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[Riversonge III] Les fondations de Gévaudan

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Lyssie Il y a 1 mois et 3 semaines

La Vengeance - Le Loup Noir rejoint la meute



Par Zael

Une missive arriva au crépuscule, portée par un malheureux coursier presque mort d'épuisement. Les chandeliers venaient à peine d'être allumées dans le bureau du Baron Eridanie qu'on fit entrer l'homme, trempé, couvert de boue et de neige. Le Baron pris la missive et lut sans un mot. Rapidement, les différents officiers furent appelés. Autour de lui, ils attendaient, retenant leur souffle.

"Sombronce et Sévillon.." Il replia la lettre, avec mille précautions.

"Le Vicomte appelle aux armes, dans les terres du Sud. Nos terres doivent leur paix aux Riverhood. Si la maison Sombronce franchit nos frontières impunément, ils seront devant nos grilles demain."

Le vieux Baron se redressa, une main sur la garde de son épée.

"Faites sonner le cor." Dit-il rapidement à l'un de ses officiers. Le Baron s'approcha finalement d'un balcon, remplissant ses poumons afin de s'adresser aux gens du Vigile.

"Le Vicomte veut des hommes ? Il en aura ! Préparez les troupes ! NOUS MARCHERONS VERS LE SUD !"

Le silence fut total, un instant, un bref instant. Soudainement, le cor retenti et le bruit des bottes et des armures vinrent emplir la cour. La maison Eridanie se levait à nouveau pour la guerre.




A Portelune, les Jalonneurs Noirs attendaient les directives. Ils étaient là depuis quelques soleils déjà, suite aux derniers événements. La situation pris une tournure particulièrement étonnante dans la journée. Le Fortin fut rapidement entouré par la maison Sévillon. Il n'en fallait pas plus pour ravir les valeureux soldats Eridanie. Sans attendre, une quinzaine d'hommes se plaça devant l'accès du Fortin, en formation. Une fois la porte ouverte, la pitié n'aura pas sa place.


Lyssie Il y a 1 mois et 2 semaines

Et la mort attendit


Par Thalio

L’obscurité. Le noir. Le néant. Les abysses des profondeurs. Certains les redoutent comme des pièges, d’autres les subissent comme des prisons, et quelques âmes perdues y perçoivent une voix à suivre.

Il dit souvent qu'elle nous ramène à cet état d’impuissance et de petitesse, où la résignation devient instinct, où l’abandon s’impose, et où la résilience s’effrite lentement.

La mort me guettait, drapée de silence, la faux haute et l’éclat glacé. Elle patientait, sereine, attendant l’instant où elle viendrait me cueillir.

Et pourtant… mes yeux s’ouvrirent.

Puis soudainement, tout autour de moi s’accéléra : La douleur vive transperça mon bassin, la neige s’infiltrait sous mes vêtements, le froid mordait ma peau avec une cruauté sans nom. Mon sang, répandu sur la blancheur du sol, dessina l’évidence de la vie qui s’écoula, s’échappa, s’effilocha à mesure que le temps s’étira.

"SA MÈRE LA- AAAAAH !"

Puis vinrent les hurlements. Ou du moins, un semblant d’eux, tant la fatigue bridait ma voix. Ma respiration se fit saccadée. Autour de moi, le monde s’agitait, et la mort, implacable, s’avançait lentement. Sa traîne noire glissait sur le sol, sa main serrée sur le manche de sa faux.
Malgré tout, une lueur de défi s’alluma en moi. Une flamme. Un instinct de survie primal.

Je ne veux pas mourir.

Je ne veux pas mourir.

Je ne veux pas mourir.


Encore et encore, cette volonté me traversait, m’enchaînait à la réalité, m’ordonnait de rester éveillé, de ne pas céder au désespoir. Car il me restait tant de dettes à honorer, tant de des serments à tenir, tant d'âmes à retrouver.

Je veux… je veux vivre.

