venir la poser pendant son absence. Bien que la douleur lui martela le cerveau, la hyuroise se pencha en avant pour saisir la missive dont elle en sortit le contenu. Son regard se décomposa au fur et à mesure de sa lecture, jusqu'à ce qu'elle lâche la lettre tombant sol...
On entendit soudainement la voix de la directrice dans la linkperle.
"Ah ! Euh... J'me suis encore assoupi..."
Le réveil soudain de Yuan réussit à faire frisonner la jeune dame d'un effroi palpable. Quelle ne fut pas leur surprise lorsqu'ils se croisèrent enfin du regard.
"AH ! Mai'z'êtes là !
- Je ne souhaitais pas vous déranger dans votre sommeil !"
Après quelques secondes, les deux se calmèrent d'un soupir commun. La situation était bien cocasse. Ainsi, le hyurois se redressa adroitement sur son tabouret, craquant quelques os par-ci par-là. Lenore, quant à elle, se plaisait à regarder plus en détail son travail, sous le regard dubitatif de Yuan.
"Je ne savais pas que vous faisiez de l'alchimie.
- Mh... Plutôt d'la chimie, j'dirais. Pour vous éviter d'être empoisonné quoi. Contre-carrer l'poison.
- C'est en effet une bonne idée. Que faisiez-vous avant cela ?"
Avant qu'il ne réponde à cette question, le hyurois dériva sur un autre sujet. Il s'amusait à détourner la conversation, disant des bêtises ou taquinant même sa supérieure. Il ne craignait personne, pas même le courroux de la directrice qui le reprenait sur beaucoup d'appellations. Un homme sans foi ni loi, que pouvait-il chercher dans un endroit si strict et autoritaire ?
"Mais vous ne m'avez toujours pas répondu, s'amusa à rappeler la jeune dame, face au hyurois perplexe.
- Mh..? De quoi ?
- Que faisiez-vous avant d'être ici ?
- J'travaillais au Maelstrom. Et après quelques années d'bons et loyaux services, j'ai été démis d'mes fonctions."
Lenore l'écoutait avec une attention particulière, attentive. Comme amenée à valser à travers l'atelier, elle vagabonda d'étagères en étagères, toujours concentrée sur leur conversation. Peut-être avait-il besoin d'air.
"Eh bien. Pourquoi cela ?
- ...M'bah, z'avez bien vu qu'j'ai pas ma langue d'ma poche. Insubordination et méthodes pas adaptées.
- Même le Maelstrom n'a pas su vous apprendre à la garder à sa place, ricana la cantatrice. Des méthodes peu adaptées ?
- M'bah, j'suis pas l'plus subtil quand j'interviens sur quelqu'chose. Du coup, y'a souvent eu d'morts pas prévu, v'voyez ! D'dommages collatéraux quoi ! J'ai p'têt merdé sur certains points !"
Elle n'en croyait pas ses yeux. Outre la franchise dont il venait de faire preuve, elle se voyait partagée entre plusieurs pensées. Elle avait devant ses yeux un homme que le peuple qualifiait de "mauvais garçon", le genre de personne qui ne se souciaient de personne, puisqu'il ne souhaitait que personne ne l'approche. Était-ce à cause de sa dangerosité qu'il était aussi solitaire ? Ou était-ce à cause d'autre chose qu'il était aussi dangereux ? Lenore rabaissa ses sourcils, troquant son air bienveillant par un regard avisé.
"Je n'accepterai aucun dommage collatéral lors de votre mission ici, avec moi. Vous ne vous vous souciez de personne, mais je me soucie des autres. D'accord ?"
Tel un garçon se faisant réprimander, Yuan grogna une réponse évasive. Bien sûr qu'il lui obéira, c'était elle qui lui donnait sa paye à la fin. L'écart des classes sociales était si impressionnante que cela se reflétait dans chacun de leurs gestes et dans chacune de leurs paroles et locutions.
Elle l'avait finalement laissé à son travail. Maintenant bien réveillé, il allait sûrement encore se démener à paralyser toute menace à son encontre. Les Westhers étaient encore de la partie, même si Derek avait gelé leurs avoirs. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter, comme s'ils avaient oublié quelque chose de très important. Ou était-ce à cause de son mal de tête ? Elle se sentait sa tête tournée et le sol s'écrouler sous ses pieds par moment. Passant dans le couloir, elle vit également le jeune Osha'zi effondré sur la table du réfectoire, visiblement assoupi en plein après-midi. Ce fut avec une main glissante sur les murs qu'elle rejoignit son bureau.