Et pourtant, à mesure que cette rage me consumait, que cette ardeur me tenait debout, mon corps, lui, s’abandonna.

Il se résigna à s’éteindre.

Je sombrai alors dans un sommeil que, dans mes dernières secondes de conscience, j'espérais ne pas être éternel.


Lyssie Il y a 1 mois et 2 semaines

Début des opérations de recherche, Rapport de situation

Par Seluna

Lieu : Ishgard
Date : 15ᵉ soleil de la 5ᵉ lune ombrale

08ᵉ cloche

Décollage prévu de l’aéronef Sainte-Hélène, transportant la délégation de la vicomtesse Lenore de Riverhood, accompagnée des arbitres désignés par la Sainte Cité d’Ishgard.
Durée estimée du vol : trois heures.

13ᵉ cloche

Absence de confirmation d’arrivée à destination.
Tentatives de contact : négatives.
Compte tenu des vents violents et de la topographie du Coerthas, l’incident n’est pas encore jugé critique.

14ᵉ cloche

Nouvelle tentative de communication : échec.

15ᵉ cloche

Nouvelle tentative : échec.
Signalement officiel du vicomte de Riverhood, absence prolongée de l’aéronef confirmée.
Demande de lancement immédiat des procédures de recherche.
Ordre de préparation transmis à l’office du temple.

16ᵉ cloche

Communication interne du temple : activation de la phase préliminaire de recherche.
Collecte de témoignages contradictoires sur la trajectoire du vol.
Attente de validation par les hautes instances pour mobilisation complète des moyens aériens.

23ᵉ cloche

Équipe de reconnaissance constituée,  trois aéronefs légers affrétés par le temple.
Rapport météo : blizzard de forte intensité à partir du troisième nœud de coordonnées.
Missions suspendues jusqu’à amélioration des conditions.

Date : 16ᵉ soleil de la 5ᵉ lune ombrale

08ᵉ cloche

Fenêtre météorologique favorable.
Décollage des trois aéronefs autorisé.

15ᵉ cloche

Rapport du poste de recherche : visibilité quasi nulle sur la zone d’impact probable.
Accumulation neigeuse dense sur les cinq premiers nœuds du trajet initial.
Identification du site et repérage de survivants rendus extrêmement difficiles.
Demande de renforts logistiques et d’appareils supplémentaires en cours d’évaluation.
Lyssie Il y a 1 mois et 2 semaines

Réveillez les peurs d'enfants


Par Seluna

« Pour l'amour du ciel, laissez-les rentrer, Lyssandre. Ignorer le problème ne le fera pas disparaître. »

Le grand valet se tourna à demi et prit une longue inspiration.

« Vous n'avez toujours pas réussi à joindre votre époux ? »

« Non, en effet. Et je suis certaine qu'il y a de très bonnes raisons à cela. »


Il hésita, puis reprit, comme pour se rassurer.

« Certes. Mais, excusez-moi, madame, vous n'êtes pas un chef de guerre. »

« Ah bon, et vous, vous en êtes un ? »


Un bref silence flotta entre eux, chacun comprenant que la querelle était vaine. L'elezen pinça les lèvres et céda finalement. La baronne avait raison. Fermer les lourds rideaux du Val des Songes n'allait certainement pas calmer les lieutenants et les chefs de village massés devant la grille de fer.

Bientôt, une troupe d'hommes hétéroclites pénétra dans le hall, après que quelques gardes en noir et rouge eurent poussé les portes en métal rongé par le temps. Il y avait des chasseurs, à peine visibles sous leurs peaux tannées, des militaires à la démarche droite et rigide, et d'autres têtes de hameaux, dont la seule distinction tenait à l'épée pendue à la taille.

Un brouhaha monta dans le grand foyer. Les dissentions se faisaient entendre, mais c'était surtout l'absence du baron qui revenait sans cesse sur les visages graves et inquiets. La petite silhouette en robe rouge qui vint accueillir les visiteurs, le visage fermé, ne rassura personne.

Les disputes éclatèrent, ponctuées d'insultes à demi voilées et de remarques sur la taille de la baronne, son maintien, et, par-dessus tout, son origine. Athénaïs resta droite et silencieuse. Elle laissa les angoisses s'exhaler et battre contre les murs, jusqu'à ce qu'une partie de la pression se relâche. Elle jaugea le moment propice pour capter l'attention d'un auditoire hostile, comme on lit une partition afin de savoir quand la musique s'apaisera.

« SILENCE ! »

L'autorité de son père s'imposa. Elle l'avait vu tant de fois, ce grand homme au regard sage qui n'ouvrait la bouche qu'aux instants cruciaux. Il faisait de la rareté de sa poigne sa marque.

« Tout comme vous, je suis informée des développements à la frontière sud. Tout comme vous, je sais que notre territoire est parmi les plus exposés. Vous voudriez que le baron soit ici. Moi aussi. Mais il défend, à l'heure actuelle, le bastion qui nous sépare de la menace ennemie. Préféreriez-vous que cette place forte soit tenue par des hommes qui n'ont rien à perdre immédiatement, si elle venait à tomber ? »

Le malaise persista. La petite baronne parlait d'une voix nouvelle pour beaucoup d'entre eux, une voix qui refusait la contradiction, forgée par une vie où l'on n'interrogeait pas ses choix.

« Nous ne pouvons rester inertes. Tant que je n'aurai pas d'instructions claires de sa part, je n'ordonnerai aucune offensive. J'en ai le droit. »

Un murmure voulut s'élever et s'éteignit aussitôt.

« Lieutenants, préparez l'armée. Levez les hommes, armez-les et disposez-les à la lisière de la forêt afin qu'ils soient visibles. Vus de nos alliés, vus de nos ennemis. Le monastère se déploie déjà dans les bois. Je confie à la Guilde des Chasseurs de Brumedelin la coordination avec eux. Piégez les abords, laissez un unique chemin de repli sûr pour Portelune que nous leur signalerons au plus tôt. Faites de même à l'ouest, face à Sylvefer. »
Elle marqua une pause. Les paroles de Crispin Lohengrin lui revinrent en mémoire.

« Il paraît que le Val regorge d'horreurs. Faites-en surgir la nuit. Reproduisez ces cris inhumains qui hantent les cauchemars. Mouvez-vous comme des ombres quand la brume caresse les arbres aux premières lueurs. Les troupes de Sévillon ne sont pas loin. La cheffe du monastère a raison. Effrayez ces enfants tapis dans le corps des soldats. »

« Dès que nous aurons des nouvelles du baron, vous adapterez vos positions. Je vous ordonne d'être prêts, rien de plus, rien de moins. Chez moi, on s'est toujours préparé au pire en espérant le meilleur. »
Lyssie Il y a 1 mois et 2 semaines

Un rêve de chaleur


Par Passerose

L'expédition au Thavnair se déroulait selon des auspices plus ou moins favorables, éperdue dans le grand écheveau des intrigues qui s'entretissaient douloureusement. Cette trame confuse, fragile comme une arantèle, les avait pourtant tous englués. Même ceux dont les incertitudes se faisaient indifférence se prêtaient doucement à ces jeux de dupe mortel, captant les éclats dispersés d'une vérité cachée derrière le faste coloré de cette cité insensée.

Mais pas Passerose.

Elle restait égale à ces brocards de menteries qui confrontaient les visions et brisaient leur soupçon de solidarité comme s'il n'était rien. Dans ce pays de chaussées miroitantes de chaleur et d'ombres étouffantes qui dévoraient les secrets aussi sûrement que les craintes, le cœur de l'Inquisitrice restait de marbre. Elle avait vu le feu sanglant qui ravinait un peu plus le visage marbré de Norberteaux. Cette même hargne qu'il insufflait dans les cœurs blessés, y ouvrant les grilles d'un Enfer intérieur. Malgré ses dehors de rêve, Thavnair les rongeait doucement comme un chien maigre se régale d'une charogne.