Je travaille trop... Il serait peut-être temps que j'engage une secrétaire.
Elle traîna ses talons jusqu'à son fauteuil et s'y assit lourdement. Sa tête paraissait pouvoir exploser à n'importe quel moment et elle pensait que cela s'amoindrissait une fois qu'elle aurait mangé quelque chose. Finalement, cette migraine matinale ne faisait que s'intensifier.
La lettre posée en centre de son bureau attira son attention. Evelyn avait dû venir la poser pendant son absence. Bien que la douleur lui martela le cerveau, la hyuroise se pencha en avant pour saisir la missive dont elle en sortit le contenu. Son regard se décomposa au fur et à mesure de sa lecture, jusqu'à ce qu'elle lâche la lettre tombant sol...
On entendit soudainement la voix de la directrice dans la linkperle.
"NE BUVEZ RIEN A L'ORDRE !"
Lyssie
Il y a 10 mois et 1 semaine
Sous les rayons du soleil traversant les volets de leur chambre, Lenore observait l'endormi à ses côtés. Sa chaleur et son odeur l'enivraient d'un sentiment qu'elle avait déjà connu autrefois et pourtant, il lui paraissait tout de même nouveau. La tête posée contre son bras en guise d'oreiller, elle lui caressa la joue du dos de sa main et déposa un baiser sur son front avant de se glisser au bord du lit. Avant même qu'elle ne puisse attraper son peignoir, un bras vint entourer sa taille pour la faire basculer en arrière. En un rien de temps, elle était devenue la peluche d'un enfant qui ne souhaitait pas aller à l'école. Elle étira un doux sourire à mesure qu'elle sentait le souffle de Judal contre elle.
"Ne pars pas... Il est encore trop tôt..., grognait Judal, la tête enfouie dans les cheveux de Lenore.
- Il est l'heure exacte pour aller se préparer."
La voix de la raison venait de rendre sa sentence et l'accusé n'appréciait guère, expirant son mécontentement d'un énième grognement, resserrant son étreinte sur la belle. Cela arracha un sourire à cette dernière, attendrie par son geste. Après tout ce qu'il s'était passé entre eux deux, elle ne savait réellement si elle vivait encore dans un rêve. Auquel cas, elle ne souhaitait pas que cela se finisse comme le dernier. Depuis son jugement face au tribunal d'Ul'dah, elle sentait quelque chose de nouveau en lui. Son humanité.
"Tu n'avais pas dit que tout le monde aurait du repos aujourd'hui...?
- Eux oui, moi...c'est autre chose. Les Immortels ne sont jamais en repos, je dois toujours leur rendre les derniers rapports.
- Quand est-ce que l'on...pourra profiter, en ce cas ?"
Les joues gonflées, la voix étouffée par un sentiment de jalousie non-avoué, elle pouvait observer là cet enfant qui n'avait jamais eu d'attention dans sa vie. Rongé par l'égoïsme et la possessivité de ne la vouloir qu'à lui et à lui seul, il n'était plus l'être parfait qu'il dépeignait autrefois. Au contraire, il n'avait jamais été aussi vrai qu'auparavant et c'était ce qui réchauffa le coeur de la dame. Elle avait eu raison de lui donner sa seconde chance ; il ne fallait plus qu'aider cette pauvre âme vers le droit chemin désormais.
Elle se retourna et se blottit contre lui, profitant d'un moment de calme sous l'étonnement du mighois. Il avait encore beaucoup de chemin à faire, mais n'était-ce pas là une récompense pour tout ce qu'il avait fait jusque là ?
"Cinq minutes en ce cas."
Son sourire était si sincère qu'il égaya le visage de la chanteuse. Oui, il était un enfant qui devait encore beaucoup apprendre de la vie. Mais elle serait là pour le guider. Elle serait son étoile.
Lorsque Yuan partit du bureau de la directrice, cette dernière fut surprise de voir la silhouette de Judal entrer à sa suite. Du sourire à l'air boudeur, son allure se fit plus nonchalante à mesure qu'il s'approchait du bureau de sa dulcinée en plein travail.
"Tu le vois toute seule dans ton bureau maintenant...?
- Il faut bien que je lui donne ce qu'il mérite.
- Ce...qu'il mérite ?
- Son contrat officiel en tant que garde du corps personnel, oui..."
Si autrefois, il était le plus grand des menteurs, il avait dû mal à cacher sa jalousie aujourd'hui. Son regard divaguait d'un pot de fleur à la cheminée, le tout en traînant ses pieds sur le beau parquet, à en faire criser la cheffe des intendantes au loin...si elle savait. Alertée, Lenore déposa sa plume dans l'encrier et se releva du fauteuil.