Mais pas Passerose.

Dans sa robe d'aube diaphane, elle paraissait avoir retrouvé la beauté d'antan de la jeune fille aux cheveux d'or clair. Derrière le voile qui conjuguait un mystère subtil, elle soumettait à la volonté d'un Gévaudan plus lointain que jamais les quelques fils de toile qu'elle arpentait. Sans que le givre ne fonde. La tempête coléreuse qu'invoquait le Valsonge sur Royenhardt, la noblesse de l'âme de Quéant, le pragmatisme empreint de retenue d'Ermengard, elle n'y goûtait point. Seul son devoir importait. Rien que les ordres. Que les mises à mort ordonnées. Que l'esprit figé sur les mots d'un inconnu à l'héraldique qui l'assermentait.

Elle sortit de ses songes embrumés, son regard accrochant un détail serpentant le long de son majeur. Si tout cela était vrai, alors pourquoi Passerose se fissurait-elle ?
« Ton cœur était d'une telle froidure qu'il en gela ta chair, faisant de toi cette splendeur de givre drapée dans un névé d'éternel hiver. Mais il ne te restait plus que cela ; ta beauté de froide étoile. Je préfère agonir que te ressembler, et si tu persistes à me seriner que je ne suis encore que chrysalide et que tu es le papillon promis, alors j'accepte de rester à tout jamais prisonnière du pigment mort de mon humanité. »



Lyssie Il y a 1 mois et 2 semaines

Ce n'est pas la mort qui m'effraie, c'est son attente


Extrait du journal intime d'Augustine

Je crois que mes mots ne suffiront jamais à dire ce que mes yeux ont vu. Le monstre, la Bête, l’horreur scellée sous la glace depuis des générations… Aucun lexique, si vaste soit-il, ne saurait en traduire la forme. Je pourrais aligner les adjectifs, les métaphores et les comparaisons, et pourtant il demeurerait cet espace muet entre le mot et l’image. Ce vide où se tapit la vraie terreur. Chaque fois que je ferme les yeux, je le revois avec la précision d’un barbier traçant sa lame sur la peau nue : chaque croc, chaque œil, chaque repli de chair, chaque fissure dans l'os cranien semble gravé dans ma mémoire. Et je donnerais beaucoup pour oublier.

Lorsque le sceau s’est ouvert, le monde tout entier a semblé se replier sur lui-même. Le vent s’est fait hurlement et l'avatar de la créature a surgi dans une lumière sans couleur. J’ai vu Artorias voler. Non pas s’élancer, mais voler, arraché au sol, balayé comme une feuille d’automne sous la tempête. J’ai voulu crier son nom, hurler ma peur, mais rien ne sortit. Ma gorge s’est close, ma langue s’est faite pierre. Ce silence forcé, plus encore que la monstruosité face à moi, m’a glacée d’effroi.

Heureusement, le sceau fut refermé, et la bête, son avatar, repoussé dans l’abîme. Artorias s’en est tiré, seulement meurtri dans l'acier de son armure et non dans son âme, du moins, je l’espère. Mais moi… je me sens fendue de l’intérieur, comme si en posant ses yeux sur moi Elle avait trouvé passage par mes yeux pour se loger au plus profond.

Depuis ce jour, quelque chose vacille en moi. Mon esprit tangue entre deux rives : celle du devoir et celle du gouffre. Le tabac me manque atrocement, l’alcool aussi, et plus encore le somnus qui, jadis, noyait mes pensées dans un oubli bienfaisant. À présent, tout bruisse dans ma tête. Des chuchotements, des souvenirs, des ombres qui grattent aux parois de ma boîte crânienne. Alors je marche. Je fuis les regards, je m’éloigne du camp, je hante les collines et les forêts, priant que le vent emporte mes tourments avant qu’ils ne me dévorent. La nuit, je veille, et lorsque le sommeil m’emporte enfin, c’est pour hurler dans mes songes. Aussi ai-je pris l’habitude de dormir le jour, quand tous sont éveillés, pour que mes cris probables se perdent dans le brouhaha des vivants.

Il y a aussi Lucy. Pauvre enfant. Gardienne du sanctuaire, seule au milieu de nulle part, condamnée à attendre les héros et à les voir repartir. Son sourire brave ne trompe personne. Dans un moment d'égarement elle nous a parlé de sa solitude, et j’y ai reconnu la mienne. J’ai tenté de la rassurer, maladroitement, en lui contant un souvenir… une anecdote, plutôt un regret. J’ai eu l’impression de me dénuder devant elle, de laisser tomber le manteau de mots derrière lequel je me cache d’ordinaire. Mais peut-être était-ce nécessaire. Peut-être avais-je besoin qu’elle voie que la douleur, la vraie, ne s’apaise jamais vraiment, qu’on apprend juste à marcher avec. Et surtout qu'il faut, contrairement à moi, profiter de l'instant présent avant que tout finisse en cendres et glisse entre nos doigts.

Je crois avoir fait quelque chose de bien, ce soir-là, quand Artorias et elle se sont éloignés ensemble. Une part de moi les envie. Ils ont foi en la chaleur d’une main, en la douceur d’une promesse murmurée. Moi, je n’en ai plus le courage. Pourtant, je me surprends à attendre leurs regards, à m’en nourrir comme une mendiante se nourrit des miettes sous la table. Peut-être est-ce cela, au fond, mon châtiment : contempler la lumière sans plus pouvoir y entrer.

Je crois comprendre à présent ce qui ronge les âmes entre deux batailles. Ce n’est pas la mort qui effraie, mais son attente. L’idée d’elle, tapie quelque part, prête à surgir sans qu’on sache quand. Dans le tumulte du combat, tout est simple : on agit, on frappe, on prie, on vit dans l’instant, comme si chaque souffle était une victoire arrachée au néant. Mais dans le silence qui suit, quand les épées se taisent et que le vent retombe, alors vient le pire.

J’ai plus tremblé entre deux combats que face à la Bête elle-même. Devant Elle, je n’avais pas le temps d’avoir peur ; j’étais toute instinct, toute survie. Mais depuis, chaque seconde qui passe m’écrase d’une angoisse sourde. Attendre la mort, c’est lui prêter un trône dans son propre esprit. C’est l’inviter à s’asseoir à notre table, à murmurer dans notre oreille jusqu’à ce que son souffle devienne le nôtre.

Je crois qu’on ne devient pas fou au cœur du danger. On le devient dans le calme qui suit. Quand le monde semble sauf, mais que l’esprit, lui, ne l’est plus. Alors il faut marcher, écrire, fumer, boire, tout faire pour couvrir ce bourdonnement intérieur qui dit : “Tu pourrais mourir demain.” Et se répéter, comme une prière, que le courage n’est pas d’affronter la mort, mais de supporter sa lente approche sans lui céder toute sa vie avant qu’elle ne la prenne.
Lyssie Il y a 1 mois et 2 semaines

Elle continuait d'appeler sa tante


Par Clematis

Alors que les mains du monstre qui hantait ses cauchemars agrippaient ses cheveux pour la tirer au loin,
Alors que les deux femmes qui veillaient sur elle gisaient au sol,
Alors qu'elle savait qu'elle ne pouvait pas l'entendre,
Elle l'appelait encore.
Comme on appelle une mère quand on a peur dans le noir, comme on appelle celle qui peut nous protéger de tout, qui peut chasser tous les malheurs.

Mais ne répondirent que le bruit incisif de leurs pas dans l'escalier,
Puis le silence étouffant des ténèbres qui les engloutirent.