"Nous en avons déjà parlé, Judal.
- C'est plus fort que moi..."
Son regard trahissait à la fois sa culpabilité et son supplice. Une douce caresse sur sa joue de Lenore, un sourire compatissant à son égard. Ce dernier répondit d'un faible sourire. Ils avaient encore du chemin à faire ensemble, mais toute histoire devait bien commencer quelque part.
"Ne pars pas... Il est encore trop tôt..., grognait Judal, la tête enfouie dans les cheveux de Lenore.
- Il est l'heure exacte pour aller se préparer."
La voix de la raison venait de rendre sa sentence et l'accusé n'appréciait guère, expirant son mécontentement d'un énième grognement, resserrant son étreinte sur la belle. Cela arracha un sourire à cette dernière, attendrie par son geste. Après tout ce qu'il s'était passé entre eux deux, elle ne savait réellement si elle vivait encore dans un rêve. Auquel cas, elle ne souhaitait pas que cela se finisse comme le dernier. Depuis son jugement face au tribunal d'Ul'dah, elle sentait quelque chose de nouveau en lui. Son humanité.
"Tu n'avais pas dit que tout le monde aurait du repos aujourd'hui...?
- Eux oui, moi...c'est autre chose. Les Immortels ne sont jamais en repos, je dois toujours leur rendre les derniers rapports.
- Quand est-ce que l'on...pourra profiter, en ce cas ?"
Les joues gonflées, la voix étouffée par un sentiment de jalousie non-avoué, elle pouvait observer là cet enfant qui n'avait jamais eu d'attention dans sa vie. Rongé par l'égoïsme et la possessivité de ne la vouloir qu'à lui et à lui seul, il n'était plus l'être parfait qu'il dépeignait autrefois. Au contraire, il n'avait jamais été aussi vrai qu'auparavant et c'était ce qui réchauffa le coeur de la dame. Elle avait eu raison de lui donner sa seconde chance ; il ne fallait plus qu'aider cette pauvre âme vers le droit chemin désormais.
Elle se retourna et se blottit contre lui, profitant d'un moment de calme sous l'étonnement du mighois. Il avait encore beaucoup de chemin à faire, mais n'était-ce pas là une récompense pour tout ce qu'il avait fait jusque là ?
"Cinq minutes en ce cas."
Son sourire était si sincère qu'il égaya le visage de la chanteuse. Oui, il était un enfant qui devait encore beaucoup apprendre de la vie. Mais elle serait là pour le guider. Elle serait son étoile.
Lorsque Yuan partit du bureau de la directrice, cette dernière fut surprise de voir la silhouette de Judal entrer à sa suite. Du sourire à l'air boudeur, son allure se fit plus nonchalante à mesure qu'il s'approchait du bureau de sa dulcinée en plein travail.
"Tu le vois toute seule dans ton bureau maintenant...?
- Il faut bien que je lui donne ce qu'il mérite.
- Ce...qu'il mérite ?
- Son contrat officiel en tant que garde du corps personnel, oui..."
Si autrefois, il était le plus grand des menteurs, il avait dû mal à cacher sa jalousie aujourd'hui. Son regard divaguait d'un pot de fleur à la cheminée, le tout en traînant ses pieds sur le beau parquet, à en faire criser la cheffe des intendantes au loin...si elle savait. Alertée, Lenore déposa sa plume dans l'encrier et se releva du fauteuil.
"Nous en avons déjà parlé, Judal.
- C'est plus fort que moi..."
Son regard trahissait à la fois sa culpabilité et son supplice. Une douce caresse sur sa joue de Lenore, un sourire compatissant à son égard. Ce dernier répondit d'un faible sourire. Ils avaient encore du chemin à faire ensemble, mais toute histoire devait bien commencer quelque part.
Pourtant, les prémices d'une jalousie maladive germaient dans les ténèbres...
Lyssie
Il y a 10 mois et 1 semaine
La neige recouvrait en partie son grand balcon. Aucun froid ne pouvait rivaliser celui de la Sainte Cité qui baignait dans la neige depuis la nuit des temps. Malgré cela, les flocons lui paraissaient aussi chaleureux qu'un feu de cheminée. Assise face à sa fenêtre, Lenore contemplait cette peinture hivernale dont elle ne se lasserait probablement jamais.
Les fêtes de fin d'année s'étaient enfin terminées et la cantatrice, qui avait ravi plusieurs salons ishgardais, se reposait enfin à sa demeure familiale. Après une année aussi remplie que celle-ci, elle s'était accordée quelques jours de repos, loin de sa compagnie, loin de ses responsabilités, loin de toutes personnes, même Judal.