Et personne n'est venu.


Lyssie Il y a 1 mois et 2 semaines

Par Kin

Sylvefer

Plus vive que jamais, la frontière sud de Gévaudan résonne du fracas des lames et de la rage des combattants. Depuis les terres de Sombronce, l’armée menée par le baron Valentin de Sombronce percute avec violence la garde rapprochée de Riverhood. Trois soleils durant, les défenseurs en blanc contiennent l’assaut et sécurisent tant bien que mal la route reliant Sylvefer au reste des terres. Face à une armée imposante mais partie en hâte, l’avant-garde de Riverhood tient bon et organise l’évacuation des civils. À l’aube du troisième jour, l’ennemi est finalement repoussé, mais le prix est lourd : Sylvefer et ses soldats se retrouvent entièrement encerclés.

Comme en écho à cette crise, les cors des maisons Riverhood et Eridanie d’Astrid hurlent à l’unisson. L’Ost de guerre paraît enfin, apportant aux troupes épuisées les renforts tant attendus. Dès lors, tout devient affaire de vitesse : Derek doit briser le siège de Sylvefer avant que Valentin ne consolide sa prise et ne redirige ses forces contre le vicomte. L’heure des escarmouches, du tonnerre des canons et des assauts furieux s’annonce.

Portelune

Du fortin sud, les nouvelles sont sombres : le poste et son village fortifié ont été cernés en quelques instants. Contraints de se replier, les défenseurs n’ont pu évacuer la population et l’ont abritée dans la fortification centrale et ses souterrains. Le siège commence, en net sous-nombre. Pourtant, les premiers assauts sévillons s’écrasent contre un mur : des portes qui, sans égaler la solidité du Vigile de Glace ou de l’Œil du Loup, deviennent infranchissables sous la garde acharnée des défenseurs. Faute d’armes de siège, l’ennemi dresse des échelles ; chaque assaillant est renvoyé au sol, quelques yalms plus bas, par l’élite de la maison Eridanie. Des porteurs d’explosifs tentent d’atteindre la porte, mais fusiliers et archers fauchent les plus audacieux.

La nuit venue, la guerre des nerfs commence. À quelques centaines de yalms, tapies dans les ombres du Val des Songes, des créatures aux cris inhumains et d’autres horreurs imaginées par l’esprit rôdent. Mobilisés, les Valsonges multiplient stratagèmes sonores et méthodes non conventionnelles pour instiller la peur et parsemer le terrain de pièges. Si Portelune venait à tomber, le Val doit devenir l’enfer d’Halone pour quiconque s’y risquera : telle est la mission de Valéryon de Valsonge. Les éclaireurs, postés en lisière, rapportent qu’un aéronef a tenté de survoler le fortin, avant d’être frappé par un projectile qui a éventré une partie de sa structure. Forcé de battre en retraite, il a déclenché des clameurs de courage sur les remparts. Les cieux, eux non plus, ne semblent pas aux envahisseurs.
Eul' Il y a 1 mois et 2 semaines

La Vengeance : Nous sommes la Terreur



Dans les hululements de la nuit, surgissait un cri. Un braillement d’effroi pur, qui se répercutait entre les arbres. Et à ce son discordant, la meute répondait, comme d’un seul homme, hurlant à leur tour à la lune, répandant parmi les hommes d’armes Sévillon, une horreur primale. De ces bois, naissaient toutes les légendes. L’on racontait que chaque pas était piège mortel pour ceux qui osaient s’y aventurer. Que des bêtes se muaient en hommes, pour mieux refermer leurs crocs sur les impudents. Que des spectres sans repos s’extirpaient de la neige, cherchant des corps dont se repaître. Et à chacun de ces récits, passant de soldat en soldat, gonflant leur terreur, les croassements des corbeaux se ruant sur leurs dépouilles chaudes, arrachant jusqu’à leurs yeux.
 