Cela faisait désormais deux ans qu'elle s'était installée au coeur d'Eorzéa. Un besoin d'émancipation, de découverte, de recherche de soi-même, il y avait toujours un mot pour décrire sa situation. Pourtant, c'était bien plus que ça. Elle avait dirigé une taverne afin d'en apprendre plus sur le fonctionnement d'une entreprise avant d'ériger sa propre compagnie libre par la seule force de sa volonté. Bien sûr, elle avait été accompagnée par de braves personnes qui l'avaient soutenue dans ce projet. Un sourire nostalgique se forgea sur ses fines lèvres à la simple pensée de W'shada mais il s'effaça aussi vite qu'il était apparue.
Judal était une personne aussi dangereuse qu'époustouflante. Il avait beau être inexpérimenté dans une vie normale, il était assez intelligent pour faire tout ce qu'il leur avait fait subir. W'shada en subit les conséquences et la voilà à tendre la main à son ravisseur. Un ravisseur qui se repentit aujourd'hui et comprend ses actes abjectes. Elle le façonnait tous les jours et lui apprenait la vie comme il aurait dû la prendre. Un jour, il serait capable d'entrer à l'Ordre et d'être fier de ses agissements sans devoir se pavaner pour montrer au monde qu'il n'est plus l'homme qu'il avait été.
Elle porta son attention sur la peinture familiale qui trônait en haut de sa cheminée. Ses parents étaient si beaux, si forts aux côtés de leurs enfants, dont une qui manquait à l'appel. Elle avait beau se voiler la face, cette question allait arriver tôt ou tard. La descendance était une force et un avenir pour faire perdurer le nom, et en tant qu'héritière, il était hors de question qu'elle finisse vieille fille. Cela n'existait tout bonnement pas.
Mais était-ce le bon moment ? Et comprenait-il la signification d'un tel acte ? Parfois, elle se demandait si cela n'aurait pas été plus simple d'épouser un homme de la vie active. Il se pourrait même que leur vie distincte puisse créer un écart.
Les fêtes de fin d'année s'étaient enfin terminées et la cantatrice, qui avait ravi plusieurs salons ishgardais, se reposait enfin à sa demeure familiale. Après une année aussi remplie que celle-ci, elle s'était accordée quelques jours de repos, loin de sa compagnie, loin de ses responsabilités, loin de toutes personnes, même Judal.
Cela faisait désormais deux ans qu'elle s'était installée au coeur d'Eorzéa. Un besoin d'émancipation, de découverte, de recherche de soi-même, il y avait toujours un mot pour décrire sa situation. Pourtant, c'était bien plus que ça. Elle avait dirigé une taverne afin d'en apprendre plus sur le fonctionnement d'une entreprise avant d'ériger sa propre compagnie libre par la seule force de sa volonté. Bien sûr, elle avait été accompagnée par de braves personnes qui l'avaient soutenue dans ce projet. Un sourire nostalgique se forgea sur ses fines lèvres à la simple pensée de W'shada mais il s'effaça aussi vite qu'il était apparue.
Judal était une personne aussi dangereuse qu'époustouflante. Il avait beau être inexpérimenté dans une vie normale, il était assez intelligent pour faire tout ce qu'il leur avait fait subir. W'shada en subit les conséquences et la voilà à tendre la main à son ravisseur. Un ravisseur qui se repentit aujourd'hui et comprend ses actes abjectes. Elle le façonnait tous les jours et lui apprenait la vie comme il aurait dû la prendre. Un jour, il serait capable d'entrer à l'Ordre et d'être fier de ses agissements sans devoir se pavaner pour montrer au monde qu'il n'est plus l'homme qu'il avait été.
Elle porta son attention sur la peinture familiale qui trônait en haut de sa cheminée. Ses parents étaient si beaux, si forts aux côtés de leurs enfants, dont une qui manquait à l'appel. Elle avait beau se voiler la face, cette question allait arriver tôt ou tard. La descendance était une force et un avenir pour faire perdurer le nom, et en tant qu'héritière, il était hors de question qu'elle finisse vieille fille. Cela n'existait tout bonnement pas.
Mais était-ce le bon moment ? Et comprenait-il la signification d'un tel acte ? Parfois, elle se demandait si cela n'aurait pas été plus simple d'épouser un homme de la vie active. Il se pourrait même que leur vie distincte puisse créer un écart.
Ce n'était qu'une question de temps...
[size=6]La Voie du Chant
FIN[/size]