Valeryon se faisait metteur en scène de cette macabre comédie. Lui qui s’était fait si craintif les premières années de sa vie, semblait prendre malin plaisir à devenir le maître de tous les cauchemars. Les ombres mouvantes entrainaient les inconsidérés jusqu’en les pièges les plus mortels, les laissant agoniser aux prises avec les chausse-trappes, les trous emplis de pieux, ou les ronces ayant pris vie. Et quand ce n’étaient ces tours-là, le Valsonge leur en jouait d’autres, coordonnant des embuscades groupées avec ses chasseurs, quand ils ne s’éparpillaient pas, pour placer d’autres traquenards envers les soldats qui osaient vouloir se replier dans les bois. 

En ces instants de folie douce, le mage qui n’avait connu que les fers depuis des années, goutait à une liberté euphorique. Sa hardiesse était en son sang, le sang de la chasse, le sang de la traque. Il n’était que cela, depuis sa naissance, et lui comme sa meute, fondant tel un seul individu sur l’ennemi, y trouvaient leur quintessence. 

Au troisième jour, il y eu une détonation dans les bois. Des volées d’oiseaux secouèrent les arbres quand la lueur magique souffla les branches. La hardiesse, jusqu’ici, n’était jamais allée jusqu’à ce genre d’extrémité, mais Valeryon, il l’admettait lui-même, avait mis un certain cœur à l’ouvrage. C’était là la limite qu’il avait lui-même établi. Sa frontière mortelle. Les autres membres de sa meute en connaissaient le tracé, pour l’avoir aidé à la créer. Ils l’avaient marquée, de signes que seuls eux reconnaissaient. Mais jusqu’ici, nul n’avait posé pied ailleurs que dans des chausses trappes.

Jusqu’à maintenant. 

Le son caractéristique de la déflagration étira les lèvres du Valsonge. L’expression fugace d’une sincère satisfaction à admirer son œuvre faire flamboyer la nuit. Il le savait, la personne qui avait posé pied sur sa mine arcanique avait peut-être une chance de s’en être tiré. Selon l’angle, il pouvait tout aussi bien y avoir perdu la vie, que seulement la jambe. Ce n’était que question de secondes, avant que… La gueulante douloureuse qui emplie l’obscurité retrouvée lui en donna finalement la réponse. La jambe, seulement. 

A ces geignements agonisants se mêlèrent bientôt les hurlements joyeux des chasseurs. Ils étaient les Loups du Val, les protecteurs, les persécuteurs.


Ils étaient la Terreur.

Eul' Il y a 1 mois et 2 semaines

La Trahison : Je ne suis que Terreur



Le soir de l’attaque du Manoir…

Les minutes s’égrenaient. Avec chacune, un nouveau son, sourd, étouffé, qui transperçait jusqu’aux os. La solide porte du chenil, elle-même, sentait son propre bois grincer de spasmes d’effroi. Les chiens hurlaient autour de lui, grattaient, aboyaient, réclamant à sortir, sentant que trop bien ce qu’il advenait, mais leur maître les avait désespérément condamnés en verrouillant la sortie. Ils ne pouvaient qu’entendre, percevoir, la silhouette prostrée de leur dit maître, un avorton, un môme aux cheveux clairs, qui semblait perdu d’être trop maigre dans ses vêtements. Boule de nerfs davantage que de chair, il tenait contre lui un chiot agité, pris de panique, essayant en vain de le calmer. Quant à son autre main, elle brandissait un couteau bien trop lourd pour lui. Sa seule protection en dehors de la porte. Le seul moyen de défendre chèrement ses chiens comme sa propre vie.

Roulé en boule contre le mur, le souffle sifflant de trop trembler, ce ne fut que lorsque le silence s’installa à nouveau que l’horreur le prit jusqu’à la gorge. Il se trouvait incapable d’esquisser moindre mot, perceptible seulement par le claquement de ses dents les unes contre les autres. Les chiens autour de lui semblaient s’être terrés eux-mêmes dans une muette attente. Comme si leur destinée se jouait en cet instant, sur l’expectative de la mort qui se cachait là, au dehors.

Les pensées tournoyaient dans l’esprit jeune et fertile du Valsonge, alimentés par ces épouvantables secondes de calme. Le spectre de ses plus intenses cauchemars s’y manifestait, mêlé de ses propres regrets. Ceux de ne pas avoir vécu assez longtemps pour n’être qu’autre chose qu’un gamin geignard. A son âge, les hommes de sa famille auraient-ils ressenti la même chose... ? Tante Seluna lui avait certifié qu’ils avaient tous débutés leur entrainement fort jeune. Etaient-ils tous capables déjà d’affronter des démons à onze ans ? Ou étaient-ils comme lui, à se terrer au fin fond du chenil, à prier pour leur vie... ? Il se détestait, se dégoutait, à larmoyer, accroché à son couteau, à espérer, à attendre…

Il revoyait des images, des visages, dans l’obscurité étouffante. Il pensait à la baronne Athénaïs, si douce avec lui quand il lui avait montré l’ensemble de la meute. Il pensait au grand baron Célestin, si fort et plein d’allure, qu’il ne regardait toujours que de loin, mais dont il rêvait d’être un jour, ne serait-ce que l’égal. Il repensait à Seluna, qui lui paraissait si hardi, meneuse de la chasse, et qui lui avait toujours parlé de la grandeur de leurs ancêtres, de façon à ce qu’il souhaite être pareil à eux. Il revoyait Lyselle, qui lui semblait pareil à une princesse de contes, tout comme Diaspro. Toutes deux si jolies qu’il n’osait les approcher, avec ses frusques de serviteur, quand bien même était-il du sang de cette maison.

Allait-il tous les voir partir ? Les abandonner à leur sort, quand lui restait ici ? Ou les reverrait-il dans l’après-vie, comme sa mère... ? Dire qu’il n’était même pas capable de protéger sa baronne, de protéger sa famille…

Il ne savait combien de temps il restait ainsi. Ses bras lui faisaient mal, son corps entier lui était douloureux de sentir les serres du trépas chercher à se refermer sur lui. Les images se brouillaient en ses yeux, de souvenirs réimmiscent, de nuit dans les bois à attendre le spectre de la mort, aux yeux rouges, et aux crocs longs. Un spectre qui ressemblait tant à sa mère, qu’il tendait les bras, dans l’espoir qu’elle l’étreigne, alors même que le monstre n’allait que lui briser le cou d’un coup de mâchoire.

Et… Le verrou claqua. La porte s’ouvrit. Comme si enfin, la faucheuse venait trouver son dû. Le garçon sentit son animalité ressurgir, un instinct de survie primitif, qui lui fit tendre son arme vers la sortie, qui lui fit hurler un « Ne bougez pas ! » plus aiguë qu’il ne l’aurait voulu. Mais dans l’encadrement de la porte, pas de monstre. Pas de mort. Il n’arriva à distinguer qui se trouvait là. Ses yeux aveuglés d’effroi n’y voyaient plus goutte, il ne ressentait que le soulagement que sa cervelle voulu bien percevoir, et le souvenir qui se formait en son esprit violenté : le sourire tremblant du chasseur, ses yeux pâles, presque disparus sous les cheveux blancs, gorgés de larmes qui n’arrivaient à effacer le sang qui le maculait, ainsi que ses murmures étranglés, et pourtant se voulant apaisants quand il essayait de rassurer son fils en pleurs.

« Papa… »

Le garçon bredouillait, les larmes le prenant à la gorge, avant que ce ne soit un cri, primal, qui émerge de lui.

« PAPA ! »

Qui que fut son sauveur, il ne le distinguerait qu’au prix de longues minutes, où son corps comme sa tête prenaient enfin la mesure de ce qu’il advenait : Vivre, il allait vivre.

